Chapitre 2 : L'âme d'un prince

(La veille de l'anniversaire du Prince Marc Anciel-Agreste)

De l'autre côté du continent, dans un palais de brique blanche, de tuile rouge et doré et entouré d'une végétation variée et luxuriante, des tintements de métal s'élevaient de l'une des cours intérieures.

Au Palais de Tournesol, deux hommes s'affrontaient à l'épée, dans ce lieu habituellement dédié au repos ou aux arts, sous les yeux d'une jeune femme à l'œil moqueur, mais intéressé.

Le plus grand, vêtu d'une amure brillante sous le soleil, donnait par moment des conseils à son adversaire, plus jeune, mais pourtant vaillant et précis dans ses coups. Ils avaient tellement l'habitude de s'affronter que le jeune savait exactement comment son ainé bougeait, mais malgré tout son adversaire arrivait encore à le battre avec des techniques et mouvements inattendu !

Comme celui-là : il s'est élancé vers son jeune adversaire, l'épée tendu vers lui, comme s'il voulait le transpercer et le tuer, mais l'autre garçon avait su être plus rapide et esquiver en pivotant sur le côté, désormais en bonne position pour le frapper dans le dos, mais son adversaire s'est brutalement retourné avant qu'il n'ait eu le temps de bien préparer son attaque. Le jeune garçon, surpris, eut juste le temps de placer son épée au milieu en guise de bouclier, mais fut quand même repoussé par la violence du coup.

Il réussit néanmoins à rester droit, ses pieds dérapant légèrement dans la terre, et il se remit en position de combat, malgré une mèche de cheveux qui tombait sur une partie de son visage et lui cachait un œil, prêt à fondre à nouveau sur son adversaire.

Ce qu'il fit immédiatement, faisant voler ses cheveux roux flamboyant.

Son adversaire, essoufflé et pas préparé à une nouvelle attaque, mit juste son épée entre lui et le jeune combattant. S'ensuivit alors un duel de force entre les deux, légèrement dominé par le plus grand, et ce dernier pu voir de près l'étincelle d'exaltation qui dansait dans les yeux turquoise du jeune homme et le sourire déterminé qu'il affichait à chaque fois que leurs duels devenaient plus intéressants.

Alors qu'il commençait à faiblir, le chevalier dit entre ses dents serrées par l'effort :

- Vous vous améliorez de jour en jour, Majesté !

- Allons Kim, tu sais que je n'aime pas quand tu m'appelle comme ça en combat ! Surtout quand je suis sur le point de gagné ! répondit le plus petit sur un ton confiant, presque arrogant.

Et, dans un ultime effort, il repoussa l'arme de son adversaire vers le haut et profita de la zone vulnérable dégagé pour se jeter sur lui et le percuter frontalement.

Le chevalier, Kim, étouffa un hoquet de surprise et de douleur. Il réussit à ne pas tomber, mais recula en titubant, son épée dans une main et l'autre main sur son ventre désormais douloureux.

Il haletait, la voix rauque.

- Pas mal, pas mal...

Et, alors que le rouquin commençait à savourer sa presque victoire, il s'élança, l'épée à la main droite et le poing gauche fermé comme s'il s'apprêtait à le cogner. Le jeune rouquin fut surpris par une si soudaine vivacité et n'eut pas le temps de réagir assez vite !

Kim le désarma avec son épée et, d'une magnifique balayette, fit tomber son adversaire au sol. Ce dernier, tellement surpris par la vivacité du chevalier, malgré la fatigue et les coups encaissés, ne quitta son état de stupeur qu'une fois au sol, à demi allongé, en train d'essayer de se relever.

Kim pointa son épée sous le cou de son adversaire et dit sur un ton moqueur :

- Vous avez réussi à me convaincre, je vous appellerai Nathaniel, désormais !

Il rapprocha la pointe de sa lame de la gorge du rouquin et ce dernier eut un mouvement de recul avec une grimace énervé.

- En revanche, vos techniques un peu moins ! Et ce n'est pas avec ça que vous arriverez un jour à me battre !

- Tu crois ? demanda Nathaniel sur un ton déterminé qui virait peu à peu à la colère.

Il donna brusquement un coup de pied dans le poignet du gagnant, faisant voler son épée plus loin, puis se jeta sur la sienne et se releva d'un bond, prêt à se battre à nouveau.

