× 2 ×
As tu un nom ?
As-tu un endroit où rentrer ?
Pourrais-tu me le dire ?
-The truth untold
×
La lumière du soleil agressa mes yeux à travers mes paupières, réveillant ma conscience.
N'étais-je pas censé être... mort ?
Mes yeux mirent une éternité à s'ouvrir, comme si tout mon corps répondait au ralenti. En parlant de mon corps... À part mon visage, je ne sentais plus rien.
Au bout d'une heure, je parvins à bouger légèrement la tête, notamment à la redresser pour tenter de comprendre où j'étais.
Je fronçai les sourcils en constatant que mes membres étaient complètement pris dans la glace, ainsi qu'une partir de mon abdomen.
J'étais toujours dans le lac, mais vers le bord, et la glace ne le recouvrait plus comme lors de ma chute, de même, il n'y avait plus aucune trace de neige sur le sol environnant et des fleurs avaient poussées sur les rives et dans les arbres.
Est-ce que c'était réellement le printemps ?
Le froid m'avait-il conservé pendant tout l'hiver, me permettant de survivre au fond des eaux ? Est-ce que c'était seulement humainement possible ?
Non... Pas humainement. Mais je n'étais pas humain.
Je dus attendre longtemps avant que le soleil achève de libérer mon corps. Le bloc de glace dans lequel j'étais enfermé avait dû remonter à la surface dans la matinée et avait commencé à fondre une fois arrivé à l'air libre.
Je me hissai de mon mieux contre la berge recouverte d'herbe, les muscles encore raidis par mon sommeil artificiel.
Il me fallut encore du temps avant de pouvoir bouger à peu près normalement, mais si le froid m'avait paralysé, il m'avait aussi complètement anesthésié, et avec la maîtrise de mon corps revint la douleur.
Ma peau pâle reprenait peu à peu des couleurs mais mes blessures, qui étaient restées dans l'état dans lequel elles étaient quand j'avais plongé involontairement dans le lac, commençaient à la colorer de rouge.
J'avais rapidement besoin de l'aide des fées ou j'allais juste me vider de mon sang dans la forêt.
Je fis alors l'effort de me lever et titubai en direction de mon ancienne prison. Je n'avais pas envie d'y retourner, mais c'était la seule solution que j'avais pour le moment.
Dès que je vis la forme sombre de l'amas de ronces apparaitre entre les arbres, mes poils se hérissèrent et un frisson de dégoût me parcourut. Est-ce que j'allais vraiment laisser mes gardiennes m'enfermer à nouveau ? Est-ce que tout cela en valait vraiment la peine ?
Je restai un moment debout en vue du jardin, immobile.
Ne valait-il pas mieux mourir libre que vivre toute ma vie enfermé comme une bête dangereuse, avec la conviction que j'étais trop laid pour que qui que ce soit puisse supporter ma vue ?
C'était peut être arrivé quelques mois plus tôt, mais à cause de mon sommeil, j'avais l'impression que Jungkook m'avait quitté hier avec cette horreur dans les yeux.
J'avais juste envie de me rouler en boule sur le sol et d'attendre que la mort me libère de cette existence vide de sens.
Pourtant, j'ignore pourquoi, mais je continuai à ramper malgré tout... Peut-être parce que même si les fées ne m'avaient jamais montré d'affection particulière, elles ne m'avaient jamais tourné le dos contrairement à tous les autres, l'apparence ne signifiant pas grand-chose à leurs yeux.
J'avais juste besoin de voir quelqu'un... Je ne voulais pas que la dernière chose dont je me souvienne soit les yeux de Jungkook, pas avec cette expression là.
J'arrivai devant l'entrée autrefois propre et impénétrable et contemplai les dégâts que mon passage avait produit.
Les ronces étaient déchirées, elles gisaient partout autour de moi, l'entrée avait été éventrée, complètement défoncée. Je comprenais mieux l'état lamentable de mon corps.
