CHAPITRE 33: Zostane.

Coucou my loves, ça-va ? 🌹



Je suis archiiii triste... mais bon... commençons sans trop de préambule 🥹... 


Bonne Lecture, c'est le dernier chapitre...  📖

xoxo, Iamkunafa 🍓








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CÔME.



— Alors t'as prévu quoi l'grand-père ?

Je lève la tête, vers Robin qui avale une bouchée de son plat.

In extremis, j'arrête la main de Farrell qui allait piocher dans mes pâtes aux saumons. Il s'agite sur mes cuisses, et ses baskets font des traces sur mon pantalon clair. J'essaye de le maintenir mais il est vraiment agité aujourd'hui.

— Rien de spécial, répondis-je.

— On pourrait faire une petite fête, qu'est-ce que t'en dis ?

Mon attention se reporte vers Amber qui s'essuie la bouche après avoir prononcé ces mots.

— Bah oui, confirme Robin. Pourquoi pas sur la plage, ce soir ? Tu ne vas pas rien faire pour tes vingt-huit ans quand même.

L'idée ne me dit rien. En fait, ce 25 mars me paraît tellement fade que j'ai juste une envie, m'isoler. J'inspire profondément en piochant dans mon assiette. En rivant mon regard devant moi, je vois que Sage est en train de fixer quelqu'un.

Je tourne la tête.

C'est une fille qui rit avec ses copines sur la plage.

Nous sommes assis dans un restaurant de fruit de poisson et fruit de mer, au bord d'une plage absolument paradisiaque. Le bruit des vagues s'immisce dans mes oreilles, le rire des enfants qui courent le long, les mouettes. L'odeur de la mer.

Je ne sais pas comment j'ai convaincu Robin de venir s'installer à la Réunion. Mais il a emménagé dans une maison que je leur ai offerte, à une trentaine de minutes de la mienne, pour compenser celle qu'ils ont perdue...

Sage n'est que de passage, pour le moment, il n'a pas prévu de rester ici. Il reste deux semaines avant de repartir aux États-Unis.

Amusé par mon petit frère, je regarde Robin qui a déjà l'air de vouloir rire de la situation. Je crois que Sage ne se rend pas compte de la façon dont il ne lâche pas cette fille du regard.

— Bon, alors, t'en dis quoi, me redemande Robin.

J'expire d'un coup, en réajustant Farrell sur mes cuisses. Mais le petit se lève, et appuie subitement ses paumes contre la table :

— Papa, peux manger une glace ?

— Après, mon ange, on finit de manger ça après on ira te prendre une glace, ok ?

— Maman, veux une glace !

— Ton père a dit que c'était ok, Farrell, tu dois juste attendre qu'on finisse.

— Mais je veux une glace !

— Déjà, assieds-toi, t'empêche tonton Côme de manger, lui ordonne son père.

Son ton était assez autoritaire pour que Farrell se laisse tomber sur mes cuisses, et encore une fois je réajuste ses jambes sur mes cuisses. Il essaie encore de me voler une pâte alors j'en pioche une que je lui donne dans sa bouche. Son petit rire joyeux pousse légèrement mes pommettes.

— Va lui parler, prononcé-je en regardant Sage.

Sage prend une bonne dizaine de secondes avant de réaliser que c'est bien à lui que je m'adresse. Il tourne subitement la tête vers moi et fronce les sourcils en me toisant comme à son habitude :

— De quoi tu me parles toi ?

Un jour il comprendra que l'aigreur n'est pas un trait de personnalité.

— La fille. Ça fait bien vingt minutes que tu ne la lâches pas des yeux.

— Pff, arrête de raconter de la merde, explique Sage en saisissant sa fourchette visiblement gênée par la situation.

— T'es vraiment toujours de mauvaise foi, enfoiré, renchérit Robin en riant.

— Pas de gros mots devant mon fils, tous les deux !

— Pardon bébé... Mais quel menteur ce mec !

— Ouais, bref, vous parliez de quoi ?

Pendant une seconde il détourne le regard vers la brune sur la plage avant de me regarder en plissant des yeux. Il a vu que je l'ai vu, il s'éclaircit la voix et avale une gorgée de son cocktail. Je fais mine de donner des pâtes à Farrell pour m'empêcher d'exploser de rire.

— On demandait à ton frère d'accepter de faire son anniversaire ce soir. On se fait une petite soirée sur la plage, explique Robin.

— Et quoi ? Ton frère veut pas ? Renchéris Sage.

— J'en sais rien, il fait le mystérieux depuis au moins vingt minutes, donc demande à ton frère.

— Toi demande à ton frère, pourquoi c'est moi qui dois lui demander ?

— T'es un petit con ou quoi, moi je lui ai déjà proposé à ton frère.

— Bah, pourquoi tu veux rien faire ? me demande Sage d'un haussement de menton.

Pendant un moment j'ai bien envie de les insulter tous les deux devant leur cinéma, mais je me retiens :

— Ça ne me dit rien...

— Moi je suis venu jusqu'ici, me dit-il en tapotant son index contre la table, pour que tu me dises que tu ne veux rien faire faire ? Impossible que ça se passe comme ça.

Sage se tourne vers Robin et lui dit :

— Dit à ton frère de porter un ensemble beige, on va fêter son anniversaire, ce soir.

— Il est devant toi ton frère, dis-lui toi-même Sage.

— Bref, il est un peu déprimé, moi il ne va pas m'écouter.

Robin s'enfonce dans le dossier de sa chaise. Je remarque qu'il manque pas mal de pâtes dans mon assiette, et je trouve la main de Farrell baigné de crème ainsi que sa bouche est blanche à cause de la sauce.

J'ai presque envie de rire. Je secoue la tête et lui essuie sa main et sa bouche mais je sens que la question de Robin va bientôt me tomber dessus.

— T'as pas eu de nouvelles encore ?

