CHAPITRE 33: Dormir sans cauchemars.

Coucou boulettes, ça-va? 🌹

Je vous cache pas que je suis grave remontée là mais bref, c'est mieux qu'on lise tranquillement ce chapitre...

Je vous laisse avec la suite ❤️


Bonne Lecture! 📖

Xoxo - Iamkunafa. 🍓







🂡





CÔME.









Quand la nuit du jeudi au vendredi est arrivée, j'ai vraiment commencé à compter les heures.

L'ennui, ou le bruit de mon horloge murale a sournoisement commencé à me rentrer sous le cuir. J'allais la dégager de ma maison le plus vite possible. Les tintements réguliers des aiguilles dans mes oreilles à vraiment finit par m'agacer au point ou j'ai laissé un bruit d'agacement m'échapper.

Je dois attendre jusqu'à dimanche que mon père revienne de je ne sais où d'ailleurs. Je ne peux pas vraiment prendre des décisions sans son aval pour le moment parce que je n'ai plus aucun pouvoir. Mon organisation, ma réputation est doucement en train de tomber en ruine et devant mes yeux en plus... Je le sens venir, mais tant que je ne pourrais pas sérieusement m'en occuper, je suis obligé de subir ma chute.

J'avais des doutes sur Ryam... je me suis peut-être trompé... L'image de son doigt et sa bague toujours accrochée me fait presque regretter de l'avoir soupçonné.

C'est qui ? C'est quoi ? En fait je me bats contre quoi exactement c'est ça qui me rend fou !

Je me sens surmené, parce que je n'arrive pas à avoir le répit nécessaire pour gérer les merdes qui me colle au cul. Et quand je suis enfin disponible pour mettre des choses en place, je suis seul.

Mon père n'est pas là. Robin n'est pas là, Sage et Alexander non plus.

Alors j'attends. Tapis comme une bête dans le noir de la nuit qui se colle à mes fenêtres. J'aimerais qu'il fasse complètement noir, mais à New York ? À Manhattan ? Je ne pense pas que ce jour arrivera, la ville ne dormira jamais.

Dans ma gorge la brûlure du liquide me fait légèrement grimacer. Je ne bois jamais quand la situation n'est pas propice, mais ce soir, il me fallait bien quelque chose pour que mon esprit oublie que je suis assis seul sur mon canapé. Que je ne vais pas dormir, pendant peut-être deux jours de suite au risque d'en criser, que j'attends le retour de Robin, de Sage aussi, et peut-être que je ferais mieux de monter chez ma sœur au lieu de me coffrer dans un semblant d'alcoolisme aussi déprimant que ma situation.

Ma belle solitude. Ma seule amie pour être tout à fait honnête, je n'ai qu'à me complaire de l'enfer que l'enivrement procure...

L'oubli.

En réalité, vraiment, j'évite de boire, j'évite de me droguer aussi, je préfère garder le contrôle sur mon corps mais aussi parce que ça me rappelle ses hurlements...

Comme ceux qui tournent constamment dans ma tête. Je les entends toujours; quand tout est calme, quand je suis entouré, quand je respire, quand je marche, quand je vis, quand je dors, quand je meurs...

Que je sois sobre ou ivre.

Je les entends encore, et encore:

"Côme." "Aide-moi."

Aller, stop...

"Côme." "Aide-moi." "Côme." "Aide-moi."

Tais-toi ! L'alcool me rendre vaseux, j'ai l'impression que ma maison est sur la mer. Je me sens tanguer...

"Côme." "Aide-moi." "Côme." "Aide-moi." "Côme." "Aide-moi." "Côme." "Aide-moi." "Côme." "Aide-moi." "Côme." "Aide-moi." "Côme." "Aide-moi." "Côme." "Aide-moi." "Côme." "Aide-moi." "Côme." "Aide-moi." "Côme." "Aide-moi." "Côme." "Aide-moi." "Côme." "Aide-moi."

TAIS-TOI !

— Côme.

Je sens un haut-le-cœur me faire faire pivoter légèrement la tête sur ma gauche. Pris d'une peur froide dans le ventre je sens le verre dans mes doigts se mettre à trembler. J'avale quand même une nouvelle gorgée de Żubrówka (vodka polonaise). Je ne bois que ce qui vient de chez moi de toute façon, jamais américain.

Je sens les effets de l'alcool dans mon sang s'intensifier, ça décuple mes frayeurs aussi, et je me sens entouré... mes fantômes du passé me suivent partout. Je les sens dans mon dos, dans mes os. Je me sens oppressé par leur présence invisible, par leur souvenir.

Je devrais arrêter de boire parce que ça me vraiment plonge dans l'état second de l'alcool. J'en oublie la frontière entre le réel et le cauchemar. Et mes cauchemars sont derrière moi, et j'ai fini la bouteille entière.

Effrayé à l'idée de me retourner. Je sens mes doigts commencer à trembler plus sérieusement maintenant. Je préfère reposer le verre sur ma table basse avant qu'une crise me fasse tacher mon tapis.

Non seulement l'alcool me fait voir flou, mais ça me provoque un semblant de tétanie. Je n'aurais jamais dû prendre tous ces verres. Je ne sais même pas combien j'en ai pris, mais je crois que je suis bien trop ivre maintenant. Je crois ?

En fait sûrement.

J'ai envie de vomir.

Pas maintenant ! Putain quel con! Pas avec toutes ces angoisses qui me collent à la peau depuis que je suis rentré d'Italie. Et certainement que mon voyage à dû provoquer la colère de quelqu'un très mauvais...

Le téléphone prépayé que l'autre imbécile est parti me chercher est posé devant moi sur ma table basse, et il ne délivre aucune réponse. Robin n'a répondu à aucun de mes appels non plus. Maintenant je tombe sur sa messagerie, il a dû éteindre son téléphone ce gros porc.

Je ne sais pas ce qu'il fout dehors. Mais je suis prêt à parier qu'il y a une fille dans l'histoire.

