CHAPITRE 41: I can't share you.

Bonsoir mes starrrrrrrs, ça-va !? 🌹


Eh vas-y, je sais il est 5h du matin mais j'avais trop envie de me réveiller en découvrant vos commentaire demain in sha'Allah ! Donc allez-y franco mes clémentines 🍊 MDR !

Bisous je suis KO, je vais dormir direct !


Je vous laisse avec la suite mes pops stars ! 🥡


Bonne Lecture! 📖

Xoxo - Iamkunafa. 🍓









🂡






ROBIN.





— Et celle-là ?

— J'en sais que dalle moi.

— Roh, celle-là alors ?

— Mais Amber est-ce que je ressemble à un astronaute ?

Elle a ri, ça a automatiquement provoqué mon rire à moi aussi:

— Tu m'emmènes regarder les étoiles dans un Park, on est assis comme des gamins sur des balançoires et tu ne connais même pas un ou deux astres ? Robin tu pourrais au moins faire semblant d'inventer un nom on va finir par s'ennuyer là !

— Mon romantisme se limite aux club sandwichs et au Dr pepper. Il ne faut pas non plus abuser des mes capacités et puis comment ça tu t'ennuies ça fait une heure que tu me montres toutes tes dents à chaque mot que j'articule !

Dans un rire étouffé, elle m'a gentiment poussé en réajustant le plaid sur ses épaules. C'est vrai qu'il fait froid. J'ai croisé mes bras sur mon torse en poussant légèrement sur mes jambes pour me balancer. J'essaye d'ignorer ces grosses palpitations dans mon cœur qui me font vibrer.

— Je ne savais même pas que tu avais un frère, tu sais...

Évidemment... parce que je ne parle pas de mes frères.

— J'en ai trois des frères, et ce sont tous de petits cons, on n'est pas obligé de parler d'eux.

Nous avons souri tous les deux. J'évite de la regarder. Parce qu'elle me fait l'effet d'une bouffée de bonheur impossible à contrôler. Elle a encore une nouvelle coiffure, les cheveux lisses cette fois-ci, ondulés, dans une couleur cerise. Toujours ce piercing sur le nez, toujours ce gloss, toujours ce chewing-gum qu'elle mâche discrètement.

Goût ananas. Je le sais puisqu'elle m'en a donné un et que je m'efforce de ne pas lui dire que menthe aurait été quatre fois mieux. Ananas c'est dégueulasse vraiment, je ne recommande pas.

— Sérieusement. Tu connais un peu ma vie... mon petit-frère, mon quartier. Mais je ne sais rien de toi.

— Et qu'est-ce que tu voudrais savoir Amber ?

— Hum...

Elle a fait éclater une immense bulle avant de continuer à mâcher de nouveau.

— Je veux mieux te connaître toi. Savoir ce que tu aimes ? Ce que tu fais quand tu as du temps libre ? Parle-moi de toi ?

J'ai baissé la tête en souriant. Inconsciemment j'ai haussé les épaules. Je me suis gratté le menton avant de regarder la pleine devant moi.

— J'sais pas...

— Allez, rit-elle, décoince-toi un peu !

— Je ne sais pas quoi dire Amber, toi parle-moi de toi ?

Je souris malgré mon embarras, je n'ai pas l'habitude d'être la personne qui se décrit.

— Tu sais déjà que je veux être professeur des écoles, que j'aime les enfants plus que tout au monde, que j'aimerais tous les sauver si je le pouvais. Tu sais que je veux avoir ma famille un jour. Tu sais que j'ai vingt-quatre ans, et si tu n'as pas oublié tu sais quelle suis née le-.

— Le 17 décembre, l'interrompais-je à voix basse, non je n'ai pas oublié...

Comment aurais-je pu.

Elle a répondu à mon sourire avant de continuer:

— Ça fait trois ans que je te connais, je ne sais toujours pas ce que tu fais dans ta vie.

— Disons qu'en ce moment je travaille avec mon frère.

— Lequel ? Je crois qu'il y en a un qui s'appelle Côme, Tyler s'est moqué de lui toute la soirée la dernière fois.

— Pourquoi ça ne m'étonne pas ! Ce gosse vraiment, attend quand je vais l'attraper !

On a encore ri, après un petit moment le silence est revenu. Je ne savais pas vraiment quoi lui dire de très intéressant sur moi, mais je pouvais parler de mes frères:

Alors j'ai fini par prononcer:

— Côme... c'est un peu le roi de la famille. Enfin, il se prend pour le roi. Mais bon, il s'affiche tout les jours que Dieu fait ce suppôt de-. Bref, heureusement il a une qualité pour le sauver, il sait s'habiller.

En repensant à sa tête de con, je me suis mis à sourire tout seul. Je l'entendais déjà m'appeler "Dupek".

— Après j'ai mon grand frère, Dove, c'est une force tranquille. Il est loin des problèmes, il a sa petite famille à lui, une femme bien, deux beaux enfants, c'est un gars bien. Le petit, Graig, il est sourd mais avec son implant cochléaire il entend très bien. Pareil pour ma petite sœur, elle s'appelle Ania. La surdité vient de leur père, très peu de personnes savent qu'il est sourd d'une oreille.

Je continue à regarder le ciel tout noir, tout étoilé. Ça fait bizarre de parler de ma famille, je ne le fais jamais. C'est comme une forme de protection de ne rien dire. Que personne ne sache qu'ils existent pour que jamais on ne s'approche d'eux.

— Puis tu as Sage, bon... il se prend pour Chris Brown parfois, c'est un cas spécial celui-là, il donne l'impression d'être doux, mais pas du tout. Un vrai petit sauvageon qui n'hésitera pas à te rentrer dedans avec délicatesse et sans stress. Bon, il est drôle par contre. Il ne le fait pas exprès d'ailleurs.

Elle s'est esclaffée, puis sa voix douce a prononcé:

— Et toi ?

— Moi ?

— Oui, et toi, qui es-tu ?

— Je n'en sais rien Amber...

Qu'elle m'ait posé la question m'a bouche-bée. Parce qu'à ce moment j'ai réalisé que je n'avais jamais pris la peine de me définir. Le petit garçon qui jouait au foot en bas du bâtiment à cesser d'être "lui" le jour où les King sont devenus ma famille.

— J'ai juste envie d'être un bon frère pour eux. Ils en ont besoin... Côme ne dira jamais qu'il a besoin d'aide, je sais qu'il garde beaucoup de choses en lui et pour être honnête je ne connais même pas le quart de ce qu'il cache. Dove est malade, la mucoviscidose, il peut mourir à tout moment. Là, dans deux heures, dans un mois, seul Dieu sait. On vit dans la peur qu'il disparaisse mais personne n'en parle jamais. Et puis Sage... c'est un petit con, mais il se détruit avec une rancœur qu'il n'arrive pas à articuler.

