CHAPITRE 15: Cœur violent.

Bonsoir mes boulettes, ça-va ? 🌹


(🎁)


Comment je suis trop K.O aujourd'hui, je poste et je crois je vais aller dormir d'ici peu MDR. Je viens de me rendre compte que le chapitre il était déjà corrigé, du coup je vous laisse avec ! (Il est un peu long par contre 8K de mots)






Bonne Lecture! 📖

Xoxo - Iamkunafa. 🍓








𓆃




CÔME.



— Pas de lait ?

Je secoue la tête négativement.

— Et toi ?

— Je veux bien oui.

Assis à la même place que lorsque je suis venue ici pour la première fois, la mère de Mariposa verse du lait dans la tasse destinée à Sashæ assis à ma gauche, elle fait glisser les cafés vers nous. J'entends Sashæ la remercier, il boit une gorgée, je fais de même.

Mon regard se rive sur Mariposa.

Debout devant la grande fenêtre qui baigne de lumière cette salle de séjour. La pluie a cessé. Son frère est mort hier. L'atmosphère est lourde, au même titre que sa dépression est palpable. Elle vient de perdre l'être qu'elle pensait être son sauveur. Je ne sais toujours pas à quel point la manipulation psychologique est ancrée dans sa tête.

La mère de Mariposa s'assoit en face de moi. Elle sert une tasse pour sa fille qui nous tourne le dos, et elle s'en sert une qu'elle ne boit pas.

Il y a un silence.

Sa mère n'a pas pleuré lorsqu'on lui a annoncé le décès de son fils. Pour être honnête, sa réaction m'a surpris. Et jusque maintenant elle tient le coup. Elle a simplement pris sa fille dans ses bras et murmuré un "Il avait choisi la mort depuis bien longtemps, mi almita.

Mariposa n'a pas vraiment répondu à son étreinte, et elle n'a plus pleuré depuis.

— C'est un fruit de la passion.

Je baisse les yeux sur la mère de Mariposa qui vient de parler, elle regarde Sashæ qui fait rouler le fruit dans sa main :

— Ah ouais ? Je ne crois pas avoir déjà goûté ça.

— Je peux t'en couper un si tu veux ?

— Non, ne vous dérangez pas madame.

— Ça ne me dérange pas.

Elle s'est levée, la chaise a raclé contre le sol :

— Tu en veux, Côme ?

Je réalise qu'elle s'adresse à moi. D'un geste de la main je décline poliment.

— Mariposa, tu en veux ? lui demande-t-elle.

— Ça ira, mamá.

— Viens avec moi, commande-t-elle à Sashæ.

Il se lève et se mène avec elle dans la cuisine ouverte en prenant quelques fruits de la passion du panier. D'ici je les vois, leur sujet de conversation anodine sur les fruits de la passion donne temporairement l'impression que l'heure n'est plus au deuil. D'une manière je pense que sa mère essaye de se changer les idées, et encore une fois, c'est Sashæ qui égaie un peu l'atmosphère déprimante.

Le temps d'un instant, les rayons du soleil percent de lumière ce salon. Je bois une nouvelle gorgée de café, puis mes yeux se perdent sur elle.

Ce que je vois ne me plaît pas.

J'ai comme un étau lourd qui s'écrase sur ma poitrine, son silence ne me plaît pas. Je me demande ce qu'elle a derrière la tête. Et puis je constate qu'elle porte une autre mini robe verte, des talons. Toujours ce côté excessif.

Quand bien même le style me plaît, je sais qu'elle ne le fait pas pour être la plus fashion de la ville.

— Ah, oui j'aime bien, articule la voix de Sashæ dans la cuisine, je ne m'attendais pas à ce goût, mais ouais ça me plaît.

Sashæ sourit, et sa maman enchaîne sur les différentes variétés que l'on peut trouver au Vénézuéla. Très vite, la discussion se reporte sur les différents endroits à explorer, puis sur la culture du pays.

Je trouve l'atmosphère tout d'un coup plus légère. Ma main saisit une grappe de raisins verts dans le panier. J'en mange un avant de me lever.

Je me tiens là, à côté de Mariposa, tout en contemplant le jardin. Le soleil fait briller la nature mouillée. Les raisins roulent sur ma langue. Elle ne dit rien, elle continue d'admirer les fleurs, mais quelque chose en moi me dit qu'elle reste attentive à ma présence.

— J'ai cru comprendre que tu aimais les fleurs, prononçai-je à voix basse, et nous n'avons toujours pas choisi le bouquet que je suis censé t'offrir.

Je ne m'attends pas à une réponse immédiate, et puis le moment est sûrement très mal choisi. Je comprends qu'elle me voit toujours comme son ennemi juré comme Mabel lui a appris pendant deux ans. Mais je me suis dit que peut-être lui laisser cette proposition en tête pourrait s'avérer intéressant pour plus-tard.

Mais finalement, Mariposa tourne la tête vers moi. Ses yeux me semblent livides et emplis d'un immense désarroi. Je décèle tout de même une légère étincelle d'intérêt dans ses iris. Je n'ai pas contrôlé le petit sourire en coin qui a étiré mes lèvres.

Lentement, elle baisse les yeux sur ma main qui tient la grappe de raisins. Je ne suis pas sûr qu'elle en veuille vraiment mais je me prends tout de même au jeu et décide de saisir l'occasion pour tenter de créer un tout premier lien, aussi fragile soit-il.

Je ne m'attends à rien mais je détache un raisin de la grappe et le tends vers elle.

Et Mariposa fait de même. Une infime chaleur réchauffe ma poitrine, lorsque nos doigts se frôlent, le fruit trouve place dans le creux de sa paume. Pendant un instant, nos regards se croisent, je peux lire en elle la détresse et la tristesse qui la rongent...

Peut-être que ça prendra un an, peut-être que ça prendra cent ans, mais j'espère qu'elle sait que je ne compte pas la lâcher. Je comprends ce sentiment que l'on ressent lorsque l'on réalise que celui qu'on idéalise est en réalité la raison pour laquelle on a le cœur crevé...

Il m'a fallu la mort d'Ania pour le comprendre.

Pour l'instant, je sais que le chemin jusqu'à sa rédemption va être long.

Terriblement long.

Soudain, un cri enfantin retentit dans la maison.

Nous tournons la tête vers l'entrée du salon, une petite fille fait irruption en courant vers la cuisine. Bien-sûr, Sashæ tombe immédiatement sous le charme, il se met à émettre des sons émerveillés et la poursuit avec amusement. Mais elle le fuit en riant joyeusement avant de se faufiler sous la table devant Mariposa et moi.

