CHAPITRE 44: Love.

Bonsoir, bonsoir mes gummies, ça-va !? 🌹


En fait, c'est le plus mieux je parle pas. On s'attrape à la fin. 😇

Je vous laisse avec la suite mes pops stars ! 🥡


Bonne Lecture! 📖

Xoxo - Iamkunafa. 🍓


🎵 When the party's over - Billie Eilish





🂡





⚠️ TW: blood. violence. ⚠️

MARIPOSA.








Mon père avait l'habitude de marcher devant moi lui aussi.

Toujours.

Je l'ai toujours vu comme une forme de protection à mon égard.

Il ne laissait jamais les hommes regarder sa fille trop longtemps. Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi un homme aussi violent que mon père me faisait me sentir tant protégée, une partie de moi pense que c'est ce que je voyais dans ses yeux.

Le switch qui noircissait ses yeux noisette quand je savais qu'il allait m'enfoncer ses poings dans la figure. J'acceptais.

Mon regard parcourt les jambes viriles de Côme qui marche d'un pas assuré devant moi.

Je ne me suis jamais sentie très à l'aise au milieu de la foule, et encore moins parmi des personnes de la "haute société" mais...

Je baisse les yeux sur ma main liée à celle de Côme, son bracelet étrangle mon poignet et mon cerveau s'éveille... je me demande quel a été le switch entre nous. Ce truc qui fait qu'on se touche, qu'on se possède, et... pour quelques raisons que ce soit, malgré la fente scandaleuse de ma robe, la quantité de peau que je montre, quand je marche derrière Côme je me sens protégée.

Par sa violence.

Par sa haine.

Par sa vengeance.

Peu importe...

Comme avec papa.

La confiance qu'il dégage, comme si tous les membres de cette salle lui devaient allégeance et le plus grand respect.

— Assieds-toi.

J'ai obéi sans y réfléchir à deux fois, rien qu'au ton employé mon cerveau a trouvé logique que je trouve place sur la chaise haute. Chaque parcelle de mon corps réagit à sa voix comme un magnet.

Il y a quelque chose de très sombre et meurtri dans sa façon de parler. Et puis au stade où j'en étais je n'avais rien de plus à ajouter.

Côme ne s'est pas assis, il s'est placé à côté de moi, le coude contre le comptoir, il tourne le dos au bar, ses yeux légèrement plissés scrutent la salle, les hommes et les femmes qui parient des millions sur les tables de blackjack ou de roulette.

Rien de plus tortueux que d'avoir les odeurs de son parfum dans mes narines, intenses et profondément boisées.

Merde !

Mariposa... réveille-toi !

Une immense tristesse s'est soudainement accaparée de moi.

Je n'ai plus aucun contrôle sur rien, sur moi. Les images, et les sensations de la veille se sont imposées devant mes yeux. Celles de ses lèvres prenant les miennes ou bien de tous les mots, toutes les attentions envers moi aussi minimes soient elles me hantent !

Tu sens ça...

Tu ne vas le dire à personne...

Hein Albane...

— Mariposa ?

Un claquement de doigts devant mon visage me compresse littéralement la poitrine. J'hausse les sourcils, je voudrais enlever de mon crâne ces idées noires, ces cauchemars qui ne sont que des cauchemars et qui me provoquent la peur panique de fermer les yeux. Rien de tout ce que je vois la nuit n'a de sens (je ne veux pas leur en donner) et les frissons dans ma colonne vertébrale sont le signe qu'oublier vaut mieux que mes souvenirs.

Tes souvenirs seront toujours pires que la parole Mariposa.

Mes yeux tombent sur ce vert pâle. Pendant une seconde je fixe la couleur dorée qui s'étoile autour de ses iris.

Ses yeux sont vraiment magnifiques.

Il fronce les sourcils :

— Qu'est-ce que tu veux boire ?

À mon tour j'arque un sourcil, et comme une habitude, il fait de même.

— Du coca.

— Du coca ?

Il n'a pas souri, mais il a incliné la tête comme un enfant curieux, le coin de sa lèvre s'est courbé légèrement.

— Oui, affirmais-je en hochant la tête.

— Pas d'alcool, hm.

— Jamais.

— Pourquoi ?

— Déjà goûté, déjà été bourré, c'est dégueulasse et gênant. Toi pourquoi tu bois ?

— Mariposa ? Bourrée ?

Ses sourcils se lèvent, le vent d'intérêt qui éveille son visage me fait me redresser, le haut de son corps est tourné vers moi:

— J'aimerais bien voir ça...

— Tu n'as pas répondu à ma question, remarquais-je, et il n'a rien d'intéressant à ça.

— Je bois uniquement du Żubrówka, c'est polonais. Parce que c'est la seule qui a bon goût.

— Et si tu perds le contrôle ?

Il m'a fixé, quelques petites secondes:

— Je, perds le contrôle.

— Alors pourquoi tu bois ?

— Si quelque chose arrive, je ne me tiendrais pas responsable de mes actions. Mais, je ne bois pas autant que tu peux le croire. Toujours que du Coca ?

Ses mots m'ont fait plisser légèrement les yeux. Quelque chose clochait dans sa façon de penser, comme une manière subtile de me faire comprendre que l'alcool sera son excuse si jamais... ça m'a inquiété, mais j'ai décidé de ne pas pousser le sujet:

— Je goûterais ton Zou-brouska.

— Żubrówka.

— Zub... brous-

Żubrówka, articule-t-il plus lentement en baissant ses yeux sur mes lèvres.

J'ai pincé ma bouche créant une fine ligne, on s'est échangé un regard malicieux, nous savions tous les deux que je n'allais pas réussir à le prononcer correctement. Pendant ce petit laps de temps, l'ambiance entre Côme et moi était lumineuse, sans stress, sans haine, sans gêne, assez pour qu'un petit rire m'échappe et que ses pommettes suivent le mouvement.

Le regard qu'il m'a donné m'a submergé. Je ne sais pas combien de temps l'aura de cet homme allait me consumer, et combien de temps je résisterais à ses flemmes mais je n'ai pas pu soutenir ce contact visuel.

Il a demandé un Coca, et son Zoubrouska au serveur qui n'a pas tardé à nous les apporter.

Côme a pris une gorgée avant de saisir ma paille, la plonger dans sa boisson qu'il a présentée devant moi. J'ai approché la tête avant d'aspirer quelques gorgées de sa boisson.

Un froncement de sourcil m'a fait reculer légèrement, j'ai grimacé:

— Je pensais que tu étais un homme de goût, Côme ? Déçue.

Je me suis laissée emportée par son ricanement. Mais intérieurement ça me provoquait un choc de voir son corps tressauter. Rire n'est pas une chose qu'il faisait souvent... et encore moins rire grâce à moi.

J'avais envie qu'il le refasse, encore.

J'ai repris ma paille. Côme a continué à scanner cette salle minutieusement en buvant.

Quelques œillades vers lui me rappellent que tout ce qu'il représente est une immense équation difficile à résoudre qui me laisse sur ma faim.

Il est juste trop.

Trop difficile à percer à jour. Difficile à comprendre. Difficile de se glisser sous sa peau. Difficile de savoir s'il est au moins sincère et vrai. Sa beauté fait miroir avec ses horreurs...

C'est un King. Il ne va certainement pas me le faire oublier, et ce détail me donne tellement envie de connaître chacune ses pensées, ses secrets, et désirs les plus noirs.

Qu'est-ce que ça représente de porter ce nom-là. Au quotidien ? Qu'est-ce que ça lui fait ? Au fond de moi, mes pensées à moi m'effrayaient parce qu'une petite partie de moi savait que peu importe les réponses, je crois... que je serais partante pour tout ce qu'il pourrait instaurer... J'ai eu de mal à ingérer mon coca-cola.

— Avale.

Et sa voix sombre a littéralement fait exploser mon ventre. J'ai senti une vague de frissons m'emporter sous ses ordres. Mon sang s'est précipité sur ma poitrine et mes joues.

Je n'avais pas conscience qu'il me regardait. Après avoir réussi à avaler, j'ai baissé les yeux sur la fine tranche de citron qui flottait sur la boisson. Ma paille s'amuse à choquer les glaçons entre eux, et je finis par articuler:

— Qu'est-ce qu'on attend exactement ?

Il a bu une gorgée avant de me dire:

— Une porte d'entrée.

— Une porte d'entre ?

Il a hoché la tête. J'ai vite compris qu'il ne comptait pas m'en dire plus.

Qu'est-ce que tu fais ?

Ici ? Qu'est-ce que tu fais ici, sincèrement, Mariposa ?

Avec lui, dans cette robe scandaleuse et sexy.

Ma gorge s'est serrée, j'ai perdu un moment la notion du temps.

Laisse-moi faire ça...

Albane. C'est mon devoir.

Je prendrais soin de toi...

Le frisson destructeur qui a parcouru mon échine m'a causé une petite mort. J'essaye d'avaler encore, mais mes cauchemars me submergent. Ils sont pires que moi. Mes émotions me malmènent depuis que Côme s'est imposé dans ma vie.

Et maintenant je me demandais ce que je faisais là. Quand est-ce que j'ai accepté de faire ça ? Quand ?

J'essaye de subir toute cette misère, pour oublier que mon père est décédé d'une balle dans la tête, je n'y crois toujours pas.

Je n'ai rien voulu de tout ça.

Ni cette vie-là ni l'emprise que Côme exerce sur moi.

Je le sais... Côme est en train de m'immoler, doucement, profondément.

Depuis ces derniers mois à ses côtés, je sens son ombre autour de moi, qui s'étend et devient de plus en plus noire, ça m'aveugle au point où c'est comme s'il devenait une seconde peau.

Et le pire c'est qu'une part sombre de moi aime ça.

Je veux sentir ce danger.

Me sentir en danger.

