37 北游記 (下) Chronique du voyage vers le nord (Partie Inférieure)


Stupéfait, Yuya redressa la tête pour regarder autour de lui et découvrit que le ciel s'était obscurcit autour d'eux. Il y avait un bruissement étrange sur le wagon, juste au-dessus d'eux, semblable à des ailes. 

Le renard en vit soudainement les ombres gigantesques. Des ailes brunes, monstrueuses de par leur taille. Elles disparurent à nouveau sur le toit et la nonne se tourna vers l'entrée du wagon, préparant une nouvelle incantation. 

Avant qu'elle ait eu le temps de se rendre compte de ce qui se passait, une forme de taille humaine passa par une des vitres sur sa droite et la renversa dans la cabine qui s'arrêta sur le câble, bloquée.

Malgré l'attaque contre la nonne, les cordes autour de Yuya ne faiblissaient pas. 

La forme qui venait de monter dans le wagon se redressa dans la pièce et les gens poussèrent des cris de stupeur. 

C'était un homme, ou du moins une créature humanoïde, qui portait un masque d'oiseau au bec pointu masquant son visage. Sa peau couverte de plumes était en train de retrouver une apparence humaine, et Yuya vit la queue de baleine à la base du cou de cet homme. C'était le moine !

"天狗, tengu ! tengu !" se mirent à crier les passagers. Le conducteur ouvrit la vitre qui reliait sa cabine à l'autre et la referma aussitôt en poussant un cri de terreur.

Il jeta sa lourde cape brune sur le renard et les chaines du lumière furent immédiatement dissipées par le tissu étrange. 

C'était un textile qui masquait et annulait la magie. Le jeune étudiant comprit alors pourquoi Daigon l'avait couvert de sa cape à plusieurs moments de leur traversée. Il avait dissimulé sa magie chamanique.

Le masque d'oiseau de Daigon masquait seulement ses yeux, et pourtant tout son corps semblait animé de l'essence d'un oiseau. 

Il venait de révéler ses vêtements blanc crème sous sa cape brune, attachés à la taille par une corde rouge sang. La tenue traditionnelle des Yamabushi, les prêtres de la montagne, une secte d'adorateurs de la Nature supposée disparue depuis l'arrivée du Dongnan en Outremer.

Dans un bruissement étrange, il tendit la main vers la nonne et elle fut projetée contre la porte. Les gens poussèrent des hurlements. Les Tengu étaient des Esprits des montagnes réputés pour leurs maléfices et leur pouvoirs tentateurs contre les moines.

— Usurpateur, vil démon, vociféra la nonne en traçant un cercle avec son index et son auriculaire, comment oses-tu prendre des habits de moine pour dissimuler ta nature maléfique !

Le Tengu ne répondit pas. Le pouvait-il seulement sous cette forme ? Yuya comprit qu'il ne s'agissait pas d'une métamorphose apprise par la pratique, mais bien d'une magie similaire à la sienne, qui faisait de lui un Esprit.

Daigon se déplaça pour se mettre entre le renard et l'exorciste, et les cinq personnes autour d'eux se décalèrent.

— Traître à l'Outremer, protesta l'un des passagers en prenant soudainement la défense du démon. Vous osez vous en prendre à un Esprit tel que ce renard et un gardien des montagnes vient vous punir ! Vous faut-il d'autres preuves pour comprendre que c'est vous qui agissez contre les lois de l'univers ?

— Les démons se viennent en aide entre eux, et nous devons lutter ensemble contre eux ! Je vous préviens, si vous manifestez de l'hostilité à l'encontre du bouddhisme d'Etat je le prendrai comme une intention de rébellion contre le Dongnan.

— Vous l'avez entendue, elle essaye de nous menacer d'exécution pour trahison au Dongnan, et elle ose encore se prétendre bouddhiste ! cria quelqu'un.

— C'est elle qu'on devrait faire taire !

Le Tengu se tourna vers Yuya, le transperçant de son regard jaune étrange. Ils devaient trouver un moyen de sortir de cette cabine rapidement. 

Sans plus attendre, il se jeta sur le renard et en repoussant une nouvelle fois la nonne d'un geste, il passa par la fenêtre, emportant avec lui Yuya.

