CHAPITRE 9: Toxines.
Bonsoir mes kunefettes, ça-va ? 🌹
Franchement vous m'avez convaincu avec tous vos poèmes j'me suis speedé pour le corriger !
Je vous laisse avec la suite mes babes ! ❤️
La note d'auteur est giga longue mais importante !
Bonne Lecture! 📖
Xoxo - Iamkunafa. 🍓
𓆃
MARIPOSA.
Je suis restée debout toute la nuit dans les bras de ma mère. Elle m'avait bercé en me chantant des chansons d'enfant. J'avais une migraine terrible à force d'avoir pleuré.
Je me sentais creuse. On m'avait enlevé une part de moi et le pire c'est que durant tout ce temps je ne m'en étais même pas rendu compte de ce qu'on m'avait fait. Et puis je ne savais pas ce qui était pire dans cette histoire, les viols ? Ou le fait que j'étais toujours incapable de détester mon père, malgré ses coups, malgré l'alcool, je l'aimais.
J'avais ces flashs et ces sons, ces odeurs et ces sensations qui m'empoisonnaient les veines, c'était insoutenable de vivre 6 années de torture en une seule nuit.
J'en voulais au monde entier pour avoir subi ça dans le noir. Et mon seul et unique réconfort c'était ces papillons dessinés sur le mur de toutes les couleurs, des violets et des noirs, des roses et des oranges, des bleus et des verts. Grâce à mon grand frère, j'avais mon arc-en-ciel d'ailes pour m'envoler et rien que pour ça je l'en remerciais.
Assise sur le canapé du salon avec ma mère, je n'avais plus de larmes au lever du soleil. Ma migraine de me donnait envie de dormir mais je craignais qu'il revienne me faire du mal. Le pyjama de ma mère était mouillé. J'avais la tête écrasée sur sa poitrine. Elle me réconfortait de ses mains potelées dans mes cheveux. Je ne voulais pas bouger.
Dans la nuit j'avais vu Rio monter avec un sceau et une serpillière certainement pour nettoyer le vomi. Il avait revêtu un jean et un t-shirt et était resté en retrait dans la cuisine ouverte toute la nuit.
J'ai sursauté lorsque la porte d'entrée a grincé, c'était Mabel. Maman l'avait appelée plus tôt dans la nuit. Sur l'horloge en haut de la cheminée je constatais qu'il était 5H du matin, il semblait revenir d'un long périple, il avait des cernes creuses sous les yeux et des taches brunes sur son t-shirt. Je me doutais bien qu'il n'avait pas dormi et ses activités avaient dû être macabres :
— Viens avec moi, hermanita.
Je ne voulais pas quitter ma mère, mais il avait quelque chose de puissant dans le son de la voix de mon frère. Ce truc-là, je l'avais ressenti chez une seule personne...
Côme.
Ce brin dangereux qui m'avertissait que la frontière entre le bien et le mal était si fine que même une légère brise aurait pu me faire pencher d'un côté ou de l'autre. Je frissonnais en le regardant. Je crois que j'avais peur de sa lueur noire parce que d'une certaine façon elle me donnait un peu envie d'y goûter.
D'un geste de la main il m'a incité de nouveau à le suivre.
Après des heures allongée sur ma mère, je trouvais enfin la force de m'en détacher. Ses yeux étaient inquiets. Elle m'assiégeait de baiser sur le visage en me répétant "te quiero" (je t'aime), en me disant que j'étais sa petite âme et que plus rien ne m'arriverait.
Puis je me suis levée à contrecœur. Toujours en pyjama j'ai rejoint mon frère devant la porte d'entrée. Il a pris des tennis qui étaient rangés à l'entrée et s'est agenouillé devant moi afin de m'aider à les enfiler.
Je savais qu'il savait pourquoi j'avais aussi mal, il n'avait même pas eu besoin de me le dire. Et ensemble on partageait la même souillure. Rien que pour ça je me sentais en sécurité avec lui.
Il faisait assez frais en sortant de la maison, j'avais les épaules crispées en croisant mes bras sous ma poitrine.
J'ai suivi Mabel en silence dans la voiture.
Le trajet n'a pas duré très longtemps. Je regardais le paysage par la fenêtre en rejetant ces envies de vomir à chaque instant. Je sentais mon père partout autour de moi, ça me rendait presque paranoïaque.
Et puis il s'est arrêté dans un endroit assez reculé. C'était à l'orée d'un bois. Je regardais l'étendue d'herbe haute sur laquelle était tombé un immense tronc d'arbre. Dessus était posée une dizaine de bouteilles de bière vides.
— Descends.
Je m'exécutais sans réfléchir toujours les bras croisés sous ma poitrine, mon frère m'attendait devant.
J'eus un mouvement de recul lorsqu'il sorti une arme coincée à l'arrière de son jean.
— N'ait pas peur, Mariposa.
Je frissonnais, j'avais aussi froid que je me sentais malade des images qui se bousculaient dans ma tête.
— C'est ce qui m'a sauvé.
Il a levé ce pistolet afin que nous la regardions tous les deux.
— La seule personne au courant de ce qui m'est arrivé c'est Jão. Je me suis confié un soir, après avoir un peu trop forcé sur l'alcool, depuis j'ai arrêté de boire. Lui et cette arme m'ont sauvé.
Je me suis tu, ses yeux me paraissaient livides. Il baissa la tête, dans son regard je compris tout de suite que des souvenirs lui revenaient en mémoire. Je n'osais pas demander plus de détails parce que je savais qu'ils auraient été similaires aux miens.
— Tu auras l'impression d'être enfermé dans une prison d'angoisse. Longtemps.
Mon souffle se coupa. Cette prison me collait d'ores et déjà à la peau. Les souvenirs de ces longues nuits me hantaient tel un poison, son odeur, la cigarette, j'entendais ses bottes en cuir s'enfoncer dans le sol, je tournais la tête précipitamment en ayant l'impression d'avoir entendu ses clés accrochées à sa ceinture. J'avais cette sensation de brûlure entre mes jambes.
J'ai reculé de quelques pas, ma main a trouvé place sur le capot de la jeep et mon corps s'est penché rapidement en avant. Je régurgitais ma bile. Les mains de mon frère ont retenu mes cheveux. Déstabilisée par ce contact physique, je vomis une seconde fois.
Je crachais lorsque je ne sentis plus mes cheveux être retenus. Mais je vis une petite bouteille d'eau dans mon champ de vision. Je la saisis pour rincer ma bouche, horrifiée. Mon corps me dégoûtait je voulais me débarrasser de la peau que j'avais sur les os pour m'enlever cette sensation horripilante. J'essayais de nettoyer ma bouche et mon frère m'aida à me redresser. Je n'avais pas remarqué mes larmes avant qu'il ne me les essuie lui-même.
— Je ne te forcerais jamais à me parler, mais je t'encourage à le faire, hermanita.
