CHAPITRE 24 : Pierogi.
Bonjouur everyone, ça-va ? 🌹
J'ai réussi à avoir 1,5M de clochettes 💰 sur Animal Crossing, hé oué, qui peut test ? 😋
Aujourd'hui je vais même pas essayer de copier/coller Joe Biden, ça m'a saoulé ! 😤
(Et merci aux Polonaises qui m'ont dit que Pierogi ça ne prenait pas de s mais c'est mon logiciel de correction des fautes il a mis un s, donc la je remet tout en question 😬...
Bon, je vous laisseeee !
Bonne Lecture! 📖
Xoxo - Iamkunafa. 🍓
𓆃
1 semaine plus-tard.
MARIPOSA.
L'aube se dessine doucement dans le ciel.
Assise sur une petite chaise de jardin devant la maison, une paire de lunettes de soleil noires sur le nez.
Les matinées chez Robin ont le goût des moments de réflexion, des instants que je m'accorde pour m'isoler et réfléchir à ma vie.
Ça fait déjà une bonne semaine qu'on a posé nos bagages ici, et je me sens doucement m'installer dans cette routine.
Je suis recroquevillée sur la chaise, les jambes repliées contre ma poitrine, mes bras enlacent mes cuisses. Je regarde les quelques rares nuages qui passent.
Il y a une certaine sérénité qui se dégage du ciel, un calme immense qui me rassure un peu.
J'essaye de ne penser à rien. Rien de traumatisant.
Soudain, le bruit d'un moteur rompt le silence matinal. Une voiture s'approche, et même avant qu'elle n'apparaisse à ma vue, je reconnais déjà la berline bleu nuit d'Alexander.
Il ne reste pas chez Robin tous les jours, étant donné qu'il travaille pour Sage.
La berline s'arrête finalement devant la maison. Alexander sort, une boite de nouille à emporter à la main.
Un sourire discret en coin naît sur mon visage, lui aussi porte des lunettes de soleil sur le nez alors qu'il ne fait que 5 degrés dehors. Je me souviens de son amour inconditionnel pour les nouilles chinoises.
En fait tous mes souvenirs me reviennent. J'avais oublié le personnage qu'il était et je ne peux m'empêcher de rire intérieurement.
Je me redresse sur ma chaise alors qu'il s'approche, l'air nonchalant.
— Salut, Côme est là ? demande-t-il.
Je hoche la tête en relevant mes lunettes sur mes cheveux et réponds :
— Oui, ils sont dans le bureau avec ton frère.
Il acquiesce, et reste un instant sur place, comme si une pensée particulière occupait son esprit.
— Il fait froid, tu restes dehors, Boucle d'or ? me questionne-t-il en me pointant du doigt de façon nonchalante.
Sa question me surprend, le surnom aussi. Disons qu'on n'a jamais vraiment discuté depuis le moment où il m'a littéralement kidnappé. Je ne pensais même pas qu'il se souvienne vraiment de moi.
— Euh, ouais ça va, j'ai mon écharpe.
— Hm. Et je ne compte pas les finir, m'explique-t-il en me proposant ses nouilles. Tu les veux ?
— Euh... Non, merci j'ai pas très faim... Enfin, il est un peu tôt pour manger des nouilles.
Il enlève ses lunettes. Je ne suis pas étonnée de voir la même tête que Sashæ. Il finit par hocher la tête pour acquiescer.
— OK. Merci pour l'info.
Puis, sans un autre mot, il tourne les talons et s'éloigne.
Ce type est décidément un sketch à lui tout seul.
Je le regarde disparaître, avant de me réinstaller confortablement sur ma chaise. Mes lunettes retombent sur mon nez.
La fraîcheur du matin me fait du bien.
J'apprécie le silence, l'air pur, le ciel dégagé sans le moindre nuage.
Je ferme les yeux, en me laissant m'envelopper par la quiétude du lieu.
Richmond me fait tellement du bien. Je crois que j'aime bien ce genre d'ambiance. Une bourgade américaine, les drapeaux patriotiques plantés sur le toit des maisons. Les feuilles mortes orangées sur le sol. L'odeur de la nature, le chant des oiseaux. C'est tellement paisible que ça me donne ce sentiment de sécurité ici.
Mes paupières me semblent de plus en plus lourdes et avant que je ne m'en rende compte, je sens le sommeil me gagner.
Je crois que je m'endors, bercée par le doux bruissement des feuilles et la brise matinale.
Sauf qu'au bout d'un moment, je sens une ombre sur moi.
J'ouvre les yeux et me retrouve face à Côme.
Je relève rapidement mes lunettes.
Partiellement cachés par l'ombre, ses yeux verts ressortent d'une manière presque surnaturelle, comme deux émeraudes dans le noir. Mon estomac se soulève chaudement. Rien qu'en repensant à ses doigts sur moi.
Je remarque qu'il tient dans ses mains une assiette fumante d'un plat qui sent divinement bon.
Mais je n'ai pas faim... Enfin, ça, c'est un mensonge.
En vérité, ça fait plusieurs jours que je joue à ce jeu dangereux avec moi-même, ce jeu où j'alterne entre des moments de frénésie alimentaire et des périodes de jeûne autodestructrices.
Je n'ai pas envie de manger.
Ce mal être constant en moi me donne envie de m'affamer... Peut-être pour qu'on me remarque. Qu'on s'inquiète, je n'en suis pas trop sûre.
Côme apporte une autre chaise de jardin et la place à côté de la mienne, il assoit et il me tend une fourchette.
— J'ai pas trop faim, expliquais-je gênée.
— Prends et goûte, insiste-t-il, sans un soupçon de jugement dans ses yeux.
— J'ai mangé un peu tout à l'heure.
Ça aussi c'est un mensonge. Mais je voulais qu'il lâche prise même si mon ventre hurle famine.
— J'crois que ça fait deux jours que je ne t'ai pas vu correctement manger, Mariposa, rétorque-t-il, le regard fixé sur moi, goûte et ensuite tu me diras si tu n'as pas faim.
Il semble que je ne peux rien lui cacher.
J'hésite un peu mais je finis par prendre la fourchette, nos doigts se frôlent et je sens une décharge électrique me traverser.
Je déglutis en fuyant son regard, et en fait je ne me sens pas sous pression pour manger quand il est avec moi. Je ne sens pas de jugement.
Il tient l'assiette entre nous, je plante la fourchette dans un ravioli, puis le porte à mes lèvres.
Le moment me semble tellement intime que je sens mes joues chauffer tout d'un coup.
— C'est quoi ? demandais-je en prenant un deuxième ravioli.
— Ça s'appelle Pierogi.
— C'est de chez toi ? demandais-je intriguée par ce plat que je ne connais pas.
Il hoche la tête en me regardant manger. Et on aurait dit que j'étais le plat qui allait suivre juste après les Pierogi.
Je sens ma tête se secouer doucement en mâchant, surpris de voir à quel point c'est vraiment très bon. Il a un sourire de satisfaction sur son visage qui provoque le mien.
— Ça te plaît ?
Il me scrute et je lui réponds par un hochement de tête affirmatif.
— C'est tellement bon, affirmais-je en mangeant encore. J'aime trop. C'est toi qui as tout fait, la pâte tout ça ?
Il acquiesce encore.
— J'aimerais trop savoir faire ça. Le mieux que je puisse faire c'est des pâtes au sel, du chocolat chaud, et de l'eau chaude avec la bouilloire.
Son petit rire se colle sur mon cœur. Pendant un moment je prends le temps d'apprécier son sourire parfait et ses yeux qui se plissent au point où je vois à peine leur couleur. Je finis par me joindre à lui en souriant doucement à mon tour.
Pour une raison que je ne comprends pas tout à fait, cette interaction avec Côme a ouvert mon appétit.
En fait, je ne me sentais pas sous pression à l'idée de mettre quelque chose dans mon estomac.