Je l'ai senti arriver.

Ma grimace est assez équivoque, ça fait presque deux mois que je n'ai eu aucune nouvelle.

Je sais qu'elle est près de sa mère. Et je n'ai pas cherché à m'immiscer plus que ça.

Je me suis installé à une trentaine de minutes en voiture de chez elle. Dans une petite maison au bord d'une plage souvent déserte. Je sais qu'elle sait où je vis. Et pour le moment, je patiente encore.

Mais ça serait mentir que de ne pas avouer que je ne dors plus la nuit, parce que je me gratte les veines en résistant à l'idée de combler la distance entre nous. J'ai juste envie de rester garé des heures devant sa maison, juste pour m'assurer qu'elle ne fait pas de cauchemar et qu'elle va bien.

Elle est aussi avec sa belle-sœur, Maria, la femme de Mabel, et Catalina sa nièce. J'espère que tout se passe bien entre elles. Je n'en sais rien en fait...

Un long soupir m'échappe. Le bout de mon majeur commence à tapoter nerveusement la surface de la table. Je mords l'intérieur de ma bouche. En réalité, je me sens torturé de l'intérieur et la seule façon d'arrêter ça, c'est qu'elle me revienne...

— Peut-être que tu devrais aller la voir, non ? me propose Robin.

J'hausse les épaules, pas sûr que ce soit une très bonne idée. En fait, je sais pertinemment que c'en est une très mauvaise.

— Ce soir, on fêtera ton anniversaire. Dis-toi qu'elle reviendra tôt ou tard, mais ne t'empêche pas de vivre en attendant. Tu sais qu'elle en a bavé, c'est juste une question de timing.

Je le savais déjà ça aussi...

C'était presque... le bon timing.

Je ne voulais pas la brusquer non plus. Il fallait qu'elle retrouve un semblant de normalité avec sa mère, j'espérais même qu'elle se soit liée d'amitié avec Maria, qu'elle ait trouvé une forme de réconfort près de Catalina. Et que sa mère prendrait soin d'elle comme un bébé pour être sûre qu'elle n'ait plus aucun poids à porter...

— Allez, renchérit Robin en finissant de boire son cocktail, on ferait mieux de rentrer pour préparer la fête.

— Et ma glace !?

Robin et Amber ricanent doucement, avant qu'elle finisse par se lever et tendre les bras vers moi. Farrell se précipite vers sa maman. Je remarque que son ventre commence sérieusement à s'arrondir. Elle n'est qu'à trois mois de grossesse, mais j'ai bien l'impression qu'il y en a plus qu'un seul dedans.

— On va la prendre ta glace, mon amour. Papa va payer et on y va.

— J'paye pas pour vos gueules, vous êtes assez grands, nous balance Robin en ricanant.

— Sale crevard, lui répond Sage en s'essuyant la bouche.

Je me suis empêché de rire. Mais j'en avais envie.

— Je vous rejoins, nous signale Sage en se levant de sa chaise et en enfonçant son petit chapeau de plage sur sa tête.

Amber installe Farrell dans sa poussette, et Robin et moi on se lance un regard curieux. On finit par regarder Sage qui quitte le restaurant avant de s'avancer dans le sable.

— Il va oser le salopard...

— J'aurais jamais pensé qu'il le fasse, murmuré-je.

— J'te jure... Putain regarde le !

— L'enfoiré.

— Le sale enfoiré, répète Robin.

— Robin, Côme ! Les gros mots, s'il vous plaît !

— Pardon, ma petite femme. Putain... Mais regardez-le !

— Elle t'a dit d'arrêter de jurer devant ton gosse.

— L'enfoiré !

— Robin !

Amber lui pince le bras, et il se met à rire en déposant des billets sur notre table.

Je fixe mon petit-frère s'approcher de cette fille, et sur le coup, je n'aurais jamais pensé qu'il ose. Surtout pas devant nous.

La fille enlève les lunettes sur son nez, et je ne les entends pas d'ici mais il a l'air de savoir s'y prendre. Elle rougit déjà. Ses copines observent la scène et je me sens sourire.

Quel enfoiré.



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— T'es là.

Je relève la tête en apercevant Sage debout à côté de moi. Les mains dans les poches de son ensemble kaki, il se met à fixer l'horizon sans un mot de plus.

Assis sur une chaise longue sur le perron de la maison de Robin, ça devait bien faire quarante minutes que j'étais en train d'observer les vagues.

J'entends le grincement de la chaise à côté de moi. Sage s'assoit à mes côtés.

Pendant de longues minutes, personne ne dit un mot. Le cri des mouettes se mélange avec les murmures doux des vagues qui s'échouent sur le rivage. Je sens la brise légère souffler sur ma peau. Elle emporte avec elle l'odeur salée de l'océan et celle du sable.

Le ciel commence à se teinter de cette nuance pêche et rose, avec l'eau translucide, le tableau paraît presque irréel. Il faut l'avouer, l'île de la Réunion est absolument transcendante. Je n'aurais jamais pensé que mon cul polonais se retrouve sur cette île, son île. Et qu'il s'y plaise qui plus est.

— Elle a dit quoi ? demandé-je en fermant les yeux bercés par la mélodie de la mer.

Sage ne répond pas tout de suite. Je l'entends expirer en se réajustant plus confortablement sur le transat :

— J'ai eu son numéro.

— Bien...

J'ai envie de rire, mais je me retiens.

— Tu lui as parlé ?

Au temps que Sage prend à me répondre, je sens déjà qu'il est gêné, mais finalement sa voix murmure :

— Ouais... un peu.

— Hm...

Je l'entends se gratter le crâne avant de souffler :

— Elle s'appelle Imani.

Un petit sourire pousse mes joues.

— Dis-lui de venir, si elle en a envie.

— Tu me laisserais inviter une fille que tu ne connais pas à ton anniversaire ? J'y crois à peine.

