CHAPITRE 12: Devant Dieu.
Hello mes cartes d'identités favorites MDR, ça-va ? 🌹
Déjà... merci pour tous vos souhaits d'anniversaire 🥹... 1000 fois franchement j'ai à peine pu répondre 😫 mais je suis reconnaissante encore une fois de cette belle communauté !
Je vous laisse avec la suite de l'histoire on discute à la fin ! ❤️
Bonne Lecture! 📖
Xoxo - Iamkunafa. 🍓
𓆃
CÔME.
— Tu lui as menti à propos d'Irène.
— Je lui ai raconter ce dont elle avait besoin d'entendre pour devenir la légende qu'elle est aujourd'hui, Côme.
Ma mâchoire se contracta. Je haïssais aussi mon nom sortant de sa bouche. Quatre ans de haine incendièrent mon ventre en une seule fraction de seconde. Tout ce temps loin de cette enflure m'avait presque fait oublier à quel point je le maudissais.
Ça ne faisait que commencer et pourtant je le sentais déjà amorcer sa manipulation sur moi. Il parlait d'une voix calme et basse, je le sentais en totale confiance, parfois le bout de ses doigts titillant les joues de sa fille.
J'espérais qu'il sache que je n'étais plus le petit garçon avec lequel il s'amusait à faire tout un tas de conneries.
— Elle était déjà quelqu'un avant que tu ne lui bourres le crâne et que ton venin ne fasse effet. À aucun moment tu n'as considéré le fait qu'elle n'avait pas besoin d'être une légende, mais qu'elle avait juste besoin d'aide !?
— Parce que c'est ce que toi tu as fait avec ma petite-sœur pendant des mois ? L'aider ? L'aider à gérer ses craintes et ses traumatismes ? Je suppose bien, Côme ?
La réponse qui me vint immédiatement était non...
Non...
Et à chaque fois que l'on me rappelait tout ce que j'avais fait, un magma de regret me brûlait la peau d'une façon que je considérais comme insupportable. Je me demandais s'il y avait quelque chose sur cette terre qui aurait été suffisant pour racheter mes actes...
— Non... Mais je ne lui aurais jamais demandé de se salir les mains et encore moins de sacrifier son âme pour moi.
Un silence s'abattu dans ce salon. La petite fille s'amusait à saisir le visage de son père en gazouillant tandis que j'avais toujours cette arme collée contre son crâne.
Je serrais des dents.
Il représentait tout ce que je voulais détruire et maintenant qu'il était devant moi, je ne savais même pas si j'allais être capable de passer outre sans appuyer sur la détente et admirer son cerveau s'éparpiller dans son salon en rondin. Je n'avais plus que Mariposa en tête, si j'appuyais elle ne me l'aurait jamais pardonné, je ne pouvais pas me risquer de la perdre comme ça, pas à cause de cet enculé !
— Tu sais qui c'est lui, hm, osita (petite oursonne) ?
Mabel s'adressait à sa fille de façon affectueuse. Il lui tenait les poignets en la secouant gentiment ce qui amusa l'enfant, son petit rire juvénile ne brisa tout de même pas la tension maladive qu'il y avait dans cette pièce.
— Mais non tu ne sais pas qui c'est, Catalina...
Il chatouilla sa fille qui ria de plus belle. Je me sentais respirer profondément, il était là, mon index tremblait sur la gâchette, il ne suffisait que d'une légère pression et Mabel disparaissait ce soir... Mais le grand regard vert de la gamine croisait parfois le mien et ça m'empêchait d'agir. Mabel le savait. Et le pire, c'est que cette petite Catalina semblait presque heureuse de me voir.
Après un petit moment, il cessa les chatouilles. Sa fille se calma, Mabel laissa un lourd silence planer entre nous, jusqu'à ce que sa voix grave perce le silence :
— Toi, tu es... Côme King, le fils du grand Aaron King, son héritier direct et peu importe à quel point ton père te tabassait, le soir tu mangeais à ta faim dans de la vaisselle en céramique et des cuillères en argent, tu pleurais dans une chambre immense sur des draps en coton qui caressaient tes pauvres hématomes, entourés de tes frères pour oublier "la misère". Contrairement à Mariposa.
— "La misère" t'a donc donné la légitimé de faire d'elle La Mariposa Verde ?
— Sais-tu quelle est la pire chose qui puisse arriver à une personne, Côme ?
Il caressa tendrement les boucles de son enfant.
— Tu ne dois pas le savoir... tu es un King après tout.
Je ne compris pas tout de suite ou il venait en venir mais il finit par articuler :
— Je vais te dire la pire chose qui puisse arriver à une personne: c'est d'être oublié.
Sa réponse résonna au fond de mon être. Il y avait un truc en moi qui comprenait pertinemment ce qu'il avançait... Je me souvenais avoir déjà eu cette discussion avec Sashæ juste avant de sortir de mon état dépressif. Moi aussi j'avais peur d'oublier... D'oublier Mariposa, mais aujourd'hui j'avais peur que ce soit elle qui m'ait oublié.
— Tu sais ce qu'il fait ce sentiment ? Cette destruction intérieure, si lente... elle te fait te sentir insignifiant dans cette immense société qui ne cesse de nous écraser. Tu as beau hurler : "à l'aide"... mais personne ne viendra jamais car tout le monde a oublié que tu existes. Alors tu te démènes pour que l'on te remarque. Tu hurles encore empli d'espoir mais le temps passe et tu réalises que tu ne vaux rien aux yeux des autres... c'est ça la pire douleur du monde, Côme.
Je fus pris d'une forme de vide sidéral qui s'imposa en moi en me donnant l'impression de m'enfermer dans une chambre noire.
Sa voix retentissait lourdement dans ma tête. Je l'entendais comme un écho grave et effrayant. C'était comme tomber dans un gouffre sans jamais savoir quand la chute deviendrait mortelle. Les souvenirs gris de mon enfance me revinrent brutalement en mémoire. Des choses que je pensais même avoir oubliées et dont je ne voulais pas me souvenir.
Ces moments de solitude profonde...
L'oubli.