Je ne répondis rien. Je ne me sentais dépossédée de ma personne. Cette sensation était familière. Quand papa me violait et que je regardais ses papillons, c'était comme si Albane prenait ma place et elle ne ressentait pas grand-chose, à part ce vide sidéral qui l'empêchait de pleurer.
— Mariposa.
Je revenais sur terre tout d'un coup.
— On ne doit pas perdre contre notre père. Et je veux combattre avec toi pour que tu te relèves, que tu ne craignes pas la vie, pour que tu ne subisses pas tes pensées, je vais te donner les armes pour vaincre cette prison d'angoisse.
Accaparée par les paroles de mon frère, je m'y accrochais telle une bouée de sauvetage. Il était l'unique chose qui me faisait rester sur terre.
— T'es tu déjà servi de ça ?
Il a agité cette arme devant nous. J'ai eu du mal à déglutir ne sachant pas quoi répondre. Mais Mabel a placé le métal noir dans les mains. Je tremblais un peu. Ce truc me mettait très mal à l'aise et je me souvenais des deux fois où j'avais appuyé sur la détente.
Sur Côme, mais j'avais oublié de baissé la sécurité.
Et il y a quelques jours de ça, en Italie...
— Que peux-tu me dire sur cette arme ?
Je baissais les yeux sur le canon dans mes mains. J'avais froid et j'étais complètement perdue mais je décidais de me prendre au jeu.
— Je... ici, il y a le chargeur.
Je me souvenais de sa voix grave lorsque Côme m'avait montré comment utiliser une arme je crois que c'était à peu près le même modèle.
— Je dois appuyer ici pour l'ouvrir... et... je dois tirer d'un coup sec.
Je l'ai fait en même temps que je l'ai dit. Mabel hochait la tête en m'observant les yeux plissés. Il avait croisé un bras sur son torse tandis que son autre main pinçait son menton.
— Je dois la tenir comme ça et je ne dois jamais oublier d'enlever la sécurité.
Je plaçais le pistolet entre mes mains, l'index sur la détente, mon pouce baissa la sécurité. Mon frère a légèrement dévié ma trajectoire vers le vide car je le ciblais.
— C'est exact...
Je ne savais pas à quoi tout ça rimait mais dans l'état actuel des choses je n'étais plus maître de moi-même, j'exécutais telle une marionnette.
Ses yeux verts sur moi étaient très curieux. Comme s'il essayait de lire en moi, et puis finalement il m'a dit :
— C'est lui qui te l'a appris, n'est-ce pas ?
Sans réfléchir, j'ai secoué la tête négativement.
— Tu n'as pas à me mentir ni à le protéger, Mariposa.
Je déglutissais.
— Penses-tu réellement qu'il te protégeait lui ? Penses-tu qu'il te protégerait s'il se tenait face à moi ?
Je me souvenais des mots paniqués de ma mère. Lorsqu'elle m'a fait lui promettre de ne jamais montrer les sentiments que j'avais à l'égard de Côme. Cela a créé une sorte de contradiction dans mon esprit. L'idée d'aborder le sujet de Côme devant Mabel me paraissait tout d'un coup dangereuse.
— Tu n'as pas à me craindre hermanita.
Je fronçais les sourcils, je ne pouvais définitivement rien cacher à mon frère.
— Je t'en ai dit beaucoup hier. Je me suis montré ferme, pour ton bien. Tu es de retour parmi nous maintenant et je pourras te dire qu'à présent ma mission sera de te protéger, mais...
Ma poitrine se compressait à chaque mot qu'il prononçait.
— J'y ai réfléchi toute la nuit et il est temps pour toi d'apprendre à te protéger seule.
J'étais prise d'incompréhension et à ce moment présent je n'avais plus qu'un seul rêve, c'était de revoir Côme. J'étais persuadée que dans ses bras j'oublierais tout. Je savais qu'il allait prendre sur lui tout ce que je ne voulais pas avouer...
C'était comme ça que je voulais que l'on me protège...
— Tu vas devenir ta seule et unique force, continua mon frère. Tu n'attendras plus de secours ni une épaule sur laquelle pleurer. Côme ne viendra pas, il ne pourra pas te protéger non plus. Il suffit de voir le danger dans lequel il t'a mis en t'emmenant en Italie.
Une vive tristesse s'empara de moi. Je ne lâchais pas mon frère du regard, son discours pesait des tonnes au fond de moi. Tout ce qu'il disait me paraissait si vrai.
— Tu vas affronter tes cauchemars et cette vie, seule, et un jour tu te réveilleras et tu réaliseras que plus rien ne t'atteindra.
Mon cœur battait à la chamade. J'avais ce canon froid dans les mains que je serrais un peu plus fort. Je sentais qu'avec ça je pouvais semer tellement de chaos que ça me faisait trembler.
— Hier, je t'ai fait une promesse, j'ai abandonné une guerre pour toi, tu t'en souviens n'est-ce pas, hermanita ?
Je hochais la tête prise d'un peu de remords.
— Tu es ma petite-sœur et pour toi je ferais tout. Si tu me demandes de l'épargner, alors je l'épargne. Si tu me demandes de pardonner, alors je pardonne.
Je sentais une gêne au niveau de ma poitrine, Mabel faisait quelques pas innocents à droite à gauche.
— Ces gestes sont des cadeaux pour toi, Mariposa, ils te prouvent que je fais gage de loyauté envers toi car tu es mon sang et ma chair, mais...
Quand Mabel planta ses iris Hazel dans les miennes, j'étais accaparée par son aura. Plus rien ne comptait, il n'y avait plus que mon grand-frère sur cette terre.
— Ces promesses seront tenues si tu fais vœu de loyauté envers moi également.
Je ne compris pas tout de suite ce que cela signifiait.
— Je n'oublierais pas les actes de clémences qu'il a eu envers toi mais Côme n'est pas ton allié, c'est un ennemi pour notre famille, un dangereux ennemi fourbe qui a su te faire croire qu'il avait de l'affection pour toi. Je suis venu te montrer la vérité, le vrai chemin de la vérité. J'ai longuement côtoyé des hommes comme lui, je sais comment ils réfléchissent. Crois-tu que Côme pense à toi ? Crois-tu qu'il mourrait pour toi ? Crois-tu un seul instant que les sacrifices qu'il a faits pour toi ont été sincères ? Si c'était le cas, il aurait fait de toi sa reine et il t'aurait protégé de tout danger.
Chaque mot me provoquait un torrent de douleur. Les paroles de Mabel résonnaient dans mon cerveau. J'étais envahi de pensées, de questions, je pesais le pour et le contre et je me rappelais surtout que Côme ne m'avait pas choisit.
— Si tu veux nous protéger, maman et moi, protéger ceux qui t'aiment sincèrement, qui partagent le même sang que toi tu dois déconstruire cette belle image qu'il a réussi à te mettre dans la tête. Tu dois rejeter tes fausses croyances. Il ne t'a ni aimé ni protégé, il t'a utilisé, pour m'atteindre moi.
