Chapitre 9

_ C'est quoi du pain ? demanda Anja d'un ton à émouvoir une pierre.

Charlotte et Bonnie tentaient de savoir ce que l'enfant souhaitait déjeuner avant de partir en mission "récolte d'informations". Cela était peine perdue ; c'était à peine si elle connaissait le tiers des aliments cités par les deux jeunes femmes. Charlotte avait passé dix minutes à lui expliquer ce qu'étaient des viennoiseries, et, à ce stade, Bonnie semblait sur le point de s'arracher les cheveux. C'était si difficile de comprendre un tout nouveau monde ! Celui-ci aussi bien qu'un autre.

_ On le fait principalement avec de la farine et de l'eau, on le cuit au four... Au petit-déjeuner on peut tartiner de la confiture dessus, c'est simple mais très bon ! tenta la rouquine, priant intérieurement pour que la petite fille comprît enfin une de ses descriptions.

_ Ah, je vois, vous parlez du khobz ! s'exclama Anja, dont les grands yeux se mirent à briller.

Charlotte et Bonnie échangèrent un regard interloqué. Puis elles hochèrent vigoureusement la tête, enthousiastes devant la réaction de la fillette.

_ C'est sûrement le nom que vous lui donnez ici, supposa Charlotte. Veux-tu que j'aille t'en chercher ? Avec de la confiture ?

_ Si tu veux y aller, ne te gêne pas, mais pourquoi si tôt ? la questionna l'enfant. D'ordinaire, on ne prend le premier repas qu'après onze heures et des poussières.

Les deux amies affichèrent un air scandalisé. Dans ce bas monde, non seulement les deux tiers de la population étaient réduis à l'esclavage ou à l'aumône, mais en plus ils commençaient leurs longues et dures journées sans rien avaler ! Pas étonnant qu'ils aient tous la peau sur les os.

_ Il doit bien y avoir un marché dans le coin, ou une épicerie. Je vais aller te chercher de quoi petit-déjeuner convenablement, convint Charlotte. Oh, mais je n'ai pas d'argent sur moi...

_ Laisse tomber, je crois que la monnaie n'est pas une chose courante chez eux, souffla Bonnie. Ils doivent faire du troc, ou quelque chose dans le genre.

Charlotte secoua la tête.

_ On ne peut pas faire un tour de magie et faire apparaître de quoi manger ? suggéra-t-elle.

_ Hélas, non.

_ Et le gérant de l'auberge n'a rien à nous proposer ?

_ Charlotte, ce n'est pas une destination touristique avec des hôtels quatre étoiles comme il en existe sur Terre. Enfin, existait... Bien évidemment que non, il n'a rien. C'est déjà assez incroyable qu'on ait trouvé un logement. Et quand bien même on nous proposerait à manger, je crois bien que je refuserais. Qui sait ce qu'ils peuvent servir dans leurs plats... Des entrailles d'esclaves désobéissants ? Arg, non, je préfère ne pas imaginer !

Bonnie avait réussi à donner la nausée à son amie. Résignée, la blonde abandonna l'idée du petit-déjeuner et opta pour une leçon accélérée du mode de vie des habitants du Royaume des Ombres. Stefan étant parti tôt faire des emplettes pour ses "esclaves", Charlotte et Bonnie devaient attendre son retour pour commencer leurs investigations. Elles avaient donc du temps à tuer. Les deux jeunes femmes s'assirent en tailleur sur le sol et Anja ne tarda pas à les imiter.

_ Bon, c'est évident que tu as deviné que nous ne sommes pas d'ici, commença Charlotte en s'adressant à l'enfant. Pour faire simple, on va dire que nous sommes en mission de sauvetage. On vient d'une autre dimension, celle de la planète Terre.

_ J'en ai entendu parler. Il paraît que votre ciel est bleu, dit Anja, dont la voix trahissait un soupçon d'envie. Je n'aime pas le rouge, cette couleur me met mal à l'aise, ajouta-t-elle sur le ton de la confidence.

