CHAPITRE 15: Sa cadence.

Coucou les boulettes, ça-va? 🌹

Rien de neuf à raconter aujourd'hui 😌.

Je vous laisse avez la suite ! ❤️







Bonne Lecture! 📖

Xoxo - Iamkunafa. 🍓




🂡








MARIPOSA.




— Et tu penses que ton père aurait fait ça pour quelles raisons ?

Robin me pose une assiette dans les mains, son humanité me surprend toujours autant... Parce que je n'ai pas oublié qu'il a étranglé un homme à mort... Et malgré ça, je n'ai pas l'impression que ça l'empêche de vivre tranquillement... Mais que je mange semble important pour lui...

Mes yeux le retrouvent, et avec toute la décontraction du monde il s'assoit sur une chaise qu'il a posée juste à côté de mon lit, son pied se coince avec un naturel déconcertant sur l'encadrement de ce lit que j'occupe et lui commence à manger son repas avec goût.

Je baisse les yeux sur la nourriture que je tiens dans mes mains. L'odeur me donne l'eau à la bouche... Des pommes de terre sautées avec des artichauts et de la viande rouge.

À première vue, ça me semble délicieux.

À première vue... Mais quand j'analyse ma situation de plus près, j'ai conscience que je suis condamnée à la chambre et que le détraqué est tranquillement assis sur le rebord de mon lit. L'arme qu'il trimballe depuis que nous avons quitté cette maison à Chicago est coincée dans son dos. Je le prends comme une menace.

Donc je repose l'assiette sur la table de chevet. Là, je ne peux absolument rien avaler. Je ne veux surtout pas manger.

— Ce n'est pas mon père, lui répond calmement Côme en pianotant sur son téléphone.

— Personne n'a accès à son téléphone, il doit y avoir une raison Côme.

Je ne les regarde même pas discuter. En fait, j'ai juste envie de m'abandonner à la tristesse et au regret. J'ai essayé, et il va me tuer, je ne pourrais rien faire pour l'empêcher de me mêler à ses affaires... Je sais qu'à cause de lui je finirais jeté dans un ravin.

Alors je préfère m'affaiblir toute seule.

— Je vais trouver qui c'est mais je sais déjà que ce n'est pas lui.

— Et ça ne te fait pas paniquer ? Parce que si tu penses qu'on est en train de te baiser, c'est profond. Ils y arrivent très bien et tu ne m'as pas l'air super stressé. Un mec comme Alejandro ? Un petit guignol comme lui qui te vole douze millions de dollars avec autant de facilité ? Non, excuse-moi mais je pense vraiment que tu devrais t'inquiéter.

Il n'a rien répondu tout de suite. Mon dos est collé contre la tête de lit. J'ai essayé deux fois... Je ne pense que j'y arriverais une troisième fois... J'ai la gorge nouée, mes bras s'enroulent autour de mes jambes que j'ai pliées.

Un silence s'est imposé. Je n'entends que les mastications de Robin. J'aimerais que le détraqué dégage d'ici, il me donne nausée et boule au ventre.

Je voudrais rester toute seule...

La tête entre mes bras, j'ai fermé les yeux quand ils ont continué à discuter de qui allait plus se faire "baiser" que l'autre...

Les Ruíz ou les King...

Aucune idée, j'aimerais juste entendre le silence...





🂡





J'ai sursauté.

Mon cœur tambourine très fort jusque dans ma gorge.

Je me suis carrément endormi les jambes pliées et la tête penchée. En me redressant, mon corps me le fait payer par des douleurs dans la nuque et dans les jambes, j'ai massé ma douleur sans trop de succès.

Il fait nuit noire dans cette chambre. Je tourne la tête vers l'emplacement de Robin mais sa chaise reste vacante. Le plat qu'il m'avait apporté n'est plus là non plus. Mais il reste un verre d'eau. Ma langue est pâteuse j'ai tellement soif que je me précipite dessus pour l'engloutir.

Quand je repose le verre sur la table de chevet, mes yeux se mettent à détailler les alentours. Je repère une porte en sachant que c'est la salle de bain dans cette chambre.