Quelle fille toi aussi ?

Une fille j'en suis sûr ?

Putain de gonzesse !

Mon dos s'affale mollement sur le dossier de mon canapé, j'ai un fond de mal de crâne qui commence à me cogner le cerveau, je pose ma paume sur mon front.

« Côme »

J'ai l'estomac qui se retourne. Putain. Je ne peux pas t'aider...

Fous-moi la paix !

Je crois que je vais monter chez Ania.

Merde... mes poils se hérissent, mon cerveau me replonge dans mon passé. Comme une réalité augmentée, ça y est j'y suis. Et ça commence à me brûler la peau. Ces bouffées de poussières, de charpente et de chair qui me rentrent dans la poitrine... et tout ça part en fumée. Et plus le son de l'horloge court contre le temps que je n'ai plus, plus mes poumons respirent très mal.

Ma solitude lugubre me regarde et me hante.

J'ai envie d'en rire maintenant.

"Qu'est-ce qui te fait du bien ?"

En fait je me suis mis à rire.

"Tu es juste chaotique."

Ouais sûrement et j'aime tellement ça !

J'ai mis ma main sur mon ventre à force de rire drogué par l'alcool, je me sens perdre tout mon self-contrôle et c'est pour ça que je ne bois pas.

"Je ne suis pas une pute..."

C'est la seule chose qui l'a fait pleurer.

J'ai tapé ma tête de ma paume. J'ai senti mes sourcils se froncer. Sa voix dans ma tête m'a presque fait sursauter ! Qu'est-ce que je m'en bats-les-couilles qu'elle en soit une ou pas !

J'ai arrêté de rire, pour changer mes humeurs à la colère ! De toute façon, certainement le sociopathe que je suis a fini par s'habituer d'être hanté. J'ai fini par comprendre que je suis de ceux qui sont maudits.

Elle est malade elle !

Un froid effrayant dans mon ventre m'incite à me lever pour fuir cette pièce.

Putain je suis perdu dans ma tête, je ne sais plus me contrôler, j'ai l'impression de tomber dans le vide à cause de cette putain de bouteille de merde !

Monte chez Ania.

Quand je me retourne précipitamment la peur de voir ce cauchemar me frise les muscles. Mais bien sûr, il n'y a personne. Il n'y a jamais eu personne. À part quand je ferme les yeux... Là je la vois. Noire de fumée. Mais j'ai pourtant l'impression qu'on me regarde dans le noir. Les formes de mes meubles dans ma cuisine m'angoissent au point d'en serrer ma gorge, mes yeux jonglent sur les canapés près de mes fenêtres. Ils cachent peut-être sa présence ? Dans les ombres, sous la lune ?

Ouais, ça va venir.

Mes poumons me lâchent. Je sens la crise arriver d'ici.

J'essaye d'inspirer. Putain, c'est mort.

C'est mort, Côme.

Laisse tomber.

Parce que je sens mes mains vibrer maintenant.

J'inspire.

Ça ne rentre pas !

Putain !

Pas maintenant !

Mes yeux s'alourdissent, tout d'un coup mes paupières pèsent des tonnes et des tonnes. Le poids de mes mauvaises actions certainement me fait voir des étoiles. J'ai une baisse de tension qui m'aveugle carrément, je ne vois plus rien. Mes yeux cessent de fonctionner et mon corps s'alourdit sur mon sol.

Mon bras à heurter ma table basse, mon dos a cogné le sol mais la douleur s'estompe presque trop rapidement. J'aurais préféré souffrir plus longtemps pour me garder sur terre mais je suis partie dans les vapes. Ça ne sert à rien de se battre contre mon corps, il décide depuis bien longtemps pour moi. Je sens mes lèvres s'entrouvrir j'ai besoin de respirer parce que je suffoque. Aller ! Respire putain !

Mes inspirations me font suffoquer ! Et la panique est pire encore car je ne vois rien, je ne peux pas bouger !

Je ne sens pas vraiment mon cœur s'affoler. Sûrement l'effet de l'alcool dans mon sang. Quelques minutes s'écoulent pendant lesquelles je suis prisonnier de mon cerveau. Prisonnier de mon être tout entier. Je dois attendre dans l'espoir que mes poumons ne me provoquent pas une détresse respiratoire ! Espérer que je passe ce semblant de mort... dans la solitude et l'effroi de mourir dans le noir.

Je finis à un moment par inspirer plus profondément. C'est très bon signe... mes tremblements diminuent trop lentement, au même titre que doucement mes poumons décident enfin de reprendre du service. Ma cécité s'estompe petit à petit j'ai des étoiles dans les yeux et je commence à revoir mon plafond.

Je n'aurais pas dû boire autant...

Pourquoi j'ai bu d'ailleurs ?

T'es con toi ou quoi ?

La faiblesse de mon corps me donne envie de rire de moi. J'ai dû rester une quinzaine de minutes allongée sur le sol à fixer mon plafond pour reprendre mes esprits. Il fallait que je respire et que me calme ainsi que mes angoisses. Et le son de l'horloge a donné le rythme de mon cœur. Finalement peut-être que je ne la jetterais pas... elle m'accompagne dans ma solitude.

À ce stade quand je réussis à me redresser pour m'asseoir mes yeux ont repris leur fonction mais même sans eux, j'ai bien compris que mes mains gardent quelques séquelles de mes tremblements.

Je suis épuisé (et bourré surtout).

C'est souvent ce que me font mes crises de toute façon, elles me prennent une partie de moi. À chaque fois.

Il faut que je dorme sans cauchemar pour récupérer. J'ai vraiment besoin de dormir.

Mais je n'y arriverais jamais. Je ne peux pas fermer l'œil sans que je me fasse attirer dans des profondeurs inquiétantes.

Mes paumes se posent sur le siège de mon canapé et ma table basse. L'écran du téléphone est resté noir. Personne ne saura que j'ai failli partir ce soir, personne ne le verra et c'est très bien comme ça.

