CHAPITRE 36: Emprise.

Bonsoir mes pastèques, ça-va? 🌹


Ok, celles qui me suivent sur insta, vous avez suivis mes aventures face à ce chapitre 😭, j'l'ai réécris complètement pour être sûre de bien aimer ce que j'ai écris.


Par contre, je n'ai pas rassemblé le 36, avec le 37, vous comprendrez mieux à la fin du chapitre pourquoi le 37 c'est mieux de l'isoler 😏 !

Bon le chapitre est toujours aussi balaise 🥲, j'essaye de faire des moins longs mais vous me connaissez hein 😬...

On reprends la distribution générale de pop corn pour les kunefettes:




Bien installé ? 

ACTION ! 🎬


Je vous laisse avec la suite ! 🥡


Bonne Lecture! 📖

Xoxo - Iamkunafa. 🍓







🂡

MARIPOSA.





"Je mets mon index sur mes lèvres.

Chut.

Je souris, parce que je lui fais confiance.

Marché conclu.

De petits me mènent devant de mon miroir.

Je me fixe.

Quelle horreur tu es... horrible."






J'ouvre les yeux dans un sursaut.

Mon cœur se soulève sous les palpitations de rêve tout noir. J'ai eu l'impression d'avoir déterré un lointain souvenir... mais c'était un rêve.

J'émerge je réalise que j'ai cédé au sommeil, de toute façon je n'aurais jamais pu lutter contre moi-même, hier soir, j'étais bien trop épuisée mentalement pour me garder éveillée.

Je me retourne sur ce lit, et bon sang que j'aurais aimé que ce lit soit inconfortable, qu'il soit nauséabond et qu'il me donne envie de fuir cet endroit.

Mais au lieu de ça je me retourne pour faire face aux baies vitrées plus loin dans cette chambre noire, je remonte même sur mon cou sa couverture épaisse. Même le tissu de son drap à l'air de coûter une fortune tellement le coton me caresse la peau.

Mon cœur cogne maintenant très fort contre ma poitrine. Une sorte de "boom" régulier, qui pompe mon sang et me fait paniquer. De bon matin, les images de la veille me reviennent de plein fouet.

Ça y est, c'est le moment, mon cerveau décide de tout ressasser.

Je revois, j'entends tout ce qu'il a fait. Et la simple idée qu'il soit la première personne à laquelle, je pense, en me réveillant ça m'indique certainement que je suis entrée de devenir aussi détraquée que lui.

Une boule au ventre me remonte dans l'estomac, déjà pourquoi ça l'intéresse ? Pourquoi ça serait pertinent pour lui de connaître de potentiel partenaire que j'aurais pu avoir ? Je ne voulais pas lui répondre. Mais j'ai eu tellement peur de sa haine dans ses yeux, j'ai vraiment cru qu'il allait me tuer hier soir si je ne lui disais pas.

Mes doigts remontent sur mes joues.

Comme une sensation de le sentir sur moi. Je jurerais que je sens son odeur, enfin, toute cette maison sens son odeur, surtout ses draps en fin de compte, et mon nez s'enfonce dans son oreiller... putain ça me colle juste à la peau...

L'alcool ne lui va pas du tout.

— Oh, pardon !

J'ai tourné précipitamment la tête vers la porte en me redressant légèrement.

Je tombe sur une femme d'une quarantaine d'années, un chignon strict tiré vers l'arrière, et une tenue traditionnelle d'un agent de propreté sur le dos m'a incité à me lever du lit.

Par gêne j'ai même refait la couverture, elle m'a regardé avec de grands yeux estomaquer en restant devant la porte.

— Je peux revenir plus-tard si vous le souhaitez, madame... je suis désolée de vous avoir réveillée.

— Non, non, non pas du tout !

J'ai secoué la tête pour lui dire que non en mettant mes paumes devant moi.

Elle a un trop fort accent de l'est, je n'ai presque pas compris ce qu'elle m'a dit. Mais ses grands yeux verts m'ont impressionné. Elle est mince et petite, je sens que la vie a dû creuser les cernes précoces sur son visage si pâle. Même ses cheveux fins m'ont l'air asséchés. Je ne sais pas pourquoi, mais son image m'a fait du mal. J'avais envie de la prendre dans mes bras, et lui dire que tout finira par s'arranger pour elle...

Elle a hoché cordialement la tête avant de laisser le chariot ménager rouler sur le sol de la chambre de Côme. Je l'ai regardé se baisser sur le dernier étage d'où elle a pris un sac en plastique gonflé. Lorsqu'elle s'est redressée, c'est vers moi que ses pas l'ont mené. Elle m'a tendu le paquet et l'a posé sur mes paumes.

— Ce sont les affaires que monsieur King m'a demandé de vous apporter. Monsieur King vous précise, que vous avez la possibilité d'emprunter la salle de bain de cette chambre, où, celles situées au rez-de-chaussée, cela ne dépend que de vous, madame.

Madame ?

Et monsieur King peut aussi aller se faire mettre éventuellement ?

Mon sang a remonté dans mes joues. J'étais tellement gênée de ses requêtes, sa politesse et sa cordialité... J'ai eu l'impression qu'elle avait peur de moi et à cause de ça je n'ai pas su quoi lui répondre, mais elle est repartie de l'autre côté du lit.

Je comprends mieux pourquoi son appartement est impeccable.

C'était trop beau pour être vrai.

Quoi que...

— Puis-je allumer la télévision, madame ? Monsieur King a pour habitude de regarder le journal télévisé le matin.

Ah ouais ?

Monsieur King regarde le journal du matin.

C'est un papi, ha ha !

N'importe quoi, Mariposa...

J'ai fini par hocher la tête. Franchement à part rester debout droit comme un piquet devant son lit, et la regarder s'approcher de la table de chevet, je ne savais pas quoi faire d'autre.

Elle a tiré le tiroir et en a sorti une télécommande. Ses gestes sont presque cliniques. C'est vrai qu'il n'y a rien de compliqué à allumer une télévision, mais une chose en moi me faisait comprendre qu'elle connaissait cette chambre dans les moindres recoins.

Le son de la télévision m'a fait tourner la tête vers l'objet.

Volume 14. Ni plus ni moins. Une chose en moi me faisait comprendre que ça doit être le maître des lieux, "Monsieur King" qui demande ce volume-là.

Un vrai maniaque, ça devient préoccupant là.

J'ai su que l'on était samedi dix novembre quand la chaîne ABC news s'est affichée. Mon regard se perd un peu sur l'écran et j'écoute les journalistes parler du réchauffement climatique, et comment il allait accroître la malnutrition et le manque d'eau dans les cinquante années à venir.

Sauf qu'en moi, j'ai ressenti un désarroi immense... il est dix heures du matin et la dernière fois que j'ai parlé à Stella... on était en octobre... on allait reprendre la fac juste après les vacances... J'avais un père et une meilleure amie en vie, un travail certes précaire, mais il payait mes factures... j'avais tout en fait...

Qu'est-ce qu'il me manquait pour être heureuse, rien... et je donnerai tous pour retrouver ce que j'ai perdu.

Et face à ma réalité, je me rends compte que ça fait presque un mois que je le côtoie, non-stop.

Quand elle s'est approchée du lit et qu'elle en a tiré la couverture, j'ai articulé sur un coup de tête:

— Comment vous vous appelez ?

Ses yeux m'ont presque fait peur. Ils sont immenses et tellement clairs que j'ai l'impression qu'ils sont transparents et qu'ils me transpercent moi !

— Je suis désolée, madame, je ne suis qu'une femme de chambre, veuillez m'excuser.

Sa réponse m'a surprise. J'ai senti mes sourcils se sont froncés légèrement, je me fichais qu'elle soit une agente de propreté... sa réaction m'a tellement perturbé que mon regard s'est perdu dans le vide. Et cette femme a juste continué de tirer les draps comme si elle n'était rien, qu'elle n'existait pas.

— Vous, travaillez avec monsieur King depuis longtemps ?

Son regard m'a transpercé les côtes.

— Je ne souhaite pas avoir de problèmes, madame.

