CHAPITRE 32: 1000 mots.
Bonjouuuuurrrrr, ça-va ? 🌹
Euh, là, on a trop de TRUCS A SE DIIIIIIRE LES KUNEFETTES ON S'ATTRAPE A LA FIN DU CHAP !??
ALLEZ BYE, BONNE LECTUREEEEE ! 🫶🏾
Xoxo - Iamkunafa. 🍓
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CÔME.
Parfois, en respirant, je ressens une douleur vive au niveau de la côte.
Ça faisait bien six semaines que cette douleur m'empêchait de dormir, mais en poussant la porte de sa chambre. J'ai eu l'impression qu'elle s'estompait enfin.
Je ne pense pas avoir manqué un jour. Parfois je dors ici. La plupart du temps en fin de compte.
Et le constat est toujours le même.
Elle dort encore.
La moitié de moi-même dort encore.
Je ne sais pas pourquoi, ce matin, j'ai pris un calepin que j'ai vu traîner dans l'hôtel où je crèche depuis près d'un mois et demi.
La dernière fois que j'ai griffonné quelque chose, je devais avoir quinze ans. Mais après ça... Après mon premier meurtre, je n'ai plus jamais retouché à du papier et un crayon.
En refermant la porte, je m'entends murmurer un « bonjour, Papillon » qui, je sais, ne connaîtra aucune réponse, mais je ne peux pas m'empêcher de le faire à chaque fois.
Mes cicatrices disparaissent, tandis qu'elle maigrit sur ce lit.
Comme à chaque fois, je m'approche d'elle, me penche et je ne sais toujours pas combien de fois mes lèvres décorent son nez, son front.
— Comment est-ce que tu vas aujourd'hui... ?
Il y a peut-être un million d'autres choses que je pourrais lui dire, mais cette phrase représente pour moi un petit semblant de réalité qui me rassure et m'aide à tenir.
Mes yeux se perdent sur son visage tandis que j'arrange ses boucles. Même si elles ne bougent pas entre le moment où je viens et je pars. Mais c'est plus fort que moi, je les touche quand même.
— J'ai pris un calepin... Je ne sais même pas si je sais encore dessiner.
Dans ces moments, j'aimerais tellement voir sa réaction.
L'entendre me répondre. Me dire ce qu'elle en pense. Voir l'expression de son visage. J'ai toujours trouvé qu'elle avait un visage très expressif. Elle avait bien la fâcheuse tendance de me toiser quand ce que je lui faisais ne lui plaisait pas. Et ça commence dangereusement à me manquer...
Mais elle ne répondra pas.
Je ne veux pas perdre espoir, malgré ce que ça me fait là, derrière cette cage thoracique.
Je me redresse lentement en faisant glisser ma main de son front à ses joues.
Sa peau est froide.
Mais de toute façon, Mariposa est toujours froide.
Une petite boule à la gorge me fait reculer. Je décide de contourner son lit et de m'installer sur le petit sofa à côté de son lit. Pendant un moment, je ne fais rien d'autre qu'attendre.
Les rayons du soleil baignent lentement la pièce de leur lumière. Le mois de février arrive bientôt à sa fin. Une part de moi espère qu'elle se réveillera avant fin mars. J'aimerais qu'elle soit là pour mon anniversaire. En fait, j'aimerais le passer avec elle.
J'expire bruyamment en ouvrant ce calepin. Je fais glisser la première page et mon crayon tourne autour de mes doigts d'où ils restent quelques égratignures.
En relevant la tête, je fais face à son profil.
Sans réfléchir, la mine de mon crayon se pose sur la feuille, et je gribouille les premières esquisses.
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Un énième gargouillement m'oblige à me lever. Avant de partir, j'effectue mon rituel habituel, mes lèvres contre son nez. Puis je longe sa chambre, et ouvre la porte.
Sauf qu'en sortant, je tombe directement sur Alexander assis sur le siège contre le mur du couloir. Dans ses mains, il tient un immense bouquet de fleurs et un sachet plastique contenant une box de nouilles à emporter.
Je referme la porte en déglutissant. Je ne l'avais pas revue depuis ce fameux soir. Et je ne suis pas sûr de savoir comment réagir sur le coup. J'ai essayé de ne plus y penser. En fait je ne trouvais pas de bonnes réponses à son sujet.
Je ne détestais pas Alexander, mais j'avais tué son frère.
Je déglutis, il ne lève pas la tête vers moi.
Mais au bout de quelques secondes, il me dit :
— J'savais pas quelles fleurs elle aimait.
La réponse me vient à l'esprit. Elle aime les Calendulas.
Mais je ne réponds rien. Mes pas se mènent lentement sur la place à côté de lui. Je finis par m'asseoir en enfonçant mon dos contre le dossier.
Un silence pèse sur nous. Mon regard est rivé vers le petit aquarium en face de nous. Les petits poissons tournent en rond au milieu des bulles et des feuilles artificielles tandis que j'ai un sentiment que je ne pourrais pas décrire qui s'accapare de moi.
De la culpabilité peut-être. Le mot n'est pas assez fort pour les deux vies que j'ai prises.
Ou un fort regret... Toutes ces années dans le sang m'ont apporté que deux fois plus de douleur et de tragédie. Aucune vengeance sur cette terre n'apporte la paix qu'on espère.
Je tourne légèrement la tête vers ce bouquet de fleurs. Il est immense et je me demande pourquoi il a pensé à lui faire cette attention. Je me sens complètement perdu à côté de lui. Parce qu'après tout ça... Je suis presque sûr que sa loyauté envers moi n'a toujours pas flanché...
Alexander renifle ce qui me fait relever les yeux sur lui.
Il essuie une simple larme avec le dos de sa main. Son deuil me prend aux tripes. Je n'aurais probablement jamais de mots assez fort pour combler ce que je lui ai fait. Je réalise à peine que nous sommes assis l'un à côté de l'autre sans qu'il essaye de mettre fin à mes jours, maintenant.
Quand ses yeux bleus plongent dans les miens, sa douleur est pratiquement insupportable à soutenir. Je me fais violence pour ne pas lui manquer de respect en détournant le regard.