Mon regard se reporte sur la mère de Mariposa qui s'est avancée dans la salle de séjour, une main appuyée contre le dossier d'une chaise, je remarque une vive émotion dans ses yeux qui retiennent des larmes. Elle qui s'était montrée si imperturbable, elle observe sa petite-fille avec tendresse.

C'est certainement la première fois qu'elle la rencontre.

— Catalina !

Nous tournons la tête une nouvelle fois, Catalina s'arrête net en regardant cette femme. Nos regards se croisent, elle se fige en me voyant. Je la reconnais. Mais cette fois-ci son visage est marqué par le deuil. Ses yeux gonflés sont rougis par les larmes. Elle croise les bras sous sa poitrine, elle semble hésiter à s'enfoncer un peu plus dans ce salon.

Catalina apparaît devant moi, elle me pointe du doigt avec un large sourire malicieux qui creuse ses fossettes. Elle a la même tête que Mariposa. Puis l'instant qui suit, elle disparaît en sautillant vers sa mère, elle s'accroche à sa jambe et cette femme la soulève dans ses bras.

Je jette un coup d'œil furtif à Mariposa, elle fixe Maria et Catalina visiblement choquée. On aurait dit qu'elle prend conscience que cette femme existe vraiment. La mère de Mariposa a quitté la cuisine pour s'approche de Maria avec compassion. Le visage de Maria se déforme accablé par un profond chagrin, mais la maman de Mariposa la serre tendrement contre elle.

Au final... Mabel aussi avait eu le droit à son havre de paix. Dans les pleurs douloureux de cette femme, je comprends qu'elle l'aimait.

Sincèrement.

— Il faut que tu fasses tes valises, mamá, et tu partiras d'ici avec Maria.

Je tourne la tête vers Mariposa qui vient d'articuler ces mots sans préambule avec une certaine froideur.

Maria se décolle de sa mère. Son regard est assez méfiant envers Mariposa.

— Pourquoi je devrais quitter mon pays ? Mon mari est mort, et je dois aussi abandonner ma maison ?

— Un jour, quelqu'un pensera que les milliards de mon frère sont dans ta poche, ce jour-là je ne pourrais rien faire pour aider ta fille ou toi.

Maintenant, l'idée me traverse l'esprit...

Mariposa est l'héritière d'un empire qui vaut des milliards de dollars. Mais je pense surtout à mon père, Mabel est mort, les conséquences sur son business seront désastreuses. Honnêtement, j'attends sa chute avec impatience, parce que sans lui elle risque de lui tomber dessus assez rapidement.

Maria se mord la lèvre inférieure, visiblement frustrée par les propos de Mariposa qui n'exprime aucune émotion.

— Et où irons-nous ?

Catalina regarde sa mère.

— À la Réunion.

— À la Réunion !? s'exclame-t-elle.

— Vous devriez déjà être partie. Ici, ce n'est plus sûr.

Je pense que Maria réalise la gravité de la situation. Elle plonge son regard dans celui de sa fille, et finit par hocher la tête en reniflant.

Cette première rencontre s'est déroulée assez étrangement pour être honnête. Mais j'interprète la froideur de Mariposa comme une façon de protéger sa famille.

La fin d'après-midi est arrivée vite. Mariposa a aidé sa mère à quitter le pays dans lequel elle avait vécu toute sa vie. Catalina a passé son temps à s'accrocher à mes jambes ou celles de Sashæ, jusqu'à ce que nous prenions la route en direction de l'aéroport Simón Bolívar, près de la capitale. Mariposa a acheté des billets allé sans retour direct pour l'île de la Réunion.

Dans l'heure qui suivit, elle a fait ses adieux à sa mère. Et malgré les larmes qui ont inondé le visage de sa mère, j'ai vite compris que sa mère était rassurée par ma présence, ou peut-être par l'idée que j'allais rester avec sa fille.

Puis finalement elle a disparu en compagnie de Maria et Catalina.


𓆃


Dix heures plus-tard, j'ai atterri aux États-Unis. Nous nous étions séparés à l'aéroport avec Sashæ, "il ne pouvait pas attendre avant de rejoindre Lyne".

J'ai pris un taxi pour l'est de la ville, dans l'état de New-York.

Mariposa a mes côtés, elle n'a pas dit un seul mot. Son visage est resté neutre, je n'ai pas été capable de déchiffrer quoi que ce soit si ce n'est un peu de fatigue. Elle ne m'a pas regardé une seule fois non plus. La seule chose à quoi je pense, c'est qu'elle a probablement un plan derrière la tête.

Environ une heure plus tard, je soulève le paillasson devant la porte d'entrée pour récupérer la clé que j'avais planquée avant mon départ. Pas très malin comme cachette, mais au moins je n'ai pas eu besoin d'enfoncer ma propre porte.

J'ai un appartement situé dans le quartier de Battery Park City, à Manhattan à l'extrémité des coins plus animés de la ville. Je l'ai acquis quelques mois avant de partir au Vénézuela. J'occupe le 9ème étage de cet immeuble haut de gamme. Ce n'est pas vraiment ce que je peux appeler "ma maison", il est déjà meublé et adapté pour la vie quotidienne le temps qu'elle me revienne, ça m'a suffi pour l'acheter.

La clé tourne dans la serrure et j'ouvre la porte. Je laisse passer Mariposa. De l'entrée on peut apercevoir la large baie vitrée offrant une vue imprenable sur l'Hudson River et le skyline de Manhattan.

— T'as la salle-de-bain, au fond du couloir.

Je ne sais même pas pourquoi j'ai dit ça.

Putain.

J'allume la lumière du vestibule. Mon regard se pose sur elle, j'ai l'impression de toujours sentir la pluie. Et l'idée de prendre une douche après ces heures de vol me donne des frissons.

Mariposa perd cinq centimètres en enlevant ses talons qu'elle laisse éparpiller devant ma porte, j'enlève mes chaussures en même temps en expirant.

J'avais presque oublié ça : son désordre.

Elle ne me répond rien, ses pas rapides la mènent vers le fond de mon appartement. La porte de la salle de bain claque, et j'entends un jet d'eau tout de suite après.

Je m'agenouille en ouvrant mon meuble à chaussure dans lequel je range les siennes et les miennes. Honnêtement, je n'aurais jamais pensé qu'elle me suive aussi facilement. Je suis partagé en très l'idée qu'elle soit complètement traumatisé ou qu'au contraire elle ne se rend pas compte de ce qui se passe.

