CHAPITRE 26: Bleeding love.
Coucou guys, ça-va ? 🌹
I don't have much to say today... Je vous laisse directement avec la suite. ❤️
Bonne Lecture ! 📖
Xoxo - Iamkunafa. 🍓
𓆃
CÔME.
Je pousse la porte du diner, immédiatement, la sonnette suspendue au mur retentit. L'odeur caractéristique de la graisse et du café à l'air de s'être infiltrée dans chaque recoin du petit restaurant.
Mes doigts se crispent sur la poignée de la porte que je referme, et je me retiens déjà de faire demi-tour.
— Il est là, pointe Sashæ du menton vers un coin de la salle.
Je repère Alexander assis, appuyé contre le dossier d'un canapé en cuir rouge usé.
Il n'est même pas midi mais l'éclairage tamisé accentue l'atmosphère décrépie de ce foutu lieu. Le sol m'a l'air d'être collant.
En m'approchant, une serveuse blonde avec un sourire trop large nous accueille joyeusement. Je lui rends son salut d'un hochement de tête, mes yeux balayent le comptoir graisseux et les tables mal nettoyées.
— Il n'y avait pas moins sale comme endroit ? lâché-je en m'asseyant sur la banquette face à Alexander.
J'essaye de minimiser l'espace que prennent mes fesses sur le cuir qui couine sous mon poids.
Alexander me regarde avec une expression mi-surprise, mi-intrigué, tandis que Sashæ s'avance à côté d'Alexander en lui demandant de se pousser pour lui faire de la place d'un geste de la main.
— Quand tu m'as dit de trouver un endroit, j'ai pas vraiment pensé au temps de ménage passé dans les locaux, me dit Alexander avec sa pointe de sarcasme habituelle dans la voix.
— Ouais, ça se voit.
Sashæ laisse échapper un petit ricanement.
— Te laisse pas abattre par tes TOC, bébé, dit-il d'un ton moqueur.
Je secoue la tête, Alexander a l'air amusé par la situation.
— Sage n'est pas avec toi, demande-t-il.
Et ses mots me font arrêter un moment. Je le fixe. En vrai, je ne sais pas vraiment quand est-ce qu'ils sont devenus si proches.
Une serveuse s'approche de notre table, interrompant mes pensées.
— Alors messieurs, quelque chose vous ferait plaisir ? demande-t-elle avec son large sourire.
— Deux cafés ? Côme ? propose Alexander, en rassemblant les cartes du menu et les en tendant à la serveuse.
Je secoue la tête.
— Rien pour moi.
— Très bien, messieurs ! répond-elle, en emportant les cartes avec elle.
Je tapote mon index sur la table. Le cycle de mes pensées reprend.
La question d'Alexander résonne encore dans ma tête.
— Sage m'a dit ce qui s'était passé entre vous, dis-je enfin.
Alexander fronce légèrement les sourcils, dans un geste presque miroir, Sashæ fait de même.
Je remarque qu'Alexander prend la salière et commence à la faire rouler entre ses paumes.
Probablement un signe de nervosité ? En réalité, je n'ai jamais vraiment parlé avec lui si ça ne concernait pas le travail. Je ne sais pas ce qu'il ressent. Je ne sais pas ce qu'il pense.
— Et qu'est-ce qu'il t'a dit exactement ? demande-t-il d'une voix calme.
Je le regarde dans les yeux, et finis par lui dire simplement :
— Le test de loyauté.
Les mots restent suspendus dans l'air, Sashæ se tourne vers son frère, l'air interrogateur sur son visage rend évident le fait qu'il n'est pas au courant de ce que je viens de révéler.
Alexander affiche une expression résignée, comme s'il voyait où je voulais en venir. Mais je crois entrevoir un voile de tristesse dans son regard. Ça l'a touché lui aussi, je le vois bien.
Alexander allait dire quelque chose mais la serveuse revient à ce moment-là, avec les cafés.
— Et voilà pour vous, dit-elle en déposant les cafés et les sachets de sucre sur la table.
Je ne la regarde pas, mes yeux restent fixés sur Alexander, en attendant sa réponse.
Je m'adosse contre le dossier de mon siège, m'éloignant un peu plus de la table. L'odeur de ce café est trop forte, ça m'écœure presque.
— Êtes-vous sûr que rien ne vous ferait plaisir ?
Je relève la tête en réalisant que la serveuse est toujours là, et qu'elle s'adresse à moi. Elle continue en rougissant légèrement :
— Nous avons des variétés de thés si vous préférez ?
Je retiens à peine un soupir. La dernière chose que je veux, c'est de goûter quoi que ce soit de cet endroit. Peut-être que c'est juste mes troubles qui prennent le dessus et que j'exagère la chose. Mais la chose que je préfère ici, c'est rien.
— Ça ira, dis-je, d'une voix très claire.
Elle semble enfin comprendre mon ton catégorique et s'éloigne avec un sourire forcé.
Mon regard revient à Alexander, j'attends toujours une réponse à mes révélations. J'ai besoin de comprendre.
Mon index continue de tapoter nerveusement contre la table.
Les frères secouent simultanément leur sachet de sucre avant de le déchirer pour vider le contenu dans leurs cafés respectifs. Leurs cuillères tournent lentement à l'intérieur de la tasse. Leurs mouvements sont si parfaitement synchronisés que ça me déstabilise un instant.
— Je sais pourquoi il l'a fait, répond finalement Alexander.
— Un tas de gens l'auraient très mal pris, répliqué-je. Et pourtant toi, tu es toujours à ses côtés. Pourquoi ?
Un silence tombe sur notre table, seulement perturbé par le cliquetis des cuillères qui touillent le café dans leurs tasses en céramique. Sashæ regarde son frère et je vois qu'il ne comprend pas vraiment ce qui se passe.
Des bruits d'ambiance du diner me parviennent : quelques murmures des clients, les pas pressés des serveuses. Je sens que le rush du déjeuner va bientôt commencer.
La voix d'Alexander tranche soudainement le silence :
— Les Payton travaillent pour ta famille depuis longtemps.
Je relève les yeux vers lui, mon regard le questionne silencieusement.
— Qu'est-ce que Sage t'a dit exactement ? poursuit-il.
— Que tu étais différent depuis, lâché-je, en observant ses réactions attentivement.
Il laisse échapper un sourire, un sourire léger et un peu triste.
C'est la première fois que je le vois sourire en ma présence, même si je vois bien que ce n'est pas le plus joyeux qu'il ait dû faire dans sa vie.
Je le regarde boire une gorgée de son café, avant de se laisser tomber contre le dossier de son siège avec une nonchalance :
— Je n'ai pas changé, commence-t-il, mais Sage, oui. Je savais que je ne pouvais pas me comporter comme un frère avec lui devant votre père.
Sur le coup, ça, c'était malin de sa part.
Mon père a toujours eu horreur de toute forme d'émotion. Plus on se montrait impassible, plus on le satisfaisait. Si Alexander avait laissé transparaître ne serait-ce qu'une once d'affection pour Sage, ça aurait été comme peindre une cible sur son dos aux yeux de mon père.
J'hoche la tête, comprenant le sens de ses mots.
Alex boit quelques gorgées de son café avant de parler à nouveau :
— Si tu as l'occasion, dis-lui que je ne lui en veux pas. Je suis sincère. J'aurais probablement fait la même chose que lui à sa place.
Je rétorque directement :
— Je pense que tu devrais lui dire toi-même.
Alexander semble un peu gêné par ma réplique.
Et vu son caractère assez introverti, je comprends tout de suite qu'il n'est pas du genre à dévoiler quoi que ce soit. Il est vraiment à l'opposé de Sashæ qui n'hésiterait pas une seconde à se jeter à l'eau et tout avouer.
— Sage t'aime comme un frère, peut-être même un peu plus que nous, expliqué-je. Tu as toujours été là pour lui, et pour ça, tu as tout mon respect. J'imagine que tu vas continuer à travailler avec nous, alors peut-être que tu devrais lui parler.
Alexander me fixe d'une manière qui me fait lever un sourcil. Je l'interroge du regard.
— Je crois que tu n'as jamais autant parlé avec moi de ta vie, avoue-t-il, un rictus amusé sur ses lèvres.
Sans m'en rendre compte je réalise que j'ai un sourire en coin. C'est vrai que c'est probablement que l'on parle d'autre chose que du travail avec Alexander.
Il boit une nouvelle gorgée de son café, le regard perdu dans le vague, avant de reprendre :
— Concernant les recherches pour ta sœur, je n'ai rien de plus que la dernière fois. Je n'ai aucune piste sur Stonehead, ce mec a complètement disparu, et ça m'inquiète sérieusement. Personne ne disparaît sans laisser de traces comme ça. Sashæ est sur le coup, mais on n'a toujours rien.
— Je peux essayer de retourner au club, ajoute Sashæ. Chercher des indices dans ces bureaux. Mais je ne garanti rien, en fait ce type à toujours un coup d'avance sur nous et quand j'y pense, retourner au club est peut-être ce qu'il attend pour nous piéger.
À ses mots, je sens un frisson de nervosité me parcourir l'échine.
Mon index commence à tapoter de plus en plus nerveusement contre la table.
— Se jeter à la gueule du loup est peut-être notre seule solution, murmuré-je.
Le fait que Stonehead ait réussi à disparaître sans laisser de traces augmente mon angoisse à un point qui m'empêche de dormir la nuit.
Je dois le trouver et vite...
— Il fait qu'on se casse de Richmond, affirmé-je d'une voix pas très rassurée.
Alexander me lance un regard interrogatif tandis que Sashæ demande :
— Tu penses que c'est une meilleure option ?