— Elle aimera ? Les roses ?
Je baisse les yeux sur son bouquet rouges.
Moi-même je n'ai même pas eu l'occasion de lui offrir des fleurs.
Je sais qu'elle les aimera. Elle aime toutes les fleurs en fin de compte.,
J'hoche la tête. Et Alexander me les place dans les mains.
— Tu lui donneras alors.
Je fronce les sourcils. Complètement déstabilisé.
— Qu'est-ce que tu fais ? lui demandé-je.
Il hausse les épaules :
— Elle ne m'a rien fait. Et... si je ne l'avais pas retrouvé, elle ne serait pas sur ce lit d'hôpital.
D'une certaine manière, Alexander dit vrai... Ces mots me donnent l'impression qu'il se sent coupable de l'état de Mariposa comme s'il était le responsable.
— Elle est un peu un dommage collatéral de ce milieu, hein... Il fallait bien que quelqu'un paie, tôt ou tard, murmure-t-il.
De nouveau un silence s'abat sur nous. Mon regard retrouve ces putain de poissons emprisonnés dans un bocal de mensonge.
Pour moi ma vie était toute tracée. J'étais né voyou, et j'allais mourir voyou. Jamais je n'aurais pensé une seule fois que mon cerveau puisse dévier et aspirer à autre chose que rayer des noms sur une liste noire en échange de quelques millions et une famille brisée à tout jamais.
Je savais que malgré mon éveil de conscience, une part de Côme est et resterait à jamais un monstre. Elle ne plaira pas à tout le monde, et elle en effrayera certains. Mais je voulais sincèrement sortir de ce truc sombre et noir dans lequel on m'avait plongé avant même que je naisse.
Et j'ai nagé, vingt-cinq ans avaient d'apercevoir un premier rayon de lumière.
C'était dans ces yeux, à la seconde où je l'ai vu. Je savais que cette histoire allait très mal se finir pour moi. Parce que j'avais la haine de la trouver aussi belle.
— Je ne me suis jamais posé de question... prononcée-je. Quand mon père m'ordonnait de tuer, je le faisais.
Mes mots brisent le silence et je décide de continuer parce que j'ai aussi l'impression que si Alexander et moi ne brisons pas cette bulle d'horreur maintenant, nous le ferons probablement jamais. Et qui sais peut-être qu'un jour, cette bulle pourrait se transformer en une rancœur qui pourrait faire très mal si elle finissait pas éclater...
— Un pardonne-moi sera-t-il suffisant en sachant ce que j'ai fait à ta famille, Alexander ? Je sais déjà que non.
Je dépose les fleurs sur la chaise à ma gauche :
— Je sais que je n'ai pas le droit d'utiliser mon passé pour justifier la douleur que tu ressens aujourd'hui. J'aimerais essayer, juste pour que tu aies au moins une explication. Mais toi et moi savons que rien ne m'excusera jamais. Je réalise à peine que tu sois assis là à côté de moi sans que personne n'ait essayé de se tuer.
Alexander se penche légèrement en avant pour poser son sachet de nouilles à ses pieds.
— Tu sais... murmure-t-il. J'aurais voulu le tuer moi-même, mon père.
Sa révélation me choc. Je me tourne vers lui, il ne me regarde pas et poursuit :
— Je ne cracherais pas sur lui, il a été bon une bonne majorité de ma jeunesse. Mais quand il a commencé à intégrer tous ces trafics. Il a détruit tout ce que les Peyton avaient construit. Il a été le premier à détruire la famille. Il s'est fait avoir par la drogue, le mariage de mes parents éclatait, c'était horrible les derniers mois qu'on a vécu avec lui... Honnêtement, quand il est « parti », j'étais heureux...
Je ne réponds pas :
— Enfin... Heureux est un grand mot. Sashæ a commencé à s'isoler, et les seules fois où on traînait ensemble c'était pour jouer les malfrats dehors. On braquait des distributeurs, de petites épiceries pour survivre... On a tout fait, il est même resté en prison un bon moment... Et c'est là où j'ai rencontré ton père.
Alexander marque une pause, tandis que je l'écoute me détailler des choses que peut-être j'aurais pu savoir avant si j'avais pris la peine de m'y intéresser.
— J'crois... Je crois qu'une des raisons pour lesquelles j'ai su que j'allais être loyale au King, c'était quand je t'ai vu pour la première fois. Tu venais d'avoir dix-huit ans, je m'en rappelle parce que ton père me l'a dit en me recrutant. Et je t'ai vu de loin, tu marchais avec une petite-fille, j'ai compris que c'était Ania. Mais quand je t'ai vu lui parler en langue des signes, ça m'a interpellé.
Je ne me rappelle même pas du premier jour où j'ai rencontré Alexander parce qu'avant elle, personne n'avait vraiment d'importance mis à part ma famille.
— J'avais une petite sœur moi aussi : Lily-Rose. Elle aussi avait la mucoviscidose. Tu peux comprendre ma surprise quand j'ai appris que Dove avait la même maladie qu'elle ? J'avais vraiment l'impression d'avoir trouvé une autre famille tout aussi dysfonctionnelle que la mienne. Et entre temps, je me suis rapproché de Sage, même s'il ne parlait que de toi.
J'inspire un bon en restant toujours aussi concentré sur ses mots :
— Je voyais bien qu'il n'arrivait pas à te détester. Et j'crois que tu fais cet effet à tout le monde. On a beau se convaincre que t'es détestable, mais c'est plus fort que nous, t'as ce truc en toi. J'saurais même pas te dire ce que c'est exactement, parce que tu m'as toujours fait chier avec ton air hautain, tes réflexions cassantes qui avaient toujours le don de faire comprendre aux gens qu'ils étaient des imbéciles à côté de toi...
J'ai presque envie d'en rire, mais rien ne me vient. C'est la première fois qu'Alexander me parle sans filtre. Et c'est la première fois que je l'entends vraiment :
— On a parlé de toi des heures durant. Et j'ai vite compris que tout ce que Sage voulait, c'était que moi, je sois toi, pour qu'il te dise tout ce qu'il avait dans le cœur.
