× 6 ×
Merci de m'avoir permis d'être moi, de m'avoir aidé à m'envoler
-Save me
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Il était mercredi d'après le petit calendrier posé sur le rebord de la cheminée. Mercredi neuf mars pour être exact. Ça faisait donc une semaine que j'étais chez Jungkook et que je n'étais pas sorti de la maison, ou en tout cas de l'enceinte du jardin.
Aujourd'hui, Jungkook était parti faire des courses en ville. Il m'avait dit que cette fois il en aurait pour un moment parce qu'il avait plusieurs magasins à faire et pas seulement de la nourriture à acheter.
Il m'avait encore une fois proposé de venir avec lui, l'air inquiet de me laisser seul, mais même si j'avais moins peur après avoir rencontré Jimin, il y avait quelque chose que je voulais faire pendant qu'il serait absent.
Il était parti depuis une demi-heure quand je quittai enfin la limite rassurante de la propriété, escaladant souplement le portail fermé à clé.
J'avais mis un sweat à capuche noir que Jungkook m'avait prêté et c'est la tête couverte que je m'éloignai de la route menant à la ville, m'enfonçant dans les bois environnants.
Je n'avais jamais fait le trajet entre ici et ma prison fleurie en étant conscient, je n'étais même pas sûr de pouvoir la retrouver, mais je voulais essayer. Peut-être que j'arriverais à trouver une fée ou deux dans les environs, ou plus d'informations concernant le masque.
Je faillis abandonner plusieurs fois, ayant l'impression de tourner en rond alors que les minutes s'étiraient, constituant peu à peu une heure.
Mais une odeur familière parvint à mon nez encore un peu trop sensible pour appartenir à un humain.
Je la suivis, laissant mes pas me guider de plus en plus vite vers en endroit que ma mémoire arrivait enfin à identifier.
Je pensais pourtant qu'elles avaient toutes fané.
J'arrivai devant un grand entrelacs de branches sombres et dépourvues de feuilles, le cœur battant. J'étais face à l'entrée qui ne s'était toujours pas refermée, les ronces avaient arrêté de pousser depuis bien longtemps, incapables de se reconstruire lorsqu'elles étaient brisées.
Je me frayai alors un passage jusqu'à mon ancien chez moi, cassant quelques branches supplémentaires avec précaution afin d'être sûr de ne pas abîmer les vêtements de Jungkook.
Une fois à l'intérieur, je pus à nouveau me mettre debout, mais je ne découvris qu'un endroit tristement vide et gris, il me semblait même qu'il faisait plus froid ici qu'à l'extérieur.
Je fis quelques pas avant de m'arrêter, l'œil attiré par un éclat de couleur.
Je levai la tête et trouvai enfin l'origine de l'odeur que j'avais sentie, portée par le vent.
Accrochées à la voute, quelques fleurs avaient commencé à s'ouvrir.
Elles étaient liées à moi, comme tout cet endroit, en mon absence elles étaient mortes, mais à présent que j'étais remonté à la surface et que je m'étais réveillé de mon interminable sommeil, elles étaient également de retour.
C'était la seule chose que j'appréciais vraiment dans cet endroit. Aujourd'hui je regrettais aussi un peu la présence des fées, mais à l'époque, je les voyais comme les gardiennes de ma cellule personnelle.
Les fleurs étaient la seule touche de couleur à laquelle j'avais jamais eu droit, elles avaient aussi émerveillé Jungkook à l'époque et les souvenirs que j'avais de ces pétales bleus étaient depuis fortement liés au jeune garçon. Les revoir me faisait plaisir. Même si je doutais de pouvoir trouver des réponses à mes questions aujourd'hui, je me sentais plus léger.
Je restai un moment dans cette bulle de végétation, à l'endroit où j'avais l'habitude de m'asseoir autrefois. Ce lieu n'était plus si horrible maintenant que je savais que je pouvais en sortir quand je le voulais.