L'étudiant vit l'eau, la mer en dessous d'eux, à perte de vue dans le soleil couchant, et les îles au loin qui se dressaient comme des géants couverts de brumes. Daigon le tenait fermement entre ses bras. 

Les ailes de l'Esprit se déployèrent dans le ciel et il plana vers les montagnes, contre le vent d'est.

Alors qu'il essayait de se stabiliser dans la brise, une flèche de lumière passa dans le ciel nocturne et transperça l'aile gauche du Tengu. Il poussa un cri de corbeau et perdit l'équilibre, chutant soudainement d'une dizaine de mètres avant de se remettre à battre des ailes difficilement.

Ils n'étaient plus qu'à une vingtaine de mètres de l'eau. Yuya se retourna vers le téléphérique et vit la nonne être ramenée de force vers l'intérieur par les autres passagers. Il tendit le cou vers Daigon qui maintenant son regard d'oiseau fixé sur l'horizon.

Ils volèrent de plus en plus bas, jusqu'à ce que les ailes du Tengu se replient mystérieusement avant de disparaître sur son habit.

Ils tombèrent tous les deux au milieu des grosses vagues. Yuya se mit à se débattre pour remonter à la surface, coincé sous les bras durs comme l'acier de Daigon. Il fut tiré vers le haut et posé sur l'épaule du moine qui ôta son masque de ses yeux, le laissant sur le haut de son front. Il retrouva une essence humaine et se mit à nager vers la côte.

— Ça va aller, Seigneur Renard ? Ne vous inquiétez pas, nous atteindrons la côte d'ici une heure ou deux. Ne vous en faites pas pour moi, j'ai nagé dans des mers plus agitées.  

Daigon ne mentait pas. Son corps puissant d'ancien marin avait gardé la vigueur d'un jeune baleinier, et il nagea pendant près d'une heure et demi en maintenant le renard à la surface. 

Lorsqu'ils atteignirent la côte, ils s'allongèrent sur le sable mouillé d'une petite crique d'où s'écoulait une petite cascade d'eau douce. 

Yuya se défit de son baluchon trempé et se laissa tomber sur le sable encore chaud de la journée, trop épuisé pour se relever. Il fut porté par des rêves étranges, de corbeaux qui volaient en cercle autour de lui. 

Lorsqu'il se réveilla, le soleil s'était déjà levé. Il réalisa avec étonnement qu'il n'était plus sur une rive, mais sur une couche de mousse entre deux grands pins. La mer était loin à présent, il se trouvait en forêt, sur les pentes rocheuses d'une montagne. Alors qu'il se relevait à la recherche de ses affaires, il vit Daigon qui faisait sécher ses vêtements près d'un petit feu. 

Le renard s'approcha en trottinant. Le moine avait remis sa cape brune sur ses épaules. C'était donc grâce à elle qu'il dissimulait lui-même sa magie de Yamabushi

— Tu peux te retransformer, à présent, Seigneur Renard. Tu n'as rien à craindre. Et tes vêtements sont secs. 

Yuya hocha la tête et laissa son corps reprendre sa forme d'origine. Il sentit son corps humain plus fatigué que celui de renard, et la froideur de la forêt le fit frissonner. Il s'habilla rapidement et Daigon ôta sa cape pour lui mettre sur les épaules. 

— Merci de m'avoir secouru, fit le jeune homme en s'inclinant respectueusement. 

— Ne me remercie pas, Seigneur Renard. J'aurais fait un bien mauvais gardien des montagnes en te laissant à la merci de cette folle à la botte du Dongnan.

— Vous êtes un Yamabushi alors ? C'est pour cela que vous n'avez pas voulu parler de votre montagne ? Vous... vous avez appris la magie chamanique alors ?

— Comme toi, Seigneur. Je l'ai découverte naturellement, parce qu'il n'existait plus d'école pour nous, les chamans d'Outremer. 

— Existe-t-il d'autres gardiens des montagnes, comme vous ? 

— Il y en a. Notre ordre n'a survécu que grâce à notre discrétion, et nous ne nous réunissons qu'une fois par an, à l'endroit où je dois me rendre. 

— Vous combattez les monastères du Dongnan ? demanda Yuya, le cœur empli d'espoir.