— T'as été le frère que j'aurais dû être pour lui...
Alexander baisse la tête le temps de quelques secondes avant d'enfoncer son dos sur le dossier de la chaise :
— Ouais... peut-être. Sûrement, se corrige-t-il. En fait, c'était le frère que je voulais moi aussi. Parce que tout ce temps que j'ai passé avec Sage, c'était un temps que je ne passais pas avec Sashæ. Et peu importe à quel point lui et moi étions proches, je crois que je l'étais encore plus avec Sage.
Ses révélations m'étonnent. Au final, ces deux-là se sont bien trouvés...
— Tout ce temps a échafaudé... une vengeance... Tous ces mensonges...
Je détourne le regard un moment, mais la voix d'Alexander me rappelle à lui :
— Je vais être honnête... J'ai passé ces dernières semaines à broyer du noir, et à me demander si je ne devrais pas faire comme toi tu l'as fait : te tuer et fermer cette page de mon livre.
Comme une vieille habitude, à ses mots, mon corps se crispe presque instantanément. Ma tête me dit que s'il doit faire la guerre, il est prêt. J'ai compris que jamais je n'enlèverais cette partie meurtrière de moi.
— Mais et après ?
Je ne le lâche pas des yeux, par précaution autant que par attention :
— Je te tue, et après ? Et puis, peut-être qu'au final, tu arriveras à me tuer comme tu l'as fait avec mon frère. Et malgré cette vieille rage que j'ai dans le cœur, t'as raison, je n'ai pas envie de mourir, et... La vérité c'est que je ne veux pas faire vivre à Sage ce que je vis là, maintenant.
Ma gorge se noue, mais je me force à prononcer ces quelques mots :
— Si j'avais eu le choix... Je l'aurais épargné. Et je crois que le pire dans tout ça, c'est que je me serais senti capable de lui pardonner... Mais Sashæ n'aurait jamais accepté de faire marche arrière. Il l'a dit lui-même, il est allé trop loin.
— Je sais. Et c'est ce qui me met le plus en colère...
— Moi, je n'y arrive pas.
Alexander se tourne vers moi. Ses yeux se plantent dans les miens avec un air confus :
— Tu n'arrives pas quoi ?
— À être complètement en colère contre lui. Et ce... malgré la haine que je ressens vis-à-vis de ce qu'il a fait à ma petite-sœur... Une part de moi est incapable de le détester lui.
Il allait dire quelque chose, mais ses lèvres se referment :
— Ce que Sashæ a fait pour moi... J'en suis sûr... C'était sincère. Je pense que lui-même ne comprenait même pas pourquoi il m'aidait au final. Je pense qu'il ne le faisait même pas exprès. C'était dans sa nature de guérir les gens, mais il n'a pas réussi à le faire pour lui-même.
Alexander hoche tristement la tête.
— Ce qu'il a fait à Ania... Ce que j'ai à votre père. Tout ça... Pour payer le prix du sang. Et regarde-nous... Misérable sur ces bancs, dans le couloir d'un hôpital. J'attends qu'elle se réveille et tu attends de te réveiller de ce cauchemar.
Il détourne le regard, et je continue :
— Si on me donnait la chance de tout recommencer. Je t'aurais dit de laisser Mariposa tranquille. Parce que ma vengeance n'a aucun goût. Je ne me sens pas mieux après que son frère soit mort. Ni après que mon père soit mort ni après aucune des morts que j'ai semées. Tous ces crimes, sont des illusions pour des gens violents comme nous qui pensent que ça résoudra tout, c'est faux.
— Une part de moi est en colère que Sashæ ne m'ait jamais rien dit, ni jamais montré... J'aurais aimé pouvoir choisir de me venger ou non des King...
Son honnêteté me fait légèrement froid dans le dos. Je sens dans sa voix que sa tristesse est aussi une légère rancune qu'il ne me cache pas non plus. Et je crois que je préfère savoir qu'il a des idées noires me concernant, plutôt que ce que Sashæ a fait pendant plus de dix ans.
Mais la question me brûle les lèvres, alors, je décide de l'interroger :
— Et si je te demande maintenant, ce que tu aurais choisi si tu avais su toute la vérité ?
Les poings d'Alexander se croisent devant sa bouche. Un moment de calme s'installe. Je sens qu'il se prend au jeu de la réflexion, et pendant ce temps, je ne pense plus à rien.
J'attends une réponse en espérant parvenir à lire entre les lignes.
Finalement, il baisse les mains, et il me dit :
— Si j'avais su toute la vérité. Je me serais joint à mon frère.
Sa réponse me coupe le souffle un moment, mais il continue :
— Mais, je n'aurais jamais perdu dix ans de ma vie à travailler pour vous. À obéir à chacun de tes ordres en sachant ce qui t'aurait pendu au nez. Cette histoire se serait réglée plus vite que ça. Les seuls dommages collatéraux qu'il y aurait eu auraient été entre ton père, toi et nous.
Ça avait au moins le mérite d'être clair.
— Mais on ne refait pas le monde avec des si et on ne m'a pas donné l'opportunité de choisir Côme. Alors je me suis attaché à vous. À ton petit-frère surtout et aujourd'hui l'idée de le détruire me fait autant de mal que d'avoir perdu mon jumeau.
Sa réponse est un concours de circonstances. Il a raison, un si ne change pas la trajectoire de notre destin parce que, le « si » en question ne s'est jamais passé.
— Je ne t'ai jamais trahi, même quand tu me parlais comme on parle à un chien. J'ai même douté de Ryam avant même qu'il meure, j'ai cherché autant d'informations que possible pour qu'on démasque le traître. Et même... même quand j'ai commencé à douter de Sashæ, j'ai quand même creusé les dossiers pour qu'on découvre tout.
Il disait vrai, encore une fois.
— Tu sais... je ne chercherais jamais à te prouver que j'ai été droit dans mes bottes vous concernant. Compte tenu de ce qui s'est passé, je sais que la confiance entre nous sera toujours fragile et qu'on se méfiera l'un de l'autre qu'on le veuille ou non.