Ça s'est fait tellement en douceur que pour une fois, je décide de me laisser aller et de manger un peu. J'ai vraiment envie de mettre de côté mes habitudes autodestructrices juste pour qu'il reste avec moi.
Alors, nous mangeons tranquillement, nos regards fixés sur la forêt devant nous.
L'ambiance qui règne est d'une simplicité explosive.
Je la ressens jusque dans mes tripes.
Pourtant, nous sommes juste assis l'un à côté de l'autre en train de manger des Pierogis de bon matin préparés par Côme lui-même.
— Sérieusement, où est-ce que tu as appris à cuisiner ?
Je tourne la tête vers lui, Côme mange un Pierogi, puis me réponds :
— J'aimais bien regarder ma mère faire, et disons que j'étais autonome assez tôt.
— Ta cuisine est vraiment trop bonne, tu sais. Elle donne envie de se goinfrer, avouais-je en souriant.
Il se tourne vers moi, un nouveau sourire éclatant sur ses lèvres.
— T'as aimé hein, Misiu (Ourson), redemande-t-il sur un ton taquin, visiblement heureux de ma réaction.
Je hoche vivement la tête, amusée. Je crois que j'aime plus que tout quand il sourit. Je ne m'en lasse pas, j'ai l'impression qu'il a une tête de bébé et c'est tout simplement adorable.
La texture des Pierogis dans ma bouche, l'odeur du plat encore chaud qui se mêle à celle de la nature environnante, le goût délicieux et familier qui apaise mon âme.
La présence de Côme.
Tout ça réuni me donne la sensation de vivre la matinée parfaite. C'est doux et apaisant.
Je sens son parfum, et ça me fait du bien de ne pas être toute seule.
— Je cuisine pour les personnes qui comptent pour moi.
Je tourne la tête vers lui. Incapable de cacher mon expression de surprise.
— J'aime cuisiner pour toi, Mariposa, m'avoue-t-il finalement.
Ses mots résonnent contre mon cœur comme une mélodie douce-amère.
— Au moins, tu sais que tu comptes... pour moi.
Ses derniers mots sont sortis tels des murmures.
Mais je sens mon cœur dégringoler dans mon ventre. Mes lèvres restent entrouvertes je suis vraiment choquée. Je ne m'y attendais pas et la sincérité dans sa voix et son regard me laissent bouche bée.
Je suis profondément touchée par ses paroles. Je finis d'avaler et le fixe. Je cherche mes mots pour exprimer ce que ça me fait au niveau de la poitrine et je n'en trouve pas d'assez fort.
Tout ce que je réussis à articuler c'est un simple :
— Merci... Côme... Je...
Et le mot me semble trop faible pour transmettre tout ce que j'ai sous la peau.
Je ne sais pas comment exprimer ce que ces mots me font. Il y a quelque chose qui se passe en moi, une émotion particulière qui se loge là où bat mon cœur. Mais les cognements restent des cognements, et je ne sais pas comment les traduire en des mots pour formuler ces sensations.
Mais Côme semble ravi de ma réponse, il sourit encore.
Il finit par hocher la tête, comme pour dire qu'il n'a pas besoin d'être remercié.
Le sentiment d'être la seule femme qui existe sur terre à ses yeux me met comme une couronne sur la tête. Je tremble autant que j'ai le cœur en feu. J'ai envie de tout essayer, les yeux fermés, parce que je ressens bien que quelque chose est différent chez lui.
J'arrive à peine à y croire...
Je veux voir, jusqu'où il peut aller pour nous.
Puis au bout d'un moment, il me laisse manger le dernier ravioli avant de déposer l'assiette sur le sol et me dit simplement :
— Viens.
Je ne comprends pas tout de suite son invitation, jusqu'à ce qu'il tapote doucement ses cuisses.
— Ici, me précise-t-il d'une voix rauque.
Mes joues s'embrasent d'un coup, je sens mon sang envahir mon visage.
Pourtant, je n'hésite pas très longtemps. Sa main trouve la mienne, m'incitant à me lever, et je viens m'installer délicatement sur ses cuisses. Je repose instinctivement ma tête sur son épaule, en me blottissant contre lui tandis que ses bras m'enveloppent dans une étreinte réconfortante.
Le silence retombe, seulement rompu par le doux murmure du vent dans les feuilles, et la chaleur de notre proximité.
C'est un instant hors du temps, une bulle de douceur où seuls existent nos souffles mêlés et le battement rythmé de nos cœurs.
Deux âmes un peu déchirées qui essayent tant bien que mal de se recoudre, une attention, un mot doux après l'autre.
Ce moment me donne la paix.
Sincèrement, je me perds dans son odeur. Dans la sensation de sa paume sur moi, son autre main jouant avec mes cheveux. Les courbes de ses muscles me font me sentir en sécurité. J'apprécie son souffle brûlant qui s'étale sur mon front. Son calme et toutes ses initiatives pour me mettre en confiance sans forcer.
C'est le seul homme que je peux toucher sans ressentir cette envie maladive de vomir et ça me fait tellement du bien de ressentir ça. Il me donne envie de manger, de respirer... Juste de vivre un jour de plus.
On ne se dit rien. Je crois que pour le moment on a plus à faire qu'à dire. C'est comme si on réapprenait à se connaître à travers le toucher.
Mais doucement, presque comme un murmure porté par le vent, je lui avoue :
— La dernière fois, tu as appelé ta mère dans ton sommeil...
Il me répond d'un "ah bon ?" surpris, légèrement teinté de tristesse.
Je hoche la tête en confirmation, et je le sens se crisper et me serrer un peu plus fort contre lui.
— J'crois qu'elle est partie... murmure-t-il.
Je relève la tête pour tomber dans ses yeux.
Je ne sais pas si c'est la chose que je préfère chez lui, mais je les admire à chaque fois que je les vois. Cette teinte gris-vert me donne des frissons, et je suis en extase face à la constellation doré autour de sa pupille.
— Je l'ai toujours sentie autour de moi depuis mes six ans... Même si... mes... enfin, des fois je prends des trucs, des médicaments, tu sais pour ne pas la voir. Parce que, c'est pas très joli, mais je le sentais quand même, et là... J'sais pas...
Je reste attentive à sa confidence.
Ça doit être la deuxième fois que Côme se confie autant.
Rien qu'à son hésitation, je sais qu'il a du mal à se confier. Ce n'est pas facile pour lui de parler et d'avouer tout ça, mais il le fait quand même.
Je vois un peu de tristesse sur son visage, et il enlève délicatement une boucle sur mon front.
— Qu'est-ce que tu voyais, osais-je demander.
La peine qui traverse son visage me crève le cœur. Il détourne le regard un moment avant de me dire :
— Elle... Elle marchait avec des flammes qui brûlaient sa peau. Tout le temps. Elle était complètement... Calcinée... Noire par endroit... Ses yeux... Ouverts, fondus, et... enfin, voilà.
Le cœur lourd, j'ai dû prendre une grande inspiration en pensant au fait qu'un enfant de six ans ne devrait pas avoir de telles visions. Ma main caresse doucement son torse, dans l'espoir que ça puisse le consoler.
— C'est une bonne chose, non ? Que tu ne vois plus cette image.
— Honnêtement, je n'en sais rien. Ça fait bizarre. Même en cendre, elle m'accompagnait partout.
Il parle de son absence comme d'un vide, comme si même cette image macabre de sa mère lui apportait une forme de réconfort au quotidien.
Je perçois beaucoup de mélancolie dans sa voix.
— Tu sais, tu semblais tétanisé quand tu faisais des paralysies du sommeil, moi je pense que c'est une bonne chose. Je pense que ce vide c'est le deuil que tu n'as pas eu le temps de faire avant.
Il baisse les yeux sur moi. Et tout naturellement, il se penche vers moi et ses lèvres se collent aux miennes.
Je prends à peine la mesure de ce qu'il vient de faire, parce que c'est une chose qu'il fait depuis qu'on s'est embrassée la première fois. On aurait dit que ces baisers étaient aussi normaux que de me serrer la main.
