୨⎯ Chapitre 27 ⎯୧
Sirius a perdu son sourire. Plus le récit avance, plus ses sourcils froncés. Je décide tout de même de rester vague sur plusieurs périodes de ma vie, même si je me doute qu'il sait que je lui cache des choses. Pendant que je raconte ma dernière année, Remus semble particulièrement intéressé par les cadres sur ses murs. Un fois mon récit finit, Sirius pose les mains sur la table.
« Je suis sincèrement désolé que tu aies du subir tout ça, Salaris...
— Ce n'est rien, dis-je. Regarde, je suis en vie, c'est le principal. »
Il ne semble pas convaincu, mais je lui souris pour le rassurer. Puis, Sirius reprend le sourire.
« Au fait ! dit-il. Pourquoi tu étais chez un garçon, pendant les vacances ?
— Co...Comment tu sais ? demandé-je, légèrement gênée.
— J'ai mes sources, rigola Sirius.
— Je vois... Je sors avec lui. »
Remus s'étouffe avec son thé et manque de faire tomber sa tasse, alors que Sirius écarquille les yeux.
« Ben quoi ?
— C'est juste que... te connaissant, c'est un peu... étonnant. Tu as... ?
— Non. On... est pas aussi proche que ça, quand même. »
Je cherche un moyen pour changer de sujet, mais je ne trouve rien. Je vois que Remus semble mal à l'aise. Il me jette un regard, et je comprend vite pourquoi : Il regarde ma cicatrice. Heureusement que je garde ma main brûlée sous la table... Je secoue la tête.
« Je ne vous... Je ne t'en veut pas. Mon œil voit très bien, et je n'ai jamais mal. »
C'est faux, ma cicatrice me faisait mal de temps en temps, mais ce n'est rien de grave. Remus secoua la tête.
« Je m'en voudrais toujours...
— C'est de ma faute... Sirius m'avait prévenu de ne pas vous suivre, et je l'ai fait quand même. »
Je secoue légèrement la tête, n'arrivant pas à tutoyer Remus.
« Et puis, dit Sirius, si elle t'en voulait vraiment, crois moi, elle t'aurait déjà fait payer... »
J'hoche la tête avec un sourire.
« Tu sais, tu peux me tutoyer, dit Remus. Je ne suis plus ton professeur.
— Je vais avoir du mal... J'ai passé un an à vous vouvoyer, ce n'est pas évident... »
Sirius hocha la tête, comme s'il comprend la difficulté que je peux avoir. Puis, il reprend un air un peu plus sérieux.
« Qu'est-ce que tu comptes faire de ta vie ? »
Je suis surprise de la question. Je regarde un instant le plafond. C'est vrai, ça. Qu'est-ce que je vais devenir ? Je ne veux pas travailler au Ministère, être professeur... Enfait, je n'y ai jamais réfléchis, à tout ça, je ne peux pas vraiment dire que je ne veux pas... Mon objectif est juste de survivre, de retrouver mon frère et de protéger Remus. Maintenant...
« Je veux rester à vos côtés. »
J'insiste légèrement sur le "vos", pour montrer que Remus est aussi important que Sirius. Ils semblent peu surpris de ma réponse. Je réfléchis à un sujet de discussion, quand mon livre me revient en mémoire. Je lève la tête vers Remus.
« Je ne vous ai pas encore vraiment remercié pour le livre !
— Oh... Ce n'était pas grand chose, dit Remus en détournant le regard, comme gêné.
— Je n'ai pas eu le temps de le finir, je le ferais cette nuit !
— Ce n'est pas raisonnable, dit Remus. Tu vas te fatiguer.
— Mais je ne suis pas raisonnable ! rigolé-je.
— On voit bien ça, soupira Sirius. En parlant d'être raisonnable... Remus m'a parlé d'une... vision. »
Je me fige. Qu'est-ce que Remus a bien pu dire là dessus ? Est-ce qu'il a fait passé la vision pour quelque chose qui me détraque ? A-t-il parlé du moment où j'avais totalement pété les plombs ? Va-t-il me supprimer cette vision de ma mémoire ? Interdire d'agir ?
« Je veux juste savoir... Qui est cet homme, dans ta vision ? »
Je secoue vivement la tête.
« Je ne peux pas te le dire.
