Chapitre 4 : Préparatif du bal et cours de danse

(Royaume la Lune, retour au présent)

Résumé :

Marc, pour son anniversaire, s'est offert un moment de tranquillité afin de se rendre à la bibliothèque rendre un livre emprunter et passer un petit moment avec ses amis.

Le jeune prince, après s'être précipité en direction du château, avait prit un passage secret afin de ne pas se faire attraper par un garde. Il rampait désormais dans un conduit de pierre en légère montée. Le conduit était légèrement poussiéreux, mais il sentait également la farine et le pain bien cuit.

Pdv Marc :

- « Enfin, je le sens, je ne suis plus très loin ! » pensais-je alors que le conduit semblait s'aplatir et qu'une bonne odeur de pain cuit et de brioche parvenait à mes narines.

En rampant encore sur quelques mètres, je finis par voir au loin une lumière dorée. J'ai un peu accéléré, quand j'ai senti qu'au-dessus de moi le plafond s'élevait, m'offrant la possibilité de me mettre à 4 pattes et d'aller plus vite.

Au bout du tunnel se trouvait une grille. J'ai regardé un peu de l'autre côté, avant de soupirer de soulagement : comme d'habitude, il n'y avait qu'une personne de présente !

Le tunnel secret conduisait à l'un des conduits d'aérations de la boulangerie royale et cette dernière n'était occupé que par deux personnes : le boulanger et sa femme. Pourtant, quelques fois quand mon absence se faisait remarquer, je pouvais voir à mon retour des gardes qui fouillaient la boulangerie, me forçant à rester caché bien au fond et à attendre qu'ils partent pour sortir et aller m'excuser à mon père.

Mais aujourd'hui, tout est calme et les gens du château, trop occupés à organiser mon anniversaire, n'ont pas remarqué ma disparition. Seule ma nourrisse est au courant, mais je sais que je peux lui faire confiance !

Le boulanger passe devant la grille en chantonnant et je décide de saisir l'occasion. J'ouvre la grille discrètement et me faufile dans la boulangerie en toute discrétion. Je referme la grille et me relève, prêt à partir, quand on m'attrape par le bras.

Je fais volte-face, paniqué, avant de croiser le visage rond et jovial du boulanger. Il souriait, avec sa petite moustache brune, et il dit, avec un ton à la fois doux et taquin :

- Mais regardez qui voilà ! Sa majesté le prince héritier a encore fait une fugue pour aller lire en ville ! Mais que dirait sa majesté le roi et son altesse le comte ? dit-il, moqueur, comme s'il allait m'emmener voir mon père et mon oncle.

- S'il te plait, Papi Tom, ne leur dis rien ! J'ai réussi à rentrer juste à temps, mais je dois rejoindre au plus vite Mlle Rose !

- Alors tu n'as pas le temps de trainer avec tes vieux grands-parents, mon beau ! dit une voix derrière moi.

Je me suis retourné tandis que mon imposant grand-père me lâchait pour me frotter affectueusement la tête avec ses grosses mains. Derrière moi se trouvait une belle femme, d'assez petite taille, avec des cheveux noirs à reflets bleu nuit et des yeux bleu-gris. Elle avait de légers traits asiatiques, légèrement moins prononcé que ceux de Pierre, et une peau claire. Elle portait dans ses mains un plateau de croissant juste sorti du four.

Je me suis avancé vers elle pour lui déposer un léger bisou sur la joue, qu'elle m'a rendu en caressant doucement mon visage.

- Bonjour Mamie !

- Eh, pourquoi tu lui dis « bonjour » et tu l'appelles simplement « mamie » ? Tu m'appelles toujours « papi Tom » et tu ne reste jamais avec moi ! fit le boulanger, faussement offensé.

- Allons, Tom, aujourd'hui il est pressé ! On ne va pas te retenir plus longtemps, mon beau ! me sourit ma grand-mère.

Je lui souris et lance un geste de la main à mon grand-père avant de commencer à partir, quand ma grand-mère me retint par la manche.

