CHAPITRE 29: Le silence est de mise.

Coucou les boulettes, ça-va? 🌹

Est-ce que je suis en train de refumer esprit criminel, saison 1 épisode 1 pour la 15e fois à cause de Sarah ? Oui complètement ! MDR, aller bisous !

Je vous laisse avec la suite ! ❤️


Bonne Lecture! 📖

Xoxo - Iamkunafa. 🍓







🂡





MARIPOSA.









J'étais allongée sur le dos, juste à côté de Robin, mais mon corps m'a fait savoir qu'il fallait que je me tourne. L'envie de vomir remonte dans mon œsophage et ça me donne aussi un mal à la tête intense.

En retrouvant appui sur mes poignets, j'ai cru voir les mains de Côme expliqué quelque chose à Robin.

Il fait moins froid dans cette cage d'acier que dans la chambre froide. Mes paupières sont tellement lourdes qu'il m'arrive de fermer les yeux pendant de très longues secondes. Mon corps me demande de l'aide, surtout au niveau des côtes je vais mal, je le sais, je souffre, je crois que l'on ne m'avait jamais frappé aussi fort.

Je suis sonnée...

Mais au moins je n'ai pas pleuré pour ça.

En ouvrant les paupières, j'ai revu la main de Côme bouger. Il l'a pointée vers lui, puis deux nouveaux gestes se sont enchaînés.

Il est de l'autre côté de l'ouverture de la trappe, en face de nous... Et quand Robin a agité ses mains autour de son visage, là j'ai compris.

Ils parlent tous les deux en langues des signes.

J'ai littéralement écarquillé les yeux.

Il parle la langue des signes !?

Je les regarde stupéfait, ce n'est pas possible ?

Je regarde Robin qui est coincé à côté de moi.

Et là l'image de Greg me frappe. Le fils de Dove King, il est sourd ! C'est vrai !

Mon cœur accélère d'un coup, j'ai envie de prendre deux à trois jours ouvrés pour que mon cerveau et moi ayons une conférence pour thème: "Côme King, le sanguinaire, sait aussi parler la langue des signes."

Sauf que la réalité me frappe, elle mélange d'un coup mon estomac meurtri, très rapidement j'avance lentement vers la trappe qui est restée ouverte entre nous. Je sens leurs regards sur moi mais mon corps me fait savoir que de l'intérieur ça ne va pas. Je laisse ma tête passer l'encadrement, je ne peux pas me retenir, alors je me laisse vomir. Le dégoût me prend car je regarde la bile s'éclater sur le sol de la chambre froide à deux trois mètres plus bas. Le bruit de l'éclat me donne une seconde vague d'écœurement.

Je sens mon visage se déformer de dégoût, juste après je sens la main de Robin me masser mon dos dans un geste rotatif. La bile remonte encore et je vomis une seconde fois. Un peu moins qu'avant heureusement et cette fois-ci ça me libère d'un poids intense.

Je me dois de cracher, je sais que je ne dois pas être très sexy sur le coup mais c'était ça ou une douleur insensée.

J'essuie ma bouche en reculant quand le bras de Côme passe devant mes yeux. Il remonte la grille de la trappe et la referme derrière nous. Je relève la tête, mes yeux trouvent tout de suite les siens, je le vois devant moi. Mais finalement il détourne le regard pour informer Robin de quelque chose que je ne comprends pas puis qu'il le fait en langue des signes.

Je me sens très faible et très sale... Comme très souvent depuis ces dernières semaines.

J'ai un peu honte...

Côme glisse à reculons dans le tuyau. Vu son gabarit il n'aurait certainement pas pu se tortiller dans tous les sens pour se tourner de l'autre côté.

En le voyant pousser sur ses bras découverts, je tourne la tête vers Robin pour le regarder. Il hoche la tête accompagné d'un sourire angoissé histoire de me dire "ça va aller". J'attends avec des remontées acides qui me font toujours plus partir loin d'ici.

J'ai envie de lui demander pourquoi il m'aime bien. Et la vérité c'est que moi aussi je crois que j'ai une affection particulière pour lui. Ce n'est peut-être pas les bons sentiments à avoir parce qu'on peut dire ce qu'on veut il est toujours complice de Côme mais je sais que je ne cours aucun danger avec lui, et ça me rassure qu'il soit là.

Je réalise que j'avais fermé les yeux quand j'ouvre les paupières. Je tourne la tête et je vois Côme assez loin devant nous. Il continue de glisser lentement, puis il s'arrête. Je suppose qu'il passe une autre trappe car il effectue une sorte de mouvement en traction pour reculer le plus discrètement possible.

On le regarde tous les deux dans un silence angoissant. J'ai peur que Sam revienne et rien que pensé à lui me terrorise. Je ressens de la douleur dans tout mon corps, du sang dans ma bouche, et une humiliation terrible qui me griffe la peau...