Il s'immobilisa quand il vit son adversaire se tenir le poignet, essoufflé et tête baissée, faisant comprendre à Nathaniel que le combat était terminé.

Quand il releva la tête, son regard était tellement dur qu'il fit frissonner Nathaniel.

- Tu savais que le combat était fini une fois ta chute ! dit-il sur un ton fort de reproche. Tu le savais car tu connais les règles de notre royaume, dont celle-ci : il est interdit d'attaquer un adversaire au sol !

Il secoua sa main, comme pour faire partir la douleur, puis alla ramasser son épée pour la ranger dans son fourreau.

- Tu avais perdu dès l'instant où tu as lâché ton épée ! Tu aurais dû rester au sol et ne pas chercher à aller plus loin car tu sais que je ne t'aurai pas attaqué après ! continua le chevalier sur un ton moralisateur.

- Excuse-moi... marmonna le petit roux.

Le chevalier soupira et se retourna vers lui.

- Finissez votre phrase, au lieu d'attendre que je parte pour marmonner dans mon dos !

- Excuse-moi d'avoir voulu me défendre et de m'être mis en situation de combat réel ! cria le jeune prince.

Kim rit et commença à partir.

- Dans ce cas, attendez d'être vraiment en danger de mort pour vous battre comme ça ! Là, ça vous sera utile ! En attendant, prouvez-moi que votre entrainement suffit à me battre quand vous êtes sur vos deux jambes !

Le rouquin le regarda partir, puis rangea son épée dans son propre fourreau, avant de lever les yeux vers la terrasse qui surplombait la cour intérieure, où se trouvait désormais appuyé contre la rambarde la jeune femme qui les observait plus tôt, sur le point de rire.

Il soupira.

- C'est bon, vas-y...

Il n'eut pas le temps de finir que la jeune femme éclata de rire, agitant la tête d'avant en arrière et faisant bouger avec elle ses cheveux rose comme l'aurore.

Le rouquin soupira.

- Il faut vraiment que je me trouve une autre meilleure amie... dit-il en se massant l'arête du nez.

La rose finit par se calmer et l'invita à la rejoindre d'un geste de la main et toujours avec un grand sourire. Il sourit et se dirigea vers l'escalier qui menait à la terrasse, puis le monta en sentant les courbatures se former le long de son dos, ainsi que les bleus apparaitre sur son bassin, ses bras et jambes. Ces derniers commençaient déjà à s'engourdir et la monté se fit assez compliquer.

Il grogna en arrivant en haut et fut soulagé que son amie soit occupée à leur servir une coupe d'un liquide jaune-doré à chacun et qu'elle ne remarque pas son état.

Il essaya de reprendre une posture plus noble pour s'avancer vers elle, mais trébucha sur le tapis de velours qui recouvrait la terrasse.

Il entendit la jeune femme glousser légèrement, puis des bruits de fauteuil qu'on déplace et de talon sur le carrelage de la terrasse. Quand il releva la tête, il fut surpris de la voir au-dessus de lui, lui tendre une main avec un sourire bienveillant.

Il la prit en lui rendant son sourire, mais grimaça quand elle l'aida à se relever. Elle perdit son sourire et parut inquiète...

- Alix, par pitié, je sais ce que tu vas dire, alors ne dis rien ! dit-il en la devançant.

- La reine va m'en vouloir si elle te récupère dans cet état...

- La reine ne t'en voudra pas vu que ce n'est pas toi qui m'as blessé !

Ils s'échangèrent un long regard où chacun essayait de comprendre les pensées de l'autre, puis la jeune femme se mit à genou, dans une révérence gracieuse.

- Pardon votre Majesté !

Le rouquin n'avait pas besoin de plus pour comprendre qu'il avait blessé son amie. Il se mit à genou devant elle et la força à relever la tête doucement. Elle rencontra son regard et un même sourire prit place sur leurs deux visages.

Ils se prirent la main et allèrent s'assoir sur les fauteuils de bois, d'or et de soie rouge. La jeune femme prit une coupe et la tendit à son ami avec un sourire. Il la prit avec ce même sourire, porta la coupe à ses lèvres, mais dès que le liquide entra en contact avec sa langue, il le recracha dans un bruit fort sonore et très peu princier.

- Mille milliards de... Bordel, Alix ! C'est quoi cette merde ? crai-t-il en essuyant sa bouche souillée.