Incapable de bouger sur le sol. La salle-de-bain froide après que papa m'ait montré ce que c'était d'être un homme, un vrai ! Être propre. Toujours être propre ! Ses hurlements qui me faisaient si mal aux oreilles que je saignais pour me les boucher. Quand papa battait maman et que j'étais le seul à le voir, mon grand-frère, Dove était tout le temps à l'hôpital à cause de sa mucoviscidose , je voyais son corps s'amoindrir. Je faisais des cauchemars de son corps squelettique et ses cernes noires tous les soirs, me provoquant des crises d'angoisses. Le soir ou maman est morte brûlée sous mes yeux. La première nuit sans maman. La première fois que son fantôme est venu me hanter. Le mariage de Nathalie et Papa, le voir sourire alors que j'avais encore des hématomes sur le ventre. Sage heureux, Ania heureuse, moi malheureux. La faim. L'attente. Quand papa m'obligeait à dormir dans le noir après que maman soit partie, j'avais très peur du noir. L'enfermement, mes cris, supplier papa, les larmes qui ne coulaient plus, personne ne voyait les abus autour de moi, Robin tous les jours, toute la journée au terrain de basket, les armes dans mes mains d'enfants, mon premier meurtre, la première fille qui m'a dépucelé, les tortures, les conditionnements, le cartel, la famille, le code d'honneur, le respect.
L'oubli.
C'était ça le pire, être spectateur de sa vie, et vivre dans l'oubli...
J'inspirais douloureusement.
— Tu regardes par la fenêtre et les riches deviennent de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres. Tu te nourris de pâté pour chien pour tenir une semaine de plus, la saleté te colle à la peau, ton père te touche le soir, tu ne sais pas comment aider ta famille, ta mère te manque et lorsque tu es seul et que tu fermes les yeux, la même conclusion que la vieille se confirme encore: les puissants piétinent les faibles, les faibles se soumettent toujours plus et tu comprends vite que dans ce monde, il n'y a pas de place pour l'amour et la loyauté. Il n'y a que la survie qui compte, et ce à n'importe quel prix.
Mon souffle se coupa.
C'était exactement la même phrase que Mariposa m'avait dite dans cet hôtel.
Mots pour mots.
« Alors tu comprendras qu'il n'y a pas de place pour l'amour et la loyauté. Il n'y a que la survie qui compte, et ce à n'importe quel prix. »
Ces mots ne sortaient pas de sa tête, ils venaient de lui.
Je compris immédiatement qu'il avait passé deux ans à formater un discours si défaitiste qu'elle avait un voile de désespoir sur les yeux. Il lui avait montré que si elle voulait aller mieux alors elle devait oublier qu'elle avait ce grand petit cœur dont la musique contre mes oreilles me faisait dormir sans cauchemars...
Il lui avait enlevé ça. L'espoir.
Je réalisais maintenant qu'il était en train d'entrer lentement dans ma tête et qu'il y plantait des graines pessimistes qui avaient en quelques secondes réussies à me remémorer de très mauvais souvenirs, des choses que j'avais même oubliées...
Mabel était extrêmement douée.
Je le réalisais et je fus pris d'un choc soudain. En l'espace de quelques minutes, il avait créé une chambre noire pour moi et il était entré dans ma tête. Quelques beaux discours avaient suffi pour me plonger dans une bulle de douleur qui m'obligeait à me rendre compte que la vie était injuste, difficile, terrible et que pour vivre il fallait toujours s'essouffler pour survivre.
C'était probablement ce qu'il avait dû faire avec elle...
Psychologiquement, Mariposa n'aurait jamais pu lui résister surtout pas après avoir assisté au meurtre d'Ania... surtout pas après que je lui avouais que je l'avais utilisé pour mes propres intérêts, surtout pas après avoir choisit de continuer cette guerre avec Mabel plutôt qu'elle...
Et... si son père lui avait bien fait ce que je pensais, je ne lui donnais pas une seule chance pour trouver une lueur d'espoir dans cette vie de torture qu'elle vivait.
Elle avait du tomber dans le piège les deux pieds joints d'un claquement de doigts.
Je n'étais pas spécialement influençable, mais je savais que je n'étais pas le plus stable mentalement, j'avais de grosses lacunes que je savais Mabel pouvait combler. J'étais persuadé qu'il avait réponse à tout. Si je manquais d'attention, je craignais presque que ses idéologies me rentrent dans le crâne et que des idées moroses germent dans ma tête.
— Quand tu oublies la morale et la justice, tu acquiers pouvoir et puissance. Sans jamais te soucier des conséquences. Mariposa est forte maintenant, et toi même tu n'y pourras plus rien.
— Mariposa était forte avant. Mariposa c'était "la faible" qui se battait même contre des monstres immense que même toi tu n'aurais pas pu affronter ! Maintenant elle est conditionnée par ta doctrine ! Tu lui as menti pour Irène, c'est toi qui as brûlé cette femme. Tu as semé un tel doute dans son esprit qu'elle ne croit plus en rien. Une fille vivante comme elle... ne croit plus en rien... Elle n'a confiance en personne et tout ce que tu lui as montré c'était de la violence et de la manipulation, elle a suivi ton chemin aveuglément en pensant que tu étais son héro, et ça ne te fait absolument rien de lui avoir fait ça !?
— Tu fais erreur... elle croit en moi et c'est tout ce dont elle a besoin. Je suis fier de ce qu'elle est devenue. Et quand je dis A à Mariposa, Mariposa dit A. Elle obéit à mes ordres, et la voilà, puissante comme jamais.
— Tout ça pour quoi Mabel ? Tu détruis la vie de ta sœur pour quoi ?
Un silence s'abattit sur nous. J'étais presque essoufflé, ma colère m'étouffait ! C'en était devenu presque insupportable de subir cette haine qui m'écrasait. Je me souvenais de tous les scénarios que je m'étais fait au moment où mon chemin allait recroiser celui de Mabel. L'avoir devant moi mais ne rien pouvoir lui infliger pour cette femme me torturait l'esprit. Il fallait qu'il meure je le savais sans ça, Mariposa ne serait jamais libre. Mais comment aurais-je pu le procéder maintenant !? Avec la petite dans les bras, je m'en sentais tout bonnement incapable !
— Tout ça, finit-il par murmurer en caressant le visage de sa fille, juste parce que j'ai le pouvoir de le faire.
L'onde de colère qui a explosé dans mes veines a été une torture à contrôler ! Je m'étonnais moi-même, dans une autre vie je savais que sa tête aurait déjà explosé ! Je serrais les dents difficilement. J'inspirais bruyamment, ce type était imbattable, si je l'éliminais maintenant je savais déjà que Mariposa ne me reviendrait pas !
Il avait abîmé Papillon pour sa gloire ? Juste pour asseoir son pouvoir, putain !
— Devant Dieu, Mabel écoute bien ma prière, devant Dieu... je la protégerais de toi, devant Dieu, un jour elle sera libérée de ton emprise et ce jour-là... tu l'admireras de loin devenir la femme qu'elle voudra être !