Je me dirige vers ma cuisine ouverte et, en ouvrant la porte du réfrigérateur, le halo de lumière blanche m'oblige à plisser les yeux. Je me souviens que je l'avais vidé avant de partir au Vénézuéla, il n'y a rien à manger. Ma paume passe sur mon ventre affamé, je réalise qu'il faut que je fasse quelques courses et que je réfléchisse à la suite de cette histoire. En attendant, je pense à nous commander quelque chose.

Je suis resté immobile pendant plusieurs minutes devant le réfrigérateur ouvert, je masse mon menton pensivement. La fraîcheur me colle à la peau, et un sourire nerveux étire mes lèvres tandis que mes pensées dérivent vers Stonehead.

Suka ! (Pute)

Tous mes souvenirs me reviennent par flashs. Dans ma tête, une arborescence se dessine, mon cerveau crée des liens logiques entre les différentes informations que j'ai en ma possession. La carte de l'intrigue me mène à James. C'est lui qui m'a donné ce « « tuyau avec Stonehead pour faire fleurir mes affaires. Il fallait que je le recontacte parce que j'ai un tas de questions à lui poser :

Sait-il que Stonehead est en réalité le père de Mariposa ?

Si c'est le cas, alors pourquoi a-t-il inventé cette histoire comme quoi une enquête sur Mariposa était en cours pour le meurtre de son père ? Il a même contacté Sashæ pour lui dire qu'il avait classé l'enquête, alors qu'il est visiblement bien vivant.

Et si tout ça est lié, alors James et Stonehead étaient-ils en communication car ils savaient que je cherchais Mariposa... ?

Plus je me creuse la tête, et moins ça me paraît logique, James se souvenait à peine de Mariposa lorsque je lui en avais parlé.

Quoi qu'il en soit, Stonehead s'est bien foutu de ma gueule. Mon visage grimace en repensant à la dernière discussion qu'on a eue sur le perron de cette maison au Vénézuéla. En la remettant dans le contexte, il m'avait clairement vendu son histoire comme une romance interdite, alors qu'il me parlait de sa fille qu'il avait certainement dû violer plus de fois que je ne pourrais le compter. Il avait parlé d'elle comme un animal à foutre en cage. Je serre les dents envahies par une frustration palpable et une haine grandissante.

Ce salopard était devant ma gueule ! Putain j'avais signé avec lui, et je lui dois chaque centime que j'ai en banque. Millionnaire grâce au pédophile qui sert de géniteur à Mariposa. La porte du frigidaire claque violemment, je n'ai pas contrôlé ma force. Mes paumes se posent sur mes hanches avant de finalement rejoindre le plan de travail, l'instant qui suit, je passe mes doigts sur mon menton.

La seule chose vraie que Stonehead m'a dite, c'est que si son visage ressemble effectivement à un désastre sans nom c'est bien à cause de Mariposa. En en allant voir sa camarade de classe et en surprenant une des discussions d'Alejandro et Sergio me concernant, des hommes de leur gang étaient allés directement chez eux. Alexander avait éliminé l'homme qui avait supposément mis une balle dans la tête de ce fils-de-pute et pourchassé Mariposa.

Ça fait un bon moment que je n'entends plus le jet d'eau dans la salle-de-bain. À mon tour je traverse mon salon, je passe ce tableau dans le couloir, jusqu'à ce que ma poigne baisse la poignée de la porte de ma chambre.

Mon regard parcourt la pièce en cercle. Je ne vois personne sur mon lit. Mais lorsque je tourne la tête vers la grande fenêtre qui donne vue sur la ville, je la vois de dos.

Debout là, en fixant l'extérieur. Elle porte un de mes t-shirts. Je ne dis rien pour les quelques gouttes d'eau qui s'échappent de ses boucles et qui s'écrasent au sol.

— Mariposa ?

Je m'approche d'elle, elle ne bouge pas, elle ne me regarde pas non plus, jusqu'à ce que je l'entende respirer profondément. Lorsque j'arrive à sa droite, elle lève la tête vers moi. Ses grands yeux se plantent dans les miens et me transpercent de part et d'autre. En inspirant, mon ventre ressent une vibration brûlante.

Kurwa... (Putain)

Elle reste là, à me fixer silencieuse. Un tas de questions qui se bousculent en commençant par savoir ce qui se passe dans sa tête. Mais devant son regard tenace, je finis par arquer lentement un sourcil, elle fait de même.

Quelque chose fait tout d'un coup changer l'ambiance de cette chambre, peut-être sa manière de me fixer ? Ou bien le simple fait que je me perde dans les traits de son visage.

Kurwa.

La pièce est plongée dans le noir, mais la lumière orangée de la ville se reflète sur sa peau mate. Pendant un instant je me fais la réflexion que son bronzage allait finir par partir avec le froid de New-York. Je me perds quelques secondes sur les constellations sur son visage, mais une nouvelle onde de frissons s'empare de moi lorsqu'elle baisse les yeux sur mes lèvres la première.

Je déglutis en sentant mes paupières se plisser. Du coin de l'œil, j'aperçois le mouvement de son bras, il se lève.

L'instant qui suit, ma peau fond. Je sens mes yeux s'ouvrir un peu plus. Elle a posé sa paume sur mon cœur, et je sais qu'elle sent comme il est en train d'exploser. J'inspire et cette bouffée d'air chaude éveille mes sens d'un degré de plus.

Le pire arrive lorsqu'elle fait glisser lentement sa main le long de mon torse, mes sens se mettent en ébullition, je ne comprends pas ce qui est en train de se passer, mais mes lèvres s'entrouvrent laissant un soupir discret m'échapper lorsqu'elle glisse ses doigts sous mon t-shirt sans que ses yeux noisette ne me quittent.

— Qu'est-ce que tu fais, lui demandais-je d'une voix éraillée.

— Tu ne veux pas jouer ?

Je fronce les sourcils devant son air à moitié malicieux. Je vois qu'il y a autre chose derrière cette façon séductrice qu'elle a de me regarder. C'est comme si j'avais une autre femme en face de moi... peut-être a-t-elle revêtu son masque de "La Mariposa Verde". Je ne suis sûr de rien mais lorsqu'elle est comme ça, quelque chose cloche.

— Mariposa, qu'est-ce que tu fais ? répétais-je d'une voix que j'aurais voulu plus ferme mais ses doigts se glissent au niveau de la ceinture de mon pantalon et mon ton s'essouffle.

À ma grande surprise, un sourire machiavélique creuse ses fossettes. Je sens mes joues chauffer d'un coup, mon cerveau est en train de tirer une sonnette d'alarme.

Jouer.

Elle veut jouer.