Je pousse sur mes bras pour me redresser. J'ai fini par me lever, je tangue déjà. La migraine intense qui me menaçait est apparue à la seconde ou j'ai été debout.

Mon pouce et mon index massent mes tempes des deux côtés de ma tête. Doucement mes pas me font tituber dans mon appartement, je me crois sur le Titanic et j'ai envie de rire pour rien. Je m'appui de mon autre main sur la rembarre de mes escaliers pour m'aider à monter, j'ai dû rater au moins sept marches, je crois que j'ai fait deux pauses dans mes escaliers. Ça m'a pris plus de temps que prévu d'arrivée à l'étage à cause de mon état vaseux, mais j'ai fini par pousser la porte de ma chambre.

Je n'ai suivi qu'un seul objectif, la salle-de-bain. Le led chaleureux autour le miroir s'est allumé automatiquement mais j'ai vite éteint manuellement la lumière qui a agressé les yeux. Ma main a saisi dans mon placard de l'aspirine, et le petit verre en plastique que je laisse toujours dans mon placard.

J'ai avalé le médicament aussi rapidement que possible.

Le goût âcre dans ma gorge m'a fait grimacer une nouvelle fois, et j'ai fini par rangée ce gobelet à sa place. Et je sentais le goût de l'alcool dans ma bouche. J'ai pris ma brosse à dents pour essayer de l'enlever de sur ma langue. Je crois que je suis resté cinq bonnes minutes à subir l'alcool dans ma tête me faire plonger dans un monde fictif.

J'ai rincé ma bouche mais tout mon visage aussi, et ma nuque, derrière mes oreilles, je commençais à avoir trop chaud.

En sortant de ma salle-de-bain, j'ai longé très vite ma chambre. Inutile de rester ici, je ne marche même pas droit d'ailleurs, putain je ne vois rien !

Elle dort.

Je m'arrête devant ce que je pense être ma porte, la main sur la poignée.

Ouais... je sais qu'elle dort pour de vrai.

Peut-être était-ce l'alcool mais j'ai eu l'impression d'entendre ses cris dans mes oreilles.

"JE NE SUIS PAS UNE PUTE !"

Tout ce que je sais moi, c'est qu'elle a pleuré quand ce putain de Samuele lui a dit qu'elle en était une. Qu'elle a pleuré quand je lui ai proposé de baiser.

Mais je m'en bats les couilles moi.

J'ai cligné des yeux et je ne me suis même pas rendu compte que mon visage était déjà devant le sien.

Côme Dumbledore, si ça se trouve Robin avait raison, je ne me suis même pas rendu compte d'être arrivé là.

Son souffle chaud s'étale sur ma face. Je me suis déjà accroupi devant elle, mes bras se sont croisés sur mon lit et j'y ai posé mon menton dessus. Je sais que l'alcool influence COMPLÈTEMENT mon comportement, alors ouais, j'avais envie de savoir pourquoi ?

Pourquoi quoi ?

Pourquoi ça, ça te fait pleurer ?

Toujours du côté gauche du lit hein. Toujours allongée sur son côté droit. Toujours une paume sous sa joue, l'autre entre ses cuisses. J'ai regardé mes vêtements sur elle. Un pull à capuche beige, un de mes leggings de sport, le noir il est trop grand pour elle, et mes chaussettes, en laine. Putain je serais mort de chaud à place.

Personnellement je meurs de chaud là.

Mes yeux reviennent sur ses immenses cils quand son souffle s'étale sur mon nez. Et jusqu'où elles vont ces tâches en vrai ? Ses lèvres gonflées sont entrouvertes. Et comme je l'ai déjà vu, une boucle se glisse dans sa bouche. Mon index et mon pouce ont pincé son cheveu pour le dégager.

Je n'avais pas remarqué ses fossettes avant parce qu'elle n'avait jamais souri. Jamais devant moi en tout cas. Normal puisque tant qu'elle se la ferme, moi ça me va.

Qu'est-ce qui me fait vibrer ?

Si tu savais Mariposa.

Que je n'ai de moteurs que cette guerre illégale. Que la drogue, que les clubs, et l'art (éventuellement un cul bien rond). Il n'y a rien qui me stimule si ce n'est ça.

Et toi ?

Je sens mes sourcils se hausser. Je sais bien que je tiens très mal l'alcool, d'où la raison pour laquelle j'évite de descendre mon Żubrówka en une seule soirée. D'un coup je me sens presque tomber en arrière. Je me retiens au dernier moment en enfonçant ma paume sur mon sol. J'ai l'impression que la drogue dans mon sang me rend totalement idiot et incontrôlable. Je me sens rire tout seul comme un petit couillon.

T'es vraiment con toi.

J'ai regardé le t-shirt et le pantalon de pyjama beige que j'avais sur moi.

C'est bon je peux entrer dans mon lit.

Une heure de sommeil, ou deux, ça sera suffisant pour récupérer un peu. J'ai titubé pour contourner mon lit. Mon genou s'est enfoncé dans ma couverture. De toute façon j'ai trop chaud pour la mettre sur moi. J'écoute sa respiration en arrêtant tout mouvement dix secondes.

Ouais, je sais très bien qu'elle dort.

Je crois.

Si ?

Je reste là, à quatre pattes comme un idiot sur mon lit. Pour écouter.

Elle dort ou pas en fait ?

Putain j'ai l'impression d'avoir de l'alcool dans les oreilles à ce stade.

Elle dort ou pas, merde ?

J'attends encore avant de bouger...

Si.

Ouais, si c'est bon t'inquiète.

Je m'affale lourdement sur le dos, je crois que j'ai laissé un râle bruyant m'échapper.

Le bruit de l'horloge change pour celui de sa respiration. Ce n'est pas que c'est très bruyant, ce n'est pas un ronflement non plus, mais son souffle s'entend bien quand même. C'est ça de dormir la bouche ouverte.