Alors quand je finis d'allonger mes jambes pour quitter ce lit, je réalise maintenant qu'un souffle saccadé à côté de moi s'immisce dans les oreilles.

Je place ma paume sur mes lèvres en sursautant dans un mouvement de recul, mon coeur accélère devant cette scène.

Tout de suite tous mes sens en moi me font sentir très mal, et cette situation des plus perturbantes me rappelle des souvenirs.

Côme est allongé sur le dos. Sur ce lit que moi j'occupe !

Ses yeux sont grands ouverts mais non seulement il cligne à peine mais pire encore il a une façon très affolée de respirer.

Il est complètement immobile, je vois son torse gonfler et se réduire à toute vitesse. J'ai l'impression qu'il est en sueur, du moins, il me donne l'impression d'avoir extrêmement peur.

Je le fixe totalement figée moi aussi. Je ne sais pas quoi faire. Je ne me sens absolument pas légitime de l'aider et honnêtement je n'en ai aucune envie. Mais en l'observant, je n'ai pas l'impression qu'il soit très conscient non plus...

Son souffle devient plus bruyant, plus agité, il a des sortes de décharges qui font bouger ses bras, ses jambes d'un seul coup comme s'il se battait contre quelque chose en lui.

J'ai l'impression qu'il est totalement tétanisé.

Impuissant.

Et ça, il l'a déjà fait. Le soir où il a tué l'homme qui me menaçait à Chicago. En pénétrant sa chambre, il semblait être dans une sorte de transe similaire. Incapable de bouger ni de nous voir.

Je suis incapable de retranscrire ce gris sous mon estomac. En voyant, cette méchanceté dans un tel état de tétanie, j'ai presque envie de lui cracher dessus comme il le fait avec moi. Pour qu'il se rappelle qu'il n'est plus grand que personne. Et que même les pires ici-bas font de petits cauchemars.

Malheureusement, je n'ai pas ce cran-là. Je n'ai pas osé bouger, j'ai juste regardé son corps subir ses souvenirs et ses craintes. Et je dois avouer que. Le voir aussi faible m'a subjugué et presque fait plaisir.

Est-ce à cause de tes cauchemars que tu n'as plus de bonté d'âme ? Est-ce que ce que tu vois te rend tellement mauvais ?

Je ne veux pas le savoir. Et au fond de moi, j'espère sincèrement que ce dont tu cauchemardes te ronge et te détruit de l'intérieur...

Je déteste le penser, je déteste même vouloir son mal. Mais à mes yeux il le mérite beaucoup trop.

J'ai le coeur à mille. Les pensées qui fusent de tous les côtés, je me pose tellement de questions à son sujet.

Puis, en prenant appui sur mes paumes, j'ai juste regardé ce spectacle d'en haut. Voir sa panique et son désespoir dans ses mouvements, son regard en dit long. Il est vraiment paralysé... Je ne crois pas qu'il me voit, et d'ailleurs je me demande que maintenant pourquoi il dort dans ma chambre ?

Je sais qu'il a dit qu'il comptait me surveiller lui-même, mais je ne pense pas que partager mon lit soit vraiment nécessaire !

Alors c'est ça... C'est ça être mauvais... Ne plus pouvoir dormir la nuit. Voir et revoir ses cauchemars... Je me demande même si ses visions le hantent toutes les nuits...

Je ne me poserai plus la question. Quand je sens une sorte de détresse respiratoire me prendre. Sans que je ne l'aie vu bouger, sa main féroce attrape soudainement mon poignet. La douleur a annihilé mes cordes vocales. Je n'ai même pas réussi à crier ma douleur, mon coeur pompe violemment. J'ai envie de reculer mais son état me rendra aussi pétrifié que lui.

Je crois que je suis trop choquée et surprise par son geste.

Ses yeux pénètrent les miens d'un coup. Et malgré la noirceur de la pièce, j'ai bien la sensation de recevoir un coup de massue sur l'âme. La couleur de ses iris me pénètre au plus profond de mon être, comme si ses cauchemars m'immisçai dans mon cerveau à moi.

Mais il ne bouge toujours pas. S'affole mon cœur sous ma cage thoracique, je regrette de ne pas être partie, je regrette d'avoir regardé. Je sens cette sourde panique creuser sous ma peau les feux de leur détresse qui ne peuvent pas s'éteindre.