Côme observe à travers la trappe, les secondes s'écoulent de même que le stresse qui s'amasse dans la cage d'acier. 

Soudain il relève la tête vers nous. Ses doigts continuent de signer, et à chaque fois qu'il le fait je n'arrive pas à le croire.

Puis son index se lève. Je crois comprendre, il y a une seule personne...

Mon cerveau fait le lien, ça doit être le boucher que j'ai aperçu tout à l'heure. Je déglutis en étant dégoûté du goût dans ma bouche. J'ai juste envie de me brosser les dents, faire des soins pour mes cheveux, me doucher et dormir pendant très, très, très longtemps.

Mon cœur se soulève quand le bras de Côme fait baisser la trappe avec une lenteur assassine.

Je retiens mon souffle quand il fait passer son corps hors du trou. Je vois toute la force de ses bras faire gonfler ses muscles et le soutenir quand il descend avec le maximum de discrétion possible.

Je retiens un sursaut quand il disparaît.

— On avance, me chuchote Robin.

Il pousse sur un bras et je le suis avec douleur. Sa main sur mon dos me tire un peu, je la sens sous mes deux pulls et ça me rassure beaucoup.

— Merci... Robin.

Je n'ai pas pu m'empêcher de l'articuler, les larmes aux yeux.

Il a souri en continuant à nous mener vers la trappe à quelques mètres devant nous.

Quand on a atteint l'ouverture, Robin et moi avons passé la tête dans l'encadrement pour chercher Côme. Je ne l'ai pas vu tout de suite et mes cheveux ont pendu à l'extérieur je me suis empressée de les rabattre en arrière.

J'ai tourné la tête dans la pièce, vers la gauche, rien.

Vers la droite.

Il est là.

Mes sourcils se haussent quand je découvre que le haut de son corps est noyé de sang. J'ai eu un mouvement de recul pris de dégoût face à la quantité de sang. Je le vois saisir avec nonchalance un tablier blanc propre accroché sur le mur il s'essuie le visage sans trop d'horreur.

Qu'est-ce qu'il a fait ? Pour être taché de sang comme ça ?

Purée ça me donne encore envie de vomir quand je le regarde s'essuyer la face, le sang part à peine. Ça part contre ça à l'air de le déranger par contre, je vois ses sourcils se froncer quand ses pas se mènent en dessous de la trappe ou nous sommes, il lève les bras vers nous et c'est moi qu'il regarde:

— Fais-la descendre.

Robin lui répond "ouais".

Je comprends très vite que je dois faire passer mes jambes dans l'ouverture. Je le fais avec une lenteur qui me fait moi-même délirer. J'ai tellement mal au ventre que c'est impossible d'aller plus vite. Mon cœur bat vite, parce que je stresse énormément. J'ai l'impression que tout le monde m'attend et me regarde. Et en plus ce n'est pas comme si on n'était pas dans l'antre d'Italiens armés ! 

Je suis plus petite, en courbant douloureusement le dos je peux m'asseoir sur la paroi en acier et faire passer mes pieds dans l'encadrement.

— Ta main, prononce Robin.

Je place ma main dans sa paume et il me pousse, je tombe d'un coup sec, j'ai relevé la tête vers lui et ça se voyait qu'il avait fait un effort pour ne pas me laisser tomber. Sa main écrase la mienne pour me retenir. Mon corps pend retenu par la force de Robin. J'ai horriblement mal au bras aussi, je sens que je vais prendre plusieurs jours avant de m'en remettre.

Je sens mes muscles se crisper quand les mains de Côme sur mes hanches qui me font descendre tout aussi rapidement.

Mes pieds retrouvent le sol et je mets tout de suite de la distance entre lui et moi.

Je crois que je l'ai un peu en travers... je ne devrais pas ! Je m'en fous ! Je savais qu'il ne voudrait pas m'aider, et de toute façon je ne l'ai pas appelé non plus.

Je détourne le regard quand Robin atterrit devant nous. Il m'a fait sursauter.

Mes yeux sont attirés vers une forme blanche. Je tourne la tête sur la droite, et je recule d'un pas quand je vois le corps du boucher allongé sur une des tables d'acier qui servent à couper la viande. Il a un os immense enfoncé dans la gorge, ses yeux livides me rappellent ceux de mon père. J'ai cru que la vie s'échappait de moi en découvrant cette cette d'horreur, je comprends mieux pourquoi Côme est couvert de sang maintenant.

On me tire dans une direction. Je titube pour suivre le rythme de Robin qui nous fait suivre Côme.

Le mélange des émotions que je subis est inédit. Franchement, entre la honte, la peur et la colère, je suis le fardeau de mon ravisseur. C'est horrible, j'ai une double position victime et être un poids. On avance tellement vite, ma cheville me fait toujours souffrir, et maintenant mes côtes aussi. Mon souffle est coupé, je me sens vaseuse.

