À mon réveil, je suis étonnée de m'apercevoir que je suis dans ma chambre. Qu'est ce que je fais là ? Je me redresse, frottant mes yeux encore trempés par les larmes. Je remarque qu'il fait jour. Est-ce que je me serais endormie et que le professeur Lupin m'a ramené dans ma chambre ? Non, impossible. Je ne peux pas non plus avoir rêvé de tout ça, c'était bien trop réel. Son odeur quand il me prenait dans ses bras... Cette douce odeur d'automne et de lupin qui m'envahissait... Non, ce n'était pas un rêve. 

En attendant la fin de journée, je décide de prendre un livre et d'aller lire dehors; cela me changera les idées, sans être victime d'éventuels commérages causés par Edward... J'attrape alors le dernier tome de ma saga préféré et pars dans le parc. Pour mon plus grand plaisir, il est vide, alors je me pose sur le premier banc venu pour lire. Assez vite, plus rien ne compte pour moi. N'importe quel débile pourrait passer en disant des énormités, je ne l'aurais pas écouté. Je suis partie dans mon monde de lecture, de la douce musique dans les oreilles.

Au bout d'un moment, les rayons du soleil couchant m'arrivent en plein visage. Je relève alors la tête en plissant les yeux, et voit une ombre s'approcher de moi. Une ombre qui a vite un nom : le professeur Lupin. Il me sourit timidement.

« Vous allez mieux ?
— Oui, merci. Je suppose que vous êtes pour quelque chose dans le fait que je me sois réveillée dans ma chambre ? »

Lupin lève la tête pour fixer quelque chose sur la façade du château, avant de me regarder.

« Oui. Vous vous êtes endormie, et je ne pouvais pas vous laisser dans ma salle, ni même vous emmener au match. Cela vous aurait réveillé, et je n'imagine pas les réactions de tous si je l'avais fait...
— Vous avez bien fait.
— Par ailleurs, je tenais à vous préciser que je vous ai simplement déposé dans votre lit, rien de plus. »

Je fronce les sourcils, me demandant pourquoi il m'apporte une telle précision. Puis je comprend; il a peur que je pense qu'il m'ai touché. Je secoue la main, comme pour chasser une mouche.

« Quelle drôle d'idée que vous avez là, de penser que je puisse avoir le moindre soupçon sur ce que vous faites à mon corps ! »

Lupin parait soulagé, et jette un regard vers mon livre, avant d'incliner la tête vers celui-ci.

« Qu'est-ce que vous lisez ?
— De la spicy fantasy. »

Il hausse les sourcils, ne comprenant pas trop.

« Je dois malheureusement relire la saga en boucle sans pouvoir avoir la suite... Il y a quelques temps est sorti un hors-série en édition limitée... Je n'ai pas pu aller l'acheter le jour de sa sortie, et il est introuvable depuis. Et je ne peux pas continuer sans ce hors-série.
— C'est vraiment dommage. Mais un hors-série, ce n'est pas fait pour pouvoir le lire hors série, justement ?
— Pas celui là. Il y a des informations essentielles pour la suite. »

Je fixe mon livre, déçue. Il reste cependant peu de tomes avant la fin, et tous les indices propices à la résolution qui sont dans le hors série auraient pu m'aider à découvrir le fin fond de l'histoire. Mais tant pis. 

« Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, dit-il. Je suis content de savoir que vous allez mieux. »

Il tourne ensuite les talons et repart vers la château. Je le regarde partir et rentrer dans le château, avant de me lever à mon tour. Je commence à avoir faim, et le soleil ne me permettrait bientôt plus de lire. Je fais le trajet jusqu'au dortoir et range mon livre dans ma bibliothèque avant de redescendre manger. En ouvrant la porte de la Grande Salle, je m'aperçois bien vite, étrangement, que la salle que j'avais connu depuis mon arrivée à Poudlard a retrouvé cette ambiance hostile dès que j'entre dans une pièce, ou qu'on entend mon nom. Toutes les places autour d'Edward sont prises, il ne reste que celles en bout de table, là où je m'asseyait depuis des années, isolée. Les paroles d'Edward n'ont pas été lancées dans le vide. Il a vraiment coupé les ponts avec moi. Je m'assois alors mollement à table, l'appétit soudainement coupé. Si l'on m'avait dit il y a quelques temps que je pleurerais à cause d'un ami, j'aurais rigolé. Mais maintenant, je me sens si nulle...

***

« Tu es pathétique, Salaris. Tu pensais vraiment que je voudrais rester ami avec une personne comme toi ? Tu me répugnes. T'as qu'à crever avec ton frère, le monde sera tellement mieux sans toi... »

Un hurlement déchirant retentit; un hurlement que je ne connais que trop bien. Je tourne la tête et voit Lupin s'effondrer au sol, tentant de se rattraper. Devant lui, le costume bien trop connu des mangemorts. L'inconnu retire sa capuche et...

« Black ! Black ! Par la barbe de Merlin ! »

Je me redresse en sueur, alors que les trois gamines ont sautés sur mon lit, en panique. 

« Sirius Black a attaqué le dortoir des Gryffondor au couteau ! cria une des trois, que je n'arrivais pas à distinguer à cause de l'obscurité. 
— Hein ?! crié-je.
— Ils sont entrain de fouiller le château ! Tu vas encore te faire emmener ? »

Je me redresse et retire les mèches de cheveux qui me gênent la vue; bien qu'il n'y ai pas grand chose à voir, de toute façon. Je soupire, maudissant ce cauchemar.

« Si j'étais pour être interrogée de nouveau, croyez moi, les professeurs seraient déjà là. Comment ça se fait que vous soyez au courant, d'ailleurs ?
— Les fantômes ont tout raconté, disent-elle en même temps.
— Oh, je vois. Je les avais oublié. Les pires commères de tous les temps. Eh bien, j'aimerais bien que vous me laissez dormir, s'il vous plait.
— Mais ton frère est là, dans le château ! Tu ne veux pas lui parler ?
— NON ! »

Une des filles tombe du lit, sous le choc.

« Foutez-moi la paix et laissez moi dormir ! »

Je me tourne violemment sur le côté, et les entendit rejoindre leur lit en marmonnant. Cependant, il est impossible pour moi que je retrouve le sommeil. Mon rêve coïncide trop avec les évènements. Sirius qui débarque, couteau en main, dans la salle des Gryffondor... Et si il voulait ma mort ? Et si c'était comme dans mon cauchemar... Son regard rempli de haine une fois la capuche abaissée... Est-ce que Sirius m'en veut ?