CHAPITRE 18: Mourir.

Wch wch wch les chacaux, les chakals, ça-va? 🌹

C'est comment ça va ou quoi ? Moi je poste mais je vais dormir direct je pense parce que j'ai commencé à 6h du sbah donc j'me suis réveillée a 4h30 y'a pas 😤 !

Demain matin j'espère vous avez bombarder les commentaires comme ça je lis dans le train in sha'Allah parce que vous me foudroyé en fait 😂 !

Aller, aller bisouus !

Je vous laisse avez la suite ! ❤️




Bonne Lecture! 📖

Xoxo - Iamkunafa. 🍓







🂡








ROBIN.





Je me suis levé de ce lit.

Rien qu'au regard de Côme, je savais qu'il fallait qu'il dégage de devant cette porte.

Parfois son insensibilité m'inquiète. Le problème c'est que je suis totalement conscient que ce manque total d'empathie, cette rancoeur et toute cette carapace de prince c'est dû à l'éducation de son père. Il est né avec cette mentalité-là.

— Décale.

— Tu vas faire quoi toi boire son sang ?

— Dégage Côme, articulais-je calmement en le regardant droit dans les yeux, je te promets que je vais te cogner très bientôt.

À ma grande surprise, il s'est décalé. J'hausse presque les sourcils, parce que normalement une phrase comme la mienne vaut un combat de provocation jusqu'à ce que par maturité je le laisse gagner parce que c'est un vrai casse-couilles. En arrivant devant la porte, je le regarde mettre ses paumes sur ses hanches. Il m'observe pour savoir mes prochains mouvements. Alors, deux options, soit il est très fatigué donc il n'a aucune énergie pour se battre avec moi, soit il est trop curieux de savoir ce que je vais faire parce que je me répète, mais je suis prêt à jurer qu'en tant normal il n'aurait pas bougé, et on se serait insulté jusqu'à ce que capitule.

Juste pour m'emmerder.

Sale petit King.

— Bouclettes ?

J'ai toqué à la porte, honnêtement, je ne sais pas si elle m'accorderait un minimum de crédit, elle ne me doit rien. Mais il faut comprendre qu'à la base, moi je ne suis pas dans tout ça.. Dans le meurtre, la contrebande, l'illégalité, tout ce petit monde qui fait ombre sur cette planète Terre.

Alors pour être honnête, cette fille me fait énormément de peine et d'une certaine manière j'arrive facilement à me mettre à sa place.

Ça me fait totalement chier cette vieille histoire avec Mabel, mais bon, quoi qu'il arrive, Côme sait que je serais là.

C'est ma famille.

— Bouclettes c'est Robin qui parle, tu sais le grand noir qui ne risque pas de t'égorger.

— T'es vraiment rid-.

— C'est bon toi, c'est bon. Tu vas te la boucler un jour ou pas Côme, tu m'as gon-flé.

Côme m'a mitraillé des yeux, il a croisé un bras sur sa poitrine et son autre main s'est placée sur sa bouche. Je sais que si ça ne tenait qu'à lui, il m'aurait insulté en polonais bien sûr, avant de m'égorger, et ça depuis de très longues années.

Mais ça ne tient pas qu'à lui alors, peu importe ce que je fais ou ce que je lui dis, il va bien se la fermer.

— Bouclettes, l'appelais-je en toquant deux fois.

Elle ne répond pas, je rive de nouveau les yeux dans ceux de Côme avant de lui dire:

— J'ai vu une supérette à deux pas d'ici, je prendrais à manger pour nous. Bouclettes ?

— Je m'appelle... Mariposa...

Le regard de Côme me donnait envie d'éclater de rire. Il a fermé les paupières deux secondes de trop en inspirant profondément. Ça se sent que la petite l'énerve au plus haut point et que sa petite voix le rend nerveux.

— Je le sais, mais c'est noté ma belle, de quoi tu as besoin ?

— Euh... Hum...

