CHAPITRE 23 : Faire un.
COUCOU BABIES, ça-va ? 🌹
Eh désolé, j'avoue j'étais sur animal crossing toute la journée 😫! J'ai 600K de clochette là, je suis en train de bâtir un empire ! PTDR !
Bon je vous laisse, PRENEZ DE QUOI PROFITER DE L'INSTANT PRÉSENT 🤭🍭...
C'est bon ?
Aller, (ptn ça fait 10 minutes j'essaye de copier/coller un gif de Joe Biden qui met des lunettes de soleil j'arrive pas j'ai trop la rage 😤 !)
Bon, je vous laisseeee !
Bonne Lecture! 📖
Xoxo - Iamkunafa. 🍓
𓆃
CÔME.
La rue se plonge dans le noir lorsque je coupe le moteur.
Garé devant la maison de Robin, du coin de l'œil, je repère la silhouette de Sashæ assit sur les marches du perron, une bière à la main.
Il est silencieux, perdu dans ses pensées, sa douleur est palpable même à cette distance.
J'inspire profondément.
Pendant quelques secondes mes mains étranglent et glissent sur le volant, parce que je sais que cette déchirure intérieur est en train de le consumer vivant.
Finalement, je sors de la voiture. Mes clés tournent autour de mes doigts, j'avance vers lui.
Je sais qu'il m'a vu, mais ses yeux restent perdu dans le vide. Ça se voit qu'il cherche un semblant de normalité dans ce chaos qu'est devenue notre vie.
Je m'assois à côté de lui, nos épaules se frôlent presque.
- T'es bourré ? demandais-je.
Il prend une gorgée de sa bière avant de répondre :
- C'est ma deuxième gorgée, Billy Boy...
J'ai presque envie de sourire à sa remarque, mais l'air est lourd et triste. Il se force à garder une certaine contenance. Parfois j'ai l'impression que Sashæ passe sa vie à faire semblant pour satisfaire les autres.
Il me tend une autre bouteille. Je la prends, plus pour lui tenir compagnie que par envie réelle de boire ça. Je déteste toujours autant le goût amer de la bière américaine, mais disons que pour Sashæ, je suis prêt à faire une petite exception.
Je déclipse ma bouteille avec mes clés, le bruit sec rompt à nouveau le silence qui s'était installé entre nous.
On boit, côte à côte, sans un bruit, tout en contemplant la forêt qui s'étale sur des kilomètres dans cette jolie rue pavillonnaire.
J'me perds dans mes pensées. Mariposa... Mon père... Robin.
Il a vraiment géré. Une femme, un enfant, une jolie maison. Pas de sang. Une vie tranquille.
Tout ce qui me dégoutait avant.
Mais maintenant, l'envie de donner un sens à ma vie se résume à essayer de faire pareil que lui...
Je me suis morfonds deux ans dans son canapé et je ne m'en étais même pas rendu compte que lui il était en train d'avancer. Il avait assuré une vie paisible pour sa famille. Deux ans plus tard, je le comprenais enfin.
Et j'espérais que ça ne soit pas trop tard...
Chacun plongé dans ses pensées, on se laisse à boire quelques gorgées. J'ai presque déjà l'impression que l'alcool me donne la migraine. Raison pour laquelle je ne suis pas un Grand buveur. J'ai horreur de l'état dans lequel ça me plonge.
Néanmoins, c'est étrange comment même dans le silence, on peut se sentir un peu moins seul à deux.
Je cherche les mots à dire, ceux qui apaiseront sa peine, mais je ne les trouve pas.
Je n'ai jamais été très doué pour trop parler.
Mais ça me fait chier parce que je pense qu'il a besoin d'entendre quelque chose. N'importe quoi. Comme j'en ai eu besoin quand Ania est morte. Il a su me parler lui, et moi je n'en étais pas capable ?
J'ai la sensation de l'abandonner.
Mais finalement, je prends une grande inspiration et je me lance :
- Je suis désolé... Sashæ...
Il se tourne vers moi, un peu surpris.
- Pour Lyne, précisais-je. J'aurais dû... J'sais pas...
J'avale nerveux cette boisson dégueulasse. Il me regarde, les sourcils froncés, avant de lâcher un rire étouffé qui m'étonne.
- C'est la première fois que tu présentes tes excuses à quelqu'un ou quoi ? Bébé, t'es à chier.
Je sens un petit rire m'échapper.
Putain, c'est la première fois depuis des années que je m'excuse et il a fallu qu'il me prenne pour un con et que ça me fasse sourire.
C'est typique de lui ça, de tenter de dédramatiser la situation.
J'crois que c'est ça qui m'a interpellé chez Sashæ. Il avait fait passer la mort de ma sœur comme un événement qui devait se passer et qu'il fallait que j'accepte.
- Écoute, prononce-t-il un finalement après un moment de silence, je suis désolé de te dire ça, Côme, mais tant que ton père sera vivant, je vais vraiment avoir du mal à passer le cap.
On pourrait penser que ces mots provoqueraient ma colère.
Ou peut-être que ça pourrait tout faire exploser.
Mais, je hoche la tête en silence.
En réalité, je comprends bien et puis d'une certaine manière, je savais que mon père ne pouvait pas rester en vie plus longtemps que ça. Que ce soit pour ce qu'il avait fait à Lyne, à Sage ou moi-même.
- Je sais, murmurais-je finalement.
Ma voix meurt dans la nuit, j'avale une nouvelle gorgée en fronçant les traits de mon visage. C'est vraiment dégueulasse :
- C'est pas facile à entendre Sashæ. Mais il faut que tu saches que j'entends et je te comprends.
Il y a encore un silence qui suit.
Un silence qui n'est pas lourd, mais apaisant.
Un silence qui semble mettre un peu plus de clarté sur toutes ces déchirures qu'on partage à deux.
Décidément, sous le ciel étoilé, nos bières à la main, nos peines dans le cœur, je n'aurais jamais soupçonné avoir un tel allié dans ma vie.
J'espérais sincèrement être la main à laquelle il pourrait s'accrocher dans le noir.
- Tu sais, j'crois que je comprends pourquoi tu peux encore aimer ton père, Côme, me dit-il, sa voix teintée d'une certaine amertume. J'en veux un peu au mien aussi. Tout ce qui s'est passé, c'est plus ou moins lui qui a cherché la merde et ça a causé sa mort.
Ses paroles me frappent.
Depuis le temps qu'il me parle de son père, il n'avait jamais mentionné cet aspect-là de lui.
J'ai toujours eu l'impression que son père était son héros.
Je n'ai jamais pensé que Sashæ pourrait ressentir la même chose que moi.
- Ouais... murmurais-je. On dirait que tout le monde a un problème avec son daron dans cette histoire.