- Prend un croissant, tu dois être affamé ! me dit-elle sur un ton doux.

Sans hésiter, j'ai pris l'une des viennoiseries, avant de me précipiter vers l'extérieur.

- Merci Mamie Sabine ! A ce soir tous les deux !

Ils m'ont fait de grands gestes du bras, avant que je ne les perde de vue.

Tout en mangeant le croissant, j'ai couru dans les couloirs, en empruntant des détours stratégiques, afin de ne croiser personne, surtout pas mon oncle ou son horrible concubine.

Je suis finalement arrivé à ma chambre sans souci. J'ai quitté mes habits sales que j'ai jeté dans un panier en me disant qu'il faudrait que je pense à demander à un domestique de les apporter à laver. J'ai enfilé une tenue généralement utilisé pour les bals et j'ai voulu sortir, quand j'ai percuté quelqu'un...

Je suis tombé à la renverse et la personne qui m'est rentrée dedans aussi.

- Pardon, veuillez m'excuser ! dis-je d'une même voix avec l'autre personne.

On s'est regardé, avec la personne, et j'ai pu reconnaitre la petite blonde aux yeux bleu qui se tenaient devant moi, dans son adorable petite robe rose : c'était Mademoiselle Rose, ma nourrisse !

- Mademoiselle Rose ! Vous allez bien ?

Je me suis redressé pour venir lui porter assistance, quand elle m'a devancé et a attrapé ma main pour me tirer à travers les couloirs.

- Qu'est-ce que... ? demandai-je, surpris.

- Votre oncle va passer dans moins de 10 minutes pour constater vos progrès ! S'il arrive et qu'il ne constate rien ou pire : qu'on n'y est pas...

J'ai dégluti avec difficulté en songeant à ce que mon oncle pourrait nous faire et j'ai accéléré pour me mettre au même rythme que ma nourrisse.

- Je vous promets qu'il ne vous fera rien ! On y sera avant lui !

Elle m'a souri et on a continué à courir, alors que dans ma tête la même phrase se répétait en boucle :

- « Enfin, j'espère... »

* * *
(Presque 10 min plus tard)

Nous avions réussi à arriver à la salle d'entrainement, où ma nourrisse me donnait des cours de danse, avant que mon oncle ne pointe le bout de son nez, mais...

On a essayé de répéter un peu, et maintenant je suis assis au sol, adossé contre l'un des miroirs, complètement démoralisé suite à une énième chute et à un énième orteil d'écrasé.

Mlle Rose vient vers moi avec un sourire compatissant.

- Allez, Prince Marc ! Réessayons une toute dernière fois, je suis sûre que vous allez y arriver !

- Mademoiselle Rose, je pense que cela ne sert à rien... Je fais que tomber ou vous marcher sur les pieds !

Elle se met à genou devant moi et je détourne la tête avec mon air attristée habituelle.

- Je peux vous raconter quelque chose ? me demande-t-elle en murmurant.

Je tourne les yeux vers elle, même si je sais que ce n'est pas une histoire comme je les aime, et je hoche la tête.

- Vous voir essayer et échouer à danser me rappel quand votre mère essayait d'apprendre à danser.

Je me suis tourné vers elle, surpris et intrigué. Habituellement, personne à part mon père n'a le droit de parler de la défunte reine Marinette – ma mère – devant moi et il n'y a que mon père qui m'a déjà raconté des histoires sur elle, sans jamais me parler de ces cours de danse.

- Ma mère... prenait des cours aussi ? demandai-je, surpris.

- Oui ! répondit-elle avec un grand sourire. Du moins, elle a commencé quand votre père s'est mis en tête de l'inviter à pratiquement toutes les réceptions organisées au château ! Si votre grand-père paternel, le roi Gabriel Agreste, ne s'y est jamais opposé, il a quand même exigé qu'elle soit bien apprêtée et qu'elle sache danser. Et je peux témoigner, devant les dieux, que, si elle savait toujours être magnifique, ce ne fut pas chose aisé de lui apprendre à danser : elle était pire que vous et, malheureusement pour elle, ma mère avait très peu de patience... Pour vous dire, un jour elle a hésité à la fouetter...