Et moi aussi je n'y voyais aucun inconvénient.
— Peut-être qu'elle te laisse de la place pour prendre soin de toi, peut-être qu'elle s'est dit que tu pouvais continuer tout seul maintenant, non ?
Ma main glisse jusque sa poitrine, je sens les battements acharnés de son cœur sous mes doigts.
Un sourire se dessine sur son visage à ces mots, et il baisse la tête pour déposer un baiser sur le sommet de mon crâne.
— Cette place est pour toi.
J'entrouvre les lèvres choquées de sa réponse avec la sensation qu'il vient de faire éclater une bulle entre nous. Comme si une barrière de non-dits venait de se briser à l'instant. Et qu'il n'avait plus envie de se cacher.
Je le fixe, et il n'a pas l'air de vouloir détourner le regard.
Et dans cet instant, je ne peux m'empêcher de ressentir un étrange sentiment profond qui me submerge. J'oublie tout dans ses bras forts, je ne vois que Côme et je ne ressens plus que lui.
En plus je sens son cœur s'accélérer encore plus sous ma main.
— Ton cœur bat tellement vite... murmurais-je sans me contrôler.
— C'est à cause de toi, ça aussi. Je n'arrive pas à le contrôler, mais ça me le fait à chaque fois que je pense à toi, à chaque fois que je te regarde ou que tu es près de moi. Le pire c'est quand tu me touches.
Des frissons me font trembler.
Il l'a dit... Il me l'a vraiment avoué.
Le problème c'est que je vis la même chose que lui. Et le simple son de sa voix me provoque toujours des sensations.
Je pince les lèvres, j'ai l'impression qu'il a envie de me dire un milliard de choses et je ne sais pas si je suis prête à les entendre. Alors sans dire un mot de plus, je me blottis contre lui. Son corps est chaud et ses bras me font me sentir toute petite et protégée.
— De quoi tu parlais avec Sashæ la dernière fois, me demande-t-il soudainement.
Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres.
— Pourquoi ça t'intéresse ?
Il lève un sourcil.
— J'sais pas, je veux savoir.
— Mais pourquoi faire ?
— Ah bon Mariposa ?
— Je ne suis vraiment pas obligée de te le dire.
Je retiens de moins en moins mon rire, et je vois à sa tête qu'il a de plus en plus envie de savoir.
— Tu ne vas rien me dire là ?
— Non, Côme. Qu'est-ce que tu vas faire ?
— Petite peste.
Surprise, j'ai explosé de rire sans me contrôler, je me suis redressée pour le regarder droit dans les yeux.
— T'es sérieux toi ?
Il s'est mis à rire à son tour et sa paume a fait pression contre ma tête pour que je me cale de nouveau contre son torse.
— Vraiment une peste, Misiu.
Ses mots étirent un sourire niais sur mon visage. Ma musique préférée tambourine contre sa cage thoracique. Le chant de son cœur c'est ce que je voulais entendre...
— Il a besoin de toi, murmurais-je en traçant des ronds aléatoires sur son torse.
Il inspire un bon coup.
— Je sais... Je ne sais juste pas comment faire...
— Il n'y a rien à faire à part être présent pour lui.
La main de Côme caresse un peu mon dos et s'emmêlent dans mes cheveux, puis il me chuchote :
— T'as raison, petit cœur.
Il m'honore d'un nouveau baiser sur le front.
Je crois que si un jour on m'avait dit que Côme me dirait que j'ai raison j'aurais rigolé.
Je souris intérieurement et ce silence nous berce, une nouvelle bulle se crée entre nous. Elle inscrit nos deux noms et même si elle est sûrement fragile pour le moment, je crois que si on fait un peu plus attention, elle n'éclatera peut-être pas... Jamais.
𓆃
Assise sur le sol. J'ai un bras appuyé contre le canapé à côté de moi.
Tout à l'heure, je me suis littéralement endormie sur Côme. Jusqu'à ce que le bruit d'une voiture me réveille. C'était Sage. Il est sorti d'une berline sombre comme un chef d'entreprise et pendant une seconde j'ai eu l'impression de voir une version plus jeune de Côme, avec la peau mate.
Ça faisait un moment que je ne l'avais pas revu, et ça m'a faite bizarre, mais étrangement, j'étais contente de revoir un visage familier. Même si nous n'avons pas passé énormément de temps ensemble, j'ai toujours eu l'impression que Sage prenait toujours mon parti quoi qu'il arrive.
En réalité, ça m'a fait plaisir de le revoir.
Actuellement, j'ai dans ma main, le petit pot de yaourt à la fraise se vide à mesure que Farell avale sa portion avec un enthousiasme enfantin.
Il a des taches de yaourt sur les joues et autour de sa petite bouche qui me font sourire malgré moi.
En fait je le trouve trop mignon et il a vraiment la même tête que Robin. D'aussi loin que je me souvienne je n'ai jamais été très à l'aise avec les enfants mais avec lui, je me sens étrangement pas gênée. C'est presque comme si... comme si j'étais chez moi. Avec, je ne sais pas mon neveu...
J'entends un bruit de mouvement au-dessus de moi, je lève les yeux. Amber se redresse mollement du canapé. Elle se frotte le front et cligne des yeux, on aurait dit qu'elle est complètement perdue.
— Ça va ? demandais-je en donnant une cuillère à Farell.
Elle semble sortir de ses pensées et son regard tombe sur nous. Farell, qui a repéré sa mère, se redresse rapidement en caressant son ventre.
— Amber ? m'inquiétais-je.
— Ça va, désolée. Je n'aurais pas dû manger les sushis de ce midi. Ça m'a toujours donné envie de vomir.
Un petit sourire essaye de se faire rassurant. Je ne sais pas si je dois la croire en baissant les yeux sur sa main sur son ventre, ornée de cette alliance.
Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit, Farell me prend le yaourt des mains et l'agite devant sa mère :
— Maman, tu veux ? C'est la fraise.
Amber sourit légèrement, mais je peux voir la fatigue dans ses yeux. Elle lui caresse la tête :
— Non, finis-le mon amour.
Elle relève les yeux vers moi.
— Merci, Mariposa, de t'être occupée de lui. Je ne me suis même pas rendu compte de m'être endormie. Désolée vraiment.
Je secoue légèrement la tête en reprenant le pot de yaourt que Farell me tend.
— C'est rien, il a été très sage.
Amber se penche vers son, l'amour qu'elle lui porte est inscrit noire sur blanc dans son regard :
— C'est vrai, t'as été sage avec tata ?
Farell hoche la tête, léchant le yaourt de ses lèvres tandis que je lui tends la dernière cuillère.
Amber rit un peu et m'échange un regard complice, je souris à mon tour en appréciant ce petit moment.
Depuis que je suis à Richmond, je ressens une forme de paix à l'idée de faire partie de tout ça. Même si je pense que ces instants ne dureront pas... J'aime être ici.
Amber se tourne vers moi. Je remarque une sorte de ride de préoccupation entre ses sourcils.
— Robin et les garçons sont toujours dans le bureau ?
J'acquiesce doucement, la regardant récupérer son fils. C'est évident qu'elle est inquiète, à l'idée que Robin passe de plus en plus de temps à discuter meurtre que passer du temps avec sa famille...
Un pincement de culpabilité s'installe au creux de mon estomac. On a apporté tous nos problèmes dans leur foyer, j'ai apporté tous mes problèmes ici.
Cette pensée me fait me sentir extrêmement mal à l'aise, presque comme une intruse.
Je me lève de ma place sur le sol, frottant machinalement mes mains sur mon jean pour dissiper le malaise.
Amber, dans le même temps, essuie doucement la bouche de Farell, avant de le couvrir de petits bisous.
— Je crois que c'est l'heure de la sieste pour toi, non ?
Farell proteste immédiatement, mais elle insiste en se levant :
— Ah si, si, si, Farell.
Juste avant de quitter la pièce avec son fils, elle se tourne vers moi et s'excuse rapidement :
— Je reviens tout de suite, tu peux te faire un chocolat chaud si tu en as envie. Et merci encore, Mariposa.
