9- "J'étais prêt à payer le prix pour revoir Émilie."
Tic
Dimanche,
Tac
21h15.
Encore une fois, Ladybug avait brillé par son absence. Encore une fois, Chat Noir s'en était sorti de justesse. Et encore une fois, j'avais perdu.
Depuis 6 jours, le même manège se répétait sous mes yeux incrédule. À la fin de chaque combat, Chat Noir emprisonnait mon akuma dans un bocal et l'emmenait avec lui. Je supposais qu'il allait voir Ladybug pour le purifier mais la raison pour laquelle elle ne venait pas sur le champs de bataille pour le faire directement m'était inconnue. Cela m'échappait et me tourmentait. Il me fallait les deux Miraculous, celui du Chat Noir et celui de la Coccinelle, pour faire le vœu absolu. Or, si Ladybug n'apparaissait plus, il me serait bien plus difficile d'obtenir son Miraculous. D'autant plus que je savais pour l'avoir entendu dans la bouche du héros lui-même, qu'il ne savais pas l'identité de sa partenaire. Le questionner ne servirait donc à rien...
Soudain, un mal de tête me pris et je chancelai étourdi. Depuis quelques jours cela m'arrivait assez souvent. Cependant, toutes les autres fois, je n'étais pas transformé. Or, cette fois je l'étais, et la raison de ce mal m'apparut: une puissance sentimentale plus forte que tout ce que je n'avais jamais ressenti.
Pour comprendre correctement la situation il fallait avoir quelques informations sur le miraculous du Papillon. Il me permettait tout d'abord de détecter des personnes dont les émotions, bonnes ou mauvaises, étaient exacerbées. Ce pouvoir fonctionnait encore mieux si je connaissais la personne et si elle était proche. C'est pourquoi je n'avais jamais ressenti les émotions d'un inconnu habitant à Lyon par exemple.
Or, l'émotion que je ressentais actuellement venait d'une personne que j'avais déjà rencontré et habitant à Paris. La puissance de ses émotions me terrassait et plus encore que la douleur engendrée par le pouvoir de mon Miraculous, je ressentais un mal-être tout autre. Parce que je savais ce qu'elle ressentait. Je l'avait vécu et le souvenir de cette tristesse me suffisait pour revivre le vide et le désespoir que j'avais tenté d'oublier. Le deuil était une déchirure permanente dans le cours de notre vie.
Réussissant peu à peu à reprendre contenance, je me concentrais pour découvrir l'identité de la personne ressentant et donc m'infligeant cette douleur. Mon miraculous me permettait pour cela de visualiser son visage afin que je sache à qui j'avais à faire. C'était comme si des images de la personne étaient envoyées directement dans mon esprit. Cette fois, j'eus du mal à la reconnaître. Je ne l'avais vu que deux ou trois fois et mon souvenir d'elle était assez flou. Cela s'ajoutant à l'état déplorable dans lequel elle était. Le visage amaigri, ravagé de larmes et ses cheveux noir jais en bataille, elle me faisait peine à voir. Un instant je vis l'image de mon fils, Adrien, après la mort d'Emilie. Ils devaient avoir le même âge et en cette fille je revoyais l'image de mon fils, ravagé par le deuil. Mais rapidement j'effaçais cette image de ma tête. Il fallait que je me concentre sur mon objectif, si je faisais tout ça c'était pour qu'il puisse la revoir. Pour que je n'ai plus jamais à le revoir dans cet état de détresse absolu.
Je tentai de comprendre la source de toute cette douleur ainsi que la nature profondes de ce qu'elle représentait. La mort de sa mère l'avait bien sûr rendue extrêmement triste mais il y avait autre chose... Je ressentais autre chose, comme de la culpabilité. C'était un sentiment habituel dans le étapes du deuil. Pourtant il prenait une part tellement importante dans son amalgame de sentiment que je doutais que ça soit anodin. Je ne pus cependant en apprendre plus et me promis de me renseigner sur les circonstance de la mort de la mère de cette jeune fille.