Je me laisse ricaner doucement.

En temps normal, je ne l'aurais pas laissé inviter qui que ce soit, mais je me disais que c'était peut-être la fille qui changerait tout pour lui.

Il finit par me dire d'une voix basse :

— J'y réfléchirais.

J'hoche la tête, et je finis par rouvrir les yeux.

— T'as parlé avec Alexander ces derniers temps ? je lui demande.

Sage acquiesce :

— Il dit qu'il va bouger pour le Texas. Le Tennessee c'est pas son truc.

— Qu'est-ce qu'il y a de plus à faire au Texas ?

— J'en sais rien... j'crois qu'il se cherche.

— C'est certain.

Les vagues plongent sous nos yeux, et leur musique me fait un bien fou.

J'entends le bruit d'un briquet, et je tourne la tête. Sage à une cigarette coincée entre les lèvres et la flamme nargue le bout de la nicotine :

— Fume pas devant moi.

— Quoi, t'as vraiment arrêté ?

— J'essaye, et tu ne m'aides pas.

Mon frère hausse les sourcils avant de finalement enlever la cigarette de sa bouche.

— Tu sais...

Je me tourne vers lui une nouvelle fois en entendant sa voix, il poursuit :

— Pour tout ça... ces mensonges. Est-ce que... t'es, je sais pas... déçu ?

Si un jour on m'avait dit que Sage s'inquiéterait de ce que je pense de lui, j'aurais certainement ri au nez de cette personne. Mais pourtant, après tout ce temps passé à se déchirer, le voilà qu'il me demandait si le fait qu'il me cache la vérité impact la façon dont je le vois.

Je prends un petit temps avant de répondre, et finalement, je lui dis :

— Si les situations avaient été inversées. Je ne te l'aurais jamais dit non plus. Et je serais probablement mort avec ce secret.

J'ai comme l'impression que les épaules de Sage se détendent après mes mots :

— J'ai... Un soir, elle me l'a avoué. C'était peu de temps après la mort d'Ania... Je ne sais pas pourquoi elle me l'a dit mais elle voulait que je comprenne qu'à présent c'était moi qui dirigeais cette famille. Je n'ai jamais réussi à le dire ni à toi ni à Dove. C'est vrai... elle restait ma mère, et je n'étais pas prêt à la voir mourir. Je ne le suis toujours pas...

— Je suis désolé que tu aies eu à faire ça.

Sage à un léger sourire surpris en coin.

— J'sais pas si je suis censé détester quand tu t'excuses. T'as tellement changé...

À mon tour de sourire, et de me souvenir que trois ans en arrière, je lui aurais probablement éclaté la tête avec le manche de mon glock. Je l'aurais probablement humilié devant tout le monde et jamais aucune excuse n'aurait traversé mes lèvres.

Peut-être même qu'on se serait entretué.

— T'as changé toi aussi, lui signalé-je.

— Pff... n'importe quoi.

— Ouais, en fais pas tant que ça, dupek, je retire ce que j'ai dit.

Sage ricane, et je me suis joint à lui.

— Eh les gars, regardez-moi, ce beau-gosse !

On se tourne vers la porte d'entrée qui vient de s'ouvrir, Robin tient Farrell dans ses bras, et il nous le présente avec sa tenue. Il porte un polo beige, avec un petit short accordé. Comme moi. Farrell ricane en même temps que son père et je souris en me levant. Sans vraiment me contrôler, je prends Farrell des bras de Robin :

— On dirait qu'on est habillé pareil, hein, Farrell ?

— C'est la même que moi !? s'extasie-t-il en plaquant sa petite paume sur sa poitrine.

— La même chose !

— C'est parce que c'est le block !

La réflexion de Farrell nous a tous fait rire.

— Robin ! s'écrit la voix d'Amber dans la cuisine.

Il se tourne en hurlant un « ouais, bébé ».

— J'crois qu'Amber va avoir besoin d'aide, me précise Sage.

— Ma maman, elle a fait un gros gâteau au chocolat pour mon anniversaire !

— C'est pas ton anniversaire, microbe, lui répond Sage.

— Si ! C'est mon anniversaire !

— T'es né en septembre, on est en Mars. Fait le calcule.

— C'est qui le calcule ?

Sage et moi ont à rit tous les deux. On est entré dans la maison, et effectivement, Amber avait préparé tout un tas de trucs pour mon anniversaire. En tenant son fils dans les bras, et en regardant mes frères tout rassembler. J'ai eu moment grand moment de bonheur, ponctué par une tristesse poignante.

Dans ce tableau, il manque quelqu'un... Il manque plusieurs personnes en fin de compte...

Et je comprends... Je suis presque à ça de prendre ma voiture, et de foncer vers la maison de sa mère, là où elle vit. Mais je sais aussi que ça aurait empiété sur ce qu'elle m'avait demandé...

Je me décide de me mener dans la cuisine, où Amber donne des directives pour installer le pique-nique sur la plage. Robin acquiesce et sort avec une grande nappe de pique-nique, qu'il va placer près de la plage devant la maison.

— Maman, un pas vrai c'est mon anniversaire ?

— Non, mon amour, c'est l'anniversaire d'oncle Côme. Le tien est en septembre.

— Mais-mais et le gâteau ?

— Un vrai glouton ce gosse, s'exclame Sage en passant devant moi avec une glacière.

— J'ai pas de boutons !

— C'est pas ce que j'ai dit !

— Si t'as dit, j'ai des boutons !

— J'ai dit un vrai glouton, sale morveux !

— C'est quoi morveux ?

Sage s'est mis à rire, et il est sorti de la maison pour aller installer le pique-nique dehors.

— Tiens Côme, c'est ton gâteau, tu peux l'emmener dehors.