Il hoche la tête en s'esclaffant discrètement, et après un moment, il ajoute :
- Malgré tout ça, j'achèterai quand même ma vache à la fin du livre.
C'est une phrase un peu bizarre, qui n'a rien à voir avec le sujet initiale, mais je suis le mouvement :
- Appelle-la Alexander.
- Je vais faire mieux que ça, je vais l'appeler Baby Billy ! Qu'est-ce que t'en penses doupek ?
Je secoue la tête en souriant doucement. J'avale une dernière gorgée de bière et je comprends bien qu'il veut continuer à vivre, malgré la douleur et le chagrin.
Je pose ma main sur son dos, ça dure deux secondes, mais sur le coup j'ai vraiment ressenti le besoin de le faire.
Peu importe ce qui arrive, peu importe, comment les choses tournent, je serai là.
- Allez, va la rejoindre, me dit-il, avec une pointe d'amusement dans sa voix. T'as pas besoin de te saouler avec moi, avec une bière que tu détestes espèce de petit mytho.
Il se met à ricaner légèrement avant de continuer :
- Et même si tu restes l'homme le plus sexy que je n'ai jamais vu de ma vie, j'aime quand même les femmes. Désolé de te décevoir, bébé.
Un rire involontaire s'échappe de ma gorge, malgré la lourdeur qui pèse sur son cœur, il rit avec moi.
Il a le don de toujours détendre l'atmosphère, même dans les moments les plus sombres.
- Tu sais où je dors, réveille-moi si tu veux parler, prononçais-je sincèrement en me levant de la marche où nous étions assis.
- Je ne veux surtout pas te voir dormir donc ça ira pour moi Côme, t'inquiète pas.
Il sourit, il plaisante, mais sa voix le trahit un peu :
- Peut-être pas tout de suite, peut-être pas demain, mais ça va aller, murmure-t-il finalement un peu plus sérieusement.
Je pousse doucement sa tête dans un dernier geste de soutien, avant de me diriger vers la maison.
J'ouvre la porte et jette un dernier regard à Sashæ, assis sur les marches.
La culpabilité me prend par les tripes. Je ne pourrais peut-être jamais lui rendre le quart de ce que lui m'a donné quand j'étais au bord de la mort.
Je ne sais même pas comment il a fait pour entrer dans ma tête, me secouer, et me donner envie de continuer...
- Hé Sashæ, l'appelais-je.
Il se retourne :
- T'es pas tout seul.
Un sourire étire ses lèvres. Il me présente son pouce levé.
- Je t'aime aussi mon bébé. Un jour t'arriveras à me le dire, et j'reconsidérerais la question du mariage à ce moment-là. Met un costume blanc, j'serais en noir.
Un rire franc m'échappe et je me gratte le nez pour m'en cacher. Ce petit con se met à rire à son tour avant de se tourner en secouant la tête.
Juste avant que je ferme la porte, j'entends un « merci » s'émaner de lui.
J'emporte avec moi son image frère brisée...
La maison est plongée dans le noir, et mes pensées tourbillonnent dans ma tête alors que je me dirige vers l'étage.
Il y a tant de choses à faire, tant de choses à régler...
Mon père, Stonehead, le deuil de Sashæ... Le poids de toutes ces responsabilités pèse lourdement sur mes épaules et je me demande si j'en ressortirais vivant...
Mais, pour ce soir, je veux laisser tout ça de côté.
J'ai besoin de me détendre, j'ai besoin de ma dose, de Mariposa.
La lumière crue de la salle de bain me fait cligner des yeux.
Je me déshabille rapidement, mes pensées divaguent encore vers elle.
Plus je la vois et plus ça m'obsède.
Ça devient presque étouffant, je ne sais pas comment me contrôler parce qu'elle zone dans ma tête 24h/24. Elle empiète sur ma façon de respirer, sur mes rêves et le rythme de mon cœur. Et chacun de mes cauchemars sont juste un tableau ou elle n'est pas peinte dessus.
Une vie sans elle.
Impossible. Plus possible pour moi.
Je ne sais même pas si c'est bon pour ma tête de penser autant à une femme.
Mais le truc c'est que même dans le chaos de ma vie, elle est la tranquillité dont j'ai besoin.
Je me glisse sous le jet d'eau chaude, laissant le liquide ruisseler sur ma peau et emporter avec lui le stress de la journée. Et par "stresse" j'entends la tension qui a durcit mon entrejambe toutes les fois ou des images d'elle me viennent à l'esprit.
Je me lave rapidement pour éviter de me branler comme un adolescent sous la douche. J'éteins l'eau et je sors. Je m'essuie et me glisse dans un t-shirt et un pantalon de pyjama.
Il est trois heures du matin. J'expire longuement.
Je traverse le dressing jusqu'à la vanity room. Je m'arrête à l'entrée en fixant l'écriteau "Vanity room" suspendu sur la porte. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mon ventre se soulève en fait je suis pressé d'entrer.
Ma poigne baisse la poignée, j'entre discrètement.
- Côme ?
Je retiens un large sourire sur mes lèvres.
J'adore quand elle m'appelle.
Mon nom entre ses lèvres me fait l'effet d'une explosion.
J'entre et elle s'appuie sur son coude en me regardant. Ses boucles se dressent royalement autour d'elle. J'ai déjà envie de m'étouffer dedans. Je referme la porte en ayant l'impression d'avoir 17 ans et d'avoir fait le mur pour rejoindre ma copine.
- T'es rentré, me dit-elle de sa petite voix.
Je la rejoins doucement dans son lit qui grince sous mon poids. Instinctivement, elle m'accueille en m'ouvrant ses bras, je l'enlace, elle se blottit contre moi comme si nous avions la même routine du soir depuis trente ans.
Je n'arrive pas à me contrôler, mon ventre se soulève délicieusement et mes lèvres se collent à son cou. J'ai juste envie de sentir son odeur. Sur le coup je me sens comme un animal à la renifler.
Son parfum entre dans mes poumons et ça m'empoisonne de la meilleure de façon, rien ne sens mieux que Mariposa. Je m'étouffe de ses boucles, mes mains se croisent dans son dos, tandis que les siennes glissent sur mes côtes.
Le simple contact de sa peau contre la mienne apaise mon âme.
Mon esprit se vide, les murs disparaissent, je plane, et elle me lave de tout.
C'est la seule drogue dont j'ai besoin.
Quand elle me prend dans ses bras, j'ai l'impression d'être important. J'ai l'impression de vraiment compter pour quelqu'un.
Son cœur cogne contre le mien. On dirait qu'ils se parlent à chaque palpitation. J'entends, ses mots, ses maux, et tous ses défauts dont je ne peux pas me passer.
Ses chaussettes s'emmêlent à mes pieds.
Je me retiens encore de rire.
- Comment tu fais pour dormir en chaussettes, putain, chuchotais-je amusé.