J'allais répondre quelque chose mais je me suis tue finalement :
— J'me sens... stupide de ne pas vouloir t'assassiner maintenant, m'avoue-t-il.
— J'ai envie d'en dire autant.
Alexander me regarde. Et cette fois-ci je n'ai pas envie de détourner le regard.
— La douleur ne partira jamais... Et je suppose que ça sera pareil pour toi concernant Ania.
J'hoche la tête.
— Il faut que tu comprennes une chose Alexander. C'est que Sage te considère comme la famille. Et, si j'ai bien compris une chose, c'est qu'il a plus de flair que moi. Alors, je lui fais aveuglément confiance te concernant, même si, tu as raison, une part de moi gardera toujours en tête qu'une faille existera toujours entre nous, à cause de moi.
Il acquiesce :
— Mais, si Sage te considère comme un frère, alors comme je te l'ai dit, ta famille est ici. Et ça fait des années que tu n'as jamais flanché envers moi. Ton frère est arrivé quand j'en ai eu le plus besoin. J'étais incapable de discerner le vrai du faux, alors qu'en me refaisant le film de nos vies, il y a beaucoup d'indices qui, dans mon état normal, m'auraient mis la puce à l'oreille.
— J'crois que même moi, je n'ai pas voulu voir ses regards noirs, et ses silences parfois angoissants.
— J'aurais dû les relever le premier...
Il ne me répond rien.
Mais un vent de tristesse s'abat sur nous. Parler de Sashæ s'avérera toujours difficile, pour tous les deux. Et puis d'une certaine manière, il n'a pas trahi que moi...
— Tu vas la marier, quand elle se réveillera ?
Je tourne précipitamment la tête vers lui. Je ne m'attendais pas à un tel revirement de situation et encore moins à ce qu'il me pose cette question.
Il me faut quelques secondes avant de répondre.
— J'aimerais bien, avoué-je.
— Il lui faudra du temps.
— Je sais...
Il marque une pause avant de me dire finalement :
— Prends soin d'elle. Elle mérite que quelqu'un la chérisse pour de vrai.
Je sens mes paupières se plisser en l'entendant. Je me souviens que j'ai toujours détesté qu'Alexander la regarde, et sur le coup, l'idée me déplaît encore plus.
— Tu fais toujours cette sale gueule quand t'es jaloux.
Mes traits se détendent, Alexander à un semblant de sourire en coin. Le premier que je vois depuis le début de cette conversation :
— J'compte pas voler ta copine. Mais ça ne m'empêchera pas de te dire que tu n'as pas intérêt à lui faire du mal encore une fois.
Je n'aurais jamais soupçonné qu'Alexander puisse être protecteur envers Mariposa. Et en y repensant, je me rends compte que tout mon entourage a toujours cherché à la protéger bien avant que je le fasse moi-même. Que ce soit Robin, Sage et même Dove... Ils l'aimaient bien avant que je l'avoue moi-même.
— Je ne lui ferais plus jamais de mal.
— Je sais.
Sans le vouloir, un petit sourire en coin courbe le coin de mes lèvres.
— J'compte m'installer dans le Tennessee, m'annonce-t-il en ramassant son sachet de nouilles et en se levant lentement.
Je me lève à mon tour :
— Qu'est-ce que tu vas foutre dans le Tennessee ? demandé-je sur un ton léger.
— Je cherche encore une réponse à cette question.
— Et est-ce que tu fermerais la porte si on passait te voir.
Alexander plonge son regard dans le mien. J'y vois une forme pure de gratitude qui m'étonne.
— Sage sait où je vis.
Je finis par me laisser sourire.
Je lui tends ma main. Il hésite un moment, mais finalement, sa paume glisse sur la mienne et notre poigne est sincère.
— Alors je viendrais.
Alexander finit par me sourire.
— Avec elle aussi, ajouté-je.
— Ma porte sera ouverte pour vous.
Pendant un moment. Je ne lâche pas sa main.
J'ai l'impression qu'on scelle un peu ce semblant d'amitié. On ne sait pas vraiment sur quel pied danser, mais une chose est sûre, on en a fini avec tout ce sang entre nous.
Comme un accord en commun, nos poignes se lâchent et j'ai presque un léger pincement à l'idée de le laisser partir.
— On se reverra quand on se reverra, me dit-il avec un sourire triste.
— On se reverra quand on se reverra, répété-je doucement.
Il hoche la tête et commence à reculer sans me tourner le dos :
— Il y aura une table pour toi... à ce mariage.
— Tout près des toilettes, c'est ça, plaisante-t-il tristement en reculant.
— Dans la cuvette, répliqué-je sur le même ton. J'espère t'y voir.
Il a fini par hocher la tête, et cette fois-ci son sourire s'est fait plus large. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire de même. Jusqu'à ce qu'il me tourne finalement le dos, et qu'il disparaisse au détour d'un couloir.
L'idée qu'on avait fait table rase avec Alexander venait de m'enlever tout un poids de malheurs sur les épaules.
Je suis restée quelque secondes à regarder le couloir vide puis mon regard s'est baissé sur ce bouquet de roses rouges.
Pendant un moment, j'ai eu envie de les jeter par pure jalousie.
Mais... finalement, j'étais content de savoir que je n'étais pas le seul à aimer Mariposa.
Sur la route de ses malheurs, elle avait gagné des frères prêts à la défendre contre moi-même.
L'idée qu'elle puisse compter sur eux me rassure.
Petit cœur Papillon ne sera plus jamais seule.
Elle aura, des frères, des neveux et des nièces qui l'entoureront toute sa vie. Et j'allais m'assurer jusqu'à son dernier souffle que mes mains créent pour elle une belle maison de lumière.
Pour qu'elle puisse papillonner en paix et en sécurité.
Finalement, ma faim s'est envolée. J'ai bien envie d'un café, et pourquoi pas d'une cigarette mais un sourire idiot apparaît sur ma face en pensant que je me suis interdit de fumer, ou même de coucher avec une autre femme juste pour elle.
Je prends ce bouquet en me rendant compte d'à quel point j'ai changé.
Je me reconnais à peine, et je ne suis pas sûr de détester ça.
Moins violent.