L'hérétique n'eut aucun mal à comprendre pourquoi ; le sang ruisselait à même le sol dans chaque rue de chaque quartier du Royaume. Elle n'avait osé regarder que furtivement, mais pendant leurs premiers pas dans la dimension elle avait remarqué des esclaves battus et torturés pour le simple plaisir de leur maître ou pour épater la galerie. Les fouets cinglaient quotidiennement l'air, au grand malheur de ceux qui en pâtissaient. Il était évident qu'il existait des sorts bien pires que la flagellation mais Charlotte ne voulait aucunement connaître leur existence. Elle était sincèrement désolée pour tous ces pauvres gens victimes des créatures du Mal, cependant Stefan avait raison ; elle ne pouvait rien pour eux. Ils appartenaient à deux mondes différents, et malgré le fait qu'elle eut été humaine un certain temps – comme l'étaient les victimes des monstres qu'abritait le Royaume –, elle ne pouvait risquer son avenir pour ceux qui n'en avaient pas. C'était affligeant, comme l'est souvent la vérité, mais quiconque n'était pas un être surnaturel n'avait aucun espoir de survie ici. Charlotte l'avait réalisé après moins de vingt-quatre heures passées dans cette dimension, ce qui avait intensifié son sentiment d'insécurité.

_ Ça nous serait vraiment utile que tu nous expliques en détails comment fonctionne la société de ton monde, exposa Bonnie. De cette façon, il nous sera plus simple de remplir notre mission. On ne veut pas attirer les regards, ça nous entraverait plus qu'autre chose.

Anja acquiesça et leur lança un sourire bienveillant. Elle avait beau n'avoir qu'une dizaine d'années, elle comprenait et percevait les choses avec innocence et vivacité d'esprit.

Elle choisit de commencer par leur décrire le système hiérarchique sur lequel tout reposait.

Tout en bas de la pyramide, il y avait les esclaves. Tous les êtres humains présents dans cette dimension étaient voués à cette misérable existence, n'ayant aucun moyen de surpasser les créatures du Mal. Ils n'avaient aucun droit et étaient en charge des tâches les plus pénibles ; ménage, chantiers, confection de vêtements, cuisine, commissions... Les esclaves ne pouvaient subsister sans leurs maîtres car ils leur apportaient la certitude d'avoir un lieu où vivre, aussi précaire fût-il. Ils devaient une obéissance absolue à leurs propriétaires, sous peine d'être sévèrement châtiés. La punition la plus courante était la flagellation, mais les vampires et autres démons savaient se montrer créatifs en matière de torture. L'écartèlement était aussi monnaie courante mais n'était mis en pratique que pour des fautes plus graves – telles que la fuite, le vol de nourriture ou le refus d'obtempérer – car cette méthode avait pour conséquences des séquelles irréversibles et souvent létales. Il existait un livre de lois, le Code Rouge – sûrement une référence au sang versé des êtres serviles –, qui dictait la conduite à adopter selon chaque mauvais pas commis par un esclave. Il s'agissait des seules règles officielles du Royaume des Ombres, que ses habitants se délectaient à appliquer, au détriment des plus réticents. Pour finir, les esclaves étaient contraints de porter un signe démontrant leur appartenance à une personne de rang supérieur. Généralement, ils étaient affublés de menottes ou de liens faits de corde. Les esclaves des plus riches créatures de ce monde avaient droit à des bracelets, ce qui était moins contraignant pour travailler que d'avoir les poignets attachés.

Au-dessus des esclaves, il y avait les sans-abris – « chemineaux » était le terme couramment employé. Ceux-là étaient libres mais ne possédaient aucune ressource pour vivre. Il s'agissait bien souvent d'esclaves affranchis ou mis à la porte pour manque d'utilité. Beaucoup de loups-garous appartenaient à cette caste car ils demeuraient humains lorsque la lune n'était pas pleine, et cela répugnait les autres êtres surnaturels. Les chemineaux avaient pour habitude de voler et de faire la manche en échangeant leurs souvenirs contre de quoi manger.

Charlotte se souvint de la sphère qu'Anja lui avait donnée lors de leur rencontre. Pour enregistrer un souvenir dans ce genre d'objet, il suffisait de coller la boule de verre sur sa tempe et de repenser au souvenir à archiver. Le reste s'opérait par magie mais cela signifiait que le souvenir n'appartenait plus à son créateur. Les habitants du Royaume raffolaient de ces sphères, étant la source de distraction la plus abordable.

