CHAPITRE 14: Jamais, plus jamais.
Coucou mes pancakes, ça-va ? 🌹
(Je suis trop faible face à vous j'arrive pas à vous résister 😩 ! Donc on re remercie Yasmine, ou c'est grâce à toi, 😩 ça m'a fait trop de peine quand t'as dit j'ai échoué PTDR)
⚠️ ! PLEASE READ ! ⚠️
Babes, vous avez mal compris ! À aucun moment Côme il a dit que le visage de Stonehead était brûlé, il a juste comparé sa cicatrice à une brûlure pour expliquer qu'elle avait déformé une bonne partie de son visage le rendant méconnaissable comme si c'était fondu, mais Stonehead n'a pas le visage balafré à cause d'un feu !
TW: Violence.
On discute à la fin ! ❤️
(J'ai changé le temps vous me direz à la fin si vous préférez comme ça)
Bonne Lecture! 📖
Xoxo - Iamkunafa. 🍓
𓆃
🎵
Ghostin - Ariana Grande.
Lift Me Up - Rihanna
𓆃
MARIPOSA.
Mabel ouvre brutalement la porte qui mène sur le toit, sa poigne autour de mon bras nous fait courir au milieu de la zone. En sentant les gouttes se multiplier sur mon visage, je lève les yeux au ciel, il prend une teinte morose. Le froid me colle à la peau. Plus on avance dans cette journée et plus je sens qu'elle ne peut que se finir d'une façon tragique pour l'un d'entre nous.
Quelques étages plus bas, on entend les hommes hurler et se tirer dessus. Je sens mon cœur battre jusque dans ma gorge, j'essaie de me convaincre que l'homme défiguré que j'ai vu quelques minutes auparavant n'est pas celui que je crois !
J'ai vu mon père, mort dans une flaque de sang une balle dans le crâne, il n'a pas pu survivre à ça, c'est impossible !
D'autant plus que l'idée que Côme puisse s'associer à lui me retourne dix fois plus l'estomac.
— Tu le vois maintenant ! Tout ça, c'est le résultat de TES actions, Mariposa !
Il me pointe du doigt en hurlant, son visage est déformé par la colère. Je sursaute à chaque mot. Il a son glock dans la main et je le vois se donner des coups brutaux sur les tempes. Il grogne, le regard fuyant en faisant les cent pas. J'ai même l'impression qu'il perd complètement la tête, il gronde des choses incompréhensibles.
— Mabel... je suis-
— LA FERME ! LA FERME ! TOI TU LA FERME !
Je peux le sentir d'ici, l'odeur de la démence. Il se tient en équilibre sur un fil qui peut le faire glisser dans une folie totale. Il a ce regard vif, comme un animal pris au piège par une horde de hyènes. Je le sens extrêmement stressé, pendant que je reste plantée debout là comme une idiote. Il réfléchit en faisant les cent pas en murmurant encore des choses.
Mais je ne me fais pas d'idée, je sais autant que lui que venir sur ce toit a été sa pire erreur, ici nous sommes faits comme des rats !
Soudainement, j'entends la trappe s'ouvrir et la seconde qui suit le corps de mon frère se propulse violemment en arrière. Il tombe sur le dos, son arme glisse à plusieurs mètres de lui, mais il ne perd pas de temps pour se relever. Je m'entends hurler son nom, mais je suis paralysée en constatant que c'est Côme qui l'attaque.
Mon frère réussit à se redresser et lui assène un coup violent dans la poitrine, avant d'enchaîner en écrasant ses phalanges en plein milieu de son visage. Côme gémit de douleur. J'ai la sensation que mon souffle se coupe en même temps que lui à chaque coup qu'il reçoit. Mais ça ne l'arrête pas, au contraire, Côme fait un saut latéral, une de ses jambes se lève jusqu'au visage de mon frère et le coup de pied s'écrase de façon monumentale. Mabel rejette la tête en arrière en laissant un gémissement de douleur s'échapper, il pisse le sang...
J'assiste à la scène complètement stoïque. Sous cette pluie qui ajoute un drame supplémentaire, je m'imprègne de la violence de Côme, horrifiée. De toute façon, cette brutalité représente mon monde entier, non ? Les coups, le sang, la haine dans leurs yeux. Je frissonne pendant que mille questions se bousculent dans ma tête. Ces coups vont-ils finir par mettre fin à la vie de mon frère ? Qu'est-ce que Mabel peut bien ressentir à ce moment-là ? Comment un homme tel que lui peut-il se faire dominer en l'espace de quelques minutes ?
Mes dents s'entrechoquent. Incapable d'articuler un seul mot, je ne suis qu'une simple spectatrice. Pour le moment, c'est Côme qui s'acharne sur Mabel à coup de kick et de ses poings s'enfonçant dans son corps.
Mon grand frère que j'ai toujours trouvé impressionnant se fait ridiculiser sous mes yeux, ça me retourne l'estomac, je dirais même que ça me donne la migraine.
— PRENDS L'ARME MARIPOSA, hurle Mabel entre deux coups de poing.
Sa voix a l'effet d'un déclic, je me rue vers le glock noir que mon frère a fait tomber plus tôt, mes mains tremblent, j'halète pour respirer. Mabel se décide enfin à se défendre, il balance son poing pour atteindre le visage de Côme mais il réussit à l'arrêter au dernier moment en lui saisissant le poignet, surpris Mabel ne réalise que trop tard son erreur lorsque Côme enfonce plusieurs féroces coups de poing puissants dans les côtes. Mon frère hoquète de douleur et se laisse tomber dans une flaque, un genou à terre.
Mon bras tendu vers eux, l'arme dans les doigts. J'assiste dépossédée de moi-même à la descente aux enfers de mon grand-frère. Je ne me demande même plus comment un tel niveau de violence est possible pour un homme, il suffit d'y céder pour le comprendre... j'y avais déjà cédé moi aussi...
La pluie tombe en un rideau dense et incessant, martelant le sol avec une énergie implacable. Les gouttes sont lourdes, comme si elles voulaient effacer toute trace de vie, chacune produisant un éclat sonore au moment de toucher le sol. Mais je relève les yeux au ciel lorsqu'un éclair blanc perce le gris des nuages, l'instant qui suit un tonnerre gronde comme une voix profonde résonnant dans les profondeurs du ciel. Le son assourdissant vibre jusque dans mon cœur telle une onde de choc.