En fait... Je n'en veux même plus de cette violence.
Je ne veux plus en avoir besoin.
Et ouais... tout ça grâce à une femme, papa.
Tout ça pour elle.
J'entre dans sa chambre, et mon regard se pose directement sur Mariposa.
La porte se referme derrière moi.
Mes yeux se baissent sur son buste qui subit le gonflement lent de ses poumons.
Il y a un truc qui m'apaise à l'idée de la voir respirer.
Toujours le même rituel. Mes lèvres contre son nez, son front, je touche à ses boucles. Je finis par la regarder quelques secondes, elle et ses taches de rousseurs qui paillettent sa peau mate.
Puis je retourne m'asseoir sur le sofa.
J'ai laissé mon calepin sur la petite table de chevet. Et j'arrive déjà aux dernières pages. J'ai eu le temps de gribouiller tellement de portrait d'elle que je ne saurais plus les compter.
Les pages défilent et j'arrive à la dernière.
La cadence lente de mon cœur ne m'apaise quand même pas.
La mine de mon crayon tapote nerveusement la feuille.
Je ne sais plus quoi dessiner alors finalement je coince le calepin contre les accoudoirs du sofa.
En rivant mes yeux sur son corps livide, j'ai l'impression qu'elle rend mon monde si vide sans elle.
Sa voix me manque et mon cerveau ressasse toutes les mimiques qu'elle fait avec sa bouche quand elle parle. J'ai encore le souvenir de la sensation que me font ses lèvres, et j'ai peur d'oublier ça.
Je me redresse en sentant cette maussade peine s'agripper à ma chair. Mes pas me mènent vers elle. Je m'appuie de mes avant-bras sur son lit. Et mon regard se perd sur les centaines de taches de rousseur sur sa peau. Sur ses boucles et ses yeux clos.
— Tu ne sais pas à quel point j'adore ce nez... Papillon.
Sa respiration lente rythme mon cœur, et je ne peux pas m'empêcher de lui parler.
— Je te veux encore, un million de fois, j'espère que tu le sais ça...
J'ai horreur de la pluie que je ressens sous ma chair :
— Un million ne sera peut-être jamais suffisant pour moi... Love.
Je me sens perdu sans elle, le chemin est juste en face de moi. Mais elle tient mon cœur et il n'est que là où Mariposa est.
Et pour le moment, c'est entre la vie et la mort.
Cette victoire a finalement un goût amer en bouche...
— Je n'ai pas de raison de partir en guerre, si ce n'est pas pour toi... Mariposa. Je n'ai aucune raison de me battre pour trouver la paix sans toi.
Le bout de mes doigts frôle son front et se perd dans ses cheveux.
— Je ne veux pas gagner sans toi.
J'expire profondément. Parce que la toucher me fait du bien, mais la peine de ne pas avoir ses mains sur moi en retour me déchire sérieusement.
—Papillon laisse-moi te montrer ce que ton cœur à fait du mien... Donne-moi une dernière chance... Une seule... Juste pour que tu saches ce que ça fait d'être aimé...
Ma tête se dépose doucement sur son buste.
Le mouvement lent du gonflement ses poumons me berce par vagues. Je respire en m'alignant sur sa cadence. Je sens les cognements lents de son petit cœur, et mon Dieu, que pourrais-je demander de mieux comme mélodie ?
Sauf que je le sens accélérer d'un coup. Je fronce les sourcils en même temps que j'ai un léger sursaut qui me fait reculer en sentant une main sur mon crâne.
Mon cœur explose dans ma poitrine, et en tournant la tête vers elle à toute vitesse, j'écarquille les paupières, en apercevant les siennes papillonner.
— M-Mariposa... ?
Je me redresse précipitamment, mes mains se mettent légèrement à trembler, je n'arrive même plus à respirer, et je m'entends presque m'écrier :
— Mariposa !?
Je vois ses yeux commencer à bouger sous ses paupières. Je vois bien que sa main s'agrippe à mon haut.
— Je suis là, ouvre les yeux Papillon.
J'ai l'impression de perdre la tête. L'euphorie qui explose dans mon cœur n'a aucun mot pour être décrit. L'émotion m'écrase et tout mon corps entier résonne sur cet espoir qui renaît en moi. Je me sens attiré par elle comme un aimant et je n'ai vraiment pas envie de résister.
Quand ses cils commencent à s'agiter, et que finalement, ses paupières s'ouvrent lentement, je m'entends hoqueter de surprise. La couleur noisette de ses yeux me plonge dans un monde de frissons et de tension qui menace d'exploser à tout moment.
Et la première personne qu'elle regarde, c'est moi.
— C'est moi, Mariposa... C'est moi, je suis là.
J'ai une boule dans la gorge qui menace l'émotion de prendre le dessus. Je me sens trembler sous son regard et je réalise définitivement que sans elle, je n'ai ni force ni guide. Je n'ai aucun refuge, aucun repos. Et que je ne pourrais plus jamais faire un pas de plus si elle ne m'accompagne pas le long du chemin.
Son regard ne me lâche pas. Et le pire c'est que moi je la trouve absolument adorable. Le tuyau dans sa bouche l'empêche de parler, mais je vois l'expression sur son visage, et je suis persuadé qu'elle me reconnaît. Il y a un milliard d'émotions qui la traversent, entre appréhension et bonheur.
Sa main se lève mollement vers moi. Elle cherche mon visage, et puis lorsque je sens ses doigts se déposer sur mon nez, glisser sur ma joue puis vers ma mâchoire, j'ai vraiment cette sensation de reprendre la moitié de ma vie.
Je n'ai pas envie de lâcher sa main ni d'enlever ma paume dans ses cheveux, mais je suis obligé de lui dire :
— Je vais chercher un médecin !
Je me décale rapidement et me précipite dehors. Je vois par chance une infirmière passer au loin, et je l'interpelle en hurlant.
Elle arrive vers moi en se précipitant, et constate effectivement que Mariposa s'est réveillée. Avant d'entrer dans la chambre, elle interpelle un autre collège en lui signifiant en urgence d'aller chercher un médecin, puis elle entre dans la chambre et lui dit directement :
— Bonjour mademoiselle... Vous êtes en sécurité ici, prenez votre temps. Je suis là pour vous aider.
