CHAPITRE 31: Haine et obsession.

J'peux vous dire bonjour ooouuuuu vous allez me menacer ? 🌹


Bon, bonsoir mes biches, comment vous allez 🙂 ? Moi ça-va merci hein ! 


C'est mieux je vous parle à la fin, PTDR !




Xoxo - Iamkunafa. 🍓







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🎵 Anatomy - Kenzie



CÔME. 




Je l'ai senti avant même de le voir.

Cette odeur m'a collé à la peau de mes six ans, jusque mes vingt-sept ans.

C'est elle qui m'a guéri de ça.

Et maintenant j'avais peur qu'elle subisse le même sort.

Et cette fois-ci... Je savais que les cauchemars ne s'arrêteraient jamais.

Les larmes de mes yeux se sont asséchées. En proie au choc intérieur que subissent mes organes, la voiture longue le chemin de pierre vers la maison de Robin.

D'abord au loin, je l'ai vu...

Ce fameux brouillard noir qui m'a donné l'impression d'avoir six ans. D'être coincé dans les escaliers de cette maison, suppliant maman de descendre avec moi.

La douleur s'est réveillée mais cette fois-ci, maman n'est pas apparue. Ni dans mes visions ni dans mes ressentis.

Je suis seul à mesure que le véhicule fuse vers la maison de mon frère.

Et elle est noire.

De cendre et de flammes si rouges que j'ai besoin de fermer les yeux pour comprendre que d'où sort ces flammes, la femme de ma vie m'attend peut-être au milieu.

Et un jour... J'avais dit que même si elle n'était plus que des os et de la cendre je continuerais de l'aimer quand même.

Ce n'était peut-être pas la meilleure façon d'avouer mon amour pour elle.

Je la voulais en chair et complète.

Je ne voulais jamais avoir à tenir ses cendres entre mes doigts et laisser le vent me la prendre. Qu'elle s'envole sous une forme de poussière noire et qu'elle devienne aussi invisible et insignifiante que le vent qui pousserait un tas de feuilles mortes...

Je voulais... La froideur de ses pieds froids contre moi. La brûlure de ses lèvres contre les miennes. Le son de son rire, la sensation d'avoir ses boucles dans le nez. Le toucher de ses mains dans mon dos quand elle me serre très fort contre elle. La pression de sa poitrine, la rencontre de nos cœurs à chaque étreinte.

Je veux ça.

— Arrête la voiture, m'écrié-je.

Sage freine violemment devant le cadavre de bois en face de moi.

Les flammes sont si virulentes qu'elles sortent des fenêtres comme des démons qui en veulent toujours plus. Elles prennent de la place et prennent de la place dans le trou que j'ai dans le cœur, je baisse les yeux sur la porte d'entrée ouverte.

Il ne m'en faut pas beaucoup :

— CÔME, ATTENDS !

J'ai l'impression de perdre ma peau à la seconde où je passe le pas. Submergé par le léché rouge qu'elles laissent sur ma chair. Je ne suis même pas sûre d'avoir mal. Mais j'entends ces crépitements, j'entends la destruction, et c'est la deuxième fois que je vis cette scène.

Mes yeux font le tour de la pièce, je commence à tousser, et je sursaute quand une poutre s'écrase violemment dans la cuisine, les flammes bouffent le bois qui cherche à survivre et je me sens désespéré en m'enfonçant dans cette maison qui risque de s'écrouler à tout moment !

— MARIPOSA !?

Je me rue dans la cuisine.

— CÔME REVIENS !

La voix de Sage à l'entrée ne me retient pas.

Instinctivement je me précipite derrière l'îlot centrale :

— Mariposa !? m'écrié-je en toussant.

Et je vois un corps allongé sous un placard qui s'est effondré dessus. Je me mets à tousser violemment, presque incapable de respirer, les flammes me brûlent de l'intérieur. Je me jette presque sur les portes de placards en bois et les enlèves.

Mais ce n'est pas elle ! C'est pas elle putain !

C'est le corps calciné de Stonehead. Et cette fois-ci, ses cicatrices ne partiront plus jamais. Je recule presque effrayer à l'idée de ne pas l'avoir trouvé.

Mes pas me mènent de nouveau vers le salon, je vois Sage devant la porte d'entrée, il recule à chaque fois qu'une flamme jaillit.

— REVIENT CÔME ! TOUT VA S'ÉCROULER ! REVIENS !

Mais en courant vers la salle de séjour, je crois voir quelque chose près du canapé.

Je me rue dessus dans un dernier espoir. Une pile de poutres cramée sont entassées sur quelque chose.

— MARIPOSA ! MARIPOSA !?

C'est elle, mes mains me brûlent, mais j'ignore la douleur pour pousser le bois qui est sur elle.

Je suis pris d'un choc quand je constate qu'étrangement, son visage noir de suie est encore éveillé. Je plonge dans ses iris ambre qui me cherchent, et pendant une seconde je me sens revivre. Je ne sais même pas comment ça peut être possible !

— Mariposa ! Je suis là !

Mais les poutres sont tombées sur elle d'une façon qui finalement l'ont protégé en formant une sorte de dôme au-dessus d'elle.

— CÔME PREND-LÀ ! ON S'EN VA MAINTENANT !

Sage m'a finalement rejoint jusqu'ici, il se couvre la bouche avec sa manche, et me tire vers lui.

Je ne réfléchis plus, mes mains passent sous ses épaules et ses genoux, je la porte difficilement à cause de la fumée. J'ai l'impression d'avoir du feu dans les poumons.

Poussé par Sage, on sort de la maison, je fais quelques pas dans la neige et tout d'un coup, le bruit de la maison qui s'écroule juste derrière moi me fait trébucher.

Ma violence aura aussi détruit la maison de Robin... Tous ces souvenirs... Tout ce qu'il a construit pendant que je n'étais pas là pour lui détruire sa vie.

Sage me tire un peu pour qu'on s'éloigne de ce tas de poutres enflammées.

Je ne m'éternise pas sur les flammes, je me baisse vers elle.

Elle a les yeux ouverts. Quelques brûlures sur la peau, rien sur le visage. J'ai presque l'impression qu'elle a été protégée par bien plus grand que moi, que nous, par ce qu'il y a plus haut que ces mers, que ce ciel.

— Je suis là. Je suis là Mariposa... Je suis là !

— Appelle une ambulance ! Maintenant ! Appelez quelqu'un, hurle Sage à Alexander qui se précipite sur son téléphone.

Assis dans la neige, j'avoue qu'elle me fait du bien. Mes paumes se posent sur son visage, j'ai les mains noires, son visage aussi est plein de suie. Elle respire difficilement, et c'est à ce moment que je remarque qu'elle est couverte de sang.

Les larmes glissent douloureusement sur mes yeux et tombent sur ses joues.

— Je suis là, maintenant... love...

Mon visage s'approche du sien je me sens tellement impuissant, Robin et Alexander restent en communication et je fais glisser Mariposa sur mes jambes, je la serre tellement fort que j'ai peur de l'étouffer.

Le son de son souffle me fait perdre mes moyens, j'ai l'impression qu'il s'affaiblit et deviens de moins en moins en vivant :

— M... Mer... ci...

Je me sens submergé par des larmes atroces qui me retournent l'estomac. Sa voix me paraît rauque et ça me fait du mal. Je me berce lentement avec elle dans cette neige qui contraste avec la cinématique des flammes derrière moi.

— Mer... ci de... ne pas... avoir abandonné... Tu m'as... sauvé... Ru bio...

— S'il te plaît... Mariposa... S'il te plaït... Ne me fais pas ça...

Ses yeux commencent à se fermer, et ma main tapote doucement ses joues :

— Reste avec moi ! Les secours arrivent ! Il faut que tu tiennes quelques minutes de plus ! Tu peux faire ça pour moi ?

Elle ne me répond rien. Mais moi mon cœur me répond, et son hurlement me déchire les entrailles. La douleur est insupportable !

— Tu dois me donner ta réponse... Après on s'en va d'ici... On ira près de ta mère, ta nièce, Mariposa. J'ai tout prévu pour toi... J'ai une maison pour toi... Donne-moi une réponse... Donne-moi ta réponse, petit cœur... Je t'en prie.

Elle a fermé lentement les yeux.

La boule dans ma gorge a décuplé mes larmes.

Mariposa, j't'en prie !

Des larmes qui ont coulé sur elle, j'essayais d'enlever la suie sur son visage. Mes frères et Alexander me regardaient plus loin, mais je n'aurais pas pu faire semblant qu'elle ne comptait pas pour moi devant eux.

Devant ses yeux clos et le silence des flammes, ma voix se délie devant elle.

— L'amour porte ton nom Mariposa. Et tu es en train de me tuer autant que tu m'empêches de mourir. Si ce n'est pas ça aimer, alors qu'est-ce que ça peut être d'autre...

J'ai entendu au loin la sirène d'une ambulance.