— Si on ne le trouve pas, c'est lui qui va nous trouver, rétorqué-je.
Je sens mon poing se refermer sur lui-même en pensant à Mariposa.
— Je ne veux pas surtout pas qu'elle tombe sur lui. Ça ne va pas plaire à Robin, mais lui non plus ne doit pas rester ici.
— C'est sûr que nos allées et venues pourraient finir par le mettre sur la piste s'il nous surveille, acquiesce Alexander.
— Ouais, et je ne veux pas qu'elle reste aux États-Unis.
— À quoi tu penses ? demande Sashæ.
Je prends une seconde pour choisir mes mots, mais finalement j'annonce :
— Sa mère est à La Réunion. Je veux qu'elle soit près d'elle.
— Tu penses que Robin acceptera d'y aller ? m'interroge Alexander.
— Je ne vais surtout pas lui laisser le choix. Plus on reste ici, plus on donne des chances à Stonehead de nous retrouver.
— Ça se tient.
Il avale une gorgée de son café. J'ai une légère boule au ventre, parce que j'ai la vague impression que plus longtemps on restera ici, et on s'assure que quelque chose de grave risque d'arriver.
Je suis soudainement interrompu de mes pensées en sentant mon téléphone vibrer dans ma poche.
Je l'extirpe et vois « R » s'afficher sur l'écran. Je décroche :
— Ouais ?
Robin, ordonne directement :
— Mets haut-parleur, tout de suite.
Je retiens de l'insulter lui et sa mère, mais finis par le faire et lâcher d'une voix agacée :
— Parle vite.
— Ma femme a fait à manger, commence-t-il, et elle m'a menacé de mort si toi, Alexander et Sashæ ne ramenez pas vos grosses fesses immédiatement. Et si vous avez déjà mangé, vomissez tout.
Avant même que je puisse répondre, il raccroche. Sashæ étouffe un rire discret, en secouant la tête.
Je me laisse glisser sur la banquette, de toute façon quitter ce restaurant était mon seul souhait de la matinée.
— Aller on y va, dis-je finalement.
Alexander laisse un billet sur la table et, nous quittons tous les trois le diner.
𓆃
J'ai à peine entrouvert la porte d'entrée qu'une petite tornade surgit.
C'est Farrell, qui se rue vers moi à toute vitesse, ses petits bras s'entourent autour de ma jambe et il hurle :
— TONTON !
Sans réfléchir, je me penche et le soulève pour le prendre dans mes bras. Sur le coup, je me surprends moi-même, c'est la première fois que je le prends consciemment.
Farrell regarde partout autour de lui, il tient un tracteur jaune dans la main, qu'il fait rouler sur mon torse jusque mon cou. Je le regarde vraiment pour la première fois, il a vraiment tout de la tête de Robin. Aucun doute sur le fait que ce soit son fils.
J'ai une sensation étrange qui me traverse alors que je le tiens dans mes bras. C'est assez bizarre à décrire mais je ne veux pas le lâcher.
— On dirait que les gosses t'aiment bien toi, commente Sashae en refermant la porte d'entrée, avec un sourire en coin.
Je baisse les yeux sur Farrell qui ne fait rien d'autre que se blottir contre moi, et faire rouler son tracteur sur moi.
— Poussez-vous de mon chemin !
Je relève la tête pour voir Robin, traverser le salon à toute vitesse, les bras chargés de deux plats fumants qu'il tient avec d'énormes gants de cuisine.
Sage et Sashæ se décalent rapidement tandis que Robin se précipite vers la table pour y déposer les plats.
— Tu aurais pu faire l'aller-retour au lieu de t'emmerder avec deux plats brûlants, fait remarquer Sashæ avec un air désabusé.
Amber intervient alors :
— Sashae, t'es là ? Viens aider au lieu de regarder Robin.
Sage ricane en voyant Sashæ être contraint d'aider.
Et puis, sans vraiment que je n'explique pourquoi, je m'oblige à tourner la tête vers les escaliers.
Le frisson qui parcourt mon ventre jusque mes cuisses m'incite à inspirer profondément.
J'avale ma salive et les sensations qui infusent dans mes veines deviennent de plus en plus puissantes.
Mariposa descend l'escalier, vêtue d'une longue robe verte qui traîne presque au sol. Sur ses épaules elle a un petit gilet en maille pastel. Ses cheveux sont relevés dans un chignon décoiffé d'où s'échappent quelques boucles rebelles.
Je sens ce tracteur que Farrell tient tracer sa route sur ma joue, mais mes yeux restent rivés sur elle.
— Ah Mariposa ! Toi tu fais trop exprès ! Ça fait 20 minutes que t'es partie ! s'exclame Amber.
Mariposa passe rapidement à côté de moi en me souriant timidement, comme pour s'excuser de ne pas pouvoir s'arrêter près de moi. Elle file vers la cuisine.
— Je suis là, désolé, je n'arrivais pas à m'attacher les cheveux, explique-t-elle.
— Moi aussi je dois refaire mon chignon et... commence Sashæ, mais Amber l'interrompt en lui donnant un tablier.
— Toi, tu ne bouges même pas d'ici. Remue la soupe. Celui qui sort de cette cuisine, il risque gros.
Sashae et Mariposa échangent un regard complice avant de se retenir de rire. Sur le coup, ça détend vraiment l'atmosphère.
Robin me jette un regard en secouant la tête, l'air débordé. Quand il retourne à la cuisine, il dit à Amber d'une voix calmante :
— Tu stresses les gens, chérie, dit Robin.
— Toi... commence-t-elle, le désignant d'un geste de la main, mais elle s'arrête en pleine phrase, en expirant bruyamment pour ne pas montrer qu'elle est en colère contre lui.
Je suis tenté de creuser, par simple curiosité. Je m'avance dans la cuisine avec Farrell dans les bras. Mais j'ai à peine franchi l'îlot qu'Amber m'interpelle :
— On m'a dit que tu savais faire des gâteaux ?
— Qui t'a dit ça ?
— Tout le monde m'a dit ça, tu peux en faire un pour le dessert ?
Je fixe mes frères, avec l'envie de leur dire qu'il faut parfois savoir fermer sa bouche. La dernière chose dont j'ai envie maintenant, c'est de faire ce gâteau.
— Allez quoi, j'ai passé des heures en cuisine, supplie Amber, son ton légèrement irrité.
Je jette un regard à Robin qui s'approche de moi, il récupère Farrell de mes bras en me chuchotant :
— Bonne chance soldat, chacun ses problèmes.
Je peux sentir la moquerie dans sa voix.
— Dupek, lâché-je, alors qu'il fuit l'enfer que dois être cette cuisine, puisque Amber à l'air sur les nerfs.
Sashæ, ricane dans sa barbe tout en continuant à touiller la soupe. Mariposa rit également, sans rien faire d'autre que tenir les anses de la casserole de Sashæ. Elle fait semblant de participer alors qu'elle ne sert vraiment à rien.
— Tu peux en faire un alors ? insiste Amber.
Je baisse les yeux sur elle. Je me retiens de souffler, mais je dois accepter l'inévitable : moi, en train de faire un putain de gâteau.
— Qu'est-ce que tu veux ?
Son visage semble s'illuminer un peu :
— Comme tu veux, j'ai tout, des ananas, du chocolat, ou tu peux faire juste un gâteau au yaourt ou... comme tu veux !
Je hoche la tête, sachant déjà ce que je vais faire.
— Ah, Sage, tu peux emmener ça sur la table. Alexander, tu peux aller t'asseoir, et Mariposa arrête de faire semblant de tenir la casserole !
Mariposa se met à pouffer de rire, en détournant rapidement la tête, elle essaye de voler la cuillère de Sashæ pour s'inventer une activité dans cette cuisine.
— Ne t'avise même pas de toucher à mon poste d'expert en touillage de soupe, la créature ! J'suis sur du sérieux, riposte Sashæ, son ton ironique attise encore plus le rire de Mariposa.
— S'il te plaît, sauve-moi ! supplie-t-elle.
Sashae éclate de rire.
— Non ! Chacun sa merde ! Lâche ma cuillère !
Entendre le rire de Mariposa et la voir se battre pour cette cuillère me donne l'envie folle de prendre la place de Sashae. Mais... en réalité, je me retiens pour réprimer un sourire. Il y a quelque chose qui me donne un peu de paix à voir autre chose que du désespoir dans leurs yeux.
En fait, l'ambiance générale me fait du bien. Voir qu'ils s'entendent si bien... c'est une bonne chose.
— Elle peut m'aider.
Ces mots s'échappent de mes lèvres et marquent une pause dans la frénésie de la cuisine.
Tous les regards se tournent vers moi, et j'ai soudain l'impression que mes joues deviennent aussi chaudes que le four. Je fronce les sourcils en les dévisageant tous un par un.
— Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ?
— Rien, t'as raison, rétorque Amber. Mariposa, si tu veux faire le gâteau ?
Mariposa semble rougir d'un coup, et rien que ça, ça égaye ma journée. Elle finit par hocher la tête, abandonnant Sashæ et sa cuillère. Elle laisse l'anse de la casserole dans un regard désolé vers lui qui lui chuchote :
— Lâcheuse !
Je suis incapable de retenir un petit sourire qui se dessine au coin de mes lèvres quand elle me rejoint.
Finalement faire ce gâteau ne me fait plus autant chier que ça.
Sage revient dans la cuisine après avoir déposé les assiettes sur la table. Amber lui donne tout de suite une autre mission, alors qu'elle se dirige vers le four.