- J'ai froid aux pieds la nuit, tais-toi.
Un petit ricanement m'échappe et je sens son ventre trembler contre le mien lorsqu'elle rit avec moi. Elle enroule ses jambes autour des miennes, je sens le coton de ses chaussettes remonter mon pantalon de pyjama.
Qui dort en chaussette à part Mariposa, merde alors.
- T'es tout chaud, chuchote-t-elle dans un sourire. C'est trop bien.
- Toi t'es glacée.
Elle glisse ses mains froides sous mon t-shirt, j'inspire pour réprimer ce frisson violent. Ces paumes deviennent très vite brûlante à cause de ma température. Son nez trompette sous mon menton. Je sens qu'on avait vraiment besoin de se retrouver.
Finalement, je penche un peu la tête pour la regarder. Ses grands yeux miels se lèvent vers moi. Emmitouflée dans cette couverture et entourée de ses boucles, mes organes deviennent de la guimauve. Je la trouve diablement mignonne.
Putain...
Le bien que ça me fait est presque douloureux.
Je ne pourrais pas continuer sans elle.
Je ne pourrais pas.
Mon index passe lentement sur la forme de son nez. Il glisse sur ses sourcils, ses lèvres, ses joues.
Finalement, c'est ma paume qui glisse sur son visage.
Je couvre ses yeux de ma main.
Laissant seulement le bout de son nez tacheté d'étoiles brunes et ses lèvres gonflées apparaitre.
La tension maladive qui plane fait brûler mon corps en entier, les frissons qui tendent mon ventre me font déglutir de la pire des façons. Elle m'empêche de respirer correctement.
Ma bouche fini par s'écraser sur la sienne, j'en ai besoin. J'ai besoin de sentir ses lèvres contre les miennes. Entendre les petits murmures qui s'échappent d'elle et qui éveillent mes sens. Je lui donne trois baiser, ou quatre, ou peut-être cinq, j'ai arrêté de compter. Et le nombre de baiser n'est jamais suffisant.
Putain il m'en faut combien ?
Je me force à m'arrêter en sentant mon sexe se gorger de sang.
Je lui rend la vue en enlevant doucement ma main de ses yeux. Elle me regarde étonnée, toujours avec des grands yeux de biche qui me font l'amour sans s'en rendre compte. Je pince les lèvres.
- C'était-c'était pour quoi tout ça, me questionne-t-elle.
J'ai chaud.
- Pour que tu n'oublies pas que je ne partage pas, Papillon.
Trop chaud.
Son sourire à l'envers m'achève. Et j'aimerais qu'on m'enterre dans ses fossettes.
En fait, quand je la regarde, je comprends que sans elle, c'est ma mort assurée.
Je dois inspirer un bon coup pour réaliser qu'elle m'a coupé le souffle.
- T'as fait quoi aujourd'hui, me demande-t-elle en traçant une ligne du bout de ses doigts le long de mon dos.
À sa question, mon moment d'extase est interrompu par la pensée de mon père.
L'idée de le tuer me serre le cœur je dois l'avouer, et je ne peux en parler à aucun de mes frères.
Je n'ai pas envie d'avoir son sang sur les mains. L'idée me donne des sueurs froides. Et je sais que ça risque de me plonger un peu plus dans ma psychose...
Mais... Je dois le faire. Pour Sage. Je dois vraiment le faire.
J'ai l'impression que les King sont maudits parfois...
Un père qui renie son fils. Un fils qui envisage de tuer son propre père...
Je reviens sur terre grâce à nos respirations synchronisées, nos corps collés l'un contre l'autre. Je peux sentir chaque inspiration qu'elle prend, chaque expiration, chaque mouvement de son corps et son cœur.
- Je vais vraiment devoir... tuer mon père, Mariposa...
L'annonce jette un froid dans cette chambre.
Entre innocence et meurtre,
Le contraste de nos vies me donne des frissons...
Papillon, reste silencieuse un moment. Et puis, à ma grande surprise, elle me répond finalement :
- Est-ce que tu veux que je le tue pour toi ?
Mon expression change radicalement.
Un choc me tombe dessus, je m'appuie sur mon coude. Je sens la violence avec laquelle mon cœur se serre, et je réalise qu'elle me l'a proposé avec une telle froideur que j'ai soudainement l'impression de ne plus avoir Mariposa devant moi.
Ce truc je l'ai remarqué depuis le moment où je l'ai revu au Vénézuéla.
Parfois, j'ai Papillon, parfois, La Mariposa Verde.
Ça se ressent même dans son regard, comme si elle arrivait à scinder sa personne en deux à chaque fois que le sujet de la mort ou que du sang coule. La petite Mariposa innocente que j'avais connue disparaît en un claquement de doigts, remplacé par une machine de guerre.
Parfois je me demande même si elles ne sont pas deux dans sa tête.
Je le fixe toujours aussi bouche-bée par sa proposition.
Et dans ses iris je comprends qu'elle le ferait si je lui demandais.
Elle tuerait certainement pour moi. Et je crois qu'elle n'hésiterais pas.
J'ai fait une erreur. Parler de mort à Mariposa est une très mauvaise idée. Je sais que c'est la dernière fois que je le fais.
J'attrape son visage, son regard déterminé ne me quitte pas, pendant un moment je fronce les sourcils.
- Je t'ai déjà dit que je ne te demanderais jamais d'avoir du sang sur les mains pour moi, dis-je d'une voix plus autoritaire que je ne l'aurais voulu.
Elle ne se dérobe pas, son regard est ancré dans le mien.
Et pourtant, au lieu de la terreur ou de l'indécision, je vois une lueur sombre, presque... excitée.
Ouais... en fait, elle aime ça, ce contact un peu violent, cette proximité.
Je ne peux m'empêcher de regretter de l'avoir plongée dans ce monde.
Ma main quitte son visage.
J'ai l'impression d'attiser ce truc en elle qui lui donne envie de voir toujours plus de violence.
- Putain. Oublie ce que j'ai dit... articulais-je en me positionnant sur le dos.
Mes pouces massent mes paupières. Mon ventre est lourd de regret et le fait que je sois le responsable de tout ça me vide complètement...
- Je suis désolé, Mariposa, pour tout...
Ces mots m'ont échappé dans un murmure sans même que j'y réfléchisse.
J'avais détruit les ailes de Papillon et je me haïssais pour ça.
- Pour tout ce que je t'ai fait enduré...
Mais, soudainement je sens alors sa main glisser le long de mon torse sous mon t-shirt. La série de frissons qui dresse immédiatement mon sexe me fait ouvrir les yeux pour la regarder.
J'entends déjà mon esprit me hurler de l'arrêter maintenant.
Avant que je puisse faire quoi que ce soit, Mariposa s'assoit sur moi, son poids se presse contre mon entrejambe dure, d'une façon provocante. Je fronce les sourcils, en peinant à contrôler mes sensations mais je reconnais tout de suite qu'elle n'est pas dans son état normal.