La balançoire m'a légèrement transporté.

Une petite brise s'est collée sur ma peau. Je n'avais pas vraiment envie de parler de mes frères avec Amber, mais j'ai eu l'impression que c'était important pour elle de l'entendre et finalement ça m'a fait du bien de dire ce que j'avais sur le cœur.

Honnêtement qu'elle m'écoute m'a énormément touché.

— Tu t'effaces beaucoup pour eux, Robin. Tu sais me parler d'eux mais pas de toi.

Mes yeux sont entrés dans les siens. J'y ai vu une pointe de sérieux. À vrai dire je n'ai pas tout de suite compris sa réflexion.

— C'est ma famille.

— Je le sais, mais je sais aussi que tu les feras passer avant toi, peu importe la situation. Tu mourrais pour eux sans avoir besoin de raison si on te le demandait. Ça se voit...

— Je ne vois pas le mal dans ça.

— Moi non plus, et c'est beau. Mais... tu devrais faire attention à toi aussi. Tu as le droit d'être toi. D'être Robin. Pas juste, Robin le grand frère.

J'ai senti mes sourcils se hausser.

Mon cœur a cogné bizarrement.

Amber s'est levée, son visage me semble apaisé. J'ai suivi le mouvement pendant qu'elle pliait ce plaid gris. Elle me l'a tendu avec un joli sourire.

J'ai eu une folle envie de l'embrasser. Ça m'a presque provoqué un haut-le-cœur. Je ne pouvais pas oser. Notre relation n'est pas assez claire, pas assez intime pour que je me permette quoi que ce soit.

Je sais que je la trouvais un peu trop jolie. Un peu trop intéressante, et puis soyons honnête... elle avait une manière de m'écouter comme personne ne savait le faire et ça me faisait un bien fou d'être entendu.

Compris surtout.

— On y va ?

J'ai hoché la tête, le plaid est passé sur mes paumes. On a quitté ce petit Park d'enfant sous le silence de la nuit. Lentement. Parfois nos regards se croisent et j'ai du mal à contenir mes sourires.

Je me sens extrêmement bien avec elle.

Ma voiture est à quelques mètres, sauf que je sens une pression au niveau du creux de mon avant-bras. Je ne cache pas ma surprise en constatant qu'Amber a glissé sa main sur ma peau.

Putain...

J'imagine déjà le costume que je veux porter le jour du mariage.

Putain de merde... c'est la première fois de ma vie qu'une fille me fait ces sensations-là !

J'ai envie de mettre un costume vert forêt. Je pense que c'est une super idée personnellement ! Je veux qu'Ania marche avec moi jusqu'à l'autel. Ouais... faisons comme ça !

— Eh ? Robin.

Je réalise que je me suis plongé dans un rêve juste en un seul touché.

Purée, respire, t'es bizarre toi.

Ressaisis-toi mon grand.

Nous sommes déjà devant ma voiture. Je la regarde et j'apprécie toujours plus ses lèvres pulpeuses et brillantes. C'est au point ou je ne pense même plus à ce qu'on pourrait faire de sensationnel. C'est au point où j'imagine juste qu'elle et moi pourrions discuter des heures devant un bon repas... discuter de tout, de rien, d'elle, de moi...

Putain...

Je...

Ouais.

— Tu n'es pas obligé de me raccompagner, j'habite à deux minutes d'ici.

Elle me désigne des immeubles au loin.

— Bah putain, je n'aurais jamais pu penser qu'une bêtise sortirait de ta bouche ce soir ! Je suis déçu !

Amber a ricané avant de me dire:

— En réalité tant mieux j'avais la flemme de marcher. J'ai fait semblant pour le côté "courtoisie" mais t'avais intérêt à insister.

Je me suis marré pendant qu'elle a contourné ma voiture pour s'asseoir côté passager.

J'aime un peu trop cette soirée.

Pendant une seconde, je repense à Bouclette. Sur le coup, je l'ai un peu abandonné pour Amber. L'idée de rentrer me rend un peu morose. Parce que si je la trouve en larme. Je ne me retiendrais pas pour faire savoir à Côme que c'est la dernière fois.

Notre voiture déambule seule dans les rues des bas quartiers de New-York. Si je veux, je peux sortir Amber et sa famille de la misère. Ce soir, maintenant. Mais ai-je vraiment envie d'entretenir une femme avec l'argent souillé d'Aaron King ?

Un jour je sais que le sang qui tache nos billets viendrait demander vengeance.

Et ça nous tuera, elle et moi.

Mon cœur m'incite à poser ma main sur la cuisse d'Amber. Elle est surprise mais elle ne me repousse pas non plus, au contraire, la soirée à une ambiance mystique. Un truc flou qui me donne carrément un petit pincement dans le cœur, j'ai juste envie de graver dans ma mémoire la sensation que la toucher me provoque.

Pas besoin d'en dire plus, quand sa main a rejoint la mienne. Je me suis sentie imploser, j'ai retenu ma respiration discrètement pour ne pas lui montrer que je n'en pouvais presque plus de la sentir, elle, son parfum, sa main, même l'odeur de son chewing-gum !

Maintenant... c'était ma Amber.

— T'aurais pu mettre un pantalon plus énorme que ton pâte d'eph', me moquais-je pour détendre l'exaltation de mon cœur.

— J'espère que sous ta casquette tes contours sont impeccables avant de parler de ma tenue Robin, sinon...

— Oh les-.

Je me suis mis à rire. Elle aussi, elle a cette manière de mâcher son chewing-gum, ça l'a rendait autant adorable que peste, et ça, j'aimais un peu trop ça !

J'aurais voulu que le trajet dure un peu plus longtemps !

Mais je suis arrivé devant chez elle, et c'était l'heure pour nous de se dire au revoir.

Le moment est presque intimidant. Le bruit du moteur camoufle ceux de mon cœur quand elle s'approche de moi et qu'un baiser se pose sur ma joue.

J'ai cru avoir quinze ans pendant l'instant où son gloss m'a collé la peau. J'aurais voulu qu'elle ne me quitte jamais.

— Merci beaucoup pour cette soirée Robin...

Sa voix me donnait de sombres idées... et honnêtement j'avais juste envie qu'elle recommence à m'embrasser.

Différemment.

Sa portière qu'elle a ouverte m'a fait redescendre sur terre. Je réalise qu'avec elle je reste souvent bouche bée et c'est un gros problème pour moi.

