Chapitre 7 : Deux princes...

Après sa balade avec son père, Marc fut congédié dans sa chambre car le roi avait des choses à régler avant la soir avec son oncle. Mais, en partant, il lui avait promis de revenir le voir avant le soir pour lui montrer quelque chose d'important.

Désormais dans sa chambre, le jeune prince se demandait de quoi il s'agissait... Il soupira et s'allongea sur son lit, trouvant que son seizième anniversaire était mouvementé... Entre son escapade du matin, sa course pour rentrer, son cours de danse catastrophique, sa nourrisse qui semble faire des cachotteries, son oncle qui lui montre toujours plus de mépris et son père qui a besoin d'évacuer un peu de sa tristesse, pour après le faire courir jusqu'au château, puis le laisser en plan dans la confusion... Pourquoi a-t-il fallu que son seizième anniversaire se passe ainsi ?

Il soupira encore en se disant que ça serait encore pire au soir, avec tous les invités qui allaient lui parler de sa vie de prince, lui poser des questions sur le fait d'être le prochain roi ou, carrément, demander s'il a déjà reçu des propositions de mariages ou s'il espère un décès rapide de son père (car certains nobles du royaume le voient déjà dans la tombe et pensent que le prince se languit d'être roi) ... Rien que d'y penser, le prince avait déjà envie de fuir !

- « Allez, ne pas y penser ! Il faut que je me change les idées... »

Il vit la sacoche qu'il avait prit au matin pour aller en ville et qu'il avait précipitamment jeté près de son bureau quand il est revenu se changer pour vite aller à son cours de danse. Il se leva en se disant qu'il ferait mieux de la ranger avant que son oncle ne la voie et ne veuille fouiller dedans !

En la prenant, il fit tomber par mégarde un papier blanc, plié en deux, comme une petite lettre...

Il se rappela ce matin et, en allant ramasser la lettre, se dit avec un soupire intérieur qu'il allait devoir s'arranger pour pouvoir en donner deux ce soir à son parrain. Il la tourna et retourna dans sa main, hésitant à la lire, mais se retient. Il savait que ça gênait Raphaël, il ne voulait pas lui faire de la peine...

Il alla à son bureau et ouvrit un tiroir. Il fouilla sous les liasses de papiers qu'il avait mis là exprès et ressortit un bout de papier similaire à celui que le gris avait donné au matin. Il s'assura qu'il y avait bien la petite signature en bas et constata que le « S » signature du gris s'y trouvait bien ! Pas de doute : c'était la précédente lettre de Raphaël !

Il les mit toutes les deux dans une enveloppe qu'il ferma avec le sceau d'Argenta, afin que son parrain comprenne d'où venait la lettre, sans se douter de qui l'a écrite. Il avait également pensé à écrire aux dos de chaque lettre l'ordre de lecture, au cas où...

Il soupira de soulagement, en pensant au gris et à son amour impossible pour le « Roi du Miel », comme certains de ses sujets l'appelaient. Cet amour, rendu déjà impossible par la distance, l'écart d'âge et le fait qu'ils soient tous les deux des hommes, devient dangereux quand on sait que l'un est marié, père et, en plus de ça, roi d'un royaume qui ne juge que par la richesse et le pouvoir ! Si Raphaël venait à tenter quelque chose un jour, il pourrait être accusé de tentative de corruption du roi et il se ferait couper la tête sans préambule !

Marc déglutit difficilement, en s'imaginant que l'aide qu'il apportait aujourd'hui pourrait conduire l'amoureux secret à l'échafaud... Cet amour est définitivement très dangereux, autant pour le prince que pour le transit d'amour !

- « En parlant d'amour... » songea le prince en se rappelant ce que le gris lui avait donné, en plus de la lettre.

Il se précipita à son sac et en sorti la page de journal, légèrement froissée à cause du voyage dans le sac.

Les yeux du prince s'illuminèrent, alors qu'il s'apprêtait à découvrir quels nouveaux trésors cette page gardait. Il l'ouvrit le plus lentement possible, malgré son impatience.

Il découvrit une nouvelle succession de dessins, illustrant son héros, le « Chevalier Rebelle », dans plusieurs aventures différentes. Il y avait quatre dessins, comme à chaque fois : sur le premier on le voyait encerclé de chevaliers en armures noir, sur le second il était face à un ogre géant à la peau noir, aux cheveux jaunes et aux lèvres rouges. Les deux derniers n'étaient pas des scènes d'actions, mais des scènes d'émotions : sur celle la plus à gauche, on le voyait à genou, en train d'embrasser la main d'une jeune femme rousse avec une couronne de fleur, et sur l'autre on le voit serrer, avec un sourire triste, cette même femme en pleur, comme illustrant un énième adieu du héros à la belle femme, son amour interdit...

Ce n'était pas les premiers dessins que le noiraud avait reçu sur le Chevalier Rebelle ! Il a commencé à les collectionner vers ses 11 ans, le jour où Raphaël s'est ramené à la bibliothèque avec un journal de Tournesol et l'avait lu avec le noiraud.

Raphaël, n'aimant pas la sédentarité, passe sa vie sur les chemins et est chez lui un peu partout. Mais, malgré le fait qu'il n'ait aucune attache nulle part, il a quand même établi des bases dans quelques villes, notamment à Argenta et Pétale, où il loge soit chez Pierre, soit chez un ami au Royaume de Tournesol.

Après avoir su ça, il n'était plus surprenant pour le prince de voir son ami venir à la bibliothèque avec des pâtisseries de l'empire du Dragon, des herbes médicinales de la Forêt de Jade ou des journaux des autres royaumes, surtout celui de Tournesol.