— Non, non, non, je ne vous veux aucun problème ! Je vous le jure, je ne vous veux aucun mal.

J'ai presque fait un pas vers elle. Mais c'était le premier visage qui n'avait pas l'air de faire du trafic de drogue, ou d'avoir tué quelqu'un au cours des dernières 24h.

— Je... je ne vous veux rien... je veux juste connaître votre nom.

— Je suis désolée encore une fois, madame, je ne pense pas être autorisée à vous parler. Je dois vous laisser.

Elle a continué à arranger le lit.

— S'il-vous-plaît... parlez-moi... je m'appelle Mariposa, j'ai 20 ans... je-je travail-travaillais à Tacos Bell, à Chicago. Je-. Je ne vous veux aucun mal...

J'aurais voulu la supplier de m'aider... Mais j'ai les images de Stella et Kendall. Je ne veux plus être la cause de mort parce que j'aurais voulu que l'on me tende la main.

— Vous devez être la nouvelle compagne de monsieur King ?

J'ai grimacé tellement fort que j'ai vu sur son visage le regret qu'elle à eu d'avoir parlé:

— Veuillez m'excuser, je-je suis vraiment navré, monsieur King est très pointilleux sur son hygiène et la propreté, il ne laisse jamais personne dormir ici. Je pensais-. Excusez-moi, je me suis trompée, madame, excusez-moi.

Elle m'a presque supplié du regard, j'ai tout de suite compris qu'elle ne voulait pas que je le répète. Et ses excuses qu'elle s'efforce de répéter me font comprendre que je ferais mieux de la laisser tranquille. Je vais lui apporter que des problèmes, comme je le fais si bien de toute façon...

Une tristesse infinie m'a prise jusque dans la gorge. J'ai senti une boule dans ma gorge... un sourire faux adressé à cette femme a étiré mes lèvres, car en reculant vers la salle-de-bain je me suis sentie tellement morose.

Et d'ailleurs, lui, où il était ?

Monsieur King...

Ma main a poussé la porte en posant le sac plastique sur l'évier. Je me suis déshabillée tout-de-suite. J'avais envie d'enlever son être de sur moi. J'ai poussé sur mes jambes pour enlever rapidement son pyjama, tirer avec mes doigts pour enlever son pull, son boxer, tout sur moi lui appartenait.

Et j'avais cette sensation que moi aussi.

Je lui appartenais.

J'étais son otage.

J'étais son Papillon.

Il ne me l'a pas dit clairement, mais... c'est ce que je ressentais depuis que nous étions ici. J'avais l'impression d'être sa distraction et sa possession. Je mettais les vêtements qu'il voulait, je mangeais ce qu'il voulait, je sentais ce qu'il voulait, je devais rester dans les endroits qu'il voulait, répondre à ce qu'il voulait, lui donner les secrets qu'il voulait. Et si l'envie de me toucher le prenait, il le faisait aussi.

Avant d'entrer dans la douche, j'ai fait une natte avec ma masse de cheveux. J'avoue que j'avais eu le temps de finir un de ses masques au coco et mes cheveux n'avaient pas besoin d'être lavés ou soignés. J'ai enroulé la natte en un chignon épais que j'ai coiffé avec la cravate que j'ai gardée.

En regardant devant moi, sur le miroir... j'avais honte de moi. De mon corps... Et j'étais heureuse que personne n'ait à voir mon corps... J'ai détourné le regard de mon reflet...

Horrible...

Mes pieds se sont posés sur la céramique fraîche de la douche. Je referme la cabine en grelottant un peu. Ma main pousse le levier de la vanne d'eau. Les gouttes vives qui me tombent dessus sont directement à la température que je voulais. Ça change de ma douche à Chicago, où il fallait laisser couler l'eau cinq bonnes minutes avant qu'elle ne daigne à se réchauffer.

J'ai longuement regardé l'eau ruisseler sur mes doigts. La chaleur de la douche enfumait l'endroit. Et même si je ne voulais pas, ça me faisait un bien fou d'être noyé sous l'eau.

Mes yeux se sont fermés.

Avec les pensées dans le crâne.

Les dernières pensées de mon esprit ont été un mirage que j'aurais préféré qu'il me soit très désagréable. Enfin, il l'était, pour ma conscience... j'ai senti mon front se poser contre le mur de la douche. La honte m'a prise jusque dans les jambes.

Je le sentais contre moi.

Depuis hier soir, depuis ce qui s'est passé hier, j'ai l'impression qu'il était tout le temps là.

Mon cœur accélère à m'en chauffer la peau.

Je me sens gravement honteuse de penser à sa personne, je me sens très mal, une sorte de culpabilité malsaine qui m'incite à rincer mon visage sous l'eau pour éviter mon sang de me monter dans les joues. Son visage s'est tellement approché du mien hier que pour être tout à fait honnête j'ai cru qu'il allait vraiment... m'embrasser.

J'ai d'horribles palpitations, j'ai chaud et le fumé de la douche m'étouffe en plus.

Qu'est-ce qu'il me veut putain...

Qu'est-ce que mon frère a fait pour que je doive subir ça. Qu'est-ce que tu as fait Mabel ?

Une tension maladive dans ma poitrine m'a incité à prendre la fleur de douche noire qui pendait là. En la dirigeant vers le savon, j'ai voulu prendre une première pompe, mais j'ai vu inscrit sur le flacon:

"La chasse aux Papillons" de l'Artisan Parfumeur.

Inutile de préciser que mon visage est resté choqué dix bonnes secondes. J'ai presque eu l'impression qu'il le faisait exprès !

J'ai pompé le savon, en réalité je voulais savoir si c'était ça qu'il sentait.

Et à peine ai-je passé la mousse sur moi que j'ai compris que c'était ça cette senteur que je sentais constamment sur lui. Je ne sais pas quelles étaient les composantes exactes, mais une chose est sûre, je me suis détestée d'avoir été séduite par l'odeur.

Stop.

Stop, Mariposa qu'est-ce que tu fais ?

Eh, réveille-toi !

Je me laisse influencer par son comportement. Je tombe dans un mauvais syndrome, parce qu'hier son comportement était aux antipodes d'un homme que je devrais craindre et redouter. C'était étrange, presque étranglant et oppressant. Il a trépassé trop de barrières que personne n'a osé franchir. Je n'ai pas aimé le sentir serpenter dans la bulle que je me suis créée toute seule.

Ma main sur ma peau s'est empressée de rincer la mousse, j'aimais la voir glisser sur moi pour partir, mais... même malgré ça, il était toujours sur ma peau.

Ma peau sentait Côme.

Et je sentais aussi son odeur, alors encore une fois... ça me donnait cette sensation qu'il ne fait que me posséder plus encore. Que je n'échapperais jamais à sa présence. Qu'il aurait toujours le dernier mot...

La sensation m'a donné un haut-le-cœur, la panique m'a fait rapidement couper l'eau de la douche. Je me suis accroupie en essayant de respirer, l'air ne passait plus dans mes poumons !

Panique !

Respire, qu'est-ce que tu as !

Il m'étrangle !

Je me sens entourée par cette odeur, la nuit d'hier, les nuits contre lui, sentir ses poumons vivre contre les miens.

Sentir ses courbes contre moi... et aimer ça.

Ses mains sur moi, son souffle sur mon nez, contre ma peau, s'enfoncer dans ma bouche.

Pire encore l'envie que j'aie eu d'ouvrir les lèvres quand il l'a fait.

La peur que mes mains n'aient pas réussi à le repousser plus fort que je l'aurais dû.

Que ses doigts sur moi m'aient tétanisé au point où je les sens toujours s'enfoncer dans ma peau des heures et des heures après.

Ses yeux verts sur moi.

Je crois que c'était le plus difficile à supporter.

Parce que je trouvais que ses yeux avaient la teinte de vert le plus unique qu'ils m'aient été donnés de voir, et sa façon destructrice qu'il avait de regarder les choses, c'était comme si une toxine me rentrait dans le cerveau, ça me faisait du mal, et pour cessez le poison, il m'en fallait plus.

Toujours plus de venin.

La douleur me fait un mal fascinant...

Aller respire ma grande !