Je suis descendue en même temps qu'elle à refermer sa porte.

— Amber, attends.

Elle s'est arrêtée devant la porte de son immeuble, mes pas ont rapidement fait le tour du véhicule.

Tout de suite, mes paumes se sont posées sur ses joues, sa peau noire me laisse sans voix et je sais que sa couleur me hantera pour le restant de mes jours tant elle est belle et rare. Son visage ovale m'a analysé surpris. Mais moi j'ai baissé les yeux sur son gloss brillant, j'en voulais plus. J'en voulais davantage alors j'ai scellé mes lèvres aux siennes.

J'encule mes doutes, parce que je sais que ce que je ressens c'est réciproque.

Et rien qu'à la réponse de ses lèvres passionnées contre les miennes, ses mains contre mon torse, je savais que je ne me trompais pas. J'ai peut-être froid, mais à l'intérieur, je brûle quand nos langues se font le court.

J'apprécie son odeur, son bonheur, tout ce qui fait d'elle Amber.

Je crois que je souris quand je profite d'elle. Mes yeux sont endormis, mais le rêve n'a pas besoin d'image. Juste cette sensation de la posséder, de sentir qu'elle me touche et qu'elle apprécie.

D'aimer.

Pour la première fois de ma vie.

D'aimer une femme, et penser le mériter. Penser y avoir droit. Et c'est tellement bon de recevoir ce profond bonheur.

À mon initiative, je fais mourir ce baiser, parce que j'ai besoin de la regarder. Je la sens brûlante. J'aime son maquillage chargé, ses faux cils, le brillant qu'elle met sur ses joues et son nez plat. Elle est différente Amber. Il y a un truc chez elle qui captive l'entièreté de mon attention, de mon corps, de ma tête. C'est ma Amber, et c'est ce qui fait d'elle un être encore plus unique.

— Tout le monde doit savoir que je suis amoureux de toi Amber, articulais-je sans me contrôler.

La façon dont elle a plissé les yeux pour me sourire... elle était là ma réponse. Mon ventre est littéralement entré en éruption.

— J'ai presque l'impression d'être dans un film là, murmurais-je.

— Il ne manque plus que le bouquet de roses qui tombe sur un sol mouillé par une pluie torrentielle, me répond-elle en passant sa main sur ma nuque.

— Ouais... avec une petite musique country en fond...

— Il ne me reste plus qu'à te murmurer "embrasse-moi grand fou", avec un gros plan caméra.

J'ai explosé de rire. Elle aussi, nos yeux se sont plissés mutuellement, je sens son ventre se crisper sous mes paumes.

La réalité c'est qu'il faisait froid à en trembler, j'ai le goût de son chewing-gum ananas sur ma langue et certainement un peu de son glossaire sur mes lèvres.

Mais c'était notre film à nous et franchement pour moi, tout était parfait.

— Tout le monde doit savoir que tu es la personne la plus gentille sur terre. Que ton cœur est plus gros que le soleil. Tu mérites d'être aimé, sincèrement, Robin.

Je l'ai regardé perplexe, pas sûr de tout comprendre mais elle m'a articulé ces quelques mots:

— Et j'ai envie d'être la première à t'aimer comme ça.

Là, mon cœur a explosé dans ma poitrine. Je crois avoir soufflé pour respirer correctement. La joie m'a inondé, c'était même plus fort que ça ! Le sourire que j'avais pouvait en témoigner !

— Maintenant, c'est ton pied, mon pied, tu comprends Amber ?

Je lui ai proposé mon petit doigt. Elle a approché le sien et l'a scellé au mien avant de me serrer contre elle au point où notre promesse dans nos mains cognait contre nos cœurs.

— Ton pied, mon pied Robin.

Peut-être qu'émotionnellement j'avais quinze ans... amoureusement, c'était comme j'avais passé des siècles à l'aimer.

Et ça... c'était suffisant pour continuer vivre.

L'étreinte à durée quelques longues minutes pendant lesquelles j'en ai profité pour poser des baisers sur le haut de son crâne.

Elle m'a donné un dernier bisou sur la bouche avant de me laisser devant la porte de son hall. Je l'ai regardé partir.

Un sourire de guignol en coin.

Après trois ans... j'avais enfin trouvé cette paix que je cherchais en fuyant New-York pour Chicago. Je voulais juste avoir cette personne.

Qui me rappellerait que j'ai le droit d'être moi.





🂡





Les portes de l'ascenseur ont fait moins de bruit que ce que j'aurais pu penser.

J'ai dû mal à camoufler ma joie sur ma face, mais je suis surpris de ne pas voir Côme assis sur le canapé de son salon. Le vide de la pièce m'a fait appréhender ce que j'allais découvrir en me menant vers les escaliers.

Ma veste en cuir pend sur mon bras.

Mon état passe de la joie au stresse. Parce que je ne sais pas ce que Côme a derrière la tête. Je ne sais pas non plus à quoi il joue. Pourquoi il le fait...

Quand je pousse la porte de sa chambre. Je suis étonné de ne pas être surpris par le même spectacle d'il y a quelques nuits qui se défile sous mes yeux...

Un peu embarrassé de pénétrer leur intimité de cette façon, je me gratte la nuque en pinçant mes lèvres.

Son visage est littéralement enfoui dans la poitrine de Mariposa, ils ont l'air de dormir comme des bébés tous les deux. À les regarder, j'ai presque la sensation qu'ils s'étouffent mutuellement tant ils se serrent très fort l'un contre l'autre. Une sorte de fusion entre deux petites âmes meurtries... L'image me donne l'impression qu'ils sont effrayés que l'un parte, et que s'ils le font, ça déchirera l'autre...

Ils sont dans leur monde. Et même si ce petit univers se déchirait, je sais qu'ils resteraient tous les deux.

Et le savoir rien qu'en les regardant dormir ça me fait détourner le regard.

Je n'ai jamais vu le visage de mon frère aussi apaisé dans son sommeil. J'ai presque l'impression qu'il est... comblé. Je l'ai connu avec ses crises de panique, ses cauchemars, sa peur, ses hurlements pendant la nuit... jamais en paix comme ça.

Je décide de quitter la pièce.

La vue de cette image me retourne l'estomac.

Putain... Côme qu'est-ce que tu fais ?

Tu joues, ou...

Qu'est-ce que tu fous ?

J'aimerais tellement qu'il se confie à moi. Parce que je suis sûr de pouvoir l'aider à mieux comprendre...

Mon corps s'enfonce dans le canapé.

L'image me fait tellement froid dans le dos que j'en oublie presque que ma soirée s'est passée beaucoup mieux que ça.

