15 威士忌酒的故事 Une histoire de whisky
Yuya utilisa un sort d'allègement pour descendre le long de la tour en tenant Hudson d'une main. C'était probablement la première fois de sa vie qu'il réussissait à tenir un sort de deuxième année pendant plus de quelques secondes, et pour quelqu'un d'autre que lui.
Hudson gardait un oeil sur le trou par lequel ils venaient de passer, cherchant à voir si la sorcière les suivait.
— Putain mais qu'est-ce qu'elle fout...
— Elle s'occupe d'eux, répondit Yuya avec ferveur. Mon maître ne les laissera pas s'échapper après ce qu'ils ont fait.
Hudson regardait le vide en dessous d'eux sans sourciller. Il avait visiblement l'habitude de travailler avec des sorciers. Ou bien ses connaissances étaient si faibles qu'il trouvait tout cela sans intérêt. Il se tourna vers le gamin et fronça les sourcils.
— Ton maître ? Toi est elle vous avez déjà...
— Je suis son disciple ! s'écria Yuya en vacillant soudainement.
— Ah, j'ai cru que... Non, 你太年輕了... (ni tai nianqing le, tu es trop jeune)
— Mais qu'est-ce qui vous fait croire que-
Yuya n'eut pas le temps de finir sa phrase. Hudson le déconcentrait trop pour qu'il arrive à maintenir son sort. Ils se mirent à chuter d'un seul coup, alors qu'ils étaient encore au dixième étage.
Le détective se mit à crier en sentant le sol se rapprocher de lui, et Yuya se reconcentra sur le sort en serrant les dents. Il ne prononça aucune incantation, il ne fit aucun cercle de ses doigts pour créer un cercle magique.
Il visualisa simplement ce qu'il voulait, il y pensa comme il n'y avait jamais pensé. Il vit le sol amortir sa chute comme s'il tombait tel une plume à la surface d'un lac. Le béton qui l'attendait était une vaste étendue d'eau, sur laquelle il allait glisser en ne faisant que des vaguelettes. Il concentra la magie autour de lui et de Hudson comme il avait senti Mastani le faire auparavant.
Ils atteignirent le sol en quelques secondes, leur chute ralentie au point qu'ils purent poser les pieds doucement sur le sol. Hudson s'écarta de lui comme si de rien n'était. Cet homme non-sorcier se rendait-il seulement compte du prodige dont il avait été témoin ?
— Donc t'es juste une sorte de... sorcier en apprentissage ? Bizarre. D'après mon dossier, ton maître n'est pas très réputé pour sa pédagogie.
— Je ne suis pas doué pour les études non plus, répliqua Yuya pour défendre son maître.
Il toucha la bague de cèdre au bout de son doigt.
Il réalisa soudainement qu'elle ne s'était jamais enlevée comme les autres vêtements lors de ses transformations. Était-elle magique ?
Il repensa un instant à son île natale. Cette pensée volatile lui échappa en sentant le regard d'Hudson sur lui. Il le prenait vraiment pour un sorcier de pacotille. "Pas doué pour les études", se répéta-t-il à nouveau. Il y a quelques jours, il aurait refusé catégoriquement de l'admettre... Il aurait pensé à tous les sacrifices qu'avaient fait ses parents pour qu'il puisse étudier dans le Dongnan... A présent, tout cela n'avait plus d'importance. Est-ce que ça en avait jamais eu ?
Il dût sortir de ses rêveries pour suivre le détective qui s'était engagé sur un passage piéton pour traverser la rue. Yuya se retourna une dernière fois vers la tour qu'ils abandonnaient et le vingtième étage d'où rien n'était encore sorti. Que faisait Mastani ?
— Monte, lui intima Hudson en lui ouvrant la portière de sa voiture.
Il hésita un instant. Au fond, il ne connaissait pas cet homme, et Mastani lui avait dit de ne pas lui faire confiance. Hudson parut ennuyé, il se mit à tapoter sur la portière.
— On a pas toute la journée, Yuya.