Je pinçais mes lèvres. J'avais la migraine, et trop d'informations à emmagasiner, cela ne faisait que quelques jours que j'étais ici et pourtant j'avais déjà perdu tout ce en quoi je croyais. J'étais encore plus brisée que mes jours aux côtés de Côme et la vie n'avait plus vraiment de sens après hier. Je buvais chaque parole que mon frère me partageait. Au moins avec lui je me sentais sincèrement aimée et je savais qu'il voulait mon bien, me rendre forte.
Une larme coula le long de ma joue, mais elle mourut sous les doigts de Mabel qui me l'essuya.
— Tant que tu choisis notre famille Mariposa, que Côme reste chez lui et que tu restes chez toi, alors il n'aura pas à me craindre, et tu n'auras pas à craindre que je m'en prenne à lui. C'est mon unique demande.
Il m'avait mise en danger après tout...
Il m'avait utilisée...
Il m'avait menti...
Il n'avait pas abandonné sa guerre pour moi...
— Est-ce que... tout ce que tu me dis est vrai, demandais-je la voix fluette.
— Il y a aussi ce que tu ignores de lui, je te l'ai dit, je l'ai côtoyé de nombreuses années. Dis-moi franchement ce que Côme t'a apporté dans cette vie ? Que t'a-t-il donné de si précieux qui en vaille la peine que tu te battes pour lui ?
De mauvais souvenirs me sont revenus en pleine face. Je les avais même oubliés. Je repensais à toutes ces fois où sa violence me tétanisait. Mabel me faisait presque oublier nos derniers moments passés ensemble et puis j'en avais trop sur le cœur pour entrevoir le bon côté de la vie. J'en voulais au monde entier pour avoir subi cette violence toute seule. Je ne voulais plus que l'on me fasse du mal.
— Rien, Mariposa. Il ne t'a rien apporté.
Je prenais la réponse de Mabel comme un fait. Sa voix faisait loi dans mon cerveau je ne le contredisais jamais.
— Je peux te rendre forte. Invincible. Je peux t'élever au point ou tu ne craindras rien ni personne. Moi je peux te donner ce pouvoir Mariposa, je peux te donner le Vénézuéla en entier et le mettre à tes pieds. Et tu pourras marcher dans la nuit sans jamais craindre qu'un monstre te suive dans le noir.
Je buvais chaque mot.
Une vie sans peur.
Je voulais cesser d'avoir peur. C'est ce qu'il me fallait ! J'avais été faible toute ma vie. J'avais été moqué, pointé du doigt. On me disait à quel point j'étais naïve, à quel point j'étais sensible. On m'avait prouvé que je n'étais qu'une idiote qui bégayait et s'excusait sans cesse, une ratée, une pute, une victime, un fardeau. J'étais toutes ces choses et il fallait que je le reconnaisse enfin. Cette vulnérabilité devait enfin disparaître, et quelqu'un, non, mon frère me proposait de faire un pacte avec lui pour tout changer.
— C'est ce que tu veux, n'est-ce pas ? Que je te donne ce pouvoir-là. Je t'entraînerais personnellement et tu pourras compter sur Rio pour apprendre à te battre. Je peux t'élever et tu verras qu'on te regardera avec crainte et admiration. Au point ou personne n'osera t'approcher. Tu seras respectée, tu seras une légende, Mariposa.
Une légende.
Je ne savais pas ce à quoi ça m'engageait, mais si cela pouvait me protéger de tout mal j'étais prête à faire un pas vers ce chemin.
Mabel s'est positionnée à côté de moi, il m'a mis en position pour que je sois à l'aise pour tirer sur les bouteilles en verre qui attendaient là. Je l'écoutais m'expliquer comment les différents éléments de l'arme se constituaient entre eux. J'absorbais tout ce qu'il me disait en admirant la force de mon frère.
Lui, il ne pleurait pas, il s'en était sorti...
Alors moi aussi.
J'allais arrêter de pleurer.
— Tire.
Sueur froide sur le front. Je redoutais ce moment comme le moment ou j'avais tiré sur cet homme en Italie... L'anxiété me prenait à la gorge, je tremblais de façon incontrôlée, mais la grande paume de mon frère s'est posée sur mes mains.
— La peur est une réaction instinctive mais s'en émanciper est une décision qui te revient. Et je crois que tu es suffisamment forte pour y parvenir. Je sais que ça demande du courage de mettre un pied dans une vie tumultueuse mais une fois que tu l'auras fait, tu n'aurais plus jamais rien à craindre. Fais-moi confiance, tu n'as pas été conçue pour être fragile, tu ne l'es pas Mariposa, alors maintenant, tire.
Le bruit de la détonation à retentit dans la forêt, immédiatement les oiseaux se sont envolés de leurs branches. Je les regardais battre frénétiquement des ailes, les feuilles des arbres vibraient à cause de leur envol soudain.
Mon regard s'est baissé sur le canon de cette arme, j'avais l'impression d'y voir de la fumé se mener vers les cieux... emportant ces parties de moi que je pensais si pure...
Mon cœur battait si fort que je me sentais submergée par une décharge d'adrénaline qui me parcourait dans tout le corps. Et puis finalement, je retrouvais mes cibles. Dans ma ligne de mire, j'avais ces bouteilles en verre, et un objectif, faire mourir cette douleur qui m'étouffait l'âme. Je voulais que la colère que je ressentais en moi contre ce monde s'en aille avec les balles, avec cette destruction-là.
Il avait raison... personne ne viendrait jamais me sauver.
Alors j'ai tiré à nouveau sans m'arrêter, je regardais ses bouteilles exploser les unes après les autres, les oiseaux s'envolèrent une fois de plus, leur cri et le battement d'ailes étaient ma nouvelle mélodie. Je ne voulais plus que ça.
M'envoler.
𓆃
Retour dans le présent.
Deux ans plus tard.
Montagne des Andes.
CÔME.
Je déglutissais.
Qu'est-ce que je lui avais fait...
J'avais fait ça... Qu'aurait-il pu se passer si j'avais passé l'éponge sur ma haine ? Si je ne l'avais jamais emmené avec moi en Italie. J'étais pris d'un violent regret qui me tordait l'estomac, ce soir-là, près de la plage, elle m'avait supplié droit dans les yeux d'épargner son frère, et moi je lui avais répondu que Côme et Mariposa c'était impossible si Mabel vivait encore.
Qu'est-ce que j'avais fait ?
J'avais fait ça.
La Mariposa Verde. C'était mes mains qui les avaient créés et dans l'immédiat l'espoir de défaire la légende me paraissait irréalisable.
— Rentre chez toi, Côme.