Ma bouche est de nouveau sèche, je la sens bouger, mais je suis incapable d'articuler de vrais mots. Il me serre le poignet tellement fort que je sens mon cœur bat sous sa paume.

Il dort. Je crois vraiment qu'il dort... Et il a tellement peur...

Ou alors, il fait une sorte de... Paralysie du sommeil ? Parce qu'autant je constate bien sa transe, je suis sûre qu'il me regarde moi. Il me regarde vraiment ! Et malgré ses lèvres closes, tout m'indique qu'il a l'air de vouloir dire quelque chose.

Ma cadence cardiaque est à son comble, et parce qu'il est paralysé, il me paralyse dans sa peur.

Jusqu'à ce qu'il inspire d'un seul coup, très bruyamment. Son corps se redresse. Il s'assoit en respirant comme s'il venait de se sauver de la noyade.

Et très rapidement il tourne la tête vers nos peaux liées. Il lui faut une seule seconde pour immédiatement retirer sa paume autour de mon poignet meurtri que je récupère en massant.

J'ai l'impression de l'avoir brûlé dans sa manière de s'éloigner de ma petite personne. Il s'est levé en catastrophe, comme s'il avait bu, avec un regard différent sur moi que je découvre ce soir. Après tout je ne sais rien de lui, et je ne veux rien savoir mais cette fois-ci dans ses yeux l'animosité est moins féroce que ces quatre derniers jours.

Il recule de quelques pas, mais il s'approche finalement vers la table de chevet de son côté. Sa main reprend l'arme que je n'avais même pas vue.

Dans sa manière de respirer, j'ai l'impression qu'il est complètement essoufflé. Et une chose est sûre il ne me regarde plus. Et juste quelques secondes plus-tard, il me laisse enfin seule et quitte cette chambre en refermant la porte derrière lui.

Je me suis enfoncée sur ce lit. J'ai même mis la couverture sur moi.

En fait cet épisode vient de me chambouler. Je sens mes doigts trembler.

Il m'a complètement épuisée.





🂡





Le lendemain matin.

Nous sommes sur la route depuis une quarantaine de minutes.

Ce matin c'est Robin qui m'a réveillé, très tôt. Vers les alentours de 7 heures. J'ai pu reprendre une douche et changer les vêtements trop grands de Robin pour un ensemble de sport appartenant à la femme de Dove. J'ai même eu le droit à une petite doudoune.

Je finis enfin d'avaler le dernier morceau de pain au chocolat, qu'encore une fois Robin m'a donné. J'ai tellement de mal à avaler quoi que ce soit qu'il m'a bien fallu 40 minutes pour le terminer.

J'ai vraiment un mal de ventre intense. Plus la voiture prend des kilomètres, et plus j'ai l'impression de me précipiter vers la mort.

La pensée de ce qui s'est passé hier soir revient me hanter.

Le véhicule est extrêmement calme. Je plonge mes mains dans mes poches. C'est le détraqué qui conduit et pour une fois il ne l'a pas ouvert une seule fois !

Il ne m'a pas touché non plus pour mon plus grand bonheur. J'ai toujours mal au bras à cause de lui. Je ne sais pas si c'est à cause d'hier, mais mon petit doigt me dit qu'il n'aurait certainement pas voulu que je voie ça. Il a quoi ? Une sorte de maladie du sommeil ? En même temps que connaître une de ses faiblesses me donne envie de rire nerveusement, je me dis également que moins j'en sais sur lui, mieux je me porte.

Je me suis assise à sa diagonale. C'est lui qui conduit et ce n'est pas la même voiture avec laquelle nous sommes arrivées chez son frère étant donné que ce détraqué à péter la vitre. Robin lui a bien fait comprendre sa haine à son égard, ce à quoi Côme lui à répondu "qu'il lui en achèterait dix des caisses comme la sienne."

De toute façon, je crois que ce matin c'est inutile de parler avec le détraqué. Il est trop calme. Je ne l'ai pas entendu soupirer de mécontentement une seule fois.