Respire, calme-toi, il n'y a personne.

Respire...

Mon souffle m'est revenu.

Voilà, doucement...

J'ai repris une immense inspiration en me sentant ridicule et mise à nue...

Avec un peu de faiblesse, mes paumes contre le mur m'ont aidé à me redresser. Je gonfle mes poumons le plus intensément possible. Je le sens à l'intérieur de mon cerveau. Depuis hier, je ne sais pas ce qu'il m'a fait, mais j'ai la constante impression qu'il va me faire quelque chose de pire que la mort. Et plus les jours passeront, plus ça sera de pire en pire.

J'ai déjà l'angoisse et la peur de ce que ça va me provoquer... je préfère qu'il mette fin à mes souffrances que de le croire, quand il me dit qu'il peut faire pire que mon père.

Parce que je sais qu'il me détruira plus que lui...

J'ai pris une serviette, je me sens très stressée. Le coton absorbe l'eau sur ma peau, j'essaie d'essuyer l'impression que j'ai sur moi avant d'enrouler la serviette sur mon corps.

La serviette sent Côme aussi.

En fouillant dans le sac, j'ai vu directement un tissu en velours noir, je me suis doutée que ça devait être un ensemble peau de pêche. Mais juste avant de le sortir j'ai trouvé un boxer qui m'a semblé neuf, et j'es.pé.rais qu'il le soit. Il y avait également une brassière que j'ai enfilée. Puis mes doigts ont sorti un pantalon que j'ai glissé entre mes jambes. Heureusement que j'ai vu un petit débardeur blanc parce que je n'allais pas mettre le gilet sans.

J'ai vu des chaussettes neuves aussi au fond du sac, je les ai mises puis j'ai retiré sa cravate autour de mes cheveux. Mes doigts ont défait la natte, et j'ai détendu mes cheveux en passant mes mains mouillées dedans. J'aurais dû m'en occuper la veille pour qu'ils ressemblent à quelque chose de plus intéressant ce matin, mais avec la nuit que j'ai passé, je ne pense que c'était le moment ni le bon contexte.

J'ai fait ce que j'ai pu et j'ai laissé mes cheveux lâchés. En sortant de la salle de bain, j'ai enroulé la cravate autour de mon poignet au cas où j'en aurais besoin.

J'ai sursauté en plaquant ma paume contre mon cœur quand la porte de sa chambre s'est ouverte:

— Oh je t'ai fait peur, excuse-moi Bouclette, j'aurais dû toquer avant d'entrer.

J'ai expiré un grand coup avant de secouer la tête pour lui signifier que ce n'était pas très grave:

— Comment tu vas ?

Robin est resté devant la porte. Ce n'était pas ma chambre, mais ce respect qu'il a eu m'a vraiment touché en plein cœur... il avait tous les droits d'entrer et d'agir comme si c'était sa maison, puisque c'est le cas en théorie. Mais non, il est juste resté là, dans l'encadrement toujours avec ses yeux emplis de bienveillance...

J'ai fini par hocher la tête positivement.

Non, je n'allais pas bien du tout.

Je venais de faire une légère crise d'angoisse, j'avais peur pour la suite, et la soirée d'hier m'a épuisé psychologiquement et émotionnellement.

— Écoute, Côme est sorti pour la matinée, ça te dit de sortir un peu ?

J'ai haussé les sourcils. La première chose que je me suis dite c'est que j'avais peur qu'en rentrant Côme me tue. Mon cœur s'est mis à accélérer et j'ai senti mes joues rougir d'un coup. Je voulais absolument sortir, mais je craignais trop les conséquences pour oser mettre un pied dehors. Et puis si la police m'attrapait qu'est-ce que je ferais ? 

C'est à ce moment que mon cœur s'est brisé...

En fait je suis effrayé par lui.

Je ne me suis pas rendu compte de l'emprise psychologique qu'il avait sur moi... les bouffées de chaleur et l'angoisse dans le ventre me sont revenues au visage violemment, j'ai senti mon souffle s'accélérer:

— Eh...

Robin est entré. Je ne savais pas quoi dire, mais sa main s'est frottée sur mon bras. Il m'a gentiment rassuré toujours avec ce regard empli de bienveillance. Et il restera toujours ce mystère pour moi.

Je ne comprends pas, comment son cœur puisse être aussi doux, et pas celui de son frère...

— Je serais avec toi, il ne fera rien. Tu n'as rien à craindre. On sort une petite heure si tu le veux, je pense que tu en as bien besoin...

La vérité, c'est que j'étais effrayée.

Mais, il y avait quelque chose en Robin qui m'apportait un réconfort inhabituel. C'était rassurant qu'il soit là. Qu'il me parle, et qu'il veuille me "protéger" de son frère. Et oui, j'avais grand besoin de prendre l'air. Faire une chose normale, respirer calmement et avoir l'impression que rien de ce qui m'arrive n'est réel...

Alors on est sorti de la chambre avec Robin.

Aujourd'hui il y avait de belles éclaircies. Mais j'espérais quand même qu'il fasse froid dehors, je voulais que le vent me glace la peau... sentir quelque chose...

Néanmoins, mon cœur pompait tellement fort dans ma poitrine, en traversant le couloir à l'étage je craignais toujours qu'il apparaisse et qu'il fasse encore sa loi malgré que Robin m'ait prévenu qu'il n'était pas là. 

Mais il n'est jamais venu.

Ni quand nous sommes descendus les marches, ni quand je suis arrivée au salon. Il n'y avait vraiment personne. J'avais toujours le souffle coupé, son mystère me prenait encore plus par les tripes. Je me suis demandé où est-ce qu'il était. Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire à dix heures du matin ? Est-ce qu'il allait nous faire du mal parce qu'on sortait ? Qu'est-ce qui allait se passer par la suite ?

Je n'en ai aucune idée ?

Côme est imprévisible.

J'ai cru que sa présence allait m'étouffer hier. J'ai cru ne plus réussir à respirer à cause de lui. Il est trop... trop pour moi. Et je ne sais pas qui sera suffisamment fort pour encaisser tout ce qui s'émane de lui. Parce que moi je ne peux pas porter ça sur moi.

Enfin, personne ne m'a demandé de le faire, mais quand il est là, j'ai l'impression que je lui dois ma vie et plus encore.

— Tiens.

J'ai levé les yeux vers Robin qui m'a tendu une longue doudoune noire. Je me suis demandé quand est-ce qu'il l'avait dégotée, mais en fin de compte je n'ai pas voulu me poser plus de questions que ça. Et d'ailleurs, je me suis demandé où était la femme de tout à l'heure ? Mais là aussi je n'ai pas cherché à comprendre.

Il y a avait des Ugg marron devant les portes de l'ascenseur. J'ai aussi supposé qu'elles m'étaient destinées alors je les ai enfilés en même temps que les portes de l'ascenseur se sont ouvertes.

J'aurais pu sauter de joie, et me dire que c'est mon moment pour fuir.

Mais honnêtement... j'avais espoir que Robin finirait par convaincre son frère me libérer et me cacher quelque part. J'avais tellement peur d'être enfermée derrière les barreaux d'une immense prison pour femme perdus au milieu d'un terrain vague au beau milieu des États-Unis pour le crime de mon père que je n'avais pas commis que je préférais encore les King à ce destin-là.

Alors ouais...

Ouais, je savais que plus-tard, quand nous rentrerions, je serais encore dans cet appartement.

— J'espère que tu aimes les milk-shakes toi.

La voix de Robin et les portes qui se sont refermées m'ont sortie de mes pensées. Je lui ai souri en hochant la tête. Il m'a fait oublier que je panique, juste en me parlant de milk-shake. Et puis franchement ça faisait tellement longtemps que je n'en avais pas bu que rien qu'à la mention j'en avais vraiment envie.

— Je vais t'emmener dans un endroit, tu n'es pas prête ! Les meilleurs milk-shakes de New York.

Je ne voulais pas dire que cette escapade me rendait heureuse, parce que c'est faux, je n'étais pas heureuse. Mais je ressentais une forme d'apaisement à l'idée de retrouver un semblant de normalité. Comme si je ne faisais qu'une sortie avec un vieil ami pour me changer les idées...