En lisant le journal avec le gris, Marc avait vu les dessins, entre deux articles sur l'art, et, si le gris n'y avait pas porté grande attention, Marc en est tombé littéralement amoureux. Il avait demandé à son ami s'il pouvait prendre la page de journal et ce dernier avait accepté, sans vraiment chercher à savoir. Mais, plus étonnant encore pour les amis du prince, ce dernier a commencé à écrire des mises en scènes pour chaque dessin, sous forme de poème, jusqu'à écrire un roman retraçant les aventures du Chevalier Rebelle.

Ce fut Pierre qui lui a soufflé cette idée, après l'avoir vu en train d'écrire un poème en s'inspirant d'un dessin. Pierre fut le premier à lire, contre le gré du prince, les poèmes qu'il faisait et lui a donné des conseils pour les mettre bout à bout et ainsi écrire un roman lyrique. Le brun a suivi ses conseils, après avoir redemandé encore et encore des dessins au gris, jusqu'à ce que ce dernier ne pose sa condition...

Il ressortit le tout premier dessin fait par ce dessinateur anonyme... Ce n'était ni une scène d'action, ni une scène d'émotion, juste des portraits des deux personnages vu principalement sur les dessins : le Chevalier Rebelle et la Reine Déchue.

Les deux personnages étaient roux, mais la reine avait des petites mèches brunes qui assombrissaient ses yeux bleu ciel. Le Chevalier Rebelle avait, quant à lui, plus une allure de vagabond que de chevalier... Souvent représenté à cheval, ses jambes ne sont pas très visibles, mais il ne semble pas porter de soleret, comme les chevaliers classiques ! Il ne porte pas non plus de heaume, seulement une espèce de chapeau violet très sombre, plat, qui tombe légèrement sur l'arrière. Il portait quand même une cuirasse sur le torse et on voyait parfois, sur certains dessins, une cotte de maille en dessous, mais ses bras n'étaient pas protégés et on voyait les manches blanches rayés de noir de ses habits. Ses cheveux roux sont coiffés sur le côté et coloré de violet aux bouts et ses yeux sont d'un bleu plus sombre que celui de la reine. Son visage était, pendant les scènes d'action, toujours couvert de peinture violette et noir afin de cacher son identité, mais, dans les scènes d'amour ou quand il est en civil, sa vraie peau est claire et son visage a un aspect doux et réconfortant.

Alors qu'il contemplait les dessins, Marc s'allongea sur son lit en soupirant de joie.

- « On voit qu'il est inventé : c'est impossible qu'un homme soit si beau... pensa-t-il avant de rougir. Mais... Qu'est-ce qu'il me prend ? Oh, bon sang... Si mon oncle apprend que j'ai ce genre de pensée... Purée de papier, je suis mort ! »

Il plaqua ses mains sur ses joues, conscient qu'il rougissait.

- Ralentis, stupide cœur ! murmura-t-il, comme s'il avait peur que tout le château l'entende battre.

Il s'est tapé un peu le visage avant de se lever, de sortir un carnet de son sac et de s'installer à son bureau. Ces nouveaux dessins lui avaient inspiré plusieurs scénarios ...

Il écrivit un moment, sans voir les heures défiler, quand il entendit, après avoir écrit plusieurs pages, quelqu'un toquer à sa porte.

Il grogna pour dire à la personne d'entrer, mais reçu pour seule réponse :

- Tu pouvais aussi dire « Vas-y, entre papa d'amour » ou encore « Ma chambre t'appartient, elle est comme le château de mon cœur » ... Ou encore...

Marc leva les yeux au ciel avec un petit sourire et se leva en soupirant, amusé par son père qui faisait l'idiot.

Il ouvrit la porte et sursauta en voyant son oncle aux côtés du roi. Il s'attendait à ne voir que son père, alors quand il vit son oncle, son aura menaçante et son air agacé, il se crispa et perdit le sourire.

- Eh bien, ce n'est pas trop tôt ! dit le comte avec agacement.

Le prince baissa la tête et son père posa sa main sur l'épaule de son frère.

- Calme-toi, Mon Frère ! Rien ne presse ! dit-il d'une voix douce.

- Les invités vont bientôt arriver et on risque de ne pas avoir le temps de faire ce que tu voulais faire, si on traine trop ! Je te rappelle que c'est toi...

- Je sais et on aura le temps ! dit le roi sur un ton sans appel.

Le comte grogna et leva les yeux au ciel.

- Dans ce cas suivez-moi...

Marc commença à marcher derrière son oncle, aux côtés de son père, et demanda à ce dernier :

- Où on va ? Et pourquoi c'est si urgent ?

Le roi hésita, puis dit avec un sourire :

- Je t'ai raconté l'une des manies qu'avait ta mère, avant chaque bal ou chaque réception ?

Marc fit « non » de la tête.

- Elle demandait toujours à voir sa robe une heure avant la cérémonie...

- Et elle aurait dû s'y prendre plus tôt, vu les résultats... coupa le comte.

- Félix, je ne t'ai pas demandé ton avis ! répondit le roi avec agacement.

Le comte continua sans se préoccuper du père et du fils.

- Bref, tu sais pourquoi elle voulait voir ses robes ?

Le prince fit à nouveau « non » de la tête, ce qui amusa son père.

- Figure-toi qu'elle voulait les retoucher ! Elle adorait manipuler les tissus, et ça bien avant qu'on se rencontre, alors quand j'y ai dit qu'elle devrait porter une robe confectionnée avec les plus beaux tissus, elle a immédiatement demandé à la voir. Je l'y ai emmené une heure avant le début de la cérémonie et, après l'avoir vu, elle a exigé que je sorte. Je l'ai attendu à la réception et elle est venue quinze minutes en retard, mais elle a su se faire pardonner par sa beauté : ni moi, ni mon père, ni ceux qui avaient fait la robe n'avions reconnu ce qu'elle portait ce soir-là, tellement c'était beau. Beaucoup ont voulu l'inviter à danser, ce soir-là...