S'il vous plaît, libérez-moi de ce cauchemar !

On est sorti avec vigilance de cette pièce. Un simple couloir glauque se présente à nous, c'est sale et taché de sang par moment. Le couloir nous présente une tournante. C'est Côme qui passe la tête pour vérifier que personne ne se cache derrière le mur. Puis une fois vérification faite, il nous presse pour que l'on avancera d'un geste de la main. Je vois à quelques mètres en face de nouveau un rideau de bande en plastique jaune qui nous sépare de ce que je pense être un comptoir, on est vraiment dans une vraie boucherie.

Est-ce qu'ils comptent vendre la viande ?

Sérieusement ?

Dégueulasse.

Pas maintenant !

J'ai sursauté à l'entente de cette voix en colère, nos corps se sont plaqués contre le mur du couloir que nous voulions traversé. Le bras fracassant de Côme nous a obligés à nous replier et guetter la situation.

Nous avons reculé jusque le coin du mur. C'est maintenant que je réalise qu'il y a une porte entrouverte juste à quelques mètres devant nous. Je crois apercevoir Sam faire les cent pas dans la petite ouverture de cette porte. La colère déforme ses traits. Je regarde Côme, il semble attentif à ce qui se passe.

— Pourquoi ? Moi je pense qu'on devrait le faire maintenant !

— Ferme-ta gueule Tony ! Tu sais très bien que le grand patron a dit qu'il faudrait éviter.

— Ouais, il faudrait éviter, ça ne veut pas dire non. On a la fille, qu'est-ce qu'on s'en bat les couilles des enfants King !

J'ai senti ma panique m'affaiblir... honnêtement Mabel, qu'est-ce que tu as fait ? Qu'est-ce que tu es devenu ? Mon Dieu, mais qui es-tu ?

— Côme... murmure Robin.

Mais Côme est tellement attentif à la discussion qu'il ne sembla pas entendre pas les murmures de son frère.

— Tu devrais le tuer, lui et l'autre et crois-moi que le patron sera plus que satisfait de tes décisions. Tu imagines ? Tu auras quartier libre avec la fille.

Quartier libre ?

Quartier libre pour quoi ? Qu'est-ce qu'on peut faire de moi comme ça ?

Un silence criant à tuer mon cœur. C'était la peur qui a fait trembler mes membres, j'ai tellement envie de partir d'ici, je relève les yeux vers Côme qui n'en rate pas une. Son regard est vif et tranchant, il ne détourne pas les yeux une seule seconde. Si je comprends bien, la question est aussi de savoir si oui ou non Côme reste en vie.

— Côme, aller, faut y aller.

La voix de Robin est si basse que j'ai dû mal à l'entendre, mais je crois vraiment qu'il à raison parce que je n'entends plus la voix de Sam répondre aux insufflations mauvaises de ce Tony.

— Tu crois quoi, si ce n'est pas toi qui le butes, ça sera un autre, les Ruíz, les motards, ou soyons fou Mabel s'il le calcule un jour celui-là. Il va bien finir par sortir de son trou pour sa sœur quand même ! J'en suis certain ! Alors on le fait ? Ça sera un problème de moins dans le futur ! Tu es fou de le laisser en vie !

— Si Aaron l'apprend Tony...

— Et comment Aaron saura quoi que ce soit, dis-moi Samuele ? Il n'y a que toi, moi et Luciano dans cette pièce. Dis-moi comment ? Mais crois-moi, c'est notre dernière chance, ils ont tué deux de nos gars et tu as rien fait pour le corriger, si tu penses qu'il ne va pas t'enculer toi aussi c'est vraiment que tu es bête Samuele.

— On le bute maintenant ? Et la fille, on l'emmène en Sicile ?

— Côme ! Maintenant !

J'ai eu un haut-le-cœur tellement atroce que moi même j'ai secoué le bras de Côme parce qu'il fallait que l'on parte maintenant.

En arquant un sourcil, il m'a regardé d'une façon surprise et colérique.

— On y va, articulais-je sèchement poussé par ma dose de stresse.

— Prends ton arme Tony.

Côme a fini par bouger enfin !On s'est très rapidement déplacé sur le mur d'en face. La porte n'était pas suffisamment ouverte pour que nos pas soient alertant.

Du moins, je l'espérais parce que ce que mon ventre me provoquait comme douleur due à l'horreur du stresse de la situation, c'était à m'en couper le souffle. Je me sens transpirer, je n'ai presque pas de sensation dans le corps parce que la panique anesthésie tout. 

J'ai suivi Côme et Robin, jusque ce rideau en plastique.