L'alcool me piège tellement dans sa drogue que mes yeux s'alourdissent au point ou j'ai l'impression qu'ils pèsent des tonnes et des tonnes. J'ai très envie de dormir, son souffle me donne très envie de dormir et ça fait peut-être deux jours que je n'ai plus fermé l'œil. Si je ne dors pas, mes crises vont se multiplier et empirer. Et ce n'est certainement pas le moment d'être tétanisé.

Mes yeux se sont clos.

J'ai vu du noir, et l'envie affolante de plonger dans la phase repos ultime.

Mais il a dû s'écouler une minute à peine pour que je voie déjà tout. De la chair brûlée s'approche de moi. Pas lent, je les entends tambouriner contre le sol, ça me stresse ! J'ouvre les paupières en sursautant avant de rester paralysé sur mes draps. Je ne peux pas bouger !

Allez, bouge !

Bouge putain !

Mes palpitations cardiaques sont déjà affolées, et malgré mes essais pour bouger. Je revois des corps. Je comprends alors que je n'ai certainement jamais quitté ma phase de léthargie. Je fais une énième paralysie. Je vois mes cauchemars atroces s'approcher de moi. Je sens des flammes, j'entends les crépitements, l'odeur me prend dans les narines. Je vois la peau, la fondue que fait la fournaise, j'ai mal au ventre, je panique, respire !

Bouge.

Aller bordel bouge Côme !

Je réussis à ouvrir les yeux pour de vrai ! Mes cauchemars disparaissent en une fumée de sang. J'inspire profondément pour m'assurer que rien ne brûle chez moi et calmer ma fréquence cardiaque.

Et enfin ma panique corporelle m'aide à mollement me redresser. Je suis obligé de m'asseoir pour me changer les idées. Mes mains massent mes tempes. J'aurais dû monter chez ma sœur tout à l'heure au lieu de subir ça. Je savais que je n'allais pas réussir à dormir de toute façon...

Il s'est écoulé peut-être, une bonne dizaine de minutes avant que je ne tourne la tête vers Mariposa en entendant le claquement de sa langue contre son palais. J'ai presque eu envie d'en rire.

En fait, non j'ai ricané.

Putain elle dort plus très bien pour un otage !

Mes yeux ont longé le long de son corps. Ses fesses sont poussées vers l'arrière. Vers moi quoi.

Hm... franchement... hum.

Hm, hm, hm...

Je relève les yeux vers la masse de ses cheveux, après m'être rendu compte que j'ai regardé quand même un bon petit moment son cul.

Le rythme de son sommeil est tellement apaisant que je n'ai qu'une envie essayée de dormir encore... J'ai attendu dix-neuf ans pour avoir une seule nuit ou je dormirais des heures...

Et puis merde, à quoi bon me battre je n'en peux plus, et de toute façon je suis ivre je ne m'en souviendrais même pas demain.

Mon corps s'est allongé sur le côté. J'ai tout de suite senti le gonflement de son dos contre mon torse au moment de son inspiration. Mon bras est passé sous son pull, sur son ventre. Ouais, je n'avais aucune légitimité de faire ça, mais je l'ai fait quand même. Sa peau est brûlante, pas comme dans cette chambre froide. Mes doigts ont tâté un peu son petit bidon. Les courbes de ses fesses s'alignent bien sur mes hanches. Et j'ai ses cheveux qui ont l'odeur de mes produits dans la face, j'enfonce mon nez dans ses boucles.

Il y a une chose qui me fait immédiatement fermer les yeux, ses pieds reculent vers moi, je les sens s'emmêler aux miens.

Elle dort vraiment sans cauchemars.

Moi aussi.





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MARIPOSA.





Mes paupières se sont ouvert légèrement.

Tout de suite j'ai admiré la couleur orange sur les murs. C'est le soleil matinal sur ma peau qui m'a réveillé.

Voir la couleur s'affirmer sur les murs sombres ça m'a fait sourire sans vraiment le vouloir. J'ai eu l'impression que c'était un message d'espoir pour moi.

Continuer de briller malgré le noir.

J'ai tellement chaud. En général j'ai tout le temps froid quand je dors, d'où la raison de pourquoi je dors en chaussettes. Mais ce matin j'ai senti mon corps brûler à sa température normale: trente-sept degrés, voire bien plus. En tout cas, je me suis sentie vraiment à l'aise. Confortable dans ces draps et enveloppé dans un petit cocon douillet.

Ce n'était pas chez moi, mais ça m'a fait tout bizarre de ne pas me sentir si mal à l'aise que ça en ouvrant les yeux.

Ça m'a donné trop faim aussi. Je me demande quelle heure il est aussi. C'est dommage que l'on entente pas le chant des oiseaux ici. Je pourrais dire ce que je veux sur ma cité. Le matin on entendait quand même des sifflements le matin. Ça donnait un ton agréable à la journée...

Tant pis... J'admire le lever du soleil déplacer la lumière sur les murs. J'aime beaucoup faire ça... La nature m'émerveille facilement, voir du rose et du violet, passé vers l'orange dans le ciel ça me fascine.

Je voulais me retourner pour regarder par la fenêtre, mais j'ai senti mon ventre se contracter, à m'en aspirer de l'air par la bouche. Quelque chose de violent m'a serré l'estomac tout en étranglant mon cœur étrangement.

Je n'ai pas compris tout de suite... Il m'a fallu, une bonne quinzaine de secondes pour réaliser qu'il y a quelque chose de brûlant sur mon ventre.

J'ai pris trente secondes supplémentaires pour avoir le courage de baisser lentement la tête.

Les contractions de mon ventre deviennent des saccades, et l'écrasement de mon cœur un tambourinement incandescent. J'ai senti mes yeux s'écarquiller.

C'est une plaisanterie !?

Je fais quoi !?

Qu'est-ce que je fais !?

Je sais très bien qui c'est mais il y a une petite odeur d'alcool qui parfume mon nez !

J'ai la gorge nouée, la panique est en train de prendre du terrain sur ma personne !

Qu'est-ce qu'il m'a fait...

Qu'est-ce qu'il a fait ?