Marc déglutit difficilement, tout en remerciant le ciel de l'immense patience dont Mlle Rose faisait preuve avec lui.

- Mais, un jour, dit-elle pour reprendre son récit, votre père est venu assister aux entrainements de votre mère et il l'a vu tomber. Ma mère a commencé à crier sur Marinette et votre père est intervenu, exigeant que nous partions. Il y avait un bal le soir-même et votre père devait ouvrir la piste de danse par une valse avec votre mère... Que le ciel me transperce si je mens en disant que je n'avais jamais vu pareille danse ! conclu-t-elle en exagérant un peu le ton de sa voix et avec des gestes démesurément grands.

J'ai ri. Mon père ne m'avait jamais raconté cette histoire et ça me fit sourire d'imaginer ma mère à ma place, apprenant à danser...

- Comment a-t-elle réussi ? demandai-je, intrigué.

- Personne ne le sait ! Elle a passé une après-midi entière dans cette salle, avec votre père, sans sortir un seul instant. Certains pensent que Dame Nathalie était derrière tout ça, mais personnellement...

- Dame Nathalie ? coupai-je, intrigué. Qui est-ce ?

- Qui ?

- Vous avez parlé d'une certaine « Dame Nathalie » ... Qui était-ce ?

- J'ai dit ça ? demanda-t-elle, elle-même surprise.

- Euh... Oui, il m'a semblé...

- Mais non, mon prince ! Vous avez dû mal entendre ! dit-elle en passant sa main dans mes cheveux. Bien... où en étais-je ?

- Je...

- Ah oui, votre mère ! Bref, moi je pense que réussir à danser ne vient pas d'une volonté propre ou de cours particulier ! Je pense que tout vient du partenaire : dès qu'on a trouvé le bon, ou la bonne, partenaire, on peut danser avec autant de beauté et d'élégance qu'une étoile dans le ciel ! finit-elle, l'air rêveuse, avec des paillettes dans les yeux.

J'ai souri, amusé par toute cette conversation.

- Mlle Rose, les étoiles ça ne danse pas ! dis-je en riant.

- Mais si ! Tu comprendras ce que je veux dire quand tu auras trouvé ta partenaire idéale !

Elle conclut sa phrase en se relevant.

- En attendant, montre-moi ce dont tu es capable une dernière fois ! dit-elle en me tendant la main, avec un sourire d'encouragement.

J'ai souri en lui prenant la main et elle m'a aidé à me relever. On s'est mis en position, presque collé l'un à l'autre, l'une de ses mains sur le haut de mon bras gauche, tandis que ma main de ce même côté allait se poser un peu au-dessus de ses hanches, et nos mains restantes se mirent l'une dans l'autre.

Je connaissais les positions par cœur, j'aurais pu les prendre sans même regarder, par automatisme ! C'est la suite, qui est plus compliqué...

Elle a entamé la danse en faisant un pas de côté et je l'ai suivi sans quitter mes pieds des yeux. Normalement, le danseur ne doit pas quitter les yeux de sa partenaire, mais j'avais tellement peur de lui écraser les pieds que je n'ai pas levé les yeux du sol. Et, finalement, ce qui devait arriver arriva : ne suivant pas le rythme de ma partenaire, je n'ai pas fait attention à ses déplacements et j'ai perdu l'équilibre, la percutant au passage et la faisant tomber à ma place.

Elle poussa un petit cri en se retrouvant par terre.

- Mademoiselle Rose, tout va bien ? Excusez-moi...

- Ce n'est pas grave, mon prince ! Ne vous en faites pas, je vais bien !