— Non, nous l'avons fait il y a longtemps, lorsque nous étions encore les alliés d'un grand clan de chamans. Aujourd'hui nous sommes trop peu nombreux. Nous essayons d'aider les Esprits et les jeunes comme toi qui font preuve de talents chamaniques... Même si nous n'en trouvons jamais qui maîtrisent déjà ce degrés de leurs métamorphoses. D'où viens-tu, Seigneur Renard ?

— Arrêtez de m'appeler ainsi, vous êtes mon aîné et certainement plus puissants que moi, je me nomme Yuya Taneda, et vous pouvez m'appeler ainsi. J'ai appris la magie dans une école au Dongnan avant de suivre mon maître. C'est une sorcière d'Eurasie aux grands pouvoirs.

— Cela expliquerait la rapidité avec laquelle tu as maîtrisé ton pouvoir de métamorphe... Que faites vous en Outremer, ne sais-tu pas que tu seras plus protégé au Dongnan, là où les sorciers peuvent se métamorphoser aussi. Ici les gens reconnaissent le chamanisme, ils savent l'identifier, alors que là-bas ce n'est qu'une facilité magique comme les autres. 

— Mon maître et moi chassons une secte qui s'en prend aux sorciers du Dongnan, les Loups de Midgard, et nous cherchons des informations sur leur chef, qui était un fils d'Outremer.     

— Je ne connais pas cette secte, déclara Daigon après un moment de réflexion. Pourquoi ton maître t'a-t-elle laissé seul alors ?

— Elle a poursuivi l'homme que nous recherchons. C'est un véritable fantôme. Nous cherchions un moyen de le combattre et il semblerait qu'il ait trouvé mon maître à Kitajima. Elle m'a ensuite contacté alors qu'elle se trouvait au pied du mont Watasabe, à peine quelques heures plus tard, et elle m'a demandé de la rejoindre.

— Pourquoi t'es-tu transformé alors ?

— Je... je n'avais plus d'argent. 

Le Yamabushi prit un air désolé et se gratta la tête. Il avait les sourcils froncés. Il ne comprenait pas comment un maître pouvait laisser son disciple ainsi, surtout en Outremer.

— Ton maître n'aurait pas dû te laisser seul, tu n'es pas tout à fait prêt à te débrouiller par toi-même sans l'aide d'un aîné...

— Elle ne s'occupe pas beaucoup de moi... Mais c'est mon maître. C'est moi qui lui ai demandé de me guider. Elle le fait à sa façon, sans vraiment m'enseigner... Et pourtant je n'ai jamais autant appris de toute ma vie. 

— Il ne s'agit pas de cela. il s'agit de prendre soin d'un chaman dans un pays hostile. Je vais t'accompagner jusqu'à elle, et je lui toucherai deux mots sur l'éducation des disciples. 

Il donna un coup de pied dans la terre pour éteindre son feu juste à côté. 

— Si ton maître est lié à l'apparition au centre d'Hokkaido, alors je dois aussi la voir pour comprendre ce qui s'est passé là-bas, ajouta-t-il.

— Qu'il y a-t-il eut là-bas ?

— Le bruit courre entre l'Esprit Supérieur qu'une montagne a été éveillée. C'est un Esprit ancien, un fléau pour la race humaine, contraint depuis longtemps par les hommes. Les arbres murmurent qu'il a été libéré de ses chaines et qu'il a détruit tout ce qui subsistait de vie autour de lui. 

— C'est certainement l'oeuvre du chef des Loups, murmura Yuya en frissonnant. Les Esprits ne parlent pas d'une sorcière ? 

— Je n'ai rien entendu à ce sujet. Mais... tu ne les entends pas ? 

— Je... non. 

— Voilà ce que ton maître devrait t'apprendre... 

Ils rangèrent rapidement le campement et repartirent dans la forêt, en direction du nord. Pendant tout leur trajet en direction des îles d'Hokkaido, Daigon n'eut de cesse de questionner Yuya sur son maître. Il semblait inquiet pour l'éducation du jeune chaman.


Ils marchèrent toute la matinée jusqu'à ce qu'ils atteignent les rails d'un funiculaire qui descendait d'une montagne pour traverser la mer, à une centaine de mètres de hauteur. Ils le traversèrent lentement, prenant garde aux bourrasques de vent qui les poussaient vers le vide.