Mariposa semble encore dans les vapes, elle absorbe les paroles de cette infirmière avec ce regard si fragile que je peux voir dans ses yeux. Je m'approche de son lit et elle me suit du regard. Ma main glisse dans la sienne et je sens qu'elle essaye de me la serrer mais elle est encore faible.
L'infirmière continue de lui parler en établissant un lien de confiance.
— Le médecin va arriver très bientôt, vous avez été très courageuse, Mariposa. Tout va bien maintenant.
Doucement, je vois les yeux de Papillon briller. Ils se remplissent d'eau et finalement quelques larmes glissent le long de ses joues. Je sens à cet instant que rien d'autre ne compte plus qu'elle. J'ai l'impression de lire la fin d'un cauchemar dans ses yeux, et la possibilité d'un avenir magnifique pour elle comme pour moi.
La connexion intense que je ressens avec elle à ce moment me fait presque peur. J'ai un sourire qui cache les tambourinements de mon cœur. À l'avenir, je savais que peu importe nos épreuves, dans son regard, je parviendrais à tous les surmonter.
𓆃
— Côme...
Je me réveille en sursaut en me demandant à quel moment je me suis endormi.
Immédiatement je me redresse du sofa sur lequel j'étais inconfortablement installé. Je masse ma nuque en plongeant mon regard dans celui de Mariposa.
Elle s'est enfin réveillée et son petit air fatigué active mon sourire.
Je me lève et m'approche de son lit. Elle s'est rendormie quelques minutes après que les médecins l'aient auscultée. Elle avait l'air extrêmement épuisée.
— Amber... Et Farrell ?
C'est la première chose qu'elle me demande. Je me penche vers elle, appuyant mes coudes contre son lit. Ma main plonge dans ses cheveux. Elle n'a plus ce tuyau dans sa bouche, et je n'ai même pas encore appelé Robin pour le prévenir qu'elle était enfin sortie du coma.
— Tout le monde va bien.
Mariposa commence à détailler la chambre.
— Elle a dit que j'ai dormi longtemps... l'infirmière.
J'hoche la tête.
— Ça fait six semaines.
Son visage se crispe, je vois la tristesse l'envahir et c'est la dernière chose que je veux pour elle.
— C'est fini maintenant.
— Je veux pas dormir encore, me supplie-t-elle presque tandis que ses yeux deviennent humides.
— Tu n'es pas obligé de dormir maintenant, tout va bien Mariposa.
— Où il est ?
Mon cerveau a tout de suite compris sa question.
J'ai fermé la bouche un moment. Elle affiche un air de plus en plus déprimé, et je n'avais même pas réfléchi au fait que j'allais bien devoir lui annoncer ça.
— Il est... parti.
— Est-ce qu'il est... mort ?
De nouveau j'acquiesce, et elle entre dans une crise de larmes qui me fait pincer les lèvres.
— Je suis désolé... prononcé-je.
Ses poings cachent ses yeux, j'ai toujours cette main dans ces cheveux. Et je ne suis pas sûre de savoir comment combler sa peine.
— Je suis vraiment désolé, Mariposa...
Ses mains se sont glissées autour de mon cou, et il ne pas fallut longtemps pour enlever mes chaussures et enjambé son lit pour m'allonger à côté d'elle. Elle déversée sa peine sur mon torse. Le pull fin que je porte se mouille de plus en plus et je n'ai pas de mot, que mes bras la serrant contre moi.
— P-pourquoi... ?
Une question à laquelle je n'ai pas de réponse.
— Je ne suis pas sûre de savoir...
— Il m'a tellement aidé... Je ne comprends pas pourquoi il ne nous a pas choisi nous.
Sa voix s'est brisée en prononçant le « nous ». J'ai la gorge nouée moi aussi parce que je me suis fait la même réflexion.
— Parce qu'il a fait la même erreur que moi, petit cœur, il a choisi la vengeance et la rancœur... Sauf que lui n'a pas eu de seconde chance...
Ses bras s'entourent plus fort autour de mon torse. J'avais oublié à quel point mon corps monte en degré à chaque fois qu'elle me touche. Mes mains la câlinent en caressant doucement l'arrière de sa tête et son dos. Je sens ses soubresauts se calmer lentement :
— Et-et Alexander ?
Sans me contrôler, un sourire s'étire sur mes lèvres :
— Il restera un frère pour nous. Je lui ai promis la paix.
— Il faut pas le laisser seul.
Je crois que c'était pour ça que mon cœur avait fondu pour elle.
Parce que son frère avait essayé de la tuer, et la seule chose à laquelle elle pense en se réveillant, c'est le bien-être d'Alexander.
Mes lèvres se posent sur le haut de son crâne.
— Il le sera jamais. Sa famille est ici.
Mariposa hoche la tête, et je l'entends murmurer un petit « merci ».
Merci.
Je ne me sens pas méritant de sa reconnaissance.
Allongé sous ses draps, un silence nous berce tous les deux. Son cœur cogne contre le mien. L'enveloppe d'amour qui me couvre prend ma chair, et l'âme sombre qui se cache sous ma peau. Un sentiment de paix et de bien-être me prend.
La guerre est finie et cette fois-ci, c'est vrai.
— Je suis fatiguée...
Un petit rire m'échappe. Je sais qu'elle ne résistera pas au sommeil.
— N'ait pas peur de dormir, je suis là.
— Tu peux rester dormir avec moi ? me chuchote-t-elle en sortant sa tête de façon à ce que je voie son visage.
— Zostane, tu le sais ça, love.
Elle hoche la tête avec un joli sourire qui creuse ses fossettes que je n'ai pas vues pendant six semaines. Mon Dieu l'envie de la pincer ses joues me prend mais je me retiens en me laissant seulement planer devant son visage qui n'a à ce jour, et à jamais, aucune rivale.
— Merci... mi Rubio.
Elle a fermé les yeux, et j'ai regardé son visage d'ange se laisser aller dans mes bras.