Je pince les lèvres cette fois-ci. J'ai vraiment envie de lancer une belle petite pique juste pour voir la haine se dessiner sur le visage de ce putain de polonais. Quand sa colère monte, ses lèvres se pincent et son front commence doucement à rougir (ça, il ne sait pas que je le sais et faire la réflexion c'est s'assurer une patate dans les dents), je le connais par coeur ce gosse !

— Alors j'écoute ?

— Je p-peux écrire ?

Un rictus moqueur s'affiche sur mes lèvres, son visage me donne vraiment envie de me foutre de sa gueule ! Vraiment ce n'est pas possible d'avoir autant de rage ! Et cette envie de rire est assez malsaine, parce que la réalité n'a pas changé, je pense au fait que malgré toutes ces fois où il lui a sauvé la vie, rien n'empêche le fait qu'il passera peut-être à l'acte, en la tuant... Alors j'ai retenu ma joie parce que je ne suis pas encore sûr de comment je vais l'en empêcher.

J'ai marché vers la commode de cette chambre, en ouvrant le tiroir j'ai vu le petit bloc-notes et un crayon de papier minuscule. Mes pas m'ont mené de nouveau vers la porte sur laquelle j'ai toqué.

— Je vais ouvrir.

Elle a entrouvert elle-même cette porte. Timidement sa main est sortie et elle nous a présenté sa paume. J'ai déposé le carnet et elle a disparu aussi vite qu'une petite souris en refermant derrière elle.

— Je prends des cigarettes pour toi, narguais-je Côme.

Je me suis mis à rire quand il m'a toisé. Disons plutôt assassiné du regard. Il a reculé vers une des chaises placées devant la petite table ronde en bois devant le lit. Je sais qu'il rumine et que dans sa tête il est en train de proférer les pires insultes polonaises qui existent dans son pays.

J'ai presque l'impression de l'entendre à la façon dont sa rage fait grimacer son visage à la con.

— Détends-toi... Ça-va aller Côme.

Il ne répond rien mais je sais que ça bouillonne et là j'ai vraiment ricané.

La porte s'ouvre je détourne le regard vers la main de Mariposa. Je récupère sa liste en même temps que je n'entends un timide "merci" prononcé pendant que la porte se referme.

Je baisse les yeux sur la feuille:



"Serviettes.
Culotte.
Pantal-."


Mon bout de papier disparaît de sous mes yeux.

Bien évidemment que Côme me l'a arraché des mains.

Et comment je n'ai pas anticipé ça ?

C'était tellement prévisible que j'aurais dû lui tendre la feuille moi-même et dès le début.

Après l'avoir lu, il me l'a écrabouillé dans la main comme le grand gamin de vingt-cinq ans qu'il est.

N'empêche qu'il n'y a pas plus curieux que Côme. Il a beau faire comme s'il s'en battait les couilles de tout, son nez est toujours dans les affaires de quelqu'un qui "l'intéresse".

— C'est bon, tu n'as rien vu de compromettant ?

Il se rassoit puis balance la chaise en arrière se maintenant avec les deux pieds. Le regard rivé devant lui.

— Donne-moi trente dollars, articulais-je en tendant ma main vers lui.

Il replace les quatre pieds de la chaise au sol, en fourrant la main dans la poche de son jean. Il en sort deux billets écrasés de vingt dollars.

— Ça-va t'es pas un crevard.

Je fais exprès de me foutre de sa gueule. Il a décidé de ne pas me répondre aujourd'hui, ce n'est pas plus mal c'est son jour de maturité.

Parce que soit il ne s'arrête pas, soit il joue au roi du silence, jusqu'à ce qu'il pète un plomb dans les oreilles de toute la terre.

— Ne tue pas la petite. Si j'arrive et que je la retrouve morte, tu vas me connaître.

— Tu vas faire quoi Robin ?

Je retire ce que j'ai dit.

— Tu sais parler maintenant ?

Il n'a rien répondu. Moi en revanche j'ai explosé de rire en refermant la porte. Il mérite bien que je le maltraite une heure ou deux pour m'avoir carrément "dérangé" dans mon petit quotidien tranquille. Et par déranger, j'entends: me mettre en danger de mort".