Pendant ce temps, Sashae continue de touiller la soupe, chantonnant "Set Fire to Rain". À force, je connais la mélodie de la chanson par cœur.
Je fais glisser le panier de fruits vers nous, au centre de l'îlot de la cuisine.
— Choisis-en un, lui proposé-je, en essayant de paraître détendu malgré cette nervosité qui grandit en moi à chaque fois qu'elle est proche de moi.
Mariposa baisse les yeux sur les ananas, repoussant deux mèches rebelles derrière ses oreilles.
— Hmm... celui-là, décide-t-elle, en me tendant un fruit d'un jaune vif.
Il est lourd dans ma main, je pense qu'il probablement juteux. Je le porte à mon nez, l'odeur intense me prend en plein poumon, je le passe sous ses narines et elle hoche la tête avec un grand sourire.
Je me dirige vers le four libre pour le préchauffer, puis reviens vers elle.
— Donc... qu'est-ce qu'on fait en premier ? me demande-t-elle.
Je dois me forcer à ne pas baisser les yeux sur ses petites lèvres.
— Tu sais faire du caramel ?
Je pose la question bien que je connaisse déjà la réponse.
Son sourire à l'envers confirme ce que je pensais déjà. Non, elle ne sait pas en faire.
La satisfaction que j'éprouve à l'idée que je puisse lui apprendre quelque chose me fait sourire malgré moi.
Je saisis une casserole, la faisant tourner dans ma paume par le manche, et Mariposa me suit jusqu'à la cuisinière que j'allume. Je rassemble rapidement les ingrédients avant de revenir vers elle.
— Le secret, c'est que ta plaque ne doit jamais être trop chaude, lui expliqué-je
— Même si tu me donnes tous tes secrets du monde, je vais quand même la rater.
Je sens mes yeux se plisser d'amusement face à sa remarque.
— Viens.
Elle se place devant moi, je lui passe le paquet de sucre, mais nos mains le versent ensemble.
Je lui donne la cuillère en bois et reste derrière elle pour mélanger le sucre avec elle.
À mesure que j'ajoute les ingrédients un par un, je regarde le mélange devenir lentement caramel.
Pendant un moment, je parviens à oublier que je ne suis pas seul dans cette cuisine. Ou plutôt, je m'autorise à oublier que je ne suis pas seul.
— Tu vois ? Tu l'as pas raté.
Elle regarde le caramel avec un étonnement pur, et je vois une lueur de bonheur s'allumer dans ses yeux, comme si elle venait de découvrir un trésor. Elle sourit, ses fossettes creusent ses joues, tout en continuant à touiller.
— J'y crois pas, murmure-t-elle, émerveillée.
Ce petit bonheur que je vois dans ses yeux me gonfle de fierté. Juste lui offrir un moment de détente, où elle ne peut penser à rien d'autre que touiller du caramel, ouais, ça me paraît lunaire.
— Continue de touiller, lui suggéré-je.
Je m'éloigne d'elle et laisse Mariposa s'occuper du caramel, pendant que je prends l'ananas que j'ai choisi, pour le découper en rondelles.
Mes pensées divaguent vers la soirée d'hier.
Je lui ai dit que je l'aimais, et elle n'a pas réussi à me répondre.
Mais je le savais qu'elle ne le ferait pas.
Parce que nous avons tous brisé Mariposa. Nous tous, et j'ai été le premier à y participer.
Mariposa ne faisait plus confiance à beaucoup de gens. Je pouvais le sentir, le voir dans sa façon prudente de m'approcher. Même si je voyais bien qu'elle se sentait protégée avec moi, elle gardait les sentiments de son cœur caché, comme j'avais très longtemps caché le mien avant de réaliser qu'il ne pouvait plus faire grand-chose sans le sien.
Parfois, je regrettais notre passé, quand c'était plus facile de lire en elle. Mais je savais aussi que je devais apprendre à connaître la femme qu'elle était devenue. Je devais apprendre à naviguer à travers toutes ses peurs, ses blessures, son passé...
Je devais apprendre à l'aider à se reconstruire, morceau par morceau, comme elle m'a reconstruit moi-même...
Je remarque que Sage est revenu dans la cuisine, il nous lance des regards furtifs, tandis qu'Amber court à droite et à gauche dans cette cuisine.
J'crois qu'elle aime autant préparer à manger pour ceux qui comptent pour elle que moi.
J'attrape un moule dans l'un des placards hauts :
— Sage ?
Sage, qui était resté à l'entrée de la cuisine, lève le menton pour me signifier qu'il m'écoute.
— Viens.
Sans un mot, Sage s'approche.
En jetant un coup d'œil au caramel qui bout doucement sur le feu, je me rends compte qu'il est prêt :
— Ok, éteint le feu Mariposa.
Elle fait ce que je lui demande. Et l'instant qui suit, je me retrouve alors entouré de Mariposa et Sage qui me regardent étaler le caramel au fond du moule :
—Tu peux disposer les ananas dessus, expliqué-je à Sage en finissant de répartir le caramel.
Sage acquiesce simplement et s'exécute en silence. Il a l'air de prendre sa mission au sérieux.
Pendant ce temps, je commence à préparer la pâte du gâteau, attrapant les ingrédients nécessaires.
Mariposa, intriguée, finit par poser la question qui lui brûle les lèvres :
— Est-ce que tu fais... une torta de piña ?
Un sourire en coin se dessine sur mon visage.
Je hoche la tête, et le regarde Mariposa se trouble. Je vois qu'elle s'efforce de retenir ses larmes.
C'était le gâteau que sa mère lui faisait petite, quand elle était encore au Vénézuéla.
Je mens si je n'avoue pas qu'une partie de moi prend plaisir à voir à quel point mon attention la touche. Mais je ne dis rien de plus je me contente de l'observer avec un léger sourire que je n'arrive pas à contrôler.
Je continue la préparation de la pâte avec Sage et Mariposa. Mon frère ne dit rien, il ne fait que me regarder et quand je lui demande de mélanger ou de prendre des ustensiles, il obéit sans un mot.
À un moment, je prends les mains de Mariposa pour l'aider à mélanger la pâte. Ses doigts sont petits et doux dans les miens, sa peau est froide, mais je la sens se réchauffer dans la mienne.
— Mélange doucement, pour éviter les bulles.
Elle hoche la tête et on continue ensemble, même si je veux qu'elle ait l'impression que c'est elle qui fait tout.
Elle glisse une des mèches de ses cheveux derrière ses oreilles, et j'aperçois son visage. Elle lutte encore pour éviter de pleurer, mais ses larmes menacent sur ses paupières.
Amber, passe à côté de nous, mais s'arrête net devant Mariposa :
— Eh, tu vas bien, Mariposa ?
Mariposa hoche la tête, avec un petit sourire tremblant.
Amber acquiesce doucement avant de se tourner vers Sashæ.
— Mais Sashæ ! C'est prêt ! Pourquoi tu n'as pas éteint le feu !
— Mais tu ne m'as rien dit ! rétorque-t-il, l'air aussi perdu qu'amusé.
On observe la scène, un petit rire s'échappe de Mariposa.
Amber lève les yeux au ciel, tandis que Sashae ricane doucement.
— J'me suis occupé de cette soupe comme personne ne l'aurait fait !
— Va t'asseoir avec les garçons, lui ordonne Amber en enlevant la soupe du feu.
Sashæ sort de la cuisine dans un rire, en enlevant le tablier qu'il avait sur lui.
Je sens un soulagement me prendre en constatant qu'il revient peu à peu à lui-même, même si le deuil continue de voiler son visage. Ça me fait penser que ça fait un moment que je n'ai pas passé un moment avec lui, pour discuter.
Finalement, nous terminons tranquillement le gâteau. Ses joues s'empourprent à mesure que nous remplissons le moule avec la pâte. Je lui donne mes instructions, mes secrets pour réussir ses gâteaux à chaque fois, même si elle me dit qu'elle n'y arrivera pas toute seule.
Chaque petit signe de concentration sur son visage me donne envie de rire. Elle est très sérieuse et déterminée. Et je ne peux m'empêcher d'avoir cette chaleur brûlante qui se répand dans ma poitrine.
C'est seulement après un moment que je réalise que nous sommes seuls dans la cuisine.
Je jette un regard autour de moi, et remarque que Sage est parti s'asseoir à la table à manger.
Pendant un instant, l'image de mon père s'impose dans mon esprit. Depuis qu'il est parti, j'ai vraiment l'impression que tout mes cauchemars sont bel et bien finit...
Amber appelle depuis le fond de la salle à manger, ce qui m'interrompt dans mes pensées :
— Côme, Mariposa ! Vous venez ?
Je lève les yeux et je peux voir à travers la cuisine que tout le monde est déjà assis à table. Il ne reste que deux places, pour nous.
— Je le mets au four, vas-y, love, intimé-je à Mariposa.
Elle regarde derrière elle, comme pour vérifier que personne ne nous regarde, puis elle se tourne vers moi. Elle tire doucement sur mon bras pour que je me penche vers elle. Ses lèvres effleurent ma joue dans un baiser léger, et elle murmure :
— Merci, mi rubio. (Mon blond)
Rubio...
Je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'appelle comme ça, et je me demande même d'où ça sort mais un truc est sur, j'ai un putain de sourire sur les lèvres et un plaisir immense qui saccage mon ventre.
Je la regarde s'éloigner rapidement, la chaleur de son baiser encore présente sur ma joue, mon cœur bat à cent à l'heure. J'ai l'impression que chaque parcelle de mon corps est en feu, et je reste immobile planté là devant ce four, comme pour continuer de savourer cette sensation qu'elle vient de créer en moi.