J'y ai tendu une main pour la relever, quand j'ai entendu des bruits de pas raisonner de l'extérieur de la salle. Je reconnu ce bruit... il me fit froid dans le dos. J'ai tourné la tête, pour voir arriver un homme plutôt grand et fin, à la bel chevelure blonde-dorée coiffé sur le côté, aux yeux vert brillant et au teint clair et rayonnant. Il était habillé de l'uniforme des régents, avec une magnifique veste bleu nuit sur une chemise blanche et un pantalon noir, et à son bras se tenait accroché une jeune femme brune, aux yeux kaki et à la peau couleur pain d'épice, portant une robe rouge sombre, avec par-ci par-là un peu de dentelle noir.

Les deux se regardaient avec amour, mais quand le grand bond quitta la jeune femme des yeux, son regard devint froid.

Quand il posa son regard de glace sur moi, je sentis des frissons de peurs me parcourir tout entier. Je ne savais pas ce qui était le pire entre son regard froid ou le regard de profond mépris que me lançait la femme pendue à son bras. Elle avait l'air de tellement me détester et je ressentais toujours cette mauvaise sensation en sa présence.

- Comte Félix ! Dame Lila ! Bienvenue ! dit Rose en essayant de radoucir l'atmosphère pesante qui s'était installé.

- Merci beaucoup, Mademoiselle Rose ! répondit poliment le comte. Comment se passe ces leçons ? Mon neveu progresse-t-il ?

Il avait posé sa question en détournant le regard de moi, comme si ma vue le dégoutait, ce qui devait être le cas, et s'était adressé à ma nourrisse en parlant comme si je n'étais pas là.

- Il progresse, votre Altesse, et il fait de son mieux ! Cependant...

- Cependant quoi ? demanda le comte avec agacement.

- Cependant, il ne pourra pas ouvrir la piste de danse comme vous l'auriez voulu... répondit-elle d'une petite voix.

Le comte – mon oncle – serra les poings. On aurait dit qu'il se retenait de la frapper... Je suis resté tétanisé, tellement j'avais peur.

- Mademoiselle Rose, pouvez-vous nous laisser ? J'ai à m'entretenir avec le prince !

Elle fit une petite révérence au comte, avant de partir, me lançant au passage un regard compatissant.

Dès qu'elle fut parti, le comte Félix se tourna brusquement vers moi, une lueur de colère au fond des yeux.

- Mais bon sang, qui m'a foutu un incapable pareil ? Pas foutu d'exécuter trois pas de danse comme il faut ! Comment on va faire, ce soir, à l'ouverture du bal, si tu ne sais pas danser correctement sans nous ridiculiser ?

J'ai baissé la tête, affrontant les reproches en me retenant de pleurer. C'était toujours la même chose : il était toujours en train de me crier dessus à la moindre erreur, sans faire preuve d'un minimum de compassion... à croire qu'il me déteste...

- Eh, on se calme, ici ! dit doucement une voix douce et chaleureuse.

J'ai tourné la tête vers cette voix, pour voir entrer mon rayon de soleil. Malgré son teint blafard, son œil triste, ses quelques cernes sous les yeux et sa chevelure déjà grisonnante, mon cœur parti au galop de joie et de soulagement en voyant cet homme entrer.

- Papa ! criai-je en me précipitant vers lui.

Il sourit et me prit dans ses bras en caressant ma tête noire. J'avais le visage enfoui contre son torse, le frottant à ses habits comme si j'essayais de m'y cacher, ce qui le fit rire. Je devais lui rappeler la période où j'étais enfant.

Il reprit son sérieux en s'adressant à mon oncle :

- Est-ce vraiment important, que Marc ouvre le bal ou non ? Pour danser avec qui, de toute manière ?

- C'est son anniversaire, je te rappelle : ça serait illogique que quelqu'un d'autre n'ouvre le bal, surtout maintenant qu'il est en âge de le faire ! Et je me permets de te rappeler, Mon Frère, que le Royaume du Miel a une charmante princesse qui ferait une magnifique cavalière !