- Mariposa ? l'appelais-je en levant un sourcil.
Lorsqu'elle prend ma main et la guide vers sa gorge, je commence à comprendre.
Mariposa est en train de sexualiser la situation. Je ne comprends pas exactement quelles faveurs elle espère obtenir de moi par le biais du sexe. Mais encore une fois je refuse de céder à ça.
- Qu'est-ce que tu fais ? demandais-je dans un murmure.
Elle se penche vers moi, aguicheuse :
- Chut, chuchote-t-elle. Ne pense à rien...
Ses mots mielleux meurent entre ses lèvres mais son regard aguicheur me torture, j'ai du mal à croire que ça fasse aussi longtemps que je n'ai pas couché avec une femme et ça commence à faire très long à mon goût.
Néanmoins je lui dis sur un ton sérieux :
- Tu sais que je peux dire quand tu ne veux pas vraiment coucher avec moi, Mariposa ?
Elle me fixe, avant de reculer soudainement. Clairement un peu choquée.
Je crois qu'elle ne s'est même pas rendue compte de ce qu'elle faisait.
Je veux la toucher, mes mains restent en suspens au-dessus de ses cuisses.
- Je peux ?
Elle acquiesce, visiblement perdue, et je pose mes mains sur ses cuisses. Je sens la chaleur de sa peau sous mes paumes.
- Tu n'auras jamais besoin de coucher avec moi pour obtenir mes faveurs Mariposa, si tu veux me demander quelque chose, je t'écoute, prononçais-je calmement.
Son regard se brise.
La carapace glacée qu'elle s'est forgée s'effrite devant moi.
Je retrouve ma Mariposa.
Celle qui ne veut pas avoir du sang sur les mains.
Celle qui lutte chaque jour pour aller mieux.
Un air de tristesse traverse son visage, comme si elle prenait soudainement conscience de notre position. Elle avale difficilement avant de croiser à nouveau mon regard.
- Je... Je ne sais pas ce qui m'a pris... balbutie-t-elle, passant nerveusement une mèche de cheveux derrière son oreille.
- Qu'est-ce que tu voulais me demander ?
Ses cuisses se resserrent autour de mes hanches. Elle ne le fait pas exprès, mais elle a vite compris à la bosse qu'elle a senti que mon corps réagissait à son contact. Son regard me donne des frissons. J'essaye de les réprimer mais mes sourcils et mon nez se froncent sans contrôle.
Au même moment je réalise que mon cœur cogne violemment contre ma cage.
Le bout de mes doigts devient un peu plus possessif sur ses cuisses.
Je la veux...
- Demande-moi n'importe quoi, Mariposa.
Je la supplie presque. Elle se penche vers moi. Ses paumes s'enfoncent des deux côtés de ma tête. Je prie déjà pour que ma crise cardiaque s'arrête maintenant.
Enveloppés dans le voile de ses boucles, ses yeux éclatants me transpercent le cœur.
J'espérais que ce soit ces yeux-là qui m'achèvent.
Parce que si la douleur de désirer quelqu'un à ce point a ce goût-là, alors je souhaite endurer son enfer éternellement.
Poignardé en plein cœur par un Papillon angélique.
Ah... Comme j'aimais ce qu'elle provoquait en moi...
- Je... J'avais juste envie de...
Ses murmures s'immiscent sous ma peau. Elle pince les lèvres pulpeuses, je me languis de ses mots sans la lâcher du regard :
- De quoi tu as envie, love ?
- De toi, chuchote-elle de façon à peine audible... Je ne voulais pas que tu penses à ton... père.
La tension entre mes jambes devient insupportable.
Je me sens transpirer sous ses cuisses, sur le coup, ma tête me dit que si ça ne tenait qu'à moi, je lui aurais donné des héritiers ce soir. Dans ce lit qui grince, et je m'en branlais pas mal d'être dans la vanity de la femme de mon frère.
J'arrive à peine à avaler ma salive, mon index s'accroche à son col et je l'attire vers moi. Putain quand elle se penche, son parfum détruit le peu de conscience qu'il me reste. Mes yeux jonglent de ses lèvres à son visage.
- T'as envie de moi, petit cœur ?
Sa langue passe sur ses lèvres à mes mots, mon autre main longe sa cuisse.
- Est-ce que tu as envie de moi, répétais-je à voix basse.
Elle est si proche, une de ses boucles chatouille mon front. Et le saint-graal m'est donné quand elle hoche la tête.
Elle me veut.
Je sais que son visage est rouge malgré l'obscurité de la chambre, je me sens prendre en degré sous elle.
Putain, un poignard dans le cœur me semble moins violent que ses yeux.
Je nous fait tourner sur ce lit. Mariposa se retrouve sur le dos, le grincement de ce putain de lit en bois me donne l'impression de réveiller toute cette baraque. Je nous entends retenir nos rires face au bruit.
Au dessus d'elle, j'admire cette femme, j'admire la drogue que je paierais la plus chère :
- Ouvre la bouche.
Elle fronce un peu les sourcils, mais elle m'obéit quand même. J'y glisse deux doigts sur lesquels ses lèvres pulpeuses se referment.
J'pense à rien, j'ai juste envie de lui donner d'un peu de moi. J'brûle de chaleur, j'respire à peine en sentant sa langue mouiller mes doigts.
L'instant qui suit, ma main s'extirpe, je pousse l'élastique de son shorty :
- Je peux ?
Encore une fois, elle acquiesce silencieuse. J'adore comment ses boucles bougent quand elle hoche la tête, j'adore comment elles lui donnent sa couronne. J'adore comment elle me regarde alors que ma main traverse sa petite culotte.
Un murmure m'échappe en même temps qu'elle plaque rapidement sa paume contre sa bouche pour retenir le soupir qui s'échappe d'elle quand mes doigts trouvent son intimité.
- Oh... chuchotais-je surpris. Mais c'est que tu avais vraiment envie de moi, love...
Elle est toute mouillée et mes doigts s'humidifient alors qu'elle se retient de murmurer un peu plus fort dans cette chambre. Mes mouvements sous sa culotte durcissent mon sexe.
Elle est en train de me tuer.
Une de ses mains attrape mon t-shirt alors que mon index roule autour de son clitoris. Plus vite je vais, plus vite elle se cambre vers moi. Ses sourcils tortillés et ses lèvres qu'elle mord pour ne jamais crier me font bander. Je pince mes lèvres comme si elle me branlait alors que c'est juste l'expression de son visage qui me rend fou.
Mon cœur cogne si fort que j'en reviens à peine.
Je la trouve tellement belle que je réfléchis à la façon dont je pourrais remercier Dieu d'avoir fait un visage aussi parfait. Je regarde ses lèvres, et ça me donne envie de lui en donner un peu plus.