Je secoue la tête pour minimiser mon acte en lui adressant un sourire légèrement tendu :
— C'est rien.
Amber me sourit et monte à l'étage.
Je reste debout dans le salon pendant quelques secondes, avant de me décider à jeter l'emballage de yaourt.
Je n'ai pas envie de prendre un chocolat chaud mais j'ai une très forte envie de savoir ce que fait Côme...
Mes pas discrets me mènent vers le couloir menant au bureau.
J'hésite un instant en repérant la porte, mais finalement j'avance encore.
En m'approchant de la porte, je commence à distinguer des voix d'hommes. Je colle doucement mon oreille contre le bois froid.
Les murmures des voix masculines à travers le bois de la porte sont à peine audibles, mais je reconnais les timbres distincts de Robin et Sage.
Puis soudain, la voix rauque de Côme me fait frissonner. À chaque mot qu'il prononce, la sensation de ses doigts en moi me revient en mémoire comme une torture.
— Putain, Côme, tu devrais vraiment y réfléchir. Prends au moins un mois pour y penser...
C'est Robin, sa voix est brisée par la frustration.
Sage intervient, sa voix est calme, presque douce, un contraste qui me glace un peu :
— Je pense qu'il est préférable d'intervenir rapidement. Papa est toujours aux trousses de Côme, et ce n'est qu'une question de temps avant qu'il vienne mettre son nez chez toi, Robin.
J'inspire un peu plus profondément. L'idée que le père de Côme nous retrouve et détruise tout ce que Robin a construit me rend malade.
— Qu'est-ce qu'il va faire, ton père ? Tuer mon gosse et ma femme ? Et baiser notre mère juste après ? Réfléchis Sage !
Sage ne répond rien, du moins, je n'entends rien.
Son silence me paraît lourd de sens.
Je crois que c'est exactement ce que leur père serait capable de faire.
Un nouveau frisson qui n'a rien d'agréable me traverse l'échine.
À chaque fois que je me souviens d'à quel point ce monde est cruel, j'ai envie de devenir et rester aussi mauvaise que les hommes qui règnent sur terre.
J'entends quelqu'un faire les cent pas nerveusement. Je parie que c'est Robin. Il doit comprendre à quel point Aaron King n'a aucune limite.
Côme intervient enfin, d'une voix ferme il dit :
— Il faut régler cette situation, et vite. Plus je tarde, et plus vite arrivera le moment où Aaron frappera à ta porte pour tout faire péter.
— Donc, c'est décidé, vous allez tuer votre père, Côme, Sage ?
Il y a un moment de silence. Je ne peux pas voir leur visage ni leur réponse, mais je peux l'imaginer.
Il n'y a pas d'autre échappatoire. Moi-même je prends la mesure de ce qui va se passer.
— T'as quoi sur Stonehead, Sashæ ? Retentit finalement la voix de Côme.
Stonehead.
Mon père.
Mon cœur bat si fort que j'ai du mal à distinguer les mots qui traversent le bois entre nous. La sensation d'être piégée dans un cauchemar s'empare de moi, je me mets à trembler.
Les souvenirs reviennent.
Silence dans ma tête.
Un frisson me traverse, comme une décharge électrique.
— Ouais... prononce la voix de Sashæ. J'ai, j'ai eu vent qu'il a été aperçu à Chicago, mais rien de concret. On doit encore creuser, ce type sait vraiment se faire discret.
— Et concernant le type qu'on a enlevé, Bruce ? demande Côme.
— Il reste muet comme une carpe. Rien ne marche, il est fidèle à Stonehead.
— S'il n'a aucune utilité, tuez-le, déclare Côme.
Sa voix tranche comme une lame. Et étrangement, mon esprit y voit un sens logique à sa décision.
— Et concernant le Soul Club ?
Accaparée par la voix de Côme, j'attends une réponse :
— Ryam était en contact avec quelqu'un là-bas, confirme Alexander. Si nous trouvons cette personne, nous trouverons certainement le coupable... et nous aurons peut-être une piste sur William Diaz.
Je me décolle mécaniquement de la porte. Je ne veux pas en entendre plus sur mon géniteur. Ça me donne des envies de vomir.
J'ai la sensation d'avoir le cœur gelé, dénué de compassion qui m'abrite habituellement.
Le moment venu, je devrais être prête à faire comme Côme. Le traquer, et lui faire payer.
Je tourne le dos à la porte. Je marche lentement vers l'entrée. Je glisse dans mes bras les manches de mon manteau et enroule l'écharpe de Sashæ autour de mon cou. L'instant qui suit, je me retrouve assise sur la marche du perron de la maison.
Le monde s'arrête. Tout est immobile, figé. Comme une photographie. Comme un instant suspendu. J'attends que les images et les sensations de mon géniteur sur moi repartent.
J'entends mon nom prononcé par sa voix : Albane.
Tu es tellement belle, Albane.
« Ma princesse, ma petite Albane. »
Je déglutis en ayant l'envie de me faire mourir pour oublier l'horreur que ça provoque en moi.
Rien ne saura jamais réparer la petite Albane comme il m'appelait. Mais l'envie de le réduire en cendre me fait tenir.
La petite Albane prend le dessus sur les souvenirs, elle prend mon cœur entre ses mains glacées et le ralentit. Elle le protège et garde tous ces souvenirs pour elle. Je respire doucement pour me calmer.
Tant que je m'accroche à ma vengeance. Ça va.
Soudain, j'entends des pas derrière moi.
Je tourne la tête pour voir Côme, Sage et Alexander sortir de la maison. Mon cœur s'accélère légèrement en le voyant. Le temps semble ralentir. Il a quelque chose de si doux dans son regard qui, malgré toutes les souffrances que je porte en moi, j'ai la sensation qu'elles deviennent insignifiantes avec lui.
Il descend avec une sorte de nonchalance les marches avec un petit sourire en coin qui chasse la froideur dans ma tête. Je secoue la tête en ayant la sensation de me retrouver enfin.
Quand il arrive devant moi, quelque chose change en moi. Un voile se lève, plus de souvenirs, juste du vert et beaucoup de paix. Le livre des horreurs se referme et celui de Côme et Mariposa s'ouvre à une nouvelle page. Blanche et pure.
Ses yeux sont emplis de bienveillance, une chaleur m'enveloppe.
Quelque part, je trouve un réconfort que personne ne peut me donner. Un truc qui me semble si familier. Un refuge, un foyer, une maison. Je ne saurais pas quel terme choisir pour qualifier ce qu'être près de lui me fait.
Côme regarde Sage et Alexander nous dépasser pour monter dans la voiture garée devant la maison.
Je relève la tête pour le fixer :
— Tu t'en vas ? demandais-je non sans contrôler mon sourire.
Côme s'avance vers moi, il pose un pied près des miens.
— On doit faire un tour en ville.
Je hoche la tête, une part de moi se sent légèrement déçue mais j'essaye de ne pas y penser.
— Mais..., poursuit Côme, interrompant mes pensées, si tu veux, on pourrait manger quelque chose après ?
La surprise me submerge. Je ne le lâche pas des yeux. En fait je cherche à voir une trace de plaisanterie dans son regard, mais il me semble vraiment sincère.
Un nouveau sourire timide apparaît sur mes lèvres que je pince à cause de la nervosité que sa demande a provoquée en moi. Mais finalement je réponds :
— D'accord.
Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine.
Cette sensation me fait tout oublier, j'en veux encore plus.
Côme sourit.
— Je reviens d'ici une heure, OK ?
Encore une fois, je lui réponds par un hochement de tête.
On se retient tous les deux de sourire, je ne sais pourquoi, mais on pince nos lèvres.
J'ai l'impression d'avoir mon premier rancard, et ça m'excite comme une adolescente qui réalise un rêve.
Finalement, il se détourne de moi pour se diriger vers la voiture où Sage et Alexander l'attendent déjà.
