OS // visite de charité // (Steggy)

/!\ ALERTE SPOILERS AVENGERS : ENDGAME /!\
Oui je sais, le Steggy consume mon âme depuis quelques temps. Mais que voulez-vous ? Je les adore !

~•~

Howard craignait le pire.
C'était vrai, après tout, il avait de quoi se faire du soucis. Il connaissait Peggy depuis des années, ils avaient travaillé ensemble pendant très longtemps, depuis presque leurs premiers jours dans le corps de l'armée, étaient devenus très vite de bons amis et ne s'étaient jamais vraiment quittés depuis. S'il y avait donc bien une personne que Howard connaissait mieux que lui même, et qu'il ne voulait ni dépasser ni mettre dans son lit, c'était elle, qui représentait pour lui ce qui se rapprochait le plus d'une meilleure amie, d'une confidente à qui il pouvait tout confier. C'était donc en toute légitimité qu'il s'était senti un devoir de venir lui rendre visite ce jour là, muni de quelques mets anglais qu'il avait eu un mal fou à se procurer et dans l'espoir de prendre un peu de ses nouvelles.

Car depuis qu'elle avait pris du recul avec la guerre et qu'elle avait quitté le front pour retourner à la vie citadine, Peggy lui semblait lointaine, et surtout différente. Si Howard n'avait pas été témoin de toute l'histoire, et qu'il avait surtout observé de loin, il savait que la mort de Steve Rogers l'avait énormément affectée. Au point d'ailleurs qu'elle en finisse par se conduire à l'épuisement physique et mental en s'évertuant à trouver un moyen de le ramener, en oubliant de dormir et de manger, si bien qu'il avait parfois été forcé de la porter d'urgence voir des médecins après qu'elle se soit écroulée de fatigue. Et lui, de son côté, bien qu'il en ait affreusement honte, avait eu beaucoup de mal à trouver du temps à lui consacrer, en dehors de quelques discussions de temps en autre, avec toutes la cascade d'événements qui avaient suivis le démantèlement du réseau de Hydra et les recherches menées pour retrouver Steve. Avant même qu'il ne s'en rende compte, il n'y avait plus eu ni fondues, ni Peggy, ni nouvelles. Un silence radio total et inquiétant, le laissant dubitatif et culpabilisant.

Et maintenant qu'il se tenait devant sa porte, une seconde après avoir toqué, jetant en direction le mégot de sa cigarette, il ne pouvait s'empêcher d'imaginer les pires scénarios du monde. Il savait comme Peggy était têtue, comme elle voulait toujours être fort et courageuse. Mais il savait aussi que la guerre lui avait arraché beaucoup, et qu'elle était l'une des personnes les plus humaines qu'il avait jamais connues. Il la voyait déjà, seule dans sa grande maison, pleurant, hurlant, lui ouvrir avec l'air de sortir d'une tombe, ou même être dans un tel état qu'elle ne pourrait même pas venir jusqu'à la porte. Les pires idées se dessinaient dans sa tête, en quelques secondes seulement il avait déjà envisagé des dizaines de possibilités, certaines tellement brutales qu'il en déglutissait de peur, étouffant tout à coup dans son complet bleu. Il espérait juste qu'elle allait bien, qu'elle ne périssait pas ici, sans personne à qui parler, et qu'elle essayait d'aller de l'avant et de surmonter l'après-guerre. Lui aussi était hanté par le front parfois, mais il n'avait pas perdu autant qu'elle, et c'était ce qui lui faisait craindre le pire.

Mais bien loin de ces préoccupations, nageant dans le bonheur et la quiétude les plus totales, Peggy était lovée entre les bras de Steve Rogers depuis presque deux jours maintenant, tous deux à moitié vautrés sur son canapé dans un enchevêtrement de membres désordonnés. Alors que sa tête reposait contre le torse nu du soldat, ses bras puissants la gardant fermement calée contre lui, Peggy l'écoutait lui raconter comment il avait pu lui revenir, cette rocambolesque histoire de voyage temporel et toute les années qu'il avait vécues avec l'amertume de l'avoir perdue et de s'être retrouvé si loin de son époque natale.

Lorsque trois coups distincts et fermes furent frappés contre la porte d'entrée, Steve s'interrompit dans son récit, et Peggy releva la tête, alerte. Offrant un sourire d'excuse au soldat, elle s'extirpa d'entre ses bras et déposa un baiser aérien sur ses lèvres.

