CHAPITRE 2: Jeu d'âmes.

Hey, ça-va ? 🍓

Bonne lecture, xoxo.





CÔME.








En posant les mains sur le vasque, des frissons ont longé le long de mes bras.

Robin a toujours préféré les lieux tranquilles. Petit, je savais que si je ne le trouvais pas à la maison, c'est qu'il était très certainement au terrain de basket, ou au bord du lac pas loin de notre maison.

À la lisière de la capitale à Richmond, à une quinzaine de minutes en voiture, le paysage pittoresque offrait un bois immense sur des kilomètres. Je savais qu'il se sentait à l'aise ici. Entouré de gentils petits voisins qui tondaient leur pelouse le dimanche, organisaient des barbecues quand il faisait un peu plus chaud, comme aujourd'hui.

La banlieue chic.

Tranquille.

Robin aimait la vie.

Mais tous les King étaient déjà morts.

J'ai passé mes paumes sous le jet d'eau qui s'écoulait du robinet. Rien n'effaçait les traits tirés de mon visage. J'essayais d'ignorer cette présence autour de moi et ce souvenir qui me culpabilisais comme jamais je ne l'avais ressenti auparavant.

Je voulais juste avoir le luxe de retrouver le sommeil pour une seule et misérable nuit. J'enviais ceux qui n'avaient qu'à fermer les yeux pour rêver.

Les miens voyaient ces flammes et les yeux de ma mère à chaque fois. Elle ne me quittait plus. Je m'étais habitué à sa présence. C'était à m'en demander si je n'avais pas développé des tendances schizophrènes. Pire encore, ces derniers temps songeais même à enfin consulter un putain hypnothérapeute si ça pouvait m'enlever ces foutue images...

J'ai passé une serviette sur mon visage mouillé. J'avais réussi à raser ma barbe aujourd'hui, après avoir passé six mois croupis tous les jours que Dieu a faits sur le canapé de mon frère et sa fiancée. Je ne saurais l'expliquer, mais revoir Sashæ m'avait éveillé. Il avait été le déclic.

Maintenant j'avais un but, endeuiller d'autres personnes pour oublier mes tourments.

La vengeance, la vengeance, la vengeance.

Je ne me motivais plus que par ça.

Et comme mon géniteur me l'a dit, cela ne m'apportait aucun succès.

Mais je ne pouvais m'empêcher de voir la vengeance comme mon seul et unique moteur pour vivre.

J'ai revêtu un pantalon et une chemise tout deux noirs. La chaleur du mois de juillet m'a rappelé qu'en mars j'avais fêté mes 26 ans, si alcoolisé que je ne me souvenais pas de ce que j'avais fait ce jour-là.

Je sors de la salle-de-bain, et tombe sur Robin qui sortait de sa chambre, un léger sourire morose étire le coin de sa bouche.

Je ne parviens pas à lui rendre.

— Tu as rasé la...

Il a mimé ma barbe d'un geste de la main en me souriant. Sa main referme la porte de la chambre doucement. Amber dort de plus en plus en ce moment, à presque sept mois de grossesse, j'ai pu remarquer qu'elle tenait à peine debout.

J'ai compris qu'elle était tombée enceinte juste avant que nous nous envolions pour l'Italie.

— Ouais, murmurais-je en dirigeant mes pas vers l'escalier.

— Tu comptes te rendre quelque part ?

La façon dont il m'avait posé la question me montrait qu'il n'avait pas spécialement envie que je parte mais qu'il semblait à la fois surpris que je puisse avoir un plan sans être complètement ivre. Il baisse les yeux sur sa montre et je n'ai pas spécialement envie de lui répondre non plus alors j'hoche simplement la tête.

— Sashæ est passé hier soir. Il te cherchait.

— Je sais.

— Ah, donc vous vous êtes trouvé alors ?

— Hn, hn.

Je décide de descendre les escaliers. Pas si rapidement que je ne l'aurais cru. La maison respirait les bons souvenirs. Les humeurs gaies et chaudes d'été. C'était un cottage en bois, ambiance campagnarde je dirais même. J'aurais pu la qualifier de simple, mais c'était plus que ça. Tout ici reflétait l'image d'un foyer chaleureux prêt à accueillir un enfant grandement désiré.