L'étudiant le dévisagea froidement. De quel droit l'appelait-il par son prénom ? Il sentit la colère monter en lui de façon incontrôlable. Il avait envie de mordre, d'enfoncer ses crocs dans le cou du détective.
Réalisant soudainement qu'il pensait encore comme un renard, il se reprit et obéit en s'asseyant dans la voiture, le regard toujours perdu dans le vague. Était-ce ses métamorphoses qui le rendaient si agressif ? Ou l'exemple de Mastani ?
Hudson se mit à rouler et prit une succession de petites rues qui quittaient le district central pour partir vers les quartiers pauvres.
— Quel bordel quand-même, commença l'investigateur, avec cette sorcière, on va avoir du mal à passer inaperçus... Comment tu peux avoir choisi une nana comme ça pour maître ?
Yuya ne répondit pas immédiatement. Il regarda l'alternance des écrans sur les bâtiments, où passaient des publicités pour des médicaments dans lesquels dansaient des femmes en bikini.
— Je ne l'ai pas choisie. Elle m'a sauvé la vie alors que j'étais poursuivi par des Loups de Midgard.
— Tu sais pourquoi elle était là ?
— Non.
— Et tu sais si elle a cherché à discuter avec eux ? Elle les connaissait ? C'était lesquels ?
Yuya se renfrogna dans son siège.
— Qu'est-ce que vous essayez de savoir, si vous croyez que je vais parler de mon maître...
Hudson s'alluma une cigarette et se mit à fumer dans la voiture. Yuya se mit à tousser et agita sa main devant lui. Le détective ouvrit sa fenêtre avec impatience pour chasser la fumée.
— Tu ne te rends pas compte de l'importance de ces informations. Tu sais comment est-ce que Mastani avait réussi à détruire les Loups, à l'époque ? Elle l'avait fait de l'intérieur. Elle les avait rejoins sous couverture. Elle avait réussi la sélection, et elle s'était fait des amis parmi eux.
— Que... Quoi ?
Après la cigarette, le détective sortit une flasque en inox de la poche intérieur de son manteau et en avala une gorgée. Puis il tendit l'alcool à Yuya.
L'étudiant accepta la bouteille et avala une rasade du liquide au goût répugnant. Il grimaça et siffla en inspirant comme il avait vu Mastani le faire avec le saké. Le goût d'alcool dans sa bouche fut lavé par l'air froid.
— Eh bien, gamin, tu sais boire le mauvais whisky on dirait. Me dis pas que ton maître t'y a déjà entraîné ? 真麽好的教育 (zhenme hao de jiaoyu, quelle belle éducation)
— Vous disiez que mon maître avait appartenu aux Loups, reprit-il en tâchant de faire honneur à la sorcière en gardant l'esprit clair.
— Ouais. Quand on m'a mis sur son dossier, j'ai cru que j'allais finir enterré vivant sur une colline. Il y avait des noms importants sur toutes les pages où elle apparaissait. Mais tu sais le plus flippant ?
— Quoi ?
— Qui que ce soit, des sénateurs, des militaires haut-gradés, voir des Seigneurs de Guerre, des mafieux de la pire espèce et des sorciers d'Etat...
— Eh bien, quoi, qu'est-ce qu'ils ont ces gens ?
— Ils sont tous morts. Ton maître est une putain de machine à tuer, gamin. J'ai compté 187 morts. 血洗 (xue xi), une purge par le sang...
Yuya resta bouche-bée. Il savait pour les trois chefs des Loups de Midgard, et il avait entendu Mastani parler aux deux membres des Loups qu'elle pensait les avoir tués avec tous les autres. Il reprit une gorgée d'alcool.
— Il n'y en a pas autant. Dans la forêt, quand je fuyais, on est tombé sur deux sorciers qu'elle pensait avoir tué et qui étaient encore en vie.
— Tu veux dire qu'il y a des anciens membres de la secte dans la nouvelle ? 誰 (shei, qui) ? Donne-moi leurs noms ! s'excita soudainement Hudson.