Et la doucement, je commence à sentir sur mon corps, les courbes des siennes. Il est juste derrière moi, il est collé à moi ce détraqué, son bras m'enlace fermement comme si j'étais sa chose et le pire c'est qu'il pince légèrement la graisse de mon ventre ! Je sens ses poumons qui poussent contre les miens dans mon dos, je sens tout... Des courbes que je ne devrais pas sentir contre des parties de moi, et ça me donnent une telle nausée que j'en tremble de la tête au pied. Mes jambes s'emmêlent aux siennes j'ai une sensation de déjà vu. Mais cette fois-ci, c'est pire !

Je repense à tout. J'ai encore un mal fou à accepter que j'aie vu plus de meurtre et de mort en quelques semaines que durant mes vingt ans de vie. Je suis atterri dans un monde de folie, un monde tout noir ou personne n'a aucune barrière ! J'ai une sorte de rejet de moi-même et des autres pour ce que j'ai vu ! Et aussi ironique que ce soit, en même temps que le soleil se lève et enlève l'orange sur les murs ne laissant que du noir, une vague déchirante me fait éclater en sanglots.

Le sursaut qui le sort de son sommeil me paralyse.

Je n'ose pas me retourner pour le regarder.

J'ai juste le cœur en miette, et mes larmes me font plus de souffrances que je n'aurais pu l'imaginer.

Qu'est-ce qu'il m'a fait... ?

Tout, mais pas ça...

Une nausée décuple un peu plus ma peine, j'ai un mal de ventre immonde qui me rend malade.

Sa main se pose sur mon bras. Je tombe par terre en ayant voulu éloigner son contact de ma peau. J'ai reculé dans une peur panique sur les fesses. J'ai l'impression de sentir encore son intimité contre moi et ça me dégoûte.

Qu'est-ce qu'il m'a fait !?

Côme s'est levé à son tour en écrasant sa main sur sa bouche dans un premier temps, mais il ne savait pas vraiment quoi faire de ses mains, parce qu'elles sont passées nerveusement sur ses cheveux, sur sa nuque parfois avant que finalement il ne cache ses lèvres avec une de ses mains pendant que l'autre se pose sur sa hanche en me fixant sérieusement.

Pendant que je me sens creusée de l'intérieur et que mes palpitations cardiaques me font plus mourir qu'autre chose, je constate malgré moi que ses yeux sont pour la première fois inondés de tracas. Il a écarquillé ses paupières. Ses traits sont gonflés, ensommeillés, il a de petits yeux. Le scénario se répète, c'est comme la dernière fois. Il m'a l'air d'avoir incroyablement bien dormi ce connard.

Mes mains tremblent, je cache mes cuisses de mon pull en laissant mes larmes descendre jusque dans ma gorge. Et là, un air estomaqué sur son visage lui fait hausser les sourcils, il ouvre grand la bouche et ses mains se placent et se secouent devant lui comme un signe qu'il se rend:

— À-a-aaaah, mais je ne t'ai pas touché. Je ne t'ai vraiment pas touché Mariposa !

J'ai baissé une seule seconde les yeux sur son intimité qui faisait une ombre quand même assez révélatrice sur son pyjama. Je ne me suis pas vraiment contrôlée mais je ne le croyais pas vraiment, je me sens extrêmement salie. En fait je ne sais même pas comment je me sens... J'ai des émotions et des pensées qui me hantent, bien sûr que s'il m'a touché !

Une de ses mains s'est précipitamment baissée sur sa zone, il a fait un tour sur lui même extrêmement gêné, je suppose, mais ce que moi je ressens c'est pire que la honte, c'est un déshonneur immense. Je crois que j'ai assez été touchée comme ça !

— Putain. C'est-. Je ne t'ai pas touché. Putain, c'est le matin ! Je ne vais pas t'expliquer comment-. Eh bref, je ne t'ai pas touché !

Qu'est-ce que tu m'as fait !?

— Mais oh, rien ! J'ai bu, je me suis endormi ici, l'alcool, ça fait des ravages voilà, l'histoire s'arrête là Mariposa ! Regarde dans ta culotte si tu veux, je m'en tape mais je n'ai pas abusé de toi !

J'ai presque vu de la colère grisée ses traits. Ses sourcils ont tellement grimacé que dans un autre contexte je crois que j'aurais pu en rire. Mais là, il me semblait carrément remonté contre le fait que je puisse ne serait-ce que l'insinuer. Moi en tout cas, une nouvelle vague de honte, la centième de la semaine m'a fait serrer les jambes.

Il m'a fixé. Sa paume cachant à peine son intimité. J'ai fini par me relever en m'aidant du mur derrière moi. Le doute au fond de moi m'a fait ce mal dans mon cœur mais ce connard a fini par dire:

— Tu t'en serais souvenue si c'était arrivé crois-moi. On peut arrêter ce cinéma !? Ouais j'avoue j'ai dormi dans mon lit, mais ça s'arrête là !

Ne t'approche plus ja-mais de moi !

— Oui, oui si ça te chante, et bref je ne t'ai pas touché ! C'est bon ou pas !?

— J'ai compris, tu peux partir !?

J'ai eu peur de voir une sorte "d'apaisement" bercer ses traits. Il n'a pas polémiqué plus que ça. Rapidement il m'a tourné le dos avant de s'enfermer dans sa salle-de-bain.

J'ai touché mes fesses pour voir s'il n'y avait pas quelque chose sur moi, et en fait moi aussi j'ai presque couru dans le dressing en refermant la porte derrière moi. J'ai fait une vérification de ma culotte le cœur à mille. Peut-être que c'était ridicule comme action, mais j'avais toujours la-même et en plus de ça aucune douleur, aucune sensation étrangère, c'était aussi sec que le désert.

En réajustant le legging, j'ai posé ma paume sur mon cœur en soufflant un grand coup.

Je ne comprends rien à ce fou furieux.

Il est malade.

Je ne comprends plus rien !

Il est complètement givré ?