Quand nous sommes arrivés au rez-de-chaussée, les vigiles à l'entrée se sont empressés de saluer Robin.

"Bonjour monsieur Eaton". "La Porsche est prête, monsieur Eaton".

Même cérémoniale qu'avec l'autre détraqué, sauf une différence, c'est que j'entends Robin dire: "Merci Jimmy, et comment va ta femme d'ailleurs, elle a accouché depuis ?"

Et ce "Jimmy" lui répond dans un petit sourire professionnel que ça fait un an déjà, ce à quoi Robin rit en s'excusant puisque ça faisait un moment qu'il n'était pas revenu ici.

Elle est là la différence entre ce rat et Robin.

Je baisse la tête en avançant vers la sortie. Aucune porte n'a été ouverte par mes soins, à chaque étape quelqu'un m'assiste et je trouve ça horrible. Non pas que je rejette l'idée que la richesse comporte certains conforts, ça serait mentir de dire le contraire, mais je sais que ce n'est pas ma place.

Je revois même l'homme qui m'avait gentiment proposé de l'aide à sortir de la voiture la dernière fois. Aujourd'hui son regard sur moi est très froid. Ça ne devrait pas, mais ça me blesse un peu. Je pince les lèvres, j'ai l'impression de lui avoir fait quelque chose de mal.

Il m'ouvre quand même la portière et la referme gentiment.

Quand Robin s'installe derrière le volant, il bâille tellement fort que j'ouvre grands les yeux, il manipule des paramètres sur le tableau de bord:

— Côme déteste quand je fais ça.

Il s'est mis à ricaner, j'ai haussé les sourcils dans un sourire timide en prenant ma ceinture.

Soudain il y a eu un rythme afro qui a retenti, il a augmenté le son en laissant une grimace tirer les traits de ses lèvres, sa tête a suivi le tempo, et je l'ai entendu dire:

— It's your boy Eazi, continue-t-il de chantonner en baissant le frein à main.

Je n'ai pas caché ma surprise sur mon visage et un rire incontrôlé m'a échappé.

— C'est de chez moi ça ! Les boss d'Afrique c'est les Nigérians, personne ne peut me dire le contraire !

Il a mis sa ceinture et son démarrage en douceur m'a rappelé qu'avec Côme j'ai toujours l'estomac qui se soulève avec sa conduite agressive.

— Je dois juste récupérer un mioche, ça ne te dérange pas qu'on fasse un petit détour ?

J'ai un peu froncé les sourcils:

— Un mioche ? Enfin, c'est le...

— Ah non, ce n'est pas le mien, eh doucement Mariposa je suis encore jeune là ! On dirait ma mère !

Il l'a dit de façon exagérée, je me retenais vraiment de rire parce que j'avais passé une trop mauvaise soirée, je ne voulais pas m'autoriser à être joyeuse.

— C'est un petit que j'entraîne à jouer au basket quand je reviens par ici, il est cool, il s'appelle Tyler.

— Ah je comprends, alors, euh, ok ?

Il m'a souri, le véhicule a bifurqué dans une direction, sa bonne humeur me donnait vraiment envie de le suivre dans ses délires. Et puis même s'il était presque 11h heures, on a eu de la chance, ce matin le ciel était vraiment dégagé malgré le temps frais.

Je regarde la route en l'écoutant chanter, il connaît la musique par cœur.

Je ne pouvais pas croire que cet homme soit aussi un assassin...

Et d'ailleurs ça me faisait mal de le savoir. Je rêvais que Robin ait les mains propres... Il méritait d'être pur...

On a roulé, une bonne vingtaine de minutes je crois, parfois il me parlait, mais je crois que c'était moi le problème, je ne répondais pas beaucoup.

Ma tête était avec Côme.

Et mon cœur me faisait souffrir à cause de ça.

Je mords l'intérieur de ma bouche, je me sens tellement ennuyante, et je regrette d'être sortie. Je retiens presque mes larmes et ma tête est tournée vers ma vitre. Je ne veux pas penser à ce sauvage, mais c'est déjà ancré là.

"Je peux te détruire plus que lui..."

"Et ça tu le sais très bien Papillon."

C'est justement ce qui me faisait peur.

"Tu peux encaisser, Mariposa ?"

Est-ce qu'il m'aurait battue ? Lui aussi ? Qu'est-ce qu'il m'aurait fait ?

Qu'est-ce que tu vas me faire Côme ?

J'ai dégluti, un mal de ventre m'a pris tout d'un coup je voulais rentrer chez moi.

Je voulais revoir mon père...

Mon papa...

Je sais qu'il me faisait du mal, je le sais... c'est peut-être mal de n'avoir jamais cessé de l'aimer. D'avoir eu espoir qu'un jour il changerait, et qu'il me prendrait dans ses bras... peut-être, mais mon père me manquait horriblement.

Et Stella aussi je voulais la serrer dans mes bras et oublier tout ça !

— Allô ! Madame ! Madame !

— Ne crois pas Tyler ! Eh, Mari' ? Mari' ?

— Mais elle est bizarre d'abord ! Pourquoi elle respire comme ça !?

— Eh, Abel déjà toi je ne sais pas d'où tu sors, mais on ne parle pas comme ça des gens. Et taisez-vous ! Mariposa, aller respire. Respire...

J'ai entendu la voix d'un enfant s'extasier devant mon prénom, il l'a hurlé "Comment ça Mariposa !? C'est pas un prénom ça c'est du Capri sun !"

Je me suis rendu compte que je respirais très fort. Mon cœur battait tellement fort, j'avais la sensation qu'il était tombé dans mon ventre. J'avais aussi envie de vomir alors j'ai fermé les yeux un instant.

— Madame vous savez, ma mère elle m'a dit, il n'y a rien de mieux qu'un McDonald's pour mieux respirer !

— Un Capri-sun à la pomme hein ! Non, peut-être que c'était pas ça en fait, eh, Robin, c'est quelle Capri sun ?

Robin n'a pas pu s'empêcher de laisser un rire lui échapper, même s'il les a sermonnés, j'ai senti une petite main sur ma cuisse me rassurer. Et quand j'ai rouvert les yeux, j'ai vu un petit garçon me regarder droit dans les yeux. C'était un petit, hispanique, ou peut-être un Arabe, je n'en étais pas sûr. Il avait l'air très inquiet de mon état et ça m'a fait culpabiliser.

J'ai essayé de reprendre un peu ma dignité. J'ai eu honte d'avoir eu une sorte d'angoisse paralysante me prendre devant des enfants.

— Madame, est-ce que c'est parce que vous avez vos règles ?

— Tyler, tu vas rentrer chez toi !

— Non, mais Robin, juste je demande ! Oooooh !

— Je ne rigole pas avec toi Tyler, tu m'as compris, ça ne me fait plus rire là. Je vais le dire à ta sœur comment tu parles toi !

— Pff... je vais lui dire que tu "crush" sur elle moi...

Il l'a marmonné. Robin l'a toisé, et le silence qu'il y a eu nous a tous fait exploser de rire.

— Sale mioche ! Tu vas boire de l'eau du robinet toi !

— Noooon, mais Robineeeuh, s'il te plaît, ok, désolé, désolé je redis plus ça !

— Ferme-la ! Mariposa, tu vas mieux, essayes de respirer un peu... tu veux qu'on sorte de la voiture, enlève ta veste déjà, tu dois mourir de chaud. Allez, viens, on marche deux minutes ?

— Non... ça-va, je suis désolée... ça-va..

— Il n'y a pas de mal, mais tu es sûre ?

Tout en hochant la tête, j'ai essuyé mes larmes, en sentant mon cœur morose et un peu malade. Je ne sais pas ce que mon corps me fait, mais c'est une très mauvaise sensation...

— Et je peux m'asseoir devant alors ? Peut-être qu'elle a le mal de mer ?

— Vous deux, dépêchez-vous de monter à l'arrière, bande d'impolis ! Mal de mer il m'a dit ce gosse n'importe quoi !

Ils se sont plaints tous les deux en s'installant rapidement sur les sièges à l'arrière.