Mes yeux se sont écarquillés quand Côme a saisi une des bandes du rideau en plastique et il s'est empressé de serrer la gorge du commerçant derrière le comptoir en une seconde. J'ai été horrifié par la rapidité de sa violence, et en regardant son crime, j'ai voulu lui hurler de ne pas le tuer, mais... le corps de l'homme s'est alourdi dans les bras de Côme qui l'accompagne discrètement sur le sol. J'ai relevé la tête pour voir dans la boutique mais il n'y avait absolument aucun client.

Puis on a entendu la porte de leur bureau s'ouvrir.

D'un geste paniqué de la main Côme nous à ordonné de dégager de la boucherie.

Et c'est ce qu'on a fait.

En courant, Robin et moi avons traversé le comptoir, il tient ma main, et pousse la porte rapidement. On s'est mis à courir d'un côté de la route. Je me suis retournée, juste parce que mon cerveau m'a dit de le faire.

Côme nous a cherchés du regard, puis il s'est mis à courir dans notre direction, j'ai vu qu'il avait pris une veste en cuir marron dans ses mains. Il l'a enfilé en courant.

Après tout, il me semble que nous sommes toujours en octobre. Il fait vraiment trop froid. Mais beaucoup moins que dans cette chambre froide, logique.

Je ne lâche pas la main de Robin. Ma course me fait mourir de l'intérieur. Parce que mes organes sont dans un mal-être intense. Ma cheville me provoque une sensation de déchirement qui me fait mordre ma lèvre pour ne pas pleurer.

Et quand on tourne dans une ruelle, je sais, je sais...

Que si nous n'avions pas saisi notre chance, Côme et Robin seraient morts et on m'aurait emmené loin d'ici.


🂡



— On va s'arrêter quand, articulais-je la bouche pâteuse.

— Encore un petit effort Mariposa.

J'ai la main autour du dos de Robin. Tandis que son bras me soutient pour avancer.

J'ai l'impression que ça fait des heures que l'on marche. Notre fuite stressante nous oblige à rester vigilants toutes les secondes. On meurt de froid, et je me sens toujours aussi sale. J'ai forcé mon cerveau à oublier ma cheville parce qu'honnêtement je ne pourrais pas marcher autrement.

Nous longeons une route en pente. Nos pas nous mène sous un pont délabré, pollué par des poubelles et des tagues vieillit sur les murs. Il y a une odeur horrible de sale et de nourriture moisie. On entend un train passer au-dessus de nos têtes.

Mais quand je baisse les yeux, je me demande si Côme sait où il va ?

Il marche devant nous, lui aussi est mal en point. Je crois voir qu'il tient son ventre, quand sa main se décolle je crois apercevoir du sang sur sa paume. Sa blessure a dû se réouvrir.

— Côme ?

Il continue d'avancer. J'ai l'impression qu'il est dans sa bulle depuis ce moment dans la chambre froide.

— Côme, eh, tu sais où tu vas ?

Il pointe du doigt une banque, citizen Bank.

Enfin je croyais qu'il pointait l'établissement mais finalement il le contourne et bifurque sur la rue à gauche.

Je suis tellement épuisée de marcher, j'en ai marre en fait.

Mon corps s'est alourdi sur le trottoir. Il fallait que je m'assoie parce que j'aurais fini par tomber par terre tôt ou tard.

Robin s'est assis à côté de moi lui aussi.

— Attends !

C'est à ce moment-là que Côme s'est retourné. Ses pas se sont arrêtés à la seconde où il nous a vus. J'ai baissé les yeux sur son ventre et j'ai vu la tache rouge imbiber son débardeur.

— Il y a une station essence, à même pas cinquante mètres, prononce Côme en désignant l'endroit derrière lui.

— Qu'est-ce que tu vas faire là-bas ?

— Appeler.

Côme s'est avancé devant nous en répondant à son frère.

Le son des voitures qui passent crée une ambiance particulière, quelque chose de vrai et terrifiant. Il y a une brise froide qui soulève mes cheveux, je frissonne quand un bruit de la foudre dans le ciel nous fait tous les trois relever la tête.

— Levez-vous, il va pleuvoir.

Robin s'est exécuté, et moi juste après. Il y a une goutte qui est tombée sur mon nez. J'ai senti le bras de Robin sur mon dos, et on s'est empressé de rejoindre la station essence qui était effectivement à une minute d'ici.

La station était déserte. En fait j'ai l'impression que tout le quartier est désert. Les gouttes deviennent un peu plus intenses. Je sens la démarche rapide de Robin nous précipiter vers le toit couvrant. Et heureusement parce que le tonnerre gronde. Ces derniers temps nous sommes accompagnés par la pluie et le gris. Je grelotte, et nous pénétrons à l'intérieur de la station essence.

Il y a une petite sonnette qui annonce notre entrée.