Je longe le balcon de l'hôtel qui mène aux marches d'escalier.

Il n'y a pas un seul noir ici. C'est vraiment le genre d'ambiance à l'ancienne qui ne m'a jamais vraiment rassuré. La fin d'après-midi approche, et le ciel est gris. L'atmosphère est maussade en fait moi aussi je suis pressé de quitter cette ville moi aussi, mais l'accident nous est tous retournés. On a besoin de repos.

J'enfonce ma capuche sur ma tête en fourrant mes mains dans les poches de mon sweat. Sweat qui appartient d'ailleurs à Dove comme ces quarante dollars d'ailleurs.

J'arrive très rapidement aux minimarket. Les portes coulissantes glissent avec la même lenteur que l'énergie de cette ville. Les deux trois mégères et grand-père qui font leurs courses me regardent d'un air méfiant. Je pense que ça doit être la première fois que ces gens voient un noir venir faire ces courses. À tous les coups ils doivent se demander si je ne suis pas Barack Obama.

La supérette n'est pas très grande, ma poigne saisit un petit panier rouge à l'entrée en même temps que je ne je vois le coin parapharmacie au fond du magasin. J'avance vers l'endroit et ce rayon réunit une grande majorité de ce dont on a besoin. Ça va du sirop contre la toux, aux bombes anti moustiques.

Je prends des désinfectants, des pansements, des brosses à dents, des serviettes hygiéniques, et même du déodorant.

Sous les regards des mamies, je marche vers un minuscule rayon "mode". Disons que c'est plus un immense fourre-tout de pull, chaussettes et j'en passe. En fouillant je tombe sur un lot de cinq culottes. Je le mets dans mon panier en même temps qu'un leggings de sport gris passe sous le radar de mes yeux. Lui aussi trouve place dans mon panier.

Enfin je me dirige vers la nourriture. J'avoue qu'en voyant les packs de nouilles instantanées yum yum la vision d'Alexander s'est matérialisée sous mes yeux. J'ai pris les sandwichs au poulet pour que tout le monde soit content. J'en ai pris au moins huit parce que personnellement, moi, je mourrai de faim.

Après avoir pris de petites bouteilles d'eau, j'ai senti mon téléphone vibrer dans ma poche arrière. Je sais que Côme m'a dit de n'appeler personne mais en sortant mon appareil j'ai vu "maman" s'afficher.

Obligé de répondre.

— Allô maman?

— "Tu ne m'appelles plus !? Robin, ça fait deux jours que j'attends ton appel. Qu'est-ce qui se passe !?"

— Désolé maman, articulais-je en déposant le panier devant le caissier, j'ai eu, disons deux, trois galères.

J'ai sorti mes articles sur le tapis roulant.

— "Avec Côme ? Je suis sûre que tu es avec lui. Dis-lui qu'Aaron veut lui parler."

— Ouais, ok je lui dirais, et c'est un peu ça mais maman je te rappelle plus-tard, je ne peux pas parler la.

— "Tu es en danger ? Si je dois prévenir Aaron, dis-le-moi tout-de-suite Robin, ça me fait peur."

— Non, tout va bien, arrête de t'inquiéter. Sage va bien ?

— "Sage passe plus de temps avec Alexander que moi, il a bien grandi maintenant..."

J'ai bien entendu le regret dans la voix de ma mère...

Si moi je n'ai pas grandi dans la drogue, mon petit-frère lui, oui. Totalement.

C'est un King aussi.

— Alexander est un bon gars, tu ne devrais pas t'en faire autant pour Sage maman...

— "Je préférerais quand même que tu reviennes vivre à Manhattan pour rester avec lui, et moi. Vraiment je m'inquiète pour toi Robin. Tu as passé la trentaine, il est temps de te trouver une belle femme pour que je voie mes petits-enfants, tu sais ma copine Nicole, sa fille est-."