La jeune femme, bien qu'un peu surprise au début, se mit à glousser.

- Vous devriez voir votre tête...

Le prince bouillonnait de colère, mais également de honte. Il regrettait que la jeune courtisane n'ait pas le droit de se battre à l'épée, sinon il l'aurait défié en duel.

- Alix...

Elle se tourna vers lui et arrêta immédiatement de rire.

- De 1, tu sais que tu n'as pas le droit de me vouvoyer !

Elle leva un sourcil, surprise.

- De 2, qui t'as payé pour m'empoisonner ?

Il foudroya la jeune femme du regard et elle perdit définitivement l'envie de rire. Elle regardait son ami avec un semblant de peur dans les yeux, sans vraiment comprendre ce qui l'énervait le plus...

- Et de 3, comment ose-tu rire ?!

Ah bin finalement si, elle comprenait...

Elle tenta d'étouffer le rire qu'elle menaçait de laisser échapper et répondit, avec un semblant de calme :

- Très bien, Nath, je vais te tutoyer ! Et ensuite, ceci n'est pas du poison mais quelque chose que Merlin m'a donné pour t'aider à avoir moins mal à la fin de tes entrainements ! Et, je sais, le gout n'est pas terrible, mais c'est pour ton bien !

- Mon... commença le prince.

Il se laissa aller lourdement dans son fauteuil, la main sur son front, en ne laissant échapper qu'un soupir :

- Max...

- Oui, Max, ton Merlin ! Le prend pas mal, mais maintenant qu'il est devenu magicien, tu lui dois un peu plus de respect ! N'oublie pas qu'il est au-dessus de toi, maintenant qu'il est Merlin !

Ce mot agaçait Nathaniel. Car oui, la hiérarchie au Royaume de Tournesol n'est pas la même qu'à d'autre royaumes... Si ailleurs la famille royale est en haut de tous, à Tournesol c'est différent : le roi et la reine sont les chefs politique, comme partout ailleurs, mais en dessous d'eux ne se trouve pas leurs enfants ou leurs généraux, mais un parfait inconnu portant le titre « Merlin ».

Les Merlins sont des magiciens aux services des rois et reines de leur royaume, apprenant la magie dès leurs plus jeunes âges et ayant un grand intérêt militaire ou, dans le cas de Tournesol, pacifique et diplomatique. C'est pour cela que le Merlin du royaume se doit d'être au plus proche du monarque en place et que le prince se retrouve en infériorité hiérarchique par rapport à ce magicien.

Max n'était pas le premier Merlin auquel le jeune prince avait déjà dû obéir, mais là une chose l'empêchait de s'y plier...

- Alix, ce binoclard a le même âge que moi ! Pourquoi je devrais le respect que je dois à un Merlin normal à ce... minus ! Vraiment, il n'aurait pas dû devenir Merlin avant que moi je devienne roi !

- Nath, tu t'entends ? Regarde-toi : tu accordes un respect bien trop important à un chevalier plus âgé de peu ou à une simple « dame de compagnie », mais tu refuses d'accorder le respect que mérite un Merlin parce qu'il a ton âge ! Et tu te plains qu'il a progressé trop vite, mais et toi ? T'arrives à tenir tête au meilleur chevalier de la garde rapproché de tes parents, alors que tu ne t'entraines avec lui que depuis tes 10 ans et que vous n'avez pratiquement pas de temps à vous consacrer l'un l'autre ! Quant à ce « minus », comme tu dis, il...

- Assez ! cria le jeune homme.

Alix sursauta et s'apprêtait à protester, avant d'abandonner. Quand il faisait usage d'autorité comme maintenant, il valait mieux se taire définitivement... C'est un mauvais côté qu'il a pris chez son père !

Il la regarda et appuya ses coudes contre la table et posa sa tête dans ses mains. Le silence se fit et il ne fut interrompu que par un soupire du prince.

Le rouquin leva les yeux vers son amie avec une mine blasé, puis regarda le fond de liquide dans sa coupe avec un air méprisant. Néanmoins, il saisit la coupe et la vida d'une traite, en se retenant de recracher et, après avoir avaler, de vomir.

Mais, malgré l'immondice du liquide, qu'il sentait jusqu'au fin fond de ses entrailles, il sentait que ses courbatures semblaient se résorber et ses douleurs, causées par les coups, disparaitre.