Robin savait créer ce sentiment de familiarité.

J'ai pris une capsule pour le café dans la cuisine. J'en voulais un bien noir pour annihiler les restes de l'alcool que j'avais ingurgité hier. Robin m'a suivi jusqu'à poser son épaule sur l'embrasure de la porte.

— Tu as l'air...

Il a cherché ses mots.

— Réveillé.

J'ai un peu froncé les sourcils:

— Ça fait plaisir de te voir comme ça.

Dehors c'était le calme de la nature et des voisins. La machine à café bourdonnait dans la cuisine.

Je n'ai rien réussi à répondre.

— Je voudrais te montrer quelque chose.

J'ai levé les yeux vers lui. C'est à ce moment que j'ai remarqué qu'il portait une chemise de bûcheron, un jean brut. J'avais l'impression que lui il avait pu tourner la page. Mais son visage avait l'air d'avoir pris un sérieux coup de vieux.

Il a glissé sa main dans la poche arrière de son jean et il en a sorti ce que je reconnaissais être des photos. L'odeur du café coulant dans ma tasse a imprégné mes narines. De même que les rayons de soleil qui transperçaient les grands carreaux des fenêtres de la cuisine. Toute cette ambiance tamisée me donnait la nausée.

Robin s'est approché de moi. J'ai pris ma tasse, et il m'a montré deux petites échographies.

Ma gorge s'est nouée instantanément.

— C'est... c'est un petit gars.

La photographie nuancée de gris et noir dessinait clairement un petit être vivant recroquevillé au chaud. J'ai éternisé mon regard sur les images. Un bébé, maintenant ? Ça me paraissait surréaliste ! Je n'ai pas ressenti de joie bien au contraire, je me suis senti tétanisé à l'idée de savoir que cette petite âme mettait déjà un pied dans le cauchemar de la famille King.

— Regarde, j'crois bien qu'il a ma face, Amber dit que non, mais c'est mon nez ça ?

J'ai regardé les clichés. Rien ne me rendait ma joie.

— Non ? T'en penses quoi-

Les yeux noirs de Robin se sont plantés dans les miens, d'abord brillants de fierté pour son enfant qui allait naître, mais lorsqu'il m'a vu, j'ai senti son regard se décomposer.

J'avais brisé ses beaux sentiments juste en quelques secondes.

Ses lèvres se sont pincées, il a baissé les yeux sur les photos de son enfant en secouant légèrement la tête, emplissant toute cette pièce d'une ambiance grise et amère.

À vrai dire je n'étais pas vraiment surpris.

J'avais un don pour enlever la joie des gens.

— Écoute Côme, on n'est pas obligé d'en parler, du bébé, le mariage, tout ça... Tu sais je te comprends. Mais tu as à peine dit quelques mots depuis décembre. Je m'inquiète pour toi. Sincèrement.

Je n'avais même pas eu encore la force de féliciter mon frère.

— Ça-va.

— Je t'en prie, ne te fous pas de ma gueule.

Alors que devais-je répondre exactement ?

Il était inutile pour moi de rappeler au monde que j'avais vu ma petite-sœur se faire trancher la gorge sous mes yeux. Que mon propre géniteur avait décidé que ces horreurs devaient être les miennes et qu'il fallait que j'assume son reniement. Et qu'elle avait totalement disparu sans laisser de traces. Peut-être qu'elle était morte elle aussi. Son absence m'inquiétait d'autant plus.

— Regarde tes yeux, Côme.

J'ai ressenti au son de sa voix que me regarder lui faisait du mal.

— Je sais que tu es en train de te faire mourir !

Mon souffle s'est coupé. J'ai senti mes doigts se resserrer autour de cette tasse brûlante.

— Je ne te demande rien Côme. Tu peux rester ici aussi longtemps que tu en auras besoin. Mais tiens pour nous... Peut-être que tu m'en veux, parce que tu m'entends rire le soir avec Amber. Tu dois penser que j'ai oublié ma petite-sœur, mais ce n'est pas le cas... je n'en sais rien de ce que tu te dis... je me demande pourquoi tu ne te confie pas au moins à moi.