Ce moment de tendresse impose dans mon monde qui a toujours été tout sauf doux...
Je la regarde rejoindre les autres à table. À peine arrivée, Robin l'accueille avec un enthousiasme exagéré :
— Ah voilà notre star !
Sashae le suit dans son délire et applaudit bruyamment à son tour. Farrell, excitée, imite son geste sur les cuisses de Robin. Mariposa ricane doucement en secouant la tête, en même temps qu'elle prend place à table.
Je reste dans la cuisine, ma main effleure l'endroit où elle a déposé son baiser.
Mon sourire ne veut pas quitter mes lèvres.
J'enfourne le gâteau et règle le minuteur sur 30 minutes avant de quitter la cuisine pour me diriger vers la table, pour rejoindre le groupe.
À peine suis-je arrivé, que Farrell se met à applaudir en criant :
— La star !
Robin éclate de rire et dit à son fils, en pointant vers moi :
— On ne l'applaudit pas, lui, c'est le fashion du coin, on se contente de regarder ! Tu comprends p'tit monstre, tu comprends ou paaaas !
Robin se met à mordiller la joue de son fils qui inonde la pièce d'un rire cristallin.
Je ne dis rien, mais j'avoue que sa réflexion m'a amusé.
Et pour la première fois, nous sommes tous réunis autour de la table. Robin, Amber et Farrell. Sashæ, Sage et Alexander. Et Mariposa et moi.
C'est presque surréaliste. Nous tous, rassemblés ici... Pour un instant, tout semble s'apaiser.
Et même si je sais que cette trêve ne durera pas éternellement tant que son père court encore, je compte bien en profiter, au moins le temps d'un repas.
Je regarde Mariposa, puis la soupe devant moi. Elle me tend son bol et je commence à le remplir.
Robin rompt le silence.
— Quelqu'un a pris des nouvelles de Dove ?
Il essaye de se servir de la salade, mais Farrell bouge tellement qu'il en fait tomber sur lui. Amber intervient en lui remplissant son plat.
— Je l'ai appelé hier, répond Sage.
— Merci chérie, dit-il à Amber avant de demander à Sage, comment il va ?
Sage soupire.
— Cet imbécile a attrapé froid.
Pour un malade de mucoviscidose, attraper un rhume peut être gravement risqué. Mes sourcils se froncent automatiquement. Je tends le bol de soupe à Mariposa en restant attentif à la conversation.
— Je pense aller le voir, d'ici la semaine prochaine, déclare Sage.
— Ça marche, je viendrais, ajoute Robin.
Je ne dis rien, mais l'intention de m'y rendre moi aussi se fait dans mon esprit.
Je n'ai pas vraiment pris le temps de discuter avec Dove depuis la mort de notre père, et il est grand temps de le faire.
— Bon, s'exclame soudainement Robin, on remercie le Seigneur que cette soupe n'ait pas été préparée par Mariposa.
L'allusion fait marrer Alexander qui ne peut retenir un petit rire malgré lui. Sage aussi rit discrètement, alors que Mariposa s'écrit :
— Hé, Robin !
Mon frère explose de rire et Amber, avec un sourire amusé, tente de défendre Mariposa.
— Laisse-la tranquille, Robin.
Robin, en mangeant une cuillère de soupe, répond de façon exagérée :
— Quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Hmm, c'est trop bon bébé.
Sashae renchérit, en continuant encore plus la blague.
— C'était si terrible que ça la soupe qu'elle avait faite ?
— Hey, mais je suis là ! proteste-t-elle en secouant ses mains devant Sashæ.
Mais son indignation semble juste amuser encore plus tout le monde.
— Pff.. Tu ne sais pas ce que j'ai vécu après ! s'exclame Robin en continuant de rire. J'ai cru qu'elle voulait me tuer.
Sashae demande amusée :
— Putain... et ça va mieux depuis le temps ?
— Sashae !? Robin !? Mariposa tente de les interrompre, l'air outré et amusé à la fois.
J'ai envie de rire, mais je me retiens.
— J'fais quelques mauvais rêves pour être honnête, ça ne va pas du tout en ce moment. J'revois les carottes revenir à la vie et me serrer la gorge, tu vois, à ce niveau-là.
Robin mime l'action, serrant sa main autour de sa gorge pour illustrer. La scène est grotesque et je sens un rire se coincer au fond de ma gorge. Mariposa me toise, je pince les lèvres en finissant de remplir mon bol de soupe.
— Si si, je vois un peu le genre. Tu parles au niveau de l'œsophage, c'est ça ? Ici, là, renchérit Sashae qui se prête au jeu.
— Vous êtes sérieux là !
— C'est exactement ça, répond Robin avec un hochement de tête dramatique, et je ne veux plus jamais revivre ça. Tu c'est ce que c'est de se réveiller en croyant s'être fait assassiner par des carottes ?
— Robin ! Mais répondez moi !
— Personne ne mérite de vivre ça, je compatis...
Mariposa essaie tant bien que mal de cacher son rire, l'air outré par leur discussion sur ses capacités culinaires désastreuses.
— Hé ho ! Robin ! Sashæ ! Vous êtes de vrais traîtres !
Peu importe à quel point elle proteste, ça ne semble avoir aucun effet sur le duo, qui continue de la taquiner sans pitié.
Pendant ce temps, Alexander observe la scène avec les yeux plissés d'amusement, Sage se retient de rire et Amber se cache la bouche en secouant la tête désespérée du comportement de son mari. Farrell, lui, trempe ses petits doigts dans la soupe de son père et suce le bout avant de réitérer l'opération.
Sashae en rajoute une couche, avec un sourire espiègle.
— Heureusement qu'on a le plus bel étalon de la ville pour nous réconforter avec un gâteau.
Sa remarque me fait rire et je dois pincer mes lèvres pour me retenir. Mariposa attrape le bout de mon pull sous la table, comme pour me menacer de rester de son côté, ce qui ne fait qu'amplifier l'envie que j'ai d'éclater de rire.
Robin reprend la parole, en pointant la table du doigt :
— Hé, quand même, remerciez ma femme pour ça.
Amber rit en secouant la tête.
— Vous êtes de vrais gamins ! Les écoute pas Mariposa, elle était très bien ta soupe.
La remarque ne fait qu'intensifier le rire de Robin et Sashae.
— Bande de traîtres !
Sur le coup, ce moment entre nous me semble être un véritable réconfort.
Sage prend la parole à son tour, un sourire en coin.
— Bon bah... merci Seigneur hein.
Il soulève une cuillère de soupe à ses lèvres.
— Quoi !? l'appelle Mariposa sur un ton accusateur, visiblement choquée qu'il n'ait pas pris son parti. Sage !? Mais t'es sérieux !?
Robin et Sashae explosent de rire, et Robin à tendance à tenir les gens quand il rigole, il se met à secouer le bras de Sashæ, Sage n'a pas tardé à les suivre dans leur hilarité. Farrell aussi se marre même si je doute qu'il comprenne quoi que ce soit.
L'air très détendu et joyeux de Sage me surprend. C'est pas quelque chose que j'ai l'habitude de voir. Je dirais même que c'est bien la première fois depuis des années que je le vois rire aussi sincèrement.
— Pardon, Papillon, mais il faut le faire pour rater une soupe, répond Sage avec un sourire espiègle.
Mariposa réplique aussitôt :
— Mais toi-même, tu ne sais même pas cuisiner !
— Ah bon ? Qui t'a dit ça ?
C'est à ce moment que Mariposa se tourne précipitamment vers moi et me demande :
— Il sait cuisiner !?
Sa question me laisse sans voix une seconde. Mon regard se déplace de Sage à Mariposa.
Quand je regarde mon frère, j'ai bien l'impression qu'il sait cuisiner. Face à la détresse de Mariposa, je ne sais pas si je dois mentir ou non.
— Tu sais cuisiner ? demandé-je finalement à Sage, essayant de cacher un sourire moqueur.
Il hausse les épaules, un sourire en coin aux lèvres.
— Je sais que mes carottes ne hantent pas les gens dans leur sommeil, en tout cas.
Son commentaire déclenche un nouveau round de rire dans la pièce, et je ne peux pas m'empêcher de me joindre à eux.
Amber intervient alors, agitant la main avec une moue amusée.
— C'est bon, laissez-la tranquille, vous êtes des enfants !
Mariposa se révolte à son tour, pointant un doigt accusateur sur Sage.
— Ah bon, Sage ! Très bien ! On verra ! En tout cas, Robin, t'es super culotté ! Tu ne sais rien faire en cuisine !
Sage lève un sourcil, un sourire joueur sur les lèvres.
— On verra quoi ? Qu'est-ce que tu vas faire ?
Robin et Sashae sont morts de rire, ils sont contents de leur coup et se tapent dans les mains, à chaque réflexion que Mariposa fait.
Le repas continue comme ça, dans une ambiance de camaraderie.
À trois contre elle, ils la taquinent sans la lâcher une seconde, elle finit même par leur parler espagnol. La combinaison de Robin, Sashae et Sage est telle que je préfère rester discret que de prendre le risque d'être la prochaine cible.
Même Alexander esquisse quelques sourires. Mariposa, essaye de ne pas rire, mais c'est peines perdues, leurs piques les font rire tous les quatre.
Pour la première fois... tout semble tellement normal entre nous.
Pas d'armes.
Pas de sang.
Juste... une petite famille.
Sashae m'a vraiment l'air de se faire violence pour sortir petit à petit de son état dépressif. Sage semble s'ouvrir de plus en plus...
Et moi également.
Je respire l'odeur du repas, j'écoute leurs rires, je regarde leurs visages.