Lorsqu'ils eurent enfin traversé, ils franchirent de petites montagnes aux sommets couverts d'une neige étrangement grise, et découvrirent finalement le triste paysage de l'île centrale d'Hokkaido. Les forêts et les montagnes enneigées étaient couvertes d'une pellicule grise sombre, alors qu'une grande colonne de fumée s'élevait dans le ciel, loin dans l'horizon. Le mont Watasabe. Les deux voyageurs frissonnèrent face à ce spectacle et se mirent à marcher plus vite, pressés d'arriver sur place.

Alors que l'étudiant ne pensait qu'à son maître en danger, Daigon recommença à lui parler de sa formation.

— ... Yuya, si tu souhaites un jour parfaire tes connaissances du monde des Esprits et apprendre à dialoguer avec eux, tu n'auras qu'à venir me retrouver. Je serais honoré d'enseigner à un jeune aussi prometteur que toi. L'Esprit du renard est fort en toi, mais tu dois pouvoir te lier avec d'autres animaux, et tu dois pouvoir écouter tout le monde magique pour dialoguer avec.

Yuya eut du mal à lui avouer ce qu'il pensait réellement, au fond, mais il se sentait empli de sentiments contradictoires. Ce qu'il venait de vivre auprès des gens d'Outremer lui avait fait prendre conscience de ce que les siens devaient supporter, et de la nécessité du retour au chamanisme sur l'île pour aider les gens à retrouver leur indépendance.

Mais d'un autre côté, il poursuivait déjà un but qui avait pour but de sauver ces mêmes personnes. Que feraient les chamans d'Outremer lorsque les Loups viendraient tuer tous les sorciers de l'île ? Le bossman et son dieu noir représentaient une menace bien plus grande pour l'instant, et il l'avait vu à l'oeuvre, lui.

— Je poursuis déjà un but, et mon maître n'a pas le temps de m'enseigner la magie parce que nous devons faire vite pour arrêter les Loups. Je ne peux pas m'arrêter pour satisfaire un besoin égoïste de pouvoir et de connaissance. Je suis en Outremer, et pourtant je ne retourne pas dans mon île non plus pour revoir ma famille. Parce que mon maître m'a donné une mission, et que je vais la remplir. Mon devoir doit passer avant mes désirs. Et lorsque tout cela sera terminé, que nous aurons trouvé un moyen de vaincre les Loups... Alors peut-être que je reviendrai en Outremer pour être réellement initié au chamanisme.

Daigon hocha la tête, entendant bien la sagesse dans ces paroles.

— Alors laissez-moi vous aider, toi et ton maître. Quelle est la personne que vous cherchez et qui serait derrière ce qui s'est passé à Kitajima ?

— Je ne peux pas dire son nom à voix haute, car cela l'appellerait.

Le Yamabushi fronça à nouveau les sourcils. Un nom pour invocation...

— Ce ne peut être...

— Je vais vous l'écrire. Ne... Ne le prononcez qu'en dongnanien, s'il vous plait.

L'étudiant prit un bâton et commença par tracer les caractères du nom de famille. 六角. Daigon eut un mouvement de recul, horrifié, et saisit immédiatement la main de l'élève, l'empêchant d'écrire le prénom.

— Je sais. Ne l'écris pas. C'est déjà assez grave de souiller la terre de son nom...

— Vous le connaissez ?

— Tous les Yamabushi et les moines d'Outremer le connaissent, oui... Mais il ne peut se trouver ici... Il a été banni de l'archipel et son corps... ne devrait pas pouvoir entrer en ces lieux. C'est... c'est l'homme que vous cherchez à vaincre ? Celui qui est apparu à Kitajima ?

— C'est lui. Comment le connaissez-vous ? Que pouvez-vous me dire sur lui ?

— C'est impossible... Il ne peut pas être ici, en Outremer... Il appartient à cette secte qui veut tuer les sorciers, dis-tu ?

— Oui, mais j'ai besoin d'en savoir plus sur lui !

— Si tu le souhaites, je vous amènerai là où tout à commencé, sur l'île de sa famille... Mais je ne peux pas risquer de parler de lui tant que nous ne savons pas ce qu'il a fait au mont Watasabe. Nous ne pouvons pas nous mettre en danger maintenant. Allons d'abord retrouver ton maître.