Il a laissé une larme de douleur lui échapper, mais il l'a très vite essuyé. C'était trop pour moi. J'ai avalé mon café rapidement, c'était brulant et tant mieux. Sous mes palpitations cardiaques. Il fallait que je sorte de cette maison.

Je n'avais rien à dire.

J'ai posé la tasse dans l'évier.

Je ne voulais surtout pas avoir cette conversation.

— Félicitation, Robin.

Rapidement je suis sorti de la maison de mon frère, je l'ai entendu m'appeler mais je ne me suis surtout pas retourné. Sashæ attendait dehors dans sa voiture, et c'était encore mieux comme ça. J'ai ouvert la portière et je me suis installé. Sashæ m'a regardé, intrigué:

— Ça ne va pas ?

— Démarre vite, Sashæ.

Il n'a pas fait de commentaire. Et j'espérais ne rien entendre de ses foutues histoires insolites durant tout le trajet ! On avait une longue route jusque Charleston. Il y avait James là-bas. C'était le policier qui travaillait pour moi à Chicago depuis aussi longtemps que je me souvienne avoir repris les rênes de cartel de mon père. Je savais qu'il donnait maintenant des tuyaux à Sage, mais il me restait fidèle tant que je le payais et je m'en contentais largement.

Mon crâne contre l'appuie-tête, je ferme les yeux en m'efforçant d'ignorer chaque mot de Robin.


𓆃


Une heure plus-tard nous arrivions enfin sur le port de Mount Pleasant. J'entendais les prémices des vagues de l'océan atlantique se fondre aux parois du port. Mon dos appuyé contre la carrosserie de la Chevrolet noire de Sashæ, le goût de la nicotine sur mes lèves se mélange à l'odeur des poissons. Pas très agréable. Les bateaux de pêche et leur pêcheur sur la Creek de Shem s'entassent par centaines. Mais l'air est frais contre ma peau, ça me fait planer. Pendant un instant, en fixant le coucher de soleil colorer les vagues d'orange, mes idées me paraissent un peu plus claires.

Retrouver ces motards, et mettre à fin à leur activité pour de bon.

La retrouver elle. Peu importe l'état dans lequel elle serait.

Même si c'était des cendres ou des os que je devais tenir entre mes doigts.

Je la voudrais quand même.

Même comme ça.

— Ah, il est là.

Je tourne la tête. Sashæ s'est décollé de la voiture, il se tient droit debout devant moi en fixant James qui marche dans notre direction. Mon flic ripou qui me donnerait la lune pour quelques dollars en plus sur son salaire.

James a toujours un sweat à capuche fermement enfoncée sur sa tête. Il craint qu'on le reconnaisse avec un mafieux. À sa place j'en aurais fait tout autant, il risque la perpétuité, et Dieu seul sait ce qu'on lui ferait derrière les barreaux d'une prison pour avoir été un indic'.

Il arrive à notre niveau, son regard est creusé des cernes noirs du de la fatigue (ou sa consommation de drogue) il zieute un peu le paysage pour prendre conscience de ce qui l'entoure. Les passants sont des familles, ou des marchands qui ne nous accordent pas la moindre attention. Il s'éclaircit la voix avant de plonger ses yeux noirs dans les miens.

— Salut.

— Qu'est-ce que tu as pour moi, James, demandais-je d'emblée.

— Pas grand-chose, souffle-t-il, la vérité c'est qu'il y a un trop grand nombre de groupe de motards criminalisés dans l'est des États-Unis, Côme. J'ai une petite liste, des membres qui ont eu un problème avec la justice ces deux dernières années.

Il sort de la poche de son sweatshirt un petit document enroulé et me le tend.

J'analyse rapidement la quinzaine de noms affichés, en feuilletant ses documents je constate qu'il m'a fait un résumé pour chaque famille.

— Ils ont tranché la gorge de ma petite-sœur, James.

— Je le sais bien, rétorque-t-il un peu gêné.

— Et c'est tout ce que tu as pour moi ? L'autopsie du salopard que j'ai tué, tu n'as rien pu en tirer ?

— Ce n'est pas que je n'ai rien pu en tirer, c'est surtout que j'ai découvert qu'il n'y a jamais eu d'autopsie.