Une part de moi sait que ce repas-là, il n'y en aura probablement jamais deux comme celui-là.
Et je ne l'oublierais jamais.
𓆃
MARIPOSA.
Je me retourne dans mon lit pour la millième fois, incapable de trouver le sommeil.
J'attrape le téléphone qu'Amber m'a donné pour écouter de la musique. Les écouteurs sont encore emmêlés. Il est minuit passé. À travers ma fenêtre ouverte, j'entends le murmure des hiboux, jusqu'à ce que je fasse taire le monde extérieur en enfonçant les écouteurs dans mes oreilles.
"Bleeding Love" m'envahit et je me laisse porter par la musique.
J'ai l'impression que c'est notre chanson.
La première qu'on a partagée et depuis ce soir, elle a une place toute particulière dans mon cœur.
Elle me rend triste autant qu'elle me donne l'impression que quand elle sera finie, tout ira mieux...
Au bout d'un moment, je finis par repousser ma couverture de sur moi. L'air frais de la nuit s'étale sur moi, je me sens frissonner.
Je fixe le plafond blanc. Et alors que la musique continue de tourner, mes pensées dérivent vers la nuit dernière.
Des larmes glissent de mes yeux sans que je m'en rende compte. Je n'arrive plus à m'arrêter de pleurer...
Il m'a dit qu'il m'aimait.
Je prends l'oreiller et le serre fort contre moi, comme si c'était lui. J'arrive à peine à y croire et je n'ai pas réussi à lui dire quoi que ce soit en retour. Je n'ai pas réussi à lui répondre. Les mots semblaient se coincer dans ma gorge.
Pourtant je voulais tellement l'entendre. Je voulais que ce soit lui qui me le dise.
Je me sens submergée par les émotions.
À chaque fois que je le revois me dire qu'il m'aime, je me mets à pleurer.
Ça me fait mal de voir à quel point il éprouve tous ces sentiments, parce que je le sais déjà. Je sens son amour pour moi et j'en ai tellement peur. J'ai peur de ne pas savoir comment aimer quelqu'un en retour.
Je ne suis pas sûre de ce que ça signifie de lui répondre, de ce que ça engage.
De ce que je devrai faire, de ce que je devrai lui donner. Plus le temps passe, et plus j'ai cette impression que l'amour, c'est une énigme que je n'ai jamais réussi à résoudre.
Et pourtant, j'ai tellement envie d'essayer, avec lui... Parce que malgré toutes les peurs qui me retournent l'estomac, malgré tous les doutes qui m'envahissent, je sais que c'est le seul que je veux et le seul qui occupe cette place sous ma poitrine.
Je me redresse pour m'asseoir, un sanglot me secoue mon corps.
Je serre l'oreiller dans mes bras, en essayant d'essuyer ces larmes.
Je réalise alors que je n'ai vraiment pas envie de rester seule dans cette chambre.
Je veux le voir et l'idée me pousse à me lever. Je glisse mes pieds dans mes chaussons avant de sortir de la chambre en me calmant et en essuyant mes joues mouillées.
Quelques instants plus tard, je m'arrête devant la porte du dressing au fond du couloir.
Je serre les dents en sentant mes mains devenir moites. J'ai l'impression que mes jambes tiennent à peine sur elles-mêmes.
Je ne sais même pas ce que je vais lui dire.
Une peur m'envahit et je renonce une première fois à entrer. Je recule, mais le vide que je ressens sans lui me rappelle que ce n'est pas du tout ce que je veux. Alors je fais demi-tour.
Je m'arrête encore devant sa porte, le poing levé, prête à toquer. Mais je croise finalement mes paumes devant ma bouche.
Ma nervosité m'empêche de faire quoi que ce soit, j'ai trop peur de frapper, mon cœur tremble littéralement dans ma poitrine. L'incertitude me noue l'estomac, et rien ne justifie ça.
Mais finalement, je prends une grande inspiration et j'essaye de m'encourager intérieurement.
Mon poing heurte doucement la porte, deux petits coups à peine audibles.
Mon cœur bat violemment dans ma cage thoracique. Je retiens mon souffle, en attendant une réponse.
Je ne sais pas ce que je vais lui dire, je ne sais pas ce qui va se passer ensuite, mais je sais que je ne veux pas dormir sans lui.
J'entends finalement la poignée de la porte descendre lentement, sauf que je hoquète de surprise lorsque la tête à moitié endormie de Sage apparaît. Il est torse nu et il se frotte un œil.
— Papillon ? s'exclame-t-il visiblement surpris de me voir là.
Je bégaye un peu en voyant ses tatouages sur son torse. Je relève les yeux vers lui, ne sachant pas où regarder :
— D-désolée, je ne savais pas que tu dormais ici. Je suis vraiment désolée de t'avoir réveillé !
Je me retourne rapidement, mal à l'aise, mon cœur bat à cent à l'heure. J'allais partir mais sa voix m'interpelle.
— Eh.
Je me retourne de nouveau, les joues en feu à cause de ma nervosité :
— Tout va bien ?
Je le fixe, trop surprise pour répondre.
Je ne connais pas vraiment Sage, mais il a toujours été gentil avec moi. Il m'a toujours défendu face à Côme aussi. Je hoche la tête, ne sachant pas quoi dire d'autre.
— Il est dans la cuisine, m'informe-t-il d'un ton doux.
Je hoche de nouveau la tête, un sourire timide se dessine sur mes lèvres. Je suis agréablement surprise par sa réaction.
— Bonne nuit, Papillon.
Ça aussi je ne m'y attendais pas.
Je murmure un "bonne nuit, Sage", un léger sourire aux lèvres alors qu'il ferme lentement la porte derrière lui.
J'expire un bon coup et je me retourne pour quitter le couloir.
Arrivée à la rampe, je vois tout de suite Côme de dos, debout dans la cuisine ouverte, appuyé contre l'îlot central, les yeux rivés sur la fenêtre. Le reflet de la lune illumine l'espace et son visage.
Mon cœur rate un battement : je le trouve tellement magnifique.
Mais le grincement du parquet sous mes pieds le fait se retourner. Mon regard s'accroche à quelque chose qu'il tient dans sa main. Il mange.
— Euh... Coucou...
Ma voix fluette et tremblante trahit ma nervosité.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
Il ne me lâche pas du regard, ses yeux m'analysent et je sens que sa voix est douce, presque légèrement inquiète.
— Je... j'arrivais pas à dormir...
Je m'enfonce un peu plus dans la cuisine, et je lève la jambe pour m'asseoir sur le plan de travail en face de lui. Mon regard jongle de Côme à la poire qu'il tient dans sa main.
— Tu coupes tes poires au couteau pour les manger ? Le taquiné-je un peu pour essayer de me déstresser.
Sa joue est gonflée d'un côté à cause de la nourriture qu'il a dans la bouche. Je vois qu'il lutte pour ne pas rire.
Mais à force de m'analyser, il plisse les yeux, son regard intense me fixe.
— T'as pleuré ?
Je touche mes joues comme pour effacer toute trace de mes larmes. Je rougis, gênée qu'il ait remarqué si vite. Je finis par déglutir, pour masquer mon malaise. C'est tout lui ça, toujours extrêmement attentif à chacune de mes émotions. Je sens mes épaules se relâcher légèrement face à son inquiétude.
— C'était juste... un cauchemar, je mens.
Il me regarde quand même avec un air sceptique, j'ai l'impression que je ne peux vraiment rien lui cacher :
— Ouais... C'est pour ça que tu n'arrives pas à dormir ?
Je ne sais pas quoi lui répondre, mais une chose est certaine : maintenant que je suis avec de lui, le poids qui pesait sur mon cœur s'est envolé, comme si tout avait un sens.
Il coupe un morceau de sa poire et me le tend. J'accepte avec un sourire timide et le porte à ma bouche.
— Toi aussi, tu ne dors pas. Et tu n'es pas en pyjama non plus, remarqué-je en notant son pantalon droit et son polo à manches longues.
— Je n'arrive pas à dormir non plus, admet-il.
Je le fixe, mes paumes se crispent légèrement sur le bord du plan de travail. Il y a quelque chose de vraiment intense dans son regard, j'ai vraiment du mal à le soutenir.
— ...Pourquoi ? finissais-je par demander doucement.
Mon cœur bat un peu plus vite alors que j'attends sa réponse. Il semble hésiter, ses yeux ne quittent pas les miens.
— Peut-être... parce que je ne voulais pas dormir seul, avoue-t-il d'une voix rauque.
La chaleur qui envahit mes joues me donne de violents frissons.
La vérité, c'est que moi non plus, je ne voulais pas passer la nuit toute seule...
Je détourne le regard vers la fenêtre. Une pleine lune phénoménale et magnifique s'impose dans le ciel. Après un moment de silence, je finis par lui dire :
— Merci... d'avoir fait la tarte ce midi...
Un sourire se dessine sur son visage. Ses yeux me paraissent spectaculaires.
— T'as aimé ? demande-t-il.
Je hoche vivement la tête.
— Est-ce que ça t'a rendue heureuse ?
Il me pose la question avec une telle douceur que je sens les larmes me monter aux yeux. Je baisse le regard un instant avant de hocher la tête une fois de plus.
— Alors, je t'en ferai d'autres, si tu veux.
Sa promesse me donne la boule à la gorge. J'ai encore envie de pleurer mais je me fais violence pour ne pas le faire.
Je hoche la tête en murmurant un : "je veux bien, oui."
Je ne suis même pas sûre qu'il m'a entendue.
Côme coupe un autre morceau de sa poire et le place dans sa bouche, mais le dernier morceau, il me le donne. Avec un sourire timide, je l'accepte encore avec joie.