Mes doigts glissent lentement vers l'entré de son vagin. Elle enroule ses bras autour de mon cou, ses seins gonflés pointent contre mon torse. Mon souffle meurt dans ses oreilles, putain à chaque fois que ses cuisses bougent un peu, ce satané lit grince.
Mais putain, je ne veux que ses murmures. J'enfonce mon index et mon majeur en elle. Elle a faillit gémir, elle le retient et mes lèvres se collent aux siennes mais finalement j'arrive à peine à l'embrasser, sa main glisse vers mon sexe : je meurs.
Sous le coton de mon pantalon, je donnerais ma vie pour me déshabiller maintenant. Je donnerais tout juste pour faire un. Mes doigts deviennent de plus en plus insistant en elle. La sensation confortable d'avoir son intimité se resserrer autour de mes doigts, son visage angélique, le bruit des gémissements qu'elle retient.
J'en rêvais depuis presque trois ans.
Le va et viens de mes doigts émet des sons humides. Je me perds dans cette bulle charnelle, parfois ses doigts descendent sur mon sexe, mais finalement, je la sens prendre du plaisir, et elle ferme les yeux. Ses lèvres se pincent, nos respirations erratiques se mélangent.
- T'es tellement belle...
Je courbe les doigts pour accentuer ses sensations mais tout d'un coup, l'expression de son visage change. J'ai l'impression qu'elle ne me voit pas vraiment. Je vois de la peur, un peu d'horreur, et certainement une vague de souvenir traverser ses iris effrayés.
Son visage me parait beaucoup moins serein. J'enlève mes doigts en fronçant les sourcils. Je crois que les préliminaires s'arrêtent ici.
- Ça va ? Qu'est-ce qui se passe ?
Elle se cache de ses paumes, et c'est moi qui suce mes doigts pour la gouter avant de m'essuyer sur mon pantalon. Je me sens torturé à l'idée que rien ne me déplait chez elle.
- Désolée... Ça m'a... Désolée... J'ai...
- T'excuse pas pour ça, articulais-je en lui enlevant ses mains de son visage.
J'essaye encore de respirer normalement, j'ai des spasmes dans mon ventre alors qu'elle ne m'a rien fait. Elle range des mèches de ses cheveux derrière son oreille. Son regard soucieux cherche visiblement à savoir si elle m'a contrarié.
- J'suis désolée, répète-t-elle...
Je m'écrase un peu sur elle. Mes mains incitent ses cuisses à s'entourer autour de moi.
J'ai envie de lui dire que ce n'est rien. Mais, je me suis dit : est-ce qu'on doit vraiment faire de ses peurs un sujet politique qui l'a mettrais certainement plus mal-à-l'aise qu'autre chose ?
Certainement pas.
J'ai le cœur à me confier, et je préfère qu'on ne s'attarde même pas sur ses réticences, quand elle en aura envie, on parlera. Elle n'en a pas envie, on s'arrête là.
Mes lèvres se posent sur ses lèvres. Juste parce que ça me réconforte. Et ça semble lui faire du bien à elle aussi. Mes dents attrapent sa lèvre du bas que je mordille un peu. Un petit rire timide inonde la pièce d'une atmosphère paisible.
Je la libère et pendant un moment, je me perds sur son visage :
- Je crois, Mariposa... que tu es la première femme que j'ai embrassé.
Elle fronce les sourcils mais l'amusement sur son visage ravi le mien.
- J'ai bien dis : je crois, précisais-je amusé. Parce qu'il m'est arrivé d'être bourré et je ne sais pas le nombre de conneries que j'ai fait à cause de l'alcool. En tout cas, tu es la première dont je me souviens avoir eu envie de le faire.
- Tu es sûr de ça ?
Ses mains se posent sur mon visage.
- Disons que t'étais la première avec qui j'ai consenti à le faire.
- Donc, je ne suis pas la première.
- Ferme-là, ce n'est pas le sujet.
Elle éclate un peu de rire, mais on plaque nos mains sur sa bouche en même temps.
On se retourne pour vérifier la porte. Je me sens comme un grand gamin de 17 ans grand maximum, qui a peur que son grand-frère le prenne en flagrant délit avec une fille.
- Désolée, dit-elle dans un sourire quand nous enlevons nos mains.
Je me souviens que Mariposa passe son temps à s'excuser.
Finalement, je ne crois pas que la Mariposa que je connais à disparu, mais il y a d'autres versions d'elle qui ont été créer pendant ces deux années sans elle...
J'inspire profondément. Mes paumes glissent sous son dos.
- Quel est le prix à payer pour que je puisse te racheter une vie sans péchés... Mariposa, je paierais de mon âme si tu me donnais la réponse...
Elle semble très touchée, même bouleversée par mes paroles. Son visage s'approche un peu plus du mien. Je sens son souffle chaud s'étaler sur moi, elle aussi louche sur mes lèvres.
Je la veux tellement...
- Tu n'as pas le droit de payer de ton âme, elles ne nous appartiennent pas, elle répond doucement.
- Alors quelles prières seront les bonnes pour te donner la paix ?
- Je ne sais pas, Côme...
On aurait dit que ma question l'a attristé un peu.
- Est-ce que tu as peur ? j'interrogeais-je en même temps que ma main glisse doucement le long de son dos.
Je la vois hésiter avant de me répondre, mais elle hoche la tête, ses yeux emplis de vulnérabilité me transpercent le cœur parce que je sais que c'est moi qui ai causé ça.
- Je te fais la promesse de ne plus jamais te faire du mal. Je suis conscient de chaque acte pour lesquels je vais devoir me racheter une conscience... Et je suis prêt à payer.
Mes doigts dessinent des chemins invisibles sur son dos. Je vois son visage subir les frissons qui se propagent dans son corps.
- J'ai besoin que tu me dises ce que tu veux, Papillon.
Son cœur bat si fort que je peux le sentir vibrer sous mes doigts.
- Je ne sais pas Côme, j'en sais rien... On va forcément finir par se faire du mal. Tu le sais aussi bien que moi.
- Je ne veux plus en arriver à la.
- Moi non plus, mais on a tous les deux trop de trucs dans la tête pour que ce soit inévitable. Je veux pas me réveiller un jour et exploser sur toi, ou que tu t'énerves comme avant. Je ne veux pas vivre ça.
Le regret, l'amertume, la peur... tout se mélange dans sa voix.
Et la vérité c'est que j'ai peur moi aussi. Peur de lui faire du mal à nouveau. Peur de céder à mes démons intérieurs, ceux que j'essaye d'enchainer à vie. J'ai l'impression de marcher sur une ligne fine, entre le désir de rédemption et la honte de tout ce que j'ai fait dans mon passé.