J'ai gémi dans les habits de mon père pour lui faire comprendre que je ne voulais pas réaborder le sujet « Mélissa » et, sans le regarder, j'ai su qu'il souriait avec tendresse.

- Mon Frère, et si nous faisions danser quelqu'un d'autre pour l'ouverture ?

- Qui, Monsieur « Ma-Femme-Me-Manque-Et-Je-Suis-Incapable-De-M'en-Trouver-Une-Autre » ?

J'ai senti mon père se crisper. Même après plus de 10 ans, lui rappeler la mort de ma mère le rend toujours triste... Moi aussi, parfois, je suis triste, mais quand on parle d'elle comme ça, presque avec légèreté, je me sens comme à moitié vide... Comme s'il me manquait la moitié de quelque chose...

- Pourquoi pas nous ? demanda Lila, avec entrain, sans se rendre compte qu'elle aurait mieux fait de prendre un ton moins enjoué et énergique, voire de se taire.

J'ai sorti la tête des habits de mon père pour les regarder, mon oncle et elle. Elle souriait à mon oncle avec un regard suppliant. Ce dernier ne put s'empêcher de sourire devant cette enfant pourrie gâtée qui lui servait de concubine.

Mais, si lui souriait, moi j'avais mal et je pouvais sentir que mon père aussi. Leur attitude, dans ce genre de situation, était vraiment déplacé et irrespectueuse ! Malheureusement, que se soit moi ou mon père, nous nous gardions bien de leur faire la remarque, mon père pour ne pas blesser mon oncle et moi par manque de courage...

Finalement, mon père en eu marre et, dans un soupire, il dit :

- Très bien, Mon Frère... Si cela te convient, alors vous ouvrirez la piste de danse tous les deux !

Félix n'eut pas le temps de répondre qu'on partait déjà, moi toujours accroché à mon père et lui un bras autour de mes épaules.

- Papa...

- Viens, allons faire un tour ! dit-il avec plus de légèreté. Mais avant ça...

Il rapprocha brusquement son visage du mien et me fit un petit bisou sur la joue avant de coller son visage à mes cheveux.

J'ai souri de plaisir. J'aimais beaucoup ces petits moments d'affections qu'on partageait ! Nous étions vraiment très proche et, aujourd'hui, je ne vois pas ma vie sans mon père...

... Tu vas me faire le plaisir d'aller te laver ! Tu sens la sueur, la farine, la poussière et... on dirait une odeur de vieux livre !

Je me suis crispé en rougissant fortement. J'ai levé la tête vers lui, inquiet, et il m'a souri, confirmant mes craintes, mais me rassurant également : il ne comptait pas me punir !

- D'accord, papa... répondis-je, un peu gêné.

Il a ri et m'a serré plus fort contre lui. J'ai souri à nouveau. Il n'y a que lui pour me connaitre aussi bien et me comprendre !

- Tu sais que c'est comme ça que je suis tombé amoureux de ta mère ?

Il avait dit ça comme ça...

- « Pourquoi ? Que veut-il dire ? »

J'ai levé la tête vers lui, intrigué.

- Comment ça ?

- Je te raconterai dehors ! Va d'abord prendre un bain et mettre tes habits à laver ! Rose est dans sa chambre, va la prévenir !

J'ai hoché la tête devant le peu d'autorité que contenait sa voix et je suis parti en courant vers ma chambre. Un peu plus loin se trouvait la chambre de Rose. J'ai toqué, en disant simplement :

- Mademoiselle Rose, je vais prendre un bain !

La porte s'ouvrit immédiatement sur ma nourrisse blonde.

- On fait comme d'habitude ?

J'ai souri et j'ai hoché la tête.

- Très bien ! Alors vous allez vous déshabiller dans votre chambre et mettez votre linge dans le panier ! Je vais faire monter de l'eau chaude, puis j'irai faire une lessive avant de vous rejoindre !