La première pensée qui me tombe dessus c'est que c'est comme ça qu'elle se voit, comme un jouet. Et c'est probablement comme ça qu'elle veut voir tous ceux qui l'entourent : comme des jouets. Je serre les dents, ma déglutissions devient de plus en plus difficile, de même que ma respiration lorsqu'elle fait un pas vers moi.

— S'il-te-plaît ?

Elle me l'a demandé presque suppliante, avec un air faussement innocent et aguicheur sur le visage. Ses lèvres gonflées sont une véritable torture. Je sens les traits de mon visage grimacer, je ne pas sûr d'apprécier ce jeu. Pas dans ce contexte-là.

En gardant son index crocheté au niveau de ma ceinture, elle s'est tournée complément vers moi, effleurant ses seins contre mon torse, mon souffle s'est coupé. Ma langue glisse sur mes lèvres quelques secondes avant que je finisse par mordre ma lèvre inférieure. Son toucher m'électrise, je le vis comme une explosion de sensation qui me rogne les veines de la meilleure des façons. La violence que je me fais pour résister à l'envie de plonger mes mains dans ses cheveux est inouïe.

— Pourquoi tu es si résistant, Côme, chuchote-t-elle, cède.

Je la regarde, la malice dans ses yeux me remémore ce truc qui lui colle à la peau. Une sexualité exagérée. Je ne sais pas combien de fois elle a dû faire ça et combien de fois elle s'est rendu compte que se mettre dans cette position d'une femme séductrice ne lui rendrait pas ce que son père lui a pris.

Et malgré ça, l'appel de la chair prend le dessus sur moi. Elle passe sa main au niveau de ma nuque, instinctivement je me penche vers elle. C'est à peine si je suis capable de lui résister, ces deux années sans elle font ressurgir toutes mes pulsions enterrées. Son souffle s'étale sur ma peau, c'est encore mieux que dans mes souvenirs.

J'inspire profondément en ayant cette sensation fabuleuse de retourner dans le passé. J'ai fermé les yeux un moment. Ses boucles m'embaument de l'odeur de coco et elle sent mon gel douche, La Chasse aux Papillons et je m'enlise de ce parfum.

Finalement, j'ouvre les paupières et la plonge droit dans ses yeux.

J'ai l'impression qu'elle me fait l'amour avec son regard.

Elle me captive à chaque fois qu'elle me fixe. Je ne sais pas si c'est à cause de cette forme en amande, autant innocente que d'une intensité presque hypnotique ou cette couleur noisette chaleureuse comme un feu de camp au beau milieu de la nuit. Il y a quelque chose de dangereux dans ces yeux, j'y vois un début, et une fin pour ma vie. Je lis un tas de mots que je suis incapable de retranscrire à l'oral, mais ce que j'ai dans la poitrine le comprend très bien.

Cet échange dure un temps, je baisse les yeux le premier sur ses lèvres et tout ça accompagné d'un torride frisson qui m'a saccagé le ventre m'arrachant un léger gémissement.

— Cède, love...

Sa voix retentit comme la musique d'un ange. Je veux l'entendre encore. Je me sens presque trembler... Love est sorti comme du miel sucré, quand bien même je me doute qu'elle se joue de moi avec ce surnom, ce soir j'ai aimé l'entendre.

Ses lèvres se posent sur mon cou, ma main prend appui contre la baie vitrée à ma droite, à cause de l'onde de sensation qui fait trembler mon corps. Je mords déjà mes lèvres les sourcils froncés. Sa langue caresse ma peau en la décorant de baisers chauds. Je respire profondément les paupières closes, pendant que ses doigts déboutonnent mon jean. Un soupir m'échappe lorsqu'elle baisse ma fermeture éclair.

— Att... end...

Ses lèvres mouillent ma gorge avec un peu plus d'intensité, ce qui me vaut un énième murmure. Les frissons se multiplient dans tout mon corps, je me sens respirer plus profondément, mon entrejambe se gorge de sang et se raidi. Je suis incapable de bouger.

Soyons honnêtes, j'ai juste envie qu'elle continue et qu'elle mette fin à cette torture.

— Touche-moi partout, je t'en prie, fais-le.

Je me rends à peine compte de l'impact que sa voix féminine a sur moi, ma peau me brûle et à ce stade mon sexe crée une bosse conséquente dans mon jean, je mords mes lèvres, mon souffle profond devient bruyant. La tension que je ressens dans cette chambre est monumentale à un point presque insupportable.

— Je t'en prie... touche-moi... ne me résiste pas.

Je suis tiraillé entre l'envie de céder tout de suite, rien ne me retient en réalité, j'ai terriblement envie de la toucher et de faire mienne chaque parcelle de sa peau. Ses mains font glisser mon t-shirt le long de mon torse, l'instant qui suit il s'étale sur le sol dans un bruit sourd, je ne sais pas comment la situation a escaladé aussi rapidement mais je sens mon dos s'enfoncer dans mes draps. Les lèvres de Mariposa mouillent la peau de mon ventre, je retiens mes gémissements. Ses cheveux mouillés me frôlent telles des caresses sensuelles. Ses mains descendent au niveau de mon jean, je suis happé par un feu ardant.

Et pourtant, dans mon crâne j'ai comme un sentiment d'urgence qui s'allume :

— Mariposa...

Une onde de frissons me parcourt lorsque sa langue glisse sur mon ventre. Elle me torture et je ne pense pas qu'elle le réalise, j'avais envie d'elle comme jamais je n'ai désiré quelqu'un, mais je suis persuadé qu'elle se sert de moi comme une option pour fuir sa réalité.

Je ferme les yeux une seconde en soupirant, c'est un mensonge de ne pas avouer que sa langue sur ma peau me détruit littéralement le ventre. Mais ma main saisit la sienne lorsque je sens une pression sur les pans de mon jean pour le baisser, son nom m'échappe :

— Mariposa !

Je saisis ses poignets presque essoufflés.

Son regard sur moi est assassin. Elle me fixe avec cet air agacé.

— Tu as dit que tu jouerais, me reproche-t-elle sur un ton froid. Son regard analyse chaque parcelle de mon visage.

— J'ai dit, je peux encaisser tes poings, mais crois-moi, tu n'as pas du tout envie que je cède maintenant.

— J'en ai envie, murmure-t-elle d'une façon séductrice en approchant son visage du mien, j'ai envie que tu le fasses, Côme...

— Tu n'as pas envie d'oublier avec le sexe Mariposa, tu sais aussi bien que moi que ça ne marche pas comme ça.

Elle fronce les sourcils, surprise par ma réponse, mais ne semble pas s'en contenter. Elle tire sur ses bras afin que je la lâche, je ferme ma fermeture éclair en même temps qu'elle s'éloigne de moi. Je remarque tout de suite son animosité dans son regard.