Je ne songeai à rentrer que lorsque je me rendis compte que j'avais perdu la notion du temps et que je n'avais aucune idée de la durée exacte de mon absence.
Faire le chemin en sens inverse fut beaucoup plus rapide, j'avais tout de même posé quelques points de repère et j'avais une idée de la direction à prendre.
Le portail apparut donc assez vite entre les branchages et je hâtai le pas, heureux de pouvoir rentrer à la maison, mais également anxieux d'arriver après le retour de Jungkook.
Je passai par-dessus le portail en trombe et traversai la cour avec empressement pour m'arrêter net lorsque la porte s'ouvrit avant même que je pose un pied sur le perron.
Le visage choqué de Jungkook me faisait face dans l'encadrement, faisant écho au mien. Lui faire peur n'avait jamais été dans mes intentions.
- Jungkook, soufflai-je en montant les deux petites marches menant au pas de la porte, un peu honteux.
Il ne dit rien et avança simplement pour me prendre brièvement dans ses bras, me prenant au dépourvu. Je n'osai pas bouger, j'osai en fait à peine respirer de peur de déclencher quelque chose.
Quoi ? Je n'en avais pas la moindre idée... Des larmes peut être, ou une explosion de colère...
Au lieu de ça, il s'exprima d'une voix plutôt calme, comme si m'avoir contre lui l'avait apaisé.
- Préviens moi quand tu sors... J'ai cru que tu étais parti.
Sans prévenir, ces quelques mots firent se gonfler mon cœur comme jamais. C'était comme s'il était prêt à exploser dans ma poitrine.
- Tu serais triste, si je partais ?
Il s'écarta de moi en me tenant toujours par les épaules pour planter ses yeux dans les mains, l'air contrarié.
- Si tu partais comme un voleur sans me laisser aucun moyen de te recontacter, bien sûr que je serais triste, idiot. Et ça serait très malpoli de ta part en plus de ça.
Il essaya de garder les sourcils froncés face à mon grand sourire incontrôlable mais il finit par abandonner, soupirant en pivotant vers l'intérieur.
- Allez viens, j'ai pris à emporter au japonais en rentrant, ça va être froid avec tes bêtises.
×
- Taehyung ?
Je relevai le nez de ma petite boîte en carton presque vide, à mon plus grand désespoir. La nourriture japonaise était vraiment exceptionnelle.
- Oui ?
- Tu as une famille quelque part toi aussi ?
Je restai parfaitement silencieux, la gorge soudainement bloquée et l'appétit un peu coupé. Je savais très bien que j'allais finir par devoir faire face à ce genre de questions, mais j'avais espéré avoir encore un peu de temps devant moi.
- Je veux dire... reprit Jungkook, l'air gêné. Il y a bien quelqu'un qui doit se demander où tu es et s'inquiéter pour toi non ?
Je secouai très doucement la tête de droite à gauche, incapable de faire plus que ce mouvement imperceptible, mais il sembla le voir et un pli soucieux se forma sur son front tandis qu'il reposait sa boite vide.
- Si tu as des problèmes et que tu veux éviter quelqu'un, tu peux m'en parler tu sais, ou pourrait aller voir la police et...
- Je n'ai pas de problème, le coupai-je, effrayé à l'idée qu'il m'emmène dans un poste de police. Je n'avais pas d'identité, aucun lien avec le reste du monde, pour eux et leurs registres, je n'existais pas.
- Taehyung... Je t'ai retrouvé nu, à moitié mort et tu as refusé de me donner ton vrai nom, ce n'est pas vraiment le comportement d'une personne qui n'a pas de problème. Si tu te caches de la personne qui t'a fait ça, on peut essayer de trouver une solution, mais j'ai besoin que tu m'en parles...