- Mais ton père était pire qu'un chien de garde et il grognait à chaque fois qu'un homme s'approchait ! Ton cher parrain et moi n'avons même pas pu la saluer ! coupa le comte sur un ton moqueur que Marc ne lui connaissait pas.

Le roi passa une main derrière sa tête, gêné, tandis que Marc gloussait, en imaginant son père comme un chien qui grogne devant tout ceux qui approchent sa mère.

Son oncle dut l'entendre, car il tourna légèrement la tête pour regarder son neveu. Ce dernier, croyant avoir fait une bêtise, s'arrêta et détourna la tête, honteux. Il lança néanmoins un regard vers le comte et le vit détourner la tête, une drôle de lueur au fond des yeux qui surpris Marc.

Son père reprit :

- Bref, c'est devenu un rituel, avant chaque bal : elle allait voir les couturières et les tisserands et elle modifiait un peu sa robe en ajoutant du tissu, de la dentelle et des fils d'or pour la rendre encore plus belle, sans pour autant qu'elle ait l'air surchargé. Et c'est pour ça...

Le roi s'interrompit quand Félix s'arrêta devant une porte en chêne, magnifiquement bien vernie au point qu'on l'aurait dit faite de pierre précieuse, qui portait une pancarte où était écrit : « Atelier de création et d'habillage »

Marc déglutit difficilement, en s'imaginant ce qui l'attendait...

Son oncle ouvrit la porte et laissa apparaitre une salle au sol et aux murs couverts de parquet et de tapis de tissu rouge et orange, qui se mariaient bien avec le marron du sol et des murs. Dispersé dans la pièce, des mannequins de bois et de tissus se dressés, habillés ou non, des cloisons de séparations permettaient de l'intimité si certains voulaient essayer les tenues et des miroirs étaient accrochés tout le long des murs.

Au centre de la pièce, trois mannequins trônaient, tout trois vêtus. L'un, sur la droite, portait une longue robe aux tons de mauve sur le buste qui se dégradaient progressivement vers le bleu sur la jupe, avec des motifs de plumes violettes et roses sur le bleu, et, au centre de la jupe, un voilage vert jade. Un autre, à l'opposé, porte un costume simple, constitué d'un pantalon noir, d'une chemise gris sombre, avec par-dessus une veste au tissu violet très brillant. Mais c'est celui au centre qui attira le plus l'attention du prince : il est composé d'un pantalon noir et blanc, complètement asymétrique, et d'une veste avec les mêmes couleurs, également asymétrique, avec un cercle moitié noir moitié blanc au centre du buste.

Le troisième costume, étant plus petit que les autres, était surement celui du prince ! Ce dernier n'en croyait pas ses yeux, tellement il était à la fois simple et beau.

Le roi posa ses mains sur les épaules de son fils et murmura à son oreille :

- Aujourd'hui, je m'étais dit que tu pourrais faire pareil, si cela te tente. Tu n'es pas obligé de toucher toi-même au tissu, si tu as peur de ne pas savoir t'y prendre, mais si tu veux changer quelque chose tu pourras !

Le prince ne su quoi dire, sur le moment...

- Pourquoi noir et blanc ? demanda son oncle.

- Le noir est la couleur de la royauté au Royaume de la Lune ! Pour ce qui est du blanc, c'est la couleur que portait souvent Marinette, quand elle était enceinte... J'ai pensé qu'associer les deux illustreraient bien notre fils : le parfait résultat de cette parfaite union !

Marc rougit en entendant son père parler de lui comme ça. Il ne se trouvait pas aussi parfait !

Après avoir discuté un peu avec le comte, le roi dut s'en aller, laissant son fils réfléchir. Il lança quand même à son fils avant de partir :

- Dis leurs ce que tu veux, elles ont une heure pour réaliser tous tes désirs ! Et n'hésite pas à demander, cadeau de ton oncle !

Et ils partirent, laissant Marc seul avec les couturières.

Il soupira.

- « Que vais-je bien pouvoir demander de réalisable en une heure ? »

Il ne voulait pas changer les couleurs, c'était un choix de son père... Et la forme semblait convenir... a moins que...

- Est-ce que je peux l'essayer ? demanda-t-il timidement.

Les dames hochèrent la tête et lui montrèrent une cloison dans un coin de pièce. Il s'y installa et commença à enlever ses habits, refusant poliment leur aide. Il prit un voile laissé là pour lui et l'enroula autour de son corps pour le cacher, quand l'une des habilleuses vint lui apporter les habits.

Il sortit et se montra aux dames. Elles semblaient satisfaites de leur travail, mais lui était gêné. Il se regarda dans le miroir : il trouvait son visage trop exposé !

La chemise du costume était ouverte sur le haut du buste et dégageait son visage. De plus, les couleurs de l'habits mettaient malheureusement trop en valeur sa peau claire et ses cheveux noirs.

Ça le gênait d'être vu comme ça... Il devait trouver de quoi être plus à l'aise ce soir !

Une idée le traversa, quand il pensa à son ami aux cheveux gris, toujours la tête couverte de sa capuche, quand il sort...

Il demanda aux couturières si c'était possible de faire ça en une heure, ce à quoi elles répondirent positivement.

Il espérait pouvoir en profiter pour s'éclipser, mais elles avaient malheureusement besoin de lui pour de nombreux essayages avant la finalisation.

Il soupira et jeta un coup d'œil à la fenêtre, alors que le soleil avait presque fini sa descente. Il vit quelques carrosses en bas du château, chargés d'invité... Il les fixa, appuyé sur la fenêtre, pendant que les couturières discutaient du procéder. Il soupira en pensant qu'il n'avait pas pu se changer les idées...

