Chapitre 12 : Le bal

Après la fuite du prince du Tournesol, l'ambiance a changé. Les invités parlaient entre eux avec un air inquiet, mais cela n'inquiéta pas Adrien et Marc, par rapport à la disparition soudaine des souverains du Miel, de Dame Coquelicot et de la compagne de Mademoiselle Rose. Marc était également inquiet pour l'autre prince, devenu un peu par accident son chevalier... Il avait un peu honte de ne pas avoir trouvé de réponse plus adaptée que « Votre serment m'honore » ...

- (J'ai certainement dû le mettre mal à l'aise... Mais pourquoi m'a-t-il répondu que, pour nos royaumes, il voulait que je vive ? Je ne me sens pas en danger. Est-ce qu'il souhaite poursuivre cette alliance une fois devenu roi ?)

Au Royaume du Tournesol, la règle de succession et différente qu'au Royaume de la Lune : le prince héritier devient roi à la mort de son prédécesseur et s'il a le soutien du Merlin en place. Si ce dernier le juge digne, il peut devenir roi, même avant la mort du prédécesseur, et, à l'inverse, si le prince se retrouve indigne du trône, c'est le Merlin qui prend des mesures pour un gouvernement provisoire ou, dans le plus rare des cas, qui trouve un nouveau prétendant au trône.

Cependant, même si cette loi est toujours centrale, le roi Jacob lui a retiré de l'importance afin de s'assurer de ne jamais perdre sa place.

- (Son Altesse Jacob serait-il mourant, que le prince parle comme s'il allait devenir roi ?)

Alors qu'il était perdu dans ses réflexions, le prince ne vit pas venir l'auteur d'une violente tape dans le dos. Le souffle coupé, il se retourna et croisa un groupe de jeune noble qui venaient au château en semaine pour s'entrainer à l'épée. Celui en tête de groupe, un châtain foncé, grand et fin, aux yeux marrons et verts, lui lança d'un ton bourru et moqueur :

- Alors, Altesse ? Vous passez une bonne soirée ? Au fait, bon anniversaire ! C'est marrant, même si vous avez officiellement 16 ans on se demande qui est réellement l'aîné de nous deux !

En effet, ce chevalier – Lord Loucas, si le prince se souvient bien – a 2 ans de moins que Marc, mais le dépasse d'une grosse tête. Le prince n'aimait pas trop ce personnage : il le trouvait grossier, trop autoritaire pour son âge, irrespectueux et violent. Pourtant, il est grand et fort, il aurait fait un bon chevalier, s'il ne s'emportait pas aussi facilement après une heure d'entrainement... Et puis, son manque de culture, de vocabulaire et de respect a toujours dérangé Marc.

- Merci, chevalier, mais j'aimerai...

- Pas de chevalier ce soir, Princesse ! répliqua un blond derrière Loucas. Ce soir, nous somme simplement les enfants des Ducs de frontière !

Le prince soupira. C'était une manie qu'ils avaient prise, d'appeler Marc « Princesse », juste parce qu'il avait un peu trop pris les traits de sa mère et qu'il avait, de ce fait, un visage assez efféminé. Si cela ne dérangeait ni lui, ni ses amis ou sa famille, c'était une bonne excuse pour les autres nobles...

Le troisième apprenti chevalier avait des allures de métis, avec une peau légèrement plus claire que celle de Pierre et des yeux marrons très foncés. Malgré ses cheveux clairs et ses manières irréprochables, ça se voyait qu'une branche de sa famille était originaire des Terres de Sable... Marc se souvenait avoir entendu, lors d'une de ses visites à la cour des chevaliers, certains apprentis plus âgés se moquer de lui et de ses origines. Le prince avait fait en sorte que les plus âgés le laisse tranquille, sans pour autant se faire connaitre, mais le jeune métis ne s'était jamais joint aux autres dans leurs taquineries, ce dont Marc lui était reconnaissant. Même s'ils ne se sont jamais vraiment parlé...

Le prince ignora les remarques qui fusaient des deux chevaliers et remit sa capuche, essayant de se diriger vers le buffet des entrées. Pourtant, après trois pas, le châtain foncé lui barra la route et lança un sujet qui déplut fortement au prince :

- Au fait, votre Altesse, c'était quoi, tout à l'heure ? Comme quoi, nous ne sommes pas les seuls à vous avoir confondu avec une princesse !

Le noiraud serra le poing, trouvant ça affreux d'utiliser quelqu'un d'absent pour l'insulter. Malheureusement, il n'eut pas le courage de répliquer et commença à trembler, ce qui fit ricaner la brute.

Heureusement pour Marc, un groupe de femmes nobles proche de la scène le reconnurent et se précipitèrent vers lui, pour le bombarder de question et d'éloge sur sa beauté. Finalement, après quelques secondes, il se retrouva complètement encerclé, pris au piège.

Tous ces gens voulaient avoir l'occasion de lui parler, surtout de le questionner sur ce qu'il s'est passé avec le prince du Tournesol. Certaines personnalités importantes, comme de grands druides ou de belles nymphes, vinrent le saluer, lui rendre hommage et lui offrir leur bénédiction. Le roi Jacob se fraya également un passage dans la foule, devenue étouffante, pour le saluer et s'excuser à la place de son fils.