Il posa lourdement la coupe sur la table et, avec une main devant sa bouche pour se retenir de rendre le liquide, dit d'un ton dégouté :

- Voilà... Contente ? demanda-t-il en réprimant un haut le cœur.

La jeune courtisane sourit tristement et hocha la tête. Elle savait que s'il avait fait ça c'était pour éviter le conflit avec elle. En effet, si elle aimait le taquiner, l'embêter ou, carrément, lui « chercher des puces », elle n'aimait pas les conflits. Surtout avec lui...

- Très contente ! Merci, mon Roi !

Il rougit à cette appellation. Ce n'était pas la première qu'on le comparait à son père ou, encore, qu'on le voyait déjà sur le trône et c'était très énervant venant de quelqu'un d'autre... Mais il savait que venant d'Alix c'était uniquement une marque de grand respect et d'amour.

Il cacha, ou essaya de cacher, son visage derrière l'une de ses mains afin qu'elle ne voie pas ses rougeurs aux joues, mais c'était visiblement trop tard : elle souriait, attendrie.

Elle se leva et vint s'accroupir à côté du siège du prince. Il lui jeta un regard, les joues rouges et la vit lui sourire et le regarder comme si elle attendait quelque chose...

- Que... Quoi ? bégaya-t-il en la regardant en face.

Elle gloussa, fière de son coup, et se redressa. Elle voulait simplement attirer l'attention du prince, mais maintenant une autre idée lui venait en tête. Elle s'assit sur l'un des accoudoirs du fauteuil du roux et se laissa glisser « maladroitement » sur ses jambes. Elle se tourna vers le prince et le vit devenir plus rouge que les tissus des fauteuils. Elle sourit et posa son front contre celui de son « ami », en enroulant ses bras autour de son cou.

Elle était, de base, un peu plus petite que Nathaniel, mais, assise de la sorte, ses yeux arrivaient à la hauteur du front du rouquin, ce qui était pour elle une grande satisfaction.

Le rouquin plongea ses yeux bleu turquoise dans ceux bleus ciel de la jeune femme. Il aimait ce genre de moment... ces moments calmes, où ils étaient seuls et où il pouvait se perdre dans ses yeux. Il avait l'impression d'être allongé dans l'herbe et de regarder le ciel sans jamais voir un seul nuage ternir cette belle couleur qu'il aimait tant.

- A quoi tu penses, mon Roi ? demanda la rose devant son air perdu.

Elle avait les lèvres beaucoup trop proches de son visage. C'était à la fois perturbant et tentant.

- Au fait que je déteste quand on m'appelle comme ça...

Elle parut surprise, mais sourit tristement et allait se lever, quand il la retint par les haches.

... quand ce n'est pas toi qui le fais ! compléta-t-il dans un murmure qui ne fut entendu que par elle.

La jeune femme rougit, ses yeux passant de ceux de Nathaniel aux mains de ce dernier, toujours sur son bassin. Il comprit que c'était autant ces paroles que les gestes associés qui l'avaient fait rougir. Il sourit et remonta ses mains dans le bas de son dos et la tira pour la remettre comme elle était précédemment. Elle lui rendit son sourire, les joues toujours colorées de rouge, et s'appuya confortablement contre le torse du prince, en posant sa tête sur son épaule.

Ce dernier faillit appuyer sa propre tête contre celle de la jeune femme, quand il entendit des bruits de talons qui l'interrompirent. Il reconnut ces bruits de pas et se crispa. Sa « dame de compagnie » le sentit se crisper et sembla enfin se rendre compte du bruit. Elle se leva brusquement et tomba en se prenant le pied de la table basse.

Il se leva pour aller l'aider à se relever, peu importe qui le verrait avec elle aussi proche. Il s'accroupit près d'elle en la prenant par le bras pour l'aider. Une fois tous deux debout, il regarda dans la direction des pas qui se rapprochaient... pour voir sortir de derrière une colonne de marbre blanc une femme aux traits fins et jeunes, au teint légèrement plus coloré que celui du roux, mais aux yeux bleus similaires aux siens et à la chevelure rousse claire décoré de petites mèches brunes et d'une couronne de décoration floral en or et de vraies fleur rose.