Je finis par poser ma tête contre ma vitre. Soudainement, j'entends le bruit désagréable d'un moteur de motocross perturber notre silence, je tourne la tête à gauche, en voyant l'appareil de couleur violette cabrer juste à côté de notre voiture. Il se met à accélérer et son fort bruit nous dérange pendant une bonne minute.

Quand il disparaît de nouveau le calme me plonge dans ces pensées sombres.

Je n'ai plus de larmes à laisser couler. J'attends juste que mon destin change... Ou que la mort me prenne... Tout simplement, je ne veux plus subir cette torture plus longtemps.

Je sursaute presque en revoyant un nouveau motard presque frôler notre véhicule à toute vitesse. Cette fois-ci sa moto est vert fluo.

J'entends Côme jurer dans sa langue, du polonais selon ce qu'a dit Robin au restaurant la dernière fois.

— C'est bon c'est des petits cons, commence pas à t'énerver.

La voix de Robin me fait détourner les yeux vers eux. Avec tout le naturel du monde, Côme a déposé son arme sur ses cuisses.

Il est vraiment taré. Quoi il va leur tirer dessus ?

Je détourne de nouveau le regard vers le paysage que m'offre ma fenêtre. Des champs de blé à perte de vue. En admirant la plénitude de l'espace qui entoure cette route, j'ai senti que le calme revenait.

Ça a duré cinq minutes.

Deux motocross nous dépassent. Et le même scénario se répète. Ils cabrent leurs deux routes une fois qu'ils nous dépassent, mais cette fois-ci ils ne disparaissent pas à toute allure. Les deux motos roulent à une dizaine de mètres devant notre voiture, une rouge et une jaune.

— Non... C'est trop bizarre, articule froidement Côme, ouvrez vos fenêtres.

— C'est des petits cons Côme, laisse-les, tu conduis la Rolls-Royce de ton frère. Ils veulent te faire chier.

— Ouvre ta fenêtre, rétorque froidement Côme et après un petit silence j'entends, toi aussi.

Mon cœur s'est mis à cogner quand j'ai croisé ses yeux amande à travers le miroir du rétroviseur intérieur.

J'ai immédiatement obéi. L'air glacial m'a directement collé au visage. J'ai fourré mes mains dans mes poches en grelottant.

Je suis la seule à trembler parce que Robin et Côme n'ont pas l'air de sentir que l'air est gelé.

Il a un peu de brouillard, on ne voit presque pas l'horizon cet immense champ de blé. J'entends aussi le chant des corbeaux, leurs croassements rauques jettent sur le moment une ambiance très austère.

Troisième motard, moto jaune fluo.

Il nous dépasse, très lentement.

Mes yeux retrouvent Côme dans le miroir du rétroviseur comme s'il allait m'expliquer ce qui se passe, mais il ne me voit pas son regard est sombre et sérieux. Il guette droit devant lui mais aussi les rétroviseurs extérieurs. Je baisse les yeux sur sa main armée qui se pose sur l'appui-coude, puis doucement je le vois tapoter nerveusement le cuir ou son avant-bras se pose et je vois son pouce baisser ce que je pense être la sécurité de l'arme.

— Tu penses à quoi, demande Robin.

— Je n'en sais rien...

Depuis tout ce temps. Les trois motards sont restés devant nous, toujours à une distance d'une vingtaine de mètres.

Les trois ? Les quatre.

Un quatrième approche bruyamment derrière nous. Je me retourne et découvre un motocross noir. Un style décontracté une veste en cuir, je me demande si ce n'est tout simplement un gang de motards ?

Le quatrième fuse vers nous, mais sa cadence ralentit à notre niveau. Enfin, il roule à la même vitesse que Côme juste devant sa fenêtre. Je fixe encore sa main, l'arme me semble si légère quand il la porte. Et ça m'effraie vraiment, il ne va quand même pas lui tirer dessus ?

— Jolie voiture.

La voix du motard me fait fixer cet homme. Casque sur le visage, impossible de le décrire. Je ne saurais même pas dire s'il est noir ou blanc ?

Côme ne répond pas, toujours les yeux droits devant lui. Une main sur le volant l'autre tiens ce pistolet qui continue de tapoter lentement le cuir. Je ne pense pas que le motard l'ait remarqué autrement il ne resterait pas aussi calme.