- « La soirée va être longue, mais au plus vite ça passe au plus vite tout redeviendra comme avant ! Et puis, ce n'est qu'une fois par an... J'ai hâte que ça se termine ! »

* * *

Résumé :

La veille de l'anniversaire du prince Marc, la Reine Tania de Tournesol a imposé à son fils, Nathaniel Kurtzberg de Tournesol, de venir assister à l'anniversaire du prince de la Lune. S'il était réticent au début, sa meilleure amie, Alix, l'a motivée en lui parlant de l'inégalable beauté du prince lunaire. En compagnie de sa mère, de sa nourrisse et de son père, il a voyagé toute une journée jusqu'au royaume de la Lune et il a fini le voyage en dormant avec sa mère, l'un contre l'autre.

Argenta, le matin de l'anniversaire de Marc :

En ouvrant les yeux, le jeune prince est surpris de se réveiller dans un endroit inconnu, plutôt que dans sa chambre. En se frottant les yeux, il détaille son environnement : le sol et le plafond sont tous les deux couverts de parquet et les murs ont des tons de beige et de rouge. Il n'y a pas vraiment de décoration, juste une petite table basse où repose un vase avec des fleurs séchés, un tapis au centre de la pièce et deux tableaux, représentant la montagne ou le palais.

Les souvenirs de la veille lui revinrent peu à peu en mémoire et il se dit qu'il devrait remercier sa mère et Juleka pour l'avoir porté jusqu'à cette chambre.

Il sortit du lit et constata qu'il portait toujours ses habits de la veille. Il vit sa malle au pied du lit et fouilla dedans pour en sortir une tenue décente, puis alla ouvrir l'une des portes au fond de la chambre, pour constater qu'elle donnait sur une salle d'eau privée, avec une baignoire remplie d'eau chaude. Ça l'arrangeait, il n'aurait pas besoin d'appeler quelqu'un pour prendre un bain.

Il se déshabilla en quelques secondes et, une fois nu, se glissa lentement dans l'eau, trop chaude à son gout.

Finalement, après quelques secondes, il s'habitua et commença à se laver. Une fois propre, il profita encore un peu de la chaleur de l'eau pour se détendre, quand il entendit taper fort contre la porte et l'horrible voix de Juleka crier :

- Dépêche-toi de sortir ton cul de là, espèce de fainéant de faux-roux !

Le rouquin soupira en pensant à haute voix :

- Adieu, tranquillité...

La violette avait dû l'entendre car elle se mit à taper plus fort et à crier, comme si elle était vexée :

- Non, mais, pour qui tu te prends ?! Tu t'es cru en vacances ? Bouge-toi de sortir de là avant que...

Elle fut coupée par la porte qui s'ouvrit brusquement. Si elle voulu détourner la tête au début, de peur de tomber sur le prince nu, elle se ravisa en constatant qu'il s'était habillé avant d'ouvrir. Oui, pendant que Juleka criait au scandale, le prince avait eu le temps de sortir du bain, de se sécher et de s'habiller, se tenant désormais droit devant sa nourrisse.

- Bon, qu'est-ce que tu voulais ? demanda-t-il, agacé.

Elle grogna et lui fit signe de le suivre.

- Comme le bal n'est que ce soir, après le couché du soleil, la reine aimerait profiter de la journée pour nous tenir loin du roi !

Le prince fronça les sourcils, se demandant ce qu'il avait pu se passer pendant qu'il dormait pour que sa mère veuille le tenir éloigné de son père durant toute une journée.

Il suivit sa nourrisse dans des escaliers en bois, jusqu'à une sorte de salon, toujours pensif. Son regard croisa celui de la reine et, même s'il essayait de cacher sa réflexion afin de ne pas l'inquiéter, elle comprit son trouble et baissa la tête coupable, comme si elle ne voulait rien dire.

Elle a passé sa main le long de son bras, signe qu'elle avait mal. Pris de peine pour sa mère, il s'assit à côté d'elle sur le petit canapé et lui pris la main. Il encra son regard turquoise dans ses yeux bleu ciel et lui posa une question silencieuse, à laquelle elle sourit tendrement et lui caressa la joue.

- Ce n'est rien, mon chéri !

Il serra la main de sa mère contre sa joue et ferma les yeux pour profiter de sa tendresse. Elle se pencha et lui embrassa le front.

Ce moment était parfait, pour eux, désormais dans leur petite bulle d'amour et de tendresse. Même Juleka n'osait pas les déranger dans leur moment. Seul un gros bruit sourd réussi à gâcher l'instant. La reine sursauta au bruit et se mit à trembler en reconnaissant les pas qui raisonnaient, ce qui alerta le jeune prince. Il la regarda et vit que malgré ses tremblements elle affichait une expression déterminée et entièrement dénuée de peur... ce n'était qu'une façade !

Juleka se tourna brusquement vers l'entrée du salon, comme si elle avait senti l'arrivée du roi. Elle, contrairement à la reine, n'essayait pas de cacher sa peur...

Le prince se leva, quelques secondes à peine avant l'arrivée de son père, et se plaça de sorte à être exactement entre ses parents, pour protéger sa mère.

Il fit quelques pas quand son père l'interpela, faisant enfin apparaitre une trace de panique sur le visage de sa mère.

- Fils, j'ai une grande nouvelle !

- Laissez-moi deviner : vous êtes mourant, Père ?

Le roi se crispa. Nathaniel avait répondu ça avec arrogance et détachement, comme si en réalité il n'en avait rien à faire, histoire d'agacer volontairement son père. Mais un mouvement du coin de l'œil lui fit comprendre que Juleka s'était assise aux côtés de sa mère et avait pris ses mains pour l'empêcher d'agir. Il décida donc de redescendre, afin de ne pas trop l'inquiéter.

- J'en conclue que ce n'est pas ça... Alors, en quoi ça consiste, cette nouvelle ? dit-il avec impatience.