— Et d'abord Robin, c'est ta nouvelle voiture ? Avant t'avais une grosse voiture trop moche.

— Mais quel rat ! Elle est à mon frère ça te pose un problème ?

— T'as un frère !?

— J'en ai trois.

QUOI !?

Ils l'ont sorti en même temps. J'ai souri sans le vouloir, ces deux petits avaient réussi à me faire oublier un moment très stressant.

Et rien que pour ça, je les en remerciais grandement !





__





La clochette du dîner a retenti. Une famille de quatre s'est présentée à l'accueil et Caylie la blonde qui reçoit les clients leur a souri instantanément. Elle dit toujours la même chose "Salut, moi c'est Caylie, suivez-moi."

Il n'y a pas beaucoup de monde.

Ambiance américaine, un dîner aux couleurs traditionnelles, rose et vert pastel. Il manquerait plus que les serveuses se baladent en rollers. L'atmosphère est famille et confortable, j'entends des rires et des potins, les enfants mangent des glaces et les parents prennent le temps de se reposer.

Je m'y sens bien pour être honnête...

On s'est assis sur la table au fond du restaurant. Celle à côté du baby-foot. Abel et Tyler ont tenu tous les deux à s'asseoir à côté de Robin. Je suis donc seule sur ma banquette et Robin est désespéré entre Abel (il est irakien, il me l'a dit dans la voiture) et Tyler.

On attend nos boissons. Enfin moi j'attends ma boisson parce que les garçons n'ont pas hésité à prendre un hot-dog à, avec des frites ET des milk-shakes. Mes yeux se perdent parfois sur le parking d'extérieur devant le restaurant, ou bien sur les clients qui déjeunent joyeusement en famille.

Ce sont les rires des enfants qui me font détourner le regard devant moi. Tyler et Abel sont en train d'agripper la veste en jean de Robin et ils le poussent mutuellement de droite à gauche.

Le regard blasé de Robin m'a fait rire, il a souri avant de leur attraper les mains.

— Calmez-vous là ! Aller c'est bon !

— Rooooh, soupire Tyler, et Robin est-ce que demain tu vas venir au terrain ?

— Non demain je ne suis pas là, désolé les mioches.

— Allez, viens ! S'il te plaît, insiste Abel.

— Non vraiment je ne suis pas là les gars, une prochaine fois, ok ?

Les enfants avaient l'air tellement déçus. J'ai senti mon visage faire une moue légère, ils ont l'air d'aimer Robin à un point que je ne pense pas imaginer. Et puis j'ai compris cet amour quand Robin a posé ses mains sur leur crâne pour les rassurer avec un beau sourire.

— Et voilà pour vous, deux hot-dogs, un végétarien et un à la viande !

Le moment a été interrompu par la serveuse, qui a posé les plats sur la table dans un sourire convivial.

Abel est musulman, il a fermement insisté pour que la viande soit halal. Mais il n'y en avait pas ici. Donc il lui a pris végétarien. Apparemment ils sont excellents. J'avais faim moi aussi, mais j'avais peur de trop abuser de Robin aussi.

— Je reviens tout-de-suite avec vos boissons !

— Hummmm, c'est trop bon !

Tyler s'est jeté sur son hot-dog. Il a déjà la bouche pleine de sauce et j'ai regardé Robin rire en lui tendant une serviette.

— Et voilà pour vous !

La serveuse a déposé mon milk-shake à la fraise devant moi. J'ai salivé rien qu'en le regardant.

D'un coup la nourriture a fait de moi la femme la plus heureuse sur cette planète tout entière. Je souriais toute seule devant la crème chantilly, la petite cerise posée dessus, les vermicelles sucrés rose et jaune saupoudrés par-dessus, j'ai pris ma paille et j'ai entendu Abel nous dire:

— Bon appétit !

On lui a tous répondu. Robin buvait déjà son milk-shake au chocolat.

Mes lèvres se sont posées sur ma paille. J'ai aspiré, en ayant eu l'impression que la boisson a mise des heures avant de se poser sur ma langue. J'ai croisé le regard de Robin, mes sourcils se sont haussés devant la saveur exquise de la boisson. J'ai commencé à lentement hocher la tête en signe de reconnaissance que ouais, c'était bien le meilleur milk-shake de ma vie !

— T'as vu ! Non je savais que je donnais les meilleures adresses de toute façon !

— J'avoue que là, je n'en ai jamais goûté d'aussi bon, riais-je.

— Je suis imbattable en restaurant. J'en connais un Mariposa, il est à Miami par contre, mamamamama, spécialité nigériane tu peux mourir là-bas ! Riz jollof, soupe egusi, poisson grillé, non, je ne peux pas continuer à t'en dire plus c'est trop de souvenirs !

On a tous rigolé avec les garçons, ils ont imité Robin en répétant, "mamamamama".

J'ai continué à boire ma boisson et puis j'ai fini par dire:

— J'aimerais bien goûter les spécialités de chez toi.

— Tu n'as jamais goûté ? Mariposa... tu me déçois beaucoup là !

— Ouais c'est vrai tu rates hein !

— Tyler est-ce que tu as déjà goûté toi avant d'intervenir, et puis essuies ta bouche.

Il s'est marré en croquant un autre morceau de son hot-dog. Abel était plutôt calme, trop concentré sur son hot-dog je suppose qu'il était bon.

— Un jour, je t'y emmènerais, tu verras si les Nigérians ne sont pas les boss d'Afrique.

J'ai ri en buvant une nouvelle gorgée, puis j'ai hoché la tête.

Si c'est une promesse... je ne sais pas pourquoi j'ai envie d'y croire...

— J'aimerais retourner dans mon pays moi aussi.

— Au Venezuela ?

— Ça n'existe même pas ça, intervient Abel.

—  Tu connais ton bled toi déjà !?

— Bah oui ! Moi j'connais !

— Tu ne sais rien du tout t'as douze ans, quels plats il y a chez toi ?

— Bah, je dois demander à ma mère, mais déjà-.

— Voilà, boucle-la !

J'ai rigolé choqué, en abordant un air de fausse douleur sur le visage:

— T'es méchant Robin, non ça se fait pas, prononçais-je.

Abel me faisait trop de peine, même si je savais que c'était pour rire, j'avais envie de le prendre dans mes bras alors que lui-même se marrait. Il s'est mis à secouer Robin qui la saisit par le cou gentiment, il le menaçait de l'étouffer et quand Abel a avalé de travers, il l'a laissé tousser avec un peu de culpabilité. Robin lui a même proposé un peu de sa boisson, je pensais qu'Abel allait dire non, absolument pas, il l'a siphonné ! Ils se sont chamaillés, et franchement Tyler et moi étions morts de rire.

Voir un homme de trente ans se disputer avec un enfant de douze ans c'était formidable.

— Bref, tu disais Mariposa ?

J'ai pincé mes lèvres pour m'éviter de trop rire et ma main à replacer mes boucles derrière mon oreille:

— Je ne te cache pas qu'Ania m'a dit que tu étais aussi réunionnaise, je ne m'y attendais pas.

Ça m'a surpris, sans trop me surprendre en réalité.

— C'est ma grand-mère oui. Mais je ne connais pas bien la culture.

— Ah t'es plus du côté vénézuélien du coup, tu parles espagnol tout ça ? Fin, tu connais un peu ?

— Oui, enfin, je le parle parce que j'ai grandis avec... avec ma... meilleure amie, et sa mère me parlait uniquement en espagnol, c'est ce qui m'a permis de ne pas oublier ma langue.

— Aaaah, putain ça c'est cool par contre ! Tu dois débité en espagnol alors, esta como esta del la casa del papel seniorita.

On l'a fixé. Une minute, il nous a guetté tous les trois. Et au final, le rire de Tyler nous a fait exploser de rire. J'ai eu mal aux joues à force de rire comme ça, ça faisait tellement longtemps...

— Bon... alors, dis-moi ?

J'ai arrêté de rire lentement, la voix un peu plus sérieuse de Robin m'a fait redescendre sur terre.

— Euh... qu'est-ce que tu veux dire ?