Il jette un dernier regard par-dessus son épaule, un sourire doux sur ses lèvres avant de s'installer derrière le volant.
Le bruit du moteur résonne dans l'air frais.
Puis à ma grande surprise, alors que Côme opère un demi-tour dans l'allée. Sage assit côté passager lève la main et me fait un signe d'au revoir.
Je reste étonnée mais j'esquisse quand même un sourire, et je lui réponds par un signe de main.
Je les regarde partir. Le son du moteur de la voiture s'estompe peu à peu, ne laissant derrière lui que le silence apaisant de la nuit.
Je m'enfonce un peu plus dans mon écharpe. Le sourire aux lèvres et le cœur plein d'espoir. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens un peu plus légère. J'ai quelque chose à attendre, quelque chose qui fait battre mon cœur plus vite.
Je m'autorise un instant de tranquillité, un moment de répit ou je ne pense à rien d'autre que l'idée d'aller manger avec Côme en tête à tête.
Une petite part de moi se sent déjà impatiente de voir Côme revenir. Une heure. Juste une petite heure à attendre.
𓆃
Un bruit de klaxon me fait sursauter.
Mon cœur rate un battement, puis repart au galop en tambourinant violemment dans mon ventre.
Les lunettes de soleil que j'avais pris tombent sur mes cuisses. Je lève les yeux et découvre Côme, un large sourire aux lèvres, derrière le volant de sa voiture. Je place une main sur mon cœur pour calmer sa course folle.
— Viens-là ! dit-il avec un rire doux.
Je me lève et me précipite vers lui, mes yeux sont encore embués par le sommeil.
— Je me suis endormie, tu m'as fait peur, me plaignais-je avec un sourire timide.
— Allez, grimpe. Et arrête de dormir dans ce jardin d'ailleurs, me taquine-t-il.
Je m'installe, une pointe d'excitation dans le ventre.
Avant même de boucler ma ceinture, je me tourne vers lui. Nos lèvres se rencontrent dans un baiser imprévu, rapide, mais tellement naturel. Un instant de surprise nous fige, nos yeux se croisent.
— Euh... Désolée, enfin... murmurais-je, en sentant mes joues s'empourprer.
Je ne sais même pas pourquoi ça me met dans cet état. Je mets ma ceinture, la tension dans la voiture devient tout d'un coup palpable, électrique, mais aussi étrangement apaisante.
Côme s'éclaircit la voix avant de démarrer.
J'ouvre ma fenêtre et appuie mes bras sur le rebord. Je laisse le paysage défiler, le vent caresse mes cheveux et les fait virevolter.
— T'as fait vite, commentais-je alors que nous traversons une route entourée de sapins.
Je me tourne vers lui. Nous échangeons un sourire complice puis de nouveau j'admire le paysage.
Après une bonne vingtaine de minutes, nous arrivons à destination. Côme s'engouffre dans un parking ouvert pas très fréquenté. Je repère le restaurant qui s'appelle, "Fleur de Sel".
Il gare la voiture, et nous sortons tous les deux. La structure toute en bois donne un charme rustique au lieu.
— Tu as déjà été ici avant ?
— Non, c'est la première fois, me répond-il en ouvrant la porte du restaurant.
J'entre à sa suite. J'ai un sourire niais sur le visage, excité à l'idée de partager un repas avec lui. C'est tellement simple, doux, que pour l'instant, ça me suffit.
J'ai chaud au cœur. Les lumières douces et l'odeur savoureuse de la cuisine remplissent mes sens. L'endroit est propre, et accueillant.
Côme et moi avançons sur le plancher de bois du restaurant, qui grince doucement sous nos pas. Un serveur nous accueille avec un sourire cordial. Côme se place entre moi et lui. Le geste me fait presque rire.
— J'ai appelé tout à l'heure pour une réservation.
Sa voix se mêle au brouhaha ambiant du restaurant. Les gens ont l'air de passer un bon moment.
Le serveur nous conduit vers un coin isolé du restaurant, séparé du reste par un paravent en bois. Je ne peux m'empêcher d'être touchée par ce geste, il a vraiment pensé à tout.
— C'est trop mignon, murmuré-je en m'installant sur le fauteuil face à Côme.
— C'est pour ça que j'ai choisi cet endroit, réplique-t-il avec un sourire un peu narquois, pour l'intimité.
Je m'esclaffe, en saisissant la carte devant moi.
— Et pour le steak, bien sûr, ajoutais-je en levant les yeux vers lui pour le taquiner.
— Ça, c'est juste un bonus, ça a surtout intérêt à être bon, dit-il, son sourire s'élargissant.
Je ris doucement à sa remarque. Mon regard se perd à nouveau dans la carte, je ne sais pas quoi choisir.
— Qu'est-ce que tu aimes ?
Sa voix m'interrompt dans mes pensées, je relève la tête, vers lui.
— Hmm... quelque chose de pas trop cuit.
— Tu veux quelque chose de tendre plutôt ? propose-t-il.
J'acquiesce en mordant légèrement ma lèvre.
— Tu peux prendre un filet de bœuf. C'est moins gras, et plus tendre.
Je baisse les yeux sur la carte, non seulement sa suggestion m'intéresse mais je ne pouvais plus soutenir son regard plus longtemps, mon ventre est littéralement en train de se tordre face à la douceur de sa voix.
— Et e te conseille une purée de pommes de terre à la truffe et une sauce bordelaise...
— Sauce bordelaise ? demandais-je, intriguée.
— C'est mijoté avec du vin rouge, d'os de bœuf et de légumes, explique-t-il.
Et en fait, je crois que Côme aime vraiment la cuisine. Le voir me conseiller ça me donne chaud.
Il faut vraiment que je me ressaisisse là.
En termes de nourriture, je savais que je pouvais lui faire confiance les yeux fermés.
Ça m'a semblé délicieux.
— OK, ça m'a l'air bon. Je vais prendre ça ! décidais-je, en refermant la carte.
Côme fait signe au serveur qui arrive rapidement.
Il passe commande pour nous deux, et prend deux cocktails sans alcool.
J'apprécie l'attention, étant donné que Côme bourré ce n'est vraiment pas très joli à voir.
Une fois notre commande prise, le serveur repart, nous sommes de nouveau seuls.
Côme semble un peu perdu dans ses pensées, mais il a un air amusé sur le visage. Je l'observe discrètement, curieuse.
À quoi est-ce qu'il peut bien penser ?
Un léger sourire apparaît sur ses lèvres. La sensation d'avoir des flammes dans le ventre m'oblige à baisser les yeux et faire semblant d'épousseter mon pantalon.
L'attraction me paraît insurmontable. Les souvenirs de notre nuit il y a une semaine carbonisent mes joues. J'arrive à peine à croire que j'ai passé ce cap avec lui, que je l'ai laissé me toucher à ce point.
Et franchement je voulais bien qu'on recommence.
— Dis-moi, Mariposa, commence-t-il.
Sa voix captive immédiatement mon attention.
Côme se penche un peu vers moi, ses avant-bras s'appuient contre les rebords de la table.
Je sens une légère nervosité monter en moi.
Sa façon de me fixer me fait me sentir exposée de l'intérieur.
— Parfois, tu n'as pas l'impression de te déconnecter un peu de toi-même ?
Je fronce les sourcils, perplexe. Qu'est-ce qu'il veut-il dire par là ?
— Je... Je ne suis pas sûre de comprendre, dis-je finalement.
Il hoche la tête, comme s'il s'y attendait.
— J'ai remarqué que parfois tu agissais comme si tu n'avais pas vraiment conscience de ce que tu faisais. Et un jour tu m'as dit que tu oubliais parfois ce que tu faisais...
Je baisse les yeux, un peu honteuse.
Oui, un peu comme tout à l'heure quand ils ont parlé de mon géniteur, ou la dernière fois dans la chambre.
C'est vrai que ça m'arrive parfois.
Je me perds dans mes pensées pour essayer de me comprendre, mais je sens une main chaude sur la mienne.
