୨⎯ Chapitre 34 ⎯୧
12, square Grimmaurd.
Je ne pensais pas y retourner un jour, et surtout pas dans ces conditions. Valises en main, je suivis mon frère après qu'il ai ouvert la porte. Remus avait vendu sa maison, et j'en avais lâché une larme, à sa plus grande surprise. Je me sentais presque coupable de la vente de sa maison, sans que je ne sache vraiment pourquoi. L'odeur de poussière agressa mes poumons, et Sirius poussa un soupir.
Le hall était éclairé par des lampes à gaz à l'ancienne et par un lustre de la forme de serpents couvert de toiles d'araignées. Les murs au papier à moitié décollés portaient des portraits d'anciens résidents de la maison ainsi que les têtes des elfes de maison y ayant servi. Des rideaux mangés aux mites cachent le portrait grandeur nature de Walburga, qui hurlait des phrases ignobles à propos de honte et d'impur. Il y avait également un porte-parapluie en jambe de troll, rempli de toiles d'araignées. J'en frissonna. La maison n'était habituellement pas accueillante, mais là c'était encore pire. Vive les araignées, j'allais m'en bouffer pendant des siècles. Nous posons nos valise et Sirius battit sa main dans le vide, comme pour chasser la poussière.
« On voit bien que personne n'est venu depuis des années. »
J'écoutais à peine ce que Remus répondait. Les souvenirs me prenaient la tête, sans que je ne puisse m'en défaire. L'enfance assez insupportable, la mort de Regulus, la fuite de Sirius... Le fait que mes parents me considéraient comme une sainte noble à son sang... Avant de mourir eux aussi et que je ne soit chassée de chez moi... avec mon frère à Azkaban. Mon frère adoré. Qui avait changé à jamais. Non, il n'avait pas changé, il avait simplement grandit. Et on ne pourra certainement jamais rattraper toutes ces années où on aurait du jouer comme des enfants insouciants. La guerre contre Voldemort s'annonçait terrible, et bien que je voulais que l'on en ressorte tous en vie, j'avais le pressentiment que tout n'allait pas se passer comme prévu. Après tout, c'est de Voldemort dont on parle, pas du mage noir du coin qui a un peu trop picolé. Une main se posa sur ma joue, et je sursauta.
« Salaris ? Tu vas bien ? s'inquiéta Sirius.
- O...oui, ça va... »
Le ton de ma voix me surpris, et Sirius essuya quelque chose qui coulait sur mes joues. Des larmes. J'étais aussi surprise que Sirius. Pourquoi est-ce que je pleurais...? Honteuse, je mis mon bras devant mes yeux et Sirius retira sa main.
« N'aie pas honte, murmura Sirius. C'est beaucoup d'émotions, pour moi aussi. »
Je ne répondis pas mais respira lentement pour me calmer. Ensuite, je retira mon bras, et Sirius me sourit tendrement. Je répondis à son sourire par un autre, et Remus passa sa main dans mon dos.
« Allons voir l'état de la salle à manger. » clama Sirius.
Nous hochons la tête et avançons. La pièce était aussi poussiéreuse que le hall. Mon ventre se tordit et Sirius s'approcha du buffet pour l'ouvrir. Une dizaine de grosses araignées en sortirent et je poussa un cri en me réfugiant derrière Remus. Sirius rigola et lança quelques sortilège pour les faire disparaitre.
« C'est bon Salaris, j'ai fermé le placard. »
Je pencha timidement la tête avant de voir Sirius me tendre la main, une araignée dans la paume. Je poussa un nouveau cri et recula d'un bon avant de sortir ma baguette en tremblant.
« Sort ça de ma vue, Sirius !
- Pourquoi ? C'est tout mignon ! C'est la preuve qu'il n'y a pas une seule mouche ni un seul moustique !
- Hors de ma vue !
- Oh allez fais un petit effort et viens dire bonjour à Gabrielle ! »
Il fit quelques pas en avant mais Remus lui prit l'épaule.
« Si tu ne veux pas finir rôti par un sort de Salaris, je te conseille de faire déguerpir cette araignée. »
Sirius prit une moue boudeuse et partit, à mon grand désespoir, mettre Gabrielle dans le buffet, avec d'autres araignées. J'avança alors prudemment dans la pièce, découvrant des anciennes photos de famille encore présentes. Sirius s'approcha de moi et je recula d'un bond en vérifiant qu'il n'avait pas encore d'araignées sur lui; il leva ses deux mains pour prouver sa bonne foi et je m'approcha.