J'ai coincé une mèche de mes cheveux derrière une sorte de palpitation anxieuse m'a pris.

— Comment, ça-va ?

Je ne le sentais pas du tout... vraiment. C'était étrange mais Robin je ne cessais de découvrir ses facettes. Et celle-là je ne l'a connais pas...

— Je ne vais pas en parler devant les p'tits, mais je te le demande vis-à-vis de ce qui s'est passé la nuit dernière.

Mon cœur à pompé méchamment sous ma cage.

Il sait ?

Merde !

— Euh... ce n'est pas moi, je n'ai pas voulu ça... je-.

— Je ne te demande pas de te justifier, je sais ce qui s'est passé Mariposa.

Les enfants nous écoutent avec attention, mais ils mangent dans le calme. Je me sens un peu prise au dépourvu autant que j'ai la sensation que c'est une opportunité pour moi de me livrer à quelqu'un:

— Je ne le comprends pas Robin... je ne comprends pas cet homme... et honnêtement, j'ai très peur pour la suite.

Robin à arqué un sourcil. Ça n'a duré qu'une seule seconde mais je l'ai vu et je me suis demandé à quoi il pouvait bien penser. Son dos s'est enfoncé sur le dossier de la banquette et il a expiré:

— Tu le sais, c'est mon frère... mais sur ce coup, Mariposa je te soutiendrai. J'ai envie de te dire de ne pas avoir peur, et c'est une des raisons pour laquelle tout ce qui se passe autour de toi m'énerve, parce que je ne sais pas en réalité si ça ira...

— Qu'est-ce que ça veut dire, demandais-je les mains tremblantes.

— Ça veut dire que mon frère ne dort pas. Jamais. Qu'il peut rester plusieurs jours sans fermer l'œil de la nuit jusqu'à tomber de fatigue... mais crois-moi que ce que j'ai vu la dernière fois c'était une première.

— Robin, je ne te comprends pas... parce que ce n'est pas la première fois qu'il me le fait. J'aimerais vraiment que tu m'aides ?

Je sens mes sourcils se tortiller d'inquiétude, la fait que je n'arrive pas à lire correctement entre les lignes me donne la sensation d'être une idiote profonde.

— À part être là pour toi, quand tu en auras besoin Mariposa, je ne peux pas faire grand chose. Je ne froiserais jamais mon frère, et il le sait.

— Tu pourrais essayer de le convaincre !?

— À ?

Sa réponse m'a laissé sans voix. Une chose en moi m'a fait comprendre que Robin avait l'air de très bien connaitre son frère, peut-être un peu trop...

— Je te le demande Mariposa parce que je pense que tu as dû remarquer toi-même qu'on ne convainc pas Côme. Soit il se fait à l'idée de son propre chef, soit bonne chance pour le faire changer d'avis.

— Qu'est-ce que je peux faire alors ? Qu'est-ce que je dois lui dire ?

— Qu'est-ce qu'il t'a fait à toi ?

J'ai froncé les sourcils, totalement perdue. Cette conversation me faisait encore plus douter de mon espérance de vie future...

— Je-... Il me retient captive ?

— Ça, je le sais, et je ne suis pas innocent non plus sur ce fait là... je veux dire, qu'est-ce qu'il t'a fait ? De personnel ? Pour te blesser ?

Ça devenait psychologique et mystique, j'aurais aimé être dans la tête à Robin parce qu'il y a tellement de non dits et de sous entendus dans chacun de ses mots, je les sens rien que dans sa façon qu'il a de me parler. Il est plus synthétique, un peu plus froid, pas de sourire, juste des réponses, c'est tout ce qu'il attend, et pourtant je ne me sens pas prise au piège, j'ai plus l'impression qu'il ne me veut que du bien...

— Il... m'a insulté... enfin, dégradé...

— Pourquoi ?

— Je-je sais pas... il pense que-... enfin... pleins de choses... je suis désolée je suis très mal à l'aise d'en parler, je suis désolée, bafouais-je maladroitement.

— Je comprends, mais est-ce ça te fais beaucoup de mal ?

J'ai hoché la tête positivement en retenant des larmes salées. Ma gorge se noue en repensant à toutes les insinuations qu'il a fait sur moi. Je prends ma paille et l'enfonce dans mon verre pour me distraire et penser à autre chose.

— Cache-le alors. Cache-le que ça te fais du mal. Sois très forte, Côme aime le défi, mais il déteste perdre par dessus tout. Il sait que je perdrais toujours contre lui parce-qu'il sait que je ne risquerais pour rien au monde de perdre mon petit-frère quitte à ce je sois celui qui en ressorte meurtri, je préfère ça, que de l'abandonner, mais toi, rien ne te retiens.

Ses mots ont résonné en moi bizarrement. Comme si je devais prendre une tangente noire... Et ses yeux sombres m'ont presque intimé que j'allais détester ça... je le sens d'ici, la boule à la gorge qui me serre le ventre, le jeu de fierté, le défi pour faire le plus de mal possible... moi je ne suis pas comme ça. Je ne veux pas être cette fille-là...

— Je ne veux pas jouer pour gagner contre lui... je n'ai rien à remporter...

— Mariposa, crois-moi. Crois-moi, répète-t-il très sérieusement, tu auras tout à gagner, fais-moi confiance, un jour peut-être nous en reparlerons de ça, et tu comprendras. Je sais que ça te fais du mal, mais je sais aussi que tu n'as pas d'autres issues pour le moment...

Et quoi...

J'en tirerais quoi ?

Qu'est-ce que je gagnerais à la fin ? Je serais détruire ? Anéantie ? Parce qu'à mon sens contre lui, je ne gagnerais jamais, et surtout je n'en tirerais que du mal. Ça va me toucher moi, c'est moi qui deviendrait comme lui ? Comme ça ?

Non... je ne veux pas... je ne peux pas faire ça...

— Moi, j'ai rien compris.

— Oh, Cállate toi !

Tyler s'est mit à rire, son intervention venait de mettre fin à notre conversation, en plus, dans un énième acte de provocation il à prononcé:

— Est-ce que tu sais parler ta langue toi-même ? Nous fais pas honte !

Tyler a toisé Robin en plissant les yeux quand il lui a posé la question, j'avoue que ça m'a fait sourire... c'était douloureux, parce que ses mots me sont entré dans le cerveau...

— Mais je ne te dois rien sale morveux, eh vous deux vous aller voir !

Je ne me sentais pas assez forte contre lui.

— Moi j'ai rien fait Robin, s'insurge Abel !

J'ai relevé les yeux sur Abel, il était littéralement en train de finir la boisson de Robin.Un sourire léger s'est esquissé sur mes lèvres... je sais que je devais être forte... pour m'en sortir. Je devais résister encore un peu...

— Oh, mais sale fou furieux, tu bois mon milk-shake tranquillement en plus !?

Juste un peu Mariposa.

— Tu as failli me tuer ! Tu me dois bien ça !

Est-ce que tu peux faire ça pour moi ?

Pour toi ?

Tu peux essayer ?

— Mais je vais les fracasser ces gosses !

On verra... alors j'avale un peu de mon milk-shake, en prenant part au rire de ceux des garçons. Malgré la blessure que je ressens au fond de moi, je ne voulais pas le montrer.

Se cacher hein... c'est ce que je fais depuis des années, c'est juste que Côme, me fait remonter mes démons, et j'ai énormément de mal à les lui cacher.

Je crois qu'on était les clients les plus bruyants de la boutique.

C'est vrai, ça m'a fait un bien fou de rire.

Robin et Tyler étaient encore en train de se battre. Enfin, Tyler essayait de survivre comme il pouvait il n'allait pas faire long feu non plus.

Sauf, que me suis très vite calmée dans mon hilarité quand le téléphone de Robin posé sur la table a vibré.

Tout ce monde de rire, de fraise et de milk-shake est tombé en ruine quand j'ai vu le nom s'afficher sur l'écran.

Il y avait écrit: "Koko."

Franchement, j'ai hésité entre le rire et la crise de panique.

Je savais que c'était Côme.