Venaient ensuite les travailleurs, qui étaient un rang au-dessus des chemineaux. Comme leur nom l'indiquait, ils travaillaient. A la différence des esclaves, ils étaient payés et disposaient de droits divers tels que des week-ends et l'accès à un logement convenable. Les travailleurs exerçaient dans des domaines très variés, allant de l'agriculture à la maroquinerie de luxe. Ils pouvaient aussi être médecins ou précepteurs. Ils n'étaient généralement pas humains, mais quelques-uns de l'espèce avaient réussi à atteindre ce rang. Les travailleurs aspiraient à une vie tranquille et ne se mêlaient pas de ce qui ne les concernait aucunement, sachant leur place à la limite de celle du rang inférieur.

Les maîtres d'esclaves étaient membres de l'aristocratie. Ils étaient riches et influents, possédaient des terres et une résidence luxueuse et pouvaient obtenir presque tout ce qu'ils souhaitaient d'un claquement de doigts. Ils étaient très exigeants et impatients. Se doublaient à cela leur infernale cruauté et leur soif de pouvoir toujours plus insatiable. L'aristocratie comprenait la quasi totalité des espèces surnaturelles, c'est-à-dire celles qui comptaient ceux qui n'avaient jamais été ou n'étaient plus de simples humains mortels. Ils étaient craints et respectés de tous et ne manquaient jamais une occasion de démontrer leur puissance en punissant des esclaves publiquement ou en humiliant des membres des castes inférieures.

La seigneurie n'était qu'à un rang du sommet de cette échelle hiérarchique. Le Royaume était divisé en douze Secteurs, chacun aussi grand que les villes de Los-Angeles et de New-York réunies et dirigé par un seigneur. Ces douze suzerains occupaient une place très enviée de l'aristocratie et savaient leurs jours sur le trône comptés. En effet, des coups d'État avaient fréquemment lieu, si bien que les seigneurs changeaient environ tous les sept mois. La politique instable du Royaume s'expliquait principalement par ces incessantes réorganisations. Le seul seigneur parvenu à conserver son titre depuis sa nomination se prénommait Orochi. Il était à la tête du troisième Secteur, des terres connues pour leurs réceptions grandioses à l'arrivée du printemps et pour leurs prisons à la surveillance infaillible. Orochi était un kitsune, un démon originaire du continent asiatique pouvant muter en renard. Cette race surnaturelle possédait d'immenses pouvoirs, tels que la manipulation mentale, la création de pièges magiques dont il était impossible d'en réchapper et la possession totale d'un être vivant. Les kitsunes avaient aussi la capacité de commander la nature et étaient d'un tempérament typiquement pervers et joueur. Ils se montraient très inventifs quant à la façon de défier et d'anéantir leurs ennemis ; ils avaient pour coutume de lancer un jeu mortel dont eux-seuls connaissaient les règles et faisaient durer le plaisir en laissant leurs victimes agoniser sous l'effet de leur magie et de la terreur provoquée. Des villes entières avaient été détruites par ces créatures, ne laissant jamais aucun survivant. Orochi était ce que l'on pouvait appeler une icône, étant le plus puissant des kitsunes du Royaume mais aussi le plus malicieux et le plus cruel. Il était réputé pour ses nombreuses fêtes somptueuses qui lui permettaient non seulement de prouver l'étendue de sa richesse mais aussi d'entretenir une bonne image et de rester au courant des bruits de couloir à son sujet. Orochi impressionnait tous les habitants de ce monde, à l'exception des Sentinelles, les créatures appartenant au rang le plus haut de Royaume des Ombres.

Les Sentinelles étaient des entités quasiment immortelles chargées de maintenir l'équilibre dans l'Univers. Il s'agissait exclusivement de femmes. On ne les voyait presque jamais et si l'une d'elles se montrait cela était de mauvaise augure. Elles n'intervenaient que lorsque la situation l'exigeait réellement car elles étaient débordées de travail. S'assurer qu'une guerre n'éclate pas entre les espèces n'était pas une mince affaire, autant au Royaume que sur Terre. Les Sentinelles dirigeaient leurs opérations depuis la Cour Céleste, une sorte de quartier général dans une dimension "au-dessus" de celle dans laquelle se trouvaient Charlotte, Bonnie et Stefan. Personne n'y avait jamais eu accès, ce qui entretenait le côté mystérieux des Sentinelles. De toutes les espèces surnaturelles connues elles étaient celles qui inspiraient le plus de respect et de crainte.