Mon dos a glissé le long de la porte et je me suis assise... Ma peur reste, mais je sais au fond de moi que je le crois. Inutile de me mentir à moi-même, je sais...

J'ai essuyé mes larmes. Un énième réveil en enfer. Je me suis même demandé quel allait être le programme de la journée aujourd'hui ? Encore de la méchanceté ? Je n'en sais rien moi ce sale malade n'a rien d'autre à faire que de fuir.

La porte m'a poussé, surprise, je me suis dégagée du passage en me relevant.

Côme a passé la tête dans l'encadrement, et il a même fini par entrer:

— T'as pu vérifier ta cocote ou pas ?

Je crois que j'ai pouffé de rire. Nerveusement.

Grosse merde va.

Je l'ai tellement toisé, qu'il a grimacé.

Déjà, il est couvert d'une serviette, sont torse grisé de ses quelques tatouages j'avoue que j'ai failli prendre le temps de les regarder, mais en fait j'ai très vite détourné les yeux extrêmement gênés. J'ai toujours un ressentiment pour ce qui s'est passé ce matin. Je mets de la distance entre nous, il m'a regardé le temps de tirer un de ses tiroirs.

Tranquillement monsieur s'est mis à s'habiller devant moi. J'ai cru sursauter quand il a pris un boxer. Je me suis mise dans un coin d'où j'avais vu sur ses montres. Je me sentais ridicule de me cacher comme ça, mais c'était mieux que de regarder son nudisme.

Ça valait combien tout ça ? Je préfère encore penser au prix que de regarder ce mec s'habiller.

Je l'ai en travers de la gorge pour ce matin. On ne va pas se mettre à roupiller ensemble tous les soirs quand même. Je crois qu'on se supporte déjà suffisamment comme ça non ? Pas besoin de se frotter la nuit non plus.

J'ai relevé la tête quand il a tiré justement le plateau des montres juste à côté de moi. Je sais que ce n'est pas le moment, mais je préfère me laisser à la réflexion que de sombrer dans la folie parce que je ne pense qu'à ma mort prochaine.

Mais je n'avais presque pas envie qu'il touche aux montres tant c'était bien rangé. Je me suis même demandé quelle était l'odeur de son gel douche. Je me suis posé tellement de questions. Qu'est-ce qu'il foutait dans la chambre. Certes c'est la sienne, mais je n'aurais pas pu penser que: "je te laisse mon lit" signifierait aussi: "je vais te coller toute la nuit".

Il ne m'a pas regardé en prenant une montre qui m'avait l'air aussi chère de tout ce que je ne pourrais jamais m'offrir, décidément, un col roulé crème, pantalon droit taupé foncé. Et des chaussons de maison. C'est un vrai humain ce connard porte des chaussons !

Je voulais en rire carrément, mais j'ai arqué un sourcil en détournant le regard.

— Ne reste pas dans mon dressing.

Ok. J'ai fait un pas pour le contourner et partir de cette pièce.

Mais une décharge a réduit mon ventre en miette quand il m'a attrapé par le poignet. J'ai baissé les yeux sur sa main, un instant pendant lequel j'ai cru qu'il allait me casser les os. J'ai très vite retrouvé ses yeux en fronçant les sourcils.

Il a ancré ses yeux dans les miens. J'ai eu une palpitation un peu trop sérieuse sous ma poitrine. J'avais l'impression qu'il était en colère, ou peut-être perturbée par quelque chose. Je n'en savais rien mais j'ai fini par incliner légèrement la tête pour tenter de comprendre ce qui se passe.

J'ai vu son regard. J'ai fini par reculer d'un pas. Mais sa force m'a empêché de trop m'éloigner. Une panique est arrivée très vite sous ma peau, j'ai senti mon cœur cogner tellement fort que mes joues se sont mises à brûler.

Mais finalement il m'a lâché et ses yeux se sont levés derrière moi.

Je me suis retournée dans une précipitation maladroite, et on a vu la porte du dressing s'entrouvrir lentement.

Les grands esprits se rencontrent. On aurait dit que c'est la pièce maîtresse de la maison à ce stade. J'ai revu le magnifique visage de sa petite sœur. Putain je le trouvais vraiment canon pour le coup et mon cerveau me fait la réflexion à chaque regard posé sur elle. Je vois aussi Robin avec un visage plus que sérieux:

— Saluuuuuuut ! Ooooooh-.

— Ouais, c'est ça, salut, Mariposa, Côme je veux te parler deux minutes.

J'ai tourné la tête, Côme a toisé son frère avec un regard blasé. Moi j'ai pincé les lèvres parce que Robin à l'air vraiment en colère pour le coup. Il ne me regarde pas il n'a d'yeux que pour Côme.

Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Bon... ok, viens, Mariposa !

Normal... Non, elle me fascine cette fille. Le pire c'est qu'elle avait l'air aux anges de m'inviter à la rejoindre. Elle a quel âge ? Parce qu'elle m'a l'air très jeune. Et qu'elle m'appelle par mon prénom ça me subjugue encore plus. Mes pieds ont tout naturellement suivi le son de sa voix.

J'espérais en sortant du dressing avant que Robin ne referme la porte qu'elle ne soit pas une garce cachée.

On est sorties toutes les deux de la chambre de Côme, et dans le couloir elle s'est tournée vers moi en prononçant:

— Je m'appelle Ania, je ne sais pas si tu le savais. Mais je te le dis !

Franchement, tout ce que je me disais c'est comment on peut être belle comme ça ?

— On a acheté de quoi manger ce matin avec Robin. T'aimes manger quoi le matin ?

Je me suis sentie ridicule avec mon pyjama. Elle porte une robe en laine assez longue avec un col roulé, quand elle a tourné la tête pour marcher, j'ai zieuté l'ondulation de ses boucles qu'elle a faites me donne presque envie de lui demander comment elle les a faits même si c'est très rare que je me lisse les cheveux.

Franchement j'ai essayé d'arranger mes cheveux en friche à moi aussi.