Tout de suite Côme se mène au comptoir. Il y a un monsieur derrière la caisse. De taille moyenne, il est assez musclé, les cheveux blonds coupés à ras, un visage caractériel qui fronce naturellement ses sourcils.

— Masz telefon ?

Je relève la tête, je suis à deux doigts d'applaudir Côme pour ses capacités linguistiques. J'ai cru reconnaître le mot telefon et je suppose que ça doit être ça son appel.

L'homme à hocher la tête en fourrant un cigare dans sa bouche.

En se tournant, il a pris sur l'étagère derrière lui un téléphone prépayé.

— Biorę je od ciebie, prononce Côme en prenant un paquet de snickers et trois petites bouteilles d'eau.

Il nous a donné les bouteilles et les snickers, tout ce que je voulais moi c'était une brosse à dents et au moins dix heures de sommeil mais j'ai quand même pris la nourriture.

— Ty masz samochód, articule Côme.

— Zaparkowała na parkingu.

— Daj mi klucze.

L'homme sort des clés de voiture qu'il lui tend avec le téléphone qu'il a configuré. Côme tousse ce qui me fait relever la tête vers lui, il prend les objets avant de reculer rapidement.

— On y va.

Nous le suivons dehors. Il a y une pluie monstrueuse qui s'abat sur le sol. Avant de quitter le dessous du toit, on a entendu le bruit du débrouillage d'une voiture. J'ai tourné la tête sur la gauche, c'était une grosse Hyundai noire garée le côté de l'épicerie.

Rapidement la démarche de Côme nous à empressé de rejoindre la voiture. J'ai ouvert la portière arrière sans vraiment comprendre ce qu'on allait faire par la suite. Robin s'est assis devant.

Quand la portière s'est refermée, les gouttes ont harmonieusement tapé contre la voiture. Je croise mes bras sur mon ventre et honnêtement la douleur est toujours là, sous ma peau, sur mon visage, je suis sûre de ressembler à une sauvage.

— Quelqu'un savait qu'on était chez Kendall, prononce Côme.

— C'est à cause de moi Côme... je ne me pensais pas suivit j'ai foncé chez elle et...

— Non, je ne pense pas, parce que quelqu'un savait aussi que j'étais à Staten Island.

— Et les motards ? C'était quoi ça ?

— Je n'en sais rien, articule Côme en réajustant le rétroviseur.

Ses yeux trouvent les miens. Je me sens sous pression d'un coup comme s'il me demandait des comptes à travers le miroir.

— Soit je suis fou...

Mon cœur se met à pomper douloureusement, j'ai peur de ses mots et de ses yeux dans les miens surtout. Je me sens très mal à l'aise dans cette voiture, on aurait dit qu'elle rétrécit.

— Soit, c'est toi qu'ils cherchent Mariposa.

J'ai cessé de respirer.

En me sentant oppressé par ses paroles, j'ai eu la sensation d'être persécutée par une chose qui glisse sournoisement dans ma vie, quelque chose qui m'observe et qui va méchamment me tomber dessus quand je m'y attendrais le moins.

— Tu sais qui est ton frère au moins ?

Ça veut dire quoi ? Comment ça ?

— Tu sais ce qu'il fait ? Avec qui il travaille ?

— Non, je ne sais pas... Je ne sais rien de lui.

— Et qu'est-ce que tu sais exactement ?

— Rien !

— Qu'est-ce que ton père savait ?

— C'est-à-dire, prononçais un peu à cran.

— Apparemment ton père est un flic non, il ne sait rien de son fils ?

— Je ne parle-.... ne parlais pas... avec mon père.

— Et qu'est-ce que tu foutais de tes belles petites journées alors ?

Je n'ai pas su quoi répondre.

Rien. J'étais la bonne à tout faire de mon père. Je nettoyais, je travaillais, je cuisinais, je gérais l'administratif. Je ne sais pas ? Qu'est-ce que je suis censée répondre à ça ?

Il me frappait tous les jours que Dieu faisait ? Qu'est-ce que tu veux que je te dise !?

Je me mets à le fixer à travers le rétroviseur, je ressens vraiment cette tristesse dans mon cœur. Et cette colère aussi, celle de mon impuissance.

Il peut me juger lui. Pourquoi lui il aurait le droit de me juger ?

Il se prend pour qui ? Sérieusement, il me fait vivre un cauchemar. Il est l'acteur de tous mes malheurs, et ce n'est pas comme s'il était irréprochable lui aussi. J'ai une petite haine toujours là dans mon cœur, qui est apparu ses derniers jours... À cause d'eux, de mon frère, de lui, je n'ai plus l'envie de garder le bénéfice du doute. J'ai envie de voir la réalité en face, pour comprendre enfin que je me dois d'être plus forte que ça.

Mon souffle m'est revenu quand il a enfin baissé les yeux sur son téléphone.