Je savais que je n'allais réussir à dormir, trop absorbé par la beauté de ses traits, je voulais me nourrir d'elle pour guérir ce cœur noir, et être sûr qu'il serait son protecteur, toutes les nuits, tous les jours, toute sa vie.
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Ça fait bien dix minutes que mon regard est rivé sur le fond de mon gobelet de café.
La brise fraîche se colle à la peau de mon visage. J'avale la dernière gorgée de mon café.
Assis sur le banc devant l'hôpital, depuis peut-être une heure.
Ça fait une semaine qu'elle s'est réveillée.
Elle va mieux mais je sens sa peur dans son regard.
Mariposa est en pleine convalescence, réapprendre à vivre après une énième trahison. Et ce n'est pas avec des risottos qu'elle oubliera tout.
— Hey...
Je tourne la tête précipitamment en me rendant compte que Mariposa m'a rejoint dehors. Elle a un plaid sur les épaules et les chaussons fournit par cet hôpital. Je me lève en fronçant un peu les sourcils :
— Tu vas attraper froid comme ça
— Non, je voulais sortir un peu, m'arrête-t-elle en posant sa paume sur mon ventre.
Je la fixe quelques secondes, et la pression de sa main contre moi m'incite à m'asseoir de nouveau. Elle s'assoit juste à côté de moi et replie ses jambes contre son ventre en s'emmitouflant sous ce plaid. Elle finit par me regarder avec un air naïf :
— Tu veux ?
Elle ouvre un bras pour m'inviter à me couvrir sous un bout dérisoire du plaid. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir un léger rictus, et je secoue la tête :
— J'ai pas froid, couvre-toi.
Elle hoche la tête :
— T'étais pas là quand je me suis réveillée... Les infirmières m'ont dit que t'avais pris un café dehors.
Je plonge mon regard dans le sien. J'ai l'impression que son nez devient d'ores et déjà rouge. L'instant qui suit, mon index tapote le bout de son nez.
Elle me sourit, moi aussi.
— Ils ont dit que je pourrais sortir demain...
Je m'adosse contre le dossier du banc, mon bras se pose derrière elle et sans me contrôler le bout de mes doigts caresse son épaule.
— Je sais.
— Je crois que j'ai un peu peur d'être dehors... Et libre. J'arrive à peine à y croire.
— Tu t'es battue, et tu as gagné, Mariposa. Comme à chaque fois.
Elle me pousse gentiment avec son épaule avec un petit sourire timide.
— Tout est vraiment fini alors... ?
Doucement, j'hoche la tête :
— C'est fini.
— Je...
Une légère angoisse s'éveille dans mon ventre.
On n'en a toujours pas parlé.
De sa réponse.
Je n'ai pas trouvé le bon moment, et une part de moi a peur de l'entendre. Parce qu'en réalité, même si son cœur cogne toujours contre le mien, je ne suis pas sûr qu'elle veuille vraiment me donner le sien. Par peur... peur de ce qu'on deviendrait. Et je la comprends, mais moi je sais que mes mains n'auront plus jamais pour fonction de la détruire.
Au contraire.
Je veux tout construire avec elle, et je veux qu'elle m'accompagne.
— J'ai peur, Côme.
Je sens que le moment de la discussion a sonné. Les tremblements de mon cœur et de mes mains me donnent presque la nausée. Je me redresse et mes coudes se posent sur mes genoux, attentifs, je lui demande :
— Tu as peur... de moi ?
Elle me fixe, je sens déjà qu'elle veut pleurer.
Finalement, elle secoue la tête négativement :
— Pas de toi. De moi, de tout ce que j'ai dans la tête, et qu'un jour ça te fasse du mal...
Je souris, encore touché que ses seules pensées soient dirigées vers moi et non son bien être avant tout.
— Je t'ai vu la première fois quand j'avais onze ans. Le petit garçon que j'étais n'a pas compris que seize ans plus-tard, il t'aimerait encore. Ça fait seize ans que tu vis dans mon cœur Mariposa, ce mal dont tu parles ne m'enlèvera jamais ça. Je sais que ce cœur n'arrêtera jamais, jamais, jamais de te choisir à chaque fois... Et peu importe si on balance de l'amour à la haine, il suffit d'un regard, du son de ta voix, du parfum que tu dégages, pour que je choisisse de t'aimer encore plus fort, et tomber pour toi. Tu dois penser à toi avant de penser à ce qui pourrait me blesser.
Mariposa laisse une larme lui couler sur la joue. Elle pince les lèvres et je vois l'émotion transpercer son visage :
— Je veux te demander une dernière chose, murmure-t-elle.
Je baisse les yeux en voyant qu'elle a sorti une de ses mains du plaid. Mon bracelet en argent autour de son poignet me fait du bien, et ma main qui porte son bracelet au couleur du Vénézuela rejoint la sienne.
J'ai l'impression d'exploser de l'intérieur à ce simple contact :
— Est-ce que tu peux m'attendre ?
Mon regard ne la lâche pas, et ses mots restent suspendus dans l'air. Mon monde s'effondre, et je déglutis difficilement. J'ai la sensation que quelque chose de douloureux troue mon cœur. Je sens qu'elle serre un peu plus fort ma main dans la sienne. Ses mots me brisent autant que son contact me reconstruit.
— C'est notre dernière chance, Côme. Si je pars avec toi maintenant, je sens, je sais que je la détruirais. Et toi avec. Tu as raison, je dois penser à moi, et pour ça, je dois faire la paix avec moi-même, hurler seule et me battre seule contre ces choses dans ma tête. Je dois me pardonner pour tout ce que j'ai fait, et ça, personne ne pourra le faire pour moi.
Je vois la crainte de ma réponse dans ses yeux. Elle est forte.
Plus forte que moi.
Je vois la peur, et l'amour.
Elle n'a pas besoin de me dire quoi que ce soit.
Je vois à cette façon qu'elle a de me regarder que je représente ce qu'elle aime le plus sur cette terre.
Et elle est prête à se séparer de moi, pour être sûre qu'elle ne m'abîmera pas.
Pour être sûre qu'elle ira bien, avec, et sans moi.