Comme à chaque fois, il restait ébloui devant la beauté de cette femme et en vint à se figer complètement, en oubliant qui se tenait encore très proche de lui, son bras dans sa main. Quand les yeux de la femme se posèrent sur lui, il rougit complètement devant la tendresse qu'ils contenaient.

Il bégaya, comme à son habitude :

- Ah... Euh, je... vous... je...

Il finit finalement par lâcher le bras de son amie pour se précipiter vers la femme et à jeter un genou au sol devant elle. Il prononça, avec un peu plus d'assurance :

- Bonjour ma Reine !

Elle sourit et se tourna vers la femme à ses côtés. Cette dernière avait de longs cheveux noirs qui arrivaient jusqu'à sa taille fine et se teintaient de violet à partir des épaules, des yeux orange mélancolique et une allure moins éblouissante que la reine à ses côtés.

- Juleka, peux-tu aller t'assurer qu'Alix va bien ?

La mélancolique hocha la tête et partit vers la rose, qui se tenait le bras et arborait un air coupable. Nathaniel n'osait pas les regarder, de peur de manquer de respect à la magnifique femme devant lui.

Passé quelques secondes à murmurer entres elles, Juleka et Alix finir par passer à côté du rouquin et ce dernier entendit leurs pas s'éloigner, jusqu'à totalement disparaitre.

- Nathaniel ? Peux-tu me regarder, maintenant, s'il te plait ?

Docile, il releva la tête... pour voir la femme, avec un air faussement outré, lui donner un petit coup sur la tête avec son éventail fermé.

- Combien de fois t'ai-je déjà dit de ne pas être aussi formel, même en présence de nos amis ou de sujet ?

Il passa sa main sur sa tête en évitant le regard de la reine. Le coup n'avait pas été fort, elle ne l'aurait jamais blessé, mais il se sentait coupable de mettre un tel écart entre lui et elle.

Il la vit néanmoins se baisser et lui glisser deux doigts sous le menton pour le forcer gentiment à la regarder.

Elle lui sourit tendrement, lui faisant comprendre que ce n'était rien. Et il rougit, honteux de la trouver si belle...

- Allez, relève-toi mon chéri ! murmura-t-elle, pleine d'amour.

- Euh... Ou... Oui, mère...

Il s'exécuta en détournant les yeux et l'entendit soupirer.

- Nath, qu'est-ce que je t'ai aussi dit concernant ce genre de formalité ? demanda-t-elle, l'air vraiment agacé. Tu peux m'appeler « Maman » !

- Désolé, mais... vous savez que père...

Elle lui prit brusquement le menton et le força à la regarder droit dans les yeux. Ses yeux bleus étaient à la fois intimidants et magnifique. Cette étincelle de colère les faisait briller d'une manière unique et impressionnante... il aimerait, un jour, avoir cet éclat au fond de ses prunelles turquoise.

- De 1, ne me vouvoie pas !

Le ton dur de sa mère le fit sortir de sa contemplation. Elle ne lui parlait jamais aussi durement et froidement, sauf quand il s'agissait d'un sujet particulier...

- Et de 2, je ne suis pas ton père !

Il grimaça, coupable. Elle retira sa main de son menton et la déplaça sur la joue de son fils. Son autre vint prendre place à l'opposé et elle se rapprocha pour poser affectueusement ses lèvres sur le front du prince, pour s'excuser de la dureté de son ton.

Il posa une main sur le poignet de sa mère et leva les yeux vers elle. Elle était tellement belle, tellement forte... il se demandait comment il pouvait descendre d'une femme comme elle, lui qui n'avait aucun trait physique particulier, qui n'était pas très robuste et qui pliait facilement en combat... Malgré tout ce que disait Alix, il n'avait nullement l'étoffe d'un roi ! Il était destiné à rester derrière les autres toute sa vie...

- Eh, je t'interdis de penser ça !

Il sursauta et rougit. Il oubliait trop souvent que sa mère savait lire en lui mieux qu'en n'importe qui...

- Nath, tu auras beau ne pas me croire toute ta vie, mais je te le redis : tu es la plus belle chose qu'il m'est été donné de voir au monde ! Tu es une vraie merveille ! Le plus beau cadeau que le ciel m'ait fait dans cette vie remplie d'orage ! Je t'aime plus que tout, mon fils ! Sois en sûr à jamais !

Il sourit, les larmes aux yeux. Oui, lui aussi, il aimait sa mère plus que tout !