Daigon ne parla plus de tout leur voyage. Il se mit à psalmodier, des sorts de protection et de détection pour les maintenir en alerte face à tout ce qui pouvait arriver face à eux. Il ne prononça que quelques mots pour inciter Yuya à ne plus manger de viande lorsqu'ils sortirent leurs provisions imbibées d'eau de mer à midi.

Il lui fit jeter ses restes de serpent en expliquant que la consommation d'animaux était mauvaise pour sa liaison avec le monde des Esprits, qu'elle l'emplissait de la souffrance des animaux et que le rendait moins résistant aux envoûtements et aux démons qui peuplaient aussi le monde des Esprits.

Pour les chamans, la viande était proscrite, tout comme l'alcool lorsqu'il était utilisé en dehors de rituels. L'alcool avait ses propres Esprits malins.

Yuya pensa à son maître qui ne mangeait presque que de la viande à longueur de journée et buvait toujours trop... Il était certain qu'elle ne lui apprendrait pas beaucoup de magie chamanique à présent...

Ils marchèrent dans la neige toute la journée et Yuya préféra à nouveau se transformer en renard pour être protégé par sa fourrure. 

En fin d'après-midi, ils arrivèrent dans une vallée qui avait été abandonnée de toute vie. les forêts étaient calcinées, les arbres brûlés n'avaient toujours par refroidi et la braise crépitait toujours dans leurs troncs noirs. 

Anxieux face à cette désolation, ils escaladèrent une colline de bois mort face au versant nord du mont Watasabe. Le paysage lunaire qui les attendait leur coupa le souffle. 

La montagne avait ruisselé sur la terre comme un torrent de roche et de lave, créant un immense cratère fumant. 

Où était le monastère et le village ? Les vapeurs toxiques de la montagne furent portées vers le nord par le vent du soir et les deux chamans durent redescendre s'abriter des gaz plus bas dans la vallée de forêt noire. Daigon enfila son masque de Tengu pour se protéger. 

— Yuya, je ne pense pas qu'on retrouvera ton maître ici... Je suis désolé...

Le petit renard garda les yeux rivés sur le sommet de la montagne. Alors que le Yamabushi continuait de lui adresser la parole, il n'entendait plus rien. Tout son corps, tout son esprit, toute sa magie était concentré vers une seule tâche. Retrouver son maître. 

Il se mit à écouter, à sentir, à humer l'air comme il ne l'avait jamais fait avant. Il se souvenait avoir vu la sorcière toucher les fils invisibles qui reliaient les êtres dans la magie ambiante, à Kitajima, et laissa son corps de renard réagir de la même façon avec la magie de la Nature. 

Il sentait l'immense colère de la montagne, presque corrosive, la douleur des forêts, l'agonie des êtres tout autour, et le vaste silence qui avait remplacé la vie. Il sentait les essences à présent mêlées aux cendres et aux flammes d'êtres humains qui avaient vécu de l'autre côté de la montagne. 

Il avait l'impression de pouvoir presque toucher leurs restes calcinés à travers la magie, comme si l'espace qui les séparait n'existait plus.   

— Yuya, tu y arrives, tu...

Voilà ce que son maître lui avait appris. A apprendre par lui-même, à observer et à découvrir les choses de ses propres yeux, par sa propre expérience. 

Il la sentit soudainement. Son énergie magique était étrange, faible, comme si elle se consumait. D'un coup, le renard pris la cape brune dans sa gueule et repartit à l'assaut de la montagne. 

  Sans attendre Daigon, il contourna la vallée de cendres et de lave et partit pour le versant sud du mont Watasabe.  


Voilà, vous avez découvert un Tengu et le rapport particulier des chamans d'Outremer avec le monde des Esprits ! 

Avez-vous aimé ce chapitre ? 

Pensez-vous que Yuya risque de revoir sa loyauté pour Mastani après sa rencontre avec un tel maître spirituel ?

Attendez-vous à un ou deux jours d'attente avant le prochain épisode ! 

Photo 1: Mont Huang dans l'Anhui, été 2015 ou 2014, je sais plus, c'était quand je savais pas encore dire "eh rends moi ma bière et va t'en acheter une !" en chinois... Plus jamais. Plus jamais on me volera ma bière. 

Photo 2: Représentation de théâtre No au temple de Shitaya 

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