— Tu es mon tout, love. Ne m'abandonne pas.



𓆃



Les heures défilent en même temps que ces gens. En blouse blanche et en crocs. L'ambiance jongle entre cris de bonheur et pleurs de malheurs.

La dernière fois que j'étais assis dans un hôpital, Sashæ était avec moi. Il me racontait à quel point il détestait ça. Pendant que je l'écoutais se plaindre, j'avais les yeux rivé sur ses bagues ensanglantées.

J'aurais dû le voir.

J'aurais dû le savoir.

J'aurais dû le comprendre avant.

Le jour où James a été assassiné, il était le seul à savoir où j'allais. Et il est rentré en même temps que moi. J'avais vu les regards que Lynn lui avait lancé. Et quand je me demandais où étaient mes problèmes, je ne me doutais pas qu'il fallait que je regarde juste devant moi.

J'ai fermé les yeux, et maintenant ça fait des heures que j'attends en silence dans une salle bondées de monde.

Assis sur le banc en plastique, mon regard n'a pas bougé de devant moi.

Je n'ai pas de nouvelles d'elles.

Mais plus ça dure et plus je garde espoir qu'ils sont en train de tout faire pour essayer de la sauver...

Autrement, il serait déjà venu me voir pour me dire que c'est fini...

Non ?

— Côme ?

Je relève enfin les yeux après tout ce temps en entendant la voix de Robin. Son bras est emmitouflé dans un attèle qui maintient son bras bandé plié.

Son visage à l'air au bord du précipice. Des cernes noires creusent ses joues. Je sens et vois la pitié dans ses yeux.

Je me relève à mesure qu'il s'approche de moi, emplis de culpabilité, je lui ai encore bousillé sa vie :

— Comment tu vas, demandé-je en pointant son bras d'un geste de mon menton.

Il hausse les épaules mollement.

— Et Amber, Farrell, et le bébé ?

— Ils vont bien...

Un soulagement me prend. Amber à réussit à atteindre la maison des voisins. Mais le petit a pris un sacré coup de froid...

Je n'arrive même pas à soutenir le regard de mon frère.

Il ne dit rien. Même si... Je sens que l'issu de cette journée le peine autant que moi. Il ne veut pas m'accabler, mais moi je sais que j'ai brûlé tous ces souvenirs...

— Je... suis désolé, articulé-je dans un souffle.

Robin s'éclaircit la voix.

Il détourne le regard lui aussi. Ça serait hypocrite qu'il me dise que ce n'est rien.

— Tout ce qui compte pour le moment, c'est que Mariposa s'en sorte, me répond-il d'une voix basse.

Je n'ai jamais été très proche de Dove.

Robin en revanche, je l'ai toujours admiré.

À mes yeux, c'était le grand-frère de mes rêves.

Jusqu'à aujourd'hui, je me rends compte que cette image que j'avais de lui n'a jamais changé. Et pourtant, je ne compte pas le nombre de fois où je l'ai envoyé se faire foutre. Où je lui ai ouvertement craché ma haine à la gueule. Où je lui ai manqué de respect.

Et malgré ça, il est resté mon grand-frère. Toujours.

J'ai tout d'un coup un sentiment oppressant de honte qui aggripe ma chair. J'ai du mal à réfléchir. Mais je sais que plus-tard, j'aurais des comptes à rendre à Robin, sa femme et ses enfants.

Je déglutis, en tournant la tête vers Alexander :

— Appelle ton frère.

Je me mène vers le siège où j'ai laissé ma veste.

J'ai bien fait comprendre à Alexander qu'il ferait mieux de ne pas bouger d'un iota, parce que dans l'état mental dans lequel je me trouve, je peux faire exploser sa cervelle devant tous les gens présent dans cet hôpital. Il est resté avec nous toutes ces heures et je ne lui ai pas dit un mot, ni à lui, ni à Sage qui était assis de l'autre côté de la pièce.

On essaye tous de comprendre ce qui vient de se passer.

Et ça n'a toujours pas de sens logique. Mon cerveau n'accepte pas et j'ai l'impression qu'il tombe en ruine.

— Côme... m'interpelle Robin. C'est peut-être pas le moment... Tu devrais rester là...

— Appelle ton frère, maintenant.

Ma voix est froide et dénuée de toute émotion.

Le temps passe et cette horrible peine se transforme en un immense brasier qui me brûle de l'intérieur et menace d'exploser mon cœur déjà bien cramé.

Alexander sort son téléphone sans un mot. D'ici je vois ses mains trembler. Sur son visage je vois aussi une forme poignante d'angoisse mêlée a une profonde d'inquiétude. Je ne suis plus sûre de pouvoir croire qui que ce soit. Les mots de Sashæ se bousculent tous dans ma tête.

Quand il me faisait rire.

Quand il m'appelait mon frère.

Quand il me disait qu'il m'aimait.

Pendant ce temps, je créais une place de plus en plus grande pour lui, au milieu de ma poitrine.

Je me trouvais ridicule de laisser quelqu'un d'autre de ma famille entrer dans mon cercle. Mais lui il y est parvenu, et d'une certaine manière, il a ouvert mon cœur.

Parce que je savais que je n'aurais pas pu avoir meilleur ami que lui.

Mais cette place est creuse et vide. Emplis de fausseté et mensonge qui me font serrer les poings.

Je finis d'enfiler ma veste en même temps qu'Alexander me tend son téléphone.

— Debout, lui ordonné-je.

Il m'obéit et se lève en même temps que Sage.

— Toi tu restes ici.

— Fermes-ta gueule, me répond mon frère en avançant vers moi.

La tristesse qui griffe son visage me fait rappeler que lui aussi risque probablement de perdre son meilleur ami ce soir. Alors je ravale mes envies de le remettre à sa place et de provoquer une scène dans cette salle d'attente.

La tonalité continue de sonner. Je sens mon arme froide dans mon dos, et l'envie d'enfoncer une balle dans le crâne de celui qui m'a sorti d'une mort certaine me prend.

Je commande à Alexander de marcher devant moi. Il sait très bien que je ne le raterais pas s'il essaye quoi que ce soit. Mais de toute façon je n'ai même pas l'impression qu'il veut essayer quoi que ce soit. Je crois que lui-même cherche des réponses.

— Côme ?

La voix de Sashæ au téléphone m'arrête dans ma course.

Des infirmiers courent à côté de moi, et je les regarde fuir en espérant que cette urgence n'est pas pour elle.

— J'ai ton frère, j'annonce sans introduction.

— J'ai aussi quelqu'un qui pourrait t'intéresser. Je suis à Charlottesville. Là où tout a commencé, à la station essence sur High Street.

Il a raccroché.

Notre ton était froid. Une amertume se forme dans ma bouche face aux souvenirs du passé... Quand il ne pouvait me parler sans rire...

Mais je n'ai pas perdu de temps pour ordonner à Alexander de sortir de cet hôpital.



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Paysage de carte postale. Pas le genre paradisiaque, non. Mais rien n'a changé, treize ans après. J'ai presque l'impression de voir quelques traces de sang sur la pompe à essence ou j'ai utilisé cette main gauche pour tuer.

La scène défile dans cerveau en boucle. Je me souviens de toutes les pensées que j'ai eu à ce moment. Ce que prendre une vie m'avait fait après avoir vu mon père en prendre tellement, que voir des cadavres ne me faisait plus rien.

— Aller sors.

Mon arme pointe Alexander pendant qu'il sort. Il n'a toujours rien dit de plus. Il obéît et attend que la suite défile.

La nuit crée un dôme noir sur nous. J'avance en plaçant Alexander devant moi, ma main sur son épaule, le glock au beau milieu de sa colonne vertébrale, le doigt sur la détente. Suivit de près par Sage.

Mon frère pousse la porte de l'épicerie, son arme en joug, droit devant. Les lumières sont éteintes. La cloche tinte quand on entre et directement j'entends :

— Arrête-toi.

Une lumière s'allume près de la caisse. À peine entrée dans la station d'essence vide, je remarque directement que le propriétaire est mort. Ligoté au sol, ses yeux sont encore ouverts, et une mare de sang s'émane de sa gorge. À côté de lui, un employé de rayon à subit le même sort.

— Avance d'un pas.

La voix au fond de la boutique me fait tourner la tête. Je me tourne rapidement en plaçant directement Alexander devant moi.

Et puis des bruits de pas sortent de l'ombre. J'entends quelqu'un gémir avant de la voir.

— M-maman !? s'écrit Sage en faisant un pas en en pointant son arme vers le ravisseur.

J'arrête sa course en l'attrapant par le bras.

Sashæ sort de l'ombre, en tenant Natalie King en otage.

Un dédale d'émotion contradictoire s'éveille en moi. Je tombe dans ses yeux et je ne sais plus quoi penser. Je vois celui que j'appelle mon frère, et celui qui a envoyé Mariposa au bloc opératoire.

J'entends nos rires, et mes supplications pour qu'il ne lui fasse pas de mal.

