16-"Fermez les yeux pour être heureux."

Tic

Mardi,

Tac

12h03.

-Fermez les yeux pour être heureux.

Je me sentais terriblement libre. Les entraves que ma double-identité me posait d'habitude n'existaient plus. Plus besoin de se cacher, de masquer mon visage et mes émotions. J'étais terriblement libre.

-Mais enfin, pourquoi fuyez vous ? Je ne veux que vous rendre le pareil de ce que je subis tous le jours ! Cette pression constante, vos sourires qui me narguent et vos commentaires qui me tuent. Je veux que vous le ressentiez, au plus profond de vous même. Je veux que vous souffriez comme j'ai souffert.

Un grand silence apeuré accueillit ma déclaration.

-Et bien, vous ne faites plus les fiers ? C'est facile de se moquer, commenter et critiquer à visage caché mais à découvert, c'est tout une autre affaire ! Et bien moi je vous regarde droit dans les yeux et vous l'annonce à tous, vous allez souffrir. Pour moi et pour elle.

Je ne contrôlais plus rien, je me laissais juste envahir par cette enivrante sensation de liberté. Pour la premiere fois, je ne me sentais pas entravée par le pouvoir, bien au contraire. J'avais l'impression de relâcher la pression et à chaque personne que je touchais de mes rubans, cette impression se renforçait en même temps que mon envie de vengeance. Un sourire prit place sur mon visage. Ladybug et Marinette n'était que de pauvres condamnées, prisonnières d'une chimère. Elles étaient vouées à l'échec et à la chute bloquées par les sentiments, les mensonges et cette foutue pression. Cette nouvelle version de moi ne pouvait que monter. Peut être même pourrais-je monter assez pour la rejoindre dans les étoiles...?

Soudain, j'aperçus une chevelure brune au coin de la rue. Oh oui, j'allais me faire un plaisir de me venger...

-Tiens Papillon, on dirait que ta petite acolyte a décider de se montrer. Tu ne m'en voudras pas trop j'espère de te priver de ses services ? murmurais-je à l'attention du ridicule insecte. Ce dernier ne répondit pas et je ne m'en formalisai pas. Je n'aimais pas cet homme mais je devais avouer que son aide était plus que précieuse. C'était grâce à lui si j'étais libérée de toutes mes entraves et je comptais bien respecter ma part du marché.

Je m'approchai de Lila de façon à la coincer contre un mur.

-Et bien Lila, comment vas tu ? Mal j'espère.

Je trouvais particulièrement réjouissant d'observer la peur et la stupéfaction sur son visage.

-Tu ne me réponds pas ? Je t'ai connue plus éloquente. Surtout quand il s'agissait de t'inventer une vie où de divulguer de fausses informations sur moi, remarque...

-M-Marinette...?

-En personne très chère ! Cependant je te prierais de m'appeler Mari, Marinette n'est qu'une ancienne version de moi, bien trop faible pour avoir le contrôle. Enfin, ça t'étonne tant que ça ? Pourtant tu as contribué à me rendre ainsi. Peut-être devrais-je te remercier... Tu m'as mis dans une telle colère que j'ai fini pas laisser le joli petit papillon violet m'approcher ! m'exclamais-je, un grand sourire aux lèvres.

-O-oui, je t'ai aidé ! Je suis de ton côté !

Mais quel culot...

-Ahhh, Lila... Tu ne sais donc pas que mentir est mal ? Tu n'es absolument pas de mon côté, tu me détestes ! Ne fais pas emblant, je ne t'ai jamais aimé non plus. Mais ne t'inquiète pas, j'ai retenu tout ce que tu m'as dit, tout ce que tu m'as fait. Et pour te remercier je tenais à t'avertir avant de me venger : tu vas payer Lila.

Et sur ce je me détournai tout en faisant un petit geste circulaire de la main donnant ainsi vie à un rubans qui l'atteignit. Ses yeux disparurent derrière un bandeau noir et elle s'immobilise. Parfait, ainsi elle ne pourrait plus faire de mal à personne de par ses mensonges...

-Fermez les yeux pour être heureux.

J'avancai en direction du centre-ville. C'était la pause de midi pour beaucoup et là bas je pourrais exercer mon pouvoir autant que je le voudrais. Je me sentais enfin vivante après des jours à souhaiter être morte.

*.        *.         *.

Je ne cessais d'exercer mon pouvoir mais je sentais bien que le Papillon s'impatientait. Les porteurs de bijoux ne s'étaient toujours pas montrés. Je lui aurai bien dit que ça ne risquait pas d'arriver mais dès que j'y pensais, je sentais comme un blocage. C'était comme si une part de moi me contraignant à ne pas divulguer cette information. Alors je le laissais s'énerver et en attendant je m'amusais. C'était tellement libérateur !

-Fermez les yeux pour être heureux !

J'arrivai devant le grand hôtel du père de Chloé quand je vis cette dernière au téléphone.

-Chloé, toi aussi je te cherchais !

Elle me jeta un coup d'œil et me jugea du regard avant de dire rapidement au revoir à son interlocuteur et de raccrocher.

-Dupain-Cheng, ça faisait longtemps. Tu aurais pu te trouver une plus belle tenue pour venir me voir tout de même !

-C'est Mari maintenant et tu m'excuseras Chloé, je n'ai pas vraiment eu le choix ni le temps d'y réfléchir. Tu comprends, le temps d'accepter la proposition de l'insecte et c'était fait.

-Oui, c'est vrai que moi même si j'avais eu plus de temps aurais changé mon costume, remarqua-t-elle pensive.

Je n'en revenais pas. Une des premières discussions sans animosité que j'avais avec Chloé se passait alors que j'étais akumatisée...

Je m'apprêtais à couvrir les yeux de la blonde d'un de mes rubans comme je l'avais fait à tous les autres avant quand quelqu'un se jeta devant elle et la poussa pour que je ne puisse l'atteindre.

-Marinette, ne fais pas ça, ce n'est pas toi ! La Marinette que je connais ne ferai jamais ça !

Comment osait-il ? Et pourquoi continuaient-ils tous a m'appeler Marinette ? Bon sang, ce n'était pas compliqué d'assimiler que Mari l'avait remplacé !

-Ça tombe bien je ne suis plus Marinette... Je suis Mari. Et je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas. C'est tout à fait normal, je leur fait subir ce que j'endure tous les jours, à cause d'eux ! À cause de leurs moqueries, de leurs commentaires, de leurs mensonges... J'en ai assez d'être bloquée alors voilà, j'ai arrêté de me retenir. Et crois moi c'est bien mieux comme ça, je me sens beaucoup plus libre Luka ! Je suis enfin vivante.

-Marinette, je sais que tu m'entends, répliqua-t-il comme s'il n'avait pas entendu tout ce que je venais de dire. Arrête ça, c'est le Papillon qui te contrôle, tu es plus forte que lui.

Je voulais lui répondre, lui dire qu'il avait tort mais les mots buttaient et peinaient à sortir. Sans que je ne sache pourquoi les larmes me vinrent et dans un moment de lucidité je soufflai:

-Dépêchez vous, partez... Vite.

Puis Mari revint. Et je me retournai comme si de rien n'était, cherchant de nouvelles personnes sur qui passer ma colère. Et le Papillon resta silencieux.

S. L🖤

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