Amber me pose une boîte blanche dans ma paume libre. Et elle ne s'éternise pas, elle mène vers le frigo tandis que je quitte la maison. Je fais attention à ne pas le faire tomber avec Farrell dans mon autre bras.

— On va le manger quand, me demande Farrell alors que je descends les marches du perron.

— Hm... pourquoi pas maintenant ?

— OUI ! MAINTENANT !

Farrell s'est excité dans mes bras et je me suis penché pour nous asseoir sur la nappe.

— Attends, attends, bonhomme, intervient Robin. Tu vas pas manger le gâteau des gens comme ça, aller vient-là.

— Attends ! Mais je veux !

Robin a porté Farrell qui a commencé à pleurer pour avoir une part de gâteau. Je me suis assis en face de Sage avant qu'Amber nous rejoigne avec une bouteille de Fanta et s'assois à côté de moi.

— Qui va boire cet horrible Fanta, demande Sage en piochant dans le panier de petits fours.

— Moi, lui répond Amber, t'aime pas ?

Sage l'a regarde d'un air qui veut dire : tu m'as bien regardé ?

Et sans le vouloir, je m'esclaffe devant l'expression de mon frère. C'est totalement un truc que j'aurais pu faire et plus le temps passe, plus je réalise qu'on se ressemble étroitement Sage et moi.

Farrell continue de geindre dans les bras de Robin, il essaye de le distraire avec du sable. Je me décide à prendre des petits fours au saumon.

— T'as pas appelé ta copine ?

Sage me lance un regard meurtrier, j'aurais dû me la fermer mais j'étais bien d'humeur à le faire chier.

— Quelle copine, la petite brune de la plage ? demande Robin en ricanant.

— Imani, apparemment, précisé-je.

— Imani !? Saaage, tu veux en dire un peu plus ?

— Vos gueules ! J'aurais ja-mais du faire ça devant vous !

— Tu savais y faire avec ton putain de chapeau de pêcheur ! Il était comme ça.

Robin arbore une tête de charmeur, et Amber éclate de rire en cachant sa bouche. Farrell pioche dans les raisins devant lui. On dirait qu'il a oublié le gâteau.

— Pourquoi t'as parlé toi aussi !

— Appelle là, lui proposé-je.

— Pour qu'elle rencontre des types bêtes comme vous, c'est mort !

— Amber, qu'est-ce que t'en penses. On l'invite ou pas la petite Imani ? plaisanté-je.

— Moi, je ne suis pas contre elle était toute mignonne j'ai trouvé.

— Mais, toi, tu bois du Fanta, est-ce que tu es sûre d'avoir le droit de donner ton avis ?

— Je ne vois pas où est le rapport, en tout cas, oui Côme tu devrais l'appeler.

— Farrell, attrape le téléphone de tonton.

Sans même en demande son reste, la petite main de Farrell saisit le téléphone de Sage qui est tout aussi surpris que nous. Je me mets à rire tandis que Robin saisit son téléphone et se lève.

— Robin, tu ne vas pas m'énerver ! s'insurge Sage en se mettant à poursuivre Robin qui semble avoir appelé la fille. T'as presque cinquante ans, enfoiré de merde !

— Arrête de dire n'importe quoi sur mon mari, il n'a pas cinquante ans ! s'exclame Amber prise d'un rire aux larmes.

Je ne peux pas m'empêcher de ricaner devant la scène, Robin court sur la plage en essayant d'esquiver Sage qui cherche à reprendre son téléphone :

— Oui allô, Imani ?

— Putain ! Je vais te défoncer, Robin !

— Oui, ici le grand-frère de Sage, je vous appelle-

Sage réussi à saisir le col de Robin qui tombe dans le sable. Je suis pris d'un rire en constatant que Farrell s'est joint à leur petite guerre.

— Je vous appelle car-

— RACCROCHE CONNARD !

— CAR JE VOUDRAIS VOUS INVITER À L'ANNIV-

Robin éclate de rire en même temps que Farrell se jette sur eux. Je les regarde au loin en entendant Robin expliquer la situation. Que c'est mon anniversaire et qu'elle devrait nous rejoindre. Sage est maculé de sable, Robin pareil. Et pendant un moment je pense au fait que notre enfance aurait dû se passer comme ça. Plutôt que de baigner dans les armes et dans le sang.

— Qu'ils sont idiots... murmure Amber en secouant la tête.

Un sourire en coin étire mes lèvres.

— Robin ! Sage !

Amber plonge ses yeux dans les miens et me dit un sourire aux lèvres :

— J'en ai marre, j'ai l'impression de m'occuper de trois gosses !

— Ils ne s'arrêtent pas en plus.

Je les regarde se chamailler sur ce sable.

En y repensant. Robin n'a jamais reparlé de ce qui s'est passé avec sa mère. Après que Sage lui est annoncé. Il est resté de marbre et pendant un moment j'ai eu très peur de ce qui était en train de se passer dans sa tête.

Au fond de moi, je pense que Robin savait à qui il avait à faire avec sa mère et je n'ai pas osé ouvrir le sujet non plus. Par peur peut-être, je n'en suis pas sûr.

— Aller revenez, s'écrit Amber.

Sage réussit à récupérer son téléphone, et Farrell en profite pour sauter dans les bras de son père. Il se lève en ricanant toujours tandis que Sage essaye d'arranger sa situation au téléphone tout en s'enlevant le sable sur son visage et ses vêtements. Il a l'air aussi agacé, qu'agréablement surpris. Je suppose qu'elle n'a pas mal pris la plaisanterie.

Mes frères s'approchent finalement de nous.

Sage raccroche en même temps qu'ils ne s'assoient tous les deux :

— Connard de merde !

— Vous allez arrêter, se plaint Amber. Vraiment !?

— Ton mari le bûcheron !

— Je t'ai arrangé un coup comme ja-mais t'aurait pu le faire sac à mer- à...

— Bref ! On peut le couper ce gâteau ou pas ?