Le roi, conscient qu'ils n'étaient pas seuls, souffla tout l'air contenu dans ses poumons en grognant et dit :

- Tu vas m'accompagner à la cavalerie d'Argenta, situé dans le château !

- Pour faire quoi ? répondit le prince du tac au tac, en regardant le plafond pour montrer son désintérêt.

Aux tremblements que faisaient les mains du roi, Nathaniel comprit qu'il allait perdre patience.

- Pour l'anniversaire du prince, le comte Félix, son oncle, a demandé un cadeau spécial que nous allons dès à présent lui apporter ! Nous en profiterons pour visiter les lieux d'entrainement des chevaliers ! J'ai ouï dire que leurs entrainements étaient impressionnants, ça sera la bonne occasion pour faire tes preuves !

Il entendit sa mère étouffer un hoquet d'horreur, ce qui n'annonçait rien de bon. Il fronça les sourcils en regardant son géniteur dans les yeux et dit calmement :

- Non.

Le roi ne dit rien au début, puis son expression changea et failli presque effrayer le rouquin.

- Comment ? demanda-t-il sur un ton effrayant.

Nathaniel planta fermement ses pieds dans le sol afin de ne pas trembler et répéta, avec un peu plus de force :

- Non ! Désolé, mais je ne viendrais pas avec vous ! dit-il en insistant bien sur le « vous », afin d'exprimer son mépris.

- Et en quel honneur ? Tu as peut-être mieux à faire ? demanda le roi en grognant et en serrant les poings.

Nathaniel n'avait rien à répondre à ça, alors il réfléchit à vive allure, essayant de se remémorer ce qu'il savait sur cette ville, quand une idée lui vint...

Il ferma les yeux et, quand il les rouvrit, les planta dans ceux de son père avec une détermination et une colère effrayante.

Il dit avec assurance :

- J'ai deux raisons : la première est que je ne suis pas venu ici pour me battre ! dit-il avec reproche. Et la seconde est que j'avais très envie de visiter la bibliothèque d'Argenta, connu aux quatre coins du royaume, et hors de question que j'annule cette idée juste pour rester avec toi ! conclu-t-il avec mépris, sapant complètement la politesse qu'il avait essayé de garder devant son père.

Ce dernier ne quittait pas son regard et cette discussion lui rappelait celle qu'ils avaient eu avant de partir. A un détail près : cette fois-ci, soutenir le regard de son fils lui était pratiquement impossible, vu l'intensité de haine que ce dernier dégageait. Il devait néanmoins se forcer à prendre une décision et à punir l'arrogance de sa progéniture, mais aucun mot ne sortait face au feu qui brûlait dans ses yeux ! Il était tétanisé...

Il détourna finalement le regard, n'en pouvant plus, et grogna :

- Bien, fais ce qu'il te plaira !

Le prince fut surpris que son père cède ainsi face à lui, sans menacer de le frapper, mais fit en sorte de ne pas le laisser paraitre.

- Et emmène Juleka avec toi ! repris le roi. Dieu seul sait ce qui peut...

- Bien, et mère m'accompagnera ! coupa le prince d'un ton sans appel.

Le roi voulu protester, mais le prince lui avait déjà tourné le dos, cessant de l'écouter. La reine se leva et Nathaniel lui présenta son bras avec un sourire que la reine lui rendit et ils sortirent tous les trois en laissant le roi seul avec sa colère et sa frustration.

Une fois dehors, à quelques pas de l'auberge, tous soupirèrent un grand coup pour relâcher la pression et la reine donna un petit coup d'éventail sur la tête de son fils.

- Un jour, tu vas me faire avoir une crise cardiaque ! dit-elle en s'éventant pour faire redescendre la pression.

- Navré, mère, mais hors de question que j'aille avec lui et encore moins que je vous laisse seule là-bas !

Elle lui redonna un petit coup.

- On est parti, alors arrête les formalités !

Et il rit de bon cœur, suivit de Juleka et vite rattrapé par la reine. Elle lui fit un câlin et il sourit, en pensant à cet homme qu'il ne supportait pas de qualifier comme père. C'était elles, sa famille ! Sa mère, sa nourrisse, mais également son amie Alix ! Il ne voulait personne d'autre...

Après plusieurs minutes de marche, de câlins et de taquineries, le prince prêta enfin attention à ce qui l'entourait : les rues de la capitale de la Lune, Argenta !

Au premier abord, il trouva l'architecture plutôt simple, lui qui avait lu que la capitale portait bien son nom, avec ses effets argentés et tape à l'œil... Sauf qu'après une observation plus en détail, il remarqua que de nombreuse pancarte, enseigne ou panneaux semblaient fait d'un métal qui brillait comme de l'argent. Il leva les yeux quand un petit faisceau de lumière vint l'éblouir : il provenait d'un lampadaire à bougie, d'où pendaient des petits morceaux de verres qui ressemblaient à du cristal.

Il regarda le sol et les façades des maisons et constata que tout, ou presque, semblait briller à la lumière du soleil. C'était magnifique ! Il imagina, sans le vouloir, son chevalier venir ici et y vivre une nouvelle aventure.

Le voyant regarder de partout avec de grands yeux, la reine lui demanda :

- Quel genre d'aventure ton chevalier pourra vivre ici, d'après toi ?

Le prince sursauta et rougit, en voyant qu'elle avait compris. Il commença à citer des idées d'endroit où le représenter et la conversation dura comme ça quelques minutes, quand Juleka demanda finalement :

- Au fait, tu ne voulais pas aller à la bibliothèque ? demanda la violette au rouquin.

Ce dernier secoua la tête.

- C'est la seule excuse que j'ai trouvée pour ne pas aller avec lui et pouvoir vous emmener, toi et maman ! Mais à part ça, je n'avais pas franchement envie de m'enfermer au milieu de vieux livre poussiéreux !

- Ah, ça tombe mal parce que moi oui ! En avant !