Elle a reculé d'un pas. J'ai avancé sans m'en rendre compte. Je ne voulais pas qu'elle enlève cette arme sur mon cœur parce que c'était notre seul contact.
Ses yeux m'ont dévisagé, perplexes.
— Je rentre avec toi.
— Rentre chez toi, Côme.
Elle l'a murmuré d'une façon détachée avant de laisser son bras armé retomber le long de son corps.
La froideur de sa voix m'a horrifié. Où était passée sa naïveté, sa douceur, sa fragilité ? Je me surprenais moi-même à la regretter alors que j'avais tout fait pour la briser.
— Mon frère ne sait pas encore que tu es là, va-t'en.
— Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans: je ne partirais pas sans toi, Mariposa ?
— Oh pardon, je pensais que tu avais compris la première fois. Ma place est ici, tu ne me forcerais pas à te suivre, n'est-ce pas, love ?
— Je devrais ?
— Tu pourrais ?
Mes lèvres s'entrouvrirent. Mon regard s'assombrit. Ça commençait d'ores et déjà à me prendre par la gorge et je ne sentais que péter les plombs comme avant n'allait pas marcher, ça, je l'avais très vite compris.
Elle a reculé de nouveau, j'avançais vers elle comme aimanter. Mais à ma grande surprise, Mariposa m'a tourné le dos ! Elle ne me craignait pas. Je regardais sa démarche sensuelle qui me massacrait le corps. J'avais l'impression qu'elle s'était enduite d'huile, ses jambes galbées me narguaient comme rarement on me l'avait fait.
Je me précipitais vers elle avant qu'elle ne franchisse le seuil de l'auberge, j'ai tendu le bras dans un espoir désespéré de la retenir.
Je n'ai rien vu venir.
Dans un mouvement fluide et efficace, elle s'est tournée et j'ai senti une violente douleur dans mon poignet, mon genou a cogné contre le sol, je fronçais les sourcils avant d'écarquiller yeux en réalisant qu'elle venait de me maîtriser en une putain de fraction de seconde.
Je la regardais d'en bas, elle tenait ma main tordue dans sa paume. Je crois que c'était le choc qui m'empêchait de réagir.
— Tu n'as rien à faire au Vénézuéla. Toi et Sashæ prendrez les premiers billets pour Chicago demain à la première heure et une fois dans cet avion, ne te retourne plus jamais. Ça fait deux ans Côme, laissons le passé dernière nous. Je suis venue seule dans cet endroit car mon frère ne sait pas encore que tu es ici et cette histoire n'est pas obligée de se finir dans un bain de sang. Rentre.chez.toi.
J'ai retenu un sourire en coin. Nerveux.
J'hésitais entre exploser et être carrément en admiration.
La tension était palpable dans ma poitrine. Je détestais cette électricité-là. Son regard sur moi ne s'est pas éternisé. La vilaine sensation qu'elle avait vraiment déchiré toutes nos pages sans une once de regret me bousillait le ventre.
Elle m'a tourné le dos, ses talons s'enfonçaient sur le parquet en bois. Résigné, je me suis relevé avec la ferme intention de ne pas la laisser partir comme ça. Pour moi, ce livre était toujours quand ouvert, et j'avais tout un tas de trucs à écrire sur au moins un millier de pages !
— Pourquoi on doit se faire ça putain, Mariposa !
J'ai senti un coup sec au niveau de mon genou, et j'ai compris quand mon dos a cogné le sol qu'elle venait de me mettre à terre avec le minimum d'effort. Je me suis senti rire nerveusement surtout lorsque j'ai senti son talon sur mon buste. Et puis le bruit du cran de sûreté à résonner à nouveau, lorsque j'ai croisé son regard un canon noir me faisait face.
J'étais encore en train de réfléchir à comment elle avait fait pour me mettre à terre. Rien que ça décuplait ce putain de rire nerveux.
Elle a froncé les sourcils.
Mon cœur tambourinait très fort sous ses talons.
Putain j'étais autant en colère que je prenais mon pied.
— Vuelve.a.tu.casa, Côme. (Rentre chez toi, Côme.)
— Quand je t'ai dit que tu étais une raison suffisante, je parlais d'un moment comme celui-là pour te le prouver. Je ne suis pas un King si je rentre chez moi sans toi, Papillon, mon monde est bien vide quand tu n'es pas là.
Ah ! Enfin !
J'ai cru percevoir une expression différente passée sur son visage ! Autre que ce désintérêt qu'elle avait affiché depuis le début de cette maudite rencontre ! Ses paupières s'étaient légèrement agrandies, je me noyais dans ses yeux de biche en décidant que j'allais finalement garder mon calme ce soir.
— Jesteś taka piękna, murmurais-je hypnotisé... (Tu es tellement belle)
L'émotion sur ses traits n'a pas duré, elle a revêtu son masque d'indifférence mais en toute objectivité, je m'en fichais pas mal, j'en avais eu au moins une.
— Je ne veux plus te voir. Il faut vraiment que tu le comprennes. On en a fini, toi et moi.
Ça, c'est ce qu'elle disait et je refusais d'y croire.
Ma poigne à saisit sa cheville, et je l'ai tiré assez violemment puisque maintenant elle se prenait pour Bruce Lee je supposais qu'elle pouvait encaisser la chute. Elle s'est écrasée sur mon torse, et je nous ai immédiatement retournés afin que ce soit elle qui se retrouve coincée sous mon poids. Elle se débattait et putain que ce n'était pas le moment d'avoir le ventre assaillit de frisson dans cette putain d'auberge vide mais il fallait le vivre pour y croire, j'avais le ventre en compote !
— Calme-toi, Papillon, calme-toi.
J'étais incapable de retenir mon rire nerveux, ou enjoué, la frontière était si fine.
Elle tentait de se dégager avec férocité, ça changeait de la femme que j'avais connue il y a deux ans, mais je ne détestais pas ça...
Je voulais bien me faire avoir deux fois, mais pour un type comme moi qui avait une gorge arrachée à son palmarès, une troisième fois allait finir par devenir humiliante. Nous étions bien seuls, et j'en profitais pour m'imposer entre ses jambes parce que j'étais sûre qu'elle aurait pu m'avoir si je ne la maîtrisais pas bien tout de suite.
— On va attendre que tu te calmes, misiu (Ourson).
Je sentais que mon sarcasme l'énervait ! Mais puisque la tendance était au jeu de force entre nous, j'étais totalement d'accord pour rejoindre la partie !
J'inspirais profondément en sentant l'odeur du coco pénétrer mes poumons. Putain... même ça... rien que ça ! Ses boucles immenses sentaient le coco à plein nez et je pouvais mourir pour plonger mes narines dans ses cheveux justes une seule seconde. Merde ça m'avait manqué à ce point !
— Tu ne comprends rien, Côme !
— Explique-moi alors !
Ses mouvements ont cessé. Elle respirait profondément, moi aussi. Mes avant-bras se croisaient autour de son visage. Je sentais son ventre se gonfler contre le mien, ses joues étaient rouges.