Non ?

— Mon père avait un modèle similaire... Mais ça fait un bail !

Je suis tout ouïe. Le froid fenêtre à toute vitesse l'intérieur de cette voiture. Il compte vraiment taper la discussion à 130 sur l'autoroute ? Tout ce que je sais pour le moment c'est que Côme ne répond pas. Mon effroi grandissant me fait presque oublier Robin sur l'instant.

— C'est votre ami ?

Il désigne carrément Robin.

— Casse-toi mec t-.

— Ne réponds pas.

Honnêtement, je suis plus choquée que ce soit le grand Côme lui-même qui ait dit à Robin de ne pas répondre. Je le trouve presque trop calme, c'est une nouvelle facette de lui que j'ai du mal à croire. Je ne le connais pas mais à mes yeux à part hurler, Côme ne sait rien faire d'autre.

— Tu me snob toi ou quoi ? Hein ?

J'ai vraiment senti mon cœur s'affoler. Je regarde une nouvelle fois Côme à travers le rétroviseur. Moi je panique, et le voir toujours aussi concentré sur la route ça m'effraie encore plus !

— Et ta petite copine ? Elle ne parle pas ?

Moi ?

Ah non, non, non ! Je ne suis pas avec eux ! Ah non ! Je me suis sentie désespérée complètement ! Non, je ne suis pas sa copine ! Je ne suis PER-SONNE ! Personne !

— Avec mes gars, on se demandait si pour une petite heure tu nous laisserais la baiser. On va lui faire du bien comme jamais tu lui en as fait.

J'ai senti mes traits grimacer de terreur. Une nausée s'est immiscée sous ma peau. Il parle de moi ? Il parle vraiment de moi. Comme un objet ? Il parle de moi ? Il parle de me violer moi ? Comme ça, sur la route ? J'ai senti mes yeux s'écarquiller et mon inquiétude s'est inscrite sur les traits de mon visage, maintenant ma panique me sert l'estomac !

— T'es d'accord ? On bute ton ami noir. Et on la prend devant toi.

Intérieurement je n'avais qu'une seule envie, c'était que Robin me parle et me dise que tout irait bien... Mes larmes ont coulé le long de mon visage. Je fixe Côme dans le rétroviseur mais il ne m'a jamais regardé, et lui même est tout aussi horrible que cet homme alors qu'est-ce qui me fait croire que ses yeux trouveront les miens et me rassureront sur les dires de cet homme ?

Rien, il veut me tuer lui-même de toute façon !

Mon estomac se retourne. C'est trop, maintenant ça suffit... Est-ce que cette peur va cesserez de me trouer le ventre. Je suis constamment effrayée et ce n'est certainement pas l'objet de ma crainte qui m'aidera à m'en sortir.

— On la baisera dans ta caisse.

Et là je n'ai rien compris.

Mes oreilles ont sifflé après avoir entendu une immense détonation.

Côme !? T'es fou !? PUTAIN !

J'ai regardé la scène qui s'est défilée devant moi. Le motard baisse la tête. Ses mains pendent le long de son corps. Et sa moto se laisse aller sur le côté. Lentement sa cadence ralentis, jusqu'à ce que roue finisse par péter. Le corps du motard s'éjecte vers l'avant. Mais il m'a l'air totalement inerte son corps s'envole dans une courbe qui va forcément finir par retomber.

Je place mes paumes devant mes yeux avant qu'il ne s'écrase par terre.

Et tout d'un coup, ça tire sur notre voiture le bruit du métal pénétrant le métal me fait hurler. Je me protège malgré tout en mettant mes bras des deux côtés de ma tête.

J'entrouvre un œil, je vois Robin le haut du corps hors de la fenêtre. Il tire sur les motards devant nous. Et ça ne lui a pas pris longtemps avant de viser une roue. Encore une fois, mes yeux se ferment pour ne pas voir l'accident.

La route est tellement déserte que rares sont les voitures qui passent sur cette autoroute. J'essaye tant bien que mal de m'enfoncer dans mon siège, ça tire de partout, je me sentir gémir de tétanie. Inutile de préciser que mes sens à l'intérieur de moi me le font payer encore une fois. J'ai l'impression que tôt ou tard une balle perce la carrosserie et nous tue tous !