En les regardant, je crains que le degré de brutalité dont Côme peut faire preuve.
La mélancolie du moment me désespère.
Je suis épuisée.
Épuisée...
La pluie emporte tout espoir que le soleil revienne un jour...
Je respire à grosses bouffées en reportant mon attention sur eux, tremblante, je baisse la sécurité.
Le clic fait immédiatement cesser le déchaînement de violence de Côme envers mon frère. Ma gorge se noue devant le visage violacé de Mabel. Il est mal en point, une paume sur sa côte, essoufflée au sol.
Côme le domine, il est à bout de souffle lui aussi, sa langue sort légèrement et malgré son nez ensanglanté, je suis persuadée d'apercevoir un sourire machiavélique en coin. Il n'est pas heureux, c'est nerveux. J'ai envie de vomir et en réalité, je suis déçue :
— T-tire, hermanita...
Jamais Mabel ne m'a paru aussi faible, en quelques minutes Côme a détruit cette image si puissante que j'ai construite de lui pendant deux ans. Son regard vert rivé sur moi, je frissonne sous cette intensité. Le doigt sur la gâchette, incapable de me résoudre à l'idée d'appuyer sur la détente, mes pensées se bousculent dans ma tête alors que je cherche désespérément une issue à cette situation.
— Tu pourrais vraiment me tuer, petit cœur ?
Petit cœur...
Entre ironie et arrogance, j'ai du mal à le déchiffrer. Mais il y a quelque chose dans son regard qui m'indique qu'il place toute sa confiance en mon bon discernement. Je serre les dents en sentant cette pluie froide ruisseler sur mon visage. Pourquoi je n'arrive pas à me résoudre à le tuer, maintenant, comme Mabel me le demande !
Un instant, je ferme les yeux en respirant profondément pour me concentrer, cette adrénaline qui fait bouillir mon sang est en train de baisser de façon inquiétante. Je réalise qu'il vient littéralement de détruire Mabel...
Je ne sais pas vraiment ce qui me tétanise autant dans son geste, j'en ai fait des horreurs moi aussi, et pourtant...
— Tire, Mariposa putain, tire qu'on en finisse !
Mabel hurle. Mon souffle erratique résonne dans l'air. Je tiens toujours Côme en joue en plein cœur mais mon doigt ne presse pas la détente.
— Il t'a parlé Irène, non, m'interroge Côme d'une voix contrôlée, c'est ton frère lui-même qui a brûlé cette femme. Regarde-le Mariposa, il n'en a rien à foutre de toi ! Il te laisse porter la culpabilité du sang qu'il met sur tes mains depuis deux ans pour sa propre gloire, ouvre les yeux !
Mon regard se baisse sur Mabel. Il se tient toujours la côte et sa respiration est sifflante, j'ai la certitude qu'il a certainement un os cassé. Il essaye de s'éloigner de Côme mais ses gestes sont emplis de mollesse. Je fronce les sourcils prise d'une incompréhension palpable, comment peut-il me dire ces horreurs ?
Je me sens partagée entre deux vérités, deux versions qui semblent s'opposer violemment. D'un côté, il y a mon frère, celui qui m'a forgé, qui a dessiné ces papillons pour moi. Et de l'autre, il y a cet homme... Côme...
Je baisse les yeux sur mon arme, sentant une profonde confusion m'envahir. Dois-je croire Côme ? Dois-je le tuer ?
Je n'ai jamais été confrontée à une telle situation, et je me sens perdue. Mes mains tremblent, mon cœur bat la chamade. J'ai envie de hurler, de tout abandonner, de fuir ce dilemme qui me paraît trop douloureux.
Je relève les yeux sur Côme, sentant une nouvelle résolution m'envahir.
— Il te ment Mariposa... articule difficilement Mabel, il te ment, tue-le maintenant, écoute-moi et tue-le !
— Lyra, crache Côme pour couvrir la voix de mon frère. Il ne me lâche pas du regard et son ton est déterminé : C'est lui qui a commandité son meurtre. Il sait depuis le début que tu l'employais comme espionne, il savait que j'étais là depuis le début ! Et dis-moi, pendant que toi tu t'interdis toute forme d'espoir, tu savais qu'il avait une femme et une fille ?
— Arrête ton charabia, crié-je à Côme en déformant les traits de mon visage, arrête maintenant ! Tu reviens ici juste pour régler tes comptes, hein ! Tu es prêt à tout même à me mentir ! Tu n'aurais jamais dû remettre les pieds ici !
Mon hurlement me fait mal à la gorge et malgré l'ardeur que je mets pour m'en convaincre, les mots de Côme résonnent dans ma tête créant un vide béant dans ma poitrine. Mon regard se plante dans celui de mon grand-frère, mais il baisse les yeux il crache du sang, incapable de soutenir mon regard ! Je me sens instantanément affligée ! Mes yeux s'écarquillent, je suis prise d'un vertige soudain :
— Mabel... articulée-je dans un souffle, dis-moi qu'il ment... s'il-te-plaît... c'est quoi cette histoire ?
Je sens mes sourcils se tortiller, je sens le poids de mes os écraser ma poitrine, cette douleur me broie les entrailles.
— Non... balbutiai-je d'une voix brisée, Mabel... regarde-moi... dis-moi qu'il me ment, dis-le moi, Mabel... je t'en supplie !
— Sa femme s'appelle Maria, renchérit Côme d'une voix ferme en pointant mon frère du doigt, sa fille, ta nièce, Catalina, elle doit avoir deux ans, pas plus et elle a la même tête que toi, Mariposa. Les mêmes fossettes les mêmes taches de rousseurs. Pendant que toi tu me récites par cœur ses discours sur comment tu dois survivre ici-bas, ton frère lui vit en paix avec ses milliards. Alors, est-ce que tu vas ouvrir les yeux maintenant ? Est-ce que tu vas comprendre qu'il se fout de toi !
Je fixe Côme avec une rage froide qui me consume de l'intérieur, mais la réalité c'est que je suis anéantie. Mabel me regarde enfin, avec ses yeux de chien battu, j'ai l'impression qu'il a fait tomber le masque, comment ai-je pu être si aveugle ? Comment ai-je pu croire en lui ? Mes yeux se remplissent de larmes, mais je me retiens de pleurer !