— Ok maman, je pense que tu en as déjà trop dit, je ne suis pas disponible là, je te rappelle d'ici quelques heures, ça te va ?

— "Mais attends, Robin-."

— Je t'aime, maman.

J'ai raccroché en souriant par réflexe au cassier. Je sais que ma mère va me le faire payer, elle déteste que je lui raccroche au nez.

Quelle maman nigérienne aime qu'on lui raccroche au nez ?

Aucune.

— Trente-deux dollars et cinq cents m'sieux.

Le vieux caissier tousse dans sa moustache blanche en prononçant ces mots. Je lui tends la monnaie, heureusement que Côme m'en a donné plus que prévu.

Après qu'il m'ait rendu mes sous, je m'empresse de quitter cet endroit aussi glauque que la ville.




🂡




— Ouvre ! Eh, Côme !

J'ai attendu un petit moment avant que je n'entende enfin les clés dans la porte. J'avoue que pendant une seconde je m'attendais à voir le corps de Bouclettes, allongé au sol, mort.

Étranglé par Côme King le sanguinaire.

Mais au lieu de ça, j'ai juste vu le visage mort de fatigue de cet imbécile.

J'ai bien regardé sa face, à tous les coups, il s'est endormi et à tous les coups il vient de faire une paralysie du sommeil.

— Ça va ?

Un petit air hautain se dessine sur sa face, je déteste quand il fait ça, mais il ne baisse jamais sa garde après tout. Je sais qu'il va me foutre un vent gratuitement, parce qu'il a horreur de parler de ce petit problème de sommeil.

J'ai enlevé du sac plastique la nourriture et les bouteilles d'eau et tout ce qui n'avait aucun rapport avec la petite sur la table ronde.

— Je suis tellement quelqu'un de bien que je t'ai pris tes cigarettes préférées, King.

J'ai jeté le paquet sur le lit avec le briquet en avançant vers la salle-de-bain.

— Bouclettes, articulais-je en toquant à la porte, j'ai ce dont tu as besoin, tout va bien ?

— Oui, eum...

Elle a fait sortir sa main comme tout à l'heure.

Vraiment c'est plus fort que moi mais cette petite est adorable. Et plus j'y pense, plus je suis persuadé qu'on devrait vraiment, vraiment lui foutre la paix.

Sa main à disparu avec le sac. Elle a refermé la porte derrière elle et on a tout de suite entendu l'eau de la douche couler.

— Tu ne lui as rien fait ?

J'ai vu les sourcils de Côme se déformer, il m'a répondu au tac-au-tac:

— Suuce-moi toi ! Aller, c'est bon ! Tu m'as fait péter les plombs ! Chuj ci w dupe !

— Eeeh, rigolais-je, doucement, je peux encore te poser des questions ? Où le roi est capricieux aujourd'hui ?

— Dupek !

Il a pris le paquet de cigarettes et le briquet posé sur le lit, mais il s'est aussi dirigé vers la table où j'avais déposé la nourriture. Après avoir pris un sandwich et une bouteille, il est sorti de la chambre en claquant la porte derrière lui.

Les stores des fenêtres sont baissés. Je ne le vois plus, mais l'idée de continuer à le faire rager m'a vraiment démangé pendant dix bonnes secondes.

Il le mérite, cet ingrat.

Mes pas m'ont mené vers la table ou à mon tour j'ai pris de quoi manger et boire.

Je me suis installé et en réalité j'ai englouti un paquet de sandwichs au poulet à une vitesse qui m'a pratiquement étouffé. J'ai bu presque toute une bouteille d'une traite pour faire passer la nourriture.

J'ai enlevé le plastique de mes lèvres en entendant la porte de la salle-de-bain s'ouvrir, puis se refermer.

Je me suis tourné vers la porte, mais il n'y avait personne. J'ai froncé les sourcils. En y repensant, ça devait faire une bonne quinzaine de minutes que je n'avais pas entendu l'eau.

Je me suis levé en croquant dans un bout de mon sandwich.