« Je reviens » murmura-t-elle.

Filant à travers le salon pour aller ouvrir la porte, la jeune femme se retrouva alors devant un Howard Stark qu'elle n'attendait pas du tout, une moue teintée de surprise étirant les traits de son visage.

« Howard ? »

Et Howard, lui qui s'était attendu aux larmes, au silence, à la dépression brutale et acide, faisait face avec ahurissement à une Peggy radieuse, si elle n'était pas rayonnante, mais surtout uniquement vêtue d'une chemise d'homme sous laquelle elle ne portait que ce qu'il devinait être une petite culotte, son visage qu'il connaissait toujours si impeccablement maquillé entièrement nu et ses cheveux cascadant librement sur ses épaules. S'empourprant bien malgré lui, il se força à garder son regard rivé dans celui de la jeune femme, et se racla la gorge.

« Salut Peg'... je venais prendre des nouvelles, comme tu n'en donnes plus depuis des semaines...mais.. euh... je voudrais pas te déranger, si je tombe mal je peux repasser plus tard ..? »

Semblant alors se rendre compte de la façon très peu sérieuse et conventionnelle avec laquelle elle avait accueilli son ami milliardaire, Peggy se pinça les lèvres. Non mais quelle idée, aller ouvrir la porte à moitié nue sans même prendre le temps d'y réfléchir, voilà qui ne lui ressemblait pas.

« Oh mon dieu tu as raison, je suis désolée... je ne t'attendais pas mais tu es le bienvenu. Ça me fait plaisir de te revoir, Howard »

Howard lui offrit un sourire, un sourire bien plus crispé qu'il ne l'avait voulu, accusant encore le choc de cet accueil extrêmement inattendu. Alors qu'il faisait tout pour empêcher son regard de dévier vers la tenue plus que légère de Peggy, son regard intercepta du mouvement dans le fond de la pièce, sans qu'il ne puisse distinguer rien d'autre qu'une silhouette indécise.

« Alors tu...? »

Mais il ne termina pas sa question, car les mots étaient retombés tout au fond de ses chaussettes, et que toute forme de réflexion dans son esprit avait été réduire à néant. Il blêmit si fort que Peggy pensa soudain qu'il allait s'évanouir, sans comprendre ce qui avait bien pu le mettre dans un état pareil. Après tout, il était Howard Stark, probablement la personne la plus difficilement impressionnable qu'elle avait rencontrée dans sa vie. À part peut-être le propriétaire de la main qui se glissa dans le creux de ses reins, lui arrachant une décharge de frissons à mesure qu'il se rapprochait d'elle. Steve salua Howard avec un bonheur nostalgique, comme on le ferait avec un ami plus vu depuis des années, et le milliardaire resta pantelant face à lui sans réussir à émettre le moindre son.
Si son cerveau fit rapidement (trop rapidement même) la liaison entre la chemise de Peggy et le torse nu de Steve, qui n'était vraisemblablement pas du tout mort et en pleine forme, il fut cependant incapable de s'oxygéner suffisamment pour empêcher son champ de vision d'être envahi de une myriade de petits points lumineux.

À peine avait-il esquissé le prénom du soldat qu'il tombait purement et simplement dans les pommes, sous le regard éberlué de Peggy, qui n'eut pas le temps de le rattraper. Lorsqu'il se réveilla, quelques minutes plus tard, face à un Steve Rogers bien vivant qu'il avait cru rêver et une Peggy Carter qui le serrait dans ses bras amoureusement, Howard sut qu'il avait eu raison de craindre le pire. Mais il sut surtout qu'il ne s'était pas fait de soucis pour la bonne personne, et décida que c'était la dernière fois qu'il touchait à la cigarette et à tout autre substance capable d'être fumée. Il le jura devant Dieu lui même, persuadé qu'il était devenu complètement fou.

Évidemment, il n'en était rien, et il fut le seul qui, quelques années plus tard, se tenait tranquillement devant l'autel de l'église, une cigarette au bec, pendant que Steve Rogers devenait Steve Carter en embrassant tendrement le front de cette Peggy pour laquelle il s'était tant inquiété et devant laquelle il avait fait le premier malaise de toute sa sainte existence.

MAI/2019

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