Elle me fixe, ses yeux scrutent les miens comme si elle cherchait à percer mon âme à jour. Sans savoir que c'est grâce à la sienne que j'ai connu la lumière.
Un silence s'installe, tendu comme une corde prête à se rompre.
Je me sens presque désespérer.
La seule image qu'elle a de moi, c'est ce mec violent qui voulait à tout prix la tuer pour ce que Mabel avait fait.
À sa place, est-ce que je me serais fait confiance ?
Probablement pas... Pas aussi facilement.
Mais j'essayais vraiment de me contrôler.
De réparer ce qui avait cassé ma conscience.
Ma haine maladive avait tué ma petite sœur. Et je ne voulais plus jamais revivre ce que voir sa gorge tranchée m'avait fait.
- OK, prononçais-je doucement.
Son regard s'inquiète soudainement, elle a un léger mouvement de recul. Son air est blafard, comme si son âme venait de quitter son corps.
Elle me scrute attentivement en tortillant ses sourcils, je ressens la douleur qu'un simple "OK" provoque en elle, alors je lui dis :
- Je t'ai promis devant Dieu que s'il fallait que je te coure après pour avoir ton pardon, je courrais Mariposa. Et si tu ne veux pas que je coure, je marcherais à tes côtés. Si tu ne veux pas que je marche, je ramperais derrière toi jusqu'à te rattraper. Mais je veux que tu saches que je ne t'abandonne plus. Et si ce regard que tu viens de me donner est bien sincère, alors on en vaut la peine. Prends le temps qu'il te faut, observe-moi si tu en as besoin pour te rassurer, mais je te promet que si tu me fais confiance, je vais te la donner ta place, et ta paix dans ce monde.
L'espace d'un instant, elle semble sur le point de pleurer, ses yeux remplis d'une forte émotion que je ne définis pas encore correctement. Mais je crois que c'est assez positif.
- En fait, poursuivais-je, même si tu ne me fait pas confiance. Je créerais quand même un monde pour que tu t'y sentes bien.
L'ambiance devient plus lourde, électrique, entre nous.
Un frisson traverse mon échine, un frisson qui n'a rien à voir avec la fraîcheur de l'air.
Le genre qui contracte les muscles de mes jambes, de mon ventre.
Mariposa réchauffe mon entrejambe, et j'ai l'impression de voir ses joues rougir encore plus.
- Et si je n'ai pas de place dans ce monde, Côme ?
- Dans notre monde, Papillon, tu sais que tu as le droit de t'envoler en paix. Ta place est ici.
Je tapote mon cœur et je sens une de ses larmes tomber le long de sa joue. Une émotion toute particulière gonfle ma poitrine.
C'est un truc nouveau que je ressens pour la première fois.
Ça écrase mon cœur et ça le rend neuf juste après. L'émotion me donne l'impression de comprendre ce qu'être vivant signifie. Je la fixe choqué par mon ressenti et ça me fait presque froncer les sourcils.
Ce truc là risquait de m'envoyer soit en enfer, soit au Paradis.
Ma paume se faufile jusqu'à sa joue, je n'ai pas envie qu'elle pleure.
- Et si on descend encore jusqu'en enfer ? Murmure d'une voix à peine audible.
Je souris doucement, en glissant une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
- Alors on remontera ensemble, c'est ce que je t'ai promis, non ?
Elle hoche la tête, ses bras s'enroulent autour de mon cou avec une force surprenante.
- Zostane, Mariposa. (Je vais rester, Mariposa) Tu le sais ça...
Elle se blottit contre moi, son souffle chaud contre ma peau alors que nos corps se mêlent sous la couverture. Je sens ses doigts me caresser les cheveux.
La sensation est lunaire et me donne immédiatement envie de dormir.
Mes paupières deviennent tellement lourdes, ma tête s'installe sur sa poitrine.
Mais soudainement, ma mère apparaît au fond de cette chambre.
À cause du traitement que je prends depuis quelques mois, je ne l'avais pas revu depuis un moment. Mais cette fois-ci, il y a quelque chose de différent, quelque chose de pur chez elle.
Ma mère me sourit.
Son sourire est lumineux, apaisant. Comme avant...
Il n'y a pas de flammes autour d'elle, pas d'odeur de brûlé.
Juste maman.
Maman... ?
Mais avant que je puisse voir sa réaction, les caresses de Mariposa accentuent le poids de mes paupières et m'emportent dans un sommeil lourd.
Au moins pour une nuit, je peux trouver un peu de paix dans les bras de Papillon.
𓆃
J'ouvre les yeux pour découvrir le plafond au-dessus de moi.
Il est encore tôt, le chant des oiseaux filtre à travers la fenêtre ouverte.
Je me rends compte que la place à côté de moi dans le lit est vide. Ma main tâte les draps mais ils sont froids alors je tourne la tête.
Je suis seul. Et l'absence de Mariposa me fait déjà chier.
C'est un truc que j'enregistre : si je dors avec elle, pas de réveil sans elle.
Néanmoins, il y a une certaine tranquillité qui enveloppe la pièce. Et puis je sens que l'air est débarrassé de la présence oppressante de ma mère.
C'est bizarre mais je sens pas sa présence autour de moi. Comme si hier soir, était la dernière fois que j'allais la revoir.
Un mélange de soulagement et de vide s'installe en moi. Je ne suis pas très sûr de ce que je suis censé ressentir sur le coup.
Je n'aurais jamais pensé qu'un jour je me poserais cette question.
Je me lève doucement, les draps glissent de mon corps avec une nonchalance matinale.
Mes mains frottent mon visage pendant que je jette un dernier regard autour de la chambre.
Ouais... maman n'est plus là et une vague sensation d'étrangeté m'envahit.
Le silence est presque trop bruyant, trop paisible.
Plus de flammes...
Je secoue la tête en soupirant.
Un pied après l'autre, je quitte cette chambre pour voir où est Papillon.
Je prends d'abord une douche chaude et m'habille simplement. Un pantalon et un polo beiges.
Le reflet dans le miroir me donne vraiment l'impression que quelque chose a changé sur ma gueule.
Ou peut-être que c'est ma nuit paisible qui me renvoie cette image reposée.
Je descends l'escalier en silence, le bois craque doucement sous mon poids. Je vois Robin dans la cuisine, son fils blotti dans ses bras, il somnole paisiblement. Il me fait penser à Dove et Arielle, sa fille.
Le parfum du café fraîchement préparé se répand dans l'air. Je le rejoins.
Robin se bagarre pour tartiner de beurre, un bout de pain d'une seule main, tout en berçant son fils.
Il me jette un regard amusé à la seconde où j'entre dans la cuisine, son sourire en coin annonce déjà le ton de la journée :
- Toujours obligé d'être le fashion du coin toi, commente-t-il, son ton est plein de moquerie légère.