Côme.
— Une fois par mois depuis quelques mois je vais voir quelqu'un, dit-il doucement.
Je relève les yeux, surprise.
— Qui ça ? demandé-je, perplexe.
— C'est Robin qui m'a... presque obligé à y aller, mais je ne voyais pas d'autre moyen que de comprendre ce que j'avais dans la tête.
Je cligne des yeux, surprise.
— Tu es parti voir un psy ? demandé-je, encore plus surprise.
Il acquiesce, ses yeux toujours fixés sur moi.
Pour la première fois, je vois une vulnérabilité en lui que je n'ai jamais vue auparavant.
C'est à la fois déconcertant et touchant. En fait j'arrive à peine à croire qu'il a osé.
— Je savais que j'allais encore blesser les gens qui comptent si je ne prenais pas la peine de savoir ce qui provoque mes colères.
Je le fixe en l'écoutant se confier.
Je suis impressionnée. Imaginer un homme tel que Côme livrer des parts de lui juste pour être sûr de ne plus faire du mal aux gens qui comptent pour lui me fait l'effet d'une gifle.
Thérapie, médications... Il met vraiment tout en place pour se soigner...
Et j'ai l'impression qu'il est en train d'y arriver.
Je reste silencieuse, ses révélations m'ont prise par surprise.
Sa main est toujours sur la mienne, chaude et rassurante.
J'ai le cœur qui s'emballe, j'aime cette sensation, j'aime cette connexion quand je le regarde. C'est juste lui et moi.
Maintenant, j'en suis sûre... avec Côme, tout est différent. C'est comme si un voile se levait, et je voyais le monde de façon inédite.
De façon accaparante et passionnante.
Soudain, il se penche, attrape un des pieds de mon fauteuil et le fait glisser à côté de lui. Le son de la chaise raclant contre le sol me fait rougir, mais nous sommes à l'abri des regards, cachés dans notre coin.
Il prend mes couverts et mon assiette et les poses devant moi.
Maintenant très proches, je peux mieux sentir son parfum qui s'émane de lui. Mon ventre se soulève, mais la déflagration que je reçois est pire encore lorsqu'il articule doucement :
— Est-ce que tu veux en parler ?
Je suis un peu gênée. Je lève une jambe pour la plier et poser mon pied sur le bord de ma chaise.
J'allais parler mais au même moment, le serveur arrive. Il dépose nos boissons sur la table.
À peine le serveur parti, j'attrape mon cocktail et porte le verre à mes lèvres. La saveur sucrée du fruit défile sur ma langue, c'est tellement délicieux que je sens mes sourcils se hausser.
Je sens le regard de Côme sur moi. Une chaleur nouvelle se propage dans mes joues. Je vois à son expression qu'on pense à la même chose...
J'essaie de l'ignorer, mais c'est Côme. C'est impossible de l'ignorer.
— C'est bon ? demande-t-il, ses yeux toujours sur moi.
Je lui tends mon cocktail en tenant toujours la paille. Je la dirige vers sa bouche. Ses lèvres se referment autour de la paille. Nos yeux se rencontrent, et un frisson dévastateur me parcourt l'échine. Il hoche la tête à son tour, il aime aussi.
Je dépose ensuite mon verre sur la table, en me sentant un peu plus détendue. Je lève ma deuxième jambe, la pliant comme l'autre, et passe une main dans mes cheveux pour repousser quelques mèches derrière mon oreille.
J'expire longuement en jouant à noyer mes glaçons avec ma paille. Le sentiment de sécurité que je ressens se décuple à mesure que les secondes passent.
Ma tête se tourne vers lui. J'ai un peu peur de laisser tomber la carapace mais je me sens articuler :
— Parfois... Quand je veux quelque chose... J'ai envie de me... de me comporter comme une... une salope.
Je baisse les yeux sur ma boisson en déglutissant difficilement avant de prendre une grande inspiration pour continuer :
— Parce que je me dis que c'est comme ça que j'aurais ce que je veux. Que je ne suis bonne qu'à ça alors, c'est sûr que j'obtiendrais tout ce que je voudrais et... Au Venezuela, toutes les fois où j'ai fait croire à un homme que j'allais coucher avec lui, j'ai eu ce que je voulais.
Je lève les yeux vers lui. Mes doigts tremblent de peur, je cherche à discerner son expression.
Mais il ne fait rien d'autre que de me regarder sérieusement. Je ne sens ni jugement ni dégoût. Ça me touche tellement que je dois me contrôler pour ne pas me laisser submerger par une envie de pleurer.
J'ai le courage de continuer :
— Et c'est vrai que quand je le fais, je ne me reconnais pas. C'est comme si, ce n'était pas vraiment moi. Plusieurs fois je me suis retrouvée, avec des hommes, parfois... je les avais tués et je n'en gardais aucun souvenir si ce n'était le sang sur mes mains...
Côme me regarde attentivement, son corps légèrement penché vers moi, ses yeux rivés sur mon visage. Il n'interrompt pas, il m'encourage simplement à continuer par son regard intense et attentif.
— La semaine dernière, quand tu m'as parlé de ton père...
Ma voix faiblit.
Mais Côme pose une de ses mains sur mon mollet. À cet instant, j'ai eu comme l'impression qu'il me transfusait toute sa force. Il me fait rester sur terre et je sens une larme glisser sans que je ne le veuille.
— La seule solution que j'ai trouvée c'était peut-être de... de te chauffer pour que tu oublies. Je me suis dit que si je te laissais coucher avec moi... Tu irais mieux... Mais quand tu m'as dit que tu le remarquais quand je ne voulais pas vraiment, j'ai eu honte et ça m'a fait revenir sur terre... Tu comprends ?
Côme hoche la tête pour me montrer qu'il comprend, son regard sérieux et attentif ne me quitte vraiment pas.
— Je n'ai pas envie... de le faire parfois, et toutes les fois où je n'ai pas eu envie de te toucher, tu as su les voir... Je ne sais pas comment tu fais mais... ça me rassure... Beaucoup. C'est un peu comme si tu... Euh... Comme si tu me laisses décider quand toi et moi on devient plus.... Intime. C'est toujours moi qui choisis avec toi. On ne m'a jamais laissé choisir...
Je vois son soulagement transparaître sur son visage. Il a l'air fier, et je sais qu'il fait tout pour que je me sente en sécurité avec lui.
— Je ne veux pas que tu me prennes pour une.. pute mais... c'est comme ça que je me sens constamment. Alors, je me dis que c'est comme ça que tout le monde me voit. C'est très... très dur d'assumer ça, alors je me dis que peut-être si je décide de me salir toute seule... je souffrirais moins ?
Je le regarde, cherchant des réponses dans son regard. J'ai l'impression d'être une coquille vide, dévoilant mon âme nue à celui qui m'a tant blessée, mais aussi, tant réconforté.
Celui qui me donne l'impression d'être au chaud à la maison. Celui qui me donne une place dans ce monde, dans son cœur.
Parler me fait un bien libérateur. Je sens son pouce essuyer des larmes dont je n'avais même pas réalisé qu'elles avaient coulé.
Et malgré la peur qui m'agite, je sens que c'était vraiment le bon moment pour tout lui dire.
Je me rends compte qu'on n'a jamais pris le temps de connaître Côme et moi. On se qualifiait par nos traumatismes parce qu'ils se ressemblaient beaucoup et c'était plus simple que de cisailler nos cœurs et d'en présenter les contenus l'un à l'autre...
Et en fait... plus je parle à Côme et plus il me plaît vraiment.
— Et voici votre filet de bœuf avec une purée de pommes de terre à la truffe et une sauce bordelaise pour madame, annonce le serveur en déposant le plat devant moi.
J'ai failli sursauter, je ne l'ai même pas vu arriver.
— Et pour monsieur, nous avons un tournedos Rossini, garni d'une tranche de foie gras poêlé, servi avec des pommes de terre rôties à la moutarde ancienne. Nous avons également une carte de vin qui accompagne parfaitement vos plats, souhaiteriez-vous que je vous l'apporte.