Je vois une face sombre, une face clair...

Je ne sais plus qui j'ai en face de moi. Et jamais avant lui je n'avais ressenti un tel désarroi à l'intérieur de moi.

Mon attention se reporte sur Natalie qui gémit. La bouche couverte par un baillon, des larmes ont glissé le long de ses joues. Dire que je serais peiné serait un mensonge. Son sort m'importe peu, mais c'est la mère de mes frères et je dois prendre en compte que si elle canne, Robin et Sage risque d'en payer le prix toute leur vie. Je ne suis pas sûre que j'ai envie que Sage soit orphelin comme moi...

— C'est quoi c'délire putain ! crache mon frère en pointant son arme vers eux. Tu butes notre sœur, tu t'en prends à ma mère, enfoiré ! T'étais qu'un putain de taré depuis tout ce temps ! Et j'avais senti que tu puais la merde à des kilomètres ! J'aurais jamais dû fermer les yeux pour Alex !

Un léger sourire s'étire sur les lèvres de Sashæ. D'un air presque détaché, il lui dit :

— T'étais celui dont je me méfiais le plus, Sage. T'as été le plus difficile à apprivoiser, mais il faut le dire, t'as du flair.

Sage fronce les sourcils et serre la mâchoire, je l'entends respirer fort d'où je suis, il transpire. Il ne s'attendait certainement pas à voir sa mère dans une position pareille.

Natalie ne se défend même pas vraiment et semble avoir été pris au dépourvue en vue du pyjama qu'elle porte sur elle.

— Je peux tuer ton frère maintenant, Sashæ.

Prononcer son nom me laisse un goût amer dans la bouche.

— Je sais... murmure-t-il dans un souffle.

Sashæ avance d'un pas. Méfiant, je recule avec Alexander.

Les jumeaux se fixent sans un mot, mais j'ai bien l'impression que dans leur échange de regard qu'ils se comprennent très bien sans parler.

— J'suis désolé, Alex'.

La voix profonde de Sashæ me parait si sincère. Mais en vrai, je ne sais plus ce qui est vrai ou pas le concernant.

— Pourquoi... lui répond son frère.

Sashæ baisse les yeux, et l'expression de son visage se remplis de honte.

— Tu m'as rien dit... Tu m'as toujours dit que papa était parti... Qu'il nous avait abandonné... Tu m'as laissé vivre avec ce mensonge tout ce temps... Pourquoi... Comment... T'en es arrivé à là, Sashæ dis moi que c'est un cauchemar... ?

Je ressens la détresse dans son ton. Et ses muscles se crispent sous ma paume sur son épaule. Sa colère est réelle.

— Je ne voulais pas que tu vives ce que j'avais dans l'crâne, Alex...

— Alors t'as préféré me faire haïr mon père pendant treize ans ! Tu m'as laissé entrer dans la famille qui a tué papa pour servir un plan qui s'est étalé sur autant d'années ! Quand est-ce que t'as pété les plombs comme ça, putain !? J'reconnais pas mon frère !

C'est la première fois que j'entends Alexander hausser le ton, presque crier. L'ambiance devient très vite très oppressante. On ressent tous la détresse d'Alaxander. Sage se tourne vers lui, partagé entre loyauté et trahison, personne ne sait vraiment comment se positionner.

— On est quitte, Côme, laisse partir mon frère, je laisse partir le tiens, et réglons ça tous les deux.

Mon nom entre ses lèvres me parait lunaire.

Il me parait tellement faux maintenant. Alors qu'avant ses attention éveillait une petite joie intérieure.

Quand je le regarde, mon cerveau n'a qu'une seule envie, lui faire la même chose qui a laissé Mariposa ensevelie sous un tas de débris. Mais... en même temps, mes mains tremblent et mes souvenirs prennent parfois le dessus.

— Comme tu as laissé partir Mariposa ? Le provoqué-je avec amertume.

— Je suis prêt à nous immoler tous les cinq Côme, si tu veux que ton petit frère se réveille demain, ne me cherche pas.

Alexander laisse un son mi-choqué, mi-blessé lui échapper.

Et ces mots me fige moi aussi.

J'ai horreur de me dire que ce que je ressens, c'est la douleur. Ma colère me parait tellement faible par rapport à ce sifflement qui compresse mon cœur et mon estomac. J'aimerais que tout ça soit une vilaine plaisanterie et que j'ouvre les yeux pour me rendre compte que je cauchemardais.

Mais je revois la gorge d'Ania devenir rouge, et je pense que l'inquisiteur était là, à côté de moi, marchant dans les murs de ma maison. À rire avec ma famille, mes neveux, mes nièces.

— Qu'est-ce que tu es devenu, lui demande Alexander dans un souffle.

— J'ai... J'ai vraiment cru pouvoir tout arrêter...

L'arme qui menace Natalie glisse le long de ses bras. Sashæ place un de ses bras de façon désintéressé autour de sa gorge.

Sage fait un pas avec l'air paniqué sur le visage :

— Sage, bouge, lui ordonné-je.

Mon frère s'arrête tandis que le regard de Sashæ me parait tellement livide. Et plus le temps passe, moins je me comprends, tout d'un coup, j'ai autant de haine que je n'arrive pas à qualifier l'autre partie des sentiments que je ressens.

— Sais-tu que cette salope est celle qui a brûlé la maison de ton enfance, Côme ?

Je fronce les sourcils en ayant de nouveau l'impression qu'un coup de poignard m'a transpercé encore une fois. Sashæ désigne Natalie de son arme, je la fusille du regard et je ne me sens pas aussi choqué que je le devrais.

Tout fait sens.

— Aller dis leur ce que tu as fait, Natalie...

Il lui baisse le bâillon de la bouche :

— Sage, sort moi de là ! hurle-t-elle les yeux écarquillés.

J'ai l'impression de voir les derniers instant d'une brebis agrippé par un prédateur.

Sa terreur se retranscrit sur ma peau, mes poils s'hérissent.

Le regard de mon frère devient macabre et mélancolique à la fois. Il fixe sa mère, son arme toujours pointé vers eux. Je vois que le bout de ses mains trembles.

— Sage !

— Aller, Nat' dis leur toutes ces fois ou tu m'as donné des informations sur eux pour que je vienne buter Côme. Dis leur qu'on s'est mis d'accord avec Stonehead pour qu'il envoie ce message à mon frère pour que tout le monde parte à Chicago, et que je me retrouve seul avec Mariposa. Dis-leur que tu étais là uniquement pour les milliards d'Aaron, et que tu avais tellement peur de sa première femme que tu t'es dit que mettre cette maison en flamme t'éloignerais de tout danger. DIS-LEUR !

Natalie sursaute. Elle s'étouffe dans ses larmes tandis que moi, mon arme s'enfonce nerveusement dans le dos d'Alexander. Je suis presque pris de tremblement face à ses révélation j'ai envie de le faire partir en fumé maintenant !

— SAGE ! Je suis ta mère ! Il raconte tout ça pour vous embrouiller ! Sage ! J't'en prie, mon fils !

Le bras de Sashæ autour du cou de Natalie se resserrent doucement.

— Et si je serre... Est-ce que tu m'arrêterais Sage... ou...

J'assiste à la scène avec mon cœur qui accélère de façon scandaleuse. J'arrive à peine à respirer, en voyant Sashæ prendre doucement la vie de la mère de mes frères. Je suis à la fois tétanisé par les annonces, et déchirer entre l'idée que si elle meurt, Robin et Sage vont avoir du mal à s'en remettre.

— Ou... Tu me laisserais la tuer, parce que tu savais que c'était elle qui avait brûlé la mère de ton frère, et de votre petite sœur d'ailleurs, n'est-ce pas, Sage ?

Un énième coup de massue me tombe sur la tête, je tourne la tête vers Sage en même temps qu'Alexander. Ses mains tremblent, et son visage se crispent pour laisser des larmes glisser lentement le long de ses joues.

— Mais oui... Ania est née d'une union hors mariage avec une pute polonaise que votre enfoiré de daron a trouvé dans une boite huppé de Manhattan. Vous ne vous êtes jamais demandé où était passé sa mère, putain ?

Sashæ a presque un rictus. Comme si la situation était amusante et qu'il nous faisait la faveur de nous dévoiler notre histoire. Mais moi je reste toujours aussi choqué par ses annonces.

Sage savait que Natalie avait tué ma mère. Et il n'a rien dit. Un effroi me prend les tripes.

Tout ce temps, je me demandais ce qui avait appuyé sa décision à trahir mon père pour moi. Ma réponse est là. Sage voulait se racheter, mais il n'a pas eu le courage de tuer sa propre mère.

Mon frère ferme les yeux, il baisse la tête un moment sans baisser son arme. Ses mains tremblent.

— J'ai jamais voulu que ça se passe comme ça... Côme... me murmure Sage sans me regarder.

Mes mots se coincent dans ma gorge. Pendant un moment, j'ai envie d'hurler.