— Et même si m'implorais à genoux, tes prières ne seront pas exaucées. J'ai enterré Mariposa morte-vivante il y a deux ans, et elle m'est revenue encore mieux que je l'aurais pensé. Ni tes beaux yeux ni tes prières ne changeront ce que j'ai créé. Elle est passée de l'autre côté et c'est mieux ainsi.
— J'ai dit, devant Dieu, pas; devant Mabel. Tu te crois tout puissant à ce point ? C'est ça que tu lui as appris, ici vous êtes des rois ? Moi, je saurais lui montrer qu'il y a des choses qui en valent la peine de se battre pour vivre, ne t'inquiète pas pour ça ! Je lui montrerais.
— Des choses comme quoi ? Ton petit cœur qui bat pour elle ? Pourquoi, parce que tu aimes ma sœur éperdument c'est ça ?
Il ria légèrement. Je sentis mon cœur se compresser.
Je ne savais même pas quelle était la réponse. Mais je savais une chose, quand les yeux de Mariposa trouvaient les miens, je savais que j'allais dormir sans hallucinations, sans cauchemars. Si moi je voyais de la lumière, alors elle pouvait me revenir... Mes pensées se dirigèrent vers Sashæ, lui il aurait pu me faire comprendre ce que je ressentais clairement.
— Ça ne sera jamais suffisant Côme. Moi seul peux la changer comme j'en ai envie. A-t-elle pleuré lorsque cette petite espionne est morte ?
Je tombais de haut. Mabel savait tout. Et certainement depuis très longtemps, il devait avoir un œil constant sur Mariposa. Malgré ses efforts elle n'avait pas réussi à se dédouaner de son emprise, je comprenais cette peur qu'elle ressentait envers lui. Il était prisonnier d'un régime totalitaire avec Mabel à sa tête.
Dans le monde illusoire qu'il avait, crée autour d'elle: il représentait le pouvoir absolu et la surveillance constante exercée sur chaque Vénézuélien qui avaient le malheur de croiser sa route.
— Tu n'as... aucune compassion pour elle... c'est ta petite-sœur... merde Mabel, j'aurais préféré que tu fasses au moins semblant !
— Et toi, en avais-tu de la compassion ? Lorsque tu la tenais entre tes mains ? Avais-tu ne serais-ce qu'un gramme de pitié pour elle ? Ne l'as-tu pas utilisée toi aussi ? Pour sa beauté et pour m'attirer en Italie ? Tu savais que je l'aurais su, et tu l'as mise en danger juste pour moi. Qui de nous deux considère le plus Mariposa ? Toi ? Qui l'a détruite un peu plus ? Ou moi ? Qui l'ait reconstruite, qui a bâti une légende autour de son nom ?
Mes lèvres se pincèrent. Il laissa un silence planer entre nous qui déclenchâmes une nouvelle onde de regret.
— C'est drôle que les mots te manquent. Elle était faible et fragile. Un être que l'on pouvait briser juste en la poussant du bout des doigts. Alors j'ai tout cassé et j'ai assemblé les morceaux moi-même. Et maintenant n'est-elle pas impressionnante ? Tu as peur parce qu'elle est plus puissante que toi. Et si tu la voyais... tuée, tu serais fier. Tu n'aurais pas pu lui apporter le quart des armes que je lui ai mis dans les mains !
— Moi, je lui avais donné une famille !
J'avais légèrement haussé le ton. Sa fille grimaça prise de peur mais Mabel lui murmura des "chut" rassurant, il plaqua son enfant contre son torse en caressant son dos. J'éprouvais un tel niveau de fureur que j'avais peur de ce que mon index sur la détente pouvait faire. Je me contenais pour l'enfant et surtout parce que le pardon de Mariposa aurait été impossible à avoir si je mettais fin à sa vie.
Je me sentais trembler, ma mâchoire se compressait si fort que j'avais l'impression que mes dents allaient se briser :
— Et ça, ça vaut tout ce que tu ne pourras jamais lui apporter, continuais-je, moi je lui ai donné ça. Un peu d'espoir. Des frères sur lesquels compter, du répit, et je ne l'aurais jamais laissé avoir du sang sur les mains quitte à tuer pour elle, j'aurais préféré ça que ce que tu as fait d'elle !
De nouveau, un rire étouffé s'échappa de lui. Je voyais ses épaules trembler. De l'intérieur, je bouillonnais, j'avais perdu deux ans avec elle pour que ce salopard s'amuse à détruire cette femme pour son bon plaisir. Je sentais mes mains devenir moites et rouge, si l'enfant n'avait pas été là j'aurais tout fait pour au moins lui enlever ce putain de rire qui décuplait ma frustration :
— Comme tu es mignon... ça change de l'homme qui tuait sans remords juste pour satisfaire son petit papa.
— Exact. Et si je n'avais pas changé, j'aurais explosé ton crâne devant ta gamine et je me serais amusé à lui montrer l'état de ta cervelle en riant ! J'ai tellement changé que je suis prêt à ne plus voir ton cul rôtir sur une broche pour qu'elle reparte avec moi sans grande rancune, bâtard !
— Tu as fait l'erreur de mettre un pied dans mon pays, Côme, tu ne repartiras pas vivant d'ici et encore moins avec ma petite-sœur, les Díaz ne se mélangeront jamais avec les King, tu devrais le savoir.
Je sentis un brin de frustration dans sa voix, il n'avait pas apprécié que je parle de sa gosse.
— Et selon qui ? Toi Mabel.
— Oui, selon moi.
— Heureusement, il n'y a personne sur terre qui m'impose de règles et surtout pas toi. D'une manière ou d'une autre, que ça prenne dix jours ou dix ans, je vais repartirais avec elle avec ou sans ton accord, de gré ou de force. Et tu sais que tu ne pourras pas m'en empêcher.
— Essaye. J'aimerais tellement te voir essayer, Côme. Tu as oublié le monde de requin dans lequel nous vivons depuis que tu es devenu un fervent croyant de la vie en rose ? Essaye et nous verrons si ma sœur te suit sagement pour devenir la mère de tes enfants, mais avant ça, tu seras traqué comme un rat dans chaque recoin de mon pays.
— Ce qui est cool avec les rats, c'est qu'ils passent dans tes putains de canalisations et un jour tu les retrouves en masse dans ta maison et tu es impuissant face à eux. Ce jour-là viendra, je ne m'en fais pas. Je vais aussi te rappeler à quel point je suis un connard Mabel, et je te l'ai déjà dit, devant Dieu, je saurais la faire revenir avec ou sans toi.
— Et bien... Tu vas tomber bien bas... Côme.
— Alors je tomberais dans l'enfer où tu l'as fait descendre et à ce moment tu comprendras que-
Un verre se brisa contre le sol. Je me tournais précipitamment vers la source du bruit en levant mon arme. Mes yeux tombèrent sur ceux d'une femme vêtue d'une robe de pyjama. J'étais sûre que c'était la femme que nous avions vue ce matin. Elle nous fixa choquée.
— Casse-toi, Maria !
"Maria" recula d'un pas abasourdie, mais elle murmura « Catalina ». Mabel se leva rapidement en déposant sa fille par terre ce qui me fit reculer vers l'entrée. Je savais que je n'aurais pas pu tirer sur cette femme devant sa fille qui éclata en sanglots.
Merde, il fallait que je me tire d'ici tout de suite ! Je ne pouvais rien faire dans l'immédiat sans tuer la petite et la femme !
Alors je choisis la fuite, je me précipitai le long du couloir et ouvris brutalement la porte mais l'instant qui suivit je fus happé par une violente douleur qui poignarda ma côte. J'écarquillais les yeux déconcertés par cette sensation déchirante !
Je courrai aussi vite que je pouvais le long du ponton mais en baissant les yeux je vis un couteau enfoncé dans mon flanc ! L'enculé m'avait lancé un putain de poignard !
La douleur se propageait par onde de choc, à chaque inspiration elle se décuplait et j'avais de moins en moins de facilité à respirer et bouger !
J'entendis une balle siffler juste à côté de moi, puis une deuxième juste à mes pieds !
Je me dépêchai de fuir en grimaçant douloureusement. Il me tirait dessus du pont de sa maison et j'atteignais ma voiture que j'avais garée pas loin. Je me jetais côté conducteur mes mains moites glissaient sur le volant. Je transpirais et gémissais en conduisant maladroitement. Il fallait que je rentre vite dans cet hôtel !
Ma vision devenait de moins en moins claire, et je savais qu'il ne fallait surtout pas que j'enlève ce couteau dans mes côtés ! Je clignais des yeux en appuyant à fond sur l'accélérateur !
Ce bâtard l'avait dépossédé d'elle-même. C'était ça qui s'était passé pendant 2 ans. Il avait dû remuer chaque traumatisme que leur géniteur lui avait fait subir, et il s'est si bien enfoncé dans son crâne que j'étais persuadée qu'elle ne savait même plus à quel moment elle avait oublié qui elle était.
Il avait effacé Mariposa et créé sa version pour le plaisir sadique de se dire créateur d'une légende ! Dans son délire, ce type ce prenait pour Dieu je le sentais. Il avait atteint un tel niveau de psychose que je pense que ni son sang, ni sa sœur, ni sa mère, ni ces gens qui l'adulais en tant que guru du Vénézuéla ne comptait pour lui.
Tout ce qui l'importait, c'était de se revendiquer créateur et d'être adoré pour ça. Amasser des richesses pour dominer le monde, dominer mon père, me dominer moi, car il savait que Mariposa avait tous les pouvoirs sur moi.
Je suffoquais de douleur ! Mes poings étranglaient le volant. Je sentais mes muscles se tendre en ayant conscience que je n'avais même pas le droit d'en vouloir au monde ! J'avais merdé ! J'avais tout fait pour merder en me croyant au-dessus de tout moi aussi !
La pénible constatation que Mabel avait toute fait pour qu'elle devienne "ce fantôme" et qu'elle oublie qu'elle n'était qu'une femme me fit comprendre que si je voulais qu'elle me revienne, il fallait que je ne n'oublie jamais que je n'étais qu'un homme.
Mariposa me rappelait que je n'étais qu'un homme !
Et il fallait que je sois, son homme.
Juste le sien.
Cette confrontation avait été un nouveau choc pour moi. Tout me tombait dessus, je sentais que c'était mon appel pour le repentir. C'était le moment pour moi de comprendre que le Côme devait changer.
Pour elle.
Personne ne t'avait écouté Mariposa, pas même moi... mais maintenant je t'entendais...
De quoi avais-tu besoin, Love ? D'attention ? De chaleur ? De mes bras ? De mes mains ? Dis-le-moi...
J'allais t'aider à ouvrir les yeux, je connaissais ce monde moi, et je savais que tu n'avais besoin que d'une chose: que l'on te protège enfin... je voulais te montrer la vérité sans te blesser.
Et... Pour te le prouver... et tenir cette nouvelle promesse:
Papillon, devant Dieu, j'allais te faire revenir.
𓆃
— Sashæ...
Mon poing ensanglanté frappa contre la porte.
— Sashæ... o-ouvre... !
Essoufflé, mon dos glissa le long de la porte, je finis par m'asseoir par terre en réussissant à peine à maintenir mes yeux ouverts. Je décidais de taper une dernière fois de trois grands coups.
Un soupir de délivrance m'échappa lorsque j'entendis la serrure de sa porte claquer:
— Bébé, est-ce que tu penses vraiment que c'est l'heure pour- Oh, putain, Côme !? Merde ! Merde ! Meeeeeerde !
Je sentis les mains de Sashæ sous mes bras me tirer à l'intérieur de sa chambre.
Il me traîna jusque sur son lit où je m'enfonçais. Je transpirais et respirais par grosses bouffées pendant qu'il faisait des aller-retour rapides entre la chambre et sa salle-de-bain.
— Putain, qu'est-ce qu'il s'est passé merde ! Putain comment ça a pu arrivé ça ? Tu es parti où sans moi Côme ! Merde tu me fais chier là, c'est pas le moment de mourir, pas après cette journée ! Putain qu'est-ce que tu me fais ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Il déchira rapidement mon t-shirt et analysa la zone ou le poignard était enfoncé. Je sentais une forme de panique palpable dans sa voix. Ça le faisait vraiment chier que je n'ai pas pris la peine de le prévenir.
— Putain de merde, on t'a pas raté ! Je vais désinfecter ça va faire mal, ok ?
Je retenue un gémissement à la seconde où un liquide brûlant m'arracha la peau. Je plissais des yeux et sentis chaque mouvement lorsque Sashæ fit glisser la lame lentement hors de ma peau. Je serrais les dents en cachant mes paupières du bout de mes doigts. J'entendais Sashæ mimer un schéma de respiration, et honnêtement je mimais son souffle pour respirer comme lui.
— Putain Côme, qu'est-ce que tu fous...
Je sentis une pression constante sur mon flanc, Sashæ effectuait appuyait dessus avec un chiffon propre.
— Je n'ai pas l'impression que ça ait touché une artère ou un organe. Ça ne saigne pas assez pour ça.
— Hm... tant mieux, murmurais-je difficilement.
Sashæ soupira longuement. Il était à mon chevet les sourcils tortillés d'inquiétude. Ses yeux bleus étaient rivés sur moi, j'étais presque étonné qu'il m'appelle par mon prénom. Je ne savais pas si beaucoup de monde s'inquiétait pour moi, mais putain j'avais l'impression que personne ne le montrait autant que Sashæ !
Je ne le méritais pas et même après deux ans à ses côtés je le pensais toujours :
— T'es vraiment un petit doupek pour avoir fait ça...
Un sourire triste étira le coin de mes lèvres, je me retenais de le corriger. Je massais mes paupières pendant que je sentis Sashæ penser et bander ma plaie.
— T'es beau quand tu souffres en plus, miam, sexy comme dans les films.
J'étais incapable de céder à l'hilarité, ma rencontre avec Mabel hantait ma tête.
— Alors, ce suspense va durer combien de temps, dis-moi comment c'est arrivé ça ?
Il se réajusta à côté de moi au coin du lit, l'air très sérieux, il tenait le chiffon plein de sang dans ses mains ce qui me dégoûta.
— Je suis retourné voir la femme qu'on avait vu ce matin...
— Je vais te cogner doupek tu es parti sans moi !? Rien qu'au look de Jão, t'aurais dû te douter qu'il allait danser la Macarena avec tes côtes ! Qui porte des vestes en cuir sans manches à notre époque ! Et quoi, c'est cette folle qui t'a planté !?
— Non... cette folle comme tu dis, c'est la femme de Mabel.
Sashæ haussa les sourcils, l'air abasourdi.
— Sa femme !? Ce mec à une femme !
— Ce bâtard avait même une gosse, putain, il tenait sa petite dans les bras je n'ai pas pu le faire. J'pouvais pas lui exploser le crâne devant la gamine... je ne pouvais pas...
Un silence s'abattu dans la chambre, Sashæ me fixait choqué tandis que mes yeux se perdaient entre lui et ce plafond blanc en respirant toujours aussi douloureusement.
Cet enfoiré avait réussi à coffrer une femme et une gosse, alors qu'il avait réduit tous espoirs de vie pour sa propre sœur. Il lui faisait croire qu'il n'y avait rien à tirer de cette vie pendant qu'il jouissait de bons moments sur une île déserte paradisiaque !
Je me doutais même que Mariposa sache que son frère était père, ce type aurait pu lui cacher ça et il fallait que je le vérifie.
— Tout ce que je t'ai dit, sur le lavage de cerveau qu'il lui a fait, c'était vrai. Il n'en a rien à foutre de Mariposa, il savait qu'elle appuierait un peu plus son autorité et c'est pour ça qu'il l'a entraîné, rien d'autre...
— Quel bâtard ! Existe-t-il plus stratège que ce mec ?
— Je ne pense pas...
— C'est quoi la prochaine étape. On ne pourra pas faire sauter le Vénézuéla en espérant que la créature se décide à nous suivre. Maintenant que le grand Mabel à la confirmation que nous sommes là, c'est qu'une question de temps avant que quelqu'un lui dise qu'il a vu un américain avec des coups de soleil et un polonais plus bronzé que les fesses de mamie Solange dans cet hôtel. Je pense même qu'on devrait déjà être en train de se chercher une planque.
— Je le sais, et je n'ai pas beaucoup de ressources alors j'ai pensé à un truc...
— Dis-moi ?
— Stonehead.
— Ce fils-de-pute n'est pas net tu te souviens ? C'était lui qui traînait dans ces affaires de trafic d'être humain. Lyne n'a toujours rien trouvé de concret sur lui.
— Ouais, mais en attendant les millions qui dorment dans mon compte sont là grâce à sa gueule. Tant qu'il marche avec moi, je l'utiliserais à bon escient même si c'est une raclure tout comme nous.
— Hep, hep, hep, moi je suis une gentille raclure. Je prends soin de mes otages et je complimente mon boss, ne me mets pas dans le même sac que cet enfoiré, et puis d'ailleurs ça me fait penser à cette histoire qui disait que-
— Ferme-ta-gueule. On va l'appeler en renfort ici, et lui il aura les capacités pour faire sauter ce pays s'il le faut. Si je ne maîtrise pas Mabel dans les jours à venir je peux faire mes valises maintenant parce que Mariposa je ne la reverrais plus jamais. Il doit déjà être en train de lui bourrer le crâne avec de nouvelles idéologies, je dois arrêter ça maintenant !
Sashæ sembla prendre le temps de la réflexion, le bout de ses doigts massait son visage grimaçant.
— Tu me fais trop chier, Billy Boy.
— Ta-gueule, tu es avec moi ou je te prends un billet retour ?
— Doupek.
— Dupek.
— C'est exactement ce que j'ai dit putain !
— Ce n'est pas doupek c'est dupek, crachais-je.
— Mais où est la différence ? Je dis DOUPEK comme toi !
— Mais t'entends bien que ce n'est pas la même chose, si je te dis dup- Eh, si tu le dis dupek ! Je n'ai pas le temps alors tu viens ou tu rentres ?
Après un temps, un large sourire étira les lèvres de Sashæ, il me tendit sa main, je l'ai saisi puis il m'aida à me redresser. Je laissais des jurons m'échapper en même temps que ma paume libre se colla à ma blessure qui me faisait un mal de chien ! J'avais l'impression d'avoir le souffle coupé à chaque inspiration. Il me tendit un nouveau t-shirt que j'enfilais lentement. Il fallait que je prenne mes affaires dans ma chambre et qu'on se dépêche de quitter les lieux rapidement.
Je n'avais pas d'autres solutions que Stonehead. Mon père n'aurait rien pu faire pour moi et je me doutais même que lorsqu'il apprendra que j'avais osé mettre les pieds dans ce pays ce semblant de relation qui battait déjà de l'aile se dégraderait deux fois plus.
Mais je m'en fichais.
J'oubliais vengeance envers Mabel et les assassins d'Ania.
Je n'avais plus qu'un seul objectif à présent, et c'était de descendre ces marches noires pour récupérer Mariposa là où Mabel l'avait abandonné.
𓆃
MARIPOSA.
Ça ne part pas.
Ça ne part pas.
Ça ne part pas.
Ça ne part pas.
Ça ne part pas.
Ça ne part pas.
Ça ne part pas.
Ça ne part pas !
Mon dos nu glissa contre les parois en carrelage de la douche italienne. Le souffle court, mes mains tremblaient. L'eau brûlante abîmait ma peau depuis des heures, mais je voulais avoir très mal. La buée avait flouté la vitre. L'atmosphère étouffante me submergeait.
Le bout de mon index et mon majeur se mirent à tapoter entre mes sourcils, mes tempes, sous mon oeil, mon menton, mes clavicules, entre mon cœur... Je faisais ça depuis deux ans. C'était la seule chose qui me permettait de revenir un peu sur terre, même si ça n'était pas aussi efficace que lorsque c'était lui qui me le faisait.
"Mets tes mains sur ton cœur."
Sa voix me revenait comme un fantôme du passé, j'exécutais comme s'il était à côté de moi.
"Inspire."
Mes poumons se gonflèrent.
"Lentement, Love."
Je fus parcouru de frisson au souvenir de sa voix.
J'espérais que cela puisse anéantir tous les cauchemars que j'avais, mais malheureusement je tremblais de plus belle. Je voyais d'immondes bleus entre mes jambes, du sang, de la douleur, j'essayais de frotter, mais ça ne partait pas. Ma peau avait rougi et saigné à cause de mon acharnement pour faire partir les traces de mon père sur moi.
J'entendais ces chuchotements dans ma tête. Ceux qui me disaient que personne n'allait venir. Qu'il fallait regarder les papillons et attendre que ça passe. Mon cœur s'écrasa entre ma cage.
Ma crise était certainement due à l'image inerte que j'avais de Lyra. Ses yeux livides me hantaient !
Sa voix se collait à mon être et je repensais à ce matin où elle avait couru vers moi pour m'annoncer que trois Américains avaient posé les pieds sur le territoire Vénézuélien.
Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi elle était morte. La mission de Mabel était simple. La maison à côté, celle des Juarez, ils devaient rembourser une dette que mon frère avait accepté d'oublier le temps d'une année. L'année c'était écoulé je n'étais pas venu pour Lyra.
J'avais beau y réfléchir, rien n'était logique, c'était comme si cet homme savait qu'elle travaillait secrètement pour moi. Je fus prise de nouveaux frissons en imaginant une seconde que mon frère sache...
Non.
Je secouais la tête.
Impuissante, aucun mot ne me rassurait. Ces cauchemars que je faisais devenaient de plus en plus fréquents, je revoyais celui qui m'avait arraché mon âme d'enfant. Et cela me faisait sombrer chaque jour un peu plus. Les journées s'écoulaient et je n'étais pas sûre de tenir jusqu'au lendemain, mais je m'accrochais à La Mariposa Verde, parce que je savais qu'elle, elle ne flancherait jamais.
Néanmoins, certains soirs les traumatismes ressortaient un peu plus violemment. On avait enterré Lyra en fin d'après-midi, ce voile blanc me traumatisait toujours autant, j'avais eu la violente sensation que dans ce tombeau c'était sur moi que l'on jetait la terre.
C'était comme ça que je vivais ces six années de viol.
Comme un enterrement pendant lequel je m'étouffais sous une masse de poussière.
Personne ne méritait de me subir. Je savais que je ne pouvais pas imposer mon être à quelqu'un pas avec ces pensées que j'avais dans la tête, ça aurait été trop injuste de laisser mon ombre salir une autre.
J'étais un monstre et je me laissais l'être, parce que personne n'avait pensé à moi. Seule, dans le noir.
Je respirais très mal, mes cheveux lourds et mouillés collaient sur mes épaules, j'avais la gorge nouée. Je détestais être nue, je tenais encore plus en horreur ces cicatrices sur mon ventre, parce que maintenant je m'en souvenais. Certaines avaient été tracées par mon géniteur, mais il y en avait quelque une que je m'étais infligée faite moi-même, je m'en souvenais maintenant. Je pensais que si j'étais laide, si je me pissais dessus avant qu'il vienne, si j'étais dégoûtante, alors il ne me toucherait plus.
Une violente tristesse me tomba sur les épaules, je voulais hurler, mais je n'avais plus ce droit, mon étouffement intérieur resta coincé dans ma gorge et je laissais les larmes se mélanger au jet d'eau qui m'inondait.
— Mariposa ?
Rio ? Je sursautai en me redressant. Trois coups contre la porte me firent revenir sur terre violemment. J'oubliais un peu cette émotion néfaste et me laissait submerger par le personnage de La Mariposa Verde.
— Tout va bien ?
Je coupais l'eau rapidement, mes mains essorèrent mes boucles du mieux que je pus avant de sortir de la douche. L'instant qui suivit, j'entourais une serviette blanche autour de mon corps, je baissais la poignée et tombai nez à nez avec Rio.
— Tout va bien, répéta-t-il à voix basse.
Son regard fit rapidement le constat de la salle-de-bain, la buée disparaissait à cause de la porte ouverte, le contraste du chaud et de froid entre les deux pièces me fit frissonner légèrement. Il faisait toujours aussi nuit :
— Tout va bien.
"Hm." C'est ce qu'il m'avait répondu avec ses iris noirs verrouillées dans les miennes. J'y percevais une lueur d'empathie, un truc que je ne voulais voir chez personne.
Je décidais de m'extirper du moment en glissa par la droite vers une commode dans ma chambre.
— Mon frère est rentré, demandais-je.
— Je ne l'ai pas encore vu, mais je pense qu'il viendra demain matin.
Rio avait fait quelques pas vers le lit, sa main grattait sa moustache.
— J'ai entendu que ça s'était mal passé...
Je le fusillais du regard, il comprit tout de suite qu'il était inutile qu'il continue sur sa lancé. Je ne comptais pas parler de ce qui s'était passé cet après-midi, et encore moins avec Rio. C'était une aubaine qu'il n'était pas avec moi tout à l'heure.
Il hocha la tête comme une façon de s'excuser. Je détournais le regard vers la commode ou je pris des sous-vêtements que j'écrasais dans mes poings afin de les cacher. Le tiroir à un peu claqué en le refermant. Je n'étais pas en colère, à vrai dire, je ne savais même pas si je ressentais quelque chose dans l'immédiat.
Parfois, je passais d'un extrême à l'autre. De la folie à la léthargie totale. C'était à croire que je n'étais pas seule dans mon cerveau.
— Tout va bien, Rio.
D'une manière je l'invitais à sortir. Il expira bruyamment. D'un coup, je sentis l'ambiance changer. Je réalisais que c'était la première fois que Rio était entré dans ma chambre, et que son regard s'éternisait autant dans le mien. Ses épais sourcils noirs créaient une ombre sur ses iris. Partagé entre l'inquiétude et une autre émotion que je n'aurais pas su qualifier. Le silence était lourd de sens.
Mon corps s'éveilla soudainement. Je savais depuis bien longtemps que Rio était attiré par moi, et ce même s'il ne parlait pas énormément, il avait cette façon bien à lui de poser ses yeux sur moi. Mais en deux ans, il n'avait jamais fauté. Pas un geste de travers, ses regards restaient furtifs et respectueux, et son travail toujours fait à la perfection, il obéissait à chacun de mes ordres sans jamais remettre ma parole en question.
Je sentais son eau de Cologne dans la pièce, il n'était pas repoussant, grand et bien bâti. Un homme bon. Il avait un petit garçon de six ans, Diego qui était bien élevé, la maman était morte en couche. Mais il assumait son rôle de père à merveille. Le petit était gardé par monsieur Acedevo toute la semaine, et il lui rendait visite les week-ends, parfois je l'accompagnais dans cette pépinière, je profitais des fleurs, et l'enfant me parlait parfois de ce qu'il faisait à l'école. C'était assez agréable...
Honnêtement, il était l'idéal pour toute femme.
Mais je fus prise d'un immense désarroi lorsqu'il s'approcha de moi.
Mon cœur cogna si fort que j'eus l'impression qu'il allait sortir de ma cage. Mes yeux béants le regardaient inquiète.
— Je...
Sa voix rauque était tel un murmure. Il ne dit rien de plus. Je levais la tête pour le regarder, lorsqu'il s'approcha de moi mon dos cogna contre la commode derrière-moi. Je me paralysai. Incapable de faire le moindre geste tout d'un coup je fus submergé par une crainte immense.
Comme une brebis au milieu d'une forêt pourchassée par de violents chasseurs.
Je ne vivais pas la proximité d'un homme comme ça avec Côme, c'était différent... Côme, je pouvais le toucher... et je le laissais me toucher sans vraiment comprendre pourquoi.
Mais ce soir, j'en avais trop sur les épaules et parce que c'était Rio, cette proximité soudaine avec lui me donna l'impression d'être en danger.
Mais Rio ne semblait pas l'avoir remarqué. Lentement il se pencha vers moi, son regard jonglait de mes yeux à mes lèvres et je redoutais ce moment, mes poings serrés se contractaient, je n'étais pas prête à passer ce cap. Avec aucun autre homme. Je ne le pouvais pas.
Je déglutissais difficilement, l'image de mon géniteur se matérialisa devant moi.
Une confusion intérieure me donna des frissons, je ressentis que je perdais le contrôle sur mon propre corps et je devenais spectatrice de ma propre vie. Passant de l'effroi à l'impassibilité totale, tout d'un coup Albane prenait ma place. Je redevais cette petite-fille de six ans allongée dans sa chambre qui attendait que le pire passe, les yeux rivés dans le vide.
J'étais rassurée car quand je sentais que je n'étais plus moi-même je savais que demain, j'oublierais tout, c'était comme s'il ne s'était rien passé.
Mais le visage de Rio s'arrêta à quelques centimètres du mien. Il m'analysa avec une forme d'inquiétude palpable. Ses sourcils se tortillèrent légèrement. Comme s'il venait de réaliser que quelque chose avait changé.
— Je...
Il recula tout d'un coup. Je ne dis rien.
— Je suis désolé.
Son visage se décomposa. Face à ses mots, j'eus l'impression de revenir à moi-même. Je pris le temps de bien réaliser où j'étais et mon regard se reporta sur Rio qui avait creusé la distance entre nous, il pinçait les lèvres en massant la peau de ses joues d'une main.
— Je suis désolé, Mariposa, je-je n'aurais pas dû. Ça ne se reproduira plus.
Il me semblait profondément meurtri par son geste. Je ne savais pas quoi répondre. J'étais encore un peu sonnée par le fait qu'il ose.
— C'était con. Putain...
Je crois que c'était la première fois que je l'entendais jurer. Il se gratta la nuque avec cet air de regret qui grisait son visage. Et sur le coup je me suis demandé si je laissais Rio entrer dans mon cercle, que se passerait-il ? C'était un homme bien. Un homme de valeur et sa loyauté envers moi en témoignaient, je savais qu'il me choisirait moi plutôt que mon frère...
Mais il n'y avait plus de place sous ma poitrine, mon cœur était vert, je savais que je n'aurais jamais pu lui rendre un pour-cent de ce que ses yeux me transmettaient.
— Je sais que je ne suis pas fait pour toi... j'ai...
Je sentais qu'il était nerveux. Il ne me regardait pas dans les yeux, ses mains tremblaient un peu et ses mots sortaient tels des souffles comme si parler arrachait une partie de lui :
— Je sais que tu veux un truc qui te brûle de l'intérieur, je ne pourrais jamais surpasser ce type...
J'écarquillais légèrement les yeux, maintenant je vérifiais autour de nous que nous étions bien seuls. Une panique souleva mon estomac, comment pouvait-il être au courant.
— C'est mon travail de savoir, Mariposa.
Comme s'il avait lu mes questionnements sur mon visage, il me répondit avec ce regard triste, il avait un léger sourire en coin, c'était rare, il ne souriait qu'avec son fils:
— Soyons honnête... t'es un peu accro à cette toxicité... tu ne seras jamais heureuse avec un homme comme moi, et je ne sais même pas si ce type pourra te rendre heureuse mais... je t'ai bien observée pendant deux ans, et j'en ai conclus que tu aimes la douleur, je crois que tu penses que c'est tout ce que tu mérites. Et tu sais que ce type peut te détruire et détruire tout ce qui te fait mal, c'est ça que tu aimes chez lui.
Je déglutissais difficilement. Je ne savais pas ce qui me clouait plus le bec. Qu'il savait pour moi et Côme, qu'il ai gardé le silence aussi longtemps ou la vérité qui sortait de sa bouche.
— Ça ne se reproduira plus, et quoi qu'il arrive, si tu as besoin de moi ma chambre est à côté.