— Tout va bien ?

— Oui !

— Si tu as fini tu peux sortir hein.

— Ou-. Non. Ça-va bie-mieux.

Sa réponse me semblait angoisser et ça ne voulait rien dire honnêtement.

— J'ai à manger et à boire si ça te tente ?

Elle n'a pas répondu. J'ai toqué à la porte.

— Non... Bon appétit.

J'avoue que j'ai rigolé.

— Côme est sorti si c'est ce qui t'inquiète.

Et bizarrement, la poignée de la porte s'est tout-de-suite baissée.

En gros, elle est restée enfermée dans la salle-de-bain juste par peur d'en sortir et croiser ce foutu polonais.

Quand la porte s'est ouverte lentement, son visage rond m'est apparu. Ses boucles sont gorgées d'eau et pendent sur ses épaules.

Elle a continué à ouvrir cette porte avec toute la précaution du monde, ses yeux ont scanné la pièce minutieusement je me suis même décalé pour qu'elle regarde bien. Ça se voyait qu'elle cherchait Côme mais elle a bien vu qu'il n'y avait que moi.

— Viens.

Je me suis éloigné en mangeant. J'ai pris sur la table un paquet des sandwichs et une petite bouteille d'eau. En me retournant, j'ai vu qu'elle n'avait pas bougé d'un poil. Elle continue de scruter la pièce et je comprends que Côme l'effraie vraiment au plus au haut point.

— Il est dehors. Tu n'as pas à t'en faire.

— Est-ce qu'il va me tuer ?

Bouclettes à river ses yeux marron clair emplis d'angoisses dans les miens. Et là intérieurement j'ai eu une sorte de contradiction inexplicable.

J'étais incapable de répondre à cette question.

Je n'en ai aucune idée.

Vraiment.

Moi même je me le demande ?

— Tiens viens, mange un peu.

Ma paume s'est tendue vers elle.

Elle a fait un pas vers moi.

Timide, elle m'a vraiment fixé avec méfiance, elle mord sa lèvre elle n'est pas complètement rassurée. Mais à chaque petits pas qui réduit la distance j'ai eu cette impression un minuscule pacte de confiance s'inscrivait entre bouclettes et moi.

Elle s'est présentée devant moi en prenant la nourriture.

— Merci... beaucoup, Robin.

Elle n'est pas restée près de moi très longtemps. Ses pas l'ont mené sur le lit où elle s'est assise pour manger.

Moi même j'ai retrouvé place sur une des chaises devant la table ronde. Je l'ai vue ouvrir son paquet et prendre son sandwich. J'ai vraiment ressenti qu'elle faisait le moins de bruit possible, le moins de mouvements possible. Comme si elle n'existait pas, c'était vraiment bizarre comme comportement.

Après, disons qu'elle a quand même un peu été kidnappée, mais sa rébellion est vraiment une bataille dans le silence.

— Comment tu vas ?

Elle a révélé les yeux sur moi. De la surprise s'est dessinée sur son visage. Sa réponse est venue après quelques secondes elle a juste haussé les épaules.

— Ouais... Ça se comprend.

Elle a croqué une nouvelle fois dans son sandwich, ses yeux se perdent sur la couverture à motif du lit.

— Dis-moi, comment tu t'es retrouvé dans cette situation ma belle ?

J'ai vu une vague d'inquiétude traverser ses iris. Une immense tristesse et énormément de crainte aussi. Ses doigts ont rangé ses mèches humides derrière ses oreilles.

— Si tu te demandes si je te ferais du mal, ce n'est pas le cas.

— Je n'ai rien fait...

Enfin une réponse.

— Je n'en doute pas, mais comment il t'a retrouvé ?

— Euh...

Je comprends sa méfiance, à sa place je n'aurais même pas répondu. Et son comportement me fait comprendre qu'elle est très naïve je ne pense pas qu'elle se doute une seule seconde du monde dans lequel elle a été plongé.

— Je ne dirais rien, bouclettes, ton cas m'intrigue seulement.