Comme au bon vieux temps exploser sur lui, et lui faire comprendre qu'il n'aurait jamais dû me cacher ça ! Mais je ravale mes peines pour le silence, parce que Sashæ est excellent pour manipuler les gens autour de lui.

Je perdrais à humilier mon frère devant tout le monde, et je sais que ce n'est pas le moment pour régler ces révélations maintenant. Mon attention se reporte sur Sashæ qui a un air aussi décontracté que macabre

— Et est-ce que vous saviez... Qu'elle savait que j'allais finir par tuer, Ania ?

J'entrouvre les lèvres. Et Sage relève immédiatement la tête.

— C'est-f-faux... Il ment... S-Sage... Écoute moi, je suis ta mère. Il ment !

Je sens ma tête se secouer légèrement.

C'est trop...

Trop à encaisser.

Trop pour aujourd'hui. Je n'ai pas les épaules pour tout ça.

Sashæ continue d'effectuer une pression autour de sa gorge, et mon frère et moi on se regarde. On est tous les deux en proie au choc, c'est à peine si l'on arrive à articuler quoi que ce soit.

Et Sashæ continue d'une voix espiègle :

— Qu'est-ce que tu me disais déjà, Nat ? Ah oui, « tu peux la tuer, c'est qu'une batarde » c'est ça ?

Mon frère n'a pas réfléchi une seconde. J'ai presque sursauté lorsque le bruit de la détonation a retenti dans l'épicerie sombre.

En relevant la tête sur celle de Nat, un trou rouge se dessine au milieu de son front. Elle regarde son fils, et je peux voir une larme glisser le long de sa joue.

— PLANQUE-TOI !

J'ai poussé Sage avant même que Sashæ a levé le bras vers lui, mon frère s'est écrasé sur l'étagère de magazine. Je n'ai pas eu le temps de réfléchir, j'ai tiré vers Sashæ qui nous a tiré dessus en même temps que moi.

On s'est raté tous les deux mais un grognement retenti, j'ai visé Alexander à l'épaule. Sashæ nous tire dessus en rafale, les paquets de nouilles explosent en même temps que je me jette dans une des allées vides pour me cacher près de Sage.

Planqué au rayon de conserve, je tourne la tête vers Sage. Son visage est déformé par une forme chaotique de tristesse, ses larmes coulent comme s'il n'en avait pas conscience. Ses mains tremblent, je le vois sortir un paquet de cigarette comme si c'était le moment. Il en coince une entre ses lèvres, et il prend un temps monstre avant de réussir à générer une flamme avec son briquet.

— Alex ? résonne la voix de Sashæ.

Sashæ semble faire glisser son frère près de lui, j'entends le son d'un corps glissant.

Pendant un moment mon estomac se retourne et je reste attentif à la voix de Sashæ.

Sage me parait encore plus dépressif. Il insiste la fumé qu'il éjecte rapidement.

— C'est rien... c'est une balle dans l'épaule, aller déconne pas, Alex !

— Ç-ça-va, lui répond doucement son frère.

Un poids s'envole en entendant la réponse d'Alexander. Mais la voix de Sashæ au fond de la boutique me rappelle que je ne peux plus avoir de pitié pour lui.

Et que si cette histoire ne se règle pas dans un bain de sang maintenant, elle ne se finira tout simplement jamais. Et je ne veux pas me réveiller un jour avec un glock au-dessus de ma tête, je ne veux pas perdre encore quelqu'un.

Même si... Je ne veux pas le perdre lui aussi. Mon cœur sait que je n'ai pas d'autres choix...

Je regarde les corps morts du propriétaire de la boutique et de son employé juste en face de moi.

Tout ça, c'était toute ma vie.

Jusqu'à mes vingt-cinq ans, j'ai rythmé mes heures et mes jours à régler mes comptes, faire couler le sang, et jouir de billets sales pendant que des familles pleuraient leur mort à cause de moi.

Je ne dormais pas de la nuit moi aussi.

Parce que... Ouais... l'angoisse de décevoir mon père était pire que tuer tous ces gens...

Et maintenant ?

Qu'est-ce que j'en ai tiré exactement ?

À part, avoir la fille de mes rêves un pied dans le monde des morts ?

Tout ça pour ça ?

Tout le monde est mort.

Sauf nous.

En levant la tête, je remarque d'en haut de la caisse, il y a un putain de miroir de surveillance.

Et l'image que j'ai vue m'a fait froid dans le dos. Mon cœur à décuplé en cadence et sans perdre une seule seconde, j'ai tendu le bras derrière moi et tiré. Sashæ s'avançait discrètement dans les allées, et en anticipant mon coup, il s'est baissé et la seconde qui a suivi, je recevais son pied dans mon poignet.

La douleur n'était rien face au sentiment que cet homme que j'ai regardé comme un frère voyait ma mort depuis une dizaine d'années.

Elle est là, ma guerre.

Finalement, il était là, ce champs de bataille sur lequel j'allais lui prouver que je risquerais la seule et unique vie que, juste pour qu'elle sache que quelqu'un l'a aimé.

Sincèrement.

Profondément.

Mortellement.

— Je t'ai fait confiance... prononcé-je.

Je me suis levé maladroitement mais à ce moment, en me protégeant de mes poings, je savais que si le sang n'avait pas coulé. J'allais me relever, jusqu'à ce qu'il tombe.

Et je nous détestais tous les deux pour ce mal qu'on allait se faire.

Mais il n'y avait pas d'autre solutions possible pour moi...

Juste pour être sûre qu'elle ne fasse pas de cauchemars dans lesquels il reviendrait l'abandonner dans une maison enflammé.

— On dirait que c'est la fin d'une grande histoire d'amour, hein Côme ?

Sa voix est aussi triste que mon cœur.

Aussi triste que mes idées.

Je ne réponds rien.

On se fixe quelques secondes, en position et je ne sais pas qui va attaquer le premier. Ses yeux me rappellent que de bons moments passer à ses côtés. Je sens une morosité m'envahir quand finalement, j'ai l'insoutenable envie de le réduire en cendre.

Mon poing s'écrase pile dans son menton, il rejette la tête en arrière, et ma main prend un bocal en verre sur une des étagères, d'autres tombent et s'éclatent au sol, je le balance en direction de sa face, avec l'intention clair de le tuer.

Et l'impact me fait aussi mal que lui. Il tombe au sol, mais il ne se laisse pas faire non plus, son pied s'abat sur ma cuisse, ce qui me fait plancher. Je m'accroupis et prend un bout de verre au sol, il coupe l'intérieur de ma paume, je déchire déjà sa cuisse, et son grognement de douleur me tue de l'intérieur.

J'ai horreur de moi.

Je me sens monstrueux.

Mon visage est crispé, je me déteste à mesure que je l'abime et qu'il gémit de douleur.

— J'savais... que tu te déchainerais pour elle...

Pris de surprise, Sashæ se jette sur moi. Projeté au sol, je sens ses bagues violemment s'enfoncer dans mon visage.

— Je savais que t'allais faire ça, enfoiré !

Il s'est écrié, j'ai vu Sage derrière qui allait intervenir, mais j'ai tout de suite articulé :

— T'en mêle pas !

Mes bras ont saisi son col, et j'ai approché ma tête de la sienne pour lui donner un violent coup de tête.

Je reprends le dessus en m'écrasant sur lui, je ne pense à rien d'autre que l'image de Mariposa allongé sous ces débris brûlés. Ma haine ressort dans ma violence qui s'abat sur lui. Parfois ses poings m'atteignent.

Et d'un coup je sens une violente douleur dans ma côte, j'ai un mouvement de recul en constatant qu'il vient de m'enfoncer un bout de verre épais dans la peau. La douleur me lancine et Sashæ s'éloigne de moi en même temps que je regarde le bout de verre enfoncé dans chair.

Essoufflé tous les deux. Ma paume tremblante entoure ma blessure. Il tient sa cuisse, lui aussi souffre. Je vois Sage qui nous regarde tous les deux avec un air horrifié. Plus loin, Alexander, est posé mollement contre les frigos du fond. Il tient son épaule et semble de plus en plus blême.

Mes regard croise de nouveau celui de Sashæ...

Je ne sais pas comment je vais y arriver. Mais je sais que je dois le faire.

J'ai l'impression de tuer une partie de moi dans la guerre qui nous oppose.

— Tu m'obliges à faire ça, soufflé-je.

Ma blessure me tue de plus en plus, je me sens transpirer à grosse goutte.

— J'pensais pas que ça me ferait aussi mal... Tu sais... murmure Sashæ.

J'ai une boule à la gorge qui revient et me compresse le cœur, j'aimerais lui répondre pour lui dire que je pense la même chose.

Sashæ se redresse doucement. Je le vois prendre un nouveau bout de verre qui lui coupe la main.

— T'étais vraiment le seul... Qui... Avait pris autant de place que mon frère... Côme.