On était au beau milieu d'un café, heureusement vide, mais je n'ai pas pu m'empêcher de prendre quelques secondes pour la regarder.
Elle était là. Mes mains sont passées dans ses boucles, j'arrivais à peine à contrôler ce que ça me faisait de la revoir. Ça faisait 2 ans que je rêvais de ce visage toutes les nuits et il était encore mieux que tous mes souvenirs ! Je n'arrivais pas à enlever le sourire admiratif que j'avais.
Elle pouvait me regarder comme ça si elle voulait, avec un peu de rage mais moi j'avais senti son ventre se contracter sous le mien me provoquant de lourds frissons sur les bras.
— Explique-moi, répétais-je à voix basse.
Puis soudain, la troisième fois est arrivée plus vite que prévu, elle en avait profité pour se saisir de ma main et retordre mon poignet, je laissais un gémissement de douleur m'échapper. Elle a repris le dessus et de nouveau j'avais le dos contre ce sol, j'ai senti son genou s'enfoncer sur mon torse, elle m'a enfoncé son arme dans la gorge en respirant rapidement. Je ne savais même pas si je devais me sentir humilié ou honoré à ce stade.
Ses yeux transmettaient une infime rage, mais j'avais des frissons qui me narguaient. Et je ne pouvais m'empêcher de me dire que je n'étais pas le seul à le sentir. Cette tension dans l'air elle était palpable et elle s'est empirée quand elle pencha lentement son visage vers moi, à quelques centimètres du mien. Je pouvais sentir son souffle brûlant et rapide.
Elle n'a rien dit tout de suite, je regardais cette lueur de détermination dans ses yeux, ce truc qui s'embrasait dans la nuit me faisait monter en tension, j'étais partagé entre l'ennemi et la femme.
Et moi je voulais la femme.
— Tu aurais dû venir avant. Je te l'ai déjà dit je suis morte il y a 2 ans, maintenant, c'est trop-tard pour les belles paroles et les compliments. Je ne tomberais pas pour ton cinéma Côme je préfère que tu le saches maintenant. Je n'appartiens plus qu'à moi-même et tu vas t'y faire comme un grand garçon.
J'ai dégluti, mes sourcils se sont froncés.
— Je regrette de t'avoir dit de t'envoler...
— Je l'aurais fait avec ou sans toi.
— Parce que ton bâtard de frère te l'aurait demandé, c'est ça ? Putain je savais que j'aurais dû le massacrer lui et ensuite venir récupérer ta gueule ! Il est entré dans ta tête à ce point Mariposa !?
— Deux ans en arrière je t'ai demandé quoi ? Je t'ai supplié d'abandonner cette guerre, n'est-ce pas ? Et tu m'as dit toi-même que tu le tuerais sans ça, il n'y avait pas de toi et moi possible ! Qu'est-ce qui a changé entre temps pour que je devienne si importante ? Et, à vrai dire, ta réponse ne m'intéresse pas. Je ne te supplierais pas d'épargner mon frère cette fois-ci, si tu t'approches de ma famille, je te brûle moi-même Côme.
L'information n'a fait qu'un tour dans ma tête. Non... quand même pas ? Elle ne venait pas sérieusement de me cracher ça à la figure ?
Une haine intérieure s'est réveillée en moi.
Il lui avait complètement lavé le cerveau. Ça, j'étais prêt à le parier ! Ce n'était pas Mariposa que j'avais en face de moi. C'était la Mariposa Verde et je n'étais pas sûr de réussir à la ramener.
"Ne la rejette pas"
"Continue de l'aimer"
J'eus soudainement les voix de sa mère et Sashæ dans la tête. Malgré ma rage qui devait certainement s'afficher sur mon visage.
— Tu veux que je te fasse pleurer, Mariposa ?
— Je veux tellement te voir essayer, love.
— Alors, quelles fleurs je t'offre pour réparer le mal que l'on va se faire, trésor ?
— Surprends-moi, peut-être que j'oublierai mes peines grâce à toi, chéri ?
Il eut soudainement un truc électrique, ses yeux m'ont pénétré intensément. Une chaleur monta dans mon ventre. Cette tension entre nous devenait presque palpable. Je n'ai pas répondu tout de suite perdu dans ce regard noisette, immobile.
Mais elle brisa ce lien en murmurant lentement:
— Je veux que tu rentres chez toi, Côme...
— Je vais ignorer ce que tu m'as dit, tu sais sur le fait de me brûler. Et réitérer calmement mes propos: je ne partirais pas de ce pays sans toi.
— Encore une fois, essaye.
Elle s'est levée.
Je me suis aussitôt redressé et je l'ai suivie à l'extérieur. J'ai été surpris de la voir rabattre la vitre de son casque et enjamber une moto noire. J'ai essayé de m'approcher rapidement, mais elle a reculé et a démarré sans demander son reste.
Putain.
C'était quoi ce merdier.
𓆃
Je n'avais pas vraiment dormi depuis deux jours depuis que j'étais rentré. Peut-être une heure ou deux grand maximum. Mes pensées étaient étouffées de son visage. Accompagné de ce mauvais sentiment qu'elle était une femme différente maintenant.
Dehors j'entendais des rires et de la musique très forte. On était en plein milieu de l'après-midi.
Je me levais de mon lit pour prendre une douche. En sortant de la salle-de-bain, serviette autour de la taille je remarquais qu'il y avait un post-it posé sur la table de chevet à côté de mon lit. Je le saisis pour le lire:
"Bébé, l'hôtel organise une fête, rejoins-moi devant. J't'aime petit monstre. Sæ."
Incapable de retenir un sourire en coin je me pinçais le bout du nez en secouant la tête. Je me dirigeais vers le bureau où mon portefeuille était posé. Je glissais la note entre les plis.
J'avais opté pour une tenue simple, un chemisier ample et un pantalon confortable dans les tons kaki. Je pris mes clés ainsi que mon porte-monnaie et la carte de ma chambre avant de descendre.
L'air étouffant me colla à la peau à la seconde où je mis un pied dehors. Je fus happé par l'ambiance qui se présenta devant moi. Les rues étaient emplies de musique de danse et de costumes colorés. Je reconnaissais certains clients de l'hôtel qui s'étaient grimés la face de maquillage de toutes couleurs. Des guirlandes, des ballons et autres décorations festives coloraient la rue des couleurs du pays.
Mes yeux se mirent à faire le tour de la place. Sashæ était probablement le plus blanc du pays à l'heure actuelle et avec ses coups de soleil je ne risquais pas de le rater.
Mon regard fut attiré par le rire d'une enfant. Lorsque je tournais la tête j'aperçus à quelques mètres de moi Sashæ assit sur une chaise transat en train de chatouiller Lyra qui riait à cœur joie.