Toutes les paroles de Robin s'écrasent sur mon cœur, ne rien montrer ? Ne rien montrer, mais je n'arrive pas à cacher ma peur...

Putain, qu'est-ce qu'il voulait:

— Oh, mais qu'est-ce qu'il me veut celui-là.

Robin a regardé son téléphone sonné.

— Tu réponds pas ? C'est pas poli haaaaanlalalaaaa-.

— Boucle la Tyler !

Le téléphone a arrêté de sonner.

— Bon, on disait, reprend Robin.

Ça m'a étonné.

Il n'en a rien à faire lui.

Moi mon cœur m'a brûlé la poitrine à un point insupportable. J'avais déjà peur qu'il vienne.

Tout d'un coup, mon mal de ventre ne me donnait plus du tout envie de boire ce milk-shake. Il venait de tout gâcher encore une fois.

— Marip', ça-va ?

— O-oui, ça-va. Ça-va !

C'est faux.

— T'es sûr, parce-. Oh la la, mais lui-. Oui, allô !?

Robin a soupiré.

— Ouais, on rentre d'ici une heure. Ou deux même, pourquoi ?

J'espère qu'il n'allait pas venir !

Et Robin me demandait d'être forte ? Mais rien que la mention de son nom me rend fébrile...

— Côme, tu sais que la curiosité est un vilain défaut ou pas ?

— C'est quoi ce prénom de papier toilette, chuchote Tyler à Abel.

— Peut-être que c'est une nouvelle marque de frigidaire.

Malheureusement, le mal de ventre qui me guette m'empêche de participer à leur hilarité. Robin leur lance des regards assassins ce qui les calmes immédiatement.

— Bon, tu t'ennuies ou quoi ? On revient dans une heure, c'est bon ?

Robin a mis son pouce et son index sur ses yeux. Il a lentement secoué la tête désespérée:

— On est au Ellen's Stardust Diner.

Mon Dieu non, ne viens pas !

— Ouais c'est ça, sale fan. T'es fan de moi en fait ? Ah ouais, t'es mon petit fan toi !

Les garçons se sont mis à rire. Robin à raccroché, en soupirant son téléphone s'est cogné contre la table.

— Bon, on a un invité surprise les gars, et la fille pardon.

J'ai senti mon visage se décomposer.

— Il ne fera rien, ne t'inquiète pas. Vraiment, ne t'inquiète pas Mariposa.

Sauf que ne le croyais pas. Pas après ce qui s'était passé hier. Mes mains sont déjà moites. J'ai dû les cacher sous la table pour contrôler mes tremblements. J'ai eu du mal à avaler ma salive. L'impression que ses mains me touchent de nouveau, que je sens son odeur sur moi, d'avoir la pression de ses yeux au fonds des miens ça m'a tétanisé.

— Et c'est qui ?

— Attends Tyler, Mariposa ?

— Ça-va, mentais-je sèchement.

J'ai rivé les yeux sur les vitres du dîner. Je n'avais plus envie de parler maintenant.

La vue donne sur un parking d'extérieur. Puis la route. J'essaye de me retenir de ne pas pleurer. Qu'est-ce qu'il allait faire aujourd'hui. Il pouvait tout me faire si ça lui faisait envie ? M'humilier encore ?

Je suis restée perdue, une dizaine de minutes peut-être... j'avais tellement de stresse en moi que je n'ai plus réussi à articuler quoi que ce soit. Mon souffle est lourd et j'ai dû mal à résister à mes maux d'estomac.

C'est la voix d'Abel qui m'a fait sortir de ma transe.

— Alors, c'est qui qui va venir Robin ?

— Mon frère.

— Ton frère !?

— Ouais...

— Et ton frère il a ses contours ? Parce que toi t'abuses TROP Robin. C'est pour ça que tu mets des casquettes ?

Robin a ri:

— Tyler, c'est toi ou c'est moi qui ai payé tes contours la dernière fois ?

— C'est toi mon frère.

— Redis-moi mon frère encore une fois et je te pète la gueule Tyler. Je n'ai pas ton âge.

Il l'a articulé un peu sèchement. Décidément Robin savait faire peur lui aussi quand il le voulait.

— Désolé...

J'ai regardé Robin passer sa main sur le crâne de Tyler en signe de paix. Puis mes yeux se sont tournés vers la vitre.

J'ai sursauté, putain, il a fait vite ! Merde ! Je reconnais sa Bentley.

Mon cœur cognant brutalement m'a dit de fuir aux toilettes, ou quelque part où je pourrais ne pas avoir à subir sa présence ! Des émotions mystiques en moi se sont réveillées et ça, ça m'a empêché de me lever et fuir. Mes fesses sont restées sagement paralysées sur ma banquette. Incapable de bouger j'ai juste fixé la voiture qui me menace.

Je ne voyais rien à cause de ses vitres teintées, mais j'étais sûre qu'il me transperçait déjà les yeux. Peu importe que je le voyais ou pas, c'était comme un frisson qui a hérissé les poils de mon bras.

Un haut-le-cœur a accompagné le mouvement de sa portière quand elle s'est ouverte. J'ai coupé mon souffle en voyant une chaussure sortir, des church couleur marron.

Puis j'ai vu ses mollets, il porte un pantalon blanc, non écru plutôt.

Il a passé la tête hors de sa voiture, non seulement ce connard porte des lunettes de soleil noires sur le nez, mais putain la première chose que je me suis dite c'est que je savais qu'il avait des reflets blond cendré ! Je suis sûre et certaine qu'il était blond bébé.

J'observe, il a coiffé ses cheveux dans une raie latérale, en donnant un mouvement uniforme plaqué avec un peu de gel. De toute façon ils sont courts, il les a juste arrangés pour qu'ils n'aillent pas dans tous les sens.

— Mais ton frère, c'est un white people !?

En refermant la porte de sa voiture, il a avancé avec toute l'assurance de la terre, puis à mi-chemin, il a pivoté légèrement le corps en tendant l'avant-bras pour verrouiller sa voiture. Les rétroviseurs automatiques se sont rabattu lentement et lui a continué tranquillement sa venue parmi nous, pauvres semblables.

Franchement, je n'ai jamais vu, un mafieux en costard clair comme ça. Dans aucun film, aucune série, aucun documentaire, jamais.

Et puis, j'ai vraiment eu l'impression que cet endroit lui appartenait quand il a ouvert la porte du dîner. J'ai dégluti comme si nous devions tous lui rendre des comptes dans les prochaines minutes à suivre, franchement je n'arrive plus à respirer.

Plus il avançait, et moins j'avais assez d'air pour vivre. Je me suis sentie subitement trop petite, trop insignifiante. Toute sa personne transportait une immensité d'aura magnétique. Personnellement, j'avais l'impression qu'il y avait beaucoup moins de bruit, qu'il écrasait, et qu'il écraserait quiconque s'opposerait à sa personne...

Personnellement, je me suis sentie grandement intimidée.

Caylie, la serveuse est venue lui dire bonjour, mais cette fois-ci c'était timide, et elle me paraissait tout aussi impressionnée que moi. Il a enlevé ses lunettes de soleil d'une façon qui m'a donné envie de l'insulter de connard, parce que c'est ce qu'il était. Il ne souriait pas, son visage est dur comme ce que je connaissais de lui dans les débuts de cette histoire.

Là, je comprenais, c'est un King et ça se sent...

J'ai voulu baisser les yeux, mais je ne pouvais pas le faire. C'était irrésistible. Non seulement parce que je voulais analyser chacun de ses mouvements et aussi comprendre pourquoi il donnait cette sensation qu'il contrôlait tout le monde dans ce dîner, et aussi pour voir ce qu'il allait me faire.

Il a hoché la tête pour "répondre" aux salutations de la serveuse, puis sans se justifier, il l'a dépassé.

Mon cœur a fait un bon dans ma poitrine quand il a fait un pas vers nous.

Je ne sais pas où me mettre !

Je dois faire quoi ?

Putain, je dois faire quoi !?

Mon cœur bat dans ma gorge, je sens mon sang me brûler la peau, le stresse remonte dans mes bras, partout sur moi, il marche avec l'assurance d'un homme qui ne tombera jamais.