Mais si je cède, elle le regrettera, ça, je le sais.

Je me redresse et récupère mon t-shirt sur le sol.

— Tu n'as aucune idée de ce que je veux ! me reproche-t-elle sèchement.

— Ouais, pour le moment peut-être que je ne sais pas grand-chose de ce que tu veux, mais je suis sûr que ce n'est pas en se sautant comme des lapins tous les deux que tu vas passer à autre chose. Tôt ou tard, tu pourrais le regretter.

— Qu'est-ce que tu en as à foutre de mes regrets, t'en as autant envie que moi. Et si tu ne peux pas me donner ce que je veux, alors comment est-ce que tu comptes tenir "tes promesses" ?

Elle s'est approchée de moi menaçante. Je plie mon t-shirt sans la lâcher du regard avant de tenir le tissu dans ma main.

Je comprends une chose, Mariposa est devenue tout ce qu'elle déteste.

"Mes promesses" pour le moment elle en a plus que rien à foutre, son attitude aguicheuse n'a pour unique but que d'obtenir mes faveurs sexuelles, lui faire passer un bon moment et elle m'oubliera jusqu'à ce qu'elle ait de nouveau envie de m'utiliser. Un peu de chantage affectif, un peu de manipulation. Je suis conscient que les traces de son frère sont encore bien ancrées.

Elle agit comme lui, comme la bonne soldate qu'elle est.

— Je ne t'ai jamais promis de te donner mon corps pour que tu oublies le tien. Et si tu veux jouer, on va jouer, mais je ne serais pas ton jouet, sache-le.

Ses yeux s'écarquillent une seconde.

— C'est juste du sexe, me répond-elle avec détachement, tu extrapoles un peu trop là.

Je plisse des paupières. Pendant un moment, je sens mon poing qui tient mon t-shirt se serrer. Ma langue pousse les parois de ma bouche de façon nerveuse. Je repense à ce putain de fleuriste avec la très mauvaise sensation que peut-être elle utilisait son corps à lui pour "oublier"... Je sens une chaleur au niveau de ma poitrine : la rage. Je n'aime pas du tout ce à quoi je pense et j'espère me tromper.

— Je pensais que tu n'aimais pas que tout soit sexuel avec moi, finissais-je par répondre.

— Ce soir j'avais changé d'avis.

Mon regard se plante dans le sien.

— Parle-moi.

Son poing s'abat brutalement sur ma poitrine. Elle respire tout d'un coup très profondément et je vois son visage résister à l'envie de laisser sa colère exploser sous mes yeux.

— Ne dis plus jamais ça !

— C'est ça que tu veux, petit cœur, de la violence ?

Mon sarcasme ne lui plaît pas, le sourire nerveux que j'ai en coin non plus. Son souffle est bruyant, presque essoufflé. Je ressens sa rage dans ses yeux. Le truc avec moi, c'est que j'ai tout autant un gros problème avec la violence. L'agressivité chez les autres éveille instantanément la mienne au point d'en exciter mes sens. Je sais qu'avec elle le travail que je fais pour contenir ce sentiment explosif est monumental.

Je sais que je n'ai pas le droit de répondre, avant je l'aurais peut-être déjà fait, avec des mots ou mon agressivité, tout était bon pour que ça ne soit pas moi qui sois humilié.

Mais maintenant, si je mets un pied dans sa brutalité, je sens que l'on va s'entretuer. Que les meilleurs coups seraient les plus blessants et qu'à la fin, il n'en resterait qu'un.

Je contiens donc les images de violence que j'ai en mémoire et je me focalise sur son visage ovale.

Ne la rejette pas, c'est Mariposa.


La femme qui te fait dormir, et tu as promis d'être là,

Devant Dieu.


Gère donc ton cœur violent, Côme.

— Ce n'est pas ce que tu étais toi, aboie-t-elle en s'approchant dangereusement, un mec violent ? T'aimais bien ça, il me semble ? Tu t'en souviens ?

Ses poings se serrent et se dressèrent d'une façon frénétique. Elle se retient de me frapper. Elle pince les lèvres sans jamais détourner son regard furieux du mien.

— Ouais... et maintenant, regarde-moi courir derrière ton cul pour te faire comprendre comme tu vas détester te perdre dans ta violence, Mariposa.

— Quand tu tabassais mon frère, tu détestais te perdre dans ta violence c'est ça ? Quand tes hommes ont tué ceux de mon frère avec mon... père, tu détestais ta violence !?

Elle me l'a craché horrifié. Je compris immédiatement que cette scène lui est restée dans la tête et qu'elle contredisait tout ce que je voulais lui montrer.

Bizarrement, un sentiment malaisant prit possession de mon corps. Au fond de moi, j'ai conscience que je suis capable d'un niveau de violence extrême. Et elle le sait elle aussi. Elle doit le comprendre et le voir dans mes actes, dans mes yeux et dans tout le mal que je lui ai fait. Alors quelques secondes passent, et je me rends compte que je comprends pourquoi elle m'a juré de ne jamais me faire confiance.

La violence.

Mon cœur violent.

C'est tout ce que Mariposa connaît de moi, et je peux lui en donner autant qu'elle demande. Mais je sais aussi que si je veux la faire sortir de son cercle vicieux, je vais devoir abandonner des parts de moi qui peuvent l'effrayer.

Je ne réponds rien. Parce que je n'ai rien à dire. Elle a raison. Au même titre qu'elle y a cédé, moi j'ai encore un chemin immense à parcourir avant d'abandonner des schémas brutaux qui je sens, peuvent ressurgir à tout moment.

Je regarde ses mains trembler, et j'attends qu'elle explose sur moi. Honnêtement, j'en ai vu passer des poings et je suis prêt à encaisser les siens. Je les mérite tous.

Je suis presque sûr qu'elle va le faire. La tension est palpable dans la chambre, mon cœur cogne très fort contre ma cage thoracique, c'est toxique, et j'en ai conscience.

Rien qu'en y pensant je me demande à quel point j'allais devoir descendre dans ses marches des enfers pour nous sortir de ce poison que nous avions bu tous les deux.

Mais nous tournons tous les deux la tête lorsque le son strident de la sonnette carillonne dans mon appartement. Son regard change, elle se méfie en se décalant légèrement. Je comprends qu'elle a peur, alors je me presse dans le couloir jusque atteindre ma porte d'entrée. À travers le judas je reconnais ces deux visages et une femme :

— Ouvre vite, bébé !

L'instant qui suit, la porte s'ouvre sur Sashæ, Alexander et Lyne.