Je descendais les quelques marches de l'hôtel pour me faufiler parmi les spectateurs déguisés.
— Le polonais !
Lyra ouvrit grand les bras. Je ne doutais pas de sa joie de me revoir, en revanche elle était très loin d'être innocente cette petite devait avoir des relations très proches avec Mariposa. Je la regardais d'un œil nouveau. Mais je ne la rejetai pas lorsqu'elle m'entoura de ses bras, ma paume passa sur ses cheveux, je m'étonnais moi-même. J'étais connu pour avoir horreur des mioches.
— On t'a gardé du pabellón criollo, le polonais !
— Je ne mange pas si je n'ai pas vu qui a cuisiné.
— Je te l'avais dit ou pas, renchérit Sashæ.
— Mais c'est bizarre de ne rien manger !
Lyra me quitta pour retourner sur les jambes de Sashæ :
— Alors Côme, ça fait 2 jours que je ne t'ai pas vus, même pas un petit bonjour ? Tu me vexes !
Je baissais les yeux sur Sashæ et hocha la tête en signe de la salutation, il secoua la tête désespérée.
— Regarde, je t'ai pris un chapeau de paille. Très tendance, au goût du jour.
Il se pencha vers la chaise libre qu'il y avait à côté de lui et me montra un chapeau qui était tout sauf tendance.
— Aller met le, on a tous le notre, regarde.
Il me sourit et fit le signe peace avec Lyra.
Le chapeau gâchait clairement ma tenue mais je ne refusais pas son cadeau je le déposais sur mon crâne et Sashæ et Lyra exprimèrent des "woow" exagéré pour me partager leur enthousiasme.
Je me dirigeai vers la chaise de libre. Avant de m'asseoir, je vis le téléphone portable de Sashæ. Je jetais un coup d'œil sans mauvaise intention mais je vis qu'il était sur ma page de contact, il était écrit "bébé" et c'était une photo de moi de dos. Enfin, il avait zoomé sur mes fesses dans un pantalon beige. Je lançais un nouveau regard assassin à Sashæ avant de lui balancer son téléphone. Son air interrogateur s'envola tout aussi rapidement lorsqu'il jeta un coup d'œil sur son écran. Il se mit à rire.
— Tu n'as même pas répondu à mes messages, je commençais à m'inquiéter.
Je ne répondis rien. Un long soupir s'échappa de moi. J'étais sincèrement dépassé par les événements.
— Sinon, en attendant, j'ai fait comme tu m'as dit, j'ai-
Mon regard réprobateur se plongea dans les yeux de Sashæ. Je lui avais demandé de trouver des informations sur le cartel de Mabel, mais je ne voulais pas qu'il en parle devant Lyra.
Il le comprit et hocha la tête. Néanmoins il baissa la tête pour embrasser le front de la petite qui regardait le spectacle de façon ignorante mais je doutais vachement de son innocence.
— Et toi alors ?
Encore une fois je soupirais. Je revivais la scène d'il y a deux jours. Je revoyais ses yeux froids plonger dans les miens. J'étais dans une telle incompréhension que ça me frustrait. Elle m'avait dit que je ne comprenais rien, mais pour moi c'était très clair, son frère lui avait lavé le cerveau. C'était à peine si elle se souvenait de son propre nom.
— Je pense que tu devrais rentrer aux États-Unis, Sashæ.
— Quoi ? Mais pourquoi ? Tu me fais marcher là ?
— Je ne sais pas combien de temps ça me prendra pour la faire revenir, deux semaines, trois ans ? Dieu seul sait. Toi, tu as Lyne qui t'attend.
— Ouais... mais je t'ai toi aussi... Enfin, pour moi ne serait pas cool de partir comme ça. Après si tu tiens à ce que je parte je respecterais ça mais si tu me demandais de rester je ne m'y opposerais pas non plus.
Je me tus. Si j'avais su un jour que Sashæ et moi aurions entretenu une relation si proche, j'en aurais certainement ri. En y repensant, c'était grâce à lui et sa vision de la vie que j'étais sorti de longs mois de dépression. Il avait réussi à me faire rire quand même Robin n'y était pas parvenu. Je le regardais du coin de l'œil, ses grands yeux bleus me donnaient autant envie de le gifler que de lui demander de rester.
— Et puis... si tu veux tout savoir, Lyne sait déjà que je la trompe avec toi. Je lui ai parlé de nos petits mots d'amour et nos rendez-vous secrets.
Il explosa de rire. Mes doigts massèrent mes paupières pour m'éviter de lui mettre cette énième claque sur la nuque. Lyra se joint à son hilarité et au final je ne pus m'empêcher d'avoir un léger sourire en coin.
— T'es un vrai con.
— Oh aller, c'était un test de loyauté c'est ça. "Part loin de moi mon amour, tu dois vivre sans moi !" "Non, Jack, que ferais-je si tu es loin de moi !?" "Oh, je mon amour, je t'aime tant car-"
— Tu as fini ?
Sashæ arrêta son théâtre en laissant ses bras en suspens, son air blasé me hurlait mille reproches :
— Tu m'as coupé dans le dernier acte là.
— Bref, je l'ai vu.
Sashæ haussa les sourcils pendant que les grands yeux noirs de Lyra plongèrent dans les miens.
Elle savait déjà qu'en m'emmenant là-bas j'allais la trouver.
— Lyra, tiens, va nous prendre des galettes sucrées là-bas.
Je lui tendais un billet qu'elle saisit. Je voyais bien que si cela ne tenait qu'à elle elle n'y serait pas y aller. Mais elle est partie quand même.
— La petite sait, me demanda Sashæ.
— Mariposa elle-même lui a demandé de m'emmener dans les montagnes des Andes.
— Ah ouais... les gamins de nos jours ils commencent au berceau maintenant. Et pourquoi aussi loin, si elle savait que nous étions-là ?
— Ça, ça reste un autre problème à soulever. Elle n'a fait qu'insister sur le fait que nous en avions fini tous les deux et qu'il fallait impérativement que je rentre chez moi.
— Hm... il y a une couille quelque part mais je ne mets pas encore le doigt dessus.
— Il lui a retourné le cerveau Sashæ...
Il n'a rien répondu, ses bras se sont croisés sur sa poitrine. Je me penchais vers l'avant mes coudes sur mes cuisses mes paumes jointes couvrirent mes lèvres. Je regardais les rues bondées, les danseuses de samba vêtues de plumes et de paillettes, les musiciens jouant des tambours et des instruments à vent. Rien de tout ça ne m'aidait à trouver une forme de réconfort.
— Son frère, s'il ne meurt pas... je sais que je ne pourrais jamais l'avoir.
Sashæ a expiré longuement. Lui et moi savions que cette fatalité sonnait aussi l'impossibilité d'une quelconque relation entre elle et moi. Elle avait raison, je ne pouvais pas tuer Mabel et lui demander de me faire des enfants par la suite. La situation me donnait la migraine.