J'avale à peine ma salive, mais j'ai la sensation d'avoir la gorge sèche quand ses yeux décident de se verrouiller dans les miens. Je me sens finie, morte, et enterrée.

Et là, tous ses mots me reviennent en moi.

La première chose que moi cerveau me dit c'est:

"J'ai vraiment envie de coucher avec toi, Mariposa."

Il a envie de coucher avec moi.

Mais est-ce que moi j'en ai envie déjà ?

Est-ce que c'est une question que je suis censée me poser ? Parce que dans l'immédiat le simple fait de me l'être demandé me révulse à un point inimaginable !

Mais tu es son genre...

Il m'a touché, qu'il se soit tellement approché de moi que j'avais l'impression qu'il y avait une bombe entre nous. Et elle allait finir par péter le jour où nous n'y attendrions pas. Et ça va faire très mal.

Sa main s'est lentement glissée dans sa poche puis a déboutonné le bouton de sa veste de son autre paume.

La couleur beige sable de sa veste se fond parfaitement avec son col roulé taupe clair. Son pantalon écru est toujours aussi finement taillé ni ample, ni près du corps, le bas retombe parfaitement juste avant les chaussures, je n'ai rien à dire. Et encore une fois si ce n'est pas fait sur mesure, je ne sais pas où ils se les procurent, parce qu'ils soulignent parfaitement ses jambes arquées. J'ai presque l'impression qu'il marche au ralenti.

En tout cas il est super détendu pour le connard qu'il est.

J'entends avant de voir dans sa main les clés de sa voiture, et ses lunettes de soleil.

J'aurais aimé être écœurée de cette image.

Mais au lieu de ça, mon cerveau se demande ce à quoi il pensait hier soir dans son dressing.

Est-ce qu'il allait vraiment m'embrasser ?

Pourquoi il ferait ça ?

Ah oui, il veut coucher avec toi ?

Alors, pourquoi ?

Quel sale connard.

Putain... Mais quel connard !

Le bruit de raclement qu'il a fait quand il a glissé une chaise qui traînait à côté du comptoir vers notre table. J'ai été extrêmement mis mal à l'aise, j'avais l'impression que tous les clients nous jugeaient et nous regardaient, mais lui il n'en avait absolument rien à faire.

Il s'est aisément assis, directement sa cheville s'est posée sur son genou, il a posé ses affaires sur la table ça a encore fait plein de bruit et il s'en foutait toujours autant.

Honnêtement il était en train de nous dire de tous aller se faire foutre.

C'est ça un King alors ?

Son dos s'est posé confortablement contre le dossier de sa chaise, il a croisé ses doigts avant de les reposer au niveau de son entre-jambes.

— Wow...

J'ai détourné une seule seconde les yeux sur Tyler. Sa bouche pleine de moutarde est ouverte en un "O" impressionné, j'ai l'impression qu'il a des étoiles dans les yeux.

— C'est lui ton frère !?

Il a laissé son regard jongler rapidement entre Robin et Côme:

— Mais il est tout blanc !

J'aurais voulu exploser de rire, mais je pense que mes mains qui tremblent et l'ambiance plombant que Côme nous a imposée soient des facteurs suffisant pour m'en empêcher.

— Bon bref, intervient Robin, salut Côme, c'est bon tu es content tu as fait ton show ?

— Tu comptais me le dire quand que tu sortais ?

— Euh... maman c'est toi, ironise Robin.

Les gamins ont explosé de rire.

Mais franchement, le regard de Côme les a calmés tout-de-suite, ils m'ont fait trop de peine.

— Tu veux un milk-shake, un truc à te mettre sous la dent, on est en mode détente là tu auras tout le loisir de te dépenser avec ton père demain.

— Mais Robin tu es adopté alors, demande Abel.

— Finis ton hot-dog toi.

Abel a sagement avalé le dernier morceau de son sandwich.

— Depuis que ton frère il est venu Robin, l'ambiance elle est devenue trop nulle !

J'ai regardé le visage de Côme. Ce connard a le nez droit et les lèvres plus roses en plein jour. Son regard est resté de marbre, je me suis demandé à quoi il pensait... et c'est à ce moment-là que je me suis dit:

Tyler, je t'aime.

À jamais.

Je me suis contenue pour ne pas céder à un rire nerveux, parce que leur réflexion on pendant une seconde apaisé ma panique. Je dis bien une seconde, parce qu'il a fallu que Côme l'ouvre pour que je me souvienne de qui il était:

— Toi j'espère que tu as un titre de transport valide parce que tu vas rentrer en bus.

— Mais vous êtes trop méchant monsieur, s'insurge Tyler les yeux grands ouverts.

— Oui merci.

— Mais comment ça !? Ça veut dire quoi !?

Je l'ai regardé. Les yeux de Côme dans ceux de Tyler, il n'a pas résisté très longtemps. Le petit à très vite détourné le regard en cherchant refuge chez Robin. Qui lui a souri, comme il le fait toujours.

— Du coup t'es venus pour ?

— Passer un bon moment avec mon grand-frère ?

Robin a ricané, son coude s'est posé sur la table et ses doigts ont attrapé la paille de son verre vide (Abel a tout bu), il s'est mis à tapoter la paille dans le fond.

— Fous-toi de ma gueule petite con.

— Tu aurais dû me prévenir Robin.

— D'accord ma chérie, et après ? On est sorti une heure ou deux, elle en avait besoin. Rien d'affolant, tu connais très bien cet endroit tu sais qu'il n'y a aucun risque, donc j'espère que t'es venu siroter un milk-shake en famille ?

J'ai cru voir un peu d'amusement sur le visage de Côme, ou c'était plutôt du défi. Honnêtement ça m'a même impressionné de constaté, un microsourire presque imperceptible à l'oeil nu.

Côme a posé le pied au sol. J'ai presque haussé les sourcils quand il a soulevé un peu la hanche pour prendre son portefeuille. Il en a sorti un billet, et ça devait être au moins cent dollars. J'ai vu les yeux de Tyler briller de mille feux et sans une once d'hésitation il l'a pris le billet lorsque Côme lui a tendu en prononçant un "ooo" impressionné, tout en montrant l'argent à Abel.

— Bon, assez discuter. Je repars avec elle, prend leur ce que tu veux.

Quoi ?

— Et pourquoi ça, demande Robin.

Tyler, s'est levé sans une once d'hésitation et Abel a littéralement escaladé Robin pour passer.

— Qu'est-ce qu'il se passe Côme ?

La joie criante des garçons n'a en rien calmé le changement de situation que j'ai ressenti sous mes veines. Les frères se fixent, Côme se lève, et il y a un peu de colère dans les yeux de Robin, un peu de rage, je n'en sais rien, mais Côme n'en démord pas, il a un objectif et il l'atteindra quoi qu'il arrive. Du moins c'est comme ça que j'interprète ses yeux dans ceux de Robin.

— On rentre, m'ordonne Côme en ne détournant pas le regard de Robin, lève-toi.

C'est à peine s'il a répondu à son frère, il a repris ses clés et ses lunettes, c'est bien moi qu'il attendait:

Non,

non,

non,

non,

Non !

NON !

NON !

J'ai regardé Robin avec désespoir en secouant la tête discrètement. Si mon cœur l'avait pu, il m'aurait fuie et laissée seule avec mon monstre !

— Lève-toi, m'a intimé la voix de Côme.

J'ai juste entrouvert la bouche, puis il a dit:

— Je dois te parler, Mariposa.

🂡






Backup Account: ikunafa
𝐢.𝐚𝐦𝐤𝐮𝐧𝐚𝐟𝐚 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦

Vôtre sceance s'est bien passée ? 😎

Bon, Robin ? Il a parlé français ou pas ? MDR, pas vraiment mais disons qu'il n'y a que lui qui sait ce qui se passe dans sa tête 😌 !

Le prochain chapitre, je me déleeeeecte déjà de l'écrire 😈...

(QUI A PAS VU MON TIKTOK SUR CÔME LA !? 😂 ALLEZ VOIR DESSUITE !)

En espérant que ça vous a plu ? 🌷

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