J'ai encore hoché la tête, toujours tout sourire. Elle me parlait comme à l'époque où j'étais enfant et qu'elle devait s'occuper de moi pendant que mon père était occupé avec ses devoirs royaux.

On est allé vers ma chambre, où elle a demandé à des valets de faire monter de l'eau chaude pour mon bain. Une fois l'eau prête, elle me laissa mon intimité le temps que je me déshabille et que j'aille à ma salle d'eau.

C'était une pièce assez modeste, avec simplement une baignoire, un petit lavabo, un meuble de rangement en bois de sapin et un miroir de taille humaine. Les murs étaient couverts d'un carrelage marron-rouge qui donnait une impression de chaleur et de douceur, tandis que le sol était couvert d'un carrelage noir comme la nuit.

J'avais demandé à mon père d'y faire installer quelques tapis de fourrure, pour donner un peu de couleur à ce sol si sombre et, à présent, le sol est gris près du lavabo, brun autour de la baignoire et blanc devant les meubles de rangement où étaient pliés quelques pièces de tissus qui serviront à essuyer mon corp une fois sorti de l'eau.

J'avance vers la baignoire fumante et, au moment de passer devant mon miroir, je m'immobilise. Je tourne la tête et rencontre le regard vert pistache de mon reflet. Je reste quelques instants comme ça, figé, à fixer cette version de moi immatériel et pourtant bien présente...

Chaque jour, je pouvais voir les modifications que le temps apportait à mon corps et chaque jour ça devenait de plus en plus effrayant, au point que me retrouver face à mon propre reflet me tétanisait. Hier, mon corps avait changé aussi, mais aujourd'hui encore des changements sont à constater : mon torse, mes épaules, mes hanches et mon dos sont désormais formé afin de se préparer à accueillir de futures formes, notamment des muscles qui devraient se développer avec de l'exercice !

Tout cela, tous ces changements... j'en avais peur !

Je fus sorti de ma contemplation par des bruits contre la porte de ma salle d'eau, qui me firent sursauter et lâcher un petit cri aigu et à peine audible.

- Votre altesse ? Tout va bien ? Est-ce que je peux vous aider ? demanda Rose de l'autre côté de la porte.

- Euh... Non, pas maintenant, s'il vous plait...

Je me suis dépêché de me mettre dans mon bain, me promettant de couvrir ce miroir la prochaine fois. L'eau était agréablement chaude et m'arrivait à mi buste, ce qui était agréable et très relaxant.

Je fis comprendre à Rose qu'elle pouvait entrer et je l'ai attendu, adossé à la baignoire. Quand elle ouvrit la porte, j'eut ce petit réflexe habituel de croiser les jambes et les bras, afin de cacher le plus possible mes parties intimes et un peu le haut de mon corps. Autre chose qui changeait : j'étais très gêné de mon corps vis-à-vis des autres, surement à cause de certaines remarques de mon oncle...

Mademoiselle Rose comprenait et ne m'en tenait pas rigueur. Au contraire, ça semblait bien l'amuser, car, comme d'habitude, elle entra avec un sourire amusé et une bassine dans les mains, contenant certainement mes produits de nettoyages.

Elle s'assit sur le rebord de la baignoire et me demanda de me redresser un peu. A l'aide de la bassine, elle prit de l'eau et me la versa sur la tête sans ménagement. Sous l'effet de l'eau, mes cheveux s'aplatirent et une partie me tomba sur les yeux, me faisant glousser. Je l'ai écarté, tandis que Rose touchait ceux dans ma nuque.

Elle murmura, l'air songeuse :

- Je pense qu'il faudra bientôt songer à les couper... Ils commencent à être long...

Je l'ai regardé, intrigué, et j'ai vu une petite lueur de tristesse au fond de ses yeux. J'ai compris qu'elle pensait à ma mère, dont j'avais hérité des cheveux...

- En fait... Moi je les aime bien comme ça... Si on pouvait les laisser...

J'avais dit ça de manière sincère. Je me moquais royalement qu'on se moque en parlant de mes cheveux et de leur longueur, je ne veux pas changer juste pour ne pas « ressembler à ma mère » !