Il n'y avait plus de fleurs. Et aucune fée ne vint à ma rencontre pour me disputer ou me soigner.
J'entrai avec précaution par le trou béant qui se trouvait devant moi et mon cœur se serra une fois à l'intérieur. Toutes les fleurs bleues avaient disparu, de même que la neige et donc, les traces de pas laissées par l'enfant.
Il n'y avait plus aucun souvenirs de ces moments joyeux.
Est-ce que les fées étaient parties à ma recherche ? Cet endroit avait de toute évidence été abandonné depuis longtemps.
Je ne me souvenais pas avoir déjà vu les fleurs faner,peu importe le passage des saisons. Peut être que ma présence et celle des fées était ce qui les maintenaient en vie.
Je me sentais presque coupable pour cet endroit, maintenant il ressemblait à un vieux cimetière, vide et noir, les ronces sèches s'élançant avec difficulté jusqu'au ciel, plus aussi épaisses et fortes qu'avant.
J'allais donc mourir ici ? Dans ma prison ?
Jusqu'au bout, cet endroit aurait été une plaie.
Je fis un pas et mon pied rencontra un objet un peu trop léger pour être une pierre. Je crus d'abord à une branche cassée, mais mes yeux se posèrent sur une chose blanche et étrangement lisse.
N'ayant plus grand-chose à perdre et plus beaucoup de temps devant moi, je me penchai immédiatement pour le ramasser.
C'était un masque immaculé, sans émotions ni traits, fait pour recouvrir un visage entièrement avec simplement deux trous au niveau des yeux et une fente devant ce que je supposai être l'emplacement de la bouche.
Voilà de quoi j'aurais eu besoin pour me montrer à Jungkook... Il aurait sans doute eu moins peur de ce masque vide que de mon visage.
Manquant de lâcher une larme face à l'injustice de la situation, je relevai le masque au niveau de ma tête et le retournai pour le poser contre mes traits hideux.
Il me semblait tenir étonnamment bien, malgré les écailles. Je retirai mes mains et fus surpris de constater que l'objet restait à sa place.
Quand j'effleurai à nouveau sa surface, je sursautai en ne sentant que ma peau.
Mes yeux s'écarquillèrent et mes mains passèrent sur tout mon visage, cherchant à retrouver l'objet. C'est alors que quelque chose devint évident. Mon visage, mes traits difformes... Tout avait disparu.
Ma respiration s'accéléra brutalement tandis qu'un message bien précis s'imposa à moi, laissé derrière elles par les fées.
Car si leur voix ne se souciait pas d'avoir des oreilles pouvant les entendre ou une langue pouvant les comprendre, elle se fichait également du temps qui passait et pouvait rester fixée sur un objet ou à un endroit précis.
De la part de ton père. Voilà ce qu'il a utilisé pour devenir humain le temps de rencontrer ta mère.
Devenir humain... ?
Mes doigts glissèrent de mon visage parfaitement lisse, touchèrent un instant mon crâne délesté de toute protubérance effrayante.
Pourquoi ne m'avait-il pas donné ça plus tôt... ? Pourquoi m'avait-il laissé pourrir dans cet endroit pendant plus de vingt ans s'il avait cet objet en sa possession depuis le début ?
Ma colère me fit oublier ma douleur pendant un instant et me redonna les forces qui commençaient à me manquer.
Je ressortis du jardin vide et pris une direction au hasard, courant le plus loin possible pour tenter d'extérioriser, de penser à autre chose.
Pourquoi ? Pourquoi avoir créé cet endroit pour me garder caché du monde ? Pourquoi m'avoir condamné à mort alors que cet objet aurait pu me permettre d'avoir une vie normale ?
Ma vue se brouilla finalement et je trébuchai sur quelque chose. Quoi, je n'en savais rien, et je ne pouvais plus regarder à présent.