J'ai osé regarder derrière, la vitre a explosé devant moi. La balle s'est coincée devant mes yeux.

Mon Dieu.

Mon Dieu !

— Il y en a plein derrière, hurlais-je en regardant Côme dans le rétroviseur.

— Je sais.

Il l'a dit trop calmement à mon goût. Trop calme. Trop calme.

Trop calme !

Trop calme !

J'ai senti notre voiture se soulever. Tout ce que j'ai vu c'est la main de Côme tirer Robin à l'intérieur de la voiture. Et l'instant d'après il a essayé de gérer le volant. Encore un accident de voiture. Encore un danger constant. Encore le stress, la panique !

Encore mon cœur qui n'attend de moi que la mort ou la fuite.

Ma tête explose. Je ferme les yeux, en sentant cette voiture se fracasser.

Nous fracasser, nous écraser, nous retourner.

J'en ai des haut-le-cœur, je sens la ceinture contrer la puissance de l'accident. Le choc tout entier me provoque des douleurs sur le thorax. Mon souffle se coupe pendant les secousses jusqu'à ce qu'on s'arrête enfin.

Je suis complètement sonnée.

Et après ce carnage, ce grand silence me dérange grandement.

Avec une lenteur douloureuse, je place ma paume sur mon thorax. Je me sens respirer par saccades, les lèvres entrouvertes. Mes cheveux m'immiscent dans ma bouche, je suis carrément essoufflée. Et sous ma main la tension de mon coeur doit être à mille. Mais je ne dis rien, je suis sous le choque.

— Rob... Robin !

Je me repère avec sa voix. Quand j'ouvre lentement les yeux, mes sens me reviennent tout doucement. Je sens que mon épaule s'écrase sur quelque chose. Alors je tourne la tête et je vois du blé noirci par la boue.

Il me faut un moment pour comprendre que mon corps est sur le côté et poussé par la gravité du sol.

Le véhicule est retombé sur la face avec nos fenêtres à Robin et moi.

J'ai extrêmement mal au torse, mon souffle est plus calme que prévu parce que respirer trop fort me provoque une sorte de douleur intérieure insupportable.

— La fille ? La fille putain.

La voix rocailleuse de Robin me fait monter les larmes. Je sens ma vue se brouiller. Ce n'est pas le moment me demander pourquoi il tient autant à ma personne. Ce n'est vraiment pas le moment...

Je trouve les yeux de Côme qui se retourne mollement vers moi. Son visage est griffé de sang et de petites coupures.

Il ne dit rien me regardant mais je pense surtout que lui-même est dans un trop sale état pour faire preuve de son habituelle mauvaise humeur.

— Faut qu'on sorte.

— Je sais, répond Robin, c'était qui putain !?

— Ils vont revenir c'est tout ce que je sais. Pète la vitre.

J'entends le mécanisme de la ceinture de Robin et l'instant d'après le pare-brise déjà complètement brisé cède avec un seul coup de pied.

Je commence à paniquer quand j'entends Robin grogner de douleur en sortant de la voiture. J'espère qu'ils ne vont pas me laisser là !?

Je vois Côme tomber sur le côté à cause de la gravité après avoir enlevé sa ceinture. J'ai entendu sa gorge se plaindre, je pense qu'aucun de nous ne s'en sort sans séquelles.

Je ne le vois plus une fois sorti de cette voiture.

Je me sens pleurer de désespoir. La peur monte doucement au fond de mes entrailles, ils vont me laisser mourir ici !

— Aidez-moi...

Je l'ai murmuré plus qu'autre chose. La solitude, le blé tout froid et humide contre moi, ma douleur dans le thorax. En réalité, j'espérais que mon corps me lâche maintenant. Alors je me suis tue et j'ai fermé les yeux.

Je me suis sentie trembler. C'est comme ça, il fait froid et peut-être que c'est ça qui m'emportera dans un sommeil éternel. J'oublierais la vie courte d'ici-bas. J'oublierais ce que ça fait d'avoir si mal... Et peut-être que je reverrais mon père... Et Stella. Je leur demande pardon. Pour ce que je leur ai fait, parce que moi, jamais je ne me le pardonnerais.