Je fronce les sourcils. James continue:

— On n'a rien sur ces types. Celui à qui tu as arraché la gorge a été enterré, l'affaire est pratiquement passée sous silence, d'autant plus que ça ne s'est pas passé à Chicago mais dans l'état de l'Indiana. C'est passé au journal local du matin, et plus personne n'en a reparlé.

— Donc tu ne peux toujours pas identifier à quelle famille de motards ils appartiennent, demande Sashæ.

— C'est ça.

Je me sens inspiré profondément. J'ai d'ores et déjà envie de froisser les documents dans ma main.

— À mon sens, tu devrais te pencher sur la question de pourquoi ces motards en on après toi, ta famille ?

— Je n'ai pas de réponse à ça, James, si je les avais je ne te demanderais pas des comptes.

— Il y a toujours une réponse. Ces gens-là savent toujours où tu es, ce que tu fais. La rancune qu'ils ont contre toi est personnelle à toi de savoir pourquoi ?

— James à raison pour le coup, intervient Sashæ, le problème c'est que l'on n'a aucune information sur qui ils sont exactement. Ils pourraient être n'importe quel gang de motards avec un minimum de moyens, ça n'expliquerait toujours pas ils voudraient détruire l'empire des King.

Détruire l'empire des King.

Rancune personnelle.

Ces mots font échos en moi. Ces gens savent qui est Mabel, ils connaissent mon histoire, ils m'avaient dit qu'ils étaient envoyés par les Ruiz, pour cette sale histoire avec Féliz. Mais aujourd'hui ça sonne faux. Comme si ces hispaniques étaient un prétexte pour toutes les merdes qui me sont tombées dessus.

Détruire l'empire des King.

Rancune personnelle.

Pendant ce moment de réflexion, je me suis demandé si cette histoire avec Alejandro n'était pas un coup monté. Et le pire c'est que non seulement cette histoire me fait doucement vrillé, mais j'avais l'impression que la réponse était là, peut-être même écrite sur cette feuille que James m'a donnée.

Je passe en revue les noms, tous aussi ridicule les uns que les autres.

Le bruit des vagues griffant la berge s'immergeait dans ma tête. J'inspirais une nouvelle bouffée de cigarette après les avoir lu et mémoriser minutieusement.

Je n'allais pas aller très loin avec une liste de quinze familles qui pourrait potentiellement avoir une rancune contre la mienne. Je n'allais pas m'amuser à provoquer des familles anciennes qui détestaient probablement toutes la mafia, et encore plus mon père.

Toutes les familles américaines avaient une rancune contre la mienne.

Les King ont fait du mal à peu près tout le monde.

Mais ils avaient raison, il fallait bien que je me penche sur la question des motards. J'ai plié cette feuille en la rangeant dans ma poche arrière avant de porter à mes lèvres ma cigarette presque entamée.

Pendant un moment personne n'a parlé. James a fourré ses mains dans ses poches en regardant le rivage, j'en ai fait de même.

Et plus je fixais l'horizon, plus je n'avais qu'une seule pensée en tête.


Mariposa.


— Et elle, demandais-je en écrasant ma cigarette.

James me regarde sans vraiment comprendre.

— Díaz, tu as des informations sur elle ?

Je vois dans les yeux du policier que ce que je lui dis ne semble absolument rien lui dire de concret. Ça m'a fortement agacé:

— Il y a un peu moins d'un an, je t'avais parlé de Mariposa Díaz. Son père a été assassiné d'une balle dans la tête. C'était la première suspecte. Elle a disparu depuis sept mois. 

James hoche vivement la tête accompagnée d'un son de gorge. Il se souvient enfin.

— As-tu d'autres informations ou pas, le pressais-je.

— Sur elle, ou sur l'enquête ?

J'avais presque envie de lever les yeux au ciel à ce stade, je le trouvais particulièrement lent aujourd'hui et son manque de réactivité était en train de me faire perdre patience.

— Les deux, prononçais-je sèchement.

— Aux dernières nouvelles, je peux te dire que l'enquête est toujours ouverte. Il y a toujours un avis de recherche sur elle, mais il y a de moins en moins d'équipes sur le coup, je crois même qu'il reste plus que l'agent Benett qui s'amuse à la chercher, mais étant donné que la principale suspecte a disparu, on ne peut pas faire grand-chose.