Le plus désagréable, c'était ces gens qui lui enlevaient constamment sa capuche, afin de « voir son beau visage », et qui le mettaient encore plus mal à l'aise.

Il y eut bien des gens respectueux, comme Mélissa, qui restaient un peu à l'écart et ne venaient pas l'étouffer. Il lança un regard reconnaissant à sa cousine, la remerciant de ne pas lui rajouter plus de pression.

En tout, dans la soirée, il eut à peine le temps de manger, grignotant juste ce que certains nobles venaient lui recommander, mais qui était trop amer pour lui, et il s'est fait retirer sa capuche tellement de fois qu'il était sûr qu'elle avait commencé à se déchirer par endroit, sans parler de l'angoisse qu'il ressentait actuellement...

Il réussit à s'échapper quand un Duc du Miel commença à parler politique. Il sortit par l'une des fenêtres de la baie vitré et s'échappa dans les jardins, où les bruits de conversation étaient étouffés par la nuit et qu'il entendait juste un peu la musique.

Il souffla un grand coup et s'éloigna vers le bout du jardin, dans lequel reposaient des milliers de statues de rois ou de guerriers décédés. Il passa près de la statue d'un homme en costume, élégant et menaçant, qu'il reconnut comme son grand-père paternel. Il ne l'avait pas connu, d'après Adrien et Félix, il était mort sans avoir trouvé le temps de connaitre son petit-fils...

Malgré tout, Marc sourit. Il savait que, sous ses airs sévères et autoritaires, se cache un homme doux et aimant. Adrien avait souvent raconté à Marc que, pour permettre à Marinette de venir vivre au château avec Adrien, il l'avait embauché comme tailleur de la famille royale, ce qui lui avait permis de pouvoir côtoyer Adrien tous les jours, tout en se faisant de l'argent qu'elle envoyait à ses parents. Et c'est également lui qui, à la mort du boulanger royal, accorda aux Dupain-Cheng le droit de s'installer aux cuisines.

Marc, après avoir salué son grand-père d'une révérence, partit en direction d'un endroit du jardin très particulier. Il arriva près d'un joli muret en pierre sculpté et se pencha pour regarder au loin : en face de lui, on voyait tout le royaume et en dessous se trouvait le vide, la falaise et, plusieurs centaines de mètre plus bas, le sol. C'était la plus grande protection du château : son altitude et sa falaise impossible à escalader, sans parler de l'unique voie terrestre facile à bloquer en cas d'invasion !

Le jardin sur lequel il se trouvait pouvait s'apparenter à une gigantesque terrasse en demi-lune, couverte de verdure, d'arbres et buissons, ainsi que de statues de pierre, révélant un autre monde directement relié aux portes de la salle de bal. L'ouverture par laquelle il était sorti se trouvait sur la partie dite « Haute » du jardin, à cause du faible dénivelé, et l'endroit qu'il favorisait dans le jardin se trouvait plus bas, au milieu d'un cercle d'arbres et de buissons.

Il marcha tranquillement, écoutant distraitement la musique au loin, esquissant quelques pas de danse par moment, et arriva au centre de ces arbres, où se trouvait un petit puis peu profond, plus là pour décorer que pour puiser de l'eau, et deux bancs de pierre décorés de petites sculptures représentants les premiers Héros du Royaume de la Lune. Mais ce qui fit sourire Marc, autre que l'aire de repos et ses buissons fleuris, fut les deux statuts grandeurs humaines qui se trouvaient installé ici, comme si elles profitaient, comme lui, d'un moment de calme loin de la fête...

La première qu'il vit en arrivant fut celle assise sur le puit, lui faisant face, regardant le sol d'un air rêveur, les mains jointes sur ses genoux et ses cheveux tombant en spirale grâcieuse.

- Bonjour Grand-mère !

En effet, cette jeune femme au regard pointé vers le sol, regardant des enfants qu'elle n'a pas vu grandir, était sa grand-mère et la maitresse inconnue de Gabriel Agreste. Mais Gabriel, qui n'a jamais assumé tromper sa femme avec sa jumelle, n'a jamais écrit le vrai nom de la femme sur la stèle, mais Marc savait que cette femme ne s'appelait pas Amélie, mais bien Émilie, la plus douce, la plus généreuse et la plus curieuse des deux sœurs.

Son père, Adrien, n'avait pas connu sa mère Émilie, mais, comme lui à Marc, Gabriel lui a raconté qui était réellement sa mère après que la vérité ait éclaté au grand jour. Il lui a raconté comment ils s'étaient connus et Adrien l'a raconté à Marc quand il fut en âge de comprendre.

Cette histoire était digne des plus grands romans d'aventures, selon le noiraud :

Il faut déjà savoir que Gabriel n'a pas succédé à son père, mais à son grand-père, son père s'étant fait tuer par le grand-père qui ne l'avait pas jugé pas assez brave pour le trône. C'est, après avoir vu ses parents mourir sous ses yeux, que Gabriel fut préparé à monter sur le trône. Aurel, le grand-père, le disciplina à coup de fouet et de bâton, quand le fouet n'était pas assez sévère. Gabriel fut marié à Amélie Graham de Vanilly à 15 ans, quand Aