3- "Peut-être aurais-je voulu lui parler, l'aider à aller mieux. "

Tic

Mardi,

Tac

23h59.

Tout était noir.

...Noir...

Je ne distinguais rien et malgré mes efforts, je ne m'habituais pas à cette obscurité.

...Obscurité...

Je me sentais oppressée.

...Oppressée...

Comme si ce noir renfermait quelque chose...que je souhaitais laisser enfoui.

Je...je...que faisais-je là ?

Où était-ce ce "là" ? J'étais ici, nulle part et partout à la fois.

Il me semblait tomber à l'infini et pourtant, quand je tentais d'y penser, je me retrouvais encore plus déboussolée.

Des sanglots incontrôlables me prirent. Je détestais cette situation. J'avais l'habitude de savoir quoi faire avec mon Lucky Charm, de savoir comment réagir ! Et là, je me retrouvais perdue et entourée d'une noirceur pouvant renfermer n'importe quoi ou n'importe qui...

-C'est de ta faute...

Que-... D'où venait cette voix ? Qui étais là ?

-Tu es faible...

-Qui est là ? Montrez vous !

J'étais paniquée. À bout de force, à bout de nerf, la panique en fautive, je me laissai tomber au sol, secouée de sanglots que je tentai sans grand succès d'arrêter. De petites perles brillantes roulaient sur mes joues, attestant de ma faiblesse de l'instant.

Alors que je m'apprêtais à crier une fois encore, un grand miroir éclairé par un faisceau de lumière apparut en face de moi. Il était grand et rectangulaire, sans détail ou attrait particulier si ce n'était qu'il me renvoyait l'image de mon visage baigné de larmes.

Rageusement, je tentai de les effacer et à ma grande surprise, mon reflet ne suivit pas le mouvement et resta immobile, sanglotant. Les seuls mouvements visibles sur mon sosie étaient les soubresauts qui l'agitaient à chaque sanglot incontrôlable qu'elle laissait échapper. Étais-je vraiment si pitoyable ?

Je me rapprochais du miroir et du bout des doigts effleurait sa surface froide. Peut-être aurais-je voulu pouvoir le traverser pour aller réconforter ce double que j'espérais n'être que le fruit de mon imagination. Peut-être aurais-je voulu lui parler, l'aider à aller mieux. Ou peut-être aurais-je voulu aller la secouer et lui dire de se reprendre. Parce que je savais que le miroir me renvoyait mon image. Les miroirs ne mentent jamais, ils sont le reflet de nos âmes. Et mon âme à moi me semblait pitoyable et faible. Alors que je veuille l'aider ou lui crier dessus, je voulais faire quelque chose.

Mais ça n'arriva pas. À la place, à peine eus-je effleuré la surface lisse et miroitante que l'image s'animait. Mon reflet disparut laissant place à un autre décor. Une autre scène. Une autre ambiance. Et je me fis aspirer dans le miroir. Aspirée dans la scène. Aspirée dans le décor.

Les lumières bleues et rouges éclairaient et aveuglaient. Les sirènes produisaient des sons stridents et m'étourdissaient. Pourtant ce que je vis me jeta à terre avec une telle violence que mon souffle se coupa et que ce qui m'entoure disparut. Tout l'air contenu dans mes poumons fut expulsé. Et toutes les larmes encore contenues coulèrent sur mes joues.

Devant moi...

Un corps.

Une femme.

Ensanglantée.

Ma mère.

Et comme si ce n'était pas suffisante et que la plaie qui s'était ouverte sur mon cœur n'était pas assez grande, j'entendis les mots du médecin placés à côté de moi.

Brutaux.

Secs.

Fatals... C'était la cas de le dire.

-Morte. Il n'y a plus rien à faire.

Puis, tout bascula, aussi bien en moi qu'autour. Le décor bascula, me refaisant apparaître en cette pièce sombre, face au miroir. Face à ce reflet.

Mon double n'était plus accroupi et éploré. Il était debout. Je ne voyais toujours pas ses yeux auparavant cachés par ses mains, et maintenant par l'ombre de ses cheveux, accentuée par l'obscurité ambiante. Sans raison, je me mis à frissoner. Comme un présage...

Soudainement, tranchant de sa voix claire et nette le silence qui avait de nouveau repris ses droit, le reflet se mis à parler:

-C'est de ta faute.

-De-de quoi ? Qu'est ce qui est de ma faute.

-Tu l'as tué.

À ce moment, commençant à comprendre, je ne répondis rien, refusant d'accepter la réalité qui se présentait à moi. Je la laissai continuer:

-Tu es faible et tu n'as rien fait. Tu l'as tué. Si ta mère est morte, c'est par ta faute.

Non...

Ça ne pouvait pas être vrai...

Non...

Jamais je n'aurai tué ma mère.

Non...

Pourtant ne disait on pas que les miroirs ne me t'aient jamais...?

Je voulus me détourner de ce double représentant une réalité bien trop dure à entendre. Pourtant partout où j'allais je la voyais. Je me voyais. Et j'entendais, encore et encore ces mots. Et je courrai pour y échapper, en vain.

Et soudain, je me réveillai.
Haletante et transpirant mais bien là, dans mon lit.

Un cauchemar.

Ce n'était qu'un cauchemar.

Pourtant, à la même manière que dans ces romans d'horreur, une petite voix au fond de moi me chuchota :

Pour l'instant...

S. L🖤

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