— Je veux que tu classes l'affaire.

— Ça va être compliqué... Côme, on ne classe pas une affaire comme ça.

— Non, ça ne l'est pas et tu le sais, on en a classé des centaines toi et moi. Faute de preuves, et la suspecte est introuvable, tu joues sur ces axes auprès des magistrats, et tu demandes à ce qu'elle soit classée. Tu gardes un œil sur les allées et venues sur le territoire, si son nom réapparaît dans une de tes bases de donnés, je veux que tu me préviennes qu'elle est aux États-Unis, tu l'arrêtes et tu la mets en lieu sûr jusqu'à ce que j'arrive. J'aurais une dette envers toi.

James hoche la tête, mais il finit par articuler:

— J'aurais besoin d'argent pour faire tout ça.

Je me doutais bien que je n'allais rien obtenir de lui sans grassement lui verser quelques pots-de-vin. Le problème c'est que de l'argent j'en avais plus des millions à jeter par les fenêtres.

— Je le sais. On s'est donné rendez-vous aussi pour ça. Tu m'as dit que tu avais un tuyau pour me remettre dans les affaires.

— Ouais...

Il me regarde perplexe:

— Écoute, j'ai un truc, mais le type, je ne pourrais pas te dire s'il est très 100% réglo.

— Personne n'est réglo dans ce milieu James, toi le premier.

Il a laissé un léger sourire étirer ses lèvres. Il savait que j'avais raison, et moins les types étaient réglo, mieux ça s'annonçait pour mes affaires.

— C'est sur ton marché. Le marché gris.

La contrebande, le vol d'œuvres et d'objets d'art.

Tout ce que je préférais.

— C'est un type, on l'appelle "Stonehead". Enfin, "Stone". Tu comprendras quand tu verras son visage.

— Stonehead tu dis, l'interpelle Sashæ curieux.

James hoche la tête.

— Qu'est-ce qu'il a sur le visage, demandais-je.

— Il est défiguré. Il y a mille histoires différentes sur ces cicatrices, certains disent même qu'il se serait battu avec un animal sauvage. Je ne pourrais pas te dire d'où ses marques viennent mais je sais qu'il a subit une dizaine d'opérations qui lui ont laissé le visage méconnaissable.

— Et qu'est-ce que "Stonehead" peut faire pour mon business.

— J'ai entendu dire qu'il cherche des partenaires en affaires. Il est encore tout nouveau sur ce marché, mais a déjà attiré l'attention de la police. Impossible d'évaluer le nombre, mais il semble déjà générer des millions de bénéfices en sévissant sur le vol et la revente d'œuvres d'art, revendu sur les marchés européens et le Moyen-Orient.

Ça, ça me parlait.

— Où je peux le trouver ?

— Je crois que je le sais...

Je tourne la tête vers Sashæ assez surpris. Lui qui s'était montré silencieux jusque maintenant. Ses traits sérieux me rappellaient Alexander. Il croise les bras sur son torse.

— Enfin, James, tu me diras si je me trompe mais...

— Explique-toi.

— Si on parle de la même personne, je crois que je l'ai déjà vu. Dans un night-club à Chicago.

— Donc il a un club, demandais-je.

— Ouais. Enfin, ce n'est pas vraiment le sien, mais maintenant je me souviens d'un type au visage balafré, il était traité comme un roi là-bas. Sur Evanston avenue. Au Souls Club.

— Et qu'est-ce que tu foutais là-bas ?

— Oh, Côme, rit-il, j'ai encore le droit d'avoir des secrets ?

Ma curiosité prenant le dessus j'ai senti mes paupières se plisser en le fixant:

— Bon OK, on dirait que le patron ne veut pas qu'on ai des secrets, plaisante-t-il, pour la petite histoire, je suis allé me faire tatouer.

Pendant une seconde je me suis retenu de dire quoi que ce soit. Il a écarté le pan de son t-shirt noir me révélant un morceau de la peau de son buste. Un petit dessin à l'encre noire. Un crâne couvert d'ailes entourées d'un cercle. Ma tête se secoue sans contrôle.

Il m'exaspérait.

— C'est la tatoueuse qui me l'a conseillé, il en jette n'est-ce pas ?