— Ça ira.
Côme le regarde d'un œil averti. Non, il l'assassine du regard.
Le serveur se sent immédiatement oppressé
— Bien évidemment, monsieur, bon appétit.
Il s'éclipse rapidement, et je ris doucement.
— Arrête d'assassiner les gens du regard comme ça. Tu fais peur.
Côme se redresse, un sourire à moitié amusé, mi-attristé.
Je comprends que mon discours interrompu par le serveur tourne toujours dans sa tête.
Il déplie sa serviette en tissu et la pose soigneusement sur ses jambes. Quant à moi, je reste là, une jambe repliée, les yeux rivés sur mon assiette.
Je plonge ma fourchette dans la purée crémeuse, l'odeur me paraît divine, et ça m'a vraiment ouvert l'appétit.
— Premièrement, Côme commence, sa voix basse et ferme tranche le silence qui s'est installé entre nous. Je ne veux pas coucher avec toi pour t'utiliser, Mariposa.
Je suis à mi-chemin entre l'assiette et ma bouche quand il prononce ces mots. Ma fourchette reste en suspens, tandis que je le regarde, mes yeux écarquillés, ma bouche ouverte.
— Tu as peut-être besoin de l'entendre, mais à mes yeux tu es propre, Mariposa. Et quand je te regarde, je ne vois pas une femme « souillée ».
Il se met à couper sa viande, et à tremper le morceau dans la moutarde.
— Te faire du mal en te « salissant », c'est juste le seul mécanisme que tu as trouvé pour le moment pour faire face à ton trauma.
Son visage est sérieux, concentré, mais je sens un courant d'émotion profonde sous son expression impassible.
— Je ne sais pas si je crois en la médecine thérapeutique. Mais je pense qu'on devrait prendre le temps de mettre des mots clairs sur tout ce qui te hante. Je pense que ça t'aidera.
Je l'écoute, sans pouvoir répondre tout de suite.
Ma fourchette se dirige lentement vers ma bouche, la purée fond doucement sur ma langue, et il avait raison c'est délicieux.
Je réfléchis à ses mots. Il me regarde, en attendant patiemment ma réponse.
Finalement, j'avale ma bouchée, rassemblant mes pensées.
— Je ne sais pas si j'arriverais à dire tout ce que je t'ai dit à quelqu'un d'autre que toi.
Côme acquiesce doucement, avant de reprendre :
— La psy m'a dit que j'avais un trouble de stress post-traumatique complexe. À cause d'une exposition prolongée à des violences dans mon enfance. C'est ça qui me cause une irritabilité sévère et un comportement parfois très violent.
Son aveu tombe comme un poids qui résonne entre nous.
Je reste silencieuse. Ses mots sont comme absorbés dans ma peau. J'essaye d'imaginer ses souffrances et je les comprends toutes...
— Elle m'a expliqué qu'à cause de ce trouble dans ma tête, je subis et fait subir un état d'alerte constant à ceux qui m'entourent.
Je le regarde, curieuse, tout en prenant une gorgée de mon cocktail.
— Je me sens constamment en « danger », donc je suis toujours prêt à me défendre ou exploser pour être sûr que rien ne me tombe dessus, continue-t-il, en posant son couteau et sa fourchette.
Je hoche la tête, absorbant ses paroles tout en jouant distraitement avec ma purée de pommes de terre à la truffe.
— Je revis en boucle tout ce qui me fait peur, depuis mes six ans. Des flash-back ou des sensations... Et ces souvenirs déclenchent parfois une violence injustifiée.
Les mots de Côme me heurtent, tant ils sont vrais. Et le voir décrire si bien son trouble à presque un côté rassurant.
— Ces souvenirs, c'est ce qui m'empêche de gérer cette colère.
Ses aveux me laissent sans voix. C'est bien Côme que j'ai devant moi...
Le Côme que je connais est en train de changer devant mes yeux, et je peux à peine y croire.
— Si je te dis ça, ce n'est pas pour justifier mes horreurs.
Sa paume passe sur sa mâchoire, je ressens qu'il est nerveux à l'idée de repenser à tout ce qu'il a pu me dire ou faire.
— Je ne me cacherai pas non plus derrière ce trouble. Je sais que je dois racheter chaque geste et chaque parole que je t'ai fait endurer. Mais, je te dis tout ça parce que maintenant, j'ai compris comment mon cerveau fonctionne, c'est plus facile de savoir comment je peux arrêter ça.
— Comment ? demandais-je précipitamment.
— En apprenant, répond-il, son regard plongé dans le mien.
— Apprendre quoi ? demandais-je perplexe.
— À mettre des mots sur les émotions. À mettre des mots sur ta colère, ton dégoût, ta peur. En chassant de ta tête l'idée que Mariposa est juste une « pute ». En faisant face à toi-même. Apprendre à te comprendre et au lieu de fuir dans du sexe, affronter le trauma finira bien par te libérer.
Je reste bouche bée, choquée par la transformation de Côme.
L'homme devant moi semble si différent de celui que j'ai connu.
— J'ai compris que garder en soi, c'est ça qui provoque l'implosion qui provoquera par la suite une explosion. Et quand tu pètes, tu t'abîmes toi, et les autres.
J'ai la boule à la gorge.
C'est Côme qui est en train de me parler comme ça...
C'est vraiment lui.
— Ne pas se comprendre, ne rien comprendre et laisser pourrir en soi des douleurs, des cicatrices que l'on n'arrive pas à verbaliser. Ou pour lesquelles on n'arrive pas à obtenir justice, on n'arrive pas se pardonner, c'est comme ça qu'on devient un monstre, Mariposa.
Les mots de Côme résonnent en moi comme un baume apaisant sur une blessure trop longtemps laissée à vif.
Son évolution m'impressionne.
Il est parti en guerre contre ses propres démons...
Et peut-être que le combat n'est pas terminé, mais j'ai un sentiment de fierté à le voir essayer.
Je repense à l'image que j'avais de lui, il y a presque trois ans de ça.
Côme, c'est un petit monstre, qui se bat contre plus fort que lui, plus horrible que lui, plus cruel que lui. Peu importe qu'il ne soit pas le plus fort, il allait quand même essayer de se battre...
Inconsciemment, j'ai toujours admiré ça chez lui... Il a toujours eu une voix. Il a toujours été son propre porte-parole, parce que c'est le seul moyen de se faire entendre quand on est seul.
Il a hurlé au monde qu'il allait mal, et tout le monde l'a entendu.
Un petit garçon de six ans, jeté dans un chaos total, et il a fait tout ce qu'il a pu pour survivre.
Et aujourd'hui, pour se faire « pardonner », il est allé en guerre contre lui-même pour ne plus jamais faire de mal à qui que ce soit. Du moins, à ceux qui comptaient pour lui...
C'est si écrasant que je sens des larmes me piquer les yeux. Elles coulent librement sur mes joues. Mon cœur s'emballe. Ma carapace se brise, il ne reste presque plus rien.
Ça me fait peur, mais ça me fait du bien d'être vulnérable avec lui...
— Je me sens tellement perdue, avouais-je finalement, ma voix n'est plus qu'un souffle.
— Alors, reviens à moi, parle-moi, fais-moi confiance, Papillon, répond-il doucement en glissant sa paume sur ma cuisse. Il faut vraiment que tu arrives à parler. Que tu arrêtes d'être « désolée » et que tu commences à être Mariposa, sans honte.
J'inspire profondément, tentant de calmer le tumulte en moi. Je porte une bouchée de purée à ma bouche, le goût riche et terreux de la truffe se mêle à la douceur salée de mes larmes.
Ma main libre saisit la sienne. Le besoin d'enrouler mes doigts autour des siens est viscéral. Je me sens encore seule au monde avec lui...