Je commence à glisser lentement sur le sol tandis que Sashæ, se relève en s'appuyant sur une seule de ses jambes.

D'un geste de la main je signale à Sage de ne pas bouger de là où il est. Il ne comprend pas ma décision. Mais il prendrait plus de risque à me sauver la vie.

— Le seul... souffle-t-il.

Sashæ s'approche de moi, en boitant, tandis que je recul encore, je m'approche de l'endroit où est Alexander. Je sens les bouts de verres au sol me griffer à travers mes vêtements. Ma blessure est encore moins supportable. Je menace Sage de ne pas intervenir en le voyant s'approcher de nous.

— Tu m'as fait rire, Côme, et tu m'as rappelé ce que ça faisait d'avoir une famille... Pendant un moment, j'ai pensé tout arrêter.

Sashæ me coince près de la porte de la réserve. Juste à quelques mètres de son frère. Je ne le lâche pas des yeux. Je sens la douleur que j'ai en moi se déversé malheureusement. J'aurais préféré que ça ne se voit pas.

— Mais, je ne pouvais plus dormir, et reculer n'était plus possible... Je suis allé trop loin pour qu'on arrive à ce jour-là...

Alors...

Quand il se penche vers moi dans l'intention de me trancher la gorge, j'enlève violemment l'épais bout de verre qu'il m'a planté dans la côté, et mon poing armé trouve place au milieu de son cœur.

— NON ! SASHÆ, s'écrit Alexander qui assiste à la scène comme moi. SASHÆ !

Alexander se penche vers nous, mais sa douleur le paralyse sur place.

Je sens le sang brûlant de Sashæ couler le long de mon poing.

Les larmes de tristesses qui m'envahissent soudainement sont vraies et, je sens que je viens de tuer un de mes frères.

— Sashæ, l'appelé-je d'une voix blanche.

Il fronce les sourcils.

Il a une sorte de sourire en coin, doublé par une toux grasse.

C'est le même sourire, comme il me faisait avant tout ça.

— B-bien... joué, Billy Boy.

Le bout de verre qu'il tenait dans sa main tombe au sol en même temps qu'il s'écroule sur mes cuisses. Je suis incapable de le rejeter, pour la première fois j'entends Alexander pleurer, et Sage le rejoint timidement en s'asseyant à côté de lui.

Il retient sa tristesse mais je peux constater d'ici qu'il a la boule à la gorge lui aussi, il finit par baisser la tête et croiser ses paumes sur sa nuque.

Sashæ dans mes bras, sa respiration devient de plus en plus sifflante et difficile.

— Pourquoi... putain... pourquoi, craché-je.

Je baisse les yeux sur son visage. Ma douleur est à peine supportable. Je ne veux pas ressentir ça et pourtant j'y suis condamné.

Je me demande quel était mon appel sur terre.

Car j'enchaine toutes les douleurs et je les infliges toutes.

Je ne veux pas de sang. J'en veux plus, j'en suis horrifié maintenant.

La voix basse de Sashæ m'interpelle :

— J'aurais... pris que... que deux vaches de toute façon...

Je ne sais même pas pourquoi je me suis esclaffé. J'essuie les larmes que j'ai sur les joues mais elles ne s'arrêtent pas de couler sur lui, la douleur est terrible ! J'ai l'impression qu'on me poignarde sans s'arrêter. Mon souffle est coupé.

— Sans-sans Lynn... ça n'avait pas de sens... d'en prendre plus... non ?

J'ai secoué la tête négativement :

— Non... ça n'aurait pas eu de sens... t'as raison, répliqué-je doucement en le réajustant bien dans mes bras.

— Hé... J'ai... toujours raison...

Je lève les yeux pour fuir son visage. Mon regard se pose sur le plafond d'où je vois encore les fils électriques, je suis le trajets des câbles jusque-là conduite de gaz plus loin.

— Je t'apprendrais pas à... p-pêcher non plus... tu vas devoir faire sans moi, bébé.

J'ai l'horreur bile de mon estomac qui remonte.

L'issue de cette nuit me hante déjà et le poids des morts que je porte sur mes épaules me fait peur.

— J'apprendrais... murmuré-je d'une voix brisé. J'pêcherais un tas de truc... Ok ?

— Promet-le moi.

— Je te le promet.

— Garde-moi... une place... à ton mariage... même si... c'est une chaise près des toilettes... j'aurais aimé venir...

— Je la mettrais dans les toilettes ta table, dupek.

Sashæ s'est mis à rire, mais son rire s'est très vite transformé en une quinte de toux aussi difficile à vivre qu'à entendre. Un peu de sang s'est échappé de ses lèvres.

J'ai regardé ses yeux bleus perdre de plus de plus d'éclat.

Je n'arrivais pas à croire que cet homme avait pris ma sœur et envoyé celle que j'aimais dans le couloir de la mort.

Non, Sashæ... c'était pas cette image qu'il avait façonné pendant dix ans...

— J'ai un peu froid... mais tu sens toujours aussi bon sale connard...

J'espérais que mes bras le réchauffent. Je n'arrive même plus à rire.

Juste à pleurer de douleur, de regret, pour un acte commis il y a treize ans qui a complètement changé toute la trajectoire de ma vie...

Je sens que son souffle s'efface de plus en plus.

Il essaye de garder les yeux ouvert. Mais la vie le quitte. Je le sens, rien qu'à la mollesse que subit son corps. Et ça, je devais l'accepter.

— J'espère... que peut-être un jour vous me pardonnerez... Côme, Alexander... Et toi Sage... je m'en bats les couilles... tu me faisais chier... d-de toute façon...

Qu'il essaie de me faire rire alors que j'ai son sang sur les mains me met dans un état traumatique duquel j'aurais besoin de temps avant de récupérer.

Mon front s'est penché sur le sien. Le sentir de plus en plus froid me faisait planer, et la sensation est absolument terrible. J'aurais préféré vivre cette douleur différemment. Les sentiments contradictoires qui m'arrachent la peau sont absolument insoutenables.

— Tu peux partir en paix... Sashæ...

En me redressant, ses yeux bleus sont fermés.

Mais il m'a souri, et il m'a chuchoté :

— Je t'aimerais toujours autant... mon petit monstre...

Alexander a éclaté en sanglot. La main de Sashæ a glissé lentement avant de s'écraser sur le sol.

Je n'ai pas lâcher mon étreinte malgré ma douleur qui me lançait de partout. Je ne voulais pas le laisser seul ici.

J'ai pensé que cette histoire ne tournerait qu'autour de cette femme et moi.

Mais quand elle est entrée dans ma vie, elle m'a fait aimer tous les autres autour de moi.

Elle m'a montré comment y arriver.

Comment accepter que moi aussi j'avais le droit d'être aimé et considéré.

Le corps refroidissant de Sashæ dans mes bras ne me donne même pas l'impression que ces dernières années ont été un véritable enfer à certains moment.

Il a ponctué ma vie de rires et de moment léger. Alexander qui craque devant moi, Sage qui reste là, à côté de lui en soutient me fait comprendre qu'on s'est construit une famille dysfonctionnelle, avec des épines empoissonné sur les piliers et forcément, les ronces allaient finir par nous poignarder tôt ou tard.

Les secondes deviennent des minutes.

De longues minutes qui deviennent un quart d'heure. Le quart d'heure se transforme en une heure dans ce silence glaciale.

Le corps de Sashæ durcit sous mes bras. Ses yeux clos m'ont l'air en paix ? Je n'en suis pas sûr... À choisir, je préférais qu'il ne soit pas en enfer malgré ce qu'il a fait à ma petite-sœur... Et à Mariposa...

C'est à quel point il avait pénétré mon cercle.

Tout d'un coup, le téléphone de Sage sonne et brise ce silence.

Sage extirpe lentement son téléphone de sa poche. Et moi je baisse encore les yeux sur Sashæ parce que je sais que je suis en train d'inscrire les dernières minutes pendant lesquels je pourrais encore le voir :

— Allô... Robin ?

Sa voix est rauque, j'ai l'impression que Sage n'a pas parlé depuis des mois.

— Comment elle va ?

Je relève tout de suite la tête et l'image de Mariposa me revient.

Je fixe mon frère qui hoche lentement la tête. Mon estomac se noue et j'arrête littéralement de respirer en espérant que les mots qu'il entends sont des mots d'espoir.

— D'accord. On arrive.

Sage raccroche mais je ne perds pas une seconde avant de le questionner :

— Qu'est-ce qu'il a dit ?

— Il faut qu'on vienne à l'hôpital, lève-toi.

Sage s'appuie contre la vitre du frigo pour se redresser :

— Qu'est-ce qu'il a dit, m'écrié-je.

— Il n'en sait pas plus, il faut qu'on y aille c'est tout !

Je déglutis difficilement, le deuil est d'autant plus difficile à l'idée de laisser son corps ici...

Dans cet endroit maudit, ou tout a commencé...

Mais je n'ai pas d'autres choix...