J'ai envie d'appeler Amber, me changer les idées, mais je suis obsédé par Côme et l'image que je viens de découvrir de lui.

Je m'interdis de le laisser détruire cette fille. Je ne veux pas être témoin de sa souffrance. Et comme je ne sais pas ce qu'il fait, j'ai besoin d'avoir une discussion avec lui.

Pendant une seconde j'hésite à aller le réveiller. Mes yeux se posent sur l'horloge du salon. Nous partons pour la Sicile à sept heures du matin. Il est trois heures.

Et puis... finalement je renonce à l'idée d'aller le réveiller, parce que je me dis qu'il dort enfin... je n'arrive pas à ne pas m'en réjouir. Le sommeil de Côme est catastrophique, ça impacte beaucoup sa santé, ses humeurs, sa paranoïa... Il ne consultera jamais pour se soigner. En réalité il ne dort pratiquement pas. Il doit être aux anges d'y arriver avec Mariposa. J'en suis sûr.

Et puis merde, ce sale fumier à beaucoup trop de chance à mon goût ! Et puis d'ailleurs comment elle a accepté ça ?

Putain...

Je tourne la tête quand j'entends des pas dans les escaliers. Parfait ! Je découvre Côme se frotter les yeux, le visage vraiment endormi.

Putain de fumier.

Il a enlevé son pull, je suppose qu'il a dû mourir de chaud dans ses bras.

Ses pas lents le mènent dans sa cuisine. Ce petit con ne m'a même pas vu carrément.

J'entends la porte de son frigidaire s'ouvrir. Mon frère ouvre une bouteille d'eau, sa grosse gorge se fait entendre d'ici. Je me contiens pour ne pas l'insulter lui et tout son arbre polonais.

Je ne sais pas pourquoi ça m'énerve autant.

Enfin... si je sais...

Je sais que je la défendrais s'il déconne, et je n'ai pas envie de perdre mon frère, mais je ne veux pas qu'il lui arrache les ailes. Je sais que je ne supporterais pas de la voir se faner pour lui.

— Tu dors bien toi hein, crachais-je sans me retourner vers lui.

Je n'ai même pas besoin de le regarder, d'un coup une toux sèche résonne dans le silence de sa maison. Il s'est étouffé en buvant:

— C'est ça étouffe toi bien petit con.

— Oh wow !

Il tousse encore, je crois qu'il rit nerveusement en même temps mais sa quinte de toux l'empêche de procéder normalement.

— Wow ! Mais tu n'as pas d'autres choses à faire que te cacher dans le noir sale dupek ?

Il a refermé son frigo. Dès que je l'ai vu apparaître dans mon champ de vision avec sa foutue bouteille d'eau, j'ai su que j'étais prêt à l'enchaîner:

— Assieds-toi deux secondes Côme, on va discuter toi et moi, dis-je en tapotant la place à côté de moi sur le canapé.

Il a ricané.

Sur le coup je hais cet impoli de polonais !

Mon frère n'a même pas daigné à me répondre, il m'a fait un signe d'au revoir de la main avant rebroussé chemin vers ses escaliers en continuant à rire de ma remarque. Non seulement il s'en battait les couilles mais en plus je savais qu'il allait continuer sa nuit dans le plus grand des calmes:

— Tu vas où ton gros pantalon ?

— Tu as vu l'heure qu'il est Robin ? T'es un fou ma parole, appelle ta mère pour en discuter.

Il a continué à monter ses marches et surtout à me répondre dans son putain de rire narquois qui m'a toujours fait péter les plombs.

— Côme, je suis sérieux là !

— Mais je m'en tape de ton sérieux. Bonne-nuit, père.

— Côme putain ! Deux secondes d'attention c'est tout ce que je demande !

Il s'est enfin arrêté.

Son sourire aussi s'est fané. Il a refermé sa bouteille, et quand ses yeux se sont plissés légèrement j'ai compris que maintenant il répondrait à la provocation au besoin.

Il allait me faire perdre mes moyens ce soir je le savais déjà. Ses pas ont redescendu avec détermination les marches. Mon frère s'est approché de moi, il a trouvé place plus loin sur son canapé.

Et ses yeux ne m'ont pas lâché.

J'ai eu envie de lever les yeux au ciel, en fait je l'ai vraiment fait juste pour faire plaisir à ce couillon de première j'ai détourné le regard.

Youhou, tu es content tu as gagné une bataille de regard, tu veux une sucette Côminette ?

— Oui, je suis très content Robinette, merci. Alors c'est bon tu as finis ? C'est scandaleux comment tu m'ennuies déjà.

— Cool, et tu joues à quoi ?

— Il est quelle heure Robin ?

— Tu ne te fous pas un peu de ma gueule par le plus grand des hasards toi ?

— Aaah... donc, si j'ai bien compris, je suis sortie de tes fesses grasses du coup ? Parce que je dois te rendre des comptes pour quoi faire ?

— Et ça va tu dors bien avec Mariposa ?

— Super bien ! Je passe des nuits de folies mêmes, tu vas me le demander combien de fois ?

Je ne pensais pas qu'il allait me répondre avec autant de tact. Pendant une seconde il m'a bouche bée. Je l'ai salement toisé, et sans surprise, il n'était absolument pas impressionné et pire encore, il m'a l'air très ennuyé.

— Tu m'as l'air tellement con là Côme...

— Bon ! Bonne-nuit, je préfère le son de ta voix quand tu fermes-ta-gueule.

Il allait se lever ses fesses se sont décollées du canapé mais j'ai prononcé:

— Donc, quoi, elle te fait de l'effet ton Papillon ?

Finalement son mouvement a cessé, il est resté en position squat deux trois secondes avant de s'asseoir de nouveau. Il a arqué le sourcil pour finalement les froncer, ses yeux se sont plissés également, j'ai ressenti instantanément cette rage qu'il n'arrive pas à contenir. Il fait monter ma tension à moi aussi mais c'était hors de question que je me laisse emporter maintenant:

— Et pourquoi tu ne rentrerais pas chez ta grosse daronne Robin ? Elle a plus assez de prétendantes nigériennes pour toi donc tu casses les couilles aux gens ?

— Mais plus sérieusement, tu n'as jamais honte de tes bêtises qui sortent de ta grande gueule ?

— Oh la la, bon ! Tu vas t'en remettre ne t'inquiète pas. Je déteste qu'on me fasse chier comme ça à des heures pareilles.

Il s'est levé, emportant sa putain de bouteille d'eau:

— Donc là tu ne vas pas me répondre petit-frère ? Et quoi, tu dors avec elle combien de temps, tu vas forniquer avec elle aussi ? Et après, tu vas lui tirer dessus en pleine tête là ?