— Eum...

— Il y a de tout de toute façon, du pain au chocolat, des croissants, j'ai pris des chaussons aux pommes aussi !

Elle me l'a dit avec un sourire adorable, puis nous nous sommes engagés dans les escaliers.

— Je ne sais pas si tu regardes Desparates Housewifes mais j'ai mis la saison 3, normalement je regarde avec Robin, "quand il a le temps", mais tu peux regarder avec moi si tu veux.

Putain, elle est sympa pour de vrai on dirait. Je ne sais pas ce que je suis censée faire, on ne va pas non plus commencer à se raconter nos anecdotes de jeunes filles, et je n'ai qu'une envie lui demander de me déverrouiller cet ascenseur afin que je puisse disparaître d'ici.

Elle a presque sauté sur le canapé, en reprenant la télécommande, son visage angélique me regardait gentiment, je crois qu'elle attendait ma réponse. Ça me faisait rire intérieurement de voir que sa tête ressemblait un peu à celle de Côme, en tout cas, ça se voyait qu'ils étaient frères et sœur.

— T'es un peu timide toi non ? Ou juste tu ne parles juste pas trop ?

Peut-être, enfin... c'est juste que je ne sais pas ce que je suis censée dire à la petite sœur du détraqué.

— Tu peux t'asseoir si tu veux. Tout est là, si tu veux dans la cuisine il y a des fruits aussi, du jus, après tu peux aussi aller te débarbouiller dans la salle de bain. Elle est juste là, tu vois dans le couloir là ?

Elle m'a indiqué la pièce de son index. Mais je savais déjà où c'était. D'ailleurs c'était là-bas que j'avais laissé ma brosse à dents, alors je lui ai souri poliment en hochant la tête. Rapidement j'ai fui dans la salle de bain.

Ouais la première chose que j'ai faite c'est rincé mon visage avec beaucoup d'eau. J'ai rincé ma bouche et ma nuque aussi. Ça m'a fait un bien fou, mais j'étais encore mieux après m'être brossée les dents. J'en ai profité pour mettre un peu d'eau sur mes cheveux, les humidifier pour leur redonner de belles boucles un minimum descentes.

Tout le monde a vu ma touffe du matin !

Putain ! Je collectionne les moments honteux !

— Mariposa, alors ça-va ?

J'ai sursauté quand la porte s'est entrouverte. En laissant la tête ronde de sa petite-sœur passer, j'ai plaqué ma paume contre mon buste.

— Désolé, rigole-t-elle, je fais souvent sursauter les gens. Sage, enfin j'ai un de mes frères qui me dit que je ne fais pas de bruit quand je marche.

— Ce n'est pas grave...

— Tu viens ? Je te monterais des vêtements après si tu veux.

— Ok... ça me va.

J'ai souri, enfin j'ai grimacé. Je me sentais trop bête et ridicule, mais la seule chose à laquelle je pensais c'était, "est-ce que tu penses que m'ouvrir l'ascenseur est envisageable pour toi ou pas ?".

On s'est menées toutes les deux dans la salle de séjour de Côme, malgré l'ambiance très noire, peut-être était-ce à cause des baies vitrées mais j'ai eu la sensation que cette pièce est baignée de lumière.

Mes fesses se sont enfoncées dans la mœllosité de ce canapé. Était-ce mal de repenser au fait que son frère m'ait collé le cul toute la nuit ? Je n'en sais rien en tout cas, j'ai senti une vague de désastre me glacer les veines. Ce fou furieux va me tuer, mais ça sera d'une crise cardiaque !

— Tu peux manger, bon fait attention à rien renverser parce que sinon je suis dans la merde et toi aussi.

Elle a rigolé en regardant vers les escaliers. Côme et Robin ne sont pas revenus encore. J'ai pris un pain au chocolat en le déposant sous un mouchoir. Puis mes yeux se sont relevés vers la télé quand j'ai entendu la voix de Bree.

On a mangé dans un silence pas si gênant que ça. Je me suis faite toute petite pour être honnête, je ne veux pas qu'elle me remarque et qu'elle se fasse un avis sur moi. Mon regard s'est perdu sur l'écran. En fait je ne regardais pas vraiment. Je me suis un peu déconnectée de la réalité.

Ça tourne en boucle dans ma tête. Dans quel contexte, quand, comment, on a pu se retrouver à dormir ensemble pour la deuxième fois... Est-ce que j'ai dit quelque chose, j'ai fait quelque chose qui lui laisse penser que je voulais qu'il fasse ça ? Je dois faire attention, peut-être que je suis aguicheuse ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?

J'ai la sensation qu'il est toujours là. Dans mon dos, et surtout sur mes fesses. Je baisse presque légèrement la tête, parce que je me rends compte que son odeur est partout sur moi. Sur son pull, et je prends même une mèche de mes cheveux, j'ai l'impression de le sentir aussi.

Putain, c'est une blague... Je sens le détraqué ! Et puis c'est quoi son gel douche !? Je ne saurais même pas décrire l'odeur putain, c'est quoi ?

J'ai sursauté quand on a entendu (la voix de Côme) hurler un "dupek" bien énervé. J'avais l'impression qu'ils étaient entrain de se battre là ! J'avais que ça m'a fait stresser.

— Dupek, ça veut dire connard, en polonais, tu savais qu'on était polonais ?

J'ai baissé les yeux sur elle, en hochant la tête.

— Enfin, moi je suis cent-pour-cent polonais, Côme et Dove ils sont à moitié grec et polonais, j'ai un autre frère, Sage, peut-être que tu l'as déjà vu, il a la peau mâte, c'est un nigérian, polonais, et Robin, cent-pour-cent nigérian. J'avoue c'est compliqué mais bon toutes les familles ont leur petit problème hein. Et toi alors tu viens d'où ?

Je n'étais pas sûre, est-ce qu'il fallait que je fasse copine avec elle. Et puis déjà le simple fait que Côme me laisse seule avec sa sœur ça me prouve qu'il ne me craint ab-so-lu-ment pas. À aucun moment il ne s'est dit que dans un excès de rage je pourrais lui faire du mal ?