— Ah bon, articule Sashæ en hochant la tête lentement. Ses yeux se baissent sur mon torse nu. Tu vas vite en besogne toi, on vient à peine de se séparer ! Merde bébé !

— Entre, ne me casse pas les couilles.

Sashæ pénètre mon appartement en riant. Il tient un grand cabas dans les mains. Mes yeux se posent sur Alexander. Je ne l'ai pas revu depuis le mariage de Robin. Il se passe bien une seconde avant que l'un de nous deux ne réagisse, mais il me tend finalement sa main que je serre avant de le laisser entrer.

— Salut, articule Lyne en passant rapidement un ordinateur sous le bras une sucette à la bouche.

Je referme la porte. Lyne est la seule qui a enlevé ses chaussures à l'entrée et voir les baskets des jumeaux dans mon appartement propre hérisse littéralement mes poils. Ça a suffi à augmenter l'humeur massacrante que j'ai, la conversation que je viens d'avoir avec Mariposa m'a mis à cran. Un dédale de pensées se bousculent et je n'ai qu'une envie retournée dans cette chambre pour finir cette conversation parce que je sens qu'elle a beaucoup de choses à dire.

Ils se dirigent tous dans la cuisine. Sashæ a posé son cabas sur le plan de travail :

— T'aime ça, non ?

Mon regard se pose sur la main de Sashæ, il dépose un paquet de quinoa sur la table. Je secoue la tête en ne parvenant pas à sourire cette fois-ci. Il dépose une liste de course sur le comptoir. Des œufs, un paquet de nouilles instantané au bœuf, du riz brun complet, du beurre, et un tas d'autres aliments.

Mes coudes se posent sur la surface en marbre. Lyne s'assoit sur une des chaises hautes. Elle fait tourner sa sucette dans sa bouche avant d'ajuster ses lunettes sur ses yeux. Elle dépose son pc et l'allume sans prendre compte de la bêtise de Sashæ qui est en train de me lister les courses qu'il avait faites pour moi.

Au bout d'un moment, mon attention se déporte sur Alexander :

— Comment va Sage ?

Alexander ouvre un de mes placards pour prendre un bol.

Son haussement d'épaules est assez équivoque, je grimace. Je n'ai pas aimé ça. Sage n'a répondu à aucun message que je lui ai envoyé. D'autant plus que ça devait être une merde pas possible du côté de mon depuis que j'avais décider de mettre un pied au Vénézuéla.

— Qu'est-ce qu'il fait ? demandais-je.

— Il gère bien, mais je ne te cache pas que je n'ai pas eu de ses nouvelles depuis plusieurs jours.

D'une certaine manière, maintenant que j'y pense, mon géniteur me rappelle Mabel. Cette façon de bourrer le crâne des autres pour les faire adhérer à leur doctrine, leurs mœurs. Je ne sais pas dans quel état je vais retrouver Sage, mais ça m'inquiète déjà.

Sashæ se baisse pour ranger les courses qu'il a faites pour moi sans que je ne lui demande, lorsqu'il se redresse il me dit :

— Elle est où la créature ?

Je désigne le couloir d'un haussement de menton, Sashæ poursuit :

— Elle ne vient pas ?

Je secoue la tête négativement.

— Et alors c'est quoi cette histoire avec Stonehead ?

— Elle l'a reconnu comme étant son père, prononçais en passant nerveusement mes paumes sur ma tête.

L'idée d'avoir bossé avec ce pédophile m'enrage. Je me sens presque complice. Incapable de qualifier le sentiment qui se développe dans ma poitrine, Mariposa ne m'en a parlé qu'une seule fois, ça aussi ça m'inquiète. Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête, je crains qu'elle finisse par faire quelque chose en conséquence et pire encore, si elle ne me pardonne pas pour avoir travaillé avec lui, je ne pourrais rien faire.

— Et vu la tête qu'a fait Mabel en le voyant je suis sûr que c'est bien lui, ajoutais-je les dents serrées.

— En me basant sur le fait qu'il soit leur père, intervient Lyne en tournant l'écran de son ordinateur vers moi, voilà ce que j'ai trouvé sur lui. William Díaz, ressortissant américain. Deux enfants recensés, Mabel Díaz, qui n'a jamais eu la nationalité américaine, sa fille Mariposa ont été naturalisés.

Je rapproche l'ordinateur de moi en zieutant les informations qui s'affichent à l'écran. Je passe à la slide qui suit.

— Il est né et a grandi dans un quartier pauvre de Chicago, poursuit Lyne, c'était un élève brillant mais il a toujours été impliqué dans de sales histoires depuis ses treize ans. Il a obtenu son diplôme d'étude secondaire et il a même un diplôme en criminologie. Il a rejoint les forces de police et a très vite gravi les échelons pour devenir inspecteur en chef. Au bout de trois ans, il a quitté le territoire américain pendant onze ans. Et cette période correspond à la naissance de Mabel et Mariposa.

Je regarde la photo de sa gueule avant son accident. Le souvenir semble brouillé, mais je me souviens plus ou moins de lui maintenant. Ce jour où je l'avais vu pour la première fois dans ce parc avec mon père.

— Il est revenu et grâce à son réseau il a très vite réintégré les forces de l'ordre. Il y a une dizaine de dossiers scellés à son nom pour des plaintes pour attouchements et viols et toute sorte de violence policière confondus. Toutes les plaintes ont été classées et effacées de son casier.

L'envie de vomir ce connard m'hérisse les poils. Si seulement j'avais su... Jamais je ne l'aurais laissé m'échapper.

— Tu as trouvé un lien entre lui et un policier de New-York, James Anderson ?

Lyne récupère son ordinateur, elle tapote rapidement sur les touches avant de le glisser de nouveau vers moi :

— Je n'ai rien sur James, mis à part le résultat de son concours pour intégrer la police, quelques articles dans des journaux, rien ne le rattache à quelconque activité illégale. Même en piratant les bases du FBI, je n'ai rien sur lui.

Putain. Ça s'annonce mal, les choses se compliquent à vue d'œil. J'ai un milliard de questions sans réponses qui me donnent une migraine pas possible, je me mets à masser mes tempes pour essayer de réfléchir à une suite logique à tout ça.

Pendant ce temps, Alexander prend la bouilloire et verse l'eau bouillante dans un bol de nouille instantanée. Il me jette un regard interrogateur pour savoir si j'en veux, mais je refuse d'un simple geste de la main. En revanche il en prépare encore quatre bols, verse de l'eau dans trois d'entre eux et en laisse un de côté, probablement pour Mariposa qui ne s'est toujours pas montrée.

— Ok, énonçais-je en rivant mes yeux dans les iris noirs de Lyne. Mes paumes se croisent. Quelles informations tu possédais sur Stonehead avant que le FBI ne te retire l'enquête ?