— Mon maître m'a défendu, elle a tué un dénommé Rito, et elle a laissé celui qui s'appelait...
— Rito était là ? Et l'autre ? C'était Argos ? Putain, gamin, donne-moi son nom ! C'était Reedan ? Tyros ? Arniel ?
— Tyros, c'était Tyros.
— Putain de merde, le deuxième sorcier élémentaire de tous les Etats occidentaux... Pourquoi elle l'a laissé s'enfuir ? Elle voulait le protéger ?
— Je n'en sais rien, lâchez-moi avec ça !
— J'ai besoin de savoir si... si elle a gardé des liens avec certains d'entre eux. C'est important pour la mission.
— Elle n'en a pas gardé. Ils ont essayé de s'entretuer immédiatement.
Hudson essuya son visage brûlant de sa main qui tenait la cigarette et pesta.
— Et est-ce qu'elle connaît... Le bossman, le 老大 (laoda) ?
A l'évocation de ce nom, Yuya fronça les sourcils. Il tourna la tête vers le détective. Hudson lui lança un regard inquiet.
— Non... Je crois que Tyros lui a dit lui-même qu'elle n'avait aucune idée de quel genre de personne il était.
Hudson reprit sa flasque de whisky et but une pleine gorgée en laissant la cendre de sa cigarette tomber sur le volant.
— Et voilà... on se retrouve coincés une fois de plus, Hudson, dit-il pour lui-même. Tu sais quoi sur les chefs des Loups de Midgard, petit ?
— Ils sont puissants, ils peuvent être des Seigneurs de Guerre comme Ashmodaï des Villes Englouties, ou des chefs de la mafia comme Feng Hui.
— 是Mastani所説的 (shi Mastani suo shuo de, c'est ce qu'à dit Mastani )? Tu te rends compte du ton que tu prends quand tu parles d'Ashmodaï ? On dirait une blague quand tu le dis, siffla Hudson avec un rire nerveux. AshmodaÏ de Samarcande était le putain de dompteur de dunes, le seul sorcier au monde capable de faire déferler les océans de sable du désert sur ses ennemis.
"Et Feng Hui, prie pour ne jamais rencontrer son fils... Les Hui ont des putains de dons d'illusionnisme. Comment crois-tu qu'ils soient à la tête des plus grandes Triades du Dongnan ? Personne ne leur résiste. Et Azazel, tu n'as pas parlé d'Azazel. Tu n'as probablement jamais entendu parler d'Azazel le leveur de morts. Un nécromancien, Yuya. Un enfoiré de nécromancien qui aurait forcé ta grand-mère à gratter son cercueil...
— Nous incinérons nos morts en Outremer, répondit sèchement Yuya qui n'appréciait pas qu'on parle de ses morts si légèrement.
— Enfin, c'est à ce genre de personne que tu penses, quand tu penses à ceux que les Loups appellent leurs bossmen. Des putains de dieux des Enfers, si tu veux mon avis. Il faut avoir un don surnaturel pour la magie pour devenir bossman.
— Mon maître pensait que le fils de Feng Hui serait le prochain bossman.
— Choix logique, mais trop simple si tu veux mon avis. Zhang Hui est un fanfaron. Son mode opératoire n'a rien à voir avec ce que le nouveau bossman est capable de faire. On parle d'un dieu du ciel. Tout ce qu'on a trouvé de lui, ce sont des ruines carbonisées, des bâtiments détruits pierres par pierres.
— Vous l'avez déjà vu ?
Hudson inspira une grande bouffée de cigarette. Il ralentit en approchant de rues bondées de monde.
— Jamais. A part les Loups qu'on a pu interroger, personne ne l'a jamais vu. Et pour ce qu'ils ont bien voulu nous en dire... Ces types étaient des putains de moutons quand on les a récupérés. "Le bossman n'a peur de rien, il est tout puissant. Il va sauver ce monde. Il faut détruire la sorcellerie pour laisser la Magie s'exprimer" qu'ils répétaient...
— Ils ne disaient que ça ?