Je fais semblant d'ignorer sa remarque et demande plutôt :
- Elle est où, Mariposa ?
Robin hoche la tête en direction de l'extérieur.
- J'sais pas ce qu'ils foutent avec Sashæ, c'est le deuxième chocolat chaud qu'ils boivent sur le perron.
Son regard suit le mien quand je me tourne pour regarder à travers la fenêtre de la cuisine.
Mariposa et Sashæ sont assis dehors, enroulés dans d'épaisses écharpes, des tasses de chocolat chaud réchauffent leurs mains.
- Alors, comment tu vas toi ?
Je me dirige vers la machine à café pour me préparer un expresso :
- Et toi ? répondis-je.
- J'attends avec impatience le jour où tu vas arrêter de faire ça, on sera-
- Oui, ça va et toi ? le coupais-je avant que sa voix me donne la migraine dès le matin.
Il ricane doucement avant de me répondre :
- Ça va, petit frère.
Je lève un sourcil une seconde puis mes yeux se rivent sur le petit blotti dans les bras de Robin.
- Tu veux le prendre ?
Je regarde mon frère et son offre me prend par surprise.
Sur le coup, je n'en sais rien, alors pour dévier la conversation, je lui demande :
- Il a deux ans maintenant, non ?
Robin confirme en me disant :
- Il les a eus en septembre. T'as intérêt à lui faire un cadeau, sinon je te raye de la liste des oncles.
Sa remarque me fait sourire je l'avoue, je riposte :
- T'as pas l'air con avec ton gros pyjama de daron.
Le rire de Robin résonne dans la cuisine.
- Fais le malin le fashion, quand t'auras les tiens, je t'attends au tournant pour rester tendance, dupek.
Je secoue la tête en riant, prenant le café fraîchement préparé.
Le goût fort et amer me réveil d'un coup.
Je le sirote lentement, puis je regarde à travers la fenêtre pour la voir.
En regardant un peu le tableau... Pas loin de moi se tient mon frère qui mâche ses tartines beurrées maladroitement faites, son fils endormi dans ses bras. Mariposa est dehors avec la seule personne sur terre que j'appellerais mon ami.
Et pour une fois, ce tableau me semble pas si mal que ça...
- Et alors avec Sage ? Comment ça s'est passé ? me demande-t-il ce qui me coupe dans mes observations.
Je soupire, en me frottant la nuque.
- Sage m'a avoué qu'il m'en voulait parce que je n'ai jamais été là pour lui.
Robin hoche la tête, il semble comprendre.
- Sage en veut à tout le monde, sauf à Alexander. C'était le seul qui était là. Et en vrai, il a raison. Ce petit a grandi un peu tout seul en fin de compte...
Il marque une pause, mordant dans sa tartine avant de reprendre :
- Mais toi ton erreur, c'était ta colère. Tu t'es défoulé sur lui...
Je hoche la tête en silence.
- Je sais.
Robin me regarde, il incline la tête d'un air surpris.
- Comment ça tu sais, t'as grandi ou quoi ? Comment ça t'as plus 14 ans ?
Un bruit de bouche agacé s'échappe de mes lèvres, Robin se met à rire :
- Ah parce qu'en plus tu me tchip maintenant ? Putain, on a pas le même âge, n'oublie jamais, petit insolent !
Son rire est contagieux, je ne sais même pas pourquoi j'essaye de me retenir en secouant la tête.
Je retourne de nouveau vers la fenêtre, mes yeux cherchent encore Mariposa.
Elle discute toujours avec Sashæ, de quoi je ne sais pas. Mais Sashæ m'a l'air à l'aise même si j'ai bien l'impression qu'il à la tête de quelqu'un qui a passé sa nuit dehors.
J'arrive à peine à détourner le regard. La sensation douce qui s'installe en moi me fait trop de bien.
Je finis par me tourner vers Robin. Je prends une profonde inspiration, pour me préparer à prononcer les mots qui ont tourné dans ma tête pendant trop longtemps.
- Je vais devoir le faire, Robin.
Il fronce les sourcils et plisse des yeux :
- Mon père, je ne peux pas le laisser en vie.
Il écarquille les yeux avant de vérifier que Farrell dort toujours.
- De quoi tu me parles, putain, Côme ?
La confusion dans sa voix est évidente. Je soupire en passant une main sur mon visage.
- Je dois le faire pour Sage. Ce mec mérite de mourir depuis longtemps. C'est à cause de lui que la copine de Sashæ est morte, il nous a traqués avec des chiens sur une rivière dans laquelle j'ai failli me noyer. Pour tout ce qu'il nous a fait subir... pour Ania... il doit partir maintenant.
Robin me fixe, son regard devenant de plus en plus inquiet.
- Tu pourrais l'envoyer en prison, Côme, murmure-t-il. Tu risques de le regretter toute ta vie. Je sais que ton père est une enflure mais est-ce que tu vas réussir à dormir la nuit ?
Je secoue la tête, un sourire amer étire mes lèvres.
- Je l'aurais fait, mais un milliardaire ne passera jamais par la case prison, Robin. J'ai pas envie de le voir ressurgir un de ces quatre et que ça se joue entre lui et moi. Sage n'a pas réfuté.
- Et Dove ? Putain, qu'est-ce que vous me faites là.
- Dove s'en remettra, c'est pas comme si papa ne l'avait pas rejeté toute sa vie à cause de sa maladie.
Robin reste bouche bée, clairement pas à l'aise avec l'idée. Il passe une main dans ses cheveux, visiblement préoccupé.
- Tu prends ton traitement, Côme ? Tu continues à prendre tes médicaments ? Et le psy que je t'avais conseillé, tu y es allé ?
Je hoche la tête.
Je marque une pause avant d'ajouter.
- Ne t'inquiète pas pour moi, Robin. Je sais ce que je fais.
Il ne semble pas tout à fait convaincu, mais je sais qu'il me fait confiance.
Et pour l'instant, c'est tout ce dont j'ai besoin. Et puis personne n'avait une bonne relation avec Aaron King de toute façon. Il ne manquerait à personne, pas même Nathalie...
Robin se met à me scruter du regard, comme s'il essayait de lire en moi.
- Comment ça s'est passé ? Avec la psy ? me demande-t-il, une pointe d'inquiétude perceptible dans sa voix.
Je hausse les épaules, mon regard rivé sur la silhouette de Mariposa à travers la fenêtre.
- J'sais pas trop. Bien, je suppose.
- Tu lui as dit quoi ?
- Tu veux savoir quoi exactement, répliquais-je en le fixant.
- Bah, ce que t'as dit à ta psy ?
- Rien de spécial.
- C'est la petite curly hair dehors ta psy, hein ? me lance Robin en un rire retenu. Petit con.
Je retiens à mon tour un sourire, et je bois une autre gorgée de mon café qui commence à refroidir pour dissimuler mon amusement.