* * *

(Quelques minutes plus tard, dans les jardins du palais)

Mère et fils marchaient côte à côte entre les arbres et les buissons, profitant de la brise fraiche qui leur apportait les senteurs douces des herbes médicinales du Merlin ou des fleurs odorantes de Juleka.

La reine fut la première à briser le silence :

- J'ai entendu des bruits de métal et de lutte, depuis la fenêtre de ma chambre... Je n'ai pas besoin de demander si c'était toi, je veux juste savoir avec qui tu t'entrainais... demanda-t-elle indirectement, avec une pointe d'inquiétude dans la voix.

- Avec Kim ! se dépêcha de répondre son fils.

Elle soupira et parut se détendre. Elle sourit à son fils.

- Je suis contente de savoir que tu t'entraines avec quelqu'un de juste et bon...

Nathaniel ne répondit pas. Il se souvenait comme si c'était la veille du premier chevalier que son père lui avait mis comme professeur et « camarade d'entrainement » ... Une vraie brute, plus dangereuse encore qu'une troupe de minotaure comme on en voit parfois aux portes de la ville...

Lors de son premier jour d'entrainement, le pauvre prince avait cru qu'il allait y rester, si le vaillant Kim ne s'était pas interposé. Sa mère avait assisté à l'affrontement, mais s'était gardé d'intervenir sous les ordres du roi... Ce dernier avait voulu que son fils de 10 ans à l'époque apprenne à se débrouiller seul devant un adversaire plus fort que lui, ce que Kim et la reine n'avaient pas approuvés.

Le soir, le rouquin avait entendu les cris d'une énième dispute entre ses parents raisonner dans tout le château, avant que le roi se fatigue de sa femme et la fasse enfermer dans sa chambre.

- Père ne devrait pas vous faire souffrir de la sorte ! murmura Nathaniel un peu trop haut.

Sa mère le regarda. Voir son air déterminé et agacé dans ce genre de moment la faisait toujours sourire, mais lui provoquait toujours un fond d'inquiétude.

- Qu'est-ce que tu faisais avec Alix, avant que nous arrivions ?

Son fils rougit violemment et elle pu le voir se crisper complètement, signe qu'elle avait mis le doigt sur quelque chose.

Elle n'avait pas essayé de changer de sujet, bien que ce dernier lui déplaise grandement, mais elle et Nath savaient parfaitement quel lien il y avait entre les deux.

- Rien... nous... euh... discutions du combat qui venait de passer... et...

Il était tout rouge et avait du mal à aligner deux mots correctement. La reine eut alors la confirmation qu'elle avait bien interrompu quelque chose entre son fils et la jeune dame de compagnie... loin que cela lui déplaise, elle voulait savoir ce que son fils lui cachait.

- Et ? demanda la reine.

- Et... je... Désolé, Maman, mais c'est trop compliqué à expliquer ! Je...

- Tu l'as embrassé ? le coupa calmement la reine.

Le rouquin resta muet, arborant une magnifique teinte de rouge encore non-répertorié dans les livres d'art de la reine.

Dans d'autres circonstance, elle aurait ri devant la réaction de son fils...

- Je prends ton silence pour un oui. Dit-elle à demi moqueuse.

- Quoi ? Mais... Non, c'est pas du tout ce que tu crois ! J'ai pas... Je... n'ai pas... pas le courage de faire le premier pas...

Il avait dit sa dernière phrase rouge comme un coquelicot, tête baissée et en se tenant le bras comme s'il regrettait une action.

La reine le regarda un instant, avant de partir vers un buisson aux feuilles d'un vert très sombre.

- Je sais que c'est confus dans ta tête... Et je vois également que tu ne veux pas faire de choix pour moi !

Son fils sursauta et la regarda avec timidité. Elle s'accroupit près de l'arbuste et arracha le bout d'une branche où se trouvaient trois petites feuilles sombres et les leva au soleil.

- Nath, je te remercie de faire ce que tu fais pour ne pas me faire de mal, mais je vois bien qu'à la différence de moi, Alix t'aime énormément ! Je ne te dis pas de lui sauter dessus, mais ne la fais pas souffrir en lui mentant ou en voulant mettre de la distance entre vous !