Je me sens en danger depuis que j'ai six ans. Je ne veux pas perdre cette sensation.

Et le simple fait de me retrouver ici, avec un mafieux aussi dangereux, et violent que Côme King confirme que quelque chose en moi est complètement brisé.

— C'est une très belle soirée.

J'ai tourné rapidement la tête à ma droite. Un homme d'une cinquantaine d'années, un costard élégant et sombre, les cheveux poivre sel s'assoit sur la chaise haute libre à côté de moi.

J'ai froncé les sourcils, un sentiment d'urgence s'est allumé en moi, parce que je savais que c'était une question de secondes avant que Côme intervienne.

Un jour mon père a failli tuer un homme sur un parking, parce qu'il m'avait souri. Mon père a fait trois heures en garde-à vue, je l'ai attendu au poste de police, les vêtements tachés du sang de la victime.

Et on est rentrés, comme si de rien n'était.

Les palpitations de mon cœur sont devenues une infernale menace, il fallait que cet homme parte, maintenant.

J'ai tourné la tête vers Côme.

Trop tard, son regard sur ce monsieur m'a coupé le souffle.

Je connais ce regard.

Meurtrier.

— Je vous ai vu, continue cet homme ce qui me fait tourner la tête vers lui, vous marchiez avec cette robe et-

— Dégage, vite.

La voix grave et basse de Côme m'a fait frissonner, j'ai ouvert un peu les paupières pour dire à cet homme de partir. Maintenant. Mais l'homme s'est penché, comme s'il découvrait que je n'étais pas seule:

— Je parlais avec-

— Écoute-moi, suka (pute).

Le stresse m'a possédé de toute part, son ton autoritaire n'a laissé place à aucun débat. J'espérais de tout cœur que cette situation ne dégénère pas, et que cet homme ne meurt pas sous les poings de Côme.

— Tu sais combien de temps ça me prendra ?

L'air confus sur le visage de cet homme s'est manifesté sur mon visage. Côme ne bouge pas d'un iota. Et le fait qu'il n'ait pas besoin de se montrer physiquement agressif me tétanise plus encore, juste sa voix grave et son regard noir suffisent.

— Je ne m'adressais pas-

— Tais-toi.

J'ai écarquillé les yeux. Il est trop calme:

— Une minute. C'est le temps qui me faudra pour te massacrer au point ou tes enfants ne pourront pas te reconnaître après que je t'aurais poignardé.

Ni moi ni cet homme n'avons osé prononcer quoi que ce soit. Je pense que ça devait bien être la première fois qu'il se faisait menacer comme ça.

— Quand je te demande de fermer ta gueule, tu le fais. C'est assez pour savoir que tu n'as pas ta place à côté d'elle. Les toilettes les plus proches sont là (il les désigne du doigt) branle-toi en pensant à ta charmante grand-mère. Disparais avant que je te massacre. Maintenant.

Il s'est levé en catastrophe et il est parti. Rapidement.

J'ai voulu dire quelque chose en fixant le regard déterminé de Côme, mais aucun mot n'est sorti, ils me sont restés dans la bouche.

— Tu es charmant mon frère.

Côme et moi tournons la tête tous les deux vers la gauche.

Sage s'assoit sur une chaise haute, il commande deux verres au serveur, je distingue immédiatement Robin qui s'accoude également à côté. Rien que sa présence m'a fait plaisir.

— Quand tu auras fini de terroriser des milliardaires Côme, j'aimerais t'informer qu'il y a un troisième étage, privé.

— Et comment j'y accède Sage, puisque tu es un petit malin ?

Sage à avaler une gorgée de sa boisson, je cherche Robin du regard, il regarde ses frères échanger.

— Tu as un million de dollars à débloquer ?

Côme hoche la tête comme si on parlait d'une pièce d'un euro à glisser dans un cadi.

— Quand tu montes au deuxième étage, il y a un homme armé qui le garde. Tu lui donnes un chèque. Ne lui dis rien, il t'y emmènera.

Mes yeux ont cherché ce troisième étage en levant les yeux au plafond, c'était probable qu'il y en est un effectivement, mais l'architecture laissait place au doute. Malin pour éviter tout soupçon:

— J'ai besoin de savoir autre chose ?

— J'espère que tu sais toujours jouer au poker, répond Sage.

Le verre de Côme à claquer un peu fort contre la surface en marbre du bar. Il a sorti un chéquier de sa veste, je me suis surprise à fixer son écriture inclinée. C'était propre, incliné, strict, comme lui.

Il a noté, "1 000 000 de dollars", le chèque était déjà signé, il l'a rangé puis il s'est redressé et en marchant il m'a emporté avec lui. Mes talons ont claqué contre la surface j'ai eu l'impression d'être épiée encore une fois.

Ma nervosité a augmenté à mesure que nos pas ont traversé la salle.

J'ai essayé de garder la face quand Côme a tendu le chèque à l'homme devant l'ascenseur. Il a hoché la tête avant de passer un badge sur le bouton de l'ascenseur.

Les portes ont claqué sur nous, j'ai eu l'impression que cet ascenseur se rétrécissait à mesure qu'il montait. Il se tient droit devant moi, il fait tapoter ses poings entre eux. Ma tension atteint son summum, l'inquiétude qui rythme cette soirée devient un poison dans mes veines. Je sens mon sang s'accumuler au niveau de ma poitrine.

Je me retiens d'inspirer quand les portes tintent et s'ouvrent sèchement.

Néons rouges parcourent le plafond. Ambiance sournoise et sombre, j'ai déjà envie de fuir les lieux.

— Ta main.

Je baisse rapidement les yeux sur la main tendue de Côme. Très sérieux, il attend que je daigne à le toucher.

Personne ne pourra mieux m'assister que lui de toute façon. Je ne tarde pas à toucher sa paume.

Il y a une sorte de femme élégamment vêtue, je dirais qu'elle a à une quarantaine d'années, elle incline la tête en signe de bienvenue. Elle ne parle pas, le silence est oppressant, j'ai comme l'impression de pénétrer les sphères d'un monde que l'on garde sous silence.

Le genre de société qui ferait scandale si elles étaient exposées au grand jour.

Nos peaux sont rouges, nous marchons derrière cette femme. Je serre très fort la main de Côme, je crois que mon stresse est impossible à cacher, mes mains sont moites.

— L'ouverture est à un million de dollars, monsieur King. Nous sommes ravis de vous compter parmi nous, amusez-vous bien.

Elle nous a désignés une salle. Et malgré les éclairages, à mes yeux elles me paraissaient morbides.

Une dizaine d'hommes autour de la table. Si je dois vous parler des femmes qui les accompagnent, je peux parier qu'elles ne sont pas là pour jouer au poker. Elles sont toutes exceptionnellement belles. Des visages de poupées, jeunes, peut-être le même âge que moi, ou plus jeune encore...

J'ai du mal à déglutir quand nous pénétrons cette pièce confinée. Les regards sont plantés sur nous, j'ai l'impression que cette robe confirme chaque parole de mon père. J'ai envie de m'enfuir en courant, retrouver les bras de Stella, et ne plus parler pendant au moins une semaine.

Mais Côme avance, confiant comme à son habitude, il les regarde tous dans les yeux, je suis sûr que c'est le plus jeune parmi eux mais il se comporte comme si c'était lui l'aïeul.

— Un King. Ici ?

Côme s'assoit en bout de table, il y a une petite chaise derrière lui et sa main me fait comprendre que je dois prendre place moi aussi, il déboutonne sa veste.

— Monsieur Petrov, un Russe, ici ?

La voix de Côme ne me rassure pas. Il le connaît et le russe laisse un petit sourire courber ses lèvres.

Le donneur fait glisser les cartes, de façon lisse et précise, il installe le jeu sur la table et aligne les cartes, Côme regarde discrètement son jeu, 8 et 9 de pique, c'est bien.

S'il y a bien une chose que mon père m'a apprise, c'est jouer au poker.

— Dix joueurs prononcent le donneur, à vous.

Le jeu commence, mes yeux se perdent dans celui d'une femme en face de moi. Elle a les traits d'une poupée russe, blonde, les yeux d'un bleu perçant, mais son regard est tellement effrayé que ça me fait paniquer moi. Je tourne la tête vers Côme qui est concentré sur son jeu.

— Je double.

Un des joueurs mise deux millions. Il balance les jetons sur la table, je dirais que c'est un Américain, mais je n'en suis pas sûre, peut-être un Européen ?

Le tour de table se poursuit rapidement, certains se couchent, d'autres suivent, puis Côme articule:

— Je relance.

Relancer signifie miser une somme supérieure à celle déjà déposée par les joueurs. Il mise quatre millions. Je suis ses mains légèrement bronzées déposer soigneusement les jetons au milieu de la table il les aligne au millimètre près.

Ce côté manique que j'ai pu remarquer chez lui ressort souvent. Un silence mystique s'abat sur nous lorsque les joueurs le regardent faire.

Le donneur enclenche un nouveau tour de mise après avoir dévoilé les cartes cachées. 6 de carreaux, 7 de piques, 10 de cœur. Une quinte est possible. Et c'est une des meilleures combinaisons au poker.

— Il y a longtemps que nous n'avons plus entendu parler de votre père.

Côme et moi relevons les yeux vers la voix, accent italien, une cinquantaine d'années, un costard qui doit bien valoir des milliers de dollars et pour couronner le cliché une pipe épaisse entre ses doigts potelés. Il est rasé de près, coiffure élégante, le regard vide et les traits méditerranéens.

Il fixe Côme, j'ai l'impression que ça dure une éternité, mais je regrette quand ses petits yeux noirs tombent sur les miens, et sur ma poitrine.

— Check.