Il se déplace pour jeter le trognon dans la poubelle, avant de revenir à sa place, appuyée contre l'îlot face à moi. Ses paumes sont appuyées contre le rebord. Je remarque qu'il a toujours mon bracelet autour de son poignet.
— Dis-moi la vraie raison pour laquelle tu as pleuré et pourquoi tu n'arrives pas à dormir ?
Sa voix est aussi douce que très directe.
Je glisse mes cheveux derrière mon oreille en me sentant chauffer d'un coup.
— Je réfléchissais trop, dis-je finalement.
— À quoi tu pensais ?
— Je...
Ma voix s'éteint. Je voudrais lui dire, mais ça me paraît tellement difficile. Côme laisse le silence s'installer, je me sens incapable de parler pendant de longues secondes.
— Je... déteste être seule... en sachant que tu es à la maison, j'admets finalement.
Les mots semblent flotter dans l'air.
— Tu me cherchais ?
Il semble surpris, et son intonation trahit un peu sa joie.
Je hoche la tête.
— Pourquoi ? demande-t-il avec empressement.
Mais je ne sais pas si je peux répondre, pas encore.
Parce que la vérité c'est que je ne suis pas sûre du pourquoi moi-même. Tout ce que je sais, c'est que je ne voulais pas être seule, en le sachant si près.
Je me sens extrêmement gênée. Il y avait un tas de bonnes raisons qui m'avaient traversé l'esprit tout à l'heure, mais maintenant, aucune ne franchit mes lèvres.
Peut-être parce que j'avais envie qu'il me le redise une fois de plus.
Je ne voulais pas fermer l'œil sans avoir entendu une fois de plus ses sentiments pour moi, je voulais être sûre que c'était vrai. Mais pour l'instant, je tais toutes mes pensées.
— Je ne sais pas...
Je détourne le regard sur mes cuisses.
C'était encore un mensonge, et face à son silence je relève la tête.
Côme me regarde un moment, puis détourne le regard vers la lune.
Nous la regardons tous les deux sans un mot. Les cris des hiboux à l'extérieur s'infiltrent dans cette cuisine. L'atmosphère est vraiment apaisante. La lune est éblouissante dans le ciel. Sa lumière crée des ombres sur le sol et les murs. Je peux voir à quel point il fait froid dehors, mais ici, c'est chaud et confortable.
Après quelques minutes de silence, sa voix s'élève à nouveau, brisant le calme.
— Si l'argent n'était pas un problème pour toi, que ferais-tu de ta vie ?
Je ne m'attendais pas à ce qu'il pose cette question. Je le regarde, surprise. Il semble sincèrement curieux, ses yeux recherchent les miens.
Je n'ai pas besoin de réfléchir. La réponse me vient instinctivement, comme une évidence.
— Fleuriste.
— Sérieusement ?
Je vois qu'il ne s'y attendait pas.
— Je pense... oui ? J'aime beaucoup les fleurs. Pourquoi ?
— Je n'y avais pas pensé. Mais maintenant que tu me le dis, ça fait sens.
Il finit par laisser un petit sourire illuminer son visage.
Son approbation me fait chaud au cœur pour être honnête.
— Et toi, qu'est-ce que tu ferais ?
Je suis vraiment curieuse de connaître sa réponse.
— Quelque chose en rapport avec la cuisine... Je suppose, ou les œuvre d'art... Je ne sais pas, à vrai dire.
Il se gratte l'arrière de la tête un peu nerveux.
— De toute façon, ce n'est pas comme si tu n'avais pas suffisamment d'argent pour prendre le temps d'y réfléchir.
Je ris doucement et il me suit en riant légèrement à son tour.
J'aime beaucoup trop quand il rigole. Ses yeux se plissent tellement qu'ils sont à peine visibles. Je trouve ça adorable.
Puis je me rends compte que je connais Côme émotionnellement, mais je ne le connais pas vraiment en détail. Et je veux vraiment en savoir plus sur lui.
— Tu as une couleur préférée ?
C'est la question la plus banale que j'aurais pu lui demander, mais je me voyais bien commencer par là.
Il me regarde, un sourire en coin sur son visage.
— Je suppose que c'est le vert, me dit-il simplement.
— À cause de tes yeux ?
— C'est la couleur des yeux de ma mère.
Je trouve ça trop mignon sur le coup. À chaque fois qu'il parle de sa mère, son visage change. Il devient encore plus doux et mon cœur se met à fondre dans ma poitrine.
— Et la tienne ? me demande Côme, ce qui me tire de mes pensées.
— Le jaune, quand j'étais petite, répliqué-je avec un sourire nostalgique.
— Pourquoi ?
— C'est la couleur de ma fleur préférée.
— Et c'est quoi ta fleur préférée ?
— C'est le calendula officinalis, répondis-je en repensant à mon frère qui me les mettait souvent derrière les oreilles.
Il hoche la tête avant de me demander :
— Et ta couleur préférée maintenant ?
— Le vert et le gris, répliqué-je sans hésitation.
Côme essaie de garder un visage concentré, mais je peux voir un léger sourire étirer le coin de ses lèvres :
— Pourquoi ?
Je peux sentir mes joues rougir légèrement mais je prends mon courage à deux mains et je réponds finalement :
— Tes yeux sont ma couleur préférée.
Côme baisse les yeux avant de détourner le regard vers la fenêtre, pinçant ses lèvres pour retenir son sourire. Mais finalement, il ne peut pas le retenir, et je me laisse rire à mon tour.
— Tu veux voir quelque chose ? me demande Côme. Dehors ?
Je me sens sourire timidement, et je hoche la tête.
Il me tend sa main et je la saisis, ressentant un frisson d'excitation à ce contact. Sa main est tellement chaude que ça me fait toujours cette même sensation de réconfort immédiat.
Il tire légèrement sur ma main, je descends du plan de travail nous nous dirigeons vers la porte d'entrée. On enfile nos manteaux et chaussures.
Côme prend les clés et sort de la maison, et je me demande vraiment ce qu'il veut me montrer.
À peine sorti je vois qu'une neige légère a commencé à tomber.
J'ouvre mes paumes pour recevoir quelques flocons. Le paysage est magnifique, la neige tombe doucement et commence à recouvrir le sol d'un manteau blanc. Pendant un instant, mon esprit dérive vers Stella, ma meilleure amie.
La dernière fois que je suis allée la voir, il neigeait aussi...
À peine Côme a-t-il fermé la porte qu'il s'approche de moi, prend un peu de neige sur la rampe du perron et l'écrase sur mon nez.
— Eh ! m'écrié-je en riant malgré moi.
Côme a ce sourire en coin un peu play-boy qui me fait monter en degré en quelques secondes. Il me dépasse de quelques pas, et je le suis avant de lui poser une question qui me trottait dans la tête depuis un moment :
— Un jour tu m'as dis que les éléphants sont les mères les plus protectrices de la planète...
Côme me lance un coup d'oeil, en train d'ajustant le col de son manteau et nous finissons de descendre les marches du perron quand il finit par répondre :
— C'est ce que je pense oui.
Je n'ose pas en demander plus, même si j'en meurs d'envie de savoir ce que ça mère à bien pu faire pour lui. Je ne suis pas sûre qu'il répondra.
Côme ouvre les portes de la voiture garée devant la maison.
Nous entrons tous les deux. Côme met directement le chauffage et je retire mes chaussures, avant de replier mes jambes contre mon torse. La chaleur commence à se diffuser dans le véhicule. Il démarre la voiture et commence à effectuer une marche arrière.
Je regarde par la fenêtre pour observer les flocons de neige qui tombent doucement. Je me sens incroyablement en paix en cet instant, malgré les larmes quelques minutes plus tôt.
C'est toujours le même sentiment quand je suis à côté de lui. J'ai l'impression que je peux être moi-même.
À côté de Côme, je me sens en sécurité, protégée. Comme si, pour une fois, j'avais trouvé un endroit où je pouvais être moi-même sans crainte.
C'est finalement Côme qui brise le silence.
— La nuit où notre maison a brûlé, ma mère, elle a tout fait pour me sauver... Il y avait mon grand-père, elle et moi. Le truc, c'est qu'elle était tellement affaiblie parce que mon père avait passé sa soirée à la défoncé. Elle pouvait à peine marcher. Mais elle a essayé... Elle n'a pas pu descendre les dernières marches des escaliers.
Je suis choquée qu'il se confie finalement à moi à propos de sa mère. Je ne l'interromps pas et le laisse parler de peur à ce qu'il s'arrête, une boule se forme dans ma gorge.
— Mon père fréquentait déjà Nathalie à cette époque. Il fréquentait tellement de femmes en fait. Je me souviens un peu, mes oncles n'étaient pas d'accord avec ça, mais je suppose que personne ne pouvait rien dire à Aaron King. Mais... cette nuit, c'était la première fois que Robin rencontrait mon père et il avait osé l'invité dans la maison où ma mère vivait... C'est ce soir-là que cette maison a décidé de partir en flamme. Et... Ma mère continuait à me dire de la laisser. Elle pleurait tellement, me disant que je devais partir. Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais tout simplement pas le faire.
Une larme glisse le long de ma joue. Je veux réconforter Côme et je caresse doucement son épaule. Mon estomac se tord à l'idée de la violence qu'a dû subir la famille de Côme à cause de leur père...
— Robin m'a sauvé... Il m'a toujours dit qu'il m'avait vu à travers la fenêtre. Il s'est brûlé en sortant avec moi de la maison. Il m'a forcé à partir, j'ai essayé si fort de ne pas lâcher la main de ma mère. Mais... Elle a brûlé... Comme la maison. Quand je me suis réveillé... Elle avait simplement disparu.