- Bref, rétorquais-je en essayant de garder un ton sérieux.
- Allez, confie-toi un peu. Ne me refais pas le coup de la dernière fois, parle tranquillement.
- Et tu veux que je te dise quoi, avec ton gros pyjama à carreaux ?
Il rit à nouveau, en articulant un "je vais l'enculer ce type."
- Tu ne vas pas me bully pour un pyjama, Côme. Rappelle-toi de ce que je t'ai dit sur le fait de céder à l'amour.
- Wow, wow, wow, doucement, il est que huit heures du matin là. Qu'est-ce que tu veux que je te dise, gros bouffon ?
- Putain, tu fais trop semblant. J'sais pas moi, peut-être que tu pourrais m'expliquer si tu transpires dans son lit, imbécile va.
J'hausse les sourcils une seconde avant de m'occuper de la vue de la fenêtre.
- Ouais, en fait ne dis rien, tu m'as fait chier dès le matin à jouer les hommes mystérieux, maronne-t-il en mangeant sa tartine.
- Voilà, je ne vais rien dire, alors ne me casses pas les couilles de bon matin. T'es pas ma confidente il me semble bien ?
Robin se met à rire :
- Bref, en tout cas, tout ce que j'ai à dire c'est que quand tu vas dans sa chambre, le lit il grince. Donc non seulement, ne me réveille plus jamais. Et en plus, j'espère pour toi que tu ne vas pas faire des folies dans la vanity de ma femme, parce que sinon, tu dormiras vraiment dans l'arbre du jardin, sale con.
Je lui adresse un regard agacé, avant de lancer :
- Ferme un peu ta gueule, dupek.
Le ton de ma voix le fait éclater de rire.
Je plisse des yeux mais je ne peux pas retenir mon sourire cette fois-ci.
Le rire de Robin provoque un léger mouvement chez Farrell. Ses petits yeux s'entrouvrent lentement.
- Hey, mon fils, tu te réveilles ?
La voix de Robin devient aussi douce que possible, il dépose sa tartine sur le plan de travail et embrasse son enfant à plusieurs reprises. Je ne peux pas m'empêcher d'être spectateur de cette scène :
- Je t'ai réveillé, mon bébé ?
Farrell cligne des yeux quelques fois, comme s'il essayait de comprendre ce qui se passait autour de lui.
Son regard se pose sur moi, il émet un petit bruit, avant d'enfouir sa tête dans le cou de son père en refermant les yeux.
La scène m'arrache un sourire discret.
Je tourne la tête.
Mes yeux sont encore attirés par Mariposa à travers la fenêtre.
Elle sourit, ça fait sourire Sashæ.
J'ai l'impression que ça éclaire son visage.
Elle est vraiment belle.
Je veux que mes enfants prennent ça d'elle.
L'idée qu'ils héritent de ce sourire qui éclaire le monde. Mon monde en tout cas, alimente une chaleur dévastatrice dans ma poitrine.
Je veux que leurs cheveux s'enroulent en boucles douces et délicates, blondes ou châtains comme ceux de leur mère. Peu importe... Du moment qu'ils sont comme les siens.
Je veux qu'ils arborent les mêmes fossettes profondes lorsqu'ils riront et qu'ils aient ses taches de rousseur qui parsèment sa peau comme une constellation.
Une chaleur me prend dans le ventre. J'essaye de garder une certaine constance dans cette cuisine, mais je sens que mon corps me fait comprendre que je ferais mieux de penser à autre chose qu'elle, sous moi, ne faisant qu'un dans des draps.
Mais, c'est dur et pendant un moment... Pour la première fois de ma vie, je rêve de tenir un enfant dans mes bras.
Un enfant qui serait le mélange d'elle et moi.
J'ai envie de regarder un petit être et de nous y voir.
Voir ce qu'un papillon créerait de beau dans notre cosmos à nous.
Putain...
Je suis dans la merde.
Plus les heures passent et plus elle hante chaque parcelle de mon cerveau.
La vitesse avec laquelle mon cœur accélère et ma tête me fait halluciner. Je me fait un tas de films sur le bord d'une plage, ou elle pourrait vivre une vie aussi ennuyeuse qu'elle voudra.
Mes joues se réchauffent et je ressens presque une pointe de jalousie en voyant la proximité qu'elle partage avec Sashæ.
Je sais que c'est ridicule, pourtant, je ne peux m'empêcher de ressentir ça, putain.
- Robin, l'appelais-je sans détourner le regard de Mariposa.
- Hm ?
- Si jamais il m'arrive quelque chose, je veux que tu prennes soin d'elle. Comme si c'était ton sang.
Un moment de silence me fait détourner le regard vers lui.
Robin me fixe un instant. Son petit sourire sceptique en coin me fait supplier le Très-Haut qu'il ferma sa grande bouche. Et il finit par hocher la tête.
- Arrête de dire des conneries, me dit-il avec un sourire pas très rassuré.
- Je suis sérieux. Il ne faut jamais que tu la laisses seule. Si elle fait des crises d'angoisse il faut que tu tapote ses tempes et son buste. Tu devras peut-être lui dire de manger, parce que parfois elle se prive. Tu comprends ?
Le regard de Robin devient un peu plus sérieux. Il acquiesce :
- Je le sais déjà, Côme. C'est déjà le cas. Mais, dis pas des trucs comme ça. Tu prendras soin d'elle toi-même, j'en suis sûr...
Ça, je n'en savais rien.
Et putain... En tournant la tête vers la fenêtre, vers elle.
Je savais que j'allais devoir ramper...
Ramper pour qu'un jour peut-être, elle abandonne son nom et nos sangs ne fassent qu'un.
𓆃
Re ⭐️ !
ALORS, 😋 ? Ça-va psychologiquement ?
Non, pas de -18 concret, laissez-les un peu se découvrir mes bébés !
📜 C'est l'heure du Tea time : ☕️🫖🧋: Dites moi tout ce que vous en avez pensé de ce chapitre ?
Et j'ai vu certaines me dire : on veut de l'action, mais quelle action bon sang de bonsoir la ? Ça fait 20 chapitres y'a que ça 😤 ! Après quand je mets trop d'action me dit ils se reposent jamais ! Stope à la violence maintenant ! ✋🏾
MDR, bon bref, mes côtelettes, j'espère vous avez kiffer, moi en tout cas, ce genre de chapitre la, à base de papouille, de mains dans les cheveux, de bisous volés c'est mes BEST moments d'écriture 🤣 donc enjoyyy la fami !
Aller, on se retrouve très vite in sha'Allah ! Love you ! ❤️
Je retourne sur animal crossing 🤭 !
Bisous bye ! 📸
@𝐚𝐳𝐫𝐚.𝐫𝐞𝐞𝐝 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦
xoxo, Azra.
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