— J'ai suivi Jão pendant ces deux jours ou tu étais parti. Je finirais par trouver un truc sur lui qui pourra nous aider à faire sortir Mabel de la course, et peut-être sans même le tuer.
— Si je ne le bute pas, c'est lui qui me butera, tôt ou tard Sashæ. Si je sors de ce territoire sans elle, c'est parce que j'aurais le corps entre quatre planches et rien d'autre.
— Alors quoi, Côme ? Tu serais prêt à payer de ta vie juste pour qu'elle soit libre ? Sans toi ? Et qu'est-ce qu'on fait du fleuriste alors ?
Un rire nerveux m'échappa. J'espérais que Sashæ s'occuperait de ce fils-de-pute lui-même. J'entendis de nouveau son soupir profond la situation semblait bloquée de tous les côtés :
— Tu serais prêt à mourir alors...
Je tournais la tête vers Sashæ. Mes sourcils se froncèrent en constatant dans ses iris une lueur que je ne lui connaissais pas vraiment. Une forme de fascinante et une peine palpable. Je détournais le regard en premier.
— Je... je ne sais pas pourquoi mais il y a beaucoup de choses que j'aime chez elle. Et le pire c'est que je sais que je les aimerais quand même, même si toutes ces choses disparaissent. Ce sentiment-là, il m'empêche de la laisser partir. Je n'arrive pas à l'enlever de mon crâne, même quand je la déteste, quand elle me méprise, quand elle est froide, quand elle me rejette. Je la veux quand même. Comment tu expliques ça toi ?
Un silence s'en est suivi. Du moins il n'a pas répondu tout de suite.
— Je ne pourrais pas expliquer ça, Côme. Je te parle tout le temps de mon père et pour l'avoir perdu, j'imagine ce que tu ressentirais si elle t'échappait. Ou si je perdais Lyne...
J'imaginais que Mariposa se perde de nouveau, un sentiment de malaise prit possession de ma poitrine.
— Moi je dois payer mes factures et comme je sais que tu vas m'augmenter pour cette mission je reste, on trouvera un truc.
Je souriais une nouvelle fois sans le regarder.
— Je suis crevé, murmurais-je.
— Ça se voit. Lyne m'a dit que je faisais les meilleurs massages et si ça peut t'intéresser je peux-
— Tu ne vas jamais te la fermer ?
Sashæ, ria de nouveau. J'étais hanté par le souvenir de Papillon. Je me suis bien gardé de lui dire qu'elle m'avait maîtrisé à trois reprises, je n'étais pas prêt à subir les moqueries de Sashæ.
— Si tu l'avais vu... ce n'était pas elle...
— Il arrive que parfois on regarde quelqu'un que l'on pense connaître et au final on se rend compte que ce n'est pas la personne que l'on connaît. Pourtant... tu pourrais jurer que tu connaissais son cœur... On ne décide pas de ça.
— Le truc c'est que je sais qu'elle n'a pas décidé de ça non plus. Elle m'a dit "qu'elle n'appartenait qu'à elle-même". Mais je peux mettre ma main à couper que son frère contrôle sa tête. Je ne sais pas ce qu'il a pu lui dire mais elle vit à travers lui.nLa femme que j'ai vu, ce n'était pas Mariposa, une Díaz peut-être, mais pas Mariposa. Elle a été conditionnée.
— C'est vrai que la créature que j'ai vue en Italie et la scène de crime au Vénézuéla il y a un immense fossé...
— Il faut que je lui enlève l'influence que ce bâtard a dans son crâne.
— Bébé, franchement, à ta place, je l'aurais géré comme un chef. T'es tellement beau que je lui donne dix jours ouvrés pour craquer ! Personnellement parlant je n'aurais pas résisté. Mais d'ailleurs, ça me fait penser que tu n'es même pas venu dans ma chambre alors que j'avais fait un bain chaud pour toi !
Je riais une nouvelle fois en poussant son bras, Sashæ fit de même pendant que mon regard se perdit dans la foule.
Je ne savais pas ce qu'ils fêtaient exactement mais je me doutais que les festivités allaient durer toute la nuit. Emportés par les danses endiablées, les costumes, les chants joyeux créaient une atmosphère étouffante. Angoissante. Oppressante. Malgré le chapeau de paille que j'avais sur la tête, le soleil me brûlait quand même. Incapable de me libérer de la pression qui pesait sur les épaules. Je me sentais tout bonnement perdu, presque incapable de respirer. C'était un cauchemar.
Soudain, au milieu de la foule, une femme apparut.
Elle se frayait un chemin à travers ses danseurs, ses chanteurs, une aura puissante se dégageait d'elle parmi ces âmes qui célébraient la vie. J'écarquillais les yeux étonnés de la revoir de sitôt. Je me suis levé sans réfléchir. Elle s'enfonçait sans me regarder, ou... peut-être savait-elle déjà que j'étais là et elle me narguait encore.
Cela ne m'aurait pas surpris.
— Côme ?
— Je reviens.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
Mon cœur se serra, je me précipitais au milieu de ses gens. La foule ralentissait mon ascension, mais j'étais déterminé à la rejoindre. Elle était en train de pénétrer le grand hôtel en face du nôtre. Je ressentais cette oppression encore plus fort.
En moins de temps qu'il n'en fallut, j'entrais en catastrophe dans le hall. Désorientés, mes yeux se posèrent partout autour de moi. Le hall, l'ascenseur, l'accueil. Jusqu'à ce que je vois des boucles châtain rebondir élégamment près des escaliers. La silhouette avançait avec sensualité. Un top et une mini jupe tous deux verts. Elle défiante les hommes qui croisaient son regard, ils finissaient tous par baisser les yeux, ils l'ont laissaient passer comme si elle était leur reine. Leur légende.
Ils tremblaient.
Je me précipitais dans ces escaliers, son nom s'échappa de mes lèvres comme un souffle mourant.
Elle ne s'est pas arrêtée, au contraire son corps disparaissait dans les couloirs alors que je me précipitais encore dans ses escaliers.
— Mariposa !
Je savais qu'elle m'entendait. Elle a ouvert la porte des escaliers, je courais à m'en essouffler la porte à claquer devant moi. Je l'ouvris et j'entendais des talons claquer dans la cage d'escalier.
— Merde, Mariposa !
Putain ! Je m'engouffrais dans les marches jusqu'au quatrième étage, rapidement je me retrouvais dans le couloir. Une nouvelle porte claquée. Je me ruais dessus en baissant la poignée.
— Ouvre cette putain de porte !
𓆃
Donc, on va commencer direct les hostilités MDR !
Déjà, j'avais vu un message comme ça: "Mariposa ne peut pas changer en deux ans comme ça, ça ne fait pas très réaliste, et l'histoire est clichée"
On va en parler parce que c'est un truc qui me turlupine un peu MDR.