— Mais... Il va me tuer... Votre ami ? C'est votre ami... c'est ça ?

— C'est mon frère.

Mariposa a froncé les sourcils, son air complètement confus sur son visage m'a fait sourire. Et en souriant, j'ai vu ses traits se détendre légèrement:

— Tu dois te dire c'est quoi le rapport entre un polak tout blanc et moi qui suit noir.

J'ai ri, elle n'a pas vraiment souri, mais l'apaisement sur son visage m'a confirmé mes dires:

— Ma mère est mariée avec son père, depuis dix-neuf ans maintenant. Il avait six ans quand c'est arrivé, j'en avais douze. On peut considérer que cet imbécile est mon petit frère en quelque sorte ?

Ses sourcils se sont haussés de surprise.

— Dove aussi pour le coup, enfin, il est plus grand que moi de deux ans. Enfin, on a été élevé ensemble donc je n'ai jamais ressenti cet écart.

Elle hoche la tête. Par politesse, je suppose. Elle avale et ses grands yeux me fixent, je plisse légèrement les paupières pour la cerner mais finalement elle dit:

— A-alors... Vous pouvez lui dire que je ne lui ai rien fait ? Je vous jure.

— Tu peux me tutoyer Mariposa tu sais.

— Ah... Euh, oui d'accord.

— Je sais que tu n'as rien fait. Côme est très... Têtu n'est pas le bon terme étant donné qu'il va trop loin. Mais je ferais en sorte qu'il ne te touche pas, je te le promets Bouclettes.

— Et est-ce que... Je peux... rentrer chez moi ? S'il-vo-. te plaît ?

— O-Ouais... Alors, ça pour le moment ça va être un peu compliqué. Tu auras remarqué qu'on est un peu dans la merde en ce moment.

— Oui, mais moi je n'ai rien à voir avec tout ça. Je n'ai jamais pris de la drogue, je n'ai jamais fait tout ça. Je voulais juste voir le bébé de ma copine et j'ai entendu une conversation chez les Ruíz. Ils parlaient de lui, de ton frère, ils veulent le tuer, mais c'est tout.

J'ai haussé les sourcils, expiré avant de prononcer:

— Quel âge tu as ma belle ?

— Euh... J'ai 20 ans.

— Ouais... Ça se sent.

Elle m'a questionné du regard. J'ai poussé ma bouche en cœur sur le côté... Fais chier.

Plus je réfléchis et moins j'ai l'impression qu'on va pouvoir lui foutre la paix.

— Ne le prend pas mal ma beauté, tu es bien mignonne mais tu vas devoir comprendre que ce que tu as connu avant c'est bel et bien fini.

Ça m'a fait encore plus chier de devoir lui expliquer ça.

— Je ne cherche pas à t'effrayer, mais c'est mieux que tu saches que ce petit monde de paix dans lequel tu as grandi s'est arrêté à la seconde ou tu as entendu cette "conversation". J'ai beau avoir de la sympathie pour toi ça ne veut pas dire que je fais partie des gentils. Ce n'est pas le cas. Et excuse-moi de te dire que tu es vraiment très naïve Mariposa.

J'ai vu ses yeux se plisser, ses sourcils se sont tortillés et elle a baissé la tête.

— Je peux te promettre ma protection mais pas que tu retrouves la paix tout-de-suite. Et les morts et les meurtres que tu as vus ne seront malheureusement pas les derniers tant qu'Alejandro ne sera pas mort. Tu comprends ?

Elle s'est mise à pleurer discrètement. Sans un bruit une de ses paumes s'est posée devant ses lèvres et ses reniflements se sont multipliés.

Sur le coup, ça m'a vraiment pincé le coeur.

— Alors... mon père ? Mon p-p-p-père ?

— Quoi ton père ?

— Mon père est mort ? Pour de vrai... Mon père il est mort ? Mon père est mort. Et Stella !? Oh mon Dieu ! Qu'est-ce que j'ai fait !? Mais qu'est-ce que j'ai fait !?