J'étais étalé contre le sol verdoyant de la forêt, mes yeux maintenant probablement d'une couleur normale coulant silencieusement.
J'avais enfin ce que j'avais toujours désiré... J'étais normal, je n'étais plus repoussant. Pourquoi fallait-il que ça n'arrive que maintenant ?
Peut-être que mon père ne pouvait pas me confier cet objet avant, mais qu'il avait tenu à ce que je meure sous une autre forme que l'apparence monstrueuse que je traînais avec moi depuis ma naissance.
C'est vrai que d'une certaine façon, je me sentais apaisé. Même si ce n'était que pour un court instant, j'étais ce que je souhaitais être.
Je fermai les yeux un peu plus serein, essayant même d'étirer mes lèvres dans un sourire. Elles se souvenaient encore de la position qu'il fallait prendre, tout comme je me souvenais précisément du pli que prenaient celles de Jungkook.
Je l'avais promis, je ne pouvais pas oublier la façon dont son visage s'éclairait quand il riait, la façon dont ses yeux se plissaient quand il souriait.
Ce souvenir serait présent jusqu'à ma mort, car il était le plus brillant parmi tous ceux qu'il me restait de ces vingt dernières années.
Mon souvenir le plus heureux.
Je le repassai en boucle derrière mes paupières avant de complètement perdre connaissance.
×
J'avais l'impression d'être lentement balancé de gauche à droite, comme si j'étais posé sur une planche tanguant sur l'eau. Sauf que j'étais sûr d'avoir quitté le lac à présent, et je m'étais écroulé loin de toute source de liquide.
Je ne pensais pas ouvrir à nouveau les paupières cette fois. Cela faisait deux fois que je me réveillais alors que j'étais persuadé d'avoir sombré définitivement.
Cette fois-ci, la première chose que je vis fut du noir, du tissu si mes yeux ne me trompaient pas, mais ma vision était encore un peu trop floue pour l'affirmer.
Les balancements s'arrêtèrent et je sentis la chaleur qui m'enveloppait se retirer brusquement, me faisant frissonner. À la place de la sensation de chaud contre mon ventre, la piqûre familière du froid vint m'assaillir le dos.
J'ouvris complètement les yeux et ne vis qu'une grande lumière qui m'aveugla et me força à tourner la tête sur le côté.
Un homme se tenait debout près de moi, le dos tourné et les mains occupées à fouiller dans un grand sac.
Qui était-il ?
Il était plutôt grand et j'étais presque sûr que son haut noir était ce qui occupait mon champ de vision un peu plus tôt. M'avait-il porté jusqu'ici ? N'avait-il pas eu peur ?
Je faillis sourire à nouveau en me rappelant de ce qui s'était produit avant que je perdre connaissance.
Mon visage était humain à présent. Il ne faisait plus peur à personne.
L'homme se retourna vers moi et je vis les contours troubles de ses yeux se poser sur moi.
- Oh, tu es réveillé ? demanda-t-il plutôt pour lui que pour moi. Je vais t'aider, ne panique pas et ne bouge pas, tu as perdu pas mal de sang.
Je vis alors que ses mains étaient pleines d'objets qui m'étaient inconnus. En faisant un peu d'efforts j'aurais certainement pu les reconnaitre grâce aux descriptions détaillées et parfois illustrées que m'avaient faites les fées du monde humain, mais je n'en avais pas la force.
Je laissai l'homme attraper mes bras et mes jambes, enrouler soigneusement mes membres dans du tissu.
De temps en temps, mes blessures brûlaient un peu, sans doute essayait-il de les nettoyer, mais je n'en avais pas grand-chose à faire. J'étais avant tout fatigué, mais aussi heureux qu'on s'occupe de moi ainsi, alors je ne voulais rien faire qui puisse arrêter ce moment prématurément.