Tout à coup, des souvenirs me reviennent en mémoire : deux ans en arrière. Je repense à la première personne que j'ai tuée, Jorge. Il volait mon frère depuis des mois.
Mabel savait ce que Jorge faisait, mais il n'avait rien dit car il voulait que cet homme serve de leçon au cartel. Il lui souriait, lui serrait la main, l'invitait même à manger avec nous lorsque nous nous regroupions dans la luxueuse propriété où j'ai été amenée la première fois que je suis venue au Venezuela.
Mabel savait et pourtant cela ne l'avait pas empêché d'être comme un frère pour Jorge... sans savoir qu'il m'avait prévenue des semaines auparavant que j'allais devoir lui mettre une balle dans la tête devant tous les membres de ce qu'il appelait : "Sa familia".
J'en avait vomis toutes les nuits avant le drame, mais Mabel m'avait prévenue : "Tu n'as pas été conçu pour être faible."
Alors un soir, mon frère organisa un repas, juste avant l'arrivée des membres de la familia, il m'avait mis ce glock noir dans la main et m'avait dit : "C'est ce soir que tu vas le faire". Je n'avais pas osé viser la tête dès le début, même si je savais que je n'allais pas le rater. J'avais tiré dans sa cuisse. Je me souviens de tous les questionnements qui m'avaient traversé l'esprit à ce moment-là : la peur, le dégoût, cette sensation de perdre une partie de mon âme...
Je regardais ses yeux apeurés, il était tombé en grognant de douleur, humilié devant tous les membres du cartel. Il pissait tellement le sang et cela m'avait provoqué une certaine répulsion. Mais ses cris étouffés de peine me hantaient, comme s'il me suppliait de l'achever.
Alors, j'ai regardé Mabel, il avait hoché la tête.
J'avais visé entre ses deux yeux.
Parfois, je rêvai de Jorge la nuit. Non... en fait, je rêvai de lui tous les soirs.
Par la suite je suis devenue l'ombre de Mabel.
Parce qu'il a été mon héros quand je pensais que le monde entier était contre moi.
Il m'a considéré, il m'a...rendu forte, il m'a protégé et mieux encore il m'a donné les armes pour que je puisse me protéger seule.
Le soir, je suis devenue le monstre qui marche sans avoir besoin d'escorte.
Et je ne veux être rien d'autre. J'accepte d'être son soldat parce que plus rien ne redonne vie à mon cœur crevé. Je réalise que je ne suis qu'une toile abîmée, on a abusé de moi depuis que j'ai six ans, et ce jusqu'à mes vingt ans. Je suis tellement habituée à ce monde violent et immoral que la suite logique pour moi est de devenir celle qui devient violente et immorale. Je n'ai pas d'autre chemin à suivre que celui que l'on m'a montré pendant quatorze longues années.
Un tonnerre gronde de nouveau et me ramène dans le présent. Mon regard cherche celui de mon grand-frère, j'espère y voir l'amour et l'admiration que je lui porte. Mabel me scrute d'une façon mesquine. Je n'ai jamais vu ce regard avant. Le masque tombe. Il plisse les yeux d'une manière sinistre comme s'il me crachait toute sa répulsion à mon égard, ce que je vois, c'est du mépris.
Cela me détruit instantanément. Tous les systèmes qui sont en place dans mon cerveau tombent comme des châteaux de cartes, sans Mabel je ne suis rien. Une ombre sans corps, je ne pourrais pas survivre s'il partait.
M'a-t-il seulement considérée ? Une seule seconde ? À quoi pensait mon frère lorsqu'il me regardait ? Je pensais qu'il était fier de moi. Qu'il était si honnête et si franc. Il m'avait redonné ma mémoire, il m'avait fait comprendre comment ce monde fonctionnait, et quand il me parlait je me sentais invincible à ses côtés.
Mon cœur se comprime dans ma poitrine. M'a-t-il aimée... ne serait-ce qu'une seule seconde ? Juste une seule m'aurait suffi...
Alors mon regard se plante de nouveau sur Côme.
Je suis immédiatement enveloppée d'une aura verte transcendante. Il me fixe comme si j'étais la seule femme qui existe sur cette terre, le temps s'arrête. Je ne comprends plus rien. J'ai cette sensation qu'il est un phare au beau milieu de l'océan qui éclaire mon chemin sur une mer mortelle et agitée.
Je me sens...
Couvée.
— Tu veux me tirer dessus, me questionne Côme en ouvrant ses paumes, son regard est sincère. Alors tire, Papillon. Mais ne vise pas mon cœur, je pense qu'il pourrait te servir.
Je pince mes lèvres. J'ai passé deux ans à comprendre que les King sont nos ennemis ! Ils n'en valent pas la peine ! Mon frère a été blessé à cause de Côme, et j'ai détruit leur empire à cause d'un homme qui s'est servi de moi !
— Ce ne sont que de belles paroles, tire Mariposa putain ! Ne te laisse pas avoir aussi facilement, merde ! Tu n'es pas aussi idiote !
Mes mains tremblent. Côme me fixe avec ce putain de regard qui me donne des frissons jusque sous ma peau !
Qu'est-ce que tu attends, tire !?
TIRE PUTAIN !
La trappe qui donne accès au toit claque. Je pivote vers la source du bruit, mais dans un sursaut, je recule d'un pas pris d'un effroi glaçant.
Mon regard se dirige vers Mabel. Il écarquille les yeux, la scène se déroule devant nous au ralenti.
Sur le visage de mon frère, je vois la tétanie prendre possession de son corps. Tous les deux, je crois que nous ressentons la même douleur soudaine. Ça nous tombe dessus comme si un camion nous avait foncés dessus et qu'il n'a même pas pris la peine de vérifier que nous sommes encore en vie. Mon cœur se comprime violemment dans ma poitrine, la douleur est terrible.
Je revis tout. Les caresses, les odeurs, les mots, les violences. Tout se déverse sur moi tel un magma mortel sur ma peau.
J'entends la voix grave de Côme m'appeler avec ce brin inquiet : "Mariposa ?". Mais je ne suis plus capable de répondre, il m'interpelle une seconde fois en dégainant son arme. Paralysée, la pluie bat son plein sur moi, sur nous. Je me sens engloutie par la tristesse mais surtout par la peur colossale de revoir mon monstre à moi.
— Mariposa... murmure-t-il en joignant ses paumes comme si me revoir lui enlevait un poids immense sur les épaules.
Sa voix me cloue littéralement sur place, c'est indéniable, c'est bien celle de mon père.
Ce sont ses premiers mots pour moi... Je les entends résonner dans mon crâne comme un écho du passé. Un truc effrayant... Je sens mes jambes s'enraciner sur ce toit mouillé. Mes vêtements me collent à la peau, j'ai honte qu'il voie mes cuisses, tout d'un coup je redeviens un objet sale qui ne sert qu'à assouvir ses désirs à lui.
Son visage m'horrifie. Il est couvert de marques irrégulières et inégales qui strient sa peau tordue et déformée. Je suis sûre qu'il a dû subir de multiples chirurgies pour essayer de reconstituer son visage.
— Je... ne comprends... pas... comment...
Il fait un pas dans ma direction. Je recule instantanément, je me sens ensilée par un truc affreux. Le genre de pensées macabres qui me donnent envie de tout abandonner. Il est la raison même de tous les cauchemars qui me font hurler le soir.
— Mariposa, qu'est-ce qu'il se passe, tu connais ce type ?
Côme le pointe du doigt en baissant la sécurité de son arme. Mon regard jongle entre mon paternel et Côme qui fronce les sourcils, tout cela n'a pas de sens ? Côme a-t-il toujours travaillé avec lui ? Ils se connaissent si bien que ça ?
— T'étais... mort, réussis-je à articuler dans un souffle, je t'ai vu... mort... t'avais... une balle dans la tête... t'étais mort... mort, mort, mort, mort !
— Je suis revenu pour toi, mon Albane, ma princesse, je suis là pour toi...
Comme un gouffre d'effroi, je me sens plongée dans les profondeurs les plus sombres de l'océan. Tout d'un coup, tout est noir et glacial autour de moi. Je baisse les bras, l'arme dans ma main tombe en même temps. Toute ma force me quitte, mon estomac se retourne dans mon ventre.
Impuissante.
Ma conscience retourne seize ans en arrière, sa petite Albane, dans cette chambre, nue devant mon père. Je sens le poids de mes traumatismes m'écraser, m'entraînant vers un abysse sombre et si froide. J'aimerais qu'on me libère maintenant de cette souffrance, car pour le moment je suis prisonnière de mon propre désespoir.
— Comment peux-tu être encore en vie... papa, murmuré-je avec douleur.
Côme lève le bras sans même réfléchir, il tire sur cet homme au visage balafré, mais mon géniteur glisse dans la trappe ouverte. Son corps tombe, je ne sais pas si Côme a réussi à l'atteindre ou pas.
Mais la réponse ne compte plus maintenant car j'entends un bruit, je relève la tête soudainement, Mabel se rue vers moi, je suis happée au niveau des côtes, l'instant qui suit, il se propulse avec moi dans les airs.
La scène se déroule au ralenti mais je suis sûre d'une chose, Mabel vient de se jeter dans le vide avec moi.
Comme dans un rêve éveillé, j'entends un hurlement, mais je réalise que c'est moi qui viens de crier. Mes yeux s'écarquillent, pendant un moment, je ressens un sentiment étrange de paix, la pluie, le vent, plus rien n'importe, le temps s'est suspendu.
Mes boucles m'aveuglent mais je vois mes mains tendres vers le toit dans l'espoir de m'accrocher à quelque chose. Je me suis soudainement sentie devenir très lourde et mon corps subit l'apesanteur, Mabel et moi tombons ensemble. Nous allons nous écraser et à cette hauteur, j'en suis certaine, la chute va être mortelle.
J'ai l'impression qu'une éternité passe pendant que mon corps tombe dans le vide. Je vois ma vie défiler, je sens l'odeur des torta de piña que mamá nous faisait en fin d'après-midi pour Mabel et moi. J'entends la voix Abuelito qui nous convie à aller pêcher. Les rires de mon frère lorsqu'il me mettait des Calendula dans les cheveux. La première fois que j'ai vu Stella, son doudou en forme de fraise qu'elle m'a offert. Nos premiers magazines dans lesquels nos entourions nos stars préférées. Moi c'était Justin Timberlake, elle c'était Usher. Nos rires, nos soirées devant Desparate Housewife quand on avait nos règles en même temps. Nos concerts nocturnes qui nous valaient des coups de torchons de la part de sa mère. Notre première soirée ou j'ai bu au point de ne plus tenir sur mes jambes, on avait fumer des cigarettes et manger des gâteaux à la marijuana. Ça nous avait bien valut trois, quatre jours de gueule de bois et des nouveaux coups de torchons de sa mère, mais qu'est qu'on avait bien rit... La première fois que j'ai dégoté un travail en tant que boulangère, mon premier salaire et la première fois que j'avais invité Stella au restaurant. La première fois que j'ai dormi dans les bras de Côme, la première fois qu'il m'a embrassé, la première fois qu'il m'a appelé "Love".
Un sourire pousse mes pommettes... les gouttes sur ma peau me font du bien... le temps s'arrête.
Le sentiment est lunaire mais au moins, je ne garderais que des bons souvenirs de cette vie.
Soudainement, une violente pression se referme sur ma main, la chute s'arrête net.
Je respire à grosses bouffées en essayant de reprendre conscience de ce qui se passe. Lorsque je relève la tête, Côme a sauté lui aussi. Il tient l'encadrement du toit d'une main et ma paume de l'autre.
Un bruit choqué m'échappe, j'entends Côme geindre, son visage se déforme face à l'effort. Il soutient mon poids et le sien d'une seule et unique main. Mon cœur tambourine si violemment dans ma poitrine que j'ai presque l'impression qu'il va exploser.
— C-Côme... ?
Il n'a pas lâché prise, malgré l'horreur de la situation. Je peux voir son visage rougir à cause de l'effort surhumain qu'il est en train de faire, ses muscles parsemés de veines tremblent. Je n'ose pas regarder mes jambes qui pendent dans le vide. Nous sommes à un pas de la mort et la pluie n'arrange rien, ma main glisse dangereusement !
— Ne lâche pas ma main Mariposa ! Putain accroche-toi, je ne rigole pas avec toi !
Il le crache avec toute l'amertume du monde, sa main me fait extrêmement mal à cause de la pression qu'il exerce dessus pour que je ne lâche pas. Sa détermination le fait littéralement grogner. Je vois son bras gonfler en me faisant remonter, lentement, toute sa force se concentre sur moi pour me hisser hors du vide. Je suis tétanisée par la puissance qu'il dégage.
Tout ça se joue sur son mental, rien d'autre.
La pluie s'écrase sur nous, un vent mélange mes cheveux sur ma face et pourtant, il fait tout pour que je survive. Il n'abandonne pas et son bras me tire avec une telle puissance que je me laisse remonter. Je l'entends s'étouffer dans son souffle jusqu'à ce que ma main libre s'accroche au rebord dur du toit.
— Aller remonte, t'y es presque ! Remonte, love !
Love...
Il ne lâche pas ma main tant que je n'ai pas correctement positionné mon bras autour du rebord du toit. Je m'agrippe au mur, et c'est à ce moment seulement qu'il me lâche, ma jambe passe le toit, et je me précipite vers lui pour le soutenir au niveau des aisselles, je le tire vers le sol et nous nous écrasons tous les deux sur le dos.
J'ai cette sensation que mon corps est toujours en train de tomber dans le vide.
Nous sommes tous les deux essoufflés, nos poumons gonflent simultanément, mon cœur cogne si fort que je ne lui donne que quelques minutes avant qu'il n'explose, mes cheveux mouillés collent mon visage, je suis trempée, nos regards vers le ciel je regarde les gouttes s'écraser sur moi. Les immenses nuages s'illuminent parfois d'éclair blanc mais le tonnerre ne vient pas.
Le monde semble avoir ralenti, j'entends plus que ces gouttes qui s'éclatent ainsi que le souffle de Côme.
J'ai l'impression que quelque chose en moi vient définitivement de se briser... mon père est en vie, et je comprends que ce jour où Mabel est sortie de la maison de mon père, c'était fini il avait choisi de m'abandonner et il ne s'était jamais retourné.
Au bout d'un temps, Côme se redresse le premier, il s'assied en pliant un genou pour y poser son avant-bras, je regarde sa poitrine se soulever et s'abaisser rapidement. Il a l'air totalement épuisé.
Côme vient littéralement de nous sauver tous les deux d'une mort certaine.
Il vient de sauter dans le vide pour me sauver moi.
Côme a sauté dans le vide pour moi...
Je sens tout d'un coup un flot d'émotions m'accabler, ma gorge se noue en réalisant ce qu'il vient de faire et ses paroles me reviennent en mémoire : "Je ne veux pas de ta putain de protection, Mariposa, jamais ! Je ne veux pas que tu sacrifies ton humanité juste pour ma putain de vie ! Merde, petit cœur ! Comment peux-tu me croire capable de te demander de faire ça !?"
À mon tour je me redresse, assise à côté de Côme nos épaules n'effleurent. Il ne dit rien. Nous fixons le paysage industriel qui se dresse devant nous. Il n'a rien à admirer, si ce n'est la puissance de la pluie battante qui me fait grelotter. L'eau s'écrase sur nos visages et le ciel devient toujours de plus en plus sombre.
Ouais... les dernières lueurs d'espoir ont définitivement disparu... Le temps pleure comme la douleur que je ressens à l'intérieur de cette âme. Mon cerveau ne prend même pas le temps de traiter ce qui vient de se passer, la seule chose à laquelle je suis en train de penser c'est :
Côme vient de se jeter dans le vide pour me sauver la vie ?
La vie d'une Díaz ? La vie de son ennemi ?
J'arrive à peine à y croire. Il agit sans même hésiter, il a tout risqué tout pour me sauver...
Ça me perturbe là-haut dans mon cerveau. Parce que pendant deux ans, mon frère m'a juré que Côme ne viendrait jamais. Et que personne ne me sauverait, alors comment est-ce possible que Mabel se soit jeté du toit, risquant ma vie, mais que Côme l'ait sauvé ?
Une émotion bouillonne en moi. Je ne sais plus quoi penser, perdu entre une forme de reconnaissance et une terrible culpabilité. Je suis totalement confuse.
Mabel m'a menti pendant deux ans...
Je baisse les yeux. Je m'interdis de pleurer, il n'aurait jamais voulu que je pleure.
Puis soudainement, j'écarquille les paupières en inspirant d'un coup. Une forme de réalisation me tombe brutalement dessus ! Je me lève en trébuchant presque sur l'irrégularité du sol en béton sous mes pieds. Je cherche désespérément mon frère sur le toit. Mon cœur bat d'une façon terrible. Je respire à grosses bouffées lorsque je m'approche des rebords du toit je vois un corps tortillé étendu sur le sol. La flaque de son sang s'étend largement sur le sol à cause de la pluie.
J'ai une douleur au niveau de la gorge et je réalise que je viens de hurler à m'en briser les cordes vocales. La douleur aiguë qui transperce mon estomac me réduit à une faiblesse corporelle inouïe ! Le tissu de ma robe est saisi au niveau de mon dos, je sens qu'on me tire vers l'arrière pour que je m'éloigne du toit.
Mon regard croise celui de Côme une seconde, il est tout aussi déstabilisé que moi, ses lèvres bougent mais aucun mot ne sort.
Dans une précipitation maladive, je cours vers la trappe. Je vois quelques gouttes de sang au sol, c'est sûrement celui de mon père, Côme a dû le toucher, mais les gouttes fuient vers la sortie. J'enjambe le corps de Rio qui est resté là, à refroidir seul, et mes genoux cognent contre le sol lorsque j'atterris devant Mabel.
Ses yeux légèrement entrouverts sont livides, il a le visage tuméfié à cause de coups de Côme. J'ose à peine toucher son corps, mes mains hésitent. Ses jambes se disloquent comme ses bras. Un gémissement d'horreur m'échappe, accompagné d'une vague de frisson qui me submerge. Je retiens une envie de vomir en hurlant le nom de mon frère. Mes mains finissent par se poser sur son torse, je le secoue, mais je le sens d'ores et déjà refroidir !
— Je ne peux pas continuer sans toi, Mabel, je t'en prie, sans toi je ne peux pas ! S'IL-TE-PLAÎT !
Je me mets à lui faire un massage cardiaque ! Je crie qu'il me revienne, mais ses yeux livides regardent le ciel ! Ma gorge se noue, et le hurlement que je pousse me fait éclater en sanglot. C'est la première fois que je pleure depuis deux ans. Le désespoir s'empare de moi. Comment puis-je affronter l'avenir sans mon grand-frère ? Sans lui, je ne sais pas qui je peux être, je n'ai plus aucune valeur !
— Je t'en supplie, Mabel !
Je relève les yeux lorsque du coin de l'œil, je distingue une présence qui s'accroupit devant moi. Côme m'a rejoint.
Son expression me terre dans un sentiment de misère encore plus accablant. Je ne veux pas être cette fille-là, qui fait pitié ! Mais il me regarde avec tristesse et compassion. J'ai la sensation qu'il comprend ma douleur qui m'envahit. Et c'est tout ce que je ne veux pas là maintenant, je veux juste que mon frère me revienne !
Sa main se dirige lentement vers le visage de mon frère. Il lui ferme les paupières, et il laisse sa paume sur son visage. Il ne l'enlève pas.
Je le fixe tandis qu'il regarde mon frère avec cet air choqué. Mes larmes se mêlent à la pluie, mais je suis prise d'une violente douleur qui me submerge. C'est dévorant comme des flammes ensorcelantes.
Je suffoque, mes lèvres s'entrouvrent, mais je n'ai plus aucun souffle qui entre. Je sens mes poumons se comprimer comme si une main invisible les écrase. C'est trop brutal pour moi, tout ce qui vient de se passer, tous ces mensonges, mon père, mon frère, sa famille, mes meurtres, Lyra, Rio, maman. C'est trop d'un coup à encaisser.
Je me fige. Mes larmes ruissellent et les yeux verts de Côme se plantent dans les miens. Il se lève, je me sens au bord de l'évanouissement, mon désespoir se transforme en des hoquets étouffés, je ne respire toujours pas. Du coin de l'œil, j'aperçois la silhouette de Côme qui s'est agenouillé à ma droite, je réussis à tourner la tête vers lui.
Il inspire, ses lèvres s'entrouvrent, gonflant sa poitrine et je suis captivé par ses yeux. Immergée, j'ai l'impression de me balader dans une forêt verte. Mes lèvres suivent les siennes, j'inspire à mon tour pour suivre son rythme. Mais j'ai besoin d'un peu plus d'air, je suis presque en apnée. J'attends pendu à ses gestes qu'il recommence et enfin, il expire, puis il inspire, lui il expire, puis il inspire.
L'air humide s'infiltre dans mes poumons, emplissant mon cœur de cette nuée verte. Chaque inspiration qu'il fait je la mime, jusqu'à ce que son index et son majeur se collent entre mes sourcils. Il tape la zone ce qui me plonge immédiatement dans une bulle où son silence fait loi. Un puissant sentiment apaisant me submerge lorsqu'il continue ce geste sur ma tempe, sous mon œil, sur mon menton, mes clavicules et enfin, entre mon cœur.
Je continue à me focaliser sur sa respiration jusqu'à ce que je sois capable de reprendre mon souffle seule. Je le fixe déstabilisée. À vrai dire, je ne sais plus quoi penser. Je ne veux plus penser, je veux que tout s'arrête.
— Tu peux respirer, m'interroge-t-il l'air légèrement inquiet.
Les larmes qui strient mes joues sont heureusement camouflées par cette pluie. Je ne réponds rien. Pendant un moment, on se fixe. Aucun mot ne sort d'aucun d'entre nous. Ses cheveux ont prit une teinte châtain foncé à cause de la pluie, nous sommes trempés tous les deux.
Puis finalement, sa voix grave perce le silence :
— Je sais où tu as peur, et je serai là. Dans le noir ou dans la lumière, je serai là, love.
J'ai un mouvement de recul. Ma tête se secoue. La dernière chose que je veux, c'est sa pitié. Mon frère est mort, mon père est vivant, c'est comme ça. Les fatalités de la vie, Mabel n'aurait jamais voulu que qui que ce soit me prenne sous son aile comme une vulgaire colombe blessée. Je ne suis pas faible et je n'ai surtout pas besoin qu'on s'occupe de moi !
Tout d'un coup, je scanne le paysage en cercle. Des hommes morts au sol, au loin je vois le sacrifice de Rio, son corps étendu dans le froid me gèle les veines. Puis à quelques mètres de nous, je remarque un visage familier. Je suis sûr que c'est Sashæ, il tient un lourd sniper dans la main et je suppose qu'il ne s'est pas approché pour me laisser seule avec Côme.
— Je n'ai besoin de personne, craché-je en me redressant maladroitement.
Mes jambes sont comme du coton, à peine debout je sens mes genoux flancher, les mains de Côme accroupit me rattrapent en faisant pression sur mon ventre. Je le repousse violemment au point où il retombe sur les fesses. Je fais quelques pas en arrière, tout me semble flou, comme dans un rêve, il m'appelle, mais j'entends sa voix comme un écho lointain.
Obnubilée par cette terrible compression aiguë que j'ai dans le cœur, je me penche, mes paumes s'appuient sur mes genoux et je me laisse vomir. Je me redresse immédiatement en essuyant mes lèvres du revers de ma main. Le monde autour de moi est devenu étranger et hostile. Tout ce en quoi je croyais s'est effondré, plus rien n'est vrai. Je suis seule maintenant contre le monde et il faut que j'accepte ma réalité. Je devrai porter ces moqueries, ces mensonges durant le restant de mes jours.
— Ne nous fais pas ça, énonce-t-il en articulant chaque mot.
Je m'approche de lui en même temps qu'il se lève. J'allais lui asséner un coup en plein dans la poitrine mais il l'esquive avec agilité. Ce qui décuple ma colère. Je m'avance vers lui avec véhémence, en essayant de lui mettre des coups juste pour déverser toute cette rage qui me brûle le ventre mais toutes ses esquives sont précises et calculées il contre chacun de mes gestes.
Je me sens pleurer de douleur, je veux qu'il réplique à ce stade, j'aurais préféré qu'il me frappe. Honnêtement, je voulais sentir la violence qu'il avait déchainé sur mon frère sur moi. Comme les fois où Mabel m'entraînait à me battre, comme cette fois où il avait utilisé un couteau pour que je me batte pour ma vie. Il avait réussi à effleurer ma joue, ce qui m'a laissé une légère cicatrice :
— Défends-toi, hurlai-je en réussissant à lui mettre un coup au niveau de la cuisse, bats-toi !
Son regard me désespère. Je veux juste que quelqu'un m'inflige un minimum de douleur pour que j'oublie celle que j'ai dans la tête et dans la poitrine. Il ne riposte toujours pas. Il se protège juste en s'assurant qu'il ne me fait aucun mal. Et je ne peux pas arrêter de me défouler, mes pensées sont embrouillées, tout ce que je vois c'est du noir, de la tristesse, des mensonges, mon père, mon frère !
Je veux juste être libre de cette torture ! Qu'on me laisse en liberté !
Côme réussit à m'immobiliser. Ses grandes mains retiennent mes poignets et je m'entends lui hurler dessus. Je balance mes jambes comme une adolescente face à plus grand qu'elle. Mais je n'ai plus de force, je suis essoufflée.
Alors la violence s'arrête.
Je suis tellement fatiguée de cette vie.
Je le laisse m'emprisonner en me sentant pleurer les morts qui me collent à la peau. Je vois dans ses yeux qu'il comprend ma douleur et qu'il veut juste que je me calme. Ça me broie de l'intérieur :
— Je n'ai besoin que d'une seule chance... Mariposa... et je te montrerais...
— Je n'ai pas besoin de toi, hurlé-je en tirant violemment sur mes bras ce qui nous sépare tous les deux.
Il pince ses lèvres en plissant des paupières.
— Tu n'avais aucune pitié pour moi quand j'étais avec toi ! Tu n'as eu aucun remords à m'infliger ton sadisme par pur plaisir de te venger de mon frère et maintenant je dois courir dans tes bras parce que Côme a grandi, Côme a changé ? Et puis qu'est-ce que tu foutais avec mon père, merde ! Tu penses vraiment qu'après ça tu auras un jour ma confiance !?
Côme pince les lèvres avant de détourner le regard, sa paume se positionne sur son menton qu'il masse nerveusement.
— Je n'avais aucune idée que ce fils-de-pute était ton père, je ne l'ai pas reconnu... Et je ne vais pas polémiquer des heures avec toi pour te prouver ce que je mérite ta confiance, Mariposa. Je suis quasiment inexcusable... Mais une chose est claire, devant Dieu, je vais te montrer ce que je suis prêt à faire pour toi.
Mon visage grimace. Ce n'est pas Côme que j'ai en face de moi. Je m'attends à l'entendre me hurler dessus, ou agir sous le coup de l'impulsivité. Je fronce les sourcils, j'ai de plus en plus froid et mon cœur est vide et creux. Je n'arrive pas à gober un seul de ses mots.
— Encore une fois, craché-je en m'approchant de lui, mon index se plante sur son cœur. Je n'ai besoin que d'être chez moi, avec mon frère, et il est mort dans des mensonges. Merci de m'avoir ouvert les yeux, mais je suis assez grande pour gérer mes cauchemars toute seule.
— Je te crois et je n'en doute pas, mais crois-moi, tu vas détester les gérer seule. Mais Dieu merci je ne comptais pas te lâcher.
Son sarcasme allume la mèche d'une vive colère en moi. Je le rejette une nouvelle fois en le poussant avec force, il recule à peine. Je ne veux surtout pas me laisser immerger par ces paroles, il est hors de question que je me laisse enflammer dans ce type de choses ! Je n'ai aucun espoir concernant un quelconque semblant de confort dans cette vie ! C'est perdu d'avance !
Je me persuade qu'il veut me manipuler pour son bon plaisir. Il veut faire de moi sa marionnette. Je ne veux plus rien entendre de beau.
— Tu peux me pousser Mariposa si tu veux, j'ai fait pareil que toi à Robin après la mort d'Ania. Et après ? Ça n'a pas déterré ma sœur pour autant. Mais je vais te montrer ce que ça prend de remonter la pente et tu vas comprendre ce que j'essaie de faire avoir toi.
Il me regarde fixement, je me sens épiée comme s'il perce mon âme à jour et je ne veux pas qu'il la voie.
— Je sais ce que je t'ai fais et ce que ça me fait là-haut d'y repenser.
Il tapote sa tempe avant de baisser le bras.
— Ça fait deux ans, que je revis ce meurtre, et chaque cicatrices que je t'ai infligé et tout ça au nom de quoi, ça ?
Il désigne mon frère inerte sur le sol, je me tourne pour le regarder, mon estomac se retourne une nouvelle fois :
— Regarde comment l'histoire se finit pour lui Mariposa. Regarde-le.
Mes yeux se baissent sur le visage de Mabel. Noyé par cette pluie, il paraît si paisible dans sa mort froide. Un orage gronde comme un avertissement pour le déroulement de toute cette histoire. Je constate que le sang a cessé de couler, presque nettoyé par l'averse battante. Toutes ses années à construire un empire, tous ces milliards, toute une vie de torture...
Ça finit comme ça.
Allongé inerte sur un sol froid.
Seul.
— Et j'étais un type comme Mabel avant de perdre Ania, je me prenais pour un roi, je me pensais intouchable, j'aurais presque envie de dire... immortel. Je pensais que rien ne pouvait m'atteindre, Mariposa. Je faisais ce que je voulais parce que rien n'avait d'importance. Mais maintenant je sais que ça aurait pu être moi allongé là, disloqué au nom de quoi ? Au final, je me serais battu pour quoi ?
Sa question me refroidit immédiatement. Je déglutis sans savoir quoi répondre. Pour moi rien d'autre ne compte plus que la peur et la haine que j'ai dans le ventre. Puis je me souviens de tous ses moments où Côme joue avec le danger, et je me souviens même du jour où nous sommes coincés dans cette chambre froide, je lui ai dit qu'il donne l'impression de ne jamais avoir peur.
— Tu étais bien là, quand ma petite-sœur est morte. Alors écoute, si tu penses que tes poings dans ma gueule t'apaiseront, jouons Mariposa, je te laisserai essayer de me cogner autant de fois que tu veux, je peux encaisser.
Mes iris plongent dans les siennes. Comme frappé par un éclair vert, je me sens soudainement frissonner. J'ai l'impression que sa couleur n'existe que dans ses yeux.
— Mais je vais te dire une chose, je suis devant toi pas parce que j'en ai cogné des gars, mais parce que je savais qu'un jour j'allais te revoir, Papillon. Et ça, ça en valait la peine de se battre.
Je tombe de haut. Je recule d'un coup, prise de surprise, je ne sais pas ce qu'il se passe soudainement, mais je réalise que quelque chose chez lui a drastiquement changé. En le fixant, je sens quelque chose de très humain chez lui, une forme de chaleur qui n'existait pas il y a deux ans de ça. Cette chaleur me troue la poitrine et ça entre par litre dans mes cicatrices. Je recule encore, je ne veux surtout pas ça !
— Arrête de raconter des bêtises, craché-je.
Son rire léger brise l'atmosphère morose. Il passe une main sur ses cheveux, j'ai horreur de ce sourire en coin qu'il fait tout le temps, il se moque de moi !
— La bêtise que j'ai faite c'est de t'avoir laissé t'envoler, Papillon. Mais ne t'en fais pas, tu pourras voler en sécurité aussi longtemps que tu le voudras maintenant, du moment que tu papillonnes autour de chez moi.
Je me sens ravagée par cette haine que j'ai au fond de moi ! Je rejette chacune de ses paroles. Je n'y crois plus et je ne veux pas me laisser envoûter encore une fois. Je souffre encore des mensonges de mon grand-frère, je revois le visage balafré de cet homme qui était mon père et je ne suis même pas sûre que Côme dit vrai, il n'a pas le droit de me faire croire tout ça !
Ses mots me font encore plus mal qu'autre chose. Je me sens humiliée, quelqu'un pense encore qu'il va pouvoir se jouer de moi, et je vais encore tomber dans le piège. Il suffit que je baisse la garde et à la seconde où je l'aurai fait, il fera comme avant : me faire du mal.
— Jamais, plus jamais, je ne te ferais confiance !
Il me scrute quelques instants. Je le déteste aussi pour ça, il a quelque chose de magnétique qui m'oblige à me perdre dans ses yeux à chaque fois qu'il s'éternise sur mon visage.
— Jamais, plus jamais, je ne t'abandonnerai, Mariposa. Et je te l'ai promis, devant Dieu. Si je dois courir pour avoir ton pardon je le ferai, si tu ne veux pas que je coure, alors je marcherai, si tu ne veux pas que je marche, alors je ramperai, jusqu'à ce que tu te souviennes que je ne peux pas te partager, que tu en vaux la peine et que surtout je me suis souvenu de toi, comme je te l'avais dit avant tout ça.
C'est notre ennemi. Mabel me l'a dit. Il représente un danger, et la preuve est là, Mabel est mort.
Et pourtant.
Je suis incapable de détourner le regard. Je ne vois plus la pluie, ni le corps de mon frère. Le temps s'arrête, je suis seule au monde avec lui. Soudainement, je me rends compte que mon cœur cogne très fort. Troublée, une vive inquiétude me submerge..
Je ne vais pas accepter ce que mon corps me fait. C'est physique et ça s'arrête là. Je ne vais pas tomber dans le piège aussi facilement ! Je prends une grande inspiration lorsqu'il se lève, je le suis du regard :
— Tu rentres avec moi à New-York, Mariposa.
𓆃
Bonsoir mes stars ⭐️ !
Eh le chapitre dernier, je me suis cassé le ventre oh, devant vos réactions, goûts ++. Vous vous y attendiez pas HEIIIIIN. Mais en attendant, j'ai vu 0 théorie de correcte mais force à vous mes stars PTDR ! Vous voyez la plaque la, vous êtes à côté de la plaque là, et de toute façon quand je vais vous mettre les indices sous les yeux vous allez attraper mon voile ça va être trop marrant PTDR !
📜 It's tea time: ☕️🫖🧋 (distribution de café et de thé et bubble tea pour les adeptes) Dites-moi tout je suis toute OUÏE (Sauf Elsa toi tu me fais peur donc chute MDR): Alors ? Vous théories, qu'en avez vous pensez ? Mariposa pourra-t-elle refaire confiance à Côme ? Comment Côme va se faire pardonner ? Le gros daron vous pensez quoi de sa psychologie ? J'écoute !
Et oui, on peut survivre d'une balle dans la tête, il existe plusieurs cas, comme celui de Wenceslao Moguel Herrera, qui s'est pris 8 balles dans le corps, et une dans la tête ça ne lui a pas empêché de survivre. Et si vous allez sur son Wikipédia, vous verrez que son visage est complètement déformé.
(Ou exemple plus connu: Malala qui s'est pris une balle dans la tête et qui a survécu !)
Un peu de médecine: (Site: Minute facile - survivre à une balle dans le crâne)
"Explications de la survie: Si la zone touchée se trouve derrière l'oreille, la victime peut avoir une chance de survie. En effet, à cet endroit du crâne, l'os est plus épais. Quand le projectile s'arrête sur les structures osseuses, cela ne provoque pas le décès. En revanche, si la balle rentre à l'intérieur de l'os, deux cas peuvent se présenter. Si le projectile touche l'encéphale, la victime peut mourir. En revanche, si sa trajectoire suit la partie intérieure du crâne, la victime peut survivre."
Du coup, le chapitre était écrit au présent vous préférez comme ça non ? Parce que à chaque fois je vois qu'il y a des confusion quand Côme parle au passé 🙂.
En tout cas, LET'S GO BACKKKK TO THE CRIB, NEW YORK CIIITYYYY MDR, c'est bon Popo retourne au USA, son père à encore disparu ? Que va t-il se passer ????
La suite au prochain épisode !
On se retrouve très vite in sha'Allah ! Love you ! ❤️
Bisous bye ! 📸
𝐢.𝐚𝐦𝐤𝐮𝐧𝐚𝐟𝐚 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦
xoxo, Azra.
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