Alors on va faire comme dans Valentina MDR:
Pour celles qui sont du même avis, je vais vous rediriger vers un article d'un vrai témoignage:
Du Huffingtonpost: "Je souffre d'un stress post-traumatique et ai mis des années pour en connaître l'origine" de Miranda Overett.
À travers cet article on survole en quelques minutes les conséquences que peut avoir un choc traumatique sur un être humain. Lorsque l'on est aidé, on peut s'en sortir. Mais, dans le cas de Mariposa je me pencherais sur le fait que la dame à vécut dans la violence de ses 6 ans jusque ses 20 ans, ça fait 14 ans de violence. Et au début de l'histoire, Mariposa c'était une femme qui préférait s'écraser même si elle n'était pas en tort, c'est quelqu'un qui encaisse beaucoup en silence jour après jour.
Au bout d'un moment quand on garde trop en soi, il me semble logique d'exploser, d'autant plus qu'un environnement déviant et violent peu potentiellement provoquer des comportements qui reflètent l'environnement. Ça ne veut pas dire qu'on devient forcément un tueur ou quelqu'un de violent bien au contraire, et je ne dis pas non plus que céder à la violence est la solution, mais parfois ça peut être extrêmement dur à porter sur les épaules d'encaisser en silence et je pense que vous avez aussi cerné le personnage de Mabel ? C'était inévitable.
Again, je vous redirige vers un autre poste:
Cairn.info - L'enfant abusé devient adulte : réflexions à partir de plusieurs situations traitées.
Chez certains adultes, si ces traumas ne sont pas traités, l'enfant victime peut se mettre à la place de son agresseur. Ça ne veut pas dire qu'il vit sa best life, mais c'est une forme de mécanisme de protection. Ce n'est pas systématique, et pas tous les enfants abusés se transforment en légende urbaine du Vénézuéla et oui, il faudrait trouver de l'aide pour s'en sortir et traiter les traumatismes subits qui ne sont pas normaux ni acceptables, mais again, vous avez vu son frère ? Je pense que la question est vite répondue.
En sachant que Mariposa c'est une fille extrêmement influençable et malléable. Le simple fait qu'elle ne voyait à peine les problèmes avec Côme dans le Tome 1 c'est déjà un indicateur suffisant de son état mental. La violence ça ne l'a choque pas autant, c'est choquant à dire, mais pour elle se faire frapper, insulter, c'est normal (non ça ne l'est pas je précise bien évidemment)
Donc pour moi, deux ans pour changer c'est même trop MDR, rien qu'avec les souvenirs qui lui sont revenus en pleine face il lui aura fallu même moins de temps pour passer de l'autre côté.
J'ajoute, pour rejoindre l'armée de terre, donc devenir militaire en France (C'est Onisep qui le dit) la formation c'est 8 mois. Donc en deux ans, s'il faut elle peut même devenir Bruce Lee.
Donc pour moi, tous ces facteurs sont largement suffisant pour qu'on passe d'une gentille petite fille qui baissait les yeux à une bad bitch qui a la haine contre le monde entier. Surtout endoctrinée par son frère et vous avez pu le constater ce n'était pas très compliqué de rentrer dans sa tête.
Je sais que Mariposa c'est clichée. La majorité des histoires de dark romance se basent sur des clichés :/, et honnêtement je kiffe les clichés moi. Je les revisite à ma manière avec de nouveaux personnages inédits, je veux qu'on suive leur parcours et voir comment ils vont se retrouver (s'ils se retrouvent un jour 😈😗), comment ils vont surmonter leurs peines et comment ils vont finir par évoluer pour à la fin avoir un comparatif et se dire, ah ouais, ils en ont vécu des choses et que ça puisse être aussi une petite morale sympa.
Je reste une fille dans ma chambre qui écrit parce que c'est mon kiffe dans la vie, et je pense que Stephen King ou Agatha Christie seront plus talentueux que moi pour nous surprendre avec des scénarios de choc. Néanmoins j'essaye toujours de m'améliorer quoi qu'il en soit j'ai totalement conscience qu'il y a mieux, mais en attendant ça me fait plaisir de partager ce que j'ai dans la tête avec ceux qui veulent bien me lire.
Mais voilà parfois je me sens obligé de dénoncer un peu parce que je sais à quel point c'est facile d'émettre un avis et malgré ça sachez que je prends quand même la critique, même là le fait que ce soit cliché et pas réaliste je prends en compte qui sait dans quelque temps je me relirais et je dirais à, mais oui effectivement c'était vrai et que ça va me permettre de m'améliorer.
Donc ce texte que vous venez de lire de base j'allais le mettre dans le chapitre précédent je me suis dit flemme au final j'aurais pas dû.
Mais après avoir vu certains commentaires dans le chapitre dernier je suis obligée de rebondir dessus:
J'ai vu: "Salope", "Sale pute", "elle est trop conne" et bref j'en passe hein. Je sais c'est fictif et vous vivez le truc à chaud pas de soucis. Mais tout de même, je les lis moi les commentaires et parfois je reste bouche-bée.
Et là je me suis rendue compte que certaines n'avaient pas compris la psychologie de Mariposa comme je l'aurais voulue.
Mariposa c'est comme une enfant. Une fillette qui n'a jamais eu de figure pour lui apprendre à devenir adulte, à raisonner comme une adulte, à comprendre ce qu'étais le bien et le mal comme une adulte. Elle à du mal à comprendre la frontière entre ce qui est bien et ce qui ne l'est pas. Comme je l'ai dit, rien que sa relation avec Côme une personne comme vous et moi on n'aurait jamais pu l'accepter mais Mariposa pour elle, c'était NOR-MAL, parce que la violence à ses yeux c'est un moyen d'expression de l'amour elle le voit comme ça.
Et du coup pour son frère, c'est comme son héro. Elle venait de vivre un meurtre si vous vous en souvenez bien, Ania elle vient de mourir sous ses yeux, et pour celles qui hurlent parce qu'elle insiste sur le fait que Côme ne l'a pas choisit, Côme ne l'a pas choisit il y a 2 ans. Il lui dit clairement: si Mabel il vit toi et moi c'est pas possible.
Elle est facilement influençable psychologiquement et son frère s'y prend très bien pour entrer dans sa tête. Donc pour moi c'est tellement logique qu'elle tombe dans le piège facilement, elle admire toujours son frère pour elle c'était celui qui lui dessinait des papillons sur le mur.
Bon la il est tard j'ai la flemme de continuer le débat PTDDDDR, mais peut-être que j'en reparlerais !
J'ai beaucoup parlé ma sha'Allah, MDR, bisous bye. Je vous dessinerais peut-être l'outfit de Popo et Coco, mais c'est pas sûr !
En espérant que ça vous a plu 🌷 !
𝐢.𝐚𝐦𝐤𝐮𝐧𝐚𝐟𝐚 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦
xoxo, Azra.
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