Et elle s'élança, malgré ses chaussures et sa robe, vers une direction inconnue, ce qui fit rire la reine. Nathaniel s'immobilisa.

- Et si on la laissait se débrouiller ? Elle est grande, après t...

- Non ! coupa la reine d'un ton sans appel avant d'entrainer son fils avec elle.

* * *

Ils ont vite rattrapé Juleka devant un bâtiment à la façade de bois et de pierre, qui semblait à la fois vieux et majestueux.

- « Finalement, ça ne me dérange pas de venir ici ! » pensa-t-il avec admiration.

Mais au moment où Juleka s'avançait vers la porte, un garçon en sortit, tenant quelque chose contre lui, et failli la bousculer.

- Pardon ! se dépêcha-t-il de crier avant de se mettre à courir dans la rue.

Il est passé tellement vite à côté du rouquin que ce dernier ne vit pas son visage. Nathaniel se retourna brusquement à son passage, surpris, et le suivit des yeux alors qu'il courait dans le sens opposé du leur.

- « C'est qui, ce type ? Il aurait au moins pu prendre le temps de s'excuser ! »

Tania et Juleka regardaient dans la même direction que lui, avant de se tourner l'une vers l'autre.

- C'était bien qui je pense ? demanda Juleka.

- Il me semble... mais il a bien changé ! répondit Tania.

Le rouquin n'eut pas le temps de les questionner, car d'autres personnes sortirent de la bibliothèque et commencèrent à parler entre elles. Le rouquin les regarda : un vieux aux cheveux gris et aux traits asiatiques, un homme de moins de la trentaine aux cheveux bruns et à la peau basanée et un gars de la vingtaine aux yeux jaunes et cheveux gris.

- « On voit de tout, ici... » pensa-t-il, blasé.

Puis, sans qu'il s'y attende, le vieux saisit l'oreille du basané et le tira dans la bibliothèque en criant, pendant que le gris hésitait à s'enfuir, quand un cri le fit re-rentrer.

D'autres cris s'échappèrent du bâtiment et Nathaniel vit sa mère et Juleka se regarder comme si elles hésitaient.

- On reviendra plus tard ? demanda-t-il, comprenant ce qui les inquiétait.

- Oui, bonne idée ! répondirent-elles en cœur.

- On va manger ? proposa le prince.

- Bonne idée, je meurs de faim ! dit Juleka.

Sur ces belles paroles, ils partirent chercher une table dans les belles rues de la ville.


* * *

Après un repas plus que succulent, Nathaniel devait bien l'admettre, où ils avaient mangé uniquement des spécialités locales qu'ils ne seraient pas capables de décrire, Juleka s'était exclamé qu'elle n'avait pas penser à prendre une robe de bal pour le soir. Si Nathaniel avait répondu froidement qu'elle n'avait qu'à y penser avant de partir, Tania lui a proposé de faire le tour des boutiques de la ville, à la recherche d'une jolie robe qui irait bien à la violette...

Voilà comment Nathaniel s'est retrouvé à attendre, devant une énième boutique de robe, qu'elles trouvent leur bonheur.

- « Si seulement j'avais pensé à prendre de quoi dessiner... » pensa-t-il avec amertume.

Il soupira, quand il entendit le bruit des sabots d'un cheval. Il releva la tête et en vit un entièrement noir lui passer devant, avec sur son dos un homme assez âgé, blond, lui-même vêtu de noir.

L'homme sourit au prince, qui ne sut pas comment réagir.

- Vous m'avez l'air bien jeune et distingué, pour être à la rue ! dit-il sans préambule.

Le rouquin ne sut pas s'il devait être surpris ou piqué par la remarque de cet inconnu.

Il le détailla, alors qu'il descendait de cheval, et constata que ses habits avaient l'air assez noble et cher... peut-être un comte du pays ? Il avait lu qu'il y en avait plusieurs, au Royaume de la Lune...

L'homme avait un grand sourire, mais le prince ne savait pas s'il était moqueur ou bienveillant. Il avait envie de faire comme son père et de lui balancer son statut au visage, juste pour voir sa réaction, mais il n'en eut pas le temps : les dames avaient fini !

- Boutique suivante, Nath... commença la reine, avant de voir l'inconnu.

Celui-ci la vit aussi et sourit encore plus fort.

- Je me disais bien que ce gamin me faisait penser à quelqu'un ! dit-il.

Juleka se précipita vers le blond et lui sauta au cou en criant « Adrien », confirmant qu'elles le connaissaient toutes les deux.

Nathaniel restait sans voix, quand sa mère vint près de lui :

- Je te présente le roi Adrien Agreste, du Royaume de la Lune. C'est un ami d'enfance, à Juleka et moi !

Elle s'approcha à son tour, d'un pas plus mesuré, et prit le blond dans ses bras avec douceur.

- Comment tu vas ? demanda-t-elle doucement.

- Ça va. Je profite d'avoir un peu de temps libre pour sortir avec mon fils... dit-il en montrant un autre cheval.

- « Le prince ? » se demanda Nathaniel en tournant la tête vers le cheval montré, mais il ne vit rien à part un attroupement de dame.

Il essaya de s'approcher, mais Juleka le retint au col.

- Vaut mieux éviter !

Adrien les regarda et dit avec un sourire amusé :

- En effet, vu comment ça s'agite là-bas, il va bientôt essayer de fuir ses prétendantes...

- « Prétendantes ? » pensa le rouquin, surpris.

... Je vais remonter et l'emmener plus loin, là où on sera tranquille ! Vous faites du commerce ?

- On cherche juste une robe à Juleka ! dit le rouquin sans quitter l'autre cheval des yeux, cherchant toujours à voir quelque chose.