— MOI J'EN VEUX !

— On sait que t'en veux, microbe !

— N'attaque pas mon fils, tu rages pourquoi, elle t'a proposé que vous vous voyez demain ! renchérit Robin.

— Bref, on peut le manger le gâteau j'en ai marre de cet enculé !

— Sage, se sont écriés Robin et Amber en même temps.

On a tous ricané, mais le rire de Robin n'a fait que décupler la rage de Sage qui a essayé de l'attaquer mais c'était sans compter l'intervention de Farrell qui a défendu son père corps et âme.

Pendant ce temps, Amber a déposé une bougie deux et huit côte à côte, avant de prévenir Robin de tenir Farrell car elle allait utiliser le briquet.

À peine la petite flamme à jaillit que Farrell voulait d'ores et déjà la toucher.

— Ok, à trois on chante, un, deux, trois...

Amber a commencé à chanter doucement, et Robin l'a rejoint en se balançant doucement de gauche à droite avec son fils. Sage ne chante pas mais je sais que le cœur y est.

Je fixe les flammes, avec un cœur un peu lourd.

J'essaye de garder un semblant de constance, mais je vois le feu et je ne le ressens plus dans mon cœur. Je me sens égoïste d'avoir une famille mais de ne pas parvenir à profiter d'eux...

Finalement c'est compliqué cette histoire d'âme sœur. Parce que comment on fait pour vivre sans un bout de soi. En sachant pertinemment que son cœur ne vit plus en nous, mais qu'il est entre les mains de l'être qu'on aime le plus au monde. L'idée qu'elle le tienne entre ses mains me donne autant de joie, qu'elle ne me brise.

Le sentiment est étrange. J'ai besoin qu'elle soit là, j'aimerais l'avoir tout près de moi, la sentir et la regarder. Quand je regarde le tableau de ma vie, il manque un coup de pinceau au beau milieu de l'œuvre, et j'aimerais qu'elle vienne peindre mes sentiments manquant sur mon corps, mon cœur, mon âme.

Les dernières paroles de la musique s'estompent doucement.

Le sourire bienveillant d'Amber qui tient mon gâteau m'attriste terriblement.

Ce n'est pas ce que j'aurais voulu voir, et j'essaye de garder la face parce que finalement, je la considère comme ma famille elle aussi.

— Ferme les yeux, et fais un vœu, murmure-t-elle doucement.

Je ne me serais pas pris au jeu en temps normal. Mais je me suis senti étouffé j'avais besoin de respirer un moment.

Alors j'ai fermé les yeux en imaginant que c'était elle qui tenait ce gâteau. Elle ne l'aurait certainement pas préparé, je l'aurais fait moi-même et on aurait prétendu qu'il vient d'elle.

J'imagine sa voix me chanter un joyeux anniversaire en étant sûre que j'aurais apprécié. Je me demande comment elle se serait habillée, qu'est-ce qu'elle m'aurait offert, qu'est-ce qu'elle m'aurait dit.

Mon cœur gonfle et s'essouffle douloureusement.

J'expire longuement, et en ouvrant les yeux pour souffler, mais le gâteau au chocolat a disparu et je suis face à une sorte de bouillie écrasée. Du moins, sur un petit muffin nature qui tient à peine debout, une crème verte essaie de le décorer. La bougie menace de glisser tant la crème n'est pas épaisse.

Ça a l'air pas bon du tout.

Et quand je relève les yeux.

Deux iris noisette me font plonger dans un monde que je ne veux plus jamais quitter.

J'entrouvre les lèvres prises par un choc, je sens les palpitations violentes de mon cœur brutalisé ma cage thoracique, et une voix douce me murmure :

— Joyeux anniversaire, mi rubio.

J'oublie ce muffin ignoble, et je baisse sa main pour pouvoir regarder tout son visage.

Ça fait presque deux mois que je ne l'ai pas vu. Je réalise à peine que ma peau soit sur la sienne.

— L-love ?

J'ai vu ses yeux briller. Elle a hoché la tête.

Ce sont bien... Un million d'étoiles que je vois sur ce visage ? Ces taches de rousseurs m'avaient manqué bien plus que je ne le pensais.

Sincèrement, j'crois que ses cheveux ont poussé, et je ne sais pas si c'est le soleil ou l'eau de la mer, mais elle a quelques reflets blonds sur ses boucles. Une immense fleur rose se coince dans son oreille et l'embellie plus encore.

J'ai le souffle coupé.

Sans lâcher son poignet qui porte toujours mon bracelet, j'ai baissé les yeux sur cette robe moulante et verte qui parcourt son corps.

Le monde disparaît, et ni à qu'elle et moi.

Et elle souffle sur cette petite flamme. J'ai bien l'impression que le feu se réveille en moi. Sans y réfléchir, mes bras s'entourent autour d'elle. Mon cœur accélère violemment quand je la sens m'enlacer en pleurant. Son cœur contre mon cœur, ses battements résonnent avec les miens, et il toque à la porte de ma vie. Je n'ai même pas besoin de lui ouvrir la porte de mon âme, je ne l'ai jamais fermé.

— Est-ce que la guerre est finie, demandé-je en m'allongeant complètement hypnotisé par son corps contre le mien.

— C'est fini. On l'a gagné, Côme.

En la serrant dans mes bras, je m'entends rire et je demande à mes frères et Amber s'ils savaient qu'elle allait revenir, ils confirment tous qu'ils avaient tout organisé depuis quelques jours et on se met tous à rire quand Robin me dit que je lui avais cassé les couilles à être retissant à l'idée de fêter mon anniversaire.

Je crois que je ne sens plus mon cœur et son parfum dans mon nez est en train de me tuer. Mes lèvres se posent sur le creux de son cou, et je ne peux pas m'empêcher de penser que cet anniversaire restera le plus beau à mes yeux. Je me vois déjà replonger dans ces boucles en sachant pertinemment qu'elles auront bientôt l'odeur de mes shampoings.

La guerre est finie, on s'est battus.

Contre les autres, mais surtout, contre nous-mêmes.

Pour nous, pardonnez et acceptez nos fautes.

Pour ne jamais refaire les mêmes erreurs.

Et que cette étreinte, n'ai plus aucune once de haine, ni rancœur.

Longtemps j'ai pensé que la vengeance m'aurait donné enfin la paix dans mon esprit.

C'était faux...

Tout ce dont mon cœur avait besoin, c'était d'être protégé, pour protéger les autres.

Et surtout la protéger elle.

Elle se détache de moi, en reculant la tête pour que je la voie. J'en oublie presque nous ne sommes pas seuls mais je suis incapable de me défaire d'elle. Ses yeux humides sont emplis de joie et j'ai bien l'impression de retrouver la fille qui à ce cœur tout lisse.

Mais elle est encore plus forte qu'avant.

Elle essuie des larmes sur mes joues que je n'avais même pas réalisé avoir laissé couler, puis sa voix douce me murmure :

— Quédate conmigo, rubio.

— Zostane, love... Dans le noir et dans la lumière, tu le sais ça, je te l'ai promis, devant Dieu.



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— Il restait du gâteau.

Je tourne la tête vers Mariposa qui me rejoint avec une assiette en carton et deux cuillères en plastique.

Un sourire incontrôlable pousse mes pommettes et je tends déjà la main pour l'aider à descendre la petite colline de sable qui mène vers un coin plus reculé de la plage.

Je tiens dans mon autre main ses chaussures et j'avance jusqu'au bord de l'eau. Les vagues nous taquinent. La nuit est tombée maintenant. Et je ne veux pas que ce vingt-cinq mars s'arrête. J'ai envie de perpétuer cet anniversaire jusqu'aux dernières minutes.

— T'as goûté celui que j'avais fait ?

Je me tourne vers elle :

— T'as vu la tête du gâteau, Mariposa ?

— T'as pas goûté ?

— Si je peux encore marcher, c'est que je ne l'ai surtout pas mangé.

Sa main exerce une pression sur la mienne en guise de mécontentement. Je me mets à rire et finalement je trouve que le coin où nous sommes me plaît. Il y a un immense rocher qui se jette dans l'océan, les vagues le caressent doucement avant de s'échapper.

Je nous fais asseoir pas loin du rivage. Mariposa me tend l'assiette pour arranger sa robe, et je prends une des cuillères pour goûter mon gâteau qu'Amber avait fait plus tôt. Mariposa fait de même, elle pioche dans la grande part qu'elle a mise pour nous deux sans un mot.

Mais je vois son visage illuminé par la lune. Elle est jolie comme tout et elle ne peut pas s'empêcher de sourire toute seule. Ça provoque mon sourire en coin et je ne peux m'empêcher de lui dire :

— La fleur comme ça, dans tes cheveux, c'est joli.

Elle la touche instantanément comme si elle avait oublié qu'elle la portait, son sourire creuse ses fossettes encore plus et elle me dit :

— C'est un hibiscus.

Je savais ce qu'était un hibiscus, mais je décide de me taire en remarquant que ça à l'air de lui faire plaisir de parler de fleur.

— Portes-en souvent, misiu.

Elle me fixe un instant, avant de finalement hocher la tête. Elle rougit déjà.

On reprend une part du gâteau qui se termine à mesure que nos cuillères s'entrechoquent. Je lui laisse le dernier morceau, qu'elle déguste doucement.

— T'aurais dû goûter mon gâteau, se plaint-elle en déposant l'assiette sur le sable.

— Explique-moi seulement comment tu as fait la crème ? À partir de là on pourra débattre.

— Pourquoi tu veux savoir tous mes secrets ?

— T'as tenté de m'empoisonner c'est ça, aller, tu peux l'avouer maintenant. Sorcière.

Mariposa se met à rire et secoue la tête :

— N'importe quoi ! Cabrón !

Heureux de constater que rien n'a changé, je ricane à mon tour, et elle me pousse légèrement.

Je suis incapable de détourner le regard d'elle. Mes yeux se perdent dans les siens à mesure que je suis en train de réaliser qu'elle m'est revenue.

Qu'elle a cherché mon âme et qu'elle l'a reconnu.

Et que cette fois-ci, il n'est plus question de « presque »...

C'est terminé. On y est enfin arrivé, et tous les deux.

— Tu y es arrivé alors ? lui demandé-je doucement.

Je sais qu'elle a compris ma question, elle détourne le regard vers l'horizon, mais moi je n'arrive pas à lâcher son profil des yeux. Je fixe son nez trompette en même temps qu'elle se décide à me dire :

— J'ai beaucoup parlé avec ma mère...

Je reste attentif à ses mots, je ressens une forme de nostalgie dans sa voix :

— Elle m'a dit beaucoup de choses, mais... J'ai fini par comprendre que oui, j'ai besoin d'y arriver toute seule, mais j'ai aussi besoin d'aide. Et quand il y a des personnes prêtes à nous tendre la main, il faut la saisir.

Sa réponse me fait plaisir. À mon tour je regarde les vagues s'élever avant de s'engloutir de nouveau dans l'immensité de l'océan.

— Je ne veux pas tout faire toute seule...

— J'serais là, jusqu'à la fin du voyage, Mariposa.

— Je sais... Je te crois.

Ses yeux reviennent dans les miens. À chaque fois qu'elle me regarde, c'est comme recevoir une dose de drogue plus forte que la précédente. Ça me rend accro et je n'ai pas envie qu'elle m'enlève ce truc addictif.

Je me sens comme à la maison, en sécurité, au chaud, et profondément considéré et aimé. Elle me donne toujours cette impression de compter plus que tout.

