Chapitre 5 | Une prémonition ? - Part I

J’attrapai mon téléphone sur mon chevet, il était sept heures du matin et mon réveil allait sonner à peine trente minutes après. Je rageais, je ne voulais pas que ma nuit prenne fin une demi-heure avant mon réveil. J’essayai de me rendormir, mais impossible, le rêve que je venais de faire me hantait.

Je me rassurai en pensant que c’étaient les histoires de mamie Ada qui influençaient mes rêves : la nuit dernière, j’avais lu une partie de son journal qui parlait de passage dans un arbre, d’un monde caché, des veneurs de l’ombre qui ne marchaient pas, mais plutôt qui lévitaient… C’était comme lire un super livre fantastique. Certains passages contenaient des choses insoutenables, notamment sur la manière dont un personnage offrait à un démon des enfants. Le monstre devait ensuite les congeler et manger leurs cervelles. Un rite qui lui ouvrait la porte d’une armée des ténèbres…

Mon réveil sonna et me fit sursauter. J’avais, comme on dit, « la flemme » pour retourner en cours, je me rendormis avant d’être réveillé par des bruits dans le jardin qui me firent sursauter.

Finalement, grand-père avait pris la décision de se débarrasser de la serre, la seule chose qui était chère aux yeux de mamie. L’envie de descendre me vint, je souhaitais renvoyer tous ces hommes qui emportaient ce qui restait de la serre, mais je ne voulais pas de nouveau être en conflit avec mon grand-père. Après ce que j’avais fait à sa voiture, il était préférable que je reste le plus discret possible. Lorsqu’ils terminèrent, je descendis prendre des biscuits en guise de petit déjeuner et je profitai également de cette occasion pour croiser mon grand-père dans le salon.

−    Tu as décidé de te débarrasser de la serre ? lui demandai-je avec hésitation.

−    Ni toi, ni moi ne pouvions en prendre soin, les Séjournas n’ont pas tenus. Tu n’as pas cours aujourd’hui ?

−    Euh, je commence plus tard aujourd’hui, un prof absent, tu sais !

−    Hum…

−    Je n’ai plus de souvenir de notre dîner avec le commissaire et Véra, tu sais ce qu’il s’est passé ?

−    Tu n’as plus aucun souvenir ? Tu nous as dit que tu étais fatigué, tu es donc parti te coucher.

Il ne me regarda même pas, il avait les yeux rivés sur son calepin. Il avait l’air très concentré. Je l’observai un moment avant de m’en aller. Il m’exaspérait, j’avais l’impression de ne rien représenter pour lui, de ne pas exister.

Je me rendis au bahut à la pause du matin. J’attendais seul dans la cour du lycée, puis je m’approchai de la grande porte vitrée de l’entrée principale et j'aperçus les avis de recherche des deux adolescents portés disparus.

« Et s’ils avaient été enlevés par des veneurs de l’ombre, donnés en sacrifices au démon de glace, murmurai-je à voix basse. C’est impossible, hein ? Où êtes-vous passés les gars ? »

Je m’adressai à leurs portraits lorsque je vis Rose Delaine se diriger droit dans ma direction. Ses cheveux blonds volaient au vent et ses yeux clairs illuminaient son visage doux. Rose était la fille la plus convoitée du lycée, et depuis quelques années, celle que mon cœur chérissait dans le plus profond secret. En l’observant s’approcher, mes entrailles se mêlaient de joie et d’angoisse, je commençai à tourner les talents lorsque j’entendis sa voix caresser mes oreilles :

« Salut, me dit-elle. Ça va Maxime ? »

Je ne répondis pas tout de suite, il me fallait vite redescendre de mon nuage, mais je ne voulais pas perdre la face devant elle.

−    Salut, répondis-je gêné, tu… connais mon prénom ?

−    Oui, je crois que beaucoup le connaissent après le tag sur le casier et l’accident de voiture, tout le monde en parle.

−    Ah oui, forcément !

−    Bref, ce n’est pas pour ça que je suis venu te voir, avec plusieurs élèves on organise une petite soirée d’Halloween dans la forêt de Fontainebleau.

Rose me glissa un flyer, l'événement allait avoir lieu samedi à partir de dix-neuf heures à la croix du calvaire. C'était un lieu qui dominait un vaste panorama des villes d’Avon et de Fontainebleau. Je me sentis soudainement plus confiant et me tins droit, en croisant les bras sur ma poitrine :

−    Dans la forêt ? Je ne sais pas si c’est très prudent après les deux disparitions récentes.

−    Trois disparitions, depuis hier soir… Sarah Tiradon. Sa mère a expliqué qu’elles s’étaient disputées hier soir et Sarah serait sortie prendre l’air. Nous sommes voisins, sa mère s’est confiée à la mienne.

Je n’en croyais pas mes oreilles. Cette fois, il ne pouvait plus y avoir de doute, mes rêves étaient prémonitoires.

−    Sarah Tiradon ? demandai-je.

−    Une collégienne… la pauvre…

−    Elle était habillée comment ?

−    Qu… quoi ? Mais qu’est-ce que ça change ? répondit Rose en levant les yeux au ciel.

−    Non, non, rien, c’est stupide comme question ! C’est vraiment horrible.

Rose me dévisagea. Malgré la nouvelle terrible que venait de m’annoncer Rose, je ne pouvais m'empêcher de regarder ses lèvres et ses yeux brillants.

−    Sarah aurait laissé un message vocal à sa mère. Elle était paniquée, elle a demandé que sa mère la récupère dans la forêt. On ne peut pas rester là sans bouger, on doit montrer à ceux qui ont fait ça qu’on ne s’arrêtera pas de vivre et qu’ils ne nous font pas peur, dit Rose.

−    C’est un beau message que vous voulez faire passer.

−    Oui c’est le but ! Je compte sur ta présence et celle de ta petite copine, précisa-t-elle en me lançant un clin d’œil.

−    Comment ça ? Lana ? Ah non on est juste des amis, dis-je en ricanant nerveusement.

Je fus très surpris par la remarque de Rose, comment pouvait-elle penser que j’étais en couple avec Lana.

−    Sérieux ? s’étonna-t-elle, vous êtes toujours ensemble !

−    C’est ma meilleure amie, c’est ce que font les amis, être ensemble.

−    Ok ok cool ! Alors, j’aurais peut-être le privilège de danser avec toi samedi, pendant la fête.

 J’essayai de contenir ma joie, mais pas sans difficulté, car la fille que j’aimais depuis le collège venait de m’inviter à danser avec elle, c’était probablement l’un des plus beaux jours de ma vie. J’avais l'impression que tout s'emballait dans ma tête, je ne savais pas comment réagir. Je dus me pincer vigoureusement le dos de la main pour réaliser que je n’étais pas en train de faire un énième rêve qui finirait encore en cauchemar.

−    Oui, dis-je d'une voix tremblante, j'adorerais danser avec toi.

−    Alors à samedi !

J’avalai péniblement ma salive et finis par hocher la tête, incapable de prononcer un seul mot de plus. J’étais planté là, encore sous le choc de ce qui venait de se passer, et je contemplais Rose Delaine qui s'éloignait.

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