Son intérêt me faisait chaud au cœur, tout comme son inquiétude face à ma disparition de cet après-midi, mais je ne pouvais rien lui dire, ou en tout cas pas la vérité, seulement, le mensonge à monter pour expliquer tout ce qui clochait dans ma vie était tellement énorme que je ne m'en sentais pas le courage. Je ne savais même pas par où commencer, et de toute manière, je n'avais pas envie de mentir plus que nécessaire à mon ami.
- Hyung, je peux te promettre que personne n'en a après moi, et que personne ne me cherche. Je me suis fait ces blessures tout seul et je n'ai pas de famille ni d'amis en dehors de toi.
Je baissai les yeux sur ma nourriture, que j'étais maintenant pratiquement sûr de ne pas finir.
- C'est comme pour toi et tes livres, c'est quelque chose dont je ne veux vraiment pas parler... Mais rassure toi, je ne vais pas te déranger ici indéfiniment, je partirai dès que je saurais où aller ou quand tu ne voudras plus de moi ici.
Jungkook resta un moment silencieux.
J'avais conscience que j'étais un évènement imprévu dans sa vie et que se retrouver avec un type de vingt ans à charge n'avait jamais fait partie de ses projets. Je ne comptais pas lui imposer ma présence trop longtemps.
- Tu peux rester autant que tu veux tu sais... Je ne dis pas non à un peu de compagnie, l'écriture c'est un job assez solitaire alors ça m'arrange que tu sois là. Mais je m'inquiète pour toi.
Je me mordis discrètement la lèvre pour retenir les larmes qui menaçaient de couler le long de mes joues avant de hocher la tête.
- Tu n'as pas à t'en faire, je te promets que je t'expliquerai un jour.
Quand j'en aurais trouvé le courage, quand j'aurais trouvé les mots adéquats et que je serais sûr que de telles révélations n'allaient pas détruire tous ces liens qui commençaient timidement à se créer entre nous.
- J'attendrai alors...
J'osai relever le visage vers lui pour découvrir son visage concentré sur ma personne et lui adressai un petit sourire reconnaissant auquel il répondit après une seconde d'hésitation.
- T'as fini de manger ? demanda-t-il en se levant et en attrapant les restes de son repas.
Je hochai la tête avant de l'aider à débarrasser, ayant peu à peu repéré où allait chaque chose et comment fonctionnait la cuisine.
- Hey ! m'interpella Jungkook depuis le salon alors que je jetais encore mes baguettes en bois à la poubelle, penché devant l'évier. Ça te dit de regarder quelque chose ?
Je m'approchai de lui alors qu'il allumait déjà la télévision, et je ne pus m'empêcher de jeter un petit coup d'œil triste à l'ordinateur posé sur la table basse.
- Pas de partie d'Overwatch ?
- Je veux te montrer le drama qu'ils ont fait avec Memento Mori, répondit le brun en rejetant sa tête en arrière pour pouvoir m'observer par-dessus le canapé, si ça ne te dérange pas de le voir avant de lire le livre.
Je secouai la tête, soudain bien plus intéressé par la télévision que par le portable.
Je préférai largement lire le livre après, ça serait d'autant plus facile pour moi de comprendre, et comme ça, je pouvais prendre le temps d'apprendre à mieux lire.
Je vins m'assoir à côté de Jungkook qui s'était poussé pour me laisser une place et le regardai avec attention appuyer sur les touches de la télécommande jusqu'à ce que du son sorte des grandes enceintes posées de chaque côté de l'écran.
La série comportait vingt épisodes. Ce soir, nous en avions regardé deux avant que je ne sente mes yeux papillonner, épuisé par ma longue marche de la journée.
Memento Mori racontait l'histoire d'un garçon qui se réveillait à l'hôpital, Taehyung. L'acteur qui jouait son rôle ne me ressemblait pas du tout physiquement, mais le personnage pouvait en effet être rapproché de moi sur certains points et je comprenais mieux pourquoi Jungkook m'avait donné son nom.