— Si seulement on avait pu avoir des officiers de l'ancienne époque, comme Tyros... Ces types étaient des nouvelles recrues, ils n'étaient clairement pas chez les Loups pour penser. Des artificiers élémentaires pour la plupart. C'est comme ça qu'on a compris qu'ils allaient faire sauter quelque chose. Un peu trop tard, puisqu'ils ont eu le temps de s'en prendre à ton école.
Yuya baissa la tête et lui reprit subitement la flasque d'alcool. Hudson détourna les yeux de la route pour voir s'il buvait. L'étudiant ne but pas.
— Alors ils ont détruit mon école parce qu'ils veulent supprimer tous les sorciers ?
— C'est le dogme le plus important des Loups. Plus de sorcellerie. Ce sont des enfoirés de terroristes, mais il faut leur reconnaître ça, ils sont pour l'égalité entre sorciers et humains normaux.
— "Humains normaux" ? Nous sommes aussi normaux que vous !
— C'est toi qui dit ça, 狐狸 (huli, renard) ?
— Mais les Loups tuent des innocents. Alors pourquoi personne d'autre que Mastani ne s'est jamais opposée à eux. Ce devrait être une cause commune à tous les sorciers du monde.
— Les gens s'en foutent, petit. Ça fait juste chier le Dongnan parce qu'ils s'en prennent à des sorciers, des soldats potentiels.
— Mais... ils ont tué... des centaines d'adolescents, dit-il en refoulant un sanglot.
— Les sorciers sont des professionnels, c'est leur métier, petit, tenta d'expliquer Hudson en attrapant Yuya par l'épaule avec compassion. Tant que leur employeur les paye, ils ne voient pas plus loin que leur propre confort. A l'époque comme aujourd'hui, les gens sont choqués, ils parlent de tristesse et d'atteinte au pays, mais leur vie est trop calme pour qu'ils pensent à réagir. Les morts ne les affectent plus.
Mastani avait raison, pensa Yuya. Les sorciers n'étaient que des outils, des armes stupides qui ne comprenaient rien à la magie...
— Pourquoi les Loups se sont-ils reformés ? demanda-t-il brusquement.
— Il faudra leur demander, quand on prendra le thé avec eux. J'en ai toujours aucune idée.
— Et ce bossman... il faut qu'on le trouve.
— "Qu'on le trouve", t'es optimiste, petit. M'est d'avis qu'il nous trouvera avant. Pourquoi tu crois que j'ai besoin de vous ? Le fait que ton maître soit encore en vie après ce qu'elle a fait aux Loups est un affront pour eux, c'est une tâche qui restera indélébile tant qu'elle respirera.
"Crois-moi, une fois qu'ils auront stabilisé leurs membres et passé les examens d'entrée, une autre de leurs traditions, ils vont vouloir faire un coup d'éclat pour montrer au monde qu'ils existent. Ils vont vouloir attraper ta sorcière et l'empaler sur un pieux, bien à la vue de tout le monde. Ils la laisseront là jusqu'à ce que même les corbeaux n'en veulent plus...
Yuya frissonna d'horreur en entendant ces paroles. Il lui sembla voir un sourire tordu au coin de la bouche du détective, comme s'il éprouvait un certain plaisir à donner des détails morbides.
Il voulut répondre à Hudson mais avant qu'il ait pu articuler une insulte suffisamment violente, un bruit terrible retentit et une déflagration de feu magique explosa dans le bâtiment en face d'eux.
L'immeuble disparut dans la poussière et les flammes, et des centaines de passants qui marchaient autour furent projetés par l'énergie qui se déploya.
Yuya mit ses bras en avant pour se protéger de la vitre de la voiture qui se brisa instantanément. Le véhicule recula, soufflé par la force magique, et il heurta un lampadaire de l'autre côté de la rue.
A votre avis, est-ce que le bossman a le charisme et le pouvoir hypnotique du "Papa Emeritus" du groupe Ghost que vous aviez au début du chapitre ?
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? N'hésitez pas à laisser un petit commentaire et à voter !
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