Je crois qu'une expression de dégoût s'est dessinée sur ma tête.

— C'était mon premier tatouage ! Il est pas mal ?

Il pouvait attendre mon approbation encore très longtemps.

— Bref, articulais-je en me tournant vers James, ce type pourra me faire entrer dans les affaires ?

— C'est certain.

— Bien.

J'ai fourré ma main dans ma poche, j'avais 500 dollars pour lui. Il ne les méritait pas, mais j'aurais sûrement besoin de lui à l'avenir. Il les a acceptés en me serrant la main comme un commun accord.

Sashæ et moi nous sommes installés dans le véhicule. Il a tout de suite allumé la radio, laissant place à une musique country. Ça me rappelait Alexander qui avait l'habitude d'écouter le même genre de musique.

— T'as vraiment pas l'air d'avoir kiffé mon tatouage.

J'ai failli ricaner. D'un geste de la tête je lui simplement demandé de démarré plus vite que ça.

— Non mais pour t'expliquer un peu l'histoire, je l'ai dessiné avec la fille. Elle avait les cheveux bleus et noirs, mais putain qu'elle était sexy. Je l'ai joué un peu mauvais garçon, tu vois le genre... un peu difficile à cerner.

— Plutôt difficile à s'en débarrasser, oui.

Il a ricané en bifurquant sur la route en pierre de pavé qui remuait nos corps dans la voiture.

— On ne se débarrasse pas d'un Peyton comme ça, King, et d'ailleurs je lui ai fait sa fête, non parce-que, pour te raconter un peu, elle-.

— Je m'en bats les couilles, conduis Sashæ, je te promets que je vais me contenter de ça.

Encore une fois son rire à retenti dans le véhicule. Il avait une façon de rire qui me donnait presque envie de le faire. Une chose est sûre, il me faisait déjà mal à la tête. Sa voix a murmuré les paroles de la musique qui passait, c'était une vieille musique d'Adèle.

J'ai sorti mon téléphone de ma poche. Je faisais ça depuis le jour où j'avais remis les pieds aux États-Unis. J'ouvrais Safari pour taper les lettres: "M a r i p o s a  A l b a n e  D í a z". J'espérais voir son nom passer n'importe où, un journal local, même un réseau social, quelque chose, peu importe... Mais toujours rien.

J'ai baissé le son de la radio, le coupant dans son élan artistique:

— On retourne à Chicago, je dois voir ce "Stonehead" ce soir.

Il a hoché la tête, avant de recommencer à chanter.


𓆃


Avant d'aller à Chicago, on s'était donné une heure pour rassembler nos affaires. J'étais donc retourné chez Robin en fin d'après-midi. La maison m'a paru étrangement calme. J'ai ressemblé quelques affaires dans un sac avant de descendre les escaliers, et c'est là que j'ai vu Amber dans la cuisine ouverte en train de boire un thé.

— Oh, tu... tu t'en vas alors ?

J'étais en train de longer la pièce à vivre pour atteindre la porte d'entrée. Je n'allais pas forcément engager une très longue discussion avec elle mais j'avais occupé son canapé sept longs mois et je pouvais comprendre qu'humainement parlant la moindre des choses était de répondre à la fiancée de mon frère.

— J'enverrais un message à Robin.

— Je n'en doute pas.

Elle a bu une gorgée de son thé, j'ai arqué un sourcil mais ça ne m'intéressait pas de répondre. Je ne savais pas quoi penser d'Amber, en fait je ne lui avais jamais vraiment parlé. Tout ce que je savais d'elle c'est que mon frère semblait profondément l'aimer.

Je suis resté planté debout là une seconde. Mais finalement j'allais de nouveau mener mes pas vers la porte puisqu'elle n'ouvrait pas la bouche.

— Attends !

Je me suis retenu d'expirer d'agacement. En ce moment je n'avais pas la tête à me montrer exécrable. Je n'avais pas envie d'entendre à quel point mon insolence pouvait irriter. Elle est sortie de la cuisine. Avant ça elle avait posé sa tasse sur le plan de travail. Ses paumes ont réchauffé son ventre gonflé. Ses yeux sont devenus vitreux. 

— Ça nous ferait énormément plaisir que tu viennes, pour le mariage...