Alors lentement, mes bras desserrent leur emprise et dans la douleur physique et morale que je ressens, je le laisse s'en aller.

Mes mains sont pleines de sang, et pour la première fois, savoir que c'est le sien ne me dégoûte pas autant... Mais il plonge dans une immense ruine intérieure qui me donne du mal à respirer.

Je m'appuie sur le mur et laisse mes empreinte et la sienne.

Dans un effort difficile, je me tiens debout, et je regarde son corps allongé là...

Je jurerais qu'il me sourit et j'ai envie de lui sortir une dernière insulte, un dernier mot...

Mais rien ne me vient.

Rien.

À part l'idée que mon frère est mort.

Je me tourne vers Alexander qui le regarde aussi avec un désespoir profond.

Je ne veux pas imaginer ce qu'il peut ressentir.

Et pour lui, les seuls mots qui me traversent sont :

— Je suis désolé.

Il relève ses yeux sur moi. Et je ne vois pas Sashæ. Je remarque leur différence à ce moment-là. Malgré leur traits identiques, je ne reconnais en rien celui qui est allongé sur ce sol froid.

Son regard me fait presque pitié. Je sens d'ici que mes mots n'apaisent même pas un pour-cent de ses peines, et que je ne pourrais rien faire pour les guérir. Pas moi.

— Tu... n'es pas responsable... De tout ça, Alexander... C'est moi... Et je ne sais pas comment réparer ce que je vous ai fait...

Je me sens presque coupable pour la façon dont je l'ai traité durant toutes ces années.

— Peut-être que tu détesteras ce que je vais te dire... poursuivais-je.

Avant d'avoir retrouvé ma famille, je n'avais pas plus fidèle qu'Alexander et je n'ai pas envie de lui faire le déshonneur de cracher sur ces années de loyauté comme s'il ne m'avait pas accompagné moi, et Sage durant tout ce temps :

— Mais... ta famille est ici, avec nous, Alex.

Il place un poing devant sa bouche, je vois son corps faire de léger soubresaut.

Sa peine prend le dessus.

Je le laisse emmagasiner l'infirmation pendant que me dirige mollement vers la conduite de gaz.

Cet endroit doit disparaitre.

Je prends l'extincteur au sol, et je m'acharne violemment sur les conduites.

— Lève-toi.

Je ne détourne pas le regard sur Sage qui vient de parler à Alexander. Les tuyaux cèdent sous la pression de mes coups, et l'instant qui suit, il craque à côté de moi. L'odeur et le son sifflant du gaz m'indique qu'il se repend à toute vitesse dans le magasin.

J'avais remarqué un grille-pain derrière le comptoir. Je m'approche de lui, et le branche à une prise, j'enfonce tout un tas de magazine à l'intérieur et met en marche l'appareil.

Je me recule en entendant le gaz sifflé :

— Sortez d'ici, murmuré en boitant vers la sortie.

— Je reste.

Je m'arrête en entendant la voix d'Alexander.

— Qu'est-ce que tu racontes, Alex ?

Sage s'est approché de lui rapidement en lui criant presque dessus. Mais Alexander s'est mis à glisser mollement vers le corps de son frère :

— Je préfère qu'on se dise au revoir maintenant, Sage, murmure-t-il en s'asseyant à côté de son frère.

— Alex, fais pas ça...

Je m'approche de la scène en jetant un regard vers le micro-ondes. L'angoisse s'immisce sournoisement sous ma peau, j'ai l'impression que l'odeur du gaz s'est propagée partout, il faut que l'on parte maintenant :

— On s'en va Alexander, il n'y a plus rien ici pour toi, articulé-je sèchement.

Alexander enlève une de ses chevalière et la tend vers Sage. Le visage de mon frère se déforme de colère et d'inquiétude, il s'approche de lui :

— Arrête de jouer au con ! Putain ! Debout ! Maintenant !

— Prends-là. Tu sais pourtant mieux que personne que je ne pourrais pas continuer sans mon frère.

— Tu peux ! Comme j'ai dû continuer sans Ania !

Le regard bleu d'Alexander passe de Sashæ à Sage.

— J'suis désolé Sage, prend ça, et allez-vous-en. Ça commence à puer ici.

Je tourne la tête vers le grille-pain. Je vois qu'il devient de plus en plus rouge, et que bientôt des flammes sortiront. L'odeur du gaz est en train de sérieusement d'emplir la boutique, c'est une question de quelques secondes.

Alexander balance la bague au pied de Sage qui ne se baisse pas pour la ramasser.

— Lève-toi, Alexander, ordonné-je la boule au ventre.

Je la ramasse la bague, et m'avance vers lui. La blessure que j'ai dans la côte me tue intérieurement.

Ma poigne saisit le col d'Alexander, et dans un dernier effort, je le soulève pour qu'il se lève :

— À quoi bon ? me demande-t-il d'une voix basse. Tu as tué mon père, mon frère a tué ta sœur et tu t'es vengé devant moi. À quoi bon vous suivre ?

— Écoute-moi bien, parce que d'ici quelques secondes, cet endroit va exploser et nous avec.

Alexander secoue la tête pour m'interrompre, malgré la mollesse de ses mouvements et la douleur que je peux voir dans son visage à cause de la balle qui est encore dans son bras, il rive son regard humide dans le mien et je me persuade que je dois trouver un moyen pour qu'il me suive même si ça implique de l'assommer :

— J'crois que tu ne comprends pas Côme. Sashæ... c'était tout ce que j'avais. Et comment je pourrais t'appeler mon frère après ce que tu as fait.

— Et Ania, s'écrit Sage que je sens trépigner d'impatience à côté de moi.

Le souvenir de notre petite-sœur nous revient de plein fouet. J'entends les premiers crépitements de flammes plus loin dans la boutique, et je sens qu'il faut à tout prix que l'on sorte d'ici !

— Ania c'était tout pour nous aussi ! continue Sage. Mais regarde-nous Alexander !? Il ne reste plus que ça ! Et on est tout ce qui se reste aussi ! Si on meurt ici, on crache sur tout ce qu'on a enduré toutes ces années ! J'peux pas te laisser te tuer ici ! Pas comme ça !

Les mots de Sage sont un peu comme des éclats de verres qui nous exploseraient en pleine figure. On essaie de trouver les mots justes au milieu de ce brouillard de trahison. Et aucun camps n'a plus raison que l'autre.

Alexander le regarde avec une once résigné et désespérée :

— T'as pas envie de mourir, je poursuis. T'as pas envie de te retrouver seul ici et exploser comme un dommage collatéral que ton frère à provoquer sans toi.

Il secoue la tête, ses larmes l'étouffe et parfois il regarde le corps mort de son frère. Mes poignes serrent le col de sa veste sans relâche, j'aime pas l'odeur qui s'émane du magasin.

— Aller on y va maintenant ! s'écrit Sage en urgence.

— J'peux pas... J'peux pas le laisser là, putain !

— C'que tu peux pas faire c'est laisser Sashæ définir comment tu veux mourir !

Alexander ne lui répond pas, il est pâle et je sens que son visage pâle témoigner du conflit intérieur qu'il a en lui.

— Alex... souffle Sage d'une voix étranglé. C'est nous ta famille, même si tu peux détester Côme toute ta vie pour l'acte qu'il a fait. C'est ce que j'ai fait moi aussi. Le détester pour ses choix sans comprendre que sans lui, je n'aurais rien eu dans cette vie. T'as toujours été là, pour moi, pour nous, et Côme ne t'a jamais laissé tomber non plus. Ne nous abandonne maintenant !

L'émotion dans la voix de mon frère est palpable et en regardant Alexander j'ai bien l'impression que ça provoque quelque chose chez lui. Ses larmes se décuplent, et il ne quitte pas Sashæ des yeux. Sa douleur est insupportable, mais je crois que nous partageons tous la même.

— La trahison à un sale goût, Alexander, murmuré-je, mais... on n'est pas obligé de tout perdre... Pas aujourd'hui, on est pas obligé de se faire ça encore une fois. C'est notre chance pour se racheter !

Les flammes à l'arrière de la boutique décuplent d'un coup, je me retourne avec un stresse morbide dans le ventre. En même temps, l'odeur de gaz qui se répend me donne de plus en plus mal à la tête :

— D'accord... souffle-t-il d'un ton à peine audible.

Sans un mot de plus, je le tire vers nous et je nous précipite en dehors de l'épicerie.

Et elle explose à la seconde ou nous faisons un pas dehors.

Nous sommes tous les trois propulsés violemment sur le bitume devant la station.

Je sens la main de Sage me tapoter rapidement, la cuisse en même temps que je tousse.

Mon pantalon à faillit prendre feu.

Sage et moi nous nous retournons précipitamment vers la supérette.

Complètement soufflé. Le devant du magasin s'effondre devant moi. Je lis le nom de la station et le leds s'éteint sous mes yeux.