🂡




ALEXANDER.





You could bet that, never gotta sweat that...

J'avoue que ma tête se rythme sur le tempo.

Even when the sky comes falling...

EVEN WHEN THE SUN DON'T SHIIINE !

I got faith in you and I !

Je préfère chanter dans ma tête pour garder mon standing et ma prestance, mais si j'avais été seul... Ah je peux vous assurer que la musique aurait été incroyable ! (Mamie Solange m'a toujours dit que je savais chanter !)

You could bet that, never gotta sweat that. You could bet that, never gotta-.

Sweat that-.

Roh !

Je sens mon téléphone vibrer dans ma poche arrière.

EVEN WHEEEN THE SKY COME FALLING !

Faut pas me déranger maintenant !

Ma tête se rythme lentement sur le tempo qui résonne dans ma petite Ford Mustang bleu nuit. C'était la musique de mon vieux père, Alexander Ier du nom, il me la faisait écouter dans notre petite maison de campagne, au bord du lac, avec ma mère, mon frère et mamie Solange, de très très bons souvenirs !

C'est quand même un grand moment là ! Qui vient me faire chier comme ça !

Je souffle face aux vibrations sur ma fesse. J'enlève ma ceinture pour récupérer mon téléphone portable.

Sage continue de chanter la mélodie et là ça me fait vraiment chier que l'on m'est dérangé dans mon concert en fait !

Le numéro qui s'affiche est inconnu au bataillon puisqu'il y a écrit numéro masqué.

Je sursaute presque quand le connard derrière moi klaxonne.

Je me retourne pour enregistrer la tête du vieux mec qui a presque failli me faire hurler !

— Le feu est vert, me précise Sage.

Je regarde effectivement les feux et c'est bien vert. Je mets un coup d'accélérateur en regardant toujours mon téléphone. En général quand je ne connais pas le numéro je ne réponds pas parce que je ne donne pas ce numéro alors si quelqu'un a réussi à me joindre ici c'est que je dois connaître la personne.

J'espère...

J'espère que tu n'as pas donné ton numéro à la prostituée de la semaine dernière Alexander !

J'espère pour toi que tu n'avais pas bu à ce point !

Je décide de décrocher en bifurquant sur la gauche pour continuer mon itinéraire.

— Allo ?

— "Sage est avec toi ?"

La surprise me prend à l'entende de la voix de Côme. Ça faisait un petit moment que je ne l'avais pas entendu maintenant qu'il nous a condamnés à rester à Manhattan.

Mes yeux se détournent de la route pour se poser sur Sage qui continue de chantonner. Il a posé sa tête sur la vitre comme si on était dans un clip de Chris Brown. Voilà, c'est ça les jeunes d'aujourd'hui.

— Non, répondis-je finalement.

(Je vous rappelle que l'enfant me suit partout, je n'ai pas su refuser.)

— "Passe-moi mon frère dupek."

Je tends le bras vers Sage en interrompant son concert privé:

— Tiens, c'est ton frère.

Sage me toise avec presque du dégoût.

— Lequel, me répond Sage.

Ma tête fait la moue, je crois que ma grimace est assez équivoque.

— C'est Côme ? Dis-lui je suis partie ma meuf, je n'ai pas le temps.

— Tu n'as pas de meuf imbécile, et ne me mets pas au milieu de vos querelles fraternelles, prends ce téléphone, Chris Brown.

— Sale raciste, articule-t-il en prenant le téléphone.

Je ne vois pas trop le rapport, mais du moment qu'il prend ce foutu combiné pour discuter avec son grand frère tout va bien de mon côté.

— Oui toi, crache Sage très agacé.

J'avoue que je me esclaffé devant sa rage. Il est beaucoup trop insolent parce qu'il sait très bien que Côme ne va rien faire, mais un jour il va finir par lui faire revoir son grand-père et je ne pense vraiment pas que ça lui plaira.

— Oui, oui, oui, et bref tu as fini ta question ?

Je me contiens de rire.

Putain. Il est archi con.

— Mais est-ce que je suis ton fils moi ? C'est ça que je ne comprends pas en fait. Bon passe-moi Robin lui il sait parler sans crier bêtement dans mes oreilles.

Ah ouais... Là, c'est sur il va se faire défoncer.

Franchement j'ai remarqué que ces derniers temps Sage ne supporte vraiment plus du tout Côme. Je le vois dans la façon dont son visage se renfrogne quand il est dans la même pièce que lui. Je ne vis pas avec eux mais j'aurais vraiment aimé savoir pourquoi il semble le détester autant, parce que je suis sûr que Côme pourrait mourir pour lui sans aucune hésitation.

— Écoute Côme, là, on doit récupérer des papiers pour TON cartel, donc remercie-moi ?