Je pince mes lèvres. Je ne quitte pas cet homme des yeux, pour éviter de montrer ma surprise, Côme vient d'annoncer qu'il ne mise pas plus, d'une certaine manière il joue avec ses adversaires car il pourrait gagner cette partie.

— C'est donc vous le parrain, prononce Côme.

Un petit rire étouffé fait vibrer le corps de l'Italien. Il y a des hommes dans l'homme qui je suis sûr sont-là pour le protéger, derrière lui, deux femmes, deux brunes l'accompagnent. Elles aussi me paraissent totalement tétanisées.

— C'est comme ça que les Américains me nomment.

— Je ne suis pas américain.

Hein ?

J'ai froncé les sourcils.

Côme relance, six millions.

Et puis je me rappelle qu'il est polonais. Ses origines doivent avoir plus d'importance que sa nationalité.

— C'est vrai. Je suis.

L'italien fait glisser la mise sur la table. J'ai l'impression que la partie ne se joue qu'entre eux. Malgré les dix joueurs autour de la table.

— Je m'appelle Mattia Tomasso.

Côme le regarde en s'asseyant confortablement sur sa chaise.

— Je te pensais plus bavard, King.

Toujours pas de réponses, mais une inspiration bruyante et presque trop insolente de la part de Côme, il est presque agacé. À ce stade, j'ai presque envie de répondre à sa place pour nous éviter tout ce silence et ces regards qui pèsent sur nos épaules.

— Papa paye le voyage ? Une jolie fille, de beau paysage...

Les hommes autour de la table se laissent rire discrètement. Le donneur affiche une nouvelle carte. Pour ma part je déglutis difficilement, en regardant Côme, il a une sorte de demi-sourire insolent qui étire ses lèvres. J'aurais pu penser qu'il se laisse prendre par la colère mais au lieu de ça il reste calme.

— Les nouvelles vont vite. Ils disent que tu as perdu ton bras droit.

— Joue.

L'italien lève le sourcil, offensé par la réflexion de Côme. Il n'entre pas dans son jeu et il vient de lui donner un ordre.

— Personne ne me donne des ordres chez moi. Personne.

— Mais tu vas jouer quand même Mattia. Alors, joue.

J'ai pincé mes lèvres pour cacher mon stresse.

Comment peut-on avoir autant d'audace.

Mattia Tomasso fait glisser l'ensemble de ses jetons sur le tapis avec un regard venimeux. À ce stade il n'y a plus que quelques joueurs en liste.

— C'est bien ce que je pensais, articule Côme en pariant l'ensemble de ses jetons.

Il doit bien y avoir vingt-cinq millions en jeu.

— Comment vont les frères Rossi ?

Les yeux de Mattia se plissent après que Côme ait posé la question. L'ambiance devient soudainement très malsaine. Je ne sais pas de qui ils parlent mais je ne crois pas que c'était une très bonne idée de mentionner ces noms.

— Comment va Ryam ?

— Je ne sais pas Mattia, éclaire-moi ?

— Qu'est-ce qu'un King fait dans mon pays ?

— Pourquoi tes hommes s'en prennent à ce qui m'appartient ?

— Ce qui t'appartient ?

Il hausse les sourcils. Les yeux de Mattia s'écrasent sur moi.

Mon corps s'enflamme, j'ai une panique incommensurable qui s'immisce sur ma peau je suis persuadée de mourir de honte, les rougeurs sur mes joues doivent être impossible à cacher.

Leur partie continue, je ne détourne pas le regard de l'Italien, je ne sais pas ce qu'il me veut, mais j'ai l'intime conviction que je ne peux pas me montrer faible en la présence de Côme. J'avale ma salive et garde la tête haute.

— Elle ne te t'appartient pas. Et tu le sais King. On peut régler cette histoire simplement.

— Comment ? Je te la laisse ?

Ma tête s'est tournée vers Côme. Le simple fait qu'il parle de moi comme une simple marchandise à échanger m'a fait un pincement douloureux dans la poitrine.

J'ai froncé les sourcils mais son regard n'a jamais trouvé le mien, il continue de fixer Mattia. Je n'ai qu'une envie c'est de fuir, ici je ne me sens pas à l'abri du tout.

— Tu as eu le temps de prouver que tu étais le roi des États-Unis, King. Ne gâche pas ta chance en faisant de moi ton ennemi. Comme je te l'ai dit, tout peut se régler ce soir. Après cette partie.

— Et pourquoi ?

— Purement économique. Stratégique.

— Tu fais ça pour l'argent alors ?

Côme fait tapoter lentement ses doigts sur la table, Mattia fronce sournoisement:

— En voilà un garçon intelligent.

— Et qu'est-ce que la Cosa Nostra peut bien avoir à faire avec un trafiquant de drogue vénézuélien ?

Mon cœur a littéralement tremblé dans ma poitrine.

Mabel ? Trafiquant de drogue ?

Trafiquant de drogue ?

Est-ce que maman sait ça !?

— Là n'est pas la question, répond l'italien.

— Pose-moi la question.

Encore un ordre, Mattia n'aime pas le ton de Côme ça se voit dans les grimaces que font son visage. On peut dire ce que l'on veut, la conversation avantage Côme, je ne sais pas pourquoi mais il contre tout ce que l'Italien avance.

— Tu ne mourrais pas pour la sœur de ton ennemi juré.

J'ai l'impression d'être compressée par des murs qui me piègent de plus en plus. Mon souffle à du mal à passer, je cache les tremblements de ma main sur mes cuisses. Côme me l'a dit lui-même...

Je suis sa vengeance, et Mabel l'a trahi comme son frère...

Alors, mourir pour moi ?

Jamais.

Jamais.

Putain, il faut que l'on parte avant que ça dégénère !

— Là, n'est pas la question, répond Côme.

Il a encore échappé à la question. Personne n'ose intervenir dans cet échange, le jeu est presque mis en pause, nous sommes tous attentifs à cette conversation.

— Alors, laisse-la-moi.

— Pourquoi faire ?

— Son frère la cherche.

J'ai laissé mes lèvres s'entrouvrir, discrètement, je ne veux pas laisser la surprise m'accaparer, mes molaires s'écrasent entre elles. Je sens ma gorge gonfler. Alors... Mabel me cherche ?

Pendant une seconde la nouvelle me bouleverse au plus haut point. Un mélange de colère et pour être tout à fait honnête une joie me prend de toute part.

Mon frère ne m'a pas oublié alors ?

Il m'a cherché ?

Alors qu'est-ce qui t'a pris autant de temps ?

Et tu es où aujourd'hui ?

J'ai envie de poser toutes les questions à ce Mattia, mais il me coupe dans mes pensées en prononçant:

— Mais ça... tu le savais déjà, n'est-ce pas Côme ?

Je n'ai pas pu me retenir. Mes yeux se sont plantés rapidement dans ceux de Côme mais il ne me regarde toujours pas ! Sa mâchoire est contractée, il serre les dents je le vois !

Un truc inexplicable s'est manifesté sous ma peau. J'ai ressenti une sorte de trahison, comme un secret qu'il m'a délibérément caché pour une raison que j'ignore.

— Est-ce la raison pour laquelle tu as risqué sa vie ce soir ? En l'emmenant ici ? Tu savais que son frère le saurait ? Il peut débarquer à tout moment. Là, dans une minute ? Dans deux heures quand tu la baiseras dans un hôtel.

Mon souffle s'est coupé.

D'un coup sec.

J'ai senti mes paupières s'écarquiller.

En dehors de l'humiliation que ses mots m'ont provoquée, mon cerveau se focalise sur autre chose.

Côme m'a emmené jusqu'ici... pour que mon frère sorte de sa cachette... il m'a emmené ici comme un appât ? Comme un simple cobaye ?

Et l'idiote que je suis est tombée dans son piège ?

Quelque chose s'effondre en moi, et plus encore car Côme ne daigne pas à me regarder, il n'a pas non plus démenti les paroles de l'Italien et quand mes yeux se posent sur lui j'ai la sensation d'avoir un grand menteur devant moi.

Un manipulateur qui n'a que lui-même en son centre...

C'est un schéma qui se répète, je suis un pion dans la vie d'un homme et je servirais, quand on aura besoin de m'utiliser.

Comme une pute.

— Où est Ryam ?

— Tu n'en as rien à foutre de Ryam Côme ne te fous pas de ma gueule, s'esclaffe Mattia, tu es venu pour la tête de son frère, rien d'autre !

— Lève-toi.

Côme se lève, je sais qu'il s'adresse à moi. Il balance son jeu sur la table, une quinte, Mattia fait de même il a perdu, je crois vingt-cinq millions de dollars.

— Garde l'argent, prononce Côme, tu en auras besoin un de ces quatre.

Pendant une seconde je n'ai aucune envie de suivre Côme, mais je me lève tout de même.

Un bruit d'agacement s'échappe de la bouche de Mattia, et l'ambiance change en un claquement de doigts, ça devient pesant et dangereux ! L'italien fait signe à ses hommes de se tenir prêts pour ce que je suppose être une attaque imminente. Mes poumons gonflent d'un coup, j'aspire la peur qui entre sous ma peau.

Un ricanement s'échappe de Côme, je vois le haut de son corps trembler, son rire n'a rien d'amusé ni apaisé. On est entrée dans la gueule du loup et je ne pense absolument pas être en mesure de faire quoi que ce soit à propos de ça.

— Aller, prononce Mattia, en se levant il boutonne sa veste, inutile d'éterniser ce cinéma, tu ne sortiras pas vivant d'ici si tu continues tes petits jeux.

Côme me tire derrière lui. Je le vois prendre sa paire de cartes qu'il avait déposée sur la table quelques minutes avant. Ma respiration accélère en même temps que les gardes du corps aux corps surentraînés contournent la table de poker.

Un vent d'agitation, les chaises qui grincent contre le sol ciré, les hommes veulent sortir de la salle, personne ne veut assister à ça.