« Est-ce que tu veux garder les cadres ?
- Non, on peut les mettre au feu.
- NON ! »
Je sursauta en sentant quelque chose me prendre les jambes. Je frissonna en pensant à une araignée géante avant de me rappeler que les araignées ne parlaient pas. Je baissa alors la tête et aperçu Kreattur, suspendu à mes jambes.
« Ne soyez pas comme vôtre ignoble frère ! Vous devez conserver ces photos !
- Bonjour à toi aussi, Kreattur. Je vois que tu as fais du bon travail, crachais-je.
- Je pensais que vous étiez morte alors...
- Génial. Woah. T'as vu ça, Sirius ? Je suis morte ! »
Sirius ne répondit pas, les yeux fixés sur une photo. Je me pencha pour la regarder, et aprçut une photo de moi, Sirius et Regulus. Je posa le doigt dessus.
« Celle là, on la garde.
- Vous n'allez pas jeter les autres tout de même ? s'indigna Kreattur.
- Bien sûr que si, dis-je. Tiens, tu vas toi même le faire. Cette maison a besoin de nettoyage, puisque tu n'as rien fait pendant des années.
- Bien évidemment., déclara-t-il en me lâchant. Kreattur obéira aux ordres de sa maitresse même si elle arrive avec des êtres peu recommandables. »
Je serra les poings, à deux doigts de lui mettre une raclée, mais Sirius secoua la tête, et je poussa un soupir. Kreattur se mit à la tâche en marmonnant, et je décida d'ignorer ce qu'il disait. Sirius me fit signe de la tête pour que nous montions à l'étage. Je le suivis, et constata que Remus était un peu à la traine. Nous arrivons dans le salon, et je fis la grimace. Une pièce assez vaste, éclairée par de vieilles lampes à gaz et un lustre poussiéreux. Elle avait un plafond haut et des murs couleur vert olive ornés de tapisseries sales. Les longs rideaux étaient de couleur vert mousse. Autour de la cheminée se dressaient deux armoires vitrées. Il y avait également un canapé et un secrétaire. Collée sur toute la surface de l'un des murs avec un maléfice de Glu Perpétuelle se trouvait une tapisserie vieille de sept siècles représentant l'arbre généalogique de la famille Black. Le nom de Sirius y avait disparu sous une tâche de brûlure. J'avais une furieuse envie de faire brûler toute cette fresque ignoble. Mes poings se serrèrent et Sirius poussa un profond soupir. Pensant qu'il partageait mon idée, je sortis ma baguette et me tourna vers lui, mais il avait les yeux rivés sur les rideaux.
« C'est infesté de Doxys. Il va falloir faire attention.
- Oh. »
Il tourna la tête vers moi et fronça les sourcils en voyant ma baguette sortie.
« Qu'est-ce que tu fais ?
- Euh, je pensais que tu soupirais par rapport à l'arbre, j'étais à deux doigts de le brûler. »
Sirius rigola.
« Tu peux toujours essayer... J'ai tenté en partant chez les Potter, et elle est toujours là, intacte. »
Je renonça alors à la tâche et me dirigea vers le canapé, avant d'étouffer un cri. Il abritait un nid de Boursoufs morts. Je recula de quelques pas, le ventre retourné.
« Il n'y aura donc aucune pièce qui ne sera pas infesté d'ignobles bestioles ?
- Je crain malheureusement qu'un nettoyage intensif sera nécessaire, soupira Sirius.