Adrien fut surpris de l'entendre parler pour la première fois et se tourna vers lui, mais le rouquin n'en avait rien à faire. Le blond sourit et s'exclama :

- Tu dois être le petit Nathaniel, je me trompe ?

Le rouquin ne répondit pas, ce qui fit croire au roi qu'il était intimidé.

- Tu ne te souviens peut-être pas de moi, mais on s'est rencontré quand tu avais 10 ans, lors de l'alliance : tu étais tellement petit et apeuré que tu réussissais à te cacher dans les plis de la robe de Tania !

Le rouquin rougit et sa mère sourit tendrement. Mais le roi n'avait pas tort : il ne se rappelait de rien !

- Votre fils vous accompagnait, à l'époque ?

Le roi paru surpris par la question, mais réfléchit tout de même.

- Non, il ne m'a pas accompagné, ce jour-là... dit-il, avant d'enchainer devant l'air déçu du prince : En revanche, on était tous les deux présents pour tes 11 ans ! Tu t'en rappelle ?

Le prince fit « non » de la tête. Il ne se rappelait pas de grand-chose, à cette époque, à part que pour célébrer l'évènement la reine avait fait en sorte d'éloigner le roi et s'était arrangé pour que tout ses anciens amis, ainsi que leurs enfants, soient réunis. Il se souvient également que c'est ce jour-là qu'il a rencontré Alix : elle s'était incrustée pour voler des friandises, mais Nath l'avait surprise et elle avait failli se faire arrêter par les gardes, s'il ne lui avait pas donné un coup de main pour sortir. C'est comme ça qu'ils sont devenus amis et que la jeune fille a pu trouver une place au palais !

Le roi reprit, déçu, mais sans perdre son sourire :

- Bon, dommage... Bah, ça vous fera une excuse pour discuter ce soir ! D'ailleurs, en parlant de ce soir... reprit-il en montant à cheval. Je connais un endroit où vous trouverez votre bonheur !

Il tendit un petit papier à la reine et lui donna également une petite médaille.

- Allez à cette adresse et montré ça à Mireille et Aurore en disant que c'est moi qui vous envoie ! Quant à toi, Nath, tu peux aller à la bibliothèque, où tu trouveras certainement du calme, mais si tu veux un peu d'aire frais, il y a le jardin Rochard, à la sortie Ouest ! A moins que tu veuilles faire autre chose ?

Le rouquin réfléchit et demanda :

- Vous savez où je pourrais trouver du papier et de quoi dessiner ?


* * *

L'après-midi du prince fut plus calme qu'il ne s'y attendait. Après avoir acheté de quoi dessiner à l'endroit indiquer par le roi, il s'était rendu au jardin Rochard, une magnifique étendue de verdure, parsemé d'arbre et de buisson fruitier, où avaient élues domicile des statues d'homme, de femme et de créatures féériques.

Il avait passé l'après-midi à les dessiner ou à dessiner des passants, en étant très souvent interrompu par ces derniers qui parlaient du prince Lunaire. Il ne savait pas pourquoi, il ne pouvait pas s'empêcher d'arrêter sa besogne pour écouter certains propos, toujours gentil et honorant :

- « Son Altesse Marc faite ses 16 ans ce soir ! Il parait qu'il sera encore plus beau qu'à l'accoutumé ! » avait dit une femme à son amie.

- « Je paris qu'il va choisir sa future femme ce soir, comme le roi au même âge ! » en dit une autre.

- « Je regrette tellement de ne pas pouvoir accompagner mes parents ! Il parait que le prince est très gentil et bienveillant ! » dit un jeune bourgeois.

Nathaniel avait dû entendre ce genre de remarque toute l'après-midi, jusqu'à ce qu'il décide de partir un peu avant que le ciel ne devienne orange.

Quand il arriva à l'auberge, sa mère est Juleka étaient déjà rentrés et cette dernière essayait la robe qu'elles avaient achetés.

Nathaniel resta surpris face au spectacle qu'il voyait. Il n'avait jamais vu Juleka si belle : la robe qu'elle portait était blanche du buste jusqu'à son nombril, où elle commençait à se teindre de paillette d'or, et, sur toute la jupe en partant du bassin, devenait violet. Mais ce qui impressionnait surtout le rouquin c'était sa coupe : elle moulait à merveille la silhouette de la violette et mettait en valeur ses formes avec un décolleté très plongeant. Son dos était à peine caché par un fin voile de dentelle noire qui laissait voir sa peau et ses épaules étaient dénudés, mais ses bras couverts du même voile, lui donnant un côté à la fois élégant et sensuel. Avec la robe, elle avait choisi une paire de ballerines violette et dorée.

Le rouquin restait sans voix face à cette métamorphose. Elle était tellement belle, habillé comme ça et avec ce petit sourire au visage.

- Alors ? Qu'en penses-tu ? demanda la reine.

Le rouquin sortit de sa rêverie.

- Tu es magnifique, Ju !

Elle sourit et dit en plaisantant :

- Toi, en revanche, on ne peut pas en dire autant ! Va te préparer, on t'a fait monter de l'eau chaude !

Il les remercia, avant de se précipiter, encore rouge, à l'étage prendre son bain et s'habiller.

Alors qu'il arrangeait son costume du soir devant le grand miroir qu'on lui avait apporté, il entendit quelqu'un toquer à sa porte.

- Entrez ! dit-il distraitement, concentré à sa tâche d'arranger sa cravate.

Sa mère entra, une pièce de tissu plié dans ses bras.

- Tout va bien, mère ?

Elle leva les yeux au ciel, mi agacée, mi amusés, et vint se mettre à côté de lui.

- On t'a acheté quelque chose, avec Juleka...

Le prince baissa les yeux vers la pièce de tissu orange qu'elle avait dans ses bras. Elle la prit part les extrémités et la laissa se déplier gracieusement, dévoilant un étrange symbole noir, semblable à une lune. Il le reconnut aussitôt :

- Ce n'est pas... commença-t-il, impressionné.