Mes talons, je pense, à mes talons parce que si jamais je dois courir je serais un boulet. Ma robe, j'aurais dû mettre un pantalon !

Trop lentement, Côme a incliné sa tête, sur les côtés, il a fait craquer les os de sa nuque. J'ai su qu'il fallait reculer de quelques pas.

Et puis, son bras à balancer avec une précision hallucinante une des cartes en direction d'un des bourreaux, un bruit assassin à trancher l'air, une seconde, et le 9 de pique s'est planté violemment dans l'œil d'un des gardes du corps. Son grognement de douleur m'a donné cette envie de vomir.

Ça a duré une seconde.

— Attrapez-le, mort ou vivant ! Attrapez-moi ce salopard, s'exclame Mattia.

J'entrouvre les lèvres, impuissante, la panique me prend par le ventre, je suis inutile dans ce combat ! Inutile ! Qu'est-ce que je peux faire !? J'essaye de regarder autour de moi quelque chose, alors que Côme se défend déjà, ses coups sont brutaux, j'entends les os des hommes s'écraser entre eux.

Honnêtement, en regardant la scène je crois que je suis attachée à cette violence... pas dans un bon sens... mais la violence berce ma vie depuis trop longtemps.

Fou à articuler comme phrase, mais, je pense, à toutes ces fois où j'ai ressenti l'envie de tout abandonner en recevant des coups.

Le pied de Côme claque le poignet d'un des gardes. Son arme tombe au sol, et glisse à mes pieds:

— Prends-la !

Il assène l'homme d'un violent coup dans la gorge. Ça me couple presque le souffle à moi. Je me baisse, je la prends, je ne réfléchis pas. Je tire la culasse, comme il me l'avait montré, et je baisse la sécurité.

Je me sens absolument ridicule, mes mains tremblent mais je fais face avec cette arme chargée et prête à tirer. Côme fait éclater un verre une la tête d'un autre homme. Il est agressif et chacun de ses coups est définitif, j'ai presque l'impression d'être dans un film d'action, mais ce n'en est pas un.

C'est un criminel en puissance qui n'a aucun scrupule à assassiner des hommes.

L'arme est plantée devant devant mon ventre, le doigt sur la gâchette mais un cri m'échappe quand je sens un bras m'entourer soudainement la gorge.

Je serre cette arme, la prise n'est pas assez forte pour me limiter dans mes mouvements. Je vois Côme pousser un corps contre la statue d'un cerf empaillé, le sang s'échappant de la bouche de l'homme qui vient de se faire transpercer gicle sur Côme qui affiche cet air de dégoût intense sur sa face.

Mais moi je me tourne et je tire.

Sans réfléchir.

Mon cœur s'arrête.

Je recule, de quelques pas, en état de choc total. Le garde sur lequel j'ai tiré touche son ventre, il blêmit d'ores et déjà, son regard livide se lève vers moi, je perds toutes mes forces en regardant la tache de sang sur sa chemise grossir à mesure que j'essaye de reculer, mettre le plus de distance entre mon crime et moi... je sens ma tête se secouer.

Non...

Je sais que la balle est partie. J'ai l'impression qu'il n'y a plus de bruit autour de moi.

Juste moi.

Et tout le mal que j'ai commis.

Juste moi et ma conscience.

L'arme quitte ma main, mon regard suit Côme, son regard est froid, complètement détaché. Lui, il tire, deux fois, pile dans l'impact que j'ai laissé, puis en plein dans la tête de l'homme qui se meurt. Mettant définitivement fin à sa vie.

Je retiens tout, à l'intérieur. Je retiens la violence, le sang et les morts. Parce que c'est comme ça que je suis faite. Sur le coup, je ne ressens presque rien, mais j'ai envie de sentir ! L'anesthésie de mon corps me fait peur !

Mon cerveau fait un black-out total.

Je ressens juste la pression de Côme sa main contre mon bras, et l'envie urgence de courir.

Je ne pense à rien d'autre que cet ascenseur, les enjambées de Côme m'essoufflent, je savais que mes talons me causeraient problème mais je ne me laisse pas distraire plus longtemps, je tiens un bout de ma robe pour qu'elle ne me fasse pas tomber.

Un objectif, la sortie, sortir d'ici, s'enfuir, s'échapper, partir !

Attrapez-les !

Je suis presque à court de souffle. Côme tire derrière nous. Pour les ralentir parce que les néons rouges qui longent le couloir offrent une très mauvaise visibilité. Et quand je me tourne, je vois des ombres agitées nous suivre.

Mes palpitations cardiaques sont à leur summum !

Heureusement, nous arrivons devant l'ascenseur le poing de Côme et le mien écrasent en même temps le bouton, il se tourne quand même l'arme pointée droit devant lui.

C'est une question de secondes avant qu'ils viennent à nous et que ces fichus portent s'ouvrent, je me sens sous le joug d'une putain de compte à rebours qui définira toute la suite, tragique ? Mortelle ?

Je n'en sais rien, l'attente est insupportable, Côme ne m'a pas lâché sa main m'accroche sérieusement, il y aune sorte de mouvement de foule, des grognements d'hommes qui se précipitent vers nous, la pression est insupportable !

Les portes s'ouvrent !

Les silhouettes s'approchent.

En courant, elles vont venir à nous.

Mes doigts et ceux de Côme s'emmêlent quand ils se précipitent sur le bouton du premier étage et celui de la fermeture des portes en urgence.

Je respire par grosses bouffées, les hommes sont pratiquement là ! Côme tire sur le genou d'un des gardes, il trébuche dans un hurlement, sa chute ralentit les autres, les portes se ferment et on entend des cognements contre la porte d'acier !

C'était presque perdu !

Je suis essoufflée, lui aussi. Je ne veux penser qu'à la sortie. Ma bouche est pâteuse, j'ai les lèvres sèches et si seulement je pouvais arracher cette robe je le ferais maintenant ! Son costume crème est taché de sang, il enlève d'ailleurs sa veste et la balance par terre, pareil pour ce nœud papillon, puis il déboutonne trois boutons.

— Je ne t'aurais pas-

Ma paume s'est placée entre nous pour qu'il ne me parle pas.

Je ne voulais pas entendre d'excuses, pas maintenant, je ne voulais pas boire ses paroles ! Ses intentions étaient très claires. J'ai eu ma dose et pour le moment, je ne pensais qu'à cet homme sur lequel j'ai tiré, l'envie de vomir qui allait avec, rien d'autre.

Quand l'ascenseur s'est ouvert, Côme a tiré en pleine tête sur le garde qui attendait patiemment notre venue.

Le silence a duré, une petite seconde, parce qu'après ça, c'était la panique générale.

J'ai empoigné ma robe, et nous avons suivi le mouvement de panique. Il fallait que l'on sorte de ce casino, au milieu des balles que Côme tirait, créant un mouvement de panique général et dupliqué.

Et c'est ce que l'on est parvenu à faire, on est sorti de ce casino.

L'air s'est rafraîchit, mais pas assez pour avoir froid.

La foule nous bouscule parfois, la main de Côme a fini par me faire mal au bras, je trébuche presque en descendant les marches. Je me demande si Robin et Sage ont réussi à sortir, s'ils nous ont vus, s'ils savent qu'il ne faut surtout pas rester là !

Nous trottinons rapidement loin de l'enseigne, toujours dans un état second, je me retourne parfois pour essayer de trouver Robin. Mais rien !

— Allô ? Sortez d'ici ! Vous êtes sortis ou pas !?

Je cours toujours avec lui. Au point au le mouvement de panique, la foule et les cris s'éloignent de plus en plus de nous. Côme ordonne à ses frères de foutre le camp et de prévenir les jumeaux.

Nous avons couru une bonne dizaine de minutes sur un chemin qui longe la plage. Maintenant c'est le bruit des vagues s'écrase contre les grands rochers qui entourent la berge qui rythme la soirée. J'écoute la conversation de Côme, je comprends qu'ils ont tous réussi à sortir d'ici.

Je dégage finalement mon bras.

Après tout ce temps, mes émotions commencent maintenant à me remonter dans le cœur, je suis essoufflée mais j'avance quand même à grands pas je ne sais où je suis le long de la plage mes talons contre le sol en béton sont la seule source de bruit.

Je sens une pression sur mon bras, mon corps se retourne mais mes paumes s'écrasent contre son torse, je le pousse de toutes mes forces.

Comment tu peux me faire ça !?

L'air sur son visage devient dangereux ! Je ne devrais pas croire avoir une légitimité à faire preuve d'agressivité envers lui, mais il y a une colère en moi que je ne contrôle plus.

Pourquoi tu m'as fais ça !?

Mes mains s'agitent devant moi. J'ai envie de péter un plomb et faire exploser ma colère !

J'avais envie de croire en l'espoir que quelqu'un comme lui voudrait vraiment me protéger.

Je voulais sa protection à lui, et l'avouer me rend encore plus vulnérable et pitoyable que ce que j'aurais pu croire !

— Putain, qu'est-ce que je suis bête comme fille ! Qu'est-ce que tu es bête Mariposa !

Je lui ai tourné le dos, une main sur le front, mon état me dépasse carrément. J'ai juste envie de courir et de fuir loin de lui, mais ma vitesse se limite à la hauteur de mes escarpins.

Je me répète encore que j'ai été trop naïve et que j'ai cru à quoi ?

Croire à quoi en fin de compte ?

Croire qu'il pouvait me rassurer... lui ?

Me créer un cocon ou mes cauchemars seraient dans ses bras ?

Non, et tu le savais Mariposa.

— Mariposa.

Mon cœur se serre, j'ai l'impression qu'il n'a même pas chercher à me suivre.