- Génial. »
Je décida finalement de sortir de la pièce et de monter aux étages supérieurs pour y trouver ma chambre. J'aperçu Remus en bas des escaliers et lui fit signe de monter. Il devait certainement rester en retrait pour nous laisser retrouver notre maison. Mais je ne voulais pas le mettre le côté. Il monta doucement les escaliers et je souris. Arrivé devant ma porte turquoise foncée, ornée d'un dessin de serpent, je pris en tremblant la poignée. Aussi excitée que terrifiée par ce que je trouverais à l'intérieur. Désireuse de la trouver intacte, de retrouver le seul endroit dans lequel mes parents ne pouvaient pas entrer. C'était bien la seule chose dont j'étais contente. J'étais la reine de cet endroit. Quand j'étais enfant, je voulais y mettre un sortilège pour l'agrandir. Y faire un parc pour avoir un hippogriffe, des sombrals et d'autres animaux mystiques. Maintenant, ce rêve avait disparu dans l'abysse de l'adolescence, du passage à l'âge adulte, des responsabilités qui en découlent, et de la guerre contre Voldemort. Maintenant, mon lit à baldaquin et ma grande bibliothèque munie d'un bureau me suffisait amplement. J'ouvris la porte et constata étrangement qu'elle était nettoyée à la perfection, pas une seule toile d'araignée, ni quelconque créature indésirable. Je m'avança pour laisser Remus entrer, et attira ma valise vers moi. Elle du heurter Kreattur au passage car j'entendis un bruit de douleur étouffé et un bruit de chute dans l'escalier. J'ouvris ma valise et rangea mes livres d'un mouvement de baguette. Je jeta un coup d'oeil à Remus pour voir sa réaction, mais son visage était impassible, et je fis la moue. Il n'a même pas l'air un peu curieux.
« Remus, tout va bien ? »
Il secoua la tête pour revenir à lui et me regarda.
« Qu'est-ce que tu disais ?
- Tout va bien ?
- Oui, ne t'en fais pas.
- Quelque chose te tracasse ?
- Non pas du tout, je t'assure, me sourit-il. »
Je fronça les sourcils et continua de sortir mes affaires. Quelque chose n'allait pas chez Remus, mais il ne voulait apparemment rien nous dire. Est-ce qu'il repensait à l'époque de Poudlard, avec Sirius, James et l'autre ? Avait-il des souvenirs liés à cette maison ? Se sentait-il tout d'un coup mit à l'écart ? Je n'arrivais par à savoir ce qui le tracassait et cela m'énervait.
« Kreattur a tout bien nettoyé pour sa maitresse. Est-elle contente ? »
Je tourna la tête vers Kreattur qui se tenait au seuil de la porte, et hocha la tête.
« Très satisfaite, merci Kreattur. »
L'elfe partit, content, et je repris mon rangement. Je me tourna vers Remus.
« Est-ce que tu as une préférence pour la chambre ? demandais-je.
- Eum... Pas vraiment...
- Il y a des chambres vides en haut... Ou alors on peut détruire celle de Regulus pour t'en faire une. »
Mon cœur se serra légèrement, mais je me secoua en disant que c'était un mangemort, qu'il ne mérite pas que l'on garde sa chambre en souvenir. Remus ouvrit la bouche mais la ferma immédiatement. Je pencha la tête, et Sirius apparu au seuil de la porte.
« Je vois que Kreattur a des préférences, parmi les Black, dit-il joyeusement.
- Pourquoi ?
- Ma chambre est dans le même état que toute la maison. Les seules pièces qui sont intactes sont la chambre des parents, de Regulus... et la tienne. »
Je serra les dents, presque vexée par cette attention de Kreattur. Pour lui, j'étais comme mes parents, une Mangemort, une noble au sang pur qui méprisait les sang mêlés. Je ne savais pas vraiment comment prendre cette nouvelle. Dire que j'avais fait semblant d'être loyale à mes parents pour avoir une sorte de vie tranquille... J'avais honte de moi. Finalement, j'aurais préféré avoir une chambre infestée d'araignées et de créatures immondes. J'aurais du me battre contre cette famille ignoble, comme mon frère. Mais j'avais trop peur, à l'époque. J'avais beau trouver toute cette histoire injuste, j'avais tout de même un sentiment de sécurité chez moi. Personne ne me traiterait de marginale parce que j'entendais loin, que je parlerais Fourchelang. Egoïstement, la maison était le seul endroit où on me faisait l'éloge de ces talents. Forcément, étant gamine, je ne voulais pas quitter ce confort factice. Et c'était certainement pour ça que mes parents me brossaient souvent dans le sens du poil. Pourquoi partir de la maison quand ses parents aimant étaient tout ce qu'elle avait ? Ben oui, évidemment. Je m'étais fais piégé. Mais je ne m'en étais jamais vraiment rendu compte.
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