Ma colère a parlé pour moi. Je ne voulais pas parler d'elle en ces termes mais il m'énervait plus que prévu avec sa putain de condescende j'avais envie que ça disparaisse et qu'il me répondre sérieusement pour une fois:

— Parle encore de ses fesses ?

Un rire nerveux m'a échappé quand il s'est approché de moi. Je voyais la haine se matérialiser sur son visage, je prends un risque en le provoquant:

— Il t'arrive quoi ? C'est une menace ?

— Bien-sûr Robin, que c'en est une. Donc je t'en prie, parle encore de ce que je peux faire de ses fesses pour voir ?

— Côme explique-moi ça te dérange pourquoi ? On s'en fout non, puisque tu la détestes, tu veux la buter il me semble bien. À la base c'était ça ton plan ? Tu ne la cherchais pas pendant deux ans pour ça ? Je suis dans tes merdes pour ça non ?

— Mais si je t'ai dérangé, va te faire enculé Robin ?

— Ouais, ouais, ouais, j'irais si tu veux, mais je veux juste savoir tu joues à quoi avec elle ?

— Et après ? Tu vas faire quoi de ce que je te dirais ?

— Non, répond pour voir s'i-te-plaît, c'est pour un copain à la fac.

— T'es trop marrant mon frère, prononce-t-il blasé, ha ha ha.

— Bah, puisqu'on se marre bien ici apparemment, qu'est-ce que tu attends pour me répondre ? On va tous rigoler avec toi ce soir.

— Donc je répète, je suis sorti de tes couilles moi ? Pour savoir l'heure à laquelle je dois te rendre des comptes.

Eh !? Je me contiens pour garder mon calme avec toi et tu joues au plus con, ne me fais pas chier Côme. Tu vas faire quoi avec elle ? Parce que tu ne vas pas la tuer Côme. Ça, je te le promets, je te l'ai déjà dit.

Il a ri nerveusement. Un son détestable, je le sens perdre son sang-froid.

— C'est toi qui vas la protéger de moi Robin, m'a-t-il demandé d'une voix menaçante.

— Je devrais ?

— Tu pourrais ?

— Qu'est-ce qui se passerait si je le faisais ?

— Essaye.

— Quand t'es-tu désigné comme son protecteur Côme ? Et pourquoi tu ne veux pas que je l'approche ?

Le vent de nervosité qui cisaillait ses traits est lentement parti... Il n'a pas la réponse à cette question.

— Donc... elle te fait de l'effet ?

Il n'a pas répondu, il m'a juste fixé. Mais je n'ai pas su ce que ce regard signifiait...

— Qu'est-ce que tu fais avec elle alors ?

— Le jour ou j'aurais besoin d'une meilleure copine pour en discuter tu seras le premier que j'appellerais en attendant ce n'est pas le cas. Donc ta frustration de dupek Nigérian de mes deux tu l'avales et tu ne me donnes pas des migraines à trois heures du matin.

— Et quand tu fourres ton gros front de polak dans ses seins ce n'est pas le sujet de discussion de l'année ça !? Mais t'es culotté ma parole ! Bordel Côme tu es trop bizarre toi comme type ! Je ne te crois pas, tu ne vas pas la tuer !?

— Mais-.

Réponds putain !?

— Tu rentres quand chez toi ?

Tu vas la buter ou pas Côme !?

— J-.

Il s'est arrêté, net.

Plus rien n'est sorti.

Le silence s'est abattu dans son salon plongé dans la nuit. J'ai regardé droit dans les yeux de mon frère pendant une minute peut-être.

Et une minute c'était énorme.

Il m'a fixé avec de grands yeux. J'ai eu l'impression de l'avoir piégé. Mon cœur bat tellement vite là, je crois même que mes doigts tremblent un peu. J'ai peur de sa réponse en réalité, j'ai peur d'être déçu !

— Est-ce que, oui, ou non Côme tu prévois toujours de la tuer ?

Il a dégluti.

Et le silence en disait long.

Je sais qu'il ne ment plus depuis qu'il a six ans. Il préférera se taire, ou dire la vérité. Alors si ça ne passe pas, c'est que j'ai ma réponse.

Mon cœur se soulève bizarrement. Je sens mes yeux se plisser pendant que je continue à l'observer.

J'ai l'impression de ne pas reconnaître mon frère:

— Tu ne le feras pas... hein.

Je me suis mis à rire. Mon dos s'est même affalé sur le canapé.

Une expiration de soulagement m'a échappé:

— Et pourquoi, demandais-je en me redressant, parce que tu dors bien avec elle ? Tu aimes bien ça hein ! Hein sale petit déchet.

Il s'est rassis tout seul, comme le grand garçon idiot qu'il est. J'avais l'impression qu'il était dans un état de surprise. Moi j'ai eu du mal à arrêter de rire.

— Côme, honnêtement... la balle que tu as prise pour elle là-.

— Attends.

Je l'ai regardé en fronçant les sourcils:

— Ferme-ta-gueule pour voir dupek.

Un nouveau sourire a étiré mes lèvres.

— Tu ne veux pas m'entendre ? C'est bizarre hein ?

Il m'a regardé de nouveau. Parfois Côme m'a l'air tellement perdu quand il faut éprouver des sentiments humains. J'ai l'impression qu'il faut tout lui dire pour qu'il comprenne de lui-même.

Il est perché sur son trône et il ne voit que son point de vue, alors je peux comprendre que sa réalisation du soir le perturbe. Je me retiens de rire pour être honnête. La tournure de cette discussion est encore plus palpitante que ce que j'aurais pu imaginer !

— Alors... dis tout à ton grand frère préféré, ça te fais quoi de dormir rassuré ?

— Mais tu cherches quoi toi ?

— Tu sais que si tu me parles Côme tu ne vas pas mourir ?

— Et je vais te raconter quoi exactement ? Il n'y a rien à dire. Ouais, scoop du jour, je dors pépère avec elle et après ?

— Comment tu te sens ? J'sais pas ça fait moi.

— Mais pourquoi tu ne demandes pas à ta petite maman comment elle elle va ? C'est sûr qu'elle va t'occuper toute la nuit elle.

— Tu parles de ma daronne pour fuir la discussion mais ça n'enlève en rien que ça fait dix-neuf piges que tu n'as jamais réussies dormir sans te réveiller en hurlant, en sueur, ou même en ne te réveillant pas du tout paralysé par ce que tu vois toutes les nuits. Donc ça doit bien te faire un petit truc sympa dans les couilles petit clébard de merde ?