— Tu ne peux pas, ou tu ne le veux pas ? »
Je baisse les yeux pour ne pas regarder Remus.
« Je ne veux pas.
— Pourquoi ? demande Sirius.
— Je veux régler ça par moi-même. Si j'en parle, tout le monde va vouloir protéger cette personne, et je sens que ça va mal finir.
— Remus m'a dit... Que cette personne n'est pas au courant. C'est toujours le cas ?
— Oui. »
Il y a un silence, et Sirius jette un regard vers Remus.
« Bon... Je te fais confiance, mais je pense que c'est mieux de prévenir cette personne. »
Je secoue la tête.
« Désolé, je ne peux pas. La seule chose que je peux dire, c'est que je pense que la vision se passera dans une sorte de grande bataille. Contre qui, je ne sais pas, mais c'est une grande bataille. »
Un nom flotte entre nous, mais personne ne le prononce. On préfère penser que non, on se trompe. Que c'est impossible.
« Cela tombe "bien", dit Sirius, nous pensons partir à la pêche aux infos, avec Remus.
— Je viens avec vous. »
Je ne lui laisse pas le temps de continuer, et je le fixe, déterminée. Je n'ai plus trois ans, je peux sortir avec eux, prendre des décisions, me battre... Et encore plus si c'est avec eux.
« C'est trop dangereux, Salaris. Tu imagines, si Voldemort est vraiment de retour ? Tu risques ta vie à tout moment. N'oublie pas que tu n'es plus seule, dans ta vie. Tu ne peux pas foncer tête baissée dans le danger. »
Je comprend qu'il parlait d'Edward, et je serre le poing.
« Tu ne peux pas m'empêcher d'aller chercher des informations sous prétexte que j'ai un copain. »
Si l'argument du copain persiste, cela me fera une occasion de plus pour le quitter. Devoir rester à l'écart à cause d'une histoire d'amour m'énerve profondément.
« Je m'en fou, de l'amour. Si je dois donner ma vie pour une bonne cause, je le ferais sans hésiter. »
Sirius masse son front dans un soupir, et je passe mon regard sur Remus, espérant qu'il fasse changer Sirius d'avis; mais mon ancien professeur semble déstabilisé par mon regard. Il jette un coup d'œil à Sirius avant de me regarder dans les yeux, et un frisson parcours mon corps. Sirius finit par se tourner vers Remus.
« Qu'est-ce que tu en penses, Remus...?
— Je pense que, quoi que tu dises, si Salaris est décidée à nous aider, elle le fera même si tu lui interdit. Autant l'autoriser et l'emmener avec nous, elle ne risque pas de partir toute seule, dans ce cas.
— Bon, et bien c'est d'accord. Mais ! dit-il en me voyant sourire, tu ne dois pas nous en vouloir si on part en mission sans toi de temps en temps pour te protéger. »
Je pousse un soupir et hausse les épaules.
« Je ne pourrais pas t'empêcher de faire ton rôle de grand frère, de toute façon. »
Sirius rigole et Remus hoche la tête avec un sourire. Je pose les mains sur la table pour me lever, jugeant la conversation terminée. Leur regard se pose immédiatement sur ma main droite, que je met derrière moi comme si de rien était.
« Salaris. »
La voix de Sirius me fais sursauter. Je connais cette voix. Je n'ai pas intérêt à lui mentir.
« Qu'est-ce que tu as à ta main droite ? »
Je sors ma main et triture une mèche de cheveux.
« Une brûlure...
— Qui ? Qui a osé te faire du mal ? »
Le regard de Sirius me transperce de toutes parts, et celui de Remus me fait encore plus frémir; ils semblent tous les deux à tuer sur le champ la "personne" qui m'a fait ça. Je secoue la tête.
« C'est moi. »
Sirius se relève d'un coup, aussi énervé qu'horrifié.
« TU T'ES BRÛLÉE LA MAIN VOLONTAIREMENT ?!
— Non ! »
Je tremble, pourtant, comme si je suis coupable. Sirius se rassoit en secouant la tête.
« Désolé, je me suis emporté.
— Je... Ma main a été brûlé lors que match de Quidditch. Je... je cherchais quelque chose, et je me suis évanouie... ma main a été brûlée pendant mon inconscience. »
Remus pose brusquement sa tasse sur la table et me jette un regard presque apeuré. Sirius fronce les sourcils.