Rose m'a regardé et m'a souri. Pour m'embêter, elle m'a envoyé le fond d'eau qu'il restait dans la bassine au visage et j'ai ri en lui envoyant des petites pichenettes d'eau.

Après cette petite bataille navale, elle m'a appliqué le produit nettoyant sur la tête, comme à un enfant, et, comme un enfant, j'ai fermé les yeux pour ne pas me piquer. Elle a frotté mes cheveux entre ses mains avec douceur, me donnant l'impression d'être encore cet enfant dont elle avait et a toujours la charge des soins... Inconsciemment, je l'aimais comme une deuxième maman !

Après avoir nettoyé mes cheveux, elle prit un tissu qu'elle mouilla et appliqua un autre produit. Elle me demanda de lever les bras et de garder la tête redressée, ce que je fis, avec un sourire enfantin et amusé. Elle leva les yeux au ciel et appliqua vivement le tissu contre ma peau, sans me faire mal. Le produit se mit à mousser et à dégager une douce odeur de fleur que j'aimais énormément.

Quand elle eut fini de me savonner le haut du corps, elle posa le tissu sur le bord de la baignoire, rassembla ses affaires et commença à partir en me lançant un clin d'œil, comme « d'habitude ». Je l'ai remercié d'un sourire et, une fois qu'elle eut passé la porte, je me suis mis debout pour savonner le bas de mon corps. Ça aussi, ça avait changé : ce respect pour mon intimité.

- « Mais ça ne me déplait absolument pas ! Au contraire, je la remercie de faire l'effort... » Pensai-je en souriant.

Une fois propre, je suis sorti de l'eau, un peu à contre-cœur, et j'ai pris l'un des grands tissus pliés sur les étagères de sapin pour essuyer et couvrir mon corps.

Je suis sorti, la serviette autour de ma taille, et j'ai trouvé des habits pliés sur mon lit, avec un petit mot...

J'ai lu :

« Son altesse, votre père, le roi veut que vous mettiez ça !

Rose ! »

J'ai souri, la remerciant en pensée, et j'ai pris l'ensemble pour l'enfiler. Une fois prêt, je me suis regardé dans le miroir pour les ajuster et contempler mon reflet.

L'ensemble d'habits que mon père avait faits monter était magnifique et, de mon point de vue, m'allait bien ! C'est un joli sous chemise de toutes les couleurs, sous une veste rouge, aux bords et coutures noir, avec un pantalon bleu délavé par endroit. Pour aller avec ça, j'ai décidé de prendre des chaussures et accessoires que j'avais acheté moi-même en ville : des gants d'équitation ne couvrant que la paume de la main et remontant le long du poignet, un collier ras-de-cou en cuire, une bague en argent trouvé dans les affaires de ma mère et des chaussures montantes surélevées, comme des talons.

J'ai mis la bague au majeur de ma main gauche et j'ai quitté ma chambre pour aller rejoindre mon père aux écuries, là où j'étais sûr qu'il m'attendait.

* * *
(Aux écuries)

Comme je m'en doutais, mon père se trouvait aux écuries près de deux chevaux : l'un entièrement noir, l'autre d'un gris tellement clair qu'il paraissait blanc.

Lui aussi avait changé d'habit : avant vêtu de la cape blanche du roi, par-dessus une chemise noire, et d'un pantalon de la même couleur, maintenant il portait fièrement une veste blanche par-dessus sa chemise noire et avait opté pour un pantalon couleur ciel qui semblait plus léger que celui de l'habit officiel du roi. Cet ensemble semblait lui rendre l'âge qu'il avait vraiment.

Il a souri en me voyant et je me suis jeté dans ses bras pour un gros câlin dont on avait le secret. Le câlin dura un peu, mais pour nous ils étaient toujours trop court, et quand on se sépara il m'indiqua les chevaux, me laissant choisir.