— Mon père est américain, finissais-je par articuler, ma mère est vénézuélienne... ma grand-mère avait des origines réunionnaises aussi...

— Mais excuse-moi, mais tu es trop ca-non ! On dirait une fake !

J'ai ri sans vraiment me contrôler. Elle a une sorte de spontanéité pure que je trouve adorable.

— T'as des fossettes en plus !? MAIS WAW ! T'es une fake c'est sûr, c'est bon je ne te crois plus là ! Mais c'est une blague !?

J'ai mis ma main devant ma bouche en riant avec elle, là j'étais vraiment en train de rougir sérieusement. Non seulement j'ai dû mal avec les compliments, mais en plus à mes yeux elle était dix fois plus belle que moi. Je me sentais presque honoré de recevoir ses compliments.

Vraiment je suis trop une conne...

— Tu es totalement le genre de mon frère par contre.

Par contre mon sourire a fané en une seule seconde, j'ai rivé mes yeux grands ouverts dans les siens.

— Je parle de Côme.

Mon cœur a chauffé ! J'espère qu'elle blague. J'ai tellement commencé à paniquer que le bout de pain au chocolat que je mâchais est resté en suspend entre mes dents, j'ai senti ma joue rester gonflée avec l'aliment. Impossible de déglutir. J'ai des bouffées de chaleur, je ne sens plus mon ventre, est-ce que c'est ça de mourir ?

Son visage m'a l'air tellement innocent que je n'ai pas l'impression qu'elle sache qui son frère est réellement. Soit elle fait semblant, soit elle est vraiment naïve et gentille.

— Désolé, je n'ai pas pu m'empêcher. Mais depuis tout à l'heure je te regarde et je ne peux m'empêcher de faire le lien.

Elle a ri. C'était vraiment un gentil son, sauf que moi ça ne me faisait absolument pas rire.

— Mais t'es super jolie hein ! Bon je sais que ce n'est pas le moment de te faire ce genre de confidence, et que tu n'es pas dans la meilleure des situations, mais tu es en vie déjà...

Elle me l'a dit comme si je n'étais pas censé l'être et que je devrais faire preuve d'une grande reconnaissance envers son tyran de frère, et qu'aussi, la "situation" était des plus banales ! J'ai un peu froncé les sourcils en la fixant pour qu'elle continue à éventuellement argumenter avec un peu plus de détails.

— Je ne sais plus ce que mon frère te veut exactement. Mais...

Ma tête a légèrement reculé en même temps que je me suis sentie grimacer. Sans faire exprès j'ai même fait tomber mon pain au chocolat par terre en même temps que j'ai enfin réussi à avaler ce que j'avais dans la bouche. En réalité la conversation me révoltait plus qu'autre chose.

— Mais quoi ?

— Mais tu es totalement son genre, voilà, ramasses ton pain au chocolat ma chérie.

Elle me l'a chuchoté rapidement en me souriant, ses joues rondes m'ont presque trop attendrie... Je ne pense pas qu'elle soit si naïve qu'elle en a l'air en fin de compte.

J'ai compris pourquoi je me devais de ramasser vite, quand j'ai entendu la voix de Robin et Côme dans les escaliers. Le ton avait l'air de s'échauffer. J'ai rapidement ramassé mon pain au chocolat mais il y avait plein de miettes par terre.

"T'es totalement son genre ?"

Qu'est-ce que ça veut dire ça ? Dans quel sens exactement ? Parce que je ne suis pas sûr qu'un tueur soit mon genre à moi.

— On va voir et on en reparlera Côme tu veux que je te dise quoi ?

— Vas-y avance, avance bouffonne.

— Toi je vais te boxer, c'est sûr. C'est sûr je le boxe ce mec !

— Mais boxe moi sale merde on va voir.

Mon cœur tambourine depuis un bon moment sous ma poitrine. Ils sont arrivés dans le salon. Ania et moi les regardions, tous deux avaient l'air de s'en vouloir mutuellement. J'ai eu du mal à respirer tout d'un coup quand mes yeux ont trouvé ceux de Côme, parce que je pouvais en entendre beaucoup, mais pas ce que je ne voulais absolument pas comprendre ce que sa sœur insinuait.

Est-ce que quand il me regarde il se dit vraiment: elle c'est mon genre ?

Je n'espère pas hein, j'ai vite détourné le regard vers Robin.

— Vient Mariposa, a prononcé froidement Robin, on va t'emprunter des vêtements Ania.

Il y a un truc que j'ai trouvé bizarre. C'est que Robin ne m'ait pas vraiment adressé un regard ou un bonjour. Je l'ai regardé avancé vers l'ascenseur avec son frère qui portait une veste d'ailleurs.

— Eh mais vous allez où ? Je peux venir avec vous tic et tac et toc du coup avec Mariposa ?

— Tu n'as pas cours toi, lui demande Robin en me faisant un signe presse de la main.

— Si, mais j'y vais à quatorze heures !

La porte de l'ascenseur s'est ouverte et ils sont entrés avec la colère qui va avec. Robin est resté devant la porte en attendant que je vienne. Je ne voulais pas que ça me touche, mais il était mon seul allié ici, et son indifférence soudaine je ne la comprenais pas.

— Vous pouvez me répondre aussi, bande de dupek !

— Est-ce qu'on a le temps, aller, dépêchez-vous !

Je me suis levée dès que le petit prince a parlé. Franchement je n'avais aucune envie de me battre contre lui. Avec Ania nous sommes entrées dans l'ascenseur. La porte s'est refermée sur nous. Je suppose que j'allais lui voler encore ses vêtements.

Mais pour faire quoi cette fois-ci ?











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Backup Account: ikunafa
𝐢.𝐚𝐦𝐤𝐮𝐧𝐚𝐟𝐚 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦

En espérant que ça vous a plu ? 🌷

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