Mais j'ai le sentiment immonde qu'une part de moi sais que je suis déjà tombé. Que je suis morte et enterrée parce que sa voix grave qui m'appelle suffit à me provoquer un mélange d'émotions qui me fait un mal de chien.

Et rien n'arrête le chaos qu'il me fait dans le cœur !

Je me retourne finalement, mes talons claquent contre le bitume, j'avais envie de lui cracher ma haine !

— En réalité tu pensais à quoi !?

Mon index s'est pointé plusieurs fois sur son torse, il a arqué le sourcil l'air menaçant:

— Sabes qué ? (Tu sais quoi ?) Tu as gagné ! C'est ça que tu voulais entendre ? Tu es le meilleur à ce petit jeu de-de-de-de-aghr ! Je refuse, je refuse de te donner quoi que ce soit de plus qui te permettrait de me traiter comme le putain de cobaye de ta vie !

— Nic ci nie zrobiłem.

J'ai grimacé pour qu'il répète.

— Je ne t'ai rien fait, répète-t-il avant d'ajouter, encore, alors enlève ton doigt de là, Mariposa.

— Pourquoi ? Tu vas me tuer Côme ? Qu'est-ce que tu peux bien pouvoir me faire ? "Je ne peux pas te partager Mariposa." "J'ai envie de savoir pourquoi tu es autant chaotique que pure." "Je ne pense pas te regretter un jour." Est-ce que je continue !? Je continue !?

— Ouais, vas-y, continue.

Il a haussé les épaules, j'ai froncé les sourcils. J'ai ressenti le mélange de sa frustration et de sa colère, ce détachement qu'il a face à ma colère me provoque ce sentiment dévastateur contre lequel je ne peux rien.

Et que peu importe ce qu'il ferait, il gagnerait toujours.

Parce que je serais toujours celle qui souffre le plus.

— Continue, et après Mariposa, et après ? Tu auras prouvé que je suis un connard, rien de neuf, et ?

Je reste sans voix, un moment, choquée.

— Tu n'en as rien à faire... de... de...

De moi.

Et pourquoi, il en aurait quelque chose à faire de moi... après tout.

J'aurais... voulu qu'il en ait quelque chose à faire.

Mon cœur se serre, s'écrase contre ma cage. Ma douleur me remonte dans la gorge, mais je refuse de pleurer ce soir. Et pour être honnête, je ne pense pas en être capable, après avoir tiré sur cet homme tout à l'heure... j'ai l'impression que ça m'a pris une part de moi que j'aurais préféré garder.

Je recule d'un pas.

Mais sa main étrangle mon coude et me retient près de lui.

— Arrête de voir un l'espoir en moi Mariposa, tout ça est parti en fumé quand ma mère à brûlé sous mes yeux.

Petite fissure, qui défigure mon cœur.

Non seulement, je ne savais pas qu'il avait assisté à la mort de sa mère. Ma gorge se serre encore plus fort, me coupant le souffle.

Je savais déjà qu'il n'y avait rien à sauver, et je ne voulais pas faire ça. Je ne voulais pas devenir une sauveuse pour une personne qui n'a pas demandé de l'aide.

Je voulais juste...

Juste, essayer de créer une paix... au milieu d'un cœur en guerre.

— Il n'y a rien, rien, de bon que je puisse te donner. Si ce n'est l'envie d'exploser cette putain de terre entière.

Je le sais. Et c'est ce qui me tue le plus. Parce qu'à cause de cette proximité forcée, un sentiment familier s'est créé entre nous. Il ne peut pas dire le contraire !

Et ce truc nous (me) fait saigner.

J'ai envie de reculer, sa paume sur ma peau me rappelle que son emprise est plus diabolique que ce que je n'aurais pu imaginer sur moi.

— Tu t'es servi de moi...

— Il y-

— Tu t'es servi de moi pour retrouver et essayer de tuer mon frère ? Oui, ou non ?

Il a inspiré profondément. Comme s'il était à bout de souffle. Moi aussi je n'ai plus d'oxygène. Et puis ce simple mot qu'il prononce m'abat:

— Oui... je me suis servi de toi.

J'ai placé un poing devant ma bouche en secouant lentement ma tête pour qu'il se taise.

— Mais-

— Tais-toi !

J'ai résisté, je voulais être forte, je n'avais pas le droit de pleurer pas ce soir.

Je m'étais fait la promesse de changer, d'être forte, de ne pas me laisser abattre...

Mais son aveu me bousille l'estomac, le cerveau, et tout ce que mon imaginaire voulait me montrer.

Un truc utopique et irréalisable. Je me suis laissé croire qu'un homme comme lui avait une part de lui à faire fleurir...

Il est une terre stérile, aride, il n'y a rien à faire grandir ici..

— Mais-

— Je ne veux pas le savoir Côme.

Je l'ai dit si lentement, ma douleur m'anesthésie la mâchoire, j'ai du mal à articuler:

— Mais... je...

Je résiste à l'envie de souffrir à haute voix, il continue à essayer de me parler, ses yeux s'ancrent profondément dans les miens, j'y vois une forme de peine qu'il tente de cacher malgré tout. J'ai la sensation qu'il veut parler à la petite âme meurtrie de Mariposa qui se cache derrière sa chair:

— Je ne t'aurais jamais laissé tombée, là-bas. Jamais.

Sa réponse ne me fait malheureusement rien. Je n'y crois plus.

Je décide de ne pas lui répondre.

J'essaye de reculer, de tirer sur mon bras pour qu'il me lâche, je n'ai plus de force il m'a eu...

Je lâche un petit bruit de surprise quand il m'attire à lui au point ou nos corps s'écrasent l'un sur l'autre, ma main s'étale sur son torse.

Les sensations qui se mettent à bouillir sous ma peau n'annihilent pas cette trahison qui me ronge le cœur, j'essaye de partir encore, mais il ne me lâche pas.

— D'accord, Mariposa... d'accord... j'ai merdé, encore, d'accord !

Mes yeux s'écarquillent, mais je finis par froncer les sourcils, il me fixe d'une façon qui m'inquiète plus qu'elle ne me rassure. Notre proximité, son parfum, ma rage, cette trahison.

Mon souffle me donne du fil à retordre. Mon cœur explose dans ma poitrine. Mes mots me restent sur le bout de la langue, je n'arrive pas à parler.

Le son des vagues contre les rochers donne le rythme parfait à l'ambiance, explosif, mais les vagues disparaissent, et laissent un vide douloureux dans mon cœur.

— Pourquoi... pourquoi tu m'as mise dans une position dans laquelle tu savais que tu allais me perdre... ? Et maintenant tu ne veux pas me lâcher ? Je n'arrive pas à te suivre putain !

— Ton putain de frère t'a laissé tomber, ton putain de frère mérite toute ma haine, toute ma colère et la tienne aussi Mariposa !

— Et alors quoi !? Tu me demandes très sérieusement de choisir mon frère ou toi ?

— Je ne t'ai rien demandé, mais puisqu'on en parle, oui ton frère est une grosse merde ! Il ne mérite pas que tu le défende !

— Il n'y a aucun choix à faire entre mon frère et toi ! Tu ne peux pas me demander de faire ça ! Côme !?

Ses yeux m'ont poignardés. J'ai regretté immédiatement mes mots. J'ai senti la douleur de nos petites âmes en détresse se hurler nos différends.

Qu'on se le dise, quelques mois auront suffi, maintenant j'avais besoin de la sienne, pour brûler et oublier, et je ne sais pas pourquoi la mienne était si importante pour lui. Mais dans sa façon de me massacrer des yeux, j'ai compris que mes mots ne lui plaisaient pas !

— Ton putain de frère t'a abandonné, il t'a laissé aux mains de ton enflure de géniteur !

— Et tu n'allais pas me vendre pour le retrouver !? Tu ne m'as pas utilisé toi !? Tu allais lui faire quoi !? Lui, trancher la gorge devant mes yeux !?

— Je-. Putain ! Elle va me faire péter les plombs.

— Tu m'as mise en danger juste pour achever tes objectifs ! Tu t'es servie de moi, pour l'attirer et tu penses que je pourrais tourner le dos à mon frère !?

— Ouais ! C'est vrai, j'ai fait ça, mais tu es là, non ? N'est-ce pas !? Tu es devant moi ? En parfaite santé, et j'ai tué pour toi Mariposa ! J'ai tué cet homme pour que tu n'aies pas de sang sur les mains et que tu n'aies pas de mort sur la conscience ! Je l'ai fait pour toi !

Qu'est-ce que j'étais censée répondre à ça...

Je l'ai fait pour toi...

Ma déglutition à eu du mal à passé...

Oh... c'est trop mignon ? C'est adorable... un mort... un mort... pour moi. Un mort.

Non...

C'était horrible... et j'avais presque envie de répondre que la mort est facile pour lui. Mais je ne pouvais pas être aussi... quel mot est assez précis pour le décrire ? Ingrate ? Ingrate qu'il ait du sang sur les mains à cause de moi ? Pour m'éviter que moi je porte cette mort sur mes mains.

Dois-je réellement remercier un homme de se salir... de se mettre autant dans le noir... pour moi.

Je nierais pas que son acte me sauve...

Mais c'est difficile de répondre à ça, parce que la vérité c'est que oui sur ce point, il a raison. Sa protection fait que je suis ici. À un prix catastrophique certes... mais je suis ici.

J'ai pincé mes lèvres... Je me suis sentie coupable, de quoi ? De ne pas vraiment être sa priorité ? J'ai rêvé qu'il laisse tout pour moi ? Comme ces belles histoires à l'eau de rose. Je voulais qu'il devienne le Côme que j'arrive à entrevoir le soir quand ses bras m'entourent...

Mais c'est un criminel Mariposa. Ses intérêts, sa revanche, sa haine, son gang, sa famille, son honneur passeront toujours avant ma petite personne.

Je m'en voulais amèrement d'avoir pu croire le contraire.