Il retira mon short, seul et unique vêtement que je portais depuis très longtemps, laissant le soin aux fées de le nettoyer. Il n'avait pas vraiment apprécié son séjour dans l'eau vu l'odeur qui s'en dégageait, et l'homme en noir alla le mettre dehors assez rapidement pour s'en débarrasser.
Il nettoya et banda tout mon corps abîmé, me faisant parfois me redresser sur la table, me forçant à boire et à manger un peu pour tenir assis.
Il me rhabilla avec des vêtements que je n'avais jamais vus, probablement les siens, puis me laissa me rallonger, non pas sur la table sur laquelle il m'avait soigné, mais sur un canapé confortable jusqu'auquel il me porta.
J'avais passé ces deux dernières heures à l'observer dès que ma vision s'était stabilisée, n'osant pas trop parler de peur de jeter un froid ou un malaise.
Je m'étais concentré sur ce pli sérieux qu'il avait au milieu du front en s'occupant de mes blessures, sur les traits de son visage qui me laissaient une drôle d'impression.
Il ressemblait un peu à Jungkook pour moi, mais comme ils étaient les deux seuls humains que j'avais rencontrés, c'était peut-être normal... À vrai dire, c'était surtout cette aura amicale et généreuse qui me rappelait le petit garçon.
J'avais eu la chance de ne tomber que sur des humains bien intentionnés pour le moment.
Mais cet homme m'intimidait un peu.
D'abord parce qu'il était le premier à voir mon visage aussi longtemps, même s'il ne voyait pas réellement ma tête, et son regard sur moi me faisait une drôle d'impression parce qu'il n'exprimait aucune haine ou aucun dégoût.
Mais il m'impressionnait aussi parce qu'il était au moins aussi grand que moi, qu'il était large d'épaules et visiblement assez fort pour me porter sans grande difficulté. La seule personne que j'avais rencontrée était un petit garçon, jamais je n'aurais pu voir Jungkook comme une menace.
Cet homme en noir, lui, pouvait faire ce qu'il voulait de moi vu mon état et sa stature, je dépendais complètement de lui contrairement à ce petit humain perdu dont j'avais presque pris soin quelques temps auparavant.
Il tira une chaise et vint s'assoir près du canapé, posant plus de nourriture et d'eau à côté de moi.
- Il n'y a aucun hôpital à proximité, expliqua-t-il, mais j'aurais fini par appeler les secours si tu n'avais pas repris des couleurs. À vrai dire, je comptais le faire en arrivant ici mais tu t'es soudainement réveillé.
Je me sentais mieux. Ce n'était peut-être pas très normal vu la quantité de sang que j'avais perdue, mais ma vie n'avait jamais rien eu de très normal de toute manière.
- Je suis solide, murmurai-je d'une voix encore un peu rauque.
Il me tendit le verre d'eau en voyant que j'avais encore la gorge sèche et je me forçai à le boire, bien que l'eau soit plus ou moins la dernière chose que j'avais envie de voir depuis ma sortie du lac.
- Je vois ça, tu es sacrément amoché, et pourtant tu as l'air de bien récupérer.
Il me regarda boire pendant quelques instants avant de demander :
- Comment tu t'appelles ?
Je baissai presque immédiatement les yeux, le même problème se posant toujours. Je n'avais aucun nom à leur donner.
- Tu ne peux pas me le dire ?
Je secouai la tête, triste de le décevoir alors qu'il avait fait tellement pour moi depuis à peine quelques heures.
- Tu as quelque part où rentrer ?
L'image des ronces sèches et dépourvues de fleurs flotta un instant devant mes yeux, mais il me paraissait désormais impossible de vivre là-bas... Pas sans les fées en tout cas.
Avec ce nouveau visage, je pourrais sûrement me trouver quelque chose dans le monde des humains, mais pour le moment, je ne savais pas du tout où aller.
Je restai donc silencieux, fixant mon verre vide entre mes doigts bandé.