— Ouais, je dors super bien, me nargue-t-il en haussant parfois des épaules, voilà, ça me fait vibrer de dormir avec elle, c'est dit, et après ? Il va se passer quoi ? Innove dans ta réponse que ça m'évite de te péter la gueule.

— Tu ne comptes vraiment pas faire d'effort ? C'est ta chance là, tu ne t'en rends pas compte...

Il a soufflé d'agacement.

— Ma chance de quoi, mais lui-.

Il a nerveusement explosé de rire:

— Je te promets que je m'ennuie grave la Robin. La thérapie est terminée ? Rembourse mon temps parce que j'en ai perdu.

Ce semblant de rire ne me fera pas croire qu'il ne craint pas ce que je pourrais prononcer, à sa place j'aurais réagi de la même façon:

— Donc, tu ne vas pas la tuer. J'en suis sûr maintenant. Tu dors très bien avec elle... tu prends même des balles pour elle, tu la protèges... Même mois on dirait que je n'ai pas le droit de trop l'approcher. Tout ça, Côme ?

— Tout ça. Et ?

— Tout va bien dans ta vie toi ? Tu n'as rien à dire ?

— Oui tout va bien merci.

— Tu te rappelles d'Amber ?

— Hum.

— Tu vois, j'étais avec elle aujourd'hui j'ai compris un truc, c'est qu'il y aura toujours une personne pour t'aimer plus que les autres ici-bas. Et qu'avec elle, tu auras l'impression d'avoir passé des siècles à l'aimer.

Il n'a rien répondu, mais rien qu'à son regard je savais qu'il mourrait d'envie de me poser plein de questions pour mieux comprendre ou je voulais en venir. Sa curiosité me faisait rire intérieurement mais j'ai décidé de ne pas en dire plus parce que je sais qu'un jour il viendra me demander de lui expliquer.

— Mariposa est la première personne de ta vie à t'estimer comme ça.

Côme s'est figé. Le choc dans ses yeux m'a transpercé au point où sa surprise a été un choc pour moi aussi.

Il ne s'attendait absolument pas à ce que j'articule ces paroles-là. Et je vois que ça à crée un truc explosif dans son cerveau.

— Un jour... j'espère pour toi Côme... que tu aurais l'impression d'être toi avec quelqu'un, et ça te donnera cette sensation d'éternité dans ses yeux et-.

— EH ! Je ne plaisante pas avec toi Robin, me coupe-t-il, oh, il t'arrive quoi là ? Ne redis plus jamais des merdes pareilles ! Je ressemble à Shakespeare là ? Tu vas me faire des poèmes aussi. Mais tu es un gros taré toi ! Je dors très bien, et ça s'arrête là. Allez va te faire foutre toi !

Il s'est levé avec colère.

— Dupek va ! Il est malade lui. Il est malade ce mec !

Honnêtement j'ai eu un grand sourire sur le visage.

— Tu as le droit d'être considéré Côme. Je dis ça, je ne dis rien.

— Dis rien !

Je sais qu'il voulait fuir. Il a fini par s'éloigner de moi en me fixant d'une façon noire. Pleine de haine.

Parce que Côme ne veut pas être sauvé.

Côme veut qu'on le brûle.

— Tu veux qu'on te déteste. Mais ça te rattrapera plus vite que prévu mon frère. Ce jour-là, je serais là pour toi. Ne t'inquiète pas.

— Occupe-toi de ta mère.

Il a monté les escaliers. Très rapidement.

J'accepte la réponse.

Mais, ce soir moi j'ai compris que j'avais aussi le droit d'être moi.

Peut-être devrait-il y songer...





🂡






MARIPOSA.






— Il a dit que tu ressemblais à ta mère.

Je suis restée toute seule à l'école.

Je ne voulais pas parler anglais. Avec ma maman, on parlait toujours en espagnol.

Tout le monde a dit que moi j'étais bizarre. Parce-que j'étais timide, et que je n'arrivais pas à parler.

— Pff... tu ne ressembles en rien à cette sorcière ! Tu es ma fille ! À moi !

Heureusement que mon grand frère a dessiné plein de jolis papillons sur le plafond. Et puis, il me laisse dormir en haut sur notre lit superposer.

— Si tu en parles, Albane... des gens viendront dans la maison de ta mère.

Je pince ma bouche. Le contact du froid contre ma peau me donne déjà plein de cauchemars.

La dernière fois, mon papa m'a frappé tellement fort que j'ai dormi pendant beaucoup de temps. Je n'ai même pas pu voir Stella à cause de ça...

— Tu sais ce qu'ils lui feront ? Si tu parles à quelqu'un de notre petit secret ?

C'est la seule qui parle espagnol avec moi.

J'ai secoué négativement la tête. En fixant les papillons sur le mur.

— Ils viendront lui couper la tête.

J'ai eu très mal dans le cœur quand mon papa m'a dit ça de ma maman. J'ai commencé à renifler, mais je ne voulais pas pleurer.

— Je t'interdis de pleurer ! Tu as compris !

Je suis gênée, parce que je n'ai pas d'habits.

Je crois que ce n'est pas bien.

Que mon papa fasse des choses comme ça ? En fait il m'a dit que tous les papas ils font ça parfois. Parce qu'ils aiment leur fille. Et que c'est pour les protégés de la planète.

C'est ce qu'il m'a dit.

— Laisse-moi faire...

Je ne voulais pas qu'il me découpe la peau. Parce que je n'aime pas... ce n'est pas joli. Je déteste les bobos. Et ça fait très mal, je n'arrive pas à dormir après.  Et puis mon papa il me regarde partout. Et ça me donne envie de pleurer très fort.

— Albane, tu le sais. Tout ce que j'ai fait... pour toi, pour Mabel. Je le fais pour vous !

Il va me découper.

Le hurlement qui m'a échappé m'a fait mal à la gorge.

— Aller, aller, eh ! Ouvre les yeux ! Ouvre !

De toutes mes forces, j'ai poussé devant moi les yeux crispés ! J'ai tout fait pour qu'il ne me touche pas ! Je sens une douleur immense sur mon ventre. Un truc écœurant qui me donne la nausée !

— Je n'ai pas pleuré papa ! JE TE LE JURE !

— Mariposa ! Putain ! C'est Côme ! Ouvre tes yeux putain ! Ouvre tes yeux ! Ouvre tes yeux !

Je suis sûre de l'avoir frappé. Je sens une présence sur mon corps. Je sens qu'on me claque les joues avec vigueur. Des larmes chaudes inondent mes yeux. J'essaye de me battre et de les retenir quand mes yeux se plissent.