Je détourne le regard sur Sage une seconde. Hm, ça ne sent pas bon, parce qu'il n'a pas plus du tout peur de Côme... Donc ça risque de s'enflammer.

— Mais c'est à l'autre bout de la ville, tu es fou toi !

Ta gueule ! Vraiment pas sage cet imbécile !

— Mais on va arriver dans plus de trois heures !

Sage retire le téléphone de son oreille et clique sur le bouton haut-parleur.

— "Alexander !?"

— Ouais ?

Eh, j'espère il va pas m'insulter à cause de son guignol de frère, ça se voit-il est tendu putain !

— "Fais demi-tour, j'ai besoin que tu nous récupères à Philadelphie, je t'envoie les coordonnées."

— Euh... ouais, mais tu sais les documents chez les Irlandais, il faut qu'on les récupère...

— "Et ?"

Et quoi, impoli va !

— C'est les rapports pour toi.

— "Sauf que j'ai le cul au-dessus d'une mort imminente, Alexander est-ce que tu penses que des rapports irlandais vont me servir à beaucoup de choses ?"

Au lieu de me dire: "Ne les prenez pas, venez" pourquoi autant de paraboles ? C'est ça son problème à lui aussi !

— OK, on arrive.

— "Ne préviens personne."

Il a raccroché pendant que mon véhicule a pris le rond-point à toute vitesse.

— Toujours il casse les couilles ce dupek.

C'est clair.

Mais c'est mon patron. Et franchement, je n'ai aucune envie de l'insulter.

Je monte le son de la musique qui tourne en boucle.





🂡





Nous sommes arrivés à Philadelphie à dix-sept heures.

J'ai arrêté la voiture face un immense hangar devant un vieux port.

Ce sont mes phares qui créent le plus de lumière ici. Ça pue le poisson et les algues à plein nez.

Je regarde autour de moi, mais je ne vois pas de signe de Côme.

La porte-passager se referme. Sage est sorti sans que je ne m'en rende compte.

Je coupe le contact, et je prends les clés, je me décide à sortir moi aussi, ma portière claque mollement.

Bon il est où là ?

Mes pas me font suivre ceux de Sage qui s'approche des grandes portes du hangar.

On se les gèeeele ! Vraiment ! Ma veste en cuir ne me réchauffe pas vraiment, mais tant pis. Je vois Sage ouvrir la porte du hangar. C'est sombre à l'intérieur, mais il disparaît d'un coup sec. J'ai un léger haut-le-cœur quand je me dépêche vers cette immense porte en bois vieilli.

— Eh eh eh eh ! C'est moi !

Finalement j'entends la voix de Sage et en passant rapidement la tête dans l'encadrement, et immédiatement je retrouve les yeux de Côme. Il relâche son frère qu'il allait littéralement assassiner d'un étranglement bien sec.

J'ai pris une bonne seconde pour analyser son visage. Il m'a l'air morrissime. (Mort si vous préférez un langage plus actuel). Des bleus sur les tempes et quelques coupures sur la face. Ses cernes creusent son visage, et franchement, j'ai l'impression qu'il a la crève ou quelque chose de plus grave. Du genre une bronchite, les trucs comme ça la ? S'il a attrapé froid je compte bien me foutre de sa gueule (dans mes pensées) à son âge ça suffit maintenant, haha !

— Putain, prononce Sage en se dégageant de son frère, on dirait que tu as la crève toi !

Ah ! Vous voyez ! Ce n'est pas moi qui le dis.

— Emmène-nous à Manatthan Alexander.

Sa voix est rocailleuse.

Mais mes yeux sont attirés par des formes qui s'approchent de nous.

Je détourne le regard, j'ai failli avoir le réflexe de dégainer mon arme.

Mais j'ai vu sa touffe bien défraîchie se dessiner dans mes yeux.

Je me suis retenu de prononcer "Boucle d'or". Qui sait s'il n'allait pas vraiment me brûler à l'acide celui-là.

Robin marche à côté d'elle. En fait il l'a supporte, parce qu'elle m'a l'air morrissime celle-là aussi. On aurait dit qu'elle a pris une quantité astronomique de stupéfiant. Je ne distingue pas bien leur visage dans le noir comme ça. Mais je recule pour ouvrir la danse vers ma voiture.

Nos pas silencieux se mènent vers la Ford. Je contourne la voiture avant de m'asseoir côté conducteur. Sage claque sa porte côté passager, et en mettant la clé sur le contact, la lumière de ma voiture s'allume. Je vois la fille entrer dans ma voiture, en fait je vois sa touffe jusqu'à ce qu'elle relève la tête.

— Mais qu'est-ce qu'il s'est passé, prononçais-je immédiatement en me tournant vers eux.

Côme referme sa portière aux mêmes tires que Robin.