Le jeune homme était perdu, il ne savait pas d'où il venait, ni pourquoi il était là, il était enfermé dans cette chambre d'hôpital sans aucun moyen d'en sortir depuis bien trop longtemps. Sa chambre était mon jardin, et les infirmières représentaient mes fées, lui expliquant comment vivre sans avoir aucune idée de ce qu'il pouvait ressentir.
Et alors son sauveur était arrivé, ou plutôt sa sauveuse.
Une jeune femme du nom de Hyunee lui ouvrait les portes de la liberté et l'emmenait avec elle, lui expliquant qu'elle était sa sœur et qu'elle était sa dernière famille. Elle devenait alors le centre de son monde, à tel point qu'il pensait n'avoir besoin de rien d'autre maintenant qu'elle était là.
Jungkook ne me connaissait pas à l'époque où il avait écrit cette histoire, pourtant, les ressemblances étaient frappantes. Ce qui me travaillait le plus, c'était qu'il m'avait affirmé quelques jours plus tôt que ses histoires étaient toujours personnelles, d'une manière ou d'une autre.
Peut-être que nos vies se rapprochaient par certains côtés... En tout cas, s'il était celui qui avait écrit cette histoire, j'étais à présent sûr d'une chose.
Quand le moment serait venu, il serait capable de me comprendre.
×
- Non attends pas si f... !
Je crois que ça venait d'exploser entre mes doigts... Cela expliquait sûrement le liquide visqueux qui coulait à présent sur ma main.
- Fort... termina Jungkook avant de laisser échapper un léger soupir et de récupérer de son mieux la coquille d'œuf fracassée que j'avais dans la main.
Je ne lui en voulais pas d'être fatigué par mes exploits, je n'étais vraiment pas doué en cuisine... Mais il était résolu à m'apprendre comment faire des plats simples pour que je puisse survivre si un jour je me décidais à habiter ailleurs.
Il avait bien dit "si jamais", ce qui m'avait rendu si heureux que j'avais accepté à peu près tout ce qu'il m'avait demandé ensuite, me sentant prêt à tout faire.
Tout sauf une omelette visiblement...
- C'est pas grave va, dit-il en voyant ma tête et en finissant d'essuyer ma main avec un mouchoir, y en a plein d'autres.
Il prit ma place devant le saladier et me montra comment faire. Il fallait donc taper beaucoup moins fort... Mais à première vue, les œufs avaient l'air beaucoup plus solides qu'ils ne l'étaient et je voulais être sûr d'entamer la coquille.
Je réessayai plusieurs fois, arrêtant d'exploser la nourriture et de la faire couler sur le plan de travail.
Ce n'était pas encore fameux, et j'eus pas mal de bout de coquille à aller récupérer et de jaunes broyés, mais Jungkook finit par poser sur moi un regard satisfait.
- Et bah voilà, ça va beaucoup mieux quand tu te détends.
Je lui rendis son sourire, m'autorisant enfin vraiment à me décrisper, mais mes muscles se contractèrent d'eux même à nouveau dès que l'écrivain alluma le feu sous la poêle.
- Maintenant il s'agit de ne pas tout faire brûler !
Voyant mon air terrorisé, Jungkook laissa échapper un petit rire et m'assura qu'il s'occupait de cette partie-là et que je n'avais qu'à regarder. Ce que je fis, avec attention.
Ses mains bougeaient vite et avec agilité, il eut vite fait de verser mon mélange d'œufs et d'herbes dans la poêle et de faire cuire une omelette repliée en deux, comme celles qu'on voyait dans les livres qui traînaient dans la cuisine.
Je lisais plutôt ceux-là que n'importe quel roman parce qu'ils contenaient beaucoup d'images, et que c'était plus facile pour moi. J'apprenais à mon rythme.
Lorsque Jungkook éteignit le feu, je m'empressai de taper dans mes mains, impressionné et impatient de goûter à ce que j'avais, au moins un peu, contribué à préparer.