— Je me suis rendu compte que depuis que tu es entré dans ma vie, je n'ai plus jamais été seule. Et ce peu importe la situation, dans la violence, comme dans l'amour, tu étais toujours là. Et ta présence me fait du bien.

Un sourire réconfortant s'affiche sur mon visage. Ses mots me font plaisir comme un bonbon satisferait n'importe quel gamin.

— Alors... tu sais, un jour tu m'as dit que tu ne me regretterais jamais.

J'hoche la tête en me rappelant de mes mots :

— Je sais que je ne regretterais pas de t'aimer, moi aussi.

Je n'ai pas pu retenir ce putain de sourire. Mon cœur cogne violemment contre ma cage thoracique, et j'ai une irrésistible envie de la toucher.

— Alors tu t'es pardonné ?

Elle hausse les épaules et baisse les yeux.

— Il y a des choses que je ne pourrais malheureusement jamais oublier.

Ses doigts tracent des dessins sur le sable.

— Mais... j'ai envie d'y arriver, et je veux cette vie ennuyeuse dont je t'avais parlé. Je la veux avec toi et personne d'autre. J'ai envie de ce genre de soirée au bord de la mer, j'ai envie de dormir avec toi tous les soirs, et que tu me prennes dans tes bras, parce que je sais que tout ira bien tant que tu es avec moi.

Mon cœur pèse des tonnes.

— Je ne pourrais même pas t'expliquer ce que tu me fais Côme. Ce n'est pas juste... Ce que tu m'apportes, c'est comment tu me fais me sentir. Avec toi... Je me sens belle, je compte, j'ai envie d'affronter le monde entier juste pour que tu me souries. J'ai envie de te rendre heureux, et j'ai envie d'aimer... De t'aimer toi.

Ses mots s'inscrivent sur chaque courbe de mes veines, et ils gravent un sentiment de bonheur que je ne connais que s'il est partagé avec elle. La sensation est lunaire et je me penche vers elle pour déposer mes lèvres sur les siennes.

— J'attendais ce moment-là, depuis seize ans. Mariposa.

Elle me sourit timidement, et s'approche lentement de nouveau pour déposer ses lèvres contre les miennes. L'explosion de chaleur qui éveille mes sens fait durcir ce que j'ai entre les jambes juste en sentant sa langue séduire la mienne, mes mains accaparent son visage, et je ne peux plus m'en passer.

Le problème c'est que ça ne sera jamais assez. Ces baisers, son toucher, son odeur, ses boucles, ce cœur, j'en veux toujours, tout le temps. J'ai l'impression qu'à partir d'aujourd'hui je ne pourrais plus jamais être loin d'elle trop longtemps.

Finalement elle met lentement fin à ce baiser, ses yeux se plantent dans les miens :

— On est en couple alors ? me demande-t-elle.

J'éclate de rire, carrément perturbé par sa question. Moi qui la considère comme ma femme, et elle elle me demande si on est un couple ?

— Tu te fous de ma gueule, vieille sorcière ?

— Bah, on l'a jamais vraiment dit !

— Si, si ! La première qu'on à coucher ensemble je t'ai dit que ton quota d'homme allait s'arrêter à moi.

— Oui, mais, tu n'as pas dit le terme : « on est en couple », précisément ! J'étais pas sûre à cent pour cent !

— T'es insupportable, je vois pas dans quel contexte toutes mes confessions n'étaient pas assez claires !

— Mais réponds-moi juste : oui, on est un couple !

— Oui, on est un couple depuis décembre déjà, on est limite en avril. Sale peste ! Ça fait quatre mois que tu m'as friend-zone là !?

Elle éclate de rire, je me perds dans le creux de ses joues et ce son qui semble être la plus belle partition de ma vie :

— Du coup, m'interpelle-t-elle en arrangeant ses boucles, on s'est mis en couple à quelle date alors ?

— Oh, elle va me tuer la fille...

Je fais passer ma main sur mon visage déjà excédé par son audace. Mais elle se met à rire et c'est impossible pour moi de résister. Je me mets à rire avec elle.

Rien n'a plus de valeur que ce rire-là. Ses yeux qui se plissent et cette impression qu'elle n'a plus de souffle. Mes yeux lorgnent sur elle, et je n'arrive pas à croire qu'elle soit mienne. Quand bien même elle n'avait même pas l'air d'être au courant que c'était bien officiel.

C'est ça que j'aime le plus chez elle.

Cette fille est complètement à côté de la plaque.

En fait, c'est juste Mariposa. Elle est née et les planètes se sont alignées pour faire d'elle cette fille-là. Chacune de ses mimiques, des traits qui font d'elle ce qu'elle est conçue pour me plaire sans jamais requestionner son individualité. Je sais que rien ni personne ne pourra jamais concurrencer avec ça.

Je baisse les yeux en sentant sa main contre ma cuisse. Une violente chaleur s'allume en moi à ce simple toucher et ça éveille absolument tous mes sens qui étaient bien endormis. Je dois serrer les dents pour essayer de ne rien transparaître, et ses lèvres articulent doucement :

— Merci de m'avoir attendu, trois ans.

Elle rend mon cœur si léger que je sais que c'est parce qu'elle le tient entre ses mains.

— Ça en valait la peine.

Elle me sourit, et à son tour, elle dépose ses lèvres sur les miennes, le temps d'un baiser.

Sans me contrôler, ma voix articule ces mots :

— É-écoute... Mariposa, j'ai rien préparé, mais si j'avais su que tu me reviendrais ce soir, j'aurais pu prévoir mais...

Ma paume passe sur ma nuque. Pendant un moment je suis totalement angoissé à l'idée de prononcer ces quelques mots :

— Mais... ?

Sa voix me donne chaud, je sens le sang affluer dans mes joues, et je me décide à lui dire :

— Je veux te marier.

Elle hausse les sourcils en laissant un petit son choqué lui échapper, puis elle rit doucement.

