Bonus part. 2 : Le cœur a ses raisons. Part. 1
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Un cheval s'écrasait par terre, sans même pousser un dernier soupir. Les Brigades Spéciales roulaient des yeux, comme exaspérés par une scène si "anodine".
A côté de l'encadrement de la porte, menant au cœur même de la grange, un homme était pétrifié, claquant des dents face aux nombreuses personnes qui avaient fait irruption chez lui.
Une femme d'une trentaine d'années prit alors la parole, meneuse de l'escadron :
- " Vous donnez quoi à vos bêtes ? De la poussière ? Nous l'avons emprunté seulement 5 heures et il est déjà dans l'autre monde. "
Une petite fille fit irruption devant ce qu'il semblait être son père :
- " Vous n'avez pas le droit de nous voler du bétail ! Ce cheval valait très cher ! "
Un rire parcourait l'assemblée de soldats. La rumeur devenait de plus en plus forte jusqu'à ce que la leader éteigne tout le bruit d'un seul claquement de main.
- " Tu ne sais donc pas à qui tu parles, insolente ? Nous sommes des Brigades Spéciales, c'est le Roi qui nous envoie ! "
La petite eut un mouvement de recul, puis s'avança de nouveau :
- M-mais...Ce cheval était né ici et avait grandi ici...Il n'avait pas à.."
- Silence ! - La coupa froidement un des soldats - Petite effrontée. "
L'homme en face des soldats était nommé Arthur. Seul avec ses filles, il était un fermier moyen gagnant son pain durement au prix de sa sueur. Il ne connaissait que le blé, la terre, et les chants d'oiseaux du matin ; jamais il n'avait été préparé à se confronter à cela. Il avait l'impression d'être face à des monstres, des monstres fait ni de blé, ni de terre, ni chantant à la petite aube.
Pourtant, sa peur palpable était parfois masquée par des pics de colère. Ces gens l'insupportaient tout autant qu'ils lui donnaient des frissons.
La meneuse du groupe s'approcha de la fille d'Arthur, visiblement prête à lui donner une leçon. Mais à peine son talon bas avait-il claqué contre la terre battue, que le fermier empoignait sa fourche en gueulant :
- Arrière ! Ou je t'empale ! "
Alors la femme le toisa du regard, recula, et dit à sa troupe de s'en aller. Bien sûr, ils allaient revenir, passer à l'offensive ou pire.
Mais personne ne leur dira rien, car ils agissaient de leur plein gré en profitant de la garde des puissants. Si on les offensait, on offensait le Roi.
La douce voix du père résonna, quelques minutes après, au fond de l'étable. Elle disait :
- Élise, va rejoindre ta soeur et pars. Pars avant que l'on soit ruiné, ou que l'on soit mort. Pleure si tu le souhaites. Fais juste en sorte que chacune de tes larmes, comme chacune de mes goutte de sueur, soit porteuse d'une énergie nouvelle, que tu arrives à tes fins... "
La fille partie le lendemain avec un poulain, sa soeur, et deux larmes le long des joues.
*****
830
Il y avait toujours, dans la cour poussiéreuse et pleine de suie, ce calme plat et perturbant. Un calme pitoyable et si pauvre qui contrastait avec le "Pan pan" habituel des jours de chasse, à l'arrière du logis perdu près des prairies.
Lorsqu'un pataclan sonore brisa le silence de la cour, on vit à la fenêtre deux têtes s'immiscer. Un homme au regard profond et aux cheveux attachés, ainsi qu'une jeune fille un peu rondelette et émerveillée.
Après deux ans d'exil Elise et sa sœur Olympe avaient trouvées un vrai foyer.
Lorsqu'elles arrivèrent à la porte, l'homme ouvrit immédiatement. Il les toisait étrangement.
- " Qui vous envoie ? "
Elise lui lança un regard dubitatif.
- " Bah personne. Un vieillard nous a dit de venir ici en cas de problème. Vous êtes gérant d'auberge ? "
Son ventre gargouilla, son maigre bras vint par-dessus pour atténuer le son.
L'homme allait fermer la porte lorsque la jeune fille de la fenêtre passa derrière. Celle-ci le stoppa net dans son mouvement.
- " Doran ! Tu ne vas pas les laisser mourir quand même ? "
Son regard s'adoucit, comme celui d'un père envers sa fille. Pourtant, ils ne se ressemblaient en rien. En aucun point. Sauf peut-être, par la suie qui bordait leurs doigts et leur tablier déchirés. Oui, c'était leur seul point commun.
Olympe tandit soudain quelque chose à la fille. Un collier. Certainement de famille et remplis de joyaux.
- " Seulement quelques nuits...s'il vous plaît ! "
Les deux travailleurs étaient surpris. Ce collier devait bien valoir une fortune ! Doran le prit et se mit à s'extasier, courant chercher quelque chose.
- " Amel, Amel ! On est riche ! "
Et la jeune fille riait, ouvrant la porte en grand et faisant signe aux deux sœurs d'entrer.
- " Oh vraiment ? "
La fille ne répondit pas et se précipita juste vers Doran, penché sur un établi en train de scruter en détail son trésor. D'un coup, il failli tomber à la renverse.
- " Amel ! Regarde moi ça ! "
Elise considérait cet étrange spectacle avec stupeur. Amel, la tête plongée par-dessus une énorme loupe gloussait de joie sans s'arrêter de répéter " C'est pas possible ! "
Elise n'avait pas vu de gens aussi heureux depuis le jour où Amande, son chat, avait eu des petits. Ça lui faisait tout bizarre, tant de joie. Elle voulait sourire, mais elle n'y arrivait pas. Leur séjour ici ne sera que de courte durée de toute façon, à quoi bon se réjouir pour des gens qu'elle ne reverra jamais, hein ? À quoi bon gaspiller des forces...
Doran se tourna vers les deux jeunes filles, un air solennel dans la voix.
- " En regardant de plus près j'ai pu observer une inscription sur le bord d'un diamant. Ce collier n'appartient pas à la famille royale, mais à une noble famille de marchand qui fût très longtemps alliée au roi. "
Olympe retenait son souffle, toute excitée. Doran leur dit simplement :
- " Ici, c'est notre fabrique. Mais il y a aussi trois chambres à l'étage. - Il se tourna complètement vers elles - Bienvenue ! "
C'était un tel soulagement, qu'elles avaient arrêtés de résister à la fatigue. L'une puis l'autre s'écroulèrent au sol dans un léger soupir.
Elles venaient de faire la rencontre de deux clandestins, travaillant dans l'ombre pour chercher la lumière ; Doran, et sa jeune disciple Amel.
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