- Prend deux assiettes et va les mettre sur la table de dehors, me demanda Jungkook, je vais faire réchauffer le riz.
J'acquiesçai vivement avant de me diriger naturellement vers le placard des assiettes et le tiroir des couverts.
J'avais peu à peu pris mes marques ici, à une vitesse alarmante même. Cela venait peut être du fait que je n'avais rien à oublier avant de pouvoir m'adapter. J'avais tout à apprendre.
La maison de Jungkook était la première dans laquelle je vivais alors je n'avais aucune habitude passée, bonne ou mauvaise.
J'allai mettre la table, content de voir que les fleurs du jardin avaient bien poussé.
J'avais toujours aimé les plantes, et m'occuper de celles-là me faisait plaisir, d'autant plus que c'était quelque chose que le brun ne savait pas faire.
Il m'avait expliqué ne pas du tout avoir la main verte, alors depuis quelques jours, je venais arroser le soir.
J'étais particulièrement fier de la tonnelle toute sèche qui faisait à peine assez d'ombre à la table de la terrasse. Maintenant, des petites feuilles y avaient pris leurs marques et d'ici peu, des glycines allaient sûrement s'y pendre.
Ma fascination pour la nature me venait peut être des fées qui m'en parlaient à longueur de journée... Ou peut être qu'elles le faisaient parce que j'étais naturellement attiré par le sujet.
Je n'en savais rien, mais le fait d'avoir grandi dans une forêt avait de toute manière forgé un lien particulier entre moi et la végétation.
Je m'assis à l'ombre de la petite bulle de feuillage et Jungkook ne tarda pas à me rejoindre, jetant un œil à ce que j'observais tout en posant la nourriture au centre de la petite table blanche.
- Tu t'en sors mieux avec le jardin qu'avec la cuisine en tout cas.
- On ne peut pas être doué partout, répliquai-je avec un sourire, me rasseyant correctement sur ma chaise, prêt à laisser parler mon estomac vide.
J'étais déjà plutôt fort avec les fleurs, et aux jeux vidéos, je pouvais bien lui laisser la cuisine.
Tant qu'il me montrait comment m'alimenter simplement pour que je ne meure pas de faim si j'étais livré à moi-même, ça me suffisait. Même si j'avoue que j'aurais bien aimé pouvoir lui faire quelque chose à manger de temps en temps moi aussi, pour le remercier de tout ce qu'il faisait pour moi par exemple.
Enfin bon, j'avais fini par renoncer à l'idée de le surprendre à son retour avec un plat concocté par mes soins, je n'avais aucune envie de l'empoisonner.
Il s'assit à son tour et coupa l'omelette en deux avant de nous servir.
J'aimais bien manger dehors, j'avais presque l'impression de pique-niquer et je pouvais laisser mes yeux se poser sur tous les détails du jardin ou les oiseaux qui voletaient un peu partout.
- Taehyung ? fit Jungkook, interrompant le calme du moment.
Je me tournai vers lui pour redécouvrir, comme à chaque fois, ses yeux noisettes, brillants et plissés dans un sourire qui contaminait tout son visage. Il avait beau avoir vingt ans de plus aujourd'hui, il avait toujours exactement le même que quand nous nous étions rencontrés pour la première fois.
Je l'interrogeai du regard, ne pouvant pas parler avec mon morceau d'omelette dans la bouche, au risque d'être impoli.
- Je suis content que tu sois là, déclara-t-il simplement.
×××
Cutie 💜^💜
Il ne me reste plus qu'un chapitre d'avance ;^;
Je suis actuellement assise dans l'atelier des deuxième années art des Beaux Arts de Valence, j'ai dû retenir une amie à moi d'aller sur mon Vlive pour demander à Bambam s'il connaissait la soupe au chou et actuellement je m'ennuie, comment se passe votre samedi ?
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