— Tu sais... je ne veux pas que tu me violentes, dis-je enfin, mon cœur tremble. Mais parfois, j'ai des envies que quelqu'un le fasse. Je ne sais pas pourquoi. J'ai envie d'attirer ton attention.
Côme me fixe, ses yeux verts perçants s'imbibent de douleur mais aussi de compréhension :
— Tu veux me tester pour voir si je te protégerais, Mariposa ?
Je hoche la tête, trop émue pour parler.
— Crois-moi que je comprends, pourquoi penses-tu que je me prenais des balles pour que tu restes en vie mais qu'en même temps j'explosais sur toi ? On confond, affection avec attention...
Son discours me frappe comme une claque, m'ouvrant les yeux sur une réalité que j'avais jusque-là refusé de voir.
J'avais besoin d'amour...
Et lui aussi...
Sauf que l'amour pour nous, c'était la violence.
Un monde de ruine qui nous passionnerait tous les deux. On le savait alors on se crachait dessus pour se faire du mal.
On ouvrait des plaies pour le plaisir de les voir se refermer.
Accro à la peine.
Victime de nos traumas.
Je ne savais pas comment aimer autrement que dans les poings et la haine.
— C'est cette violence que tu as connue, qui te fait penser comme ça, dit-il doucement, ses yeux toujours rivés sur les miens. Elle t'a marquée, elle t'a laissée avec des cicatrices que pas tout le monde ne peut voir. Mais elles sont bien là, et parfois, elles te poussent à chercher cette violence à nouveau. Parce que c'est tout ce que tu connais. C'est ce qui t'est familier, t'as l'impression d'être chez toi.
Je renifle en essayant de me calmer, ses mots se collent à moi comme un baume réparateur. Je pourrais l'écouter pendant des heures me parler comme ça, tant ça me fait du bien.
— Et moi le premier, mais j'ai compris un peu tard... Que l'amour ne blesse pas... Love...
Je reste silencieuse.
— Je sais que... Je t'ai dit des mots, que j'aurais préféré ne jamais avoir prononcés. Je les regrette, Mariposa... Je veux te les faire oublier avec d'autres qui te feront comprendre ce que j'entends par l'amour ne blesse pas.
Sa voix est tellement douce, profondément tendre. J'avale difficilement, mon attention est rivée sur lui. C'est la première fois qu'il me parle de cette façon. En fait je suis choquée, complètement prise au dépourvu par ses paroles.
Je crois que c'est la première fois que le mot « amour » sort des lèvres de Côme.
Et je me sens à nouveau prise au dépourvu, une chaleur douce envahit mes joues, brûle, mon cœur et mon âme.
Pourquoi est-ce que tout semble si différent aujourd'hui ? Pourquoi est-ce que tout ce qu'il fait me donne des papillons dans le ventre ?
Tout d'un coup je me sens heureuse de partager un repas avec lui. D'avoir envie de manger. De ne pas penser qu'au sexe pour le satisfaire. Sa paume réchauffe la mienne sur ma cuisse, la sensation de mon cœur est tellement douce, et nos regards n'arrivent pas à se lâcher.
— Je sais que j'ai un tas d'étapes à passer avant que tu me fasses totalement confiance. Et j'espère qu'ensuite, tu pourras voir à travers moi, et voir comment, moi, je te vois toi et l'avenir.
J'espère sincèrement qu'il gagnera la guerre contre lui-même.
Parce qu'il me donne espoir...
Et l'envie d'essayer.
— Je sais que tu en vaux la peine, Love.
Le cœur qui brûle, l'implosion me donne la sensation de planer.
— Merci, Côme... Merci.
𓆃
Re ⭐️ !
📜 C'est l'heure du Tea time : ☕️🫖🧋: Dites moi tout ce que vous en avez pensé de ce chapitre ?
J'avoue le chapitre il était long 😬 ! J'essaye de rester autour des 5K mais j'y arrive jamais c'est trop !
En tout cas il y a un petit débat que je voulais soulever, qui m'a fait souffler légèrement.
Dans le chapitre dernier, Mariposa se met à "chauffer" Côme "sans" trop de raisons.
Et même si on comprend qu'elle se sexualise. (J'avais déjà expliqué que parfois, malheureusement certaines victimes d'agressions sexuelles exagèrent leur sexualité. C'est peut-être un moyen d'avoir plus de contrôle sur ça) Et bien, il faut QUAND MÊME que Pierre, Paul, Jacques pensent interesting d'insulter Mariposa de : "Chaudasse", et de "pute" 😬...
En fait, je me suis dis un truc. Parfois c'est vrai qu'un personnage nous gonfle, mais là, ce qui me turlupine c'est le fait qu'on insulte mon bébé d'amour sur quelque chose qui l'a traumatise littéralement.
Elle ne fait pas exprès de faire la pump it up pour pimenter l'histoire.
J'aborde ça parce que ça existe et que je ne me vois pas faire passer Mariposa de bad bitch au Vénézuela, à Sainte Mariposa de Richmond (Même si on sent bien qu'il y a une dualité dans son personnage qui la fait jongler d'un extrême à l'autre, mais là aussi on comprend que c'est pas juste pour rendre l'histoire spicy.).
Ce que je veux dire à certains, c'est que, juste 2 secondes, je vais prendre le temps d'expliquer pourquoi elle se comporte comme ça, mais le fait que comme certains ne comprennent pas tout de suite, ou n'ont pas la patience de redécouvrir Popostar bah ils l'insultent gratuitement et ça me fait grincer des dents.
Surtout que Popostar, la chose qui la touche le plus c'est que justement on l'insulte de cette façon et quand je vois certains termes, ça me donne envie de confixé des téléphones utilitaires ! 😤 (Oui je le prends un peu trop à cœur mais je trouve que l'insulter de pute c'est tellement pas justifié)
La romance arrive, mais juste, est-ce que je peux construire en D E U S P Y la reconstruction de la relation entre KOKO et POPO pour que ça donne pas l'impression que j'étale des traumas juste pour être une so deep dark trauma girl.png.
Moi ça me dit rien de parler d'un sujet aussi lourd que l'inceste, le viol, les problèmes psychologiques, juste pour l'aesthetic. Le but c'est aussi d'avoir un message d'espoir derrière et pour ça je pense qu'il faut d'abord passer par le côté dur, pour qu'il contraste mieux avec la guérison qui peut potentiellement arriver après.
Parfois j'ai l'impression certains veulent que j'écrive : "Il me viola. Je fus traumatisée. Ah, Côme est là. Bon ça va en fait. Et sinon, on ken quand KAUME ? Ah j'ai 3 enfants et d'un claquement de doigt, je me rendis compte que j'oubliu 6 ans d'agressions par mon gros père, sah quel plaisir. Vous connaissez déjà, les choses simples, haha. Candy up, quatre quart, un gouter."
FIN.
MDR, j'suis désolée mais moi quand j'lis des histoires ou le traumatisme impacte à PEINE le personnage ça me fait atchoumer. J'ai besoin qu'on aille en profondeur, et qu'ensuite on revienne à quelque chose de plus léger.
Donc oui Mariposa à parfois des comportement toxiques, incompréhensibles, décalé et incertain, mais je compte traiter ça... So please... just a moment...
Bon, j'ai assez débité sur le beats.
J'espère que certains comprendrons que c'est extrêmement frustrant de voir que certain on 0 patience avec elle 😤 ma pauvre baby love !
Anyways, bon, là j'y vais !
(Ah oui, le lit sur lequel ils font des bêtises les 2 tourtereaux, c'est pas le lit du petit, c'est un nouveau lit d'adulte que Robin à monté spécialement pour Popostar. Et certes c'est la chambre du petit, mais parfois dans la vie... OhohohoH pardon ! PTDR bye. Update : je me suis remise en question et j'ai changé en fait, c'est la vanity room d'Amber 😭...)
Aller, on se retrouve très vite in sha'Allah ! Love you ! ❤️
Bisous bye ! 📸
@𝐚𝐳𝐫𝐚.𝐫𝐞𝐞𝐝 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦
xoxo, Azra.
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