Il est sorti de ma chambre en refermant calmement la porte derrière lui. Je ressentais un poids terrible sur mon cœur... Rio était l'image de la paix. Peut-être que je n'allais pas vivre quelque chose de transcendant avec lui, il ne mettrait peut-être pas le monde en feu pour en créer un nouveau pour moi... mais... je réfléchissais, si je lui laissais une place, peut-être qu'une vie simple s'offrirait à moi ?
Ne sois pas ridicule Mariposa.
Tu sais ce que tu veux.
Je voulais la destruction. Totale.
Souffrir et mourir. Je voulais que le monde entier cède sous le poids de toutes mes peines. Je voulais voir du noir et que ça me fasse du bien.
Me détruire, c'était ça que je voulais.
Et si un jour quelqu'un en valait la peine, je voulais que malgré mes défauts, malgré les larmes que je n'avais plus, les cicatrices qui grisaient mon ventre, ses fossettes qui n'apparaissaient que rarement, et ces taches de rousseurs sur le visage, je voulais que même dans la haine...
Si je demandais la terre, il ferait plier ce monde et irait en guerre juste pour moi.
J'aimerais qu'il le jure, devant Dieu, qu'il le fasse.
𓆃
Alright ! Le chapitre était un peu long, j'essaye vraiment de descendre autour des 5K de mots parce qu'on me dit vraiment trop souvent que c'est trop long. Petit à petit j'essaye de réduire, de base le chapitre il était plus long mais j'ai enlevé la deuxième partie pour pas que ça dure 1000 ans 😫 !
📜 On saute direct dans le bain: Donnez-moi vos ressentis, vos retours ? Sur Mabwelle ? Maripopolastar ? Côme ?
Moi j'aimerais dire un petit truc, Mariposa, ça fait 3/4 chapitres on l'a retrouvé, j'ai BEAU insister sur la manipulation mentale/psychologique/psychique/quantique/électrique/stratosphérique qu'elle à subit, je tombe encore sur des insultes ou des "j'Ai ToUjOuRs Su QuE jE lA dÉtEsTaIs."
Après en soi, j'avoue que c'est votre droit aussi, à moi de lâcher prise sur ça et d'accepter que peut-être que les directions que je prends pour mes histoires ne plairont pas à tout le monde, à moi de faire mes choix. Mais ce qui me turlupine trop c'est de me dire que 40 chapitres de hagra de Côme ça allait, mais Mariposa qui s'est faite matrixé, qui MALGRÉ tout ça qui arrive quand même à retrouver un semblant de lucidité auprès de Côme ET J'AJOUTE MÊME, j'essaye vraiment d'innover, je ne sais pas si vous avez remarquez mais j'ai essayé de faire en sorte qu'on soit vraiment dans un ennemi to lover, pas un bully to lover. J'essaye de les mettre sur un même pied d'égalité pour éviter de normaliser la violence que Côme a eu envers Popo dans le T.1 et que les deux protagonistes puissent avoir leur chance (si ils l'ont un jour HAHAHAHA)
Genre c'est pas en mode:
Maripopo: j'te hais sale pigeon des bois gniangniangnian !
Cocomelon: Je vais te niker ta kramaire !
Maripopo: Espèce de caca !
Cocomelon: Tu veux voir comment j'suis un gros bandit des cités de courchevelle. Je vais te montrer la puissance de darksasukidai tu vas comprendre !
Maripopo: (lui nike sa kramair a coup de sopalin)
En fait la mon but c'est vraiment qu'ils aient une "relation" ou ils grandissent ensemble et Mariposa ne ferme pas vraiment la porte, mais pour moi si ces deux là peuvent avoir une chance, il faudra vraiment que je traite les traumas, les craintes, les rêves des deux ensemble.
Moi je sais pas vous hein, mais si tout de suite je les mets en mode lovers je suis sûre que celles qui insultent Mariposa à chaque fois qu'elle agit froidement vous serez les PRE-MIÈRES à commenter: "Moi j'ai trouvé que ça allait trop vite, c'était pas réaliste"
Là, je joue sur le: "On se déteste, on est ennemi, mais on ne peut pas se résister non plus". Je joue sur la tension entre les deux, plutôt que du love pur et simple. Je veux aller plus en profondeur que juste: "Je t'aime Mariposa, moi aussi Côme on fait des bébés ?"
Bref on en rediscuteras parce que de toute façon je parle et après de ma chambre j'entends les vestes de certaines se retourner si fort sur ma bouche que j'en sursaute carrément, mais tranquille on en rediscutera plus-tard, MDRRRR !
Aussi, même si vous avez chaud qu'il y ai pas de romance, dans les # de Mariposa si j'ai mis dark-ROMANCE, c'est parce que le but c'est d'avoir de la ROMANCE à un moment donné, mais au moment opportun pas jeté comme ça juste histoire de dire y'a du love tout le monde est content. Mon but ce n'est pas de rendre l'histoire commerciale MDR, j'ai beaucoup de sujet à aborder et quand j'ai une multitude de personnes qui te font comprendre que "oN s'En FoUt DeS tRaUmAs DeS pErSoNnAgEs, c'EsT kAn IlS kEn ?" c'est frustrant de fou. Genre limite je dois me speeder pour mettre vite du love sinon c'est chaud ? wtf ? En tout cas ici c'est la dictature, Ça marche pas comme ça MDR !
But anyways, moi aussi j'ai un souci parfois pour accepter que bah parfois vous êtes aussi juste à fond dans le truc et que ça fait partie du jeu et que tout le monde ne peut pas être en accord avec le scénario 😫, ça c'est mon plus gros défaut !
Anyways. Franchement le personnage de Mabwelle, moi je le kiffe. MDR, ce mec, tu le laisses 40 minutes avec un groupe de 6 personnes il les convertit tous à ses doctrines et sans stress, en plus c'est un BG, personne résiste, même Côme il a eu un bug heureusement Mabwelle il a ressorti la même phrase à tous moment Côme il se serait laissé endoctriner sans même s'en rendre compte.
Et Popostar... franchement... ma puce elle me fait mal au cœur franchement elle a jamais de répit 😫... non mais t'façon je suis pressée d'arriver à certain chapitres on va en discuter avec délicatesse et sans stresse !
Bon ça date je parle, je vous laisse mes chocapiks au beurre !
On se retrouve très vite in sha'Allah ! Love you ! ❤️
Bisous bye ! 📸
𝐢.𝐚𝐦𝐤𝐮𝐧𝐚𝐟𝐚 𝐬𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐬𝐭𝐚𝐠𝐫𝐚𝐦
xoxo, Azra.
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