Je ne m'attendais pas à ça. Et en vérité, je me méfiais d'elle. Je n'avais aucune bonne raison tangible, mais il faut croire que mes frères restaient avant tout mes frères et je n'avais pas pris le temps d'analyser son cas.

— Je t'en prie, viens. Pour Robin.

L'incompréhension est passé sur mon visage. Elle a essuyé des larmes sous ses yeux, elle semblait profondément triste et je préférais mettre ça sur les hormones. Je ne savais que répondre mais la porte d'entrée s'est ouverte. Robin est rentré et très vite son sourire a fané quand il nous a vu tous les deux. Il a froncé les sourcils en découvrant les larmes de sa fiancée.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

Par automatisme, je n'avais pas envie d'être au cœur d'un conflit familial alors j'ai avancé vers la porte. Robin a baissé les yeux sur le sac que j'avais dans la main.

— Tu t'en vas ?

— Ouais.

— Où ?

— Moins tu en sauras, mieux tu te porteras Robin.

Je l'ai entendu murmurer un "putain". Ça m'étonnait qu'il ne me fasse pas sa morale habituelle. Celle qui me donnait envie d'insulter sa maman Nathalie.

Comme quoi, la mort d'Ania nous avait tous bien changé.

Je suis sorti rapidement de cette maison, j'ai cherché le nom de Sashæ parmi mes contacts. Il a répondu à la première sonnerie.


𓆃


J'avais la tête du coupable avant même de m'être enfoncé dans le night-club. La musique assourdissante me faisait vibrer jusque dans mon ventre. L'ambiance n'était pas si délabrée que ça. Certains de mes clubs sentaient la cocaïne à l'entrée. Là, c'était une boîte plus prisée. Les leds rouges sur nos peaux me donnaient cette impression d'être au milieu de flammes.

Une serveuse passe tout sourire, avec des cocktails en forme de noix de coco dans les mains, Piña Colada.

Sashæ se prend une boisson, et me demande d'un regard si j'en veux une. Je refuse, il paye la serveuse, elle s'en va en nous souriant.

— Tu savais que plus de personnes meurent de noix de coco qui leur tombent sur la tête plutôt que d'attaques de requins !

Il me l'a hurlé dans les oreilles, je l'ai toisé en avançant dans le club, je voulais me diriger vers le bar afin d'avoir une meilleure vision d'ensemble du lieu et ce petit con me semblait plus que satisfait de son anecdote. Un fier sourire s'est affiché sur sa face avant qu'il coince la paille entre ses lèvres pour boire.

Mon coude s'est posé contre le comptoir du bar. Il y avait un jeune serveur en train de jongler avec les alcools pour en faire un cocktail. Je tapotais le bout de mes doigts contre la surface en verre noire.

L'ambiance me donnait déjà envie de me casser.

— Ça fait un bail que je n'étais pas revenu ici, me souffle Sashæ.

Je continue de zieuter le club. Mon cerveau reconnaît instinctivement les têtes dangereuses. Ceux qui ne sont pas là pour passer une bonne soirée entre amis. Je commence à me faire le schéma des potentiels trafics qui pourraient se tramer ici.

— Je me demande si la tatoueuse est toujours là.

J'ai lancé un coup d'œil à Sashæ qui continuait à siroter sa boisson à l'ananas.

— Elle était dans ces étages-là.

Il me pointe du doigt l'étage supérieur. Un couloir ouvert donne vu sur des salles entourant le club. Des stores baissés empêchent de voir ce qui se trame derrière les portes. Mes yeux s'attardent sur un des rideaux.

J'y vois une petite feinte, quelqu'un m'observe de loin, je tourne la tête vers le bar.

— Hé, toi.

Le jeune serveur de tout à l'heure se dépêche à mon niveau.

— Un Żubrówka.

Il a hoché la tête. Je jubilais limite à l'idée qu'un bar possède enfin le seul alcool potable que je buvais.

— Tu penses quoi du fait qu'on n'ait jamais vraiment vu notre visage.

Mon regard s'est blasé en une seule seconde. Il n'allait donc jamais s'arrêter de jeter des anecdotes à tout va.