Et ça me prouve à quel point j'ai le cerveau bousillé comme il me l'a dit un jour.

Ça me prouve que j'ai de gros problèmes qui m'empêchent d'être logique. De repousser cette violence chez lui. Peut-être est-ce à cause de mon père. Parce que me faire violenter, cogner, malmener est selon moi, la forme d'amour meurtrière le plus simple qu'un homme puisse me transmettre.

Pourquoi m'apprécierait-on autrement ?

Sans mes cicatrices, je n'ai pas d'histoire à raconter.

Je n'ai rien sans mes coups. Je ne suis rien.

Papa n'a jamais été doux.

Papa ne m'a jamais montré ce que c'est un homme. Un homme ce sont ces poings, sa violence.

C'est ça ?

C'est quoi ?

Pourquoi je m'accroche encore à cette violence qui me bouffe !?

— Mon frère... est ma seule famille qui me reste Côme... tu m'as promis que je serais en vie... mais... si tu le tues, on sera ennemi toi et moi, pour la vie. Je ne te le pardonnerais jamais, et je ferais tout pour que tu le paies...

— Ta famille ? Ta famille... C'est vraiment lui ta famille Mariposa ?

J'ai eu l'impression qu'il voulait me dire autre chose. La façon dont il pinçait ses lèvres fronçait les sourcils et sa respiration saccadée.

— Tu es prête à me faire la guerre pour un homme qui ne t'a jamais protégé... pour un homme qui à laisser ces cicatrices t'arriver ?

La conversation me fait du mal, et je suis sûre que lui aussi. Je ne peux pas tout bonnement accepter que la main de cet homme soit celle qui mettra fin à la vie de mon frère, qui m'a abandonné, qui m'a laissé tomber pour vendre de la drogue au Venezuela, je refuse de lui tourner le dos.

— Tu voudrais que j'accepte de te voir tuer mon sang ? Et après ? Que je couche avec toi Côme ? Que je t'accompagne dans ta vie ? Qu'est-ce que tu attends de moi putain !

— Donc tu es prêtes à me faire la guerre pour lui ?

J'ai mordu l'intérieur de ma bouche.

— Est-ce que tu es prête, à me faire la guerre ? Mariposa ?

Je n'arrive pas à répondre.

Ma colère me prend les tripes ! Je sens mes sourcils se froncer. Sa poigne sur mon bras devient violente, la douleur me prend de l'intérieur. Nos souffles sont brûlants et pleins de haine.

— À quoi tu penses !? Qu'est-ce que tu attends comme réponses !? Toutes ces fois entre toi et moi, tu n'as fais que m'utiliser !? Qu'est-ce qu'il se passe dans ta tête à la fin ! Qu'est-ce que tu me veux !?

Je te veux toi !

Mais pourquoi moi !?

— Parce que pour toi je-

Il a soufflé en murmurant un "kurwa" (putain). Sa main est passée nerveusement sur sa mâchoire, je sentais qu'il allait craquer:

— Qu'est-ce que tu ferais !? Pour moi ? Qu'est-ce que tu ferais !?

Il a fui mon regard. Il n'arrivait pas à soutenir ses yeux dans les miens. Il m'a lâché, et tout d'un coup, il fait froid sans lui, la chaleur de son corps me manque. Je suis en transe totale inconsciemment je m'approche de lui en lui demandant de me répondre, mes mains tremblent, j'ai envie d'être douce et de lui dire qu'il peut me parler, mais je n'ai pas le droit et de toute façon c'est ma colère qui me domine et ses envies de revanche qui l'empêche de voir.

— Tu ne comprendrais pas, finit-il par cracher.

— Explique-moi alors !? PARLE !

Tu es partout !

Ses paumes se sont plaquées violemment sur mes joues. J'ai sursauté, sa poigne est si agressive, possessive, je peux à peine bouger la mâchoire tant sa force fait pression sur moi. Il me fixe avec autant de rejet que de désir.

Il ne peut rien avouer, mais il y a plein de choses qu'il veut me dire, j'ai presque l'impression de les lire dans cette façon étrange et troublante qu'il a de me regarder:

— Tu es putain de partout ! Par-tout !

Il secoue un peu ma tête à mesure qu'il me crache sa hargne, avouer ça le tue, je le sais au plus profond de moi:

— Rien que d'entendre ton satané prénom ça me massacre de l'intérieur Mariposa !

J'ai du mal à respirer, je suis bouche bée, ses mains me font mal aux joues, mais je suis incapable de me défendre:

— Tu me fais flipper Mariposa ! Et je n'arrive pas à comprendre pourquoi ça doit être toi qui me fais tout ça, la putain de petite sœur de l'homme que je hais le plus au monde !

J'ai entrouvert la bouche, j'ai eu l'impression d'avoir le soleil dans le cœur. D'être flambé par sa force... par toutes ses émotions. Chacune de ses paroles provoquait une vague d'explosion. Un truc qui je savais allais me rester dans le cœur.

Je me rappelle un jour... il m'a dit ces mots: "Si tu me fais peur un jour Mariposa c'est que je suis devenu un fou malade."

C'était dans ce motel. Au tout début...

Et maintenant il m'avoue que je lui fait peur...

— J'ai envie que tu haïsses ton frère à la hauteur de ma haine ! Ouais, j'ai envie d'être égoïste à ce point Mariposa ! Parce qu'il n'est pas là quand tu hurles la nuit ! Et il n'a jamais été là pour panser tes putains de dix-sept cicatrices et Dieu seul sait ce que ton père t'a fait d'autre !

J'ai enfin réussi à déglutir.

Difficilement, mon pouls est affolé, jamais je n'ai eu autant de bouffées de chaleur de ma vie. Je fixe ses yeux qui ont foncé à cause du voile noir du ciel. Mais j'y vois toujours ce que je cherche. Côme King.

Ses paroles m'affolent, parce que dans mes oreilles elles disent bien plus que: je te veux toi.

Ça va plus loin que ça, et je ne l'explique absolument pas ! Mais ça me fait très peur à moi aussi. C'est malsain et mauvais. Je ne pense pas que ce soit bon, pour lui ou pour moi.

Malgré toutes ces choses qui nous donnent envie de nous consumer l'un l'autre !

— Épargne mon frère... Côme, tu dois juste... juste faire ça... pour moi... je t'en supplie !

Son regard s'est empli de colère. Il a murmuré d'une voix si basse; "tu préfères me faire la guerre Love"... mon cœur s'est fendu en deux sans aucune possibilité d'être réparé.

Il a raison, tant que mon frère est dans l'équation, peu importe ce qui provoque un semblant d'attraction entre Côme et moi, cette petite étincelle ne fera que nous rôtir dans la douleur et rien d'autre.

Elle ne fleurira jamais en de belles flammes réchauffantes. Créant un foyer, des souvenirs et des rires. Elle sera toujours une brûlée de haine.

Rien d'autre.

Je le voyais dans sa façon de me dévisager. Il voulait que j'arrête, j'ai presque vu cette envie de me supprimer pour que Mabel ne reste qu'un souvenir.

Ses mains me font du mal. Ses doigts s'enfoncent presque dans ma peau. Je tiens ses poignets, j'ai envie qu'il me lâche, mais une part de moi savait qu'une fois que nous nous toucherions plus, ça serait fini.

Si je n'abandonnais pas mon frère, pour lui.

Je savais qu'il ne me toucherait plus jamais. Il n'y aurait plus de retour en arrière...

— Des fois... des fois tu... tu fais comme si, toi et moi on... on pouvait construire quelque chose. Pour se soigner ensemble. Et à chaque fois que je te laisse entrer, tu me fais comprendre qu'on ne peut pas se donner cette chance-là.

Il n'a rien répondu. Il a juste expiré, en regardant mes lèvres avec désir et rage.

Mes propres paroles étaient un aveu difficile pour moi. Parce que j'ai mis un pied dans son cosmos, et j'ai laissé la porte ouverte à ma vulnérabilité.

Je vis une sorte de rupture atroce.

J'ai envie d'oublier et de replonger dans ses bras, sentir les tambourinements de son cœur... j'aime tellement l'écouter vivre... mais je sais que c'est impossible, le timing entre Côme et est moi est tellement mauvais, que je suis persuadée que l'on aurait pu changer notre destin dans un autre contexte.

Quand il m'a lâché, ça m'a déchiré... J'ai retenu une larme. Je me suis contenue de toutes mes forces.

Malgré mes yeux brillants, il a fait quelques pas en arrière moi aussi... on a creusé un bon mètre de distance, mon souffle fait douloureusement gonfler ma poitrine, la sienne aussi.

On a mal.

Je ne sais pas comment je le sais, mais je le sais.

Et ce pacte entre ennemis jurés se signe aujourd'hui.

Maintenant, là, sous les étoiles, il sait que je ne tournerais pas le dos à mon frère.

Une part de moi a presque envie qu'il m'oblige à le faire. Qu'il me force à tout abandonner pour lui !

Mais il a celle qui aime son frère malgré tout.

Pour les papillons que Mabel a, dessiné sur notre plafond... le dernier souvenir que j'ai de lui...

Pour que j'oublie ce que m'a fait mon papa.

— Je t'ai déjà rencontré. Avant tout ça...

Submergée d'émotions, j'oublie mes pensées et je fronce les sourcils en questionnant Côme du regard.

J'essaye de fouiller dans ma mémoire un jour où j'aurais pu trouver Côme sur mon chemin. Mais rien ne me vient, mes années d'enfance sont un total trou noir. Je n'ai rien qui me vient ! Mon cœur accélère, je me demande ce qu'il essaye de dire exactement.

J'ai l'impression qu'il me retourne le cerveau.

— Je comprends mieux pourquoi tu ne te souviens pas de moi, parce que tu avais six ans mais moi je me souviens très bien de toi. Une après-midi d'été, mon père devait voir le teint. C'était dans un parc.