Je l'admire de longues secondes et je me rends compte qu'elle est l'exemple même de ce que ça représente d'avoir un cœur aussi pur.
Alors en dehors de ce que me provoque, l'idée de devoir m'éloigner d'elle. De ne pas être là pour chacune de ses batailles, de ne pas pouvoir la soutenir comme elle l'a fait pour moi sans jamais manquer une seule fois.
Je me sens fier.
Parce que, cette femme portera mon nom un jour. Et on construira quelque chose de solide sur des fondations indestructibles cette fois-ci.
Mes lèvres tremblent un peu. Je sens une vague d'émotion s'agripper à mon ventre mais je la retiens en lui offrant un sourire qui lui dit que je comprends. Et que même dans mon absence, je serais là.
Je resterais :
— Tu as toute la vie pour me revenir, love. Je t'attendrais jusqu'à ce que ton âme veuille bien retrouver la mienne, quand tu jugeras que c'est bon pour toi. Où que tu ailles, je ne serais jamais loin, et si tu toques à ma porte, tu verras qu'elle sera déjà ouverte pour toi.
Elle se met à pleurer, et dans la précipitation, elle plonge dans mes bras. Je ne peux retenir aussi ma tristesse alors que je l'enlace. Mes joues se mouillent. Ce sentiment brûlant qu'on partage elle et moi défie bien des choses. Que ce soit le temps, ou les épreuves. L'amour reste.
Et je choisis de la laisser partir, lui donner assez d'espace pour guérir, grandir, et se retrouver.
Une part de moi est effrayée... Mais l'autre à espoir, et est sûre que notre histoire n'est peut-être pas terminée.
Elle s'est finalement défaite de moi.
Ses pouces ont essuyé mes larmes, pour la première fois. Et je n'ai pas ressenti de honte devant elle.
Pendant un moment, la regarder m'a fait mal, parce que je ne savais pas combien de temps cette séparation allait durer. J'avais peur qu'elle soit le livre de ma vie, et que je ne sois qu'un chapitre, peut-être même une seule page, un seul mot, une seule lettre qu'elle aura très vite oubliés au milieu des milliers d'autres...
Mais c'est parce que je l'aime que je la laisse partir.
Sauf qu'avant de se lever.
Mariposa a pointé son doigt sur son buste.
J'ai haussé les sourcils en me sentant trembler.
« Je. »
Mon cœur a explosé lorsqu'elle a croisé ses bras sur sa poitrine. Elle s'est mise à pleurer avec beaucoup d'émotion, et je sens une boule dans ma gorge qui m'exalte.
« Aime. »
J'ai dû fermer les yeux pour respirer une seconde, et quand je les ai réouverts, son index s'est planté sur mon cœur.
« Toi. »
Je t'aime.
Et elle s'est levée.
Elle m'a dit qu'elle m'aime.
Mariposa, m'aime, moi.
Encore choqué, j'ai envie de lui demander de me le dire. Je veux le son de sa voix sur ces mots. Mais elle se penche simplement vers moi, prend mon visage entre ses doigts froids, ce qui contraste avec mon visage brûlant.
Ses lèvres se posent sur les miennes, deux secondes.
Ce n'est pas assez.
Mon cœur tambourine violemment, et sans un mot de plus, elle recule avant de s'engouffrer de nouveau derrière les portes coulissantes de cet hôpital.
Je t'aime.
Trois mots qui me donnent l'impression d'en avoir entendu mille.
Son aveu me fait l'effet d'une bombe et j'arrive à peine à y croire. J'ai des sourires qui disparaissent, car en proie à toutes les émotions qui me saccagent magnifiquement de l'intérieur.
Mariposa m'aime aussi.
Elle me l'a dit.
Et ça me suffisait pour être sûr de bien l'accueillir lorsqu'elle me reviendra.
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Re 💃🏽...
Ok... le countdown est inévitable... Le prochain chapitre sera le dernier 😔...
Quelle aventure Mariposa et Côme j'ai l'impression d'avoir eu une année aussi agité qu'eux 😭 ! Non mais autant je les aimes d'amour et je n'ai pas envie de les quitter du tout... Autant je suis impatiente d'écrire les dernière lettres de cette histoire ! Je suis impatiente que vous ayez le fin mot 🥹 !
En tout cas, comment vous avez retournez vos vestes vite !! 😇 Vous êtes passer de la haine à : "Azra, en fait, t'aurais pas pu faire autrement." EN TOUT CAS ! 👀 C'est pour ça que je vous dis de me faire confiance 😤 !
En tout cas, c'est l'heure du Starbucks time 🧋 : Que pensez-vous du fait que Mariposa veuille prendre un peu de recul et guérir de son côté ?
ET SINON euh, VALENTINA DANS VOS BIBLIOTHÈQUES !??? Et cette fois-ci, c'est la bonne ! (Promis !) (Ça va être trop GOU-TU quand je vais annoncer ma ME mamamama 😋 !!!!!!!)
Celles qui me suivent depuis le début vous savez comment j'ai h24 des péripéties 😭 ! Pardon mais quand on dit la patience ça paye, c'est vraiment pas des lol ! El Hamdulilah ! Et, merci à vous d'être restées à mes côtés malgré tous mes hauts et mes bas, même quand je vois certaines d'entre vous qui étiez là depuis les premiers chapitres de Valentina je- 🥹🫶🏾 ! MERCI 1000 FOIS !
I can't wait to share everything with youuuu, j'ai chaud en même temps mais c'est trop excitiiiing !
Et euh pardon, on en parle de la certification WATTPAD ouuuuu ? LE GOÛT DE LA GLAAAACE HAHAHAHA ! MIAMMMM 😋 PTDRRRR
Pardon je me calme, et je vais faire genre d'être quelqu'un de grave HEUMBEUL (humble) alors que je- JKJKKKJKJZJDUZEYBDHEB !
Non mais là... en plus plus le temps passe et plus GHOST prend de la place dans ma tête ? Non pardon-pardon, can't WAIT !
Aller, je vous laisse, bisous, bisous mes stars ! 😎
@𝐚𝐳𝐫𝐚.𝐫𝐞𝐞𝐝 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦
xoxo, Azra.
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