Son visage est absolument adorable en proie à la surprise.

Moi je me mets à stresser, j'ai même la sensation que mes mains tremblent et que ma demande est complètement bancale et sans aucune forme, mais je n'ai pas réussi à attendre une seconde de plus, je voulais une réponse.

— Mariposa... King ? articule-t-elle finalement en se prenant vraiment un moment pour associer mon nom au sien.

— Ouais... Mariposa King.

— J'aime bien !

Je me mets à rire, et ma paume saisit son visage. Prise de surprise elle laisse un léger hoquètement lui échapper, je nous fais basculer en arrière. Son dos s'enfonce dans le sable et je me perds à l'admirer.

— Mariposa, veux-tu m'épouser ?

L'émotion saisit son visage. Je vois ses yeux briller un peu, et finalement elle hoche la tête :

— S'il te plaît, dis-le-moi... mon cœur.

Elle pince ses lèvres un moment, le temps qu'une larme silencieuse glisse le long de sa joue :

— Oui... Je veux me marier avec toi.

Elle renifle alors que je souris, et sa voix articule :

— Je veux un gros diamant sur ma bague. Les rectangles. La plus chère, s'il te plaît.

J'explose de rire, en même temps qu'elle. Mais elle entoure finalement ses bras autour des miens. Elle se met à pleurer silencieusement, et je sens son bonheur transpercer mon cœur et le guérir toujours un peu plus.

Mes lèvres se déposent dans le creux de son cou, et pour une fois, elle est chaude. Comme moi.

Au bout d'un moment, ses mains saisissent mon visage, et elle le place devant moi. Elle dépose ses lèvres sur les miennes, et me dit :

— Tu penses qu'on va s'ennuyer tous les deux ?

— J'en suis sûre.

— Je suis totalement d'accord avec toi, Rubio, me répond-elle en déposant une dizaine de baisers partout sur mon visage. On reste aussi amis, hein ?

— Franchement, ouais, répliqué-je en me sentant rire sous ses baisers.

— Mais tu parles à aucune fille, sauf Amber.

— J'comprends, et si je revois un poster d'Usher, je ne sais pas ce que je peux te faire, Mariposa.

Elle se met à rire :

— T'as vu ma chambre ?

— J'ai cru que j'allais tout déchirer.

Encore une fois on éclate de rire, puis elle me présente sa main :

— Alors on a un marché ?

Je serre sa main en répliquant :

— Tu parles qu'à mes frères. Et si l'envie te prend, on s'autorise quelques parties de jambes en l'air, tu peux choisir l'heure et l'endroit de ton choix. Tu rentres avant que je dorme parce que, j'ai besoin de dormir dans tes bras. Tu gardes mon nom de famille jusqu'à la fin de tes jours, parce que le divorce ça coûte une blinde, et si tu ne ranges pas mon putain de dressing, ça va partir loin Mariposa.

— Ok alors, tu feras le ménage et la cuisine, mais je veux bien faire la vaisselle et parfois je peux nettoyer les vitres si tu veux. Je veux que tu me fasses souvent des torta de piña et je veux la bague de mariage la plus chère que tu trouves. Déjà que ta demande était à revoir, tu peux au moins m'offrir ça. Je veux m'ennuyer avec toi, que tu me partages tout ce que tu sais, et si je mets de l'eau sur le sol de la salle de bain, il faut pas s'énerver parce que tant que t'as pas les cheveux bouclés tu peux pas comprendre.

Je me suis esclaffé et secouant sa main dans la mienne :

— Impec' pour moi, répliqué-je. Et toi ?

— Tu dors toujours à la maison aussi, couvre-feu minuit, et une heure du matin si t'es avec tes frères.

— Marché conclu, sorcière.

— Parfait, alors on se dit meilleur-ami ?

— Et pourquoi pas meilleurs ennemis ?

— Oh ! Encore mieux ! Je valide !

Quand j'ai éclaté de rire.

Je me suis dit que je savais bien que cet amour était vraiment unique.

J'ai oublié l'idée que je n'étais qu'une lettre au milieu de mille mots d'amour.

Parce qu'il avait suffi d'une soirée, pour que tout renaisse. Et que je sois son livre en entier, autant qu'elle était le mien. Et que chacun des mots que j'avais laissés sur ces chapitres lui était destiné.

Après seize ans, je l'aimais toujours autant.

Et elle m'aimait aussi.

Maintenant, j'en étais persuadé, les âmes sœurs existent, et derrière ces iris noisette, je voyais la mienne.

Ça a commencé à Chicago, dans l'Illinois. Au début j'ai cru à un rêve, mais elle est très vide devenue mon petit papillon... La cadence de mon cœur s'est calquée à la sienne. Et Mariposa est devenue le reflet que je voyais dans mon miroir. Je ne voulais plus jamais qu'elle s'envole loin de moi. Et pourtant, j'ai bien cru rester ce psychopathe, en me demandant pourquoi mon âme l'avait choisi elle ? Mais, Papillon s'était glissé entre les lignes de mon cœur, et elle est devenu ce que je résumerais par : love.

L'amour.

Il m'aurait fallu tourner soixante-seize chapitres, pour enfin lui dire sans gêne :

Je t'aime, papillon.




FIN.





𓆃




Re Coucou, ❤️


C'est horrriblllllleeeeee ! 

En fait là je me rends compte que j'étais trop attaché à eux. 

Une dernière petites fois, prenez vos Starbucks🧋et dites moi tout (sauf si vous avez envie de swiper directement à l'épilogue MDR)  

Purée... Eh je vous promet je ressens une morosité in my heart 💔... C'est DIIR ! 

Bon, je vous laisse avec l'épilogue directement, profitez bien 🥲 ! Love you ❤️




@𝐚𝐳𝐫𝐚.𝐫𝐞𝐞𝐝 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦 

xo, Azra 🍓

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