— Non mais, si on prend la seconde de réflexion, on voit notre reflet, ou des photos. Mais au fond, est-ce qu'on sait qui on est réellement ? Tu me suis ?

Je me suis souvenu de pourquoi je préférais travailler avec Alexander plutôt que Sashæ, des deux Peyton, c'était celui qui savait fermer sa gueule. À ce niveau, ils étaient diamétralement opposés.

— Putain, tu es le roi des vents toi !

Le serveur est revenu et m'a posé mon verre devant moi, mais avant qu'il parte je lui ai dit:

— Je veux voir Stonehead.

Les yeux du type se sont légèrement inquiétés. Il a froncé les sourcils en faisant passer son regard de moi à Sashæ.

— C'est de la part de qui, prononce-t-il au-dessus de la musique.

Côme King ?

Était-ce une bonne idée ?

Côme ?

Parfait.

— Côme.

— Côme ?

— Dis-lui que Côme veut le voir, pour affaire.

Il a fait la moue, il était perplexe, mais une chose était sûre, je m'en branlais complètement.

Il s'est éloigné du bar pour aller parler à un homme en costard à la carrure de garde du corps. Il m'a pointé du doigt, j'ai levé mon verre avant d'en boire une gorgée. L'homme a quitté sa position pour monter à l'étage.

Je ne savais pas vraiment dans quoi je m'engageais, mais je savais qu'il fallait que mes affaires soient plus grosses que celles de mon géniteur. J'avais besoin de redorer mon blason et fuir l'humiliation de ce jour où il a fait de moi un orphelin.

— Tu penses que c'est une bonne idée, me demande Sashæ en s'accoudant au bar.

— Tu penses le contraire ?

— On ne sait rien de ce Stonehead, je n'ai rien trouvé sur lui.

— On sait ce que James sait de lui.

— Et il a dit qu'il n'était peut-être pas réglo, et puis tu as totalement confiance en James toi ?

Non pas que je ne m'étais jamais posé la question. Mais James n'avait que pour seul motif l'agent. J'avais de quoi le détruire avec quelques photos compromettantes de lui et sa maîtresse. Alors à moins qu'il avait envie de divorcer, je savais qu'il ne pouvait pas vraiment me la mettre à l'envers dans l'immédiat.

— Enfin, je te suis, parce-que moi aussi j'ai des factures à payer, et aussi parce-que j'ai une flemme immense de sympathiser avec de nouveaux mafieux. Mais, même si ce Stonehead te rapporte énormément d'argent. On devrait se méfier de lui.

— Parce-que je te donne l'impression de faire copine-copine avec tout le bar peut-être ?

Sashæ a esquissé un sourire en coin.

— Je me demandais quand est-ce que tu allais enfin faire preuve de sarcasme. Ça m'avait presque manqué !

Pour la première fois depuis sept mois, il m'arrache un microsourire en coin.

— Crois-moi Sashæ, tu ne vas pas m'apprendre les règles du jeu de la mort.

— Ah, parce-que la mort est un jeu pour toi, King ?

— Elle l'est, pour tous ceux qui mettent un pied dans le crime.

— Ouais, elle était pas mal celle-là ! Elle pourrait bien plaire aux filles, je penserais à la ressortir un de ces quatre !

Il ricane tout seul, sa boisson qu'il aspire bruyamment avec sa paille m'oblige à l'assassiner du regard. Il s'étouffe presque en riant. J'avale ma boisson. D'une traite, je ne veux pas oublier Ania avec des rires pendant qu'elle pourrit six pieds sous terre parce-que j'ai été incapable de la protéger.

L'expression de mon visage se fane.

— Monsieur.

Je me tourne vers la voix qui a parlé dans mon dos.

L'homme de tout à l'heure est revenu.

— Stonehead accepte de vous voir.

Parfait.

Les affaires allaient enfin reprendre.





𓆃









Bonjour ! 🦋

Je sais plus quel surnoms utiliser pour que ça ne s'adresse pas uniquement aux filles MDR 🥲 !

J'espère que ça vous à plu :P ! Je sais, je sais, où est Maripopo, la question à 10,000 dollars mais franchement be patient, je vous prépare tout ça 😏 !


XOXO, Azra ! 🍓


(I.amkunafa sur instagram)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top