« C'est de ma faute, dis-je. J'aurais du m'enfuir avec Edward et ses parents, mais je suis partie... »
Remus se fige à nouveau, et je suis exaspérée. Pourquoi ma vie le choque autant ?! Ces adultes, vraiment...
« Je n'ai aucun problème avec, vraiment, ne t'en fais pas, dis-je à mon frère.
— Mais tu nous l'a cachée depuis tout à l'heure.
— Je ne voulais pas vous inquiéter ! Je savais que vous alliez me demander ce qu'il s'était passé... »
Et je ne veux pas revivre ce moment de terreur où je pensais que le moment de la vision était venue, que j'allais retrouver le cadavre brûlé de Remus à mes pieds... Et la sensation horrible des sons qui me foudroyaient tout mon être... Je suis prise d'un frisson.
« Désolé, dit Sirius. Mais tu comprends que je ne pense qu'à ta sécurité et ton bien être... »
Par la suite, je pars dans ma chambre (après que Remus m'ai indiqué le chemin) pour ne pas refaire de nouveau désastre. Les retrouvailles se sont beaucoup moins bien passées que prévu. En même temps, à quoi je m'attendais ? On avait tous les trois passé des années insupportables. On aurait pas pu discuter de la pluie et du beau temps. Pas longtemps, en tout cas. J'ai l'impression que ça avait tourné au désastre. Je suis déçue de moi même. Déçue d'avoir fait crier Sirius, déçue de le voir perdre son sourire... Et particulièrement surprise de l'attitude de Remus. Pourquoi, à tout ce que je disais, il était surpris, déçu, choqué ? Je ne l'ai jamais vu dans cet état. Enfait, peut-être est-il comme ça dans son état normal, et qu'il gardait un sérieux quand il était professeur. Ou alors il pensait que je ne le voyais pas. Je secoue la tête. Pourquoi je ne pense qu'à lui...?
***
Je poussa un soupir de soulagement en passant la porte de chez Remus. Je viens de rentrer d'un rendez-vous particulièrement pénible avec Edward. Je commence à suffoquer, avec lui. Cela fait quelques semaines que j'habite chez Remus, et le "malaise" des retrouvailles s'est vite estompé. Je monte immédiatement prendre une douche bien chaude. Je suis frustrée de ne pas avoir pu me battre. À la place, je dois me coltiner des rendez-vous avec Edward.
Je fais couler l'eau en soupirant. Je ne comprend pas. Je ne ressens rien, avec lui. Pas le moindre papillon. Par contre, si j'imagine... Non, ce n'est pas raisonnable. Un frisson me parcours le corps et je décide de passer sous l'eau chaude pour chassez ces idées -et images- qui n'auraient jamais du germer dans mon esprit. Et pourtant... Il faut que j'en parle à Edward. Je ne peux pas rester comme ça. Une fois sortie, séchée et habillée, je descends dans le salon et m'assois en face de Sirius, qui lit le journal. Il le pose sur la table en me regardant avec un sourire.
« Tout va bien ? »
Je retire un instant mon casque pour vérifier que Remus n'est pas encore rentré, et me lance dans mon récit d'inquiétude : le fait que je ne sois sortie avec Edward que parce qu'il me l'avait demandé, qu'il voulait essayer de me faire aimer, mais que je ne ressentais rien, et que je remet en doute l'utilité de rester ensemble. À la fin de mon récit, je vois que Sirius a un fin sourire aux lèvres.
« Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? demandé-je.
— Oh, je ne trouve pas ça drôle, je suis simplement content que tu me parles de ce genre de problèmes.
— C'est normal, t'es mon frère.
— Tu aurais pu garder ça pour toi. Surtout te connaissant. »
J'étais tentée de garder tout ça pour moi, en effet. Mais j'ai besoin d'un avis extérieur, plus mature. Sirius lève un instant la tête au plafond pour réfléchir, puis me regarde.
« Je ne suis pas vraiment expert dans le domaine de l'amour, mais ce que je peux te dire, c'est que, quand tu aimes quelqu'un, ça se sent. Tu ressens une attraction insoutenable pour cette personne, elle ne te sort pas de la tête... Et chaque moment passé avec cette personne est incroyable. Est-ce que tu as déjà ressenti ça ? »
Oui, avec Remus.
« Non. »
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