- L'emblème du Royaume de la lune, en effet !

- Mais... Pourquoi... ?

- C'est quelque chose qui m'a surprise aussi, au début. Adrien m'a expliqué que c'était un peu comme une tradition, mais que pour nous c'était spéciale, car on faisait comme parti de la famille !

Elle se mit en face de son fils et lui passa les mains autour des épaules, pour lui installer la pièce de tissu, en réalité une parure d'épaule.

Tout en lui accrochant, elle continua son récit :

- Lors du pacte entre nos royaumes, Adrien m'a offert un collier avec le même emblème et il a exigé que je vienne toujours avec. La raison officielle, celle qu'il a utilisé pour ne pas inquiéter ton père, est qu'on est désormais membre d'un seul et même royaume...

Elle fit une courte pause, avant de sourire.

- Mais c'est en réalité le symbole d'appartenance à la même famille !

Elle s'écarta, pour regarder son œuvre et sourit :

- Désormais, mon fils, le temps de quelques jours, tu appartiendras au Royaume de la Lune ! Je veux que ce soir tu sois fier de porter ce symbole !

Il regarda ses épaules, puis se regarda dans le miroir. L'orange de la parure allait bien avec le costume qu'il s'était choisi et, en se tournant pour voir son dos, il sentit des petits picotements le long de son dos...

Il se sentait bizarre, comme si ça lui paraissait fou qu'on lui offre un traitement aussi important à lui, un étranger qui n'était jamais venu... Il culpabilisait un peu, maintenant... il avait l'impression de ne venir que pour les honneurs...

Sa mère vint près de lui, pour être dans le reflet du miroir, et sourit à son reflet.

- Tu es beau, mon fils ! Et tu mérites de porter cet emblème !


* * *

Le soir était tombé, ils avaient dû attendre le retour du roi pour prendre le fiacre et aller au château de la Lune, situé sur une falaise qui surplombait Argenta.

Alors que la petite calèche se frayait un chemin à travers les rues scintillantes de la capitale, le jeune prince de Tournesol pencha sa tête par la fenêtre pour voir le château qui, éclairé par la lune, brillait d'un éclat argenté et fantomatique. Ce spectacle était magnifique !

Nathaniel était plus que fasciné par ce royaume. Tout était beau, les gens semblaient heureux, malgré l'espèce de petite tyrannie que le comte exerçait de temps en temps, et le royaume était prospère !

Sans le vouloir, Nathaniel le compara avec son propre royaume, que son géniteur voulait à tout prix transformer en terre de sauvage... Par rapport à son père, le roi Adrien Agreste lui avait fait bonne impression : il était gentil et souriant et ne semblait pas apprécier tant que ça la violence... Pourquoi les deux avaient-ils finis par unir leurs royaumes ?

Nathaniel soupira : son père venait encore de lui aboyer de rentrer la tête dans le véhicule. Il obéit, sans forcément quitter l'extérieur des yeux et gardait la tête appuyée contre la paroi du fiacre.

Ils arrivèrent finalement au pied de l'unique chemin menant au château. Il était tard, les invités étaient normalement attendus au crépuscule, quand le ciel serait teinté de rouge, afin que la cérémonie commence à la nuit tombée. Eux étaient parti au couché du soleil et allaient arriver juste avant le commencement du bal.

Le carrosse arriva le dernier d'une longue file qui s'arrêtait à l'entrée du château. Le roi de Tournesol pesta qu'ils allaient être les derniers à entrer, que ce n'était pas digne d'eux, des alliés du royaume, ce qui fit lever les yeux des autres passagers au ciel.

Le rouquin profita que le véhicule soit à l'arrêt pour regarder la route qui les séparait encore du château et lui du prince. Il établit à peu près un temps avant qu'ils ne puissent se rencontrer, trépignant d'impatience en se repassant ce que sa meilleure amie lui avait dit sur le prince et sa beauté.

- « Allez, prince, plus que quelques minutes à attendre et je saurais enfin si tout ce qu'on dit de vous est vrai ! J'ai hâte, vivement le bal ! »


* * *
(Salut les gars !
Comment allez-vous ?
Moi, ça va ! Je signe la fin de ma pause et le début de mes vacances avec un nouveau chapitre rien que pour vous !

Alors ? Qu'en pensez-vous ?
J'espère que vous avez aimé le petit concept de similitude, parce qu'il n'était pas facile à réaliser, vu la m*rde que j'ai fait avec la timeline... D'ailleurs, sachez que même si je me suis éclaté à l'écrire je ne le referais pas souvent, vu la galère que c'était pour l'écrire et la longueur du chapitre...

Bref, je veux vos avis, parce que après ça, le fluf, le gentil et le mignon chacun de son côté, vous pourrez lui dire au revoir !
Au prochain chapitre, je vais vous faire découvrir des personnages qui seront très importants pour la suite ! Vous savez qui c'est ? Petit indice : ils sont 4, l'un est inventé et les 3 autres sont tous de Miraculous ! Faites vos jeux !

Au fait, vous avez remarqué les petits caméos que Raph, Pierre et Grimm ont fait ? Ou vous avez pas capté, vous êtes resté sur le brun qui s'enfuyait de la biblio ?
Ah ! Et on retrouve le Chevalier Rebelle, aussi ! Je pensais pas le remettre aussi vite, ni qu'il serait aussi central dans la relation entre Marc et Nathaniel !

Au fait, vous avez pensé quoi de la description d'Argenta ?


Allez, bonne journée les Fans des Royaumes !
J'espère vous retrouver très vite !
Gros bisous ! 😘)


P.s : Je m'en suis rendu compte pendant l'écriture de ce chapitre, mais, lors du "Miroir Magique", vous avez reconnu les réf Disney dans la Chambre des Trésors ?

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