Il s'approcha et s'accroupit près d'elle. Il regarda les feuilles et constata avec émerveillement que, les feuilles étant très fine, quand le soleil passait à travers, elles prenaient une teinte verte similaire à celle d'une émeraude et qu'on pouvait voir quelques veinures sombres partir du centre des feuilles pour rejoindre les bords. C'était magnifique à regarder !

Sa mère cacha la lumière du soleil aux feuilles et elles reprirent leur couleur vert sombre.

- Même dans l'ombre, une infinie beauté se cache et n'attend que le plus petit rayon de soleil pour se montrer !

Elle fit une pause et se tourna vers son fils, qui fit de même. Ils se regardèrent un long moment, avant que la reine ne conclue avec un sourire :

- J'ai passé la plupart de ma vie dans l'obscurité et cette dernière s'est retrouvé plus noir encore après mon mariage... mais, lorsque je t'ai vu pour la première fois, j'ai compris qu'il restait encore un peu de lumière en moi et qu'elle ne pouvait se manifester en beauté qu'à travers toi ! A la différence de toi, qui est un être de lumière : tout est bon en toi et tu n'as aucune part d'ombre ! Tu mérites d'éclairer même les cœurs les plus sombres, mon fils !

Il rougit devant le monologue de compliment que sa mère lui avait fait. Mais... malgré tout, il comprenait que c'était avant tout une mise en garde : en comparant leurs deux vies, elle lui rappelait que lui avait le choix...

Il s'assit lourdementdans l'herbe en soupirant, tandis que sa mère se levait et partait vers unparterre de fleur bleu nuit, violette et blanche.

Elle s'accroupit pour les regarder, avant de lancer à son fils :

- Te souviens-tu de l'alliance faite avec le Royaume de la Lune, il y a à peu près 6 ans ?

Le rouquin soupira et lança avec désinvolte :

- Cette alliance qui n'apportait aucun intérêt à père, mais qu'il a pourtant accepté à la grande surprise de tout le monde ?

- Celle-là même ! dit la reine en riant.

Le silence se fit quelques secondes, où la reine cueillait des fleurs, pour après les tresser en couronne, et où Nathaniel regardait le feuillage des arbres, allongé sur le dos dans l'herbe, les mains sous la tête.

- Demain, c'est l'anniversaire du prince hériter de ce royaume... dit doucement la reine.

- Félicitation à lui ! Et ?

- Nous sommes invités !

- Chouette, amusez-vous bien ! dit Nathaniel, sarcastique.

La reine lui jeta une brindille sur la tête.

- Ne prends pas cet air moqueur, tu viens aussi !



* * *

(Hey, les Fans des Royaumes !

Enfin sorti ! L'ultime chapitre 2 de cette histoire ! Bon, j'exagère un peu, mais j'espère quand même qu'il vous aura plu à lire ! Je voulais le sortir au plus vite, alors je ne vous raconte pas ce que j'ai dû faire, étant interne, pour pouvoir bosser dessus même au lycée ! Et maintenant, je peux enfin être fière de le sortir ! ENFIN !

Bref, comme vous l'avez remarqué, plein de personnage se sont rajouté (plus que je l'imaginais à la base 😅), alors topo :

-Nathaniel : prince héritier du Royaume de Tournesol, royaume connu pour être pacifique, il s'entraine néanmoins à l'art de manier l'épée et à se défendre (peut-être sous ordre du roi ?).

-Kim : meilleur chevalier de la garde rapproché du roi et de la reine, il passe son temps libre à entrainer Nathaniel et à souvent se chamailler avec lui.

-Alix : dame de compagnie de Nathaniel... Mais quel sont ses vrais rapports avec lui ?

-Max : Merlin, c'est-à-dire Magicien de la cour. Lui et Nath ne semblent pas avoir de bons rapports...

-La reine/Mère de Nath : Avant que vous ne me posiez la question : elle ne s'appelle pas Sacha !!

-Juleka : dame de compagnie et amie de la reine, mais également l'ancienne nourrisse de Nathaniel.

-Le roi/Père de Nath : absent pour le moment !


Voilà, n'hésitez pas à commenter ce charmant petit monde si jamais vous avez des questions ! J'y répondrai avec plaisir !

Avant de vous quitter, comme je l'avais déjà dit dans une annonce, le prochain chapitre suivra directement celui-là ! J'ai pas envie de me compliqué la tâche avec une timeline qui part dans tous les sens !

Sur ce, a bientôt les amis !
Bisous les Fans des Royaumes !😘)

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