Je reste attentive, ses propos me clouent le bec, mon cœur bat tellement vite, j'ai l'impression de saigner de l'intérieur. Je n'arrive même pas à savoir s'il me ment ou pas:

— Tu avais deux couettes et une peluche en forme de fraises dans les mains.

Il l'a dit d'une façon si nostalgique, il a mimé mes couettes et en baissant les yeux au sol, j'ai presque cru voir un sourire en coin. Et je ne peux que le croire... c'est le doudou que Stella m'a donné quand je suis arrivée ici à mes six ans.

Mon cœur se met à pomper plus violemment :

— Tu ne m'as rien dit, pas un mot, tu as gardé ta main dans celle de ton frère, ça a duré une petite dizaine de minutes, mais je m'en rappelle encore tu ne faisais que de me fixer. Je n'ai jamais pu oublier ton regard, jusqu'à aujourd'hui tu me regardes encore de la même façon avec tes putains d'yeux noisette.

J'ai eu la sensation... que ses paroles étaient celles d'une veille, très vieille musique. Le genre que l'on oublie mais qui nous reste au fond du crâne, qui berce nos années d'enfance.

Je me suis senti submergé par ses paroles, en ayant énormément de mal à y croire, mais dans ses yeux j'ai compris qu'il ne mentait pas. Essayer de me souvenir de lui me bouffe le cerveau, j'essaye d'avoir quelques brides, quelque chose pour m'accrocher à son souvenir !

— J'espérais que tu quittes ma tête. Mais, tu remplaçais les souvenirs de ma mère le soir. Ça a duré un an. Jusqu'à ce qu'un jour je t'oublie moi aussi. Je me suis fait le tatouage d'un papillon dans l'espoir que mes cauchemars disparaissent et que tu me reviennes, mais c'était finis, ton souvenir s'était envolé avec toi.

Ces mots m'ont coupé le souffle.

Je repense au tatouage qu'il a le pectoral droit. Au niveau de son cœur, il a un petit papillon couleur ambre...

Il a fait ce tatouage pour moi ?

Je crois que mes lèvres se sont entrouvertes. J'ai eu un mal atroce à déglutir.

Mon corps est en flammes. J'essaye d'emmagasiner toutes ces informations mais tout entre et explose dans mon crâne.

— Jusqu'à ce que tu me fasses dormir chez Kendall... Encore. Ouais, je t'ai utilisé, mais juste pour ce soir, parce que tant que ton frère vit encore le terme "Côme et Mariposa" il est impossible, et tu le sais aussi bien que moi, Papillon...

Ne pas pleurer.

Ne pas pleurer !

J'ai mordu l'intérieur de ma bouche, la gorge nouée, j'ai les yeux qui me piquent et gorgé d'eau mais je ne veux pas laisser ma douleur ronger mes joues. Je résiste.

L'air s'est drastiquement refroidi... c'est comme si...

— Alors... tu m'abandonnes... Côme ?

Il m'a regardé en plein dans mon âme, j'ai eu la sensation d'être nue.

Ses yeux...

Ses yeux sont comme des nuages gris qui annoncent une très mauvaise tempête... Qui annoncent les temps moroses, avec l'odeur de la pluie et l'humidité ambiante, ceux où l'on reste chez soi, devant un feuilleton ennuyeux qui ne nous fait pas dormir mais on sent le temps passé lentement...

C'est très difficile à vivre.

Parce que la réponse est dans le gris de ces yeux...

Oui.

Il m'abandonne.

Ils m'abandonnent tous.

La terre s'est écartelée sous mes pieds. C'est comme ça que mon cœur l'a vécu.

C'était la pire chose... la pire... même son bracelet autour de mon poignet me donnait l'impression de peser des tonnes.

— Pour...quoi... demandais-je le souffle coupé.

— Parce que je ne lui pardonnerais jamais ce qu'il m'a fait, Love... J'aurais toujours de la rancœur envers votre famille tant qu'il est là, en vie, je ne pourrais pas t'avoir. Et pourtant-...

Une vague s'est enfoncée dans l'océan. La nuit noire colore nos peaux, je ne voulais plus qu'il me lâche, je voulais... je ne sais pas... je voulais quelque chose qui lui appartenait et que je pourrais garder au fond de mon âme. Un truc, un mot, une parole, sa vie tout entière.

Mais je savais... que c'était impossible.

Parce que j'aurais été incapable... incapable de le laisser tuer mon frère.

Pas dans cette vie.

Des ennemis fidèles hein...

Que la guerre commence alors... King, ou Díaz...

Je sais qu'à la fin il ne restera qu'un seul nom.

Les flammes prennent du terrain. Elles brûlent le petit cosmos que l'on a construit tous les deux... elle laisse d'immenses cicatrices qui ne trouveront jamais de remèdes...

Et l'odeur des étoiles qui explosent et disparaissent n'a rien de paradisiaque...

Ça pue les cendres et la mort.

Mais je ressens Côme partout autour de moi aussi.

— Et pourtant, Mariposa, une fille comme toi. Pleine de défauts, de larmes, de cicatrices... sans hésitation, pour toi, pour voir ces fossettes-là, pour ces taches de rousseurs... sache que même lorsqu'on se haïra toi et moi, n'oublie jamais que si tu me le demandes, je ferais plier la terre entière pour toi, j'irais en guerre pour toi...

Je comprends maintenant.

— Et saches, Papillon, que je suis tout à toi.

Il est enfoncé dans mes os.

— Envole-toi.








🂡








CÔME.





En entrant dans le petit restaurant italien pas loin de notre hôtel, mes yeux tombent sur mes frères et les jumeaux.

L'enseigne va bientôt fermer, il est tard, je vois deux clients au fond du bar finir leurs bières.

J'ai reçu un appel de Robin juste après ces dernières paroles avec Mariposa.

J'ai la langue en feu.

Mes frères m'ont donné rendez-vous ici après avoir fui la soirée, selon les jumeaux c'était l'endroit le plus sécuritaire. Honnêtement je n'en suis pas si sûr et puis aussi longtemps que nous resterons en Italie nous ne serons pas en "sécurité".

Je laisse Mariposa passer devant moi. Sa robe me donne autant envie de tuer Sage que de m'en réjouir. Mes yeux se baissent sur ses fesses, parce qu'il faut le dire, elle est gâtée. Pas mince, elle a même un petit ventre.

C'est peut-être la chose que je préfère chez elle.

Je n'en sais rien...

Si je savais ce qui s'articule dans ma tête.

Une fille pleine de peine, pleine de haine, pleine de coups, pleine de violence, une fille qui me ressemble malgré la couche qui la couvre.

C'était inévitable.

Robin nous fait un signe de la main comme si je ne l'avais pas déjà vu. Mariposa et moi nous asseyons sur la banquette en face d'eux. Les jumeaux sont sur les sièges juste derrière nous.

— Les Italiens. Ils s'en foutent complètement de toi Côme, prononce Robin, c'est elle qu'ils veulent.

Je le sais déjà alors je ne réponds rien. Je ne pourrais pas dire que je suis fatigué, c'est faux.

Mais mentalement, je me sens drainé. Une part de moi sait très bien d'où ça vient.

Je n'étais pas censé me battre pour ce que j'ai dans le crâne ce soir, mais j'ai quand même perdu.

— Je pense que le cœur de ton problème, il vient de ceux qui ont tué son père, non ? On ne sait toujours pas vraiment qui c'était ?

— C'était certainement les Ruiz, prononçais-je, parce qu'elle a entendu une chose qu'elle ne devrait pas.

Un rictus s'affiche sur mon visage après qu'Alexander ait supposé ça.

Un coup d'œil vers elle. Sa déglutissions est difficile. À chaque fois que quelqu'un parle de son putain de paternel de merde !

Je suis sûr qu'il est allé plus loin que les mutilations ! Il mettait un point d'honneur à lui faire comprendre que c'était une pute, je suppose qu'il devait être le plus gros prostitué de son quartier maudit de Chicago.

Mais tant qu'elle ne recouvre pas la mémoire, mes suppositions ne resteront que des suppositions.

Elle ne parle pas, de toute façon le trajet de la plage à ici s'est fait dans un silence à mourir de tristesse. Et rien que d'avoir ces foutus flash-back de notre conversation ça me fait serrer les poings.

De toute façon, après tout ça, on rentrera. Les cauchemars reprendront pour nous deux. Je lui rendrais sa liberté, son frère la retrouvera très vite, je le sais déjà... et la guerre commencera.

— Et les bikers, continuais-je en me frottant les yeux, ceux qui nous ont trouvés après être allés chez Dove.

— Ouais... je n'ai pas de réponses pour ça... murmure Robin, c'est un putain de casse-tête, merde !

Le poing de Robin tombe sur la table:

— Et tu as appris quoi toi ? Pourquoi tu les as tous butés ? Tu vas mettre papa dans une sacrée merde.

— Ton père s'en sortira très bien Sage, répliquais-je sèchement.

— Ok, et sinon pourquoi toute cette tuerie ?

— Son frère sait qu'elle est là.

— Ah, s'exclame Sage, ce n'est pas trop tôt il en a mis du temps à intervenir celui-là ! À ce stade c'est plus notre sœur que la sienne hein, tu lui diras ça, tu as vu la robe que je lui ai dégotée, il n'aurait jamais pu être aussi classe que moi !

J'ai pincé ma lèvre.

Ce n'est même pas moi qui le dis...

Et puis, pendant un instant, je réalise que Sage est moins agressive avec moi quand elle là.

— Moi j'ai entendu une histoire un jour, je vais vous la raconter, en fait, un bébé, une petite-fille qui a été abandonné dans la forêt. Et vous voyez elle a été élevée par des loups. Et du coup elle-

— Ferme ta gueule Sashæ. Franchement on s'en fout et ce n'est pas le moment de balancer tes anecdotes bêtes comme tes pieds.

