Chapitre 3 | l'Alpine - Part I

Mes yeux s'ouvrirent sur un ciel noir et à mon grand étonnement, je n'étais pas à l'hôpital. Je me découvris allongé au sol, baignant dans un liquide noir qui s'apparentait à une sorte de glue, car je n'arrivais pas à me relever.

Je sursautai lorsque j'entendis crier : c'était une adolescente qui semblait plus jeune que moi. Elle avait de longs cheveux bruns détachés. Son visage était sale et écorché. Elle portait un jean déchiré aux genoux et un pull très coloré. Je ne la connaissais pas, mais elle se jeta sur moi et m'ordonna de me relever en me saisissant par le col. Elle était paniquée et moi immobilisé. Elle me disait de fuir car les veneurs de l'ombre étaient à notre poursuite. Elle attrapa ma main énergiquement et réussit à me relever. Mais elle avait déjà disparu, comme aspirée par la brume.

Je me réveillai en sursaut sur un lit d'hôpital, je pouvais entendre mon cœur vrombir. Je regardai autour de moi, confus, et je vis une infirmière s'approcher de moi : « Tout va bien, Monsieur ? demanda-t-elle d'un ton rassurant accompagné d'un regard bienveillant. Vous avez crié dans votre sommeil. »

Je secouai la tête, encore confus par la vision nébuleuse de ce rêve : « Il y avait une jeune fille, ici, dans ma chambre, dis-je d'une voix hésitante. Elle m'a dit de fuir, où est-elle ? »

L'infirmière fronça les sourcils, l'air perplexe : « Il n'y a pas de jeune fille ici, Monsieur, dit-elle doucement. Vous avez été seul dans votre chambre depuis votre admission. »

Je la regardais, incrédule. La fille était si réelle, si présente, comment cette scène d'épouvante pouvait-elle être que le simple produit de mon imagination ? Je me souvins alors de la voiture et de l'accident. Si seulement je n'avais pas obéi à Yann, nous n'en serions pas là. Finalement, ça m'aurait arrangé que l'accident me tue sur le coup, ça aurait évité que mon grand-père s'en charge lui-même.

− Comment vont les autres ? demandai-je, inquiet.

− Aucun blessé grave à déplorer, ça aurait pu être pire, me répondit l'infirmière avec un regard par-dessous.

Je fus tellement soulagé de savoir que Yann et ses acolytes allaient bien. Je ne pouvais pas les encadrer, mais je ne me serais jamais pardonné s'il leur était arrivé quelque chose de grave à cause de mes décisions.

Pendant que l'infirmière me retirait la perfusion, la porte s'ouvrit et un homme entra dans la chambre blanche. Il était grand et large au niveau des épaules, avec un visage doux et des yeux perçants. Il portait une veste en cuir noir et une cravate rouge. Je le reconnus immédiatement, c'était le commissaire Manda. Il était chargé de l'enquête sur les disparitions des adolescents dans la région. Il sortit un petit calepin, puis me sourit.

− Bonjour Maxime, dit le commissaire en s'approchant du lit. Je suis désolé de te déranger alors que tu viens d'être hospitalisé, mais je dois te poser quelques questions.

− Bien-sûr, il y a de quoi après tout, dis-je en baissant la tête.

Le commissaire Manda s'assit sur une chaise en face de mon lit.

− Bien, Maxime, je vais aller droit au but. Lorsque les secours sont arrivés sur les lieux, ils ont découvert d'innombrables cadavres d'oiseaux sur le chemin et autour de votre voiture accidentée. Des corbeaux en l'occurrence. Mais alors que je me dirigeais sur les lieux de l'accident avec mon équipe, les corbeaux se seraient subitement « régénérés » puis volatilisés dans la forêt avec des cris assourdissants.

− Encore des corbeaux, murmurai-je.

− Comment ça « encore » ? demanda le commissaire, piqué par la curiosité.

− Une troupe de corbeaux s'est écrasée sur les vitres du bahut, hier matin, répondis-je, surpris que le commissaire ait pu avoir l'oreille aussi fine pour m'entendre.

− Intéressant. Oui, très intéressant, ajouta-t-il en griffonnant des notes sur son carnet.

− Pensez-vous qu'il y a un rapport ?

− Je ne pourrais pas l'affirmer. Est-ce que les corbeaux se sont écrasés sur les vitres de ta classe uniquement ?

− Je n'en sais trop rien, j'imagine que non. Pensez-vous que je suis personnellement visé ? C'est absurde ! répliquai-je, mi-amusé, mi-inquiet.

Son visage se figea quelques instants, puis il émit un rire gêné : « Pour être tout à fait honnête avec toi, Maxime, au vu des circonstances relativement étranges de votre accident et de cette situation hier à ton école, j'ai des raisons de croire qu'il s'agit de quelque chose de... L'inspecteur hésita un moment et reprit après de longues secondes en se raclant la gorge comme pour retirer un doute collé à sa trachée. Tu vas sûrement me trouver fantaisiste, mais je pense que quelque chose de surnaturel s'est passé sur votre route. »

Mes yeux s'écarquillèrent au point de sortir de leurs orbites : « Surnaturel ? Je ne comprends pas, demandai-je en me redressant difficilement sur le lit. »

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