— Avant que le FBI tente de m'assassiner, tu veux dire, renchérit-elle d'un air presque outré.

Mon regard blasé lui fait vite comprendre que je n'ai pas le temps de jouer sur les mots. Sashæ se positionne à côté de Lyne, en face de moi. Les coudes sur le comptoir il souffle sur ses nouilles brûlantes en attendant que Lyne daigne à parler :

— Le nom de Stonehead est apparu dans les dossiers du FBI il y a peu près trois ans. Peu de temps après sa tentative de meurtre, visiblement échouée. Une rumeur disait qu'un type au visage balafré bossait avec le gang d'Alejandro, il les aidait à acheminer de la drogue jusqu'aux États-Unis, et ça faisait un moment qu'on essayait d'avoir la main sur Alejandro et Sergio Ruiz.

— Pourquoi ne pas avoir interrogé les Ruiz ?

— Justement, de fil en aiguille on a vite compris que ces deux-là n'étaient que la partie visible de l'iceberg. On voulait la tête, et le plus plausible était ce Stonehead, alors avec notre équipe on a attendu d'avoir assez de preuves pour pouvoir les attaquer efficacement.

— Mais ?

— J'ai fini par découvrir que Stonehead possédait un club, le Souls Club. J'ai été mis sur le dossier en tant qu'agent infiltré, mais ça n'a pas fait long feu, ils ont un type, Bruce, je crois qu'il m'avait cramé avant même que je n'aie le temps de vraiment les infiltrer.

En y repensant, ce Bruce passait peut-être son temps à essuyer la sueur sur son front gras, en attendant il avait été assez malin pour trouver la planque de Mabel en quelques jours ainsi que la couverture de Lyne.

— Dis comme ça, intervient Sashæ en avalant ses nouilles, il me semble bien que ce soit le gang des Hispaniques qui a mis cette balle dans la tête de Stonehead, et maintenant tu nous dis qu'ils travaillent avec eux ? C'est incompréhensible.

— Stonehead travaillait avec tout le monde, renchérit Lyne en fermant son ordinateur et en posant ses lunettes noires dessus, il avait peut-être enterré la hache de guerre avec eux, parce que je peux t'affirmer que les filles que les Ruiz enlevaient finissaient bien entre les mains du Souls Club. Il bossait aussi avec plusieurs gangs de motards à travers les États-Unis qui l'aidaient à déplacer les filles vers l'Europe, d'où la connexion avec les Italiens.

Tout d'un coup, je fronce les sourcils. Mon regard plonge dans celui d'Alexander, il fronce les sourcils à son tour, on comprend la même chose tous les deux !

Si Mariposa était restée vie, c'était surtout parce que je n'avais pas le temps de m'occuper de son cas étant donné que nous étions constamment poursuivis par différents groupes et que de fausses informations se propageaient au sein même de mon cartel, déréglant complètement mon organisation. Ryam avait disparu par la même occasion et cette information remonte en flèche dans mon cerveau. Ryam savait quelque chose qui lui a valu de mourir décapité...

Dans cette histoire, tout est connecté. Quand une carte tombe, je sais qu'elle donnera encore plus d'informations sur la suivante, jusqu'à ce que l'arborescence se dessine pleinement et que je comprenne enfin d'où tout ça commence.

Et maintenant, j'arrive enfin à mettre le doigt sur le commanditaire de ces courses poursuites incessantes qui nous avait valu de nombreuses frasques. C'était le père de Mariposa lui-même qui avait engagé tous les mecs avec qui il bossait pour mettre la main sur sa fille. Les Hispaniques, les Italiens, et les motards.

En repensant à Mariposa, je me rends compte que c'était aussi pour ça qu'elle s'en sortait à chaque fois, tous nos assaillants n'avaient jamais voulu la tuer, Stonehead voulait juste récupérer sa fille.

— Donc Stonehead, articule Sashæ en ouvrant ses paumes sur un ton sérieux, concrètement, il gère un réseau de trafic d'être humain, les Hispaniques s'occupent d'enlever les filles. Il les vend sur des réseaux européens par le biais de motards qui acheminent les filles, et à côté de ça il recherchait sa fille quoi. Je pense qu'il y a autre chose. Comment aurait-il pu orchestrer tout ça seul ? Est-ce qu'il était en communication avec Mabel ?

— Je ne pense pas, répliquais-je en massant mes tempes, ce bâtard s'est jeté d'un toit après avoir revu son père, il était tellement effrayé par Stonehead qu'il a préféré se suicider que de revivre ses traumatismes. En revanche, ça me fait penser à Ryam, je pense que lui il savait quelque chose qui aurait pu nous servir pour comprendre comment Stonehead s'est immiscé autant les réseaux de mon père...

— Tu penses que Ryam aurait pu être ta taupe ? Me questionne Sashæ. Alex' m'a expliqué qu'il avait soi-disant reçu un message de ton père et commandé à tes hommes de partir de Chicago juste après que tu aies enlevé Mariposa.

— Je n'en sais rien... mais je ne peux pas exclure cette idée parce que c'est vrai que tout s'est arrêté après sa mort. Il aurait pu donner des informations à Stonehead et il pouvait approcher mon père...

Je déglutis. Alexander avale une bouchée de ses nouilles instantanées avant de demander à Lyne :

— Et ce club qu'il possède, qu'est-ce que tu as pu trouver dessus ?

— Il y a une seule chose que j'ai comprise à propos de ce club, juste après avoir vu l'indic' ; Dan, qui m'a poignardé...

J'ai vu son visage grimacer, elle l'a encore en travers ce qui est assez compréhensible en soi.

— Stonehead est peut-être la mascotte officielle du club, mais il y a une tête au-dessus de lui, reste à savoir qui.

— Sashæ, l'interpellais-je, tu as des souvenirs de ce club après t'être fait tatouer là-bas ?

— Franchement... j'étais jeune, con, et certainement l'emprise de substance hallucinogène vu les souvenirs que je garde du moment où j'ai fait ce tatouage. Je ne me souviens que de la nana avec ses cheveux bleus. Mais en y repensant, c'est vrai qu'elle n'avait pas l'air super sereine d'être ici. Peut-être que toutes les filles qui travaillent là-bas sont des victimes du trafic d'être humain...

— Putain, crachais-je à mi-voix en rivant mes yeux dans le vide, et ces motards, tu pourrais les identifier Lyne ?