_ Je ne les ai personnellement jamais vues, mais à ce qu'on dit, elles sont très belles, chuchota Anja, comme si elle échangeait des propos interdits.

_ Super-puissantes et sublimes. C'est noté, fit Bonnie en hochant la tête.

Charlotte avait le tournis. Leur petite protégée leur avait exposé en détails comment fonctionnait la société du Royaume des Ombres et toutes ces informations étaient difficiles à digérer. Il y avait tant de castes, tant d'inégalité, que la jeune femme ne trouvait pas les mots pour manifester son désaccord. Mais, après tout, qui était-elle pour remettre en cause un système auquel elle n'appartenait pas ? Elle n'était que de passage ici. En théorie. Ce "en théorie" l'inquiétait d'ailleurs, mais ce n'était pas le moment de penser à cela et de se miner le moral. Son objectif premier était de libérer Damon de l'emprise du démon qu'elle avait vu en rêve la nuit précédente et de s'en sortir vivante avec Bonnie, Stefan et Anja. Ils discuteraient de la manière dont ils sortiraient du Royaume plus tard. Pour l'heure, ils devaient en découvrir le plus possible sur l'identité du démon pour venir en aide au frère de Stefan.

_ Est-ce que si je te montre à quoi ressemble la personne que l'on doit sauver tu saurais la reconnaître ? demanda Charlotte à Anja, qui haussa les sourcils.

_ Il y a des millions de personnes dans ce Secteur, je ne serai sûrement pas en mesure de t'aider là-dessus, répondit l'enfant avec une moue déçue. Mais essaie toujours. Tu as une photo ?

_ Non, mais je peux te transmettre une image par télépathie. Enfin, j'imagine que c'est possible, n'est-ce pas Bonnie ?

La rouquine opina du chef. Charlotte encadra le petit visage d'Anja de ses mains et ferma les yeux pour visualiser l'apparence de Damon. La petite fille laissa échapper un "Oh !" de surprise avant d'énumérer les qualités physiques du vampire. Elle ne l'avait cependant pas croisé, ce qui n'étonna pas les deux amies.

Alors qu'un silence s'abattait sur le trio, Stefan entra dans la chambre qu'ils occupaient, les bras chargés de paquets. La curiosité piquée, Charlotte et Bonnie se précipitèrent pour désencombrer le jeune homme.

_ Qu'est-ce que c'est ? l'interrogea Bonnie.

On aurait dit une enfant impatiente au pied du sapin de Noël.

_ C'est censé nous aider à nous fondre dans la foule, expliqua Stefan.

Une fois le papier kraft soigneusement réduit en confetti, les jeunes femmes découvrirent deux voiles : l'un était émeraude d'un côté et rose poudré de l'autre, le second était parme et doré. Les deux morceaux de tissu étaient suffisamment grands pour couvrir une personne des pieds à la tête et semblaient plus légers que l'air. Charlotte ignorait de quelle matière il s'agissait mais elle fut rapidement séduite par sa texture fluide comme l'eau. Des bracelets accompagnaient les voiles, de couleurs assorties.

_ Je me suis renseigné sur les... traditions... concernant les esclaves. Voici ce que portent les favorites des aristocrates lorsqu'elles sont de sortie. Je me suis dit qu'il nous serait plus simple de retrouver mon frère si nous faisions partie d'un rang plus élevé auquel on ne refuse pratiquement rien. Machinalement... j'ai opté pour vos couleurs préférées, dit le vampire dont le teint rosit légèrement à ces derniers mots.

_ Alors on doit se faire passer pour des esclaves de riche ? demanda la sorcière rousse afin de bien comprendre. Tu vas incarner un maître d'esclaves de l'aristocratie ?

Stefan acquiesça gravement. Les termes employés par son amie ne lui convenaient manifestement pas, malgré leur justesse. Bonnie esquissa tout de même un petit sourire en se parant du voile émeraude qui se déploya tel une traîne.

_ Au moins c'est joli, commenta-t-elle simplement.

Le vampire lui passa un bracelet à chaque poignet. Les bijoux émirent un son semblable à un mécanisme de verrouillage. La sorcière leva des yeux interrogateurs vers son "maître" qui lui précisa que c'était la norme : les bracelets se scellaient au contact des poignets et seuls les maîtres avaient le pouvoir de les défaire. Un silence suivit ses propos. Qu'importaient les prétextes et excuses que Stefan pourrait invoquer à partir de cet instant, Charlotte et Bonnie étaient ses biens. Elles dépendaient de lui, de sa volonté. Enfin, ce serait le cas tant qu'ils seraient au Royaume.