Sage place ses mains devant sa bouche en fixant les flammes qui mangent les quatre corps à l'intérieur.

Il vient de perdre sa mère, et son meilleur ami a failli y passer.

Et je crois que personne d'autre que moi ne peut mieux le comprendre que moi.

— Sage... l'appelé-je doucement.

Le reflet orange des flammes contre sa peau me donne l'impression d'être dans un film.

Il déglutit difficilement, avant de baisser la tête.

— Laisse-moi lui dire, murmure Sage.

Je ne comprends pas tout de suite, mais il continue :

— Laisse-moi annoncer ce que j'ai fait à ma mère à Robin.

Je finis par hocher la tête. Je déteste l'air gris qui passe sur son visage. J'ai l'impression que mon frère à pris 20 ans.

En tournant, la tête à ma droite, je regarde Alexander qui a son regard vide rivés sur les flammes.

De toutes les issues possibles, la pire aurait sûrement été qu'Alexander finisse exploser au côté de son frère. Alors que la réalité est que lui, n'a jamais demandé rien d'autre que d'être loyal.

Une part de moi aurait même préféré que Sashæ reste aussi.

Ania aussi.

Je me rapproche de Sage, et place entre ses doigts la chevalière d'Alexander.

Sage fixe cette bague dans le creux de sa main.

Alexander regarde la scène avec ce visage tellement vide que je me demande presque si je n'aurais pas mieux fait de le laisser choisir son sort lui-même...

Les larmes qui lui coulent sur les joues de mon frère et Alexander me brisent ce cœur, mais je me redresse.

Parce que je sais que viendra un jour ou ils comprendront, comme moi, qu'après toutes ces années passées dans le noir, viendra un petit bout de lumière. Et quand elle prend de plus en plus de place, le cœur n'est plus à même de la laisser partir.

Alors je me relève, en appuyant ma main sur ma côte. Je souffre le martyr, mais j'aide mon frère à se redresser lui aussi. Il finit par tendre la main à Alexander qui la regarde quelques secondes...

Pour finalement la prendre et se redresser à l'aide de Sage.

Nos pas vers la voiture se font dans un silence macabre.

Repartir sans Sashæ est dévastateur.

Et c'est la deuxième fois que sur une paysage de feu, mon frère et mon quittons les lieux.



𓆃



— Côme ?

Je suis arrêté par une main sur mon bras.

En baissant la tête, je tombe sur les iris noires d'Amber. Son visage se déforme pour laisser place à une expression maussade.

— Mon Dieu... Qu'est-ce qu'il vous est arrivé, murmure-t-elle visiblement inquiète en nous détaillant tous les trois.

Son fils dort dans ses bras, emmitouflé dans un plaid épais. J'ai bien l'impression qu'elle ne compte pas le lâcher de sitôt.

— Il faut qu'on appelle un médecin et-

— Mariposa ? je l'interromps.

Amber à un temps de réalisation de quelques secondes. Elle secoue un peu la tête, et détourne le regard :

— Euh... O-oui, bien-sur, Robin !

Je relève la tête et l'aperçois plus loin. Robin qui discutait avec un médecin tourne la tête vers nous, et nous incite à venir d'un geste de la main.

J'ai une boule au ventre à l'idée que ses cauchemars ne sont pas encore terminé... Sage devra lui dire pour Natalie...

En avançant, je me rends compte qu'Amber me soutient toujours de sa main contre mon bras. Je ne l'enlève pas et je la fixe quelques secondes en me rendant compte que je me suis méfié d'elle parce que j'avais peur pour mon frère.

— Merci, Amber.

Elle tourne rapidement la tête vers moi, surprise par ma réponse. Mais elle ne dit rien. Elle réajuste simplement son fils dans ses bras avec un sourire triste.

Je m'approche du médecin qui écarquille les yeux en me voyant. Je réalise maintenant que j'ai un goût métallique dans la bouche, et que je dois probablement faire peur à voir avec tout ce sang sur moi. J'ai les mains qui tremblent et elles sont teintées de rouge.

Arrivé devant lui, le médecin d'âge moyen semble devenir blême devant moi. J'ai l'impression d'être le pire patient qu'il ait vu pour la journée.

— Oh... mon Dieu... Monsieur, je crois que vous avez besoin d'assistance-

— Mariposa ? Mariposa Kin-Díaz ?

Il déglutit sans vraiment se rendre compte que je viens de l'interrompre. Ses petits yeux foncés scrutent mes blessures comme si ça le démangeait presque de ne pas pouvoir m'opérer tout de suite :

— Mariposa, répété-je un peu plus fermement.

— Vous-vous êtes de la famille ?

— Son mari, est-ce qu'elle va bien ?

— Elle-Elle... son état est stable pour le moment... Mais monsieur, laissez-moi vous ausculter.

J'ai la sensation que la lumière dans l'obscurité de mon cœur vient de s'allumer.

Il tambourine violemment dans ma poitrine. La cadence est si lourde que je l'entends résonner jusque dans mes oreilles.

Elle est en vie.

Elle s'est battue, encore une fois et elle a surmonté encore une nouvelle épreuve.

Elle n'a rien lâché...

— Monsieur... Elle a été gravement blessée... Son état était extrêmement critique à son arrivé... Quelques minutes de plus et je ne pense pas que nous aurions pu faire quoi que ce soit. Elle a eu beaucoup de chance.

Mes poings se serrent. Agrippé par un sentiment terrible d'injustice de l'avoir mise dans une telle situation. J'essaye d'effacer le fait que c'est Sashæ qui a causé tout ça mais ma colère prend le dessus sur mes émotions.

— Elle a été poignardé au niveau de la poitrine...

Je m'éclaircis la voix, mais aucun son n'en sort. Je reste bouche-bée.

Ça lui fera... Une dix-huitième cicatrice...

— Votre femme garde quelques brûlures, notamment au niveau des jambes, mais avec un peu de chance elles diminueront...

Il marque une pause, j'ai l'impression qu'il a peur de m'avouer toutes ces choses, son regard est fuyant et je comprends à la hargne que je ressens sur mon visage que je lui donne l'impression que je pourrais le tuer ici et maintenant si je ne me contrôlais pas.

— Son pronostic vital a été engagé plusieurs fois durant l'opération.

Son regard est empli d'une compassion que je n'ai pas le luxe de concevoir pour le moment.

Mon esprit est en ébullition, partagé encore une envie folle d'exploser et d'une inquiétude qui me cloue sur place. Mes blessures me lancinent, mais rien n'y fait, je ne veux pas être soigné avant de l'avoir vu.

— Laissez-moi la voir, ordonné-je.

— Monsieur... Je... dois vous dire que...

— Quoi !?

— Je dois vous annoncer que votre femme est actuellement dans le coma pour le moment. Nous... nous ne pouvons pas dire quand elle se réveillera. Elle aura besoin de beaucoup de repos et de temps pour récupérer, même une fois réveillée.

J'ai reculé d'un pas.

Pendant un moment j'ai eu l'impression que le sol de cet hôpital s'était mis à tanguer. Tout a disparu autour de moi, mis à part ces couloirs blafard et ce médecin qui m'a regardé avec inquiétude.

Un mouvement d'agitation s'est créé autour de moi, j'ai senti des mains supporter mon poids. Ma tête s'est mise à tourner d'un coup, on aurait dit que mon sang dans mon corps s'était échappé à grande vitesse.

J'ai senti qu'on m'a assis sur une chaise. Et puis tout d'un coup, le visage de Robin s'est matérialisé devant moi. Je vois ses lèvres m'articuler quelque chose, j'essaye de lui demander de quoi il parle, mais je crois que les mots me sont restés bloqués dans la gorge.

Ses mains sur mes genoux me ramènent un peu sur terre. À mesure qu'il me parle je réalise que je transpire à grosses gouttes et que l'hôpital cesse de tanguer.

— Eh j'suis là, aller, déconne pas !

La voix de Robin me parvient comme un écho, je m'empresse d'inspirer profondément pour récupérer mes esprits.

— C'est ça champion, t'as juste à respirer, on est tous là. Ça va aller ok. Respire doucement.

À ces mots je me rends compte que ma respiration est erratique. Comme un chien assoiffée, je tente de reprendre le contrôle sur mon souffle en inspirant plus lentement.

— Monsieur, vous devez vous faire soignez, vous blessures ne sont vraiment pas anodines et vous semblez avoir perdu énormément de sang !

— Je veux la voir, d'abord, m'écrié-je en sentant une colère me prendre.

— Monsieur si j'étais-

— Emmenez-moi la voir, putain !

Le médecin s'est redressé en mettant ses mains en l'air.

Il finit par hocher la tête avec une forme de pitié mélangé à une appréhension dans les yeux. Il se redresse et je me relève assez difficilement. J'ai l'impression d'avoir la côte qui pourrie. La coupure dans ma paume me provoque des décharges de douleur et de frissons à chaque fois que j'ai le malheur de bouger un doigt. J'ai mal au nez, à la tête, j'ai une migraine.