— J'avais déjà entamé une recherche quand tu me l'avais demandé il y a un an, et tout ce que j'ai c'est la même liste que James t'a donnée il y a deux ans. Une dizaine de gangs éparpillés dans tous les États-Unis, ça pourrait être n'importe qui, l'échantillonnage est trop grand, il faut trouver une autre tangente pour qui rétrécir les recherches. Là comme ça je ne pourrais pas savoir lequel est impliqué dans...

Sa phrase reste en suspens.

"Lequel est impliqué dans le meurtre de ma petite-sœur de dix-huit devant mes frères et moi".

Je frissonne...

Mon cerveau retrace l'arborescence... les points se connectent et une vague de dégoût me submerge en comprenant qu'il y a une très forte probabilité pour que ce soit William Díaz, le père de Mariposa lui-même qui soit à l'initiative de l'assassinat d'Ania... Mes paumes se croisent devant ma bouche cachant un long soupir étouffé. L'idée me provoque une sensation maladive dans mon estomac, mon regard se perd dans le vide.

L'écho de la discussion qui s'en suit entre les jumeaux et Lyne à propos de la qualité des nouilles me paraît lointain. Tout d'un coup je me plonge dans une bulle bien à moi dans mon crâne.

Je me souviens de la discussion que l'on avait eue avec Sashæ et James il y a un an de ça... James m'avait dit que ça aurait pu être n'importe quel gang de motards qui aurait une rancune personnelle envers moi, et Sashæ avait précisé que cette rancune est la raison pour laquelle ces gens voudraient détruire l'empire des King.

Une migraine terrible prend possession de ma tête.

Stonehead... lui-même remplit toutes les cases. La rancune, et une raison de détruire ma famille.

Après la discussion que j'ai eue avec lui au Vénézuéla, j'ai bien compris que ce fils-de-pute a développé une forme d'obsession déviante pour sa propre fille. Et je suis sûr que dans sa psychose, il pense vraiment être « amoureux » de sa gamine. Un rictus de dégoût déforme les traits de mon visage.

Il ne la voit même pas comme son enfant, elle remplaçai même sa propre femme, la mère de Mariposa.

Ça m'horripile et pourtant je ne suis pas le plus innocent, mais ce délire n'entre pas dans ma folie à moi.

En somme, j'avais volé sa fille et donc détruit sa "famille"...

Putain, je serre les poings et les dents au point ou j'ai l'impression qu'elles vont se briser ! Ces dix-sept cicatrices sur son ventre, c'est lui ! Il a marqué son territoire sur elle depuis très longtemps. Et moi, je lui ai serré la main, il m'a enrichi autant que je l'ai enrichi, je lui ai donné pouvoir et moyens... et pire encore, je lui ai donné une raison de s'en prendre à ma propre famille.

Les idées fusent dans ma tête, je refuse d'y croire, il doit y avoir une autre explication que celle-ci ! Je ne peux pas accepter que j'ai détruit l'empire de mon père parce que ce pédophile pense que sa fille lui appartient et qu'il n'a pas supporté l'idée que je la gardais auprès de moi !

Je secoue la tête. Non, ça ne peut pas être ça !

Il y a une autre explication, c'est sûr !

Je ne me résous pas à cette hypothèse, le père de Mariposa n'est pas responsable de la décadence dans laquelle je glisse depuis presque trois ans ! Il n'a pas assassiné Ania, il n'a pas détruit les business que je tenais...

Alors pourquoi j'ai un sale soulèvement dans le ventre.

"Côme".

Je tourne la tête.

Flammes, maman.

J'ai un mouvement de recul provoqué par un sursaut. Je fais un pas en arrière en fixant les yeux brûlés de maman. Tous les regards se posent sur moi.

— Oh, ça-va, Côme, s'inquiète Sashæ en fronçant légèrement les sourcils.

Je détourne rapidement le regard, mon cœur tambourine jusque dans ma gorge, j'essaye de garder la face et ne pas montrer qu'il y a une présence juste à côté de moi. Mes poils s'hérissent, la chaleur, les crépitements, l'odeur de la chair brûlés. Je me rends compte que ça fait un moment qu'elle n'est pas revenue me hanter. Elle revient toujours quand je me sens le très angoissé.

D'un coup, le poing de Sashæ tape contre le plan de travail, mon attention se reporte sur lui :

— Je lui apporte de quoi manger.

Il tient un bol de nouille fumante dans la main. Quand il dépasse la cuisine, mes pas le suivent sans explications. Il se tourne vers moi dans le couloir après avoir constaté que je le suivais, un léger ricanement lui échappe.

Il pousse la porte de la chambre, et s'approche du lit. Elle s'est glissée sous mes draps, je ne vois que ses boucles dépasser.

— Mariposa, l'interpelle Sashæ en s'agenouillant à son niveau, eh tu as faim ?

Sous la couverture je vois la forme de la jambe de Mariposa sursauter d'un coup après que Sashæ l'ait légèrement secoué. Elle s'extirpe lentement et ses yeux plissés et mouillés fixent Sashæ avant de trouver le bol de nouille.

Je me suis positionné au niveau de la baie vitrée, m'ambiance de la nuit est relativement tranquille. Mais mon regard ne s'est pas éternisé sur la vue qu'offre Battery Park City, c'est elle que je regarde.

Une part de moi se dit qu'une fois qu'elle aura appris, elle cessera enfin d'avoir mal.

Un rictus nerveux attire mon attention sur le visage de Mariposa. Elle est pleine de haine et je sens qu'elle ne s'est toujours pas calmée depuis tout à l'heure.

Son ventre gargouille et pourtant elle plonge de nouveau sa tête entre ses bras.

Il fallait qu'elle pleure, jusqu'à ce que cette enveloppe noire qui tache ses ailes de petit papillon meure.



Ou peut-être... que c'est elle qui allait finir par me tuer.

Peut-être que la simple évocation de son nom me tuera un beau jour.

Mariposa Albane Díaz. 




𓆃






Rebonsoir mes stars ⭐️ !



Je veux trop débattre mais comment je suis K.O la miskine en tout cas, oui, Mabel n'était pas le grand méchant de l'histoire et franchement, accrochez-vous 😇 !


📜 It's tea time: ☕️🫖🧋 Dites-moi tout ! Sachant que la j'ai soulevé beaucoup, beaucoup de questions qui sont en suspens depuis le T.1, et la révélation de Côme... Quelles sont vos théories ? Et ma petite Popo qui veut se libérer avec de l'affection :/, et Coco il a trop grandit mon fils ! 




La suite au prochain épisode !







On se retrouve très vite in sha'Allah ! Love you ! ❤️



Bisous bye ! 📸

𝐢.𝐚𝐦𝐤𝐮𝐧𝐚𝐟𝐚 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦

xoxo, Azra.

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