Autre chose me préoccupait. J'avais fini par le comprendre, plus l'émotion était forte, plus l'akumatisé l'était. Et Marinette Dupain-Cheng avait un potentiel absolument incroyable. Peut-être même plus que tous les akumatisés créés jusqu'à aujourd'hui. Pourtant, je n'osais pas envoyer un de mes petits papillons. J'étais bien sûr tout dévoué à mon objectif et avait déjà commis bien des actes franchement répréhensibles. Mais la douleur de cette jeune fille m'était si familière... Et elle me rappelait tant Adrien...
Le voir brisé par la mort d'Emilie avait été la pire chose de ma vie. J'avais refusé de le revoir ainsi un jour. Alors je m'étais éloigné et avait cherché à tout prix à ramener Émilie pour que notre famille soit de nouveau réunie. Je gardais un œil sur lui par l'intermédiaire de Nathalie et je l'avait vu surmonter petit à petit sa tristesse. Et moi de mon côté, j'étais devenu le Papillon, le méchant Papillon qui terrorisait Paris. Je l'avais dit, j'étais prêt à payer le prix pour revoir Émilie. Et ce même si le prix était de manipuler des gens et de me battre contre des adolescents. J'avais au début cru que ce serait simple. Pourtant les défaites s'étaient enchaînées et j'avais dû me faire de nouveaux alliés et inventer de nouveaux plans. Et toujours, j'avais ignoré les conséquences de mes actes. Parce que quand Émilie reviendrait, tout irait mieux. Adrien ne serait plus jamais triste et nous serions de nouveau une famille.
Mais cette fois, je n'étais pas prêt à mettre le prix. Marinette Dupain-Cheng aurait été une akumatisée puissante, sûrement la plus puissante qu'il n'y ait jamais eu. Mais je ne l'akumatiserai pas.
Je me résignai sur ces paroles et me détransformai. Heureusement pour lui, Nooroo ne fit aucune remarque et se contenta de m'observer. Entrant dans l'ascenseur je voulus appuyer sur le bouton pour retourner à mon bureau, ce dernier se trouvant sous mon repaire. Pourtant ma main trembla et poussé par je ne sais quelle force, j'appuyai sur le troisième et dernier bouton. Alors m'enfonçant et sans m'arrêter à mon bureau, j'arrivai devant son cercueil. Elle était si belle...
-Excuse moi Émilie, chuchotais-je. Il me tarde de te revoir. Pourtant, cette fois-ci je ne peux pas.
Évidemment elle ne me répondit pas mais j'avais l'impression d'entendre ses reproches, comme si elle m'en voulait et m'accusait de ne pas faire assez d'efforts pour la revoir. Mais c'était la faute de Chat Noir et Ladybug ! Ces deux gamins me mettaient sans cesse en échec. C'était de leur faute si je ne pouvais revoir l'amour de ma vie ! Leur faute si Adrien ne pouvait pas être heureux !
Je refermai le cercueil et éteignis les lumières. Me dépêchant, je remontai dans mon bureau. Là, Nathalie m'attendait.
-Monsieur Agreste, Adrien s'est rendu à l'enterrement de Sabine Cheng ce matin, la mère d'une de ces camarades de classe, Marinette. Elle avait gagné le concours de stylisme que vous aviez organisé. Je pensais qu'il serait peut-être bien de leur envoyer un bouquet ou...
-Ne me parlez pas de cette Marinette ! Envoyez leur des fleurs si cela vous chante mais ne me parlez pas de cette maudite Marinette !
Interdite face à ma colère incompréhensible envers cette adolescente, Nathalie comprit tout de même qu'il fallait me laisser seul. Elle se dépêcha de sortir et je m'effondrai dans un fauteuil. Je ne savais que faire...
S. L🖤
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