୨⎯ Chapitre 33 ⎯୧


Quelques jours plus tard, alors que je prenais tranquillement un thé avec Remus en discutant joyeusement de la lecture que nous avions commencé en commun, la porte de la maison s'ouvrit, et je me tourna pour voir de qui il s'agissait; je sauta sur ma chaise en voyant Sirius. Je me mit à courir pour le prendre dans mes bras, mais me figeait en cours de route. Son visage rayonnant était devenu blanc et creusé. Ses cheveux pendaient sans éclats, et ses vêtements étaient tous sales et déchirés. Cette vision me déchirait le cœur; on aurait dit qu'il venait de ressortir de douze ans à Azkaban. Il avança sans me jeter un regard et je me poussais pour le laisser passer. Je le suivis, inquiète, et il posa brusquement ses mains contre la table.

« Il est de retour. »

Remus et moi échangeons un regard. Comment j'allais lui expliquer nos retrouvailles sans trop parler de ce qu'il s'est passé en privé, mais sans lui mentir non plus ? Il avait plutôt l'air furieux de voir son meilleur ami. Après tout, comment lui en vouloir ? Son meilleur ami avait disparu à cause d'une amourette et n'avait donné aucune nouvelle. Et en revenant d'un sortie de surveillance de son filleul, il le retrouvait là, totalement à l'aise.

« Oui, commença Remus, Salaris m'a...
- Voldemort, le coupa Sirius. Je parle de Voldemort. »

Un frisson nous parcouru le corps, et je jeta un regard à Sirius.

« Tu n'es pas sérieux ? dis-je.
- Je suis plus que sérieux. Il est de retour, et il essayé de tuer Harry. »

Mes sourcils se froncèrent. Il ne pouvait pas mentir, je connaissais mon frère. Mais... Imaginer son retour me faisait froid dans le dos. Je m'en doutais, c'était évident. Mais entendre l'information de vive voix était plutôt perturbant. Sirius regarda Remus avec insistance.

« Dumbledore a convoqué tous les anciens.
- Les anciens quoi ? » demandais-je.

Remus ouvrit la bouche pour répondre, mais Sirius l'interrompit.

« Tu n'as pas à savoir.
- Quoi ? demandons Remus et moi en même temps.
- Mais, Sirius, ajouta Remus, elle est en droit de savoir.
- Je ne veux pas la mêler à tout ça.
- Je ne sais pas de quoi vous parlez, dis-je, mais j'estime que je suis en droit de savoir. Je suis majeure et je me doute qu'il me sagit de quelque chose contre Voldemort, et je veux en être.
- Non, Salaris, tu es trop jeune. »

Je levais les yeux au ciel.

« Tu as déjà sortit cette excuse là quand je suis arrivé ici. Je veux me battre, Sirius. Je veux défendre ceux qui me sont chers. »

À ces mots, je fixa Remus. J'étais persuadée que le moment inévitable d'une grande bataille allait arriver, et je devais être sur le front. Je devais protéger Remus de cette affreuse vision. Je m'approcha alors de la table et y plaqua mes mains.

« Peu importe de quoi vous parlez, je veux en être. Je vous ai à peine aidé depuis que je suis ici. Si ça continue, je vais devenir une elfe de maison. »

Sirius et Remus me regardèrent, mais je ne me démonta pas. Je me tenait le plus droit possible, avec ce même regard impassible que j'avais quand j'étais décidé à accomplir quelque chose. Sirius finit par lâcher un profond soupir.

« Je parle de l'Ordre du Phénix.
- Quoi...? Ha, dire qu'à l'époque je pensais que c'était une blague... »

Je me souvenais encore de certains moment où je demandais à Sirius pourquoi il n'était jamais là, pourquoi il ne voulait jamais que je l'accompagne dehors... "C'est pour l'Ordre" disait-il. Je lâcha un rire et passa une main sur mon visage.

« J'espère, Sirius, que tu vas me laisser vous rejoindre.
- Non.
- Je ne veux pas rester à l'écart ! Je ne peux pas ! Je ferais toutes mes missions avec Remus et... je ne demanderais rien de ce qu'il se passe, promis ! »

Remus ouvrit la bouche pour protester, mais je le coupa :

« Vous voulez me protéger à tout prix, mais qui va vous protéger en retour ? Je ne peux pas vivre sans vous. »

Ils soupirèrent, et Sirius jeta un regard à Remus, comme s'il lui posait une question muette. Remus hocha la tête.

« Je donnerais ma vie pour la protéger.
- Non ! dis-je soudainement. Ne donne jamais ta vie pour moi. S'il te plait... »

Remus fronça les sourcils, visiblement surpris, et je fixa mes mains.

« S'il te plait... »

Remus se mordit la lèvre, se retenant visiblement de dire quoi que ce soit, et Sirius se redressa.

« Soit. Tu seras toujours accompagnée, et tu n'auras pas ton mot à dire. Si c'est trop dangereux, tu n'iras pas. Je vais me doucher. »

Son visage était tellement sombre que je n'eu pas le cœur de me réjouir. Je le regarda monter les escaliers pour aller se doucher. Je vis du coin de l'oeil Remus se rapprocher, et il m'enlaça tendrement. Je me tourna alors pour être face à lui et passa mes bras autour de son cou.

« Pourquoi tu as demandé ça ? souffla-t-il.
- Je ne vais pas rester à rien faire alors que tout le monde va se battre.
- Je ne parle pas de ça. »

Remus me fixa avec insistance, et je me mordit l'intérieur de la lèvre. Non, Salaris, tu as refusé de lui dire il y a plus d'un an, tu ne vas pas craquer maintenant...