Je suis monté sur le blanc : c'était celui de ma mère, autrefois...

On est parti en ville tout en parlant un peu entre nous. Il ne disait pas grand-chose, il s'excusait surtout à cause de mon oncle et de ses propos de plus tôt, mais il savait que je ne lui en tenais pas rigueur. Une fois à la capitale, Argenta, des gens vinrent vers nous – ou plutôt vers moi – pour me souhaiter un joyeux anniversaire ou me féliciter, ce qui me mit un peu mal à l'aise...

Un groupe de jeune femme fit son apparition et m'encercla littéralement, me faisant des compliments, me collant énormément aussi, me forçant à rester à cheval pour les dissuader de trop s'approcher... Ce n'était pas méchant, mais ça me gênait et me mettait mal à l'aise, surtout qu'elles semblaient plus vouloir le titre de future reine qu'autre chose !

A bout de patience, j'ai finalement tapé les flancs de mon cheval afin de rejoindre mon père à une allure plus élevée, dans un départ un peu brusque qui effraya les dames.

Arrivé au niveau de mon père, j'ai ralenti pour me mettre à son rythme de balade. J'ai poussé un gros soupire de soulagement et il a ri.

Il allait parler, mais je l'ai devancé :

- Dis que ça te rappelle Maman et je rentre ! dis-je, à la fois embarrassé et agacé par sa manière de se moquer.

- Pourtant c'est le cas, d'une certaine manière ! dit-il en riant un peu, malgré son ton un peu triste.

Je l'ai regardé, intrigué, et il m'a lancé un regard qui se voulait à la fois taquin et provocateur.

- Je croyais que tu rentrerais si je comparais ce magnifique exemple de fuite face à la gente féminine à ma rencontre avec ta mère ? dit-il, moqueur.

- Non, tu as piqué ma curiosité ! dis-je en levant le menton, d'un air outré qui le fit rire.

Je l'ai accompagné dans son rire et, quand on se fut calmé, je demandais, hésitant, mais curieux :

- Tu peux développer, s'il te plait ? Tu avais promis de me parler d'elle...

Il eut l'air triste, mais sourit légèrement. Ces souvenirs étaient à la fois doux et douloureux pour lui...

- D'accord, je vais te raconter ça ! Cependant il faudra que tu me promettes une chose...

- Ce que tu veux ! dis-je sur un ton doux et compatissant.

Il se pencha et posa sa main sur l'une des miennes.

- C'est l'un des premiers souvenirs que j'ai eus avec elle... S'il te plait, j'aurai besoin de toi après, je le sens... Alors, s'il te plait, reste avec moi ! dit-il la voix étouffé par les pleurs qu'il retenait.

J'ai posé ma main sur la sienne en murmurant :

- Je suis là, ne t'en fais pas...


* * *
(Hey, les gars ! Comment ça va ?
Alors ? Je sais tenir mes promesse : le chapitre ce week-end !
Je sais, c'est de justesse, mais on s'en fout !

Alors ? Vous en avez pensez quoi ?

Comme vous pouvez le remarquer, même si le chapitre présente beaucoup Marc et les membres de sa "famille", si je peux dire, il est surtout centré sur ses relations avec eux, notamment sur celle avec son père.

D'ailleurs, qu'avez-vous pensé d'Adrien et Félix, même s'ils sont peu vu ?

Je voulais parler d'autre chose, mais comme je ne me souviens plus, je compte sur vous m'aider à m'en souvenir en lançant des sujets !


Je crois que ce chapitre est l'un des plus court, non ?


Sur ce, je vous dis à après les vacances, chers Fans des Royaumes, car, comme dis dans une annonce vendredi, je compte me mettre en pause le temps de ces vacances-ci ! M'en voulais pas, mais j'ai besoin de repos et de profiter de ma famille pendant les fêtes !
Période compliqué oblige ! J'espère que vous comprendrez...

Gros bisous les amis et passez de bonnes fêtes !😘
A l'année prochaine !😉

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