Jamais.

— Enlève ta ceinture.

J'ai sursauté en rouvrant les yeux.

En tournant la tête, le visage de Côme m'a semblé un peu trop familier à mon goût. Malgré cette crispation de colère qui habille toujours son visage, il est monté sur l'autre côté de la voiture. Je n'ai rien entendu du tout, mais la porte est totalement ouverte. Et son bras m'attends, sa paume grande ouverte, n'attends que moi.

J'ai secoué la tête négativement.

— Hein !? Comment ça non ? DÉPÊCHE-toi Mariposa ! DÉPÊCHE-TOI !

— Faite vite, je crois qu'ils arrivent ! Aller, Côme il faut qu'on dégage maintenant, ils sont nombreux !

Le corps de Côme s'est redressé, en fait, il est carrément entré dans la voiture. Il a appuyé ses pieds autour de moi. J'ai mis mes mains devant moi en pensant qu'il allait me faire du mal mais non. Dans cet espace étroit, avec son corps imposant qui me semblait coincé entre les sièges il m'a enlevé la ceinture. Pour la deuxième fois.

— CÔME ! PUTAIN SORTEZ ! ALLER ÇA DEVIENT CHAUD LÀ !

On a entendu Robin mettre deux coups sur la voiture. J'ai tout de suite senti le stresse de Côme nous tétaniser dans cet espace réduit. Dans la précipitation il m'a saisi par le manteau, m'a relevé et debout, l'idée de coller son corps par dépit m'a retourné l'estomac. Mais ça n'a pas duré, par sa force il m'a soulevé pour me faire passer hors de la porte grande ouverte. J'ai senti ses mains pousser sur mes fesses pour que tout mon corps trouve appui sur la paroi du véhicule.

La force mes bras (et surtout ses mains sur mes fesses) m'a extirpé de la carrosserie. Je suis restée assise les fesses sur les talons sur le coffre de cette voiture retournée. J'ai entendu, le bruit des motards s'approcher de nous, et en rivant les vers l'horizon j'ai vu une traîner de fumer venir dans notre direction.

Et quelques secondes après Côme est sorti tout seul. Son regard pour moi est comme une menace mortelle.

Il s'est extirpé de la voiture, et a sauté de l'autre côté. Une fois qu'il a atterri, ses grandes mains se sont approchées de moi, se sont posées sur mes cuisses et m'ont tiré vers lui. Tout ce que je peux dire c'est que sa force m'a précipité dans sa direction et je me suis totalement écrasée sur son torse. Il s'est rattrapé au dernier moment pour ne pas tomber sur les fesses, et mes mains ont entouré ses bras pour faire contre-force de cette chute.

Il a froncé les sourcils en nous remettant sur pieds. En y repensant, j'ai comme cette impression que ce genre de moment ou nous yeux s'accrochent se répètent, mais cessent très vite car son bras m'a violemment éloigné de lui, sa colère m'a fixé une seconde de plus.

Mais ce sont des coups de feu qui ont fait cesser ce combat visuel.

— Courez.

Robin nous a rejoints en courant avec un calme qui m'a gelé le sang.

La main de Côme a saisi mon poignet, sa force m'a tiré dans la direction qu'il a prise. Il s'est mis à courir à côté de Robin qui tire derrière-nous.

J'entends les motos, le chaos se rapprocher de nous.

Très vite la cadence a été impossible à suivre pour moi, les gigantesques épis de blé emmêlent notre chemin et nous griffent le visage, je suis déjà essoufflée et la douleur de mon thorax me rend tellement lente que j'ai envie de lui dire de me laisser mourir ici.

Mais mon corps se soulève.

Mes hanches cognent contre son ossature à lui. Je sens ses mains autoritaires ajuster mes cuisses autour de sa taille, mes bras entourent sa nuque avec trop de naturel. Je sens ses poumons pousser contre les miens.

Je ressens sa cadence nous pousser pour fuir la mort certaine.








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Backup Account: ikunafa
𝐢.𝐚𝐦𝐤𝐮𝐧𝐚𝐟𝐚 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦

En espérant que ça vous a plu 🌷 !

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