Je suis tout simplement dévastée. Cette histoire me révolte autant qu'elle me brise le cœur. Je ressens tout d'un coup une immense tristesse pour Côme, pour la douleur qu'il a dû endurer et continue d'endurer jusqu'à aujourd'hui.
J'ai dans mon estomac un mélange d'horreur et je déteste qu'il ait dû passer par là.
— Tu sais... Une des dernières choses qu'elle m'a dites : "où est-ce que tu as peur ?" Elle essayait de me dire que je devais surmonter ma peur avant d'agir. Tous les tapotements que je te fais... c'est elle qui me les a appris, déclare-t-il d'une voix emplie d'amertume et de douceur.
— Je crois que... Je l'aime bien... Elle m'avait l'air tellement douce et pure, murmuré-je, la gorge nouée.
Côme laisse échapper un sourire triste.
— Elle l'était... Et je sais qu'elle t'aurait aimé tout autant.
Ses mots me font quelque chose pour une raison que je ne comprends pas moi-même, mais je ne dis rien car Côme continue :
— Elle avait les mêmes yeux verts que moi et des cheveux blonds. J'ai toujours pensé qu'elle était trop jeune pour tout ça. J'étais tellement jaloux de penser qu'elle aimait mon père, mais j'ai réalisé trop tard qu'en fait, elle le haïssait. Et pendant très longtemps en les regardant se déchirer tous les deux, j'ai cru que l'amour ne pouvait pas exister sans passion une destructrice. Pour moi, l'amour, ça devait forcément être douloureux et faire souffrir. Je pensais que sans la haine, la violence, on ne pouvait pas vraiment aimer quelqu'un...
— Je comprends...
— Je sais, love.
Il me sourit.
À force de parler avec Côme, je me rends souvent compte que nous partageons plus ou moins ces mêmes croyances toxiques sur ce que l'amour et l'affection devaient être.
Ma langue se délie et je lui fais savoir le cœur un peu lourd :
— À un moment... tu me détestais tellement... Côme.
Côme baisse les yeux vers moi.
— Plus j'y pense... Plus je sais que ce n'est pas vrai, Mariposa, répond-il doucement.
— Qu'est-ce qui était vrai alors ?
Mes yeux cherchent les siens, j'essaye d'y voir une réponse.
Côme tourne sur une route enneigée.
Je me demande où nous allons, jusqu'à ce que finalement, j'ai ma réponse. Côme s'arrête en bordure d'une route, et en contrebas on peut admirer des chalets décorés par la neige, l'ambiance est féerique, comme un joli tableau de Noël avec des guirlandes et des lumières chaudes.
J'admire la vue en m'approchant de la vitre, un frisson de joie m'envahit.
— J'ai toujours adoré les décorations de Noël, murmuré-je, perdue dans la beauté du paysage.
Côme regarde devant lui, et il croise ses bras sur le volant en contemplant la vue.
Mais je me tourne vers lui, parce que je veux savoir ce qu'il ressentait pour moi.
Côme prend un peu de temps avant de répondre, mais finalement il dit :
— Je ne te détestais pas... Mais... tu me faisais peur.
— Je te faisais peur ? répété-je, confuse.
— J'étais censé... Je voulais juste que tu disparaisses. Tu ne peux pas imaginer à quel point j'avais peur de toi, sachant qu'à la seconde où je t'ai vue, je voulais encore voir tes yeux grands ouverts dans les miens pour le reste de ta vie. J'ai vu tes taches de rousseur, ton nez, simplement ta façon d'être... J'aimais ça. J'aimais tout. Et tout ce que mon cerveau me disait, c'était : détruit ce sentiment, ruine-là, pour enlever ces idées de ma tête... Et tout ça pour prendre des balles pour toi.
Je me rappelle de la balle que Côme a prise pour moi au tout début. Il m'a appris à utiliser des armes pour me protéger, il s'est battu pour moi pour que je ne sois pas blessée.
Côme continu me coupant dans mes pensées :
— Je savais... que tu n'allais pas être juste une fille, Mariposa, je l'ai compris tout de suite. Et... ça me fait toujours autant peur, parce que je sais avec certitude, que si tu me dis : "Côme, meurs pour moi." Je m'enterrai paisiblement sous une terre froide, en sachant que tu seras satisfaite de moi et que tout ce que tu as demandé aura été accompli.
Je suis littéralement choquée. J'entrouvre les lèvres en le fixant, je sens l'émotion qui monte en moi. J'ai l'impression que ses paroles me poignardent le cœur. Il y a tellement de pensées qui se bousculent dans ma tête que je ne sais même pas sur laquelle me focaliser.
Les larmes aux yeux, je murmure :
— Ne me rends pas triste... S'il te plaît...
Côme tourne rapidement la tête vers moi avec un air vraiment concerné, il fronce doucement les sourcils :
— Est-ce que je viens de te rendre triste ?
Je hoche la tête.
— Je ne voulais pas le faire, dit-il en plaçant sa paume derrière ma nuque pour m'approcher de lui avant de m'embrasser sur le front. Mais pourquoi, qu'est-ce que j'ai dis ?
— Et si un jour, je ne suis plus assez pour toi...
Côme expire un peu bruyamment avant de recroiser ses bras autour du volant, il me regarde et dit finalement :
— Et si, moi, je ne suis pas assez pour toi, Mariposa.
Je retiens mes larmes.
— Peut-être que tu me regardes et tu vois à quel point mon monde est triste et sombre, et tu ne mérites pas ça. Mais il est lumineux quand tu es avec moi. Tu sais que tu es suffisante pour moi, je t'ai déjà dit que je ne t'oublierai pas, que je ne te regretterai pas.
Ses paroles me rassurent au point d'en faire pleurer mon cœur qui en veut toujours plus. J'ai envie qu'il le remplisse et le fasse fleurir encore.
— Je suis juste... Tellement effrayée, avoué-je.
— Je sais, love.
— Si je m'engage, je... je ne suis pas sûre de pouvoir te rendre... heureux.
— Qu'est-ce que tu penses devoir faire pour me rendre heureux ?
Il semble vraiment très concerné par ma réponse, son dos s'appuie contre le dossier de son siège et il ne me lâche pas du regard.
J'hésite à tout lui dire.
— Je ne suis plus... plus comme avant.
— Explique-moi.
— Je... parfois je ne voudrai pas te parler, parfois je te repousserai. Parfois peut-être que j'aurais l'impression de te détester. Je ne gère pas toujours mes émotions, et je sais que ma mauvaise humeur est à peine supportable. Je pourrais dire ou faire des choses qui te blesseront peut-être, même si ce n'est pas ce que je veux.
— Je peux gérer ça. Quoi d'autre ?
— Je ne voudrai pas... La plupart du temps je ne veux pas d'intimité... Je veux dire...
Côme ne dit rien. Il m'écoute toujours, les bras toujours croisés sur son torse, son regard est très sérieux.
— Il y aura des moments où... je ne voudrai pas que tu me touches...
Je m'empêche de lui dire la suite, de peur qu'il ne prenne peur et ne s'éloigne.
— Et... ? demande-t-il.
Je suis extrêmement gênée et nerveuse, je sens mes joues devenir de plus en plus rouges. Je commence à triturer le bout de mes doigts. La neige tombe sur la voiture, faisant disparaître le paysage devant nous.
— Parfois, je pourrais... vouloir que tu sois... un peu...
Je n'arrive pas vraiment à finir ma phrase.
Il ne dit rien et attend.
Ça me prend plusieurs longues secondes avant de me faire à l'idée que Côme vient de créer une bulle de dialogue pour moi et pour que je dise tout sans craindre une réaction violente.
Mon cœur tambourine si violemment que j'ai l'impression qu'il l'entend. Je finis par expirer avant de lui dire :
— Je voudrais que tu sois... dur avec moi... finis-je par dire.
Côme se réajuste sur son siège, je le fixe pour voir les expressions de son visage, mais mis à part ses sourcils légèrement froncés, son air demeure neutre et très concentré :
— Explique-moi.
Je suis mortifiée. Alors que Côme recule son siège et l'abaisse légèrement pour être un peu plus à l'aise, en attendant que je parle. Je commence à pincer le tissu de mon pantalon de pyjama qui, d'ailleurs, appartient encore à lui. Mais ses pyjamas sont tellement confortables que je les prends tous...
Et en plus ils ont tous son odeur, alors... J'en profite.
— Je ne sais pas trop...
— Dis-moi simplement, je sais que tu sais, dit-il doucement.
Je sens mon visage devenir écarlate. Ses yeux sur moi me donnent la pression, une bonne pression mais tout de même, je ne me sens pas prête à livrer tout ce que j'ai en tête.
— Je peux m'asseoir sur toi ? demandé-je un peu hésitante.
Côme me répond avec un demi-sourire. Il recule son siège complètement et l'abaisse un peu plus. J'escalade un peu pour venir m'asseoir sur ses cuisses. Il pose ses mains au niveau de mes côtes et je frissonne tellement que je mords légèrement ma lèvre inférieure.
Ce n'est pas la position la plus confortable dans une voiture, mais sur le moment, je me sens tout simplement trop heureuse de pouvoir être proche de lui, sentir son odeur, le toucher en entourant mes bras autour de son cou.
Je le fixe pendant un moment. Nous sommes tellement proches que parfois j'ai l'impression que nos nez se frôlent un peu.
Et finalement, c'est moi qui prise d'une envie irrépressible. J'approche mes lèvres des siennes.