— Je t'ai dit que j'ai le feu au cul, démarre.

Mais je fixe leurs trois visages. On aurait dit qu'ils ont fait la guerre. Côme est plus blanc que ma grand-mère, avec ses pointes de couleur tuméfiées de vert et de violet. Ça se voit qu'il s'est fait sauvagement défoncer. Et je ne vais pas insister sur défoncer mais c'est le meilleur terme que je pourrais utilisé. Robin, pareil, et juste parce qu'il est noir ses bleus sont moins apparent mais je vois des tâches brunes sur les commissures de ses lèvres et son arcade sourcilière.

Par contre la fille... Pas facile du tout.

Je ne sais pas si elle a vu le sang séché qui sort de son nez mais moi j'ai vu et c'était bien dégueulasse. Elle un bon bleu biiiien violet sur toute la joue et ses yeux sont gonflés comme si elle avait pleuré après que son ex-toxique l'ait enfin quitté.

Bref, une belle brochette de défonces.

J'avoue que j'ironise, mais j'ai eu un brin de frisson dans le ventre en tournant la tête sur la route, il y avait un homme devant ma voiture.

J'ai sursauté.

C'était juste un pêcheur putain, couillon va !

Sage à ricané, et j'étais à ça de lui giflé son crâne à celui-là. Une chance pour lui que ses bodyguard de sang soient à l'arrière.

J'ai laissé ma manœuvre faire marche arrière pour enfin quitter cet endroit qui pue.

— Qu'est-ce qui s'est passé Robin, demande Sage.

— On s'est fait allumer par des Italiens.

— Hein ? Comment ça ?

— Franchement Sage, je n'ai aucune réponse à te donner là.

— Hm... Et "Papillon" elle fait quoi ici ? Parce qu'elle ne m'a pas l'air au top de sa forme, et je n'ai pas compris pourquoi-.

— Sage, ferme un peu ta-gueule, à craché Côme.

— Occupe-toi de ta bronchite toi, je parle à Robin moi.

— Hum d'accord...

Quand Côme fait ce bruit ça veut soit dire: "Ah d'accord", mais vraiment d'une façon polie. En mode, oui j'ai bien entendu ce que tu m'as dit.

Mais là il s'est mis à rire.

Donc moi je vous traduis, puisque ça fait des années que je travaille pour lui, j'ai commencé à comprendre: "Je vais te niquer ta petite maman".

De-rien.

Un silence s'est abattu dans le véhicule.  Le problème c'est que Sage ne ferme pas sa gueule, ça énerve Côme qui ne va jamais la fermer non plus, et Robin est entre les deux. Et moi encore pire.

Mais revenons sur les Italiens. En fait quels Italiens putain !?

— Tu as des noms, demandais-je à Côme.

— Samuele, Tony, Luciano, la boucherie sur Ludlow Street, c'est tout ce que j'ai.

— Je chercherais.

Il n'a pas répondu. Mais en général, quand je cherche je trouve. C'est un peu ma spécialité de retrouver les gens, et j'aime vraiment faire ça.

La route noircit à mesure que le véhicule avance.

Un silence plombant s'abat sur nous. C'est plutôt le bruit des couleurs du ciel qui nous guident.

J'ai jeté un coup d'œil dans le rétro viseur...

Robin a les yeux perdus sur la route, Boucle d'or s'est laissé endormir, sa tête est calée sur son épaule. Et c'est maintenant que je réalise qu'elle à deux pulls sur elle.

Mes yeux voguent jusque Côme, je ne ferais pas de commentaire sur sa tenue parce que-.

Non je suis obligé de juger ! Il est tellement mal sapé que sa dégaine m'oblige à le voir comme un sale vieux mec. Je suis désolé mais d'habitude ce mec à un minimum de standing. En ce jour Côme ressemble à un motard raté. Il a une grosse veste en cuir marron, mais je suis sûr d'apercevoir un marcel bien moche. Et étant donné que j'ai cru voir un jogging plus tôt, la décision est irrévocable:

Le style est dégueulasse.

Le pire de sa vie.

Je reprends mon sérieux, ce n'est pas le moment ! (J'étais obligé !)

J'aimerais bien qu'il m'explique plus en détail ce qui se passe, parce que franchement, ça doit bien faire une dizaine de jours qu'il n'a pas eu une seconde de répit...

Mais pour le moment, le silence est de mise... La nuit noire s'annonce et je roule vers Manhattan... Peut-être obtiendrons-nous des réponses.


🂡

Backup Account: ikunafa
𝐢.𝐚𝐦𝐤𝐮𝐧𝐚𝐟𝐚 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦

Bon mon fils il dead ça ou pas, le mec il maîtrise anglais, polonais, langue des signes faut pas blaguer avec lui hein !!! 😎

En espérant que ça vous aura plu ! 🌷

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top