- Je vois... Et ton âge, tu peux me le dire ?
Je relevai les yeux avec une vivacité qui m'étonna moi-même vu l'état dans lequel j'étais si peu de temps auparavant. Ça je pouvais le dire !
- Un peu plus de vingt ans !
L'homme en noir sourit enfin en voyant mon enthousiasme.
- Alors tu es plus jeune que moi.
Mais j'avais à peine compris ce qu'il venait de dire, je ne pouvais tout à coup plus détacher mon regard de ses yeux.
Comment cela se pouvait-il... ?
Cette façon de se plisser, de faire briller le reste de son visage, ces deux dents de devant restées légèrement plus grosses que les autres...
Je voulais bien que les humains se ressemblent les uns les autres, mais cette fois, il était impossible de se tromper.
Maintenant que je le savais, cela me frappa, chaque petit détail pris son importance. La couleur de ses yeux, ses cheveux en bataille, la grande maison près du jardin et du lac, la veste bleue dans l'entrée...
- Au fait, je ne me suis pas présenté, je m'appelle Jungkook !
Il me tendit une main, tout sourire, ne semblant pas remarquer mon trouble, ou en tout cas ne pas y porter beaucoup d'attention.
Ce simple nom secoua toute ma personne, me faisant pratiquement perdre tous mes moyens. Jungkook avait cinq ans quelques mois plus tôt, juste avant ce printemps, comment était-ce possible... ?
- Tu... Tu as quel âge maintenant... ? demandai-je, hésitant.
- Maintenant ? répéta-t-il, visiblement amusé. J'ai 25 ans.
Vingt-cinq ans... Vingt ans de plus qu'à notre première rencontre.
J'étais persuadé qu'il s'agissait de Jungkook, il n'y avait aucune erreur possible, mais alors, cela signifiait que j'avais dormi au fond du lac pendant près de vingt ans...
Son sourire finit par disparaitre et ses sourcils se froncèrent.
- Ça ne va pas... ?
Je parvins tout juste à hocher la tête, digérant les informations que je venais de recevoir.
En soi, ce n'était pas un drame... Je n'avais jamais connu que Jungkook, alors que j'avais perdu personne de cher à mon cœur pendant ces vingt ans, et mon corps s'était juste figé, m'empêchant de ressembler à l'homme de 40 ans que j'aurais dû être aujourd'hui...
Mais ça restait un peu gros à encaisser.
- Tu devrais te reposer. C'est le début de l'après-midi, je pense que tu as besoin de dormir un peu. Je t'ai mis des anti-douleurs dans l'eau tout à l'heure mais quand ça va se réveiller, il vaut peut-être mieux que toi tu sois en train de dormir.
Il se leva et revint me tendre une couverture épaisse que j'acceptai avec reconnaissance.
J'avais peut être passé vingt ans en sommeil, mais ce séjour au fond de l'eau n'avait vraiment rien eu de reposant, je me sentais vraiment épuisé.
Et puis Jungkook avait raison, je ne me sentais pas vraiment prêt à affronter le retour de la douleur pour le moment.
Je posai ma tête sur l'un des coussins disposés sur les bords du grand canapé et il vint me recouvrir correctement avec la couverture, faisant bien attention à ce que tout mon corps soit en dessous.
Sa main vint se poser brièvement sur ma tête avant qu'il ne sorte de mon champ de vision.
C'était Jungkook... Et je n'avais vu dans ses yeux aucune répulsion, juste de la curiosité et de la compassion.
×
Bon, ils ont toujours 15 ans d'écart techniquement, mais au moins Jungkook est grand maintenant x)
Nous voici donc avec nos deux protagonistes définitifs :3
Jungkook et... Monsieur masque ^^
Oui, on est pas le week end, mais j'ai une bonne excuse ;^;
Et puis, concrètement, m'a-t-on déjà vu tenir mes délais ? :')
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