— Je n'ai pas voulu pleurer ! Je te jure ! Je n'ai pas fait exprès ! Je te jure ! Je te jure !

Les tapotements s'intensifient sur la peau de mon visage. J'essaye de pousser le plus loin possible le corps de mon père !

— Je te crois, c'est moi ! Trésor, c'est moi ! C'est Côme ! Écoute le son de ma voix. C'est ma voix à moi. Il n'y a que moi. Sort de ce souvenir !  

J'ai fini par écarquiller les paupières. Ma respiration haletante, j'entre directement en collision au beau milieu de ce vert. Je plonge dans la nature. L'impression d'être entourée par une forêt apaisante, puissante, réconfortante...

— C'est moi... c'est moi Love. Regarde...

Il a l'air de s'être réveillé en même temps que moi. Il a de petits yeux fatigués, et sur son visage je vois des marques rouges causées par les plis de mon pull et des draps sûrement. Son visage affiche une expression qui à l'air de vouloir me rassurer, j'essaye en vain de reprendre un rythme de respiration acceptable.

Ma paume est contre son épaule. Une résistance entre nos peaux se fait sentir, je voulais le repousser à cause de mon cauchemar.

Il n'est pas parti.

— Détends-toi maintenant, respire... doucement.

J'inspire.

Il hoche la tête en haussant légèrement les sourcils comme pour approuver ce que je fais.

— C'est bien, expire.

Les mains de Côme sont posées sur mes bras. Je suis à moitié avachie sur la tête de lit, et lui finit par s'asseoir juste à côté de moi. Il n'a plus son pull. Et franchement j'aimerais enlever le mien moi aussi parce que je me sens brûlante.

La vitesse de mon cœur est en train de me faire halluciner. Je me sens très faible, mes doigts tremblent. Je ne détourne pas le regard pendant qu'il souffle avec moi. J'ai honte de pleurer mais en le regardant ça me fait un bien indescriptible.

Malgré la lourdeur dans mon ventre, malgré ma peur criante dans le cœur, malgré mes angoisses.

Respirer avec lui est l'unique chose qui pourrait me soigner maintenant.

— Donne-moi ta main.

Sa paume m'attend et mon bras se lève presque trop pressé de retrouver la sienne. Une décharge maladive me prend dans tout le corps à son contact. Je pince les lèvres en essayant de retrouver un rythme de respiration normale.

Il a inspiré profondément, au point d'en bomber son torse. J'ai baissé les yeux sur son buste fier et ça m'a fait inspirer moi aussi. Je retrouve ce tatouage... un serpent qui longe son épaule jusqu'à son pectoral, la gueule grande ouverte l'animal menace un petit papillon marron...

Je cesse ma contemplation quand je suis déconcentré par son index et son majeur tapotant tendrement le côté de ma paume.

Il fait comme hier. Un truc immense s'enfonce sous ma peau. À chaque fois qu'il me tapote ça me fait énormément de bien.

Mais il arrête car sa main glisse ma cuisse, mon ventre se creuse, je sens qu'il me demande me m'allonger correctement. Je le fais en essuyant mes larmes.

Côme pose ma main sur sa jambe pliée, il ne dit plus rien mais sa paume qu'il avait laissée sur ma cuisse remonte sur ma hanche, j'essaye sincèrement de réfréner les émotions qui se réveillent dans ce voyage. Mais mes poils se hérissent, je sens mes joues rougir terriblement, et surtout mon corps tout entier se détend.

Sa main vient devant mon visage. Il a les traits tellement détendus et surtout bercés par sa nuit de sommeil que sur le coup je le trouve un peu trop agréable à regarder.

Puis je plisse les yeux, quand il tapote doucement entre mes sourcils. Ça libère une sensation de bien-être sur mon organisme, incapable de résister je fermer les yeux sous ses massages. Comme hier soir, son mouvement se réitère sur ma tempe, sous mon œil, sous mon nez, sur mon menton, mes clavicules et le haut de mon crâne.

Ça dure plusieurs longues minutes.

Il recommence plusieurs fois au point où mon cœur se calme totalement.

— C'était quoi ?

Je finis par ouvrir les yeux, sa voix rauque et matinale me surprend. Honnêtement son petit massage m'a assommé. J'ai envie de me rendormir. Je me sens tellement mieux maintenant... En l'observant, j'ai du mal à croire qu'il fasse preuve d'autant d'attention pour ma personne...

Mon cœur s'est immédiatement resserré dans ma poitrine. Les souvenirs se grises, je ne m'en rappelle déjà presque plus. Mais je ressens tout de même une sorte de honte enfouie.

J'ai enlevé ma main qui était restée posée sur sa cuisse en me redressant, mon dos s'appuie contre la tête de lit pendant que lui se lève. J'ai cru qu'il allait partir mais lentement il s'est tourné vers moi, j'ai replié mes jambes contre ma poitrine.

Mon cœur bat douloureusement. Son corps crée une ombre sur les draps. J'essaye de ne pas me montrer impressionné par sa musculature, je sais que je louche sur son torse mais je suis déconcentrée quand il finit par prononcer:

— Protéger ton paternel ne te sauvera pas de ce qu'il t'a fait.

Je remonte le col de mon pull devant ma bouche.

Ces paroles me font un mal de chien et je ne comprends pas pourquoi:

— Et non, il n'a rien fait pour toi.

— Ton père aussi...

Un haut-le-cœur m'a pris en prononçant ces paroles, il n'a pas compris ma réponse, j'ai tout de suite, je l'ai vu sur son visage. Je n'aurais peut-être pas dû lui dire ça. La soirée d'hier me colle à la peau, et notre nuit à deux aussi. J'ai de plus en plus de mal à contenir mes mots...

— Tu ne sais rien de mon père Mariposa et je suis encore moins en compétition avec toi pour savoir lequel de nous deux possède le meilleur lot de souffrance.

— Il te frappait lui aussi.

J'ai baissé les yeux sur mes genoux en voyant la façon dont ses poumons ont gonflé, j'étais sûre et certaine de m'approcher de la vérité. Je ne sais pas ce que c'était, mais la violence dans le regard de son père moi je l'ai senti et je l'ai vu d'un peu trop près. Rien que de penser au coup de poing qu'il a mis dans l'épaule de son fils m'a hérissé le poil...

Il n'a rien dit... il a juste pris la violence dans le silence...

— Toi aussi tu étais tout seul quand il le faisait ? C'est quoi ton histoire à toi ?

— Et qu'est-ce que tu en aurais à foutre de mon histoire Mariposa ?

— Je pourrais t'en dire autant, qu'est-ce que tu en as a foutre de mes cauchemars Côme ?