— Et si je foutais mes pieds dans ton cul toi ! C'était une happy-end, la petite avait été acceptée par la meute !

— Bref, ferme ta gueule Sashæ !

Sashæ a pincé ses lèvres. Le simple fait qu'il se retienne de rire me donne encore plus envie de lui exploser la gueule. Mes mains sont passées sur mon crâne, emmêlant mes cheveux, je commence à être à court d'idées et la situation ne se débloque pas !

Je n'ai pas voulu avouer...

Que je la connaissais... depuis très, très, très longtemps.

J'aurais préféré emporter ce souvenir dans ma tombe. Mais une part de moi espérait que peut-être, notre souvenir lui débloquerait la mémoire.

Qu'elle se souviendrait de ce que son géniteur lui a fait.

J'entends un petit son sortir de la bouche de Mariposa, une sorte de halètement, je tourne la tête rapidement, parce que tout ce qu'elle fait j'en ai conscience.

Mais mes yeux s'écarquillent.

L'inspiration est longue quand elle descend dans mes poumons. Un silence plombant s'abat dans le restaurant.

Lentement, la cadence de mon cœur prend de plus en plus d'ampleur. J'aurais voulu que ça me choque, mais ce n'est pas ça qui me surprend.

C'est l'état de cette tête...

Il y a la tête décapitée de mon bras droit, Ryam, posé sur la table que j'occupe avec mes frères et Mariposa. Tenus par les cheveux d'une main plantureuse, mes yeux tracent le bras tatoué.

Je tombe sur le visage d'un homme, pour une raison que j'ignore mon cerveau fait la connexion, je suis persuadé que l'homme appartient aux bikers qui nous ont attaqués sur la route après être passés chez mon frère Dove.

Je suis sûr que le gars à qui j'ai arraché la gorge faisait partie des leurs, et je suis sûr que je vais le regretter aujourd'hui.

J'ai envie de récupérer mon arme dans mon dos.

— T-t, ne bouge pas. Ou j'explose la tête de ton frère.

Cet homme plante un silencieux sur la tête de mon petit frère. Ses yeux noirs mélangent des émotions maladives sous ma peau.

Mes palpitations cardiaques sont devenues la menace ultime. Je suis assis, j'ai beau jeter des coups d'œil à Robin et Sage, ou encore les jumeaux, je ne peux que m'accrocher à la tête de Ryam en état de putréfaction.

C'est mon avertissement, si je merde, le cerveau de Sage giclera sur Robin.

— Ma tête te dit quelque chose ?

Il doit avoir une quarantaine d'années. Taille moyenne, veste de biker, sa putain de gueule me dit effectivement quelque chose ! J'essaye de creuser dans ma mémoire, un truc me dit que ce fumier ressemble au premier mec à qui j'avais arraché la gorge ce jour-là, sur l'autoroute. Son groupe nous avait abordés à moto, en menaçant de violer Mariposa.

Je ne réponds rien.

Mes lèvres s'assèchent. Le sang quitte l'extrémité de mes membres, mes muscles se crispent sous ma peau, je me sens transpirer.

Je cligne des yeux.

Pour le moment, je ne peux rien tenter, le regard de Sage se veut contrôler mais il risque sa vie il ne bouge pas d'un seul poil, je sens sa panique me pénétrer les membres. Je jette un coup d'œil à Mariposa, ses paupières sont écarquillées, elle fixe Sage, sa peur me fait froid dans le dos.

Puis, le cauchemar, la salle se remplit.

D'un, deux, trois, dix, une dizaine de mecs, plus, plus que ça, lourdement armés, dangereusement armés d'armes de pointes.

Ils s'approchent rapidement de nous, créant des vagues de bouffées de chaleur mortelles sous mon ventre. Ils plantent leurs armes sur nos crânes, Mariposa laisse un tout petit son d'indignation lui échapper quand on l'a menacé elle aussi, je sens mes molaires s'écraser entre elles, mes poings blanchissent tant je les serre.

— Tu sais ce que ça m'a fait de trouver la gorge de mon petit frère en morceau King ?

Je suppose que ça t'a traumatisé salopard, mais je garderais mon insolence pour moi ce soir, je ne peux pas prendre ce risque !

— Mordu comme si c'était du détail. Qu'un chien chasse ?

J'analyse la salle, je regrette qu'elle ait mis cette maudite robe, ils sont trop nombreux. J'essaye de maîtriser ma respiration, je n'ose pas poser les yeux sur elle, j'ai l'impression que ça la mettrait plus en danger qu'autre chose. Mais j'entends d'ici son souffle, du coin de l'oeil je vois bien qu'elle a plaqué son dos contre le dossier de la banquette.

— Qu'est-ce que vous voulez, demandais-je sèchement.

Je déglutis, parce que je sais aussi que je ne pourrais rien s'ils se décident à la toucher.

— Je vais te montrer ce que ça m'a fait, murmure cet homme.

Il regarde vers le fond du restaurant, et sa tête fait un mouvement comme pour dire à quelqu'un de venir.

Sage à toujours ce canon planté dans le crâne !

Ils sont trop nombreux, ils se mettent à rire, le truc dont j'ai horreur au plus haut point, parce que ça me donne envie de rire moi aussi.

Et s'ils s'approchent d'elle...

L'idée me bousille le crâne !

Qu'ils voient ses cicatrices.

Qu'ils touchent sa putain de peau.

Qu'ils la violent et la tuent devant moi.

J'ai imaginé son corps baigné de sang.

Mais le pire était à venir, j'ai articulé sans aucun contrôle :

— Ania.

Mes frères se retournent, et Robin hurle son nom. Sage n'a même pas pu prononcer quoi que ce soit, le choc l'a tétanisé.

Mon cerveau a mis un temps fou à matérialiser le corps de ma petite sœur traîné dans ce restaurant sombre. Jeter au milieu de la salle. La bouche bâillonnée. Elle secoue négativement la tête, comme pour me dire que c'est fini, que ça ne sert à rien de venir, ses larmes ont rougi ses joues.

Nous sommes les enfants d'un King, nous savons que supplier ne fait pas partie de nos gênes. Nous préférons mourir digne, qu'humilié.

C'est ça être un King.

— Prenez-moi, articulais-je froidement sans quitter ma sœur des yeux;

L'homme qui l'a ramené la redresse, je crois que j'ai hurlé en apercevant l'immense machette se placer sous sa gorge. L'autre qui menace Sage devant moi s'est mis à rire, un truc gras qui m'a écœuré. Qui m'a retourné l'estomac:

— Je vais te montrer ce que ça m'a fait.

Black-out total.

Je sens mon cœur se déchiré, s'arracher littéralement de ma poitrine. Mes frères et moi nous sommes levés.

ANIA !

— Tue-la.

J'ai voulu, me lever, mais tout s'est accéléré. J'ai senti ma panique me prendre de l'intérieur ! Mon poing s'est abattu sur le motard devant moi, j'ai senti ses os s'amollir contre mes phalanges, mes frères se sont mis à hurler le nom de notre petite sœur.

La tête pourrie de Ryam est tombée au sol dans un bruit écœurant.

Je n'entendais plus rien ! Il fallait juste que j'atteigne ma sœur. Je garde un œil sur elle.

Elle me fait le signe de l'amour.

Elle nous fait le signe "love" avec ses mains.

Je suppose qu'elle ne nous entend même pas hurler son nom.

Elle n'a pas son appareil auditif. Elle n'entend même pas nos voix.

La dernière image que j'ai de ma sœur en vie pendant que j'essaye de m'approcher d'elle.

Ce sont des yeux mouillés de larmes.

Et le signe "Love", l'index, le petit doigt, et le pouce levé qu'elle agite pour nous trois.

C'est la dernière chose que j'ai vue d'Ania.

J'ai hurlé.

Quand sa gorge s'est tracée d'une épaisse ligne rouge.

J'ai hurlé.

Quand ses yeux se sont révulsés.

Hurlé.

Hurlé.

Et en tournant la tête.

Mariposa avait disparu.





FIN TOME 1.








🂡








Hey 🦋 !


BON OK, JUSTE AUJOURD'HUI VOUS AVEZ LE DROIT DE ME FIGHTER, WASSUP !? 🤺

Déjà le guet-apens, en vrai je ne pensais pas que la fin du TOME 1 allait arriver aussi vite 😬 ! Petite fin tragique comme on les aime, il n'y a rien de plus succulent pour ma part c'est tout ce que j'aime 😋 !

Le moment que j'attendais, la séparation 😂 j'suis désolée mais j'suis obligée, j'aime trop ces moments parce que les retrouvailles... bref 😏 !

Je pense que je vais continuer le Tome 2 à la suite comme avec Valentina, je mettrais un petit (T2) Pour le chapitre 45, qui serait le chapitre 1 en vrai.


BON, il est TEMPS de vous entendre :

Vous avez aimé ? Dites-moi tout en fait I NEED TO KNOOWOWOWOW 😋 !


Je ne sais pas quand on se retrouve pour la suite, je crois que c'est le moment de se focus sur Nafir aussi parce que j'avoue j'abuse 🥲, et j'ai trop envie d'écrire pleins d'autres histoire-là ! Un truc dark mais pas forcément mafia, je n'ai pas encore de thème, si il y en a des intéressants qui vous passent par la tête, ou même si vous avez des recommandations de livres qui pourraient m'inspirer (Hors wattpad) je prends !


Je vous fais des immenses bisous les milliardaires 😋 !


Backup Account: ikunafa
𝐢.𝐚𝐦𝐤𝐮𝐧𝐚𝐟𝐚 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦

En espérant que ça vous a plu ? 🌷

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