Elle s'est écroulée sur le lit, sa tête s'est enfouie dans ses bras et cette fois-ci toute sa discrétion s'est évadée.

J'ai entendu la douleur quand elle est vraie. La peine sincère et profonde, celle qui est déchirante et qui nous fait ouvrir les yeux sur certaines réalités de la vie. Le genre de gémissements que l'on ne veut plus entendre, ceux qu'on aimerait voir disparaître parce que ça creuse de savoir que l'on peut souffrir autant dans sa tête.

J'ai déposé mon sandwich dans le plastique en me levant. J'ai gratté l'arrière de mon crâne, je ne sais pas vraiment quoi faire parce que je ne vais pas non plus la prendre dans mes bras. Mais il faut le dire, cette petite me fait énormément de peine.

La porte s'est ouverte. J'ai rivé mes yeux vers lui, il a juste fait passer le haut de son corps à travers l'ouverture de la porte.

Sûrement attiré par le bruit, la cigarette à la bouche il a froncé les sourcils.

Son regard a toisé Mariposa, puis moi comme si j'étais responsable.

J'ai agité ma paume sous ma gorge pour lui signifier qu'il fallait qu'il la ferme.

Il a inspiré une taffe avant de jeter sa cigarette dehors.

Quand il est rentré dans la chambre, Mariposa s'est relevée. Elle l'a fixé, j'ai compris que la peur a pris le dessus. Elle s'est enfoncée au milieu du lit en faisant son maximum pour que ses larmes ne fassent plus aucun bruit. D'ailleurs elle les a essuyés aussi rapidement qu'elle a pu.

Côme s'est assis sur la chaise à côté de moi de l'autre côté de la table. Juste en face d'elle. Il a allongé les jambes de la façon la plus détendue de la terre, son regard est dur mais rien n'empêche le fait que parce que je connais ce gosse par coeur, je sens que sa curiosité est piquée à vif.

Sans ces affaires de vengeance et de fierté masculine, je sais qu'il lui aurait d'ores et déjà demandé quel est le problème. Et je sais à ce qu'il s'attend à ce que je lui dise tout plus tard.

Et bien en moi, l'idée de ne rien lui dire du tout s'est installée. Il n'aura qu'à me demander lui-même.

Et je saurais à ce moment s'il veut vraiment la tuer ou non.

Parce que pour le moment, les paumes croisées sur ses cuisses, l'œil l'alerte il fixe bouclettes sans aucune gêne.

Je me demande tellement ce qui se passe dans sa tête là, maintenant.

La petite soeur de son pire ennemi, devant lui, après deux ans de recherche.

En vie.

Et c'est juste une fille de 20 ans, qui ne trempe dans absolument rien d'illégal ou dangereux.

Mariposa le regarde aussi, mais plus par crainte de savoir ce qu'il veut. Elle ne maintient jamais très longtemps ses iris dans les siennes. Je comprends, elle a peur.

Elle renifle une dernière fois. Essuie les larmes sur son visage et place derrière ses oreilles les mèches de ses boucles mouillées.

Spectateur de la haine et la faiblesse.

Observe ces deux êtres que rien ne relie.

Et pourtant.

Nos destins s'emmêlent parfois avec des personnes et des chemins que nous n'aurions jamais pu supposer.

Intéressant.

Mais il en faut dans le ventre pour essayer de cacher sa peine, Bouclette.

Peu importe ce qui l'a rendue aussi naïve, moi je pense qu'elle est beaucoup plus forte que cette image de "petit papillon" qu'elle renvoie...

Et c'est peut-être pour ça qu'elle est toujours en vie.






🂡









Backup Account: ikunafa
𝐢.𝐚𝐦𝐤𝐮𝐧𝐚𝐟𝐚 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦

Bon, qui avait deviné que Robin c'était le grand-frère de notre polonais préféré ? C'est pour ça qu'il le termine sans stresse 😂 !

En espérant que ça vous a plu 🌷 !

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