— Sauf que moi je peux te répondre et te dire qu'ils te rendent faible, c'est certainement une des choses qui font que tu gardes ta pureté. Et si tu en parles, tes cauchemars te diront où tu as peur et peut-être qu'après ça tu feras tomber ton petit masque.

— Je n'ai pas de masque...

— Alors pourquoi tu n'as pas peur de moi ?

— S-. Si... tu me fais peur.

— Je sais que tu as peur que j'en sache un peu trop sur toi. Je t'intimide, ça, c'est sûr. À la façon dont tu louches sur moi, je pense que je t'excite aussi très certainement, il y a toutes ces choses, mais tu n'as pas peur de moi. Pas assez pour me donner ta confiance la nuit et ta bouche la nuit.

Mon cœur bat tellement vite que mon souffle m'étouffe presque. J'ai cru que la honte allait récupérer ma peau tout entière. Qu'il ose prononcer toutes ces choses me font détourner le regard plusieurs fois.

J'expire discrètement par le nez... je frissonne en essayant de ne pas regarder son corps... et je pense... le problème c'est que plus il parle et moins je me sens en sécurité.

Pas avec lui. Mais dans mon propre corps.

À chaque parole, j'ai l'impression qu'il est déjà dans ma tête, et qu'il va prendre tout ce que je ne veux pas savoir... et qu'il sait déjà... ou pas ? Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête.

— Pourquoi... tu me dis tout ça... ?

— Parce-que tu appelles ton père à chaque fois que tu fermes les yeux. Tu as dix-sept cicatrices sur le ventre que tu caches à chaque fois que tu cauchemardes sur son géniteur. Tu le protèges la journée dans ton silence, et le soir il revient pour toi.

Je ferme la bouche. Une paralysie en moi m'empêche de lui répondre. Un feu me monte dans les joues et sincèrement la douleur que j'ai dans le ventre dépasse tout entendement. Il me creuse à la pelle et ça me fait si mal que je crois que j'en redemande encore. Parce que c'est ça... on aime la douleur tous les deux.

— Toi... toi aussi un jour tu étais paralysé... dans ton sommeil. Je déjà t'ai vu.

— Je fais des paralysies du sommeil, ce n'est un scoop pour personne et rien n'explique ce truc.

— Hn... non, toi tu sais pourquoi tu en fais.

Son regard s'est corsé, je cache ma bouche avec ce pull. J'ai peur de ce que l'on est en train de faire, mais je ne peux pas m'empêcher de lui parler:

— Qu'est-ce que tu vois quand tu n'arrives plus à bouger ?

Il a une manière de prendre son temps avant de me répondre qui me fait languir encore plus de sa réponse:

— De vieux souvenirs.

— Je sais. Quels vieux souvenirs ? 

— Du feu.

— Du feu ? Pourquoi ?

— Parce-que c'est comme ça que ma mère est morte.

La douleur que j'ai ressentie au fond de moi a été d'une déchirure inexplicable. Je ne devrais pas ressentir ça, mais c'est la deuxième fois qu'il me parle de sa mère et c'est la deuxième fois que j'ai l'impression que l'envie de mourir est passée sur son visage.

L'image de sa décomposition s'enfonce un peu en moi. Et j'ai eu horreur de partager ça. Ce sentiment de vide et solitude immense. Même entouré, il n'y a plus personne sur cette planète que vous et vos cauchemars.

— Elle... est morte quand ?

Il n'a pas répondu tout de suite. À mes yeux, il m'analysait de fond en comble.

— Il y a dix-neuf and, quand j'avais six ans.

— Elle doit... beaucoup te manquer...

Je n'ai pas entendu de réponse. Mes yeux se sont rivés devant moi. J'ai posé mon menton sur mes genoux. Une grande tristesse m'a envahi de fond en comble.

— Ma mère... elle vit au Vénézuela, on avait une maison à Palma Solà... je ne sais pas si elle va bien... mais, moi aussi, je ne l'ai plus vu depuis que j'ai six ans. Elle nous faisait tout le temps des torta de piña... c'est un dessert avec de l'ananas et-.

Je me suis arrêté net quand je me suis rendu compte que j'étais vraiment en train de lui parler.

Mes yeux ont retrouvé les siens et le pire a été de constater qu'il m'écoutait vraiment.

L'embrassement dans mon cœur m'a fait ouvrir un peu plus les yeux. J'étais sûre que chaque mot prononcé a été pris en compte et que j'aurais pu continuer à parler... pendant des heures et des heures.

La connexion que j'ai ressentie avec lui en plongeant mon regard dans le sien est absolument indescriptible, mais elle donne envie de livrer des choses qui sont au fond de nous.

Et le pire, c'est que ça m'avait fait tellement de bien de lui parler de ma mère que je n'ai pas su m'arrêter.

Côme à posé un genou sur le lit, son corps s'est approché de moi j'ai vu ses poings s'enfoncer dans les draps. Je me mets à respirer avec un peu plus de panique dans les veines. Sa proximité me fait taire et je me demande ce qu'il me veut exactement. Le sang me monte aux joues, il est à quelques centimètres devant moi:

— Tes souvenirs seront toujours pires que la parole Mariposa.

Cette phrase n'était pas la pire.

Son visage s'est approché du mien, il a posé ses lèvres contre les miennes, une seule seconde avant de prononcer:

Je ne peux pas te partager, Papillon.

Il me l'a murmuré... d'une voix tellement basse, atrocement intime. Mes lèvres sont en train de me brûler. Et j'ai des frissons dans des endroits qui ne devraient pas se réveiller comme ça, de bon matin. Je me sens submerger par son geste ! C'est comme s'il me prenait un peu de moi, pour justifier cette phrase que je n'ai toujours pas compris tant le choc me laisse stoïque sur ce lit.

J'ai la bouche entrouverte quand je le regarde reculer sans détourner les yeux des miens.

"Je ne peux pas te partager, Papillon".

— Prépare-toi, nous partons d'ici trente minutes.

La porte de sa salle-de-bain s'est refermée.

Sauf que moi j'ai trop à partager.








🂡









Vous voyez ça s'est très bien passé cet épisode 🥰...

Je ne vais pas vous Hagar...

Bonne-nuit 😇...

(Juste, merci, pour Valentina, merci, je suis pas en capacité de débiter sur le beats tant la fatigue est à son summum, mais merci 🥺 ! Impatiente de vous voir avec ❤️ !)


Backup Account: ikunafa
𝐢.𝐚𝐦𝐤𝐮𝐧𝐚𝐟𝐚 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦


En espérant que ça vous a plu ? 🌷

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top