Le baiser est tellement tendre que je me sens immédiatement rougir. D'autant plus que le moteur tourne encore et qu'il fait chaud dans la voiture. Sans vraiment m'en rendre, nous enlevons nos manteaux. Je sens les douces caresses de ses mains sur mon corps. Ses mains glissent sous ma chemise de pyjama, et je me colle encore plus contre lui.
Le baiser devient de plus en plus intense, mais je m'entends lui murmurer :
— Touche-moi...
Je réalise à peine ce que je viens de lui demander, mais une chose est sûre : Côme a très bien entendu.
La seconde qui suit, il m'enlève ma chemise et je me retrouve en débardeur devant lui. Côme me regarde, vérifiant que tout va bien, mais je brûle vraiment d'envie. Alors il tire le tissu pour libérer un de mes seins et le capture immédiatement de sa bouche. Il libère le second et commence à le masser, tandis qu'il continue à me donner du plaisir avec l'autre.
Je me sens complètement submergée par l'émotion. Je passe mes doigts dans ses cheveux, et je me laisse emporter par son odeur et la sensation de ses lèvres mouillées sur mes seins. Je m'entends gémir, et je trouve la torture délicieuse.
— T'es le plus... le p-plus...
Un gémissement sonore m'échappe alors que la main de Côme se glisse sous ma culotte. Mon corps réagit instantanément, et je sens les frissons griffer ma peau.
— L'homme... le plus beau... que j'ai... j-jamais vu...
Un petit rire lui échappe et je l'entoure de mes bras. L'instant qui suit, je sens ses doigts de me caresser l'entre-jambes. Mon ventre se soulève, je mords mes lèvres en même temps que me retenir de ressentir ces frissons est impossible.
— J'aime tellement quand tu ris, murmuré-je entre deux souffles courts.
Je ne sais pas si je dois avoir honte de moi, face au fait d'aimer ce qu'il me fait. Mais rien ne me donne envie de lui demander d'arrêter. Au contraire, mon corps se colle au sien pour être sûr qu'il ne partira jamais.
— Je pense... je pense que c'est le son le plus mignon du monde.
Il rigole encore, et ça me fait sourire moi aussi. Pas très longtemps, il glisse un doigt en moi et je baisse les yeux vers lui presque choqués du bonheur que mon corps subit. Ses yeux brûlants d'une intensité qui me font frémir encore et encore.
— Attention, love, j'ai l'impression que tu deviens un peu trop accro, dit-il avec un sourire taquin.
— Je le suis peut-être déjà... et pas qu'un peu...
Il introduit un deuxième doigt en moi, ce qui me fait presque crier de plaisir, je pince les lèvres en même temps que mes yeux se plissent. Les lèvres de Côme retrouvent ma poitrine, et je respire de plus en plus difficilement.
— Appelle-moi... par des noms... vulgaires, je balbutie, à peine consciente de ce que je viens de dire, jusqu'à ce que je ne sente plus les lèvres de Côme sur moi.
Je baisse la tête et il me regarde légèrement déconcerté.
— Quoi ?
Son regard est tellement sérieux que j'ai un peu peur de sa réaction.
Je sens une vague de honte me submerger.
— Oublie... oublie ce que j'ai dit, je réponds d'une voix à peine audible. Je dis n'importe quoi.
— Pourquoi tu voudrais que moi je t'insulte, Mariposa ?
Il a bien insisté sur le "moi". Je le sens un peu frustré, comme s'il n'arrivait pas à comprendre que je lui demande ça à lui.
— C'est rien. C'est pas comme si on ne s'était jamais insulté tous les deux.
En réalité ma sécheresse dans ma voix trahit ma honte.
— Alors quoi, je devrais continuer à être un salopard avec toi ?
— Tu... Laisse-tomber, répliqué-je sur un ton défensif.
Côme fronce les sourcils, je sens qu'il commence à s'énerver, et il retire ses doigts de moi. Je remets mon débardeur sur mes seins et retourne à ma place, en remettant ma chemise.
— Ne me demande plus jamais de refaire comme avant, dit-il avec une fermeté qui me glace le sang.
— Rien ne garantit que tu ne pourrais pas recommencer, l'accusé-je.
— Qu'est-ce que tu cherches exactement, parce que j'ai du temps aujourd'hui ?
J'ai l'impression qu'à cause de moi, on retombe dans nos mauvaises habitudes.
— J'ai dit laisse tomber, on peut rentrer maintenant ?
— Non, dis-moi ce que tu veux me dire, réplique-t-il, insistant.
— Côme, soufflé-je, j'ai dit n'importe quoi, s'il te plaît, je veux rentrer à la maison. Je ne veux plus en parler !
Côme verrouille les portes de la voiture.
— Personne ne va nulle part tant que tu ne parles pas, dit-il d'une voix déterminée.
Soudain, je me sens piégée, mes vieux démons ressurgissent et une panique sourde s'empare de moi. Je reste figée, les yeux fixés sur lui, perdue entre le désir de lui faire confiance et la peur de m'ouvrir à lui :
— Tu ne comprendras pas ! crié-je en me sentant perdre patience.
— T'essaies même pas de m'expliquer !
— Je t'ai déjà dit une fois pourquoi je me sens d'une certaine manière quand on parle de sexe. Tu sais ce qui me passe par la tête ! rétorqué-je, un mélange de tristesse et de colère immerge au fond de moi.
— Je connais très bien ton point de vue. Le truc c'est que je ne sais pas pourquoi tu penses que c'est moi qui vais te blesser pendant qu'on le fait !
— Parce qu'on ne peut jamais savoir ! Autant que ce soit moi qui te le demande.
Mes mots sont durs, je le sais parce que je crois voir dans ses yeux que ça le touche bien plus qu'il essaye de me le cacher.
— Je ne peux pas te convaincre que tu doives me faire confiance quand je te dis que je ne te ferais plus de mal, Mariposa. Si tu ne me laisses pas te le montrer, je ne peux rien faire putain...
Sa voix est moins agressive. Comme d'habitude, nos conversations se finissent toujours sur de la douleur.
Et je sais que c'est à cause de moi, parce que je n'arrive pas à guérir toute seule.
— Eh bien je ne le fais pas, alors. Ramène-moi à la maison, je ne veux plus en parler !
Je suis déjà épuisée de débattre de quoi que ce soit. En fait, je suis submergée par une immense tristesse qui me donne la boule à la gorge, j'essaye d'étouffer ma colère en me convainquant que je ne suis pas le problème.
Mais je suis le problème de ma vie.
Je croise les bras sur ma poitrine et me tourne vers la fenêtre. Pendant de longues secondes, personne ne parle, et je commence à avoir mal au ventre à cause de la situation. Je sens un tremblement parcourir mon corps.
Puis, après un moment qui semble une éternité, le moteur redémarre. Côme fait marche arrière et nous reprenons la route vers la maison de Robin.
Je me sens horrible, autant que j'ai tellement peur de ce que ça pourrait être entre nous, que je préfère me protéger comme ça... Je sens des larmes glisser discrètement le long de mes joues. Je me sens si mal. L'obscurité de la nuit s'étend autour de nous, et je trouve que ça représente bien la personne que je suis.
Le son discret du moteur de la voiture et mes reniflements sont les seuls bruits qui brisent le silence pesant entre nous.
Je n'y arriverais jamais.
Je reviendrais toujours aux mêmes schémas.
Je resterais toujours la perdante, et peu importe au combien j'essaye de me prouver que ça ira mieux je continue de tout gâcher, de faire et dire des choses qui m'enfoncent toujours plus.
Je regarde tout le monde autour de moi devenir meilleur, évoluer, prendre de meilleurs chemins et initiatives. Je pense que je peux le faire, mais non, la vie me rappelle vite que cette chance-là, ce n'est pas pour moi.
Qu'est-ce qu'il y a de si difficile dans l'idée d'avancer ?
Pourquoi ça me semble être un concept qui ne s'applique pas à moi. Je me sens bloquée et je n'arrive pas à voir les autres options qui s'offrent à moi.
Je serais toujours perdante.
Je ne me sens bonne qu'à me détruire, tout détruire, puis être oubliée.
Je n'y arrive vraiment pas.
𓆃
Coucou ❤️
C'est pas le chapitre le plus traumatisant que j'ai écris, mais de mes 3 années passées sur Wattpad, je crois que c'est celui qui m'a le plus blessé à écrire.
Parce-que sur le coup, je m'identifie tellement à Mariposa, sur la fin du chapitre. Ce sentiment, de penser y arriver et finalement tout te prouve que non. Accumulé toujours plus d'échec et d'inconsciemment en vouloir au monde entier de ne pas trouver la chose qui fait que tu stagnes et que t'avances pas.
D'avoir l'impression de toujours tout détruire, de tout gâcher, et de ne jamais tirer quelque chose de positif à tout ce que tu fais. Avoir l'impression de s'époumoner et que les efforts ne servent à rien, et au final, être une déception pour les autres et pour soi-même.
C'est un peu une sad vibes energy et victimization energy, but I am so tired... c'est tellement épuisant de ce dire que ouais, j'y arriverais jamais...
(Désolée pour ce mood un peu "dépressif" :(, ça doit surement se ressentir depuis quelques temps et j'ai rien trouvé de mieux que Mariposa pour retranscrire tout ce que j'ai dans la tête. En réalité je voulais prendre une pause, mais pour le moment le seul truc qui me donne un peu de joie c'est écrire, so I guess I am staying here.)
Merci de m'avoir lu, prenez soin de vous ! ❤️
@𝐚𝐳𝐫𝐚.𝐫𝐞𝐞𝐝 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦
xoxo, Azra.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top