Mais j'avance dans ces couloirs, suivant ce médecin vers une chambre tout au fond.

Quand il ouvre la porte, je tombe sur elle...

Je pince les lèvres en écoutant le son de sa vie branché sur ces machines. Le médecin me présente la chambre d'un geste de la main, et il me faut bien quelques secondes avant de pénétrer la pièce.

L'odeur des murs et du médical s'imprègne dans mes poumons.

Et tout ce que je vois c'est petit Papillon.

J'ai un micro-sourire et étire mes lèves à la vue de ses boucles fière qui couronnent son visage. J'entre seul dans la chambre et referme la porte derrière moi. Je n'ose pas m'approcher du lit, mes pas me mène contre le mur en face d'elle.

La voir effacée sur ces draps blancs me fait perdre tous mes moyens.

Et je ne sais pas quand elle ouvrira encore une fois les yeux.

Le rythme de mon cœur se rythme sur le cardiogramme qui résonne dans la pièce.

J'essaye de me mentir à moi-même, en me disant que ça va aller.

Mais je sais que c'est faux.

Tant qu'elle n'ouvrira pas les yeux, rien n'en vaudra jamais la peine.

Les secondes s'étirent et j'ai déjà l'impression que ça fait une éternité que je suis là.

Je déteste la voir abandonné à ces machines. Je déteste me sentir impuissant. Je déteste ces yeux fermés et incertains à l'idée qu'ils s'ouvrent de nouveau...

Et en la regardant, je réalise qu'elle est la moitié de moi... Ou non... C'est la totalité de moi. Mon petit tout, au nez trompette qui ne peut pas respirer sans ces tuyaux dans sa bouche...

Pris d'une angoisse, j'ai l'impulsion pour m'approcher d'elle. Chaque fibre de mon être m'hurle que je ne pourrais probablement pas sans elle et je le sais. Et ce constat m'effraie.

Mes pas me mènent en face d'elle.

Maintenant j'ai un grand trou dans le cœur et j'aimerais que ses yeux noisette me le comblent. J'ai envie de lui dire des choses sur moi que je n'aurais jamais dit à personne parce que je pense qu'elle mérite de tout savoir. J'ai encore envie de décortiquer chaque aspect d'elle et de son être.

J'ai plein de chose à lui raconter qui me paraissent pourtant si banale, mais je suis sûre que ça pourrait l'intéresser.

Mon cœur est tellement lourd, que je suis obligé de me pencher. Mes avant-bras s'enfoncent dans ses draps, juste à côté d'elle. Je ne résiste pas à l'envie de la toucher, du bout des doigts. Je parcours la courbe de son nez qui m'a toujours paru si parfait que je me rends compte que c'est la première chose que j'ai remarqué et aimé chez elle.

Ses cils me paraissent immense.

Et j'ai envie de les voir papillonner encore une fois.

Comme elle le fait à chaque fois qu'elle me regarde.

— La guerre est finie... petit cœur...

J'ai senti encore ces fameuses larmes me glisser le long des joues.

Un sourire incontrôlable à étirer mes lèvres.

— Et je l'ai gagné pour toi... Papillon.

Je prends un de ses mains et l'entoure dans les miennes. Mes lèvres embrassent plusieurs fois le dos de sa peau.

J'ai l'impression que toutes ses années à retenir mes larmes sont brisées par la simple idée de la regarder.

Elle fait sortir toutes mes émotions. Et je n'arrive pas à les retenir avec elle.

— Misiu ça veut dire ourson... Parce-que, je te trouve adorable... Je ne sais pas vraiment d'où ça sort... Mais je pourrais prendre le temps d'y réfléchir et te le dire quand tu te réveilleras... ?

Sans réponse, la boule dans ma gorge gonfle et m'attriste d'autant plus :

— Love... C'est comme ça que ma mère m'appelait. Et elle n'appelait personne d'autre que moi comme ça.

Ma tête s'est enfouie près de son cou. La torture de penser à notre nuit ensemble me plonge d'autant plus dans un profond désespoir. Elle me fait confiance, elle m'a pardonné, elle m'a tout donné.

— C'est moi qui te demande de rester maintenant, Mariposa...

Mon visage se place devant le sien.

Je ne sais pas ce qui est pire, que je la trouve quand même aussi jolie avec ces cernes et cette maladie. Ou que je me souvienne à quel point l'amour fait mal parfois. Même quand ce n'est pas intentionnel.

J'ai eu mal quand maman est morte et pourtant, je l'aimais.

J'ai eu mal quand Ania est partie, mais j'ai aussi eu mal, quand j'ai pris la vie de Sashæ...

Mes lèvres se posent sur le bout de son nez.

Peut-être trois ou quatre fois.

Je n'en sais rien, ce n'est jamais assez.

— N'oublie pas que tu as mon cœur entre tes mains... Et je ne veux pas que tu me le rendes, mais ne le brise pas.

En me redressant, j'ai senti qu'il fallait qu'un médecin s'occupe de mes blessures avant que je m'écroule raide mort dans cette chambre. Et je ne pouvais pas lui faire ça. Quand elle se réveillera, je voudrais être à ses côtés.

Je l'ai regardé une fois de plus, avant de me dépêcher devant la porte.

— J'ai besoin d'un médecin, articulé-je en me sentant partir très loin d'ici. 



𓆃



Re 😮‍💨... 


Bon déjà, revenons sur la trahison de Sashæ 😭 ! En fait je comprends tout à fait que vous puissiez vous sentir trahie, mais les filles qui viennent me dire ton livre à une fin nulle ou qu'elle est inutile ça m'énerve trop ! GENRE, pendant 80 chapitres c'est bien, mais avec cette tournure tout mon taff c'est du caca ? NOOO, I CAN'T ACCEPT THAT ! Sachant que j'ai même pas fini le bouquin quoi 😭 ! Fin soyez sympa quoi ! 

En plus vous commencer à me connaitre, vous savez que moi, j'ai souvent des subplots dans mes histoires, et là vous saviez depuis les premiers chapitres un qu'il y avait un complot depuis le début. Il fallait juste trouver le traitre, et moi j'ai prévu Sashæ depuis le début. Il y avait un tas d'indices que j'ai reparti à la seconde ou Sashæ est apparu dans l'histoire. Même le simple fait que pendant l'assassinat d'Ania, Sashæ c'était le seul à avoir pris du temps à se lever pour aller la sauver, ou que Sage ne l'aimait pas de base, ses regards, ses réflexions sur le fait d'être double face, quand Mariposa le décrivait les premières fois (quand ils sont allé en boite de nuit elle a dit qu'il était un peu bizarre etc) 

Bref, sachez que je l'aime énormément Sashæ (même en antagoniste he is actually so HOT man, I am sorry !) mais parfois ça fait di bien aussi d'avoir des trucs qui nous retourne un peu le cerveau (Comme Glenn dans TWD, jusqu'à aujourd'hui j'ai pas dirigé et pourtant TWD reste mon show favori) ! 

Donc en vrai je comprends le choc, mais certains commentaires j'avoue j'ai eu du mal à les accepter même si faut savoir accepter la critique 😭 j'avais le seum ! J'me dis parfois un plot twist un peu différent ça fait de mal à PER-SONNE, tout à l'heure je suis tombée sur un TikTok qui disait, les dark romances c'est toujours la même chose, et quand il y a quelque chose de différent c'est nul ? 😤 

J'ai dis : faites moi confiance, d'ailleurs, vous m'avez fait la MÊME chose pour Valentina OMG, on m'a tellement attrapé ma veste PTDR, et au final bref... J'en dis pas plus, je vais continuer le chapitre qui suit en colère 😤 !

Bref MDR, à nos Starbucks 🧋dites moi tout ? En tout cas pour ma part, j'ai écris ce chapitre, dans les LARMEEEEEEEEES ! Jusqu'à a un moment j'ai du faire une pause tellement j'étais en deuil de Sashæ et Côme 💔... Je trouvais que cette fin leur correspondait bien... Deux frères qui ont fait de mauvais choix et qui en paye les conséquences 🥹... 

(Plus que deux... D'ailleurs j'hésite à rassembler les deux qui reste pour en faire un mais à méditer. Si j'arrive à garder mon rythme, c'est très probable que je finisse Mariposa cette semaine 🥹... Grand maximum, la semaine prochaine... j'arrive à peine à y croire...) 

Bon on en reparlera ❤️

Alright, je vais faire des cours pour apprendre à accepter la critique 😔 MDR, et j'vous fait pas des bisous vu comment vous m'avez menacer en DM, c'est la dernière fois que vous taillez ma maison dans animal crossing, j'espère c'est bien clair mes bestiies 😇 ! 


Aller, bisous, bisous, (oui j'ai déjà retourné ma veste je vous fait des bisous), à très vite ! 😎




@𝐚𝐳𝐫𝐚.𝐫𝐞𝐞𝐝 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦

xoxo, Azra.

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