Charlotte s'empara de son voile parme et doré et le plaça sur sa tête. Elle eut une pensée pour les femmes qui avaient à porter ce même genre d'accoutrement sur Terre et son cœur ne fit que se serrer un peu plus. Puis Stefan lui prit les mains pour la parer de ses menottes à restrictions modérées – c'était ainsi que la jeune femme voyait les bijoux qui emprisonnaient désormais ses poignets.

_ Ça n'est pas réel, n'oubliez pas que nous ne sommes pas d'ici, souffla Stefan.

_ Est-ce que je fais aussi partie de vos favorites, maître Stefan ? questionna Anja de sa voix fluette.

Le vampire se mit à la hauteur de la petite fille et lui répondit en la regardant droit dans les yeux :

_ Je te jure que jamais de ma vie je ne mettrai un enfant à mon service, que ce soit temporaire ou pour de faux, et encore moins pour de vrai. Tu as ma parole, Anja. Je te protégerai autant que Charlotte et Bonnie, cependant il est absolument hors de question que tu sois mon esclave. Cela irait à l'encontre de l'un de mes plus grands principes. Tu me comprends ?

Anja hocha vigoureusement la tête.

_ Mais les gens se poseront des questions si je reste avec vous alors que je ne vous appartiens pas !

_ Qu'ils viennent se plaindre en personne s'ils l'osent, gronda Stefan dont les canines s'étaient instinctivement allongées.

Cette vision fit frissonner Charlotte. Bien qu'elle se soit faite à l'idée que Stefan était un vampire vieux de plusieurs siècles, elle avait du mal à l'associer à un caractère meurtrier. Elle avait certes vu son regard lorsqu'il avait eu affaire au douanier du Royaume mais elle ne mesurait toujours pas la dangerosité de son mari lorsqu'il était véritablement hors de lui. Cela pourrait s'avérer utile autant que cela pourrait devenir un obstacle. Pour parvenir à leurs fins ils ne devaient en aucun cas s'autoriser à des écarts de conduite ou à quelque acte compromettant leur mission. Plusieurs vies étaient en jeu, aucune erreur ne serait tolérée.

L'hérétique croisa le regard sombre de Bonnie et comprit qu'elle pensait la même chose. La prudence était de mise, ils devraient jouer leur rôle à la perfection.

_ Bien. Maintenant que nous sommes parés, je rappelle une dernière fois les consignes avant d'y aller. La subtilité est primordiale. Ne laissez rien entendre qui puisse nous nuire par la suite ; entre-autre, évitez de donner des détails sur notre véritable identité, soyez naturelles et agissez comme si le système hiérarchique vous convenait. Personne ne se déplace seul. Bonnie et Charlotte, vous resterez ensemble en prétendant faire des courses pour moi, ce sera parfait pour le commérage. Anja, tu seras avec moi. On ira dans les lieux prisés par les aristocrates. Essayez de glaner autant d'informations que possible au sujet d'un démon accompagné d'une vampire blonde et d'un vampire qui me ressemble. Tout ce qui concerne Katherine peut aussi être utile, de même que des détails sur n'importe qui ici susceptible d'avoir des pouvoirs de résurrection. Renseignez-vous à propos d'éventuels événements qui pourraient rassembler des démons ou auxquels Elena aurait envie de participer. Tout est bon à prendre. Dès que l'un des binômes a quelque chose d'intéressant, il le transmet à l'autre par les canaux télépathiques. Des questions ?

Charlotte, Bonnie et Anja firent non de la tête. Le cœur au bord des lèvres, les jambes tremblantes, Charlotte réalisa à quel point elle était terrifiée. Ce monde de fous allait à coup sûr la dévorer toute crue, répandant sans cérémonie son sang dans les rues déjà rouges. Mais ça n'était pas le moment d'avoir peur. Elle avait eu un aperçu de l'enfer que vivait Damon et il était hors de question qu'elle ne fasse rien pour le tirer d'affaire. Alors elle inspira un grand coup, saisit la main de Bonnie qui lui broya aussitôt les doigts, et, ensemble, elles sortirent de l'auberge pour braver la foule en quête de réponses.

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