୨⎯ Chapitre 9 ⎯୧
Le lendemain, je fus surprise de voir que les tables de la salle de Défense contre les Forces du Mal avaient disparu, pour laisser place à seulement une armoire au milieu de la pièce. Les élèves, surpris, se jetèrent des regard interrogateurs. Le professeur Lupin sorti de son bureau, et ma terrible chute de la veille me revint en mémoire. Sa main sur ma taille... Je toussa pour chasser ma gêne, à la surprise d'Edward.
« Bonjour à tous ! Aujourd'hui, nous allons travailler sur le sortilège Ridikulus. »
Edward leva la main et prit la parole.
« Mais monsieur, le sortilège Ridikulus, c'est pour les troisièmes années !
- Je sais, mais lors de votre troisième année, je sais que vous n'avez pas appris ce sortilège, qui peut pourtant vous être très utile. Pas de soucis, cela ne portera que sur le cours d'aujourd'hui, je n'ai pas le temps de faire des cours complets dessus. »
Les élèves semblèrent rassurés et convaincus. Alors le professeur se lança dans un rappel des épouvantards, créatures logeant dans le noir. Une fois l'explication finie, il nous demanda de nous mettre en ligne. J'étais au milieu de la file, et je me demandais quelle était ma plus grande peur. Je n'avais pas peur des araignées, j'adorais les serpents, je n'avais pas le vertige... Je n'avais aucune idée. Arrivée à mon tour, je vit avec horreur l'image d'une main, une main que je connaissais trop bien, se tendre pour attraper quelque chose, désespérément. Mon hurlement raisonna dans ma tête, et je recula en tenant ma tête entre mes mains. J'entendis le sortilège Ridikulus être jeté par Edward, mais j'avais trop mal au crâne pour réagir. Pour la première fois, la vision raisonnait en moi. Le cri se répétait en boucle, sans fin, tout comme la main qui tentait en vain de se rattraper. Sa main. La main qui m'avait rattrapé, moi, la veille. Ces mains m'agrippèrent, et j'entendis Edward me supplier de me calmer. Mais je ne pouvais pas, j'étais comme... Hors de moi. Hors de tout, transpercée de toute part par le cri et ma vision. Mon cœur se déchira en voyant la main disparaître, signe qu'il était mort, et je fondis en larmes. Les mains qui m'agrippaient bougèrent, j'entendis des voix, puis je perdit pied. La personne qui me tenait me rattrapa doucement mais me laissa agenouillée au sol. J'avais beau lutter, je n'arrivais pas à me calmer, la douleur revenant sans cesse et me prenant aux entrailles. Je sentis mon casque être retiré doucement, pour ne pas me faire mal ni me perturber. Une douce voix entra dans mes oreilles.
« Tout va bien, Salaris... Inspire un grand coup. Tout le monde est parti, ne t'en fais pas. »
C'était la voix du professeur Lupin, douce comme du miel. Je me sentis plus légère, le cri disparaissant en même temps qu'apparaissait la voix du professeur.
« Tu peux ouvrir les yeux ? Essaie, tu verras, tout va bien. Il n'y a plus rien. L'épouvantard a été rangé, tu ne verras plus cette horreur, promis. »
J'inspira un grand coup, comme soulagée, et ouvrit lentement les yeux. Le professeur sourit doucement. Un sourire qui ne dura pas longtemps, car il reprit son sérieux et baissa les yeux.
« Je suis désolé, dit-il.
- Vous n'avez pas à vous excuser, professeur... Je... c'est la première fois que je réagis aussi fortement. »
Il leva les yeux et j'hocha la tête pour le rassurer. Il reprit un fin sourire. Il baissa ses mains le long de mes bras.
« Tu veux bien m'expliquer la signification de cet épouvantard ? Sauf si c'est trop dur, vu ta réaction... »
J'ouvris la bouche pour expliquer, mais je me rappela des avertissements d'Edward : il ne fallait pas que je lui en parle, que je garde le secret. Mais d'un sens, si je ne dis rien, il va m'en vouloir... C'est de lui, qu'il est question, il est en droit de savoir. Mais ce genre de révélation est dévastateur, c'est un énorme poids sur les épaules...
« Je comprend, c'est trop dur... Désolé d'avoir insisté, dit Lupin, prêt à se lever.
- Non ! Je... Je ne sais pas si je dois tout raconter ou non... C'est... compliqué.
- Dans ce cas, parle seulement du plus simple.
- Dans tous les cas, c'est un mauvais choix.
- Alors, ne dis rien... »
Il pencha la tête en gardant son sourire rassurant, et j'eu une idée. J'allais lui parler de ma vision, oui. Mais je ne vais pas lui dire qu'il est concerné. Ce sera le plus simple. Comme ça, il me dira par lui même, et inconsciemment, si il veut savoir ou non.
« Enfait, commençais-je, l'année dernière, j'ai eu une vision. C'est normal, ma baguette me fait avoir des visions depuis que je l'ai. Mais d'habitude, je ne me souviens jamais de ce qu'il s'y passe. J'ai une sorte d'impression, d'avoir vu telle ou telle personne, mais c'est tout. Cette fois là, je m'en souvenais. Un homme mourant devant mes yeux. Je m'en souvenais clairement. Alors j'ai été obsédée par cette vision pour sauver cette personne... Tellement que j'en fais des cauchemars. Mais... Je ne sais pas si je dois ou non avertir cette personne de la vision. »
Lupin hocha imperceptiblement la tête, comme s'il avait compris quelque chose.
« Tu devrais faire le choix qui, à toi, te semble le mieux. »
J'observa le regard brillant du professeur. Il semblait avoir déjà tellement de problèmes... Et peut-être aussi sa dose de cauchemars, au vu des cicatrices qui ornaient son visage. Ce n'était pas nécessaire de lui ajouter une chose en plus. Il me suffisait d'être proche de lui, de me tenir au courant de la moindre révolte, du moindre risque, et je pourrais le protéger, ce professeur qui me donnerait tant de souffrance dans le futur, si je n'arrivais pas à le sauver. Les mots d'Edward retentirent dans ma tête. Il était vrai que, si je ne faisait rien, je n'assisterais certainement pas à sa mort. Mais j'étais sûr qu'en restant là sans rien faire, sa mort serait inévitable. Et je détestais avoir une mort sur la conscience, surtout si je savais que ça allait arriver.
« Dans ce cas... je garderais le silence. Je ne veux pas mettre un poids sur les épaules de cette personne. »
Lupin sourit tristement en me caressant le bras.
« Qu'il en soit ainsi. »
Je sentais qu'il avait de centaines d'autres choses à dire, mais il se leva, et m'aida à me relever, dans le silence, ce regard triste toujours rivé sur moi.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top