« Je ne suis plus une enfant, dis-je. J'ai vingt ans. »

Remus poussa un soupir et secoua légèrement la tête.

« Justement, dit-il. Tu devrais profiter de ta jeunesse.
- Mon grand frère et mes parents sont morts, mon autre frère a passé douze ans en prison et que par tout ça j'ai été refoulée en orphelinat. J'ai reçu des dons qui font de moi une putain de marginale, et maintenant que j'ai retrouvé mon frère et trouvé l'amour de ma vie, je ne veux pas qu'un stupide mage noir m'empêcher de rester à leurs côtés. Lors de la première fondation de l'Ordre du Phénix, vous n'étiez pas plus vieux que moi et pourtant, vous vous êtes tous fièrement battus. »

Remus me caressa la joue avec un doux sourire.

« Je ne supporterais pas de te perdre, Salaris...
- C'est pour ça que j'ai demandé à faire mes missions avec toi... »

Il me sourit et m'embrassa tendrement. Je répondis au baiser, mais un toussotement nous fit revenir à la réalité. Nous tournons la tête et voyons Sirius changé, entrain de s'essuyer les cheveux avec une serviette. Je retira mes bras et Remus lâcha ma taille. Sirius nous regarda, et je ne pouvais pas dire s'il était envieux, dégouté, heureux ou inquiet. Il soupira.

« Vous n'avez pas intérêt à faire de fuite en amourette ou de suicide amoureux pour sauver le monde, je vous préviens.
- Je me sacrifierais sans hésitation si je peux sauver tout le monde de la menace de Voldemort. »

Remus me lança un regard l'air de dire "Tu m'a interdit de faire de même" mais je l'ignora. 

« Au fait ! dis-je pour changer de sujet. Je me suis dit que j'allais voir pour créer quelque chose à mettre dans mes oreilles à la place du casque. Je ne parle pas d'écouteur, mais plutôt quelque chose de plat, qui interfèrerait avec mon ouïe... Je ne sais pas trop, à vrai dire.
- Ça risque d'être compliqué, dit Sirius. Ton casque a un problème ?
- Non... mais disons qu'il me gène, par moments. Et ça me fait un poids sur la tête, ça en devient insupportable... »

C'était la demi vérité. Je commençais à en avoir marre de ce casque, mais pas forcément pour le poids qu'il faisait. Je voulais surtout que Remus puisse toucher mes cheveux plus souvent, ce qui lui était impossible à certains endroits à cause du casque. 

« Je vais envoyer une lettre à Dumbledore, dit Sirius. Il sera certainement de bon conseil.
- Merci, Sirius. »

Sirius se mit directement à la tâche, et je sursauta légèrement en sentant que Remus me prenait la main. Je tourna la tête vers lui, et il me sourit doucement.

« Ça va faire bizarre de te voir sans casque, si Dumbledore te trouve quelque chose...
- Ha, c'est vrai. »

Remus joua avec une mèche de mes cheveux et Sirius toussa à nouveau. Cette fois, nous nous lâchons pas la main et regardons Sirius, qui rigola.

« Je vais devoir tenir la chandelle tout le temps ?
- On peut faire comme si de rien était, si ça te dérange, répondit Remus, légèrement vexé.
- Absolument pas, ça serait cruel. Ne m'oubliez pas, c'est tout...
- Oh ça, on ne risque pas de t'oublier.  »

Remus toussa pour masquer son rire et Sirius fit semblant d'être vexé. Puis il nous sourit, attendrit.

« Vous faites un beau couple, vous deux.
- Merci, répondit Remus.
- Bien, maintenant que la lettre est terminée, nous pouvons faire nos valises ! 
- Pourquoi ? demandais-je.
- Pour rentrer à la maison, évidemment ! Elle va servir de QG pour l'Ordre. »

Je me sentis frissonner. Est-ce que j'avais réellement envie de rentrer chez moi, après autant de temps ? Après tous les mauvais souvenirs que j'en ai ? Elle doit être dans un état terrible, en plus... Kreattur n'aura certainement rien fait pendant toutes ces années... Sera-t-il encore en vie, même ? Sirius s'approcha de moi et posa sa main sur mon épaule.

« Ce sera dur pour nous deux, je te l'assure. Mais on est ensemble, avec un ami de qualité, alors tout se passera bien, d'accord ? »

J'hocha la tête, et Remus me lâcha la main.

« Je vais voir ce que je garde, dit-il. Je pense vendre la maison.
- Quoi ? soufflais-je. Pourquoi donc ?
- J'ai déjà du mal à payer le loyer et les factures... Alors si je n'y habite plus... »

Mon cœur se serra. J'avais oublié que Remus ne croulait pas sous l'or... J'aurais pu l'aider, s'il me l'avait dit... Il commença à faire le tour du salon, et regardait chaque objet en réfléchissant. Sirius posa une main sur ma taille et me fit signe de monter. J'hocha alors la tête et monta dans ma chambre pour donner l'intimité nécessaire à Remus pour faire le deuil de sa maison. En entrant dans ma chambre, je ne pu m'empêcher d'attraper mon carnet de dessin et de dessiner celle-ci. Je voulais en garder un souvenir, et le dessin était pour moi la meilleure des façons. Je remis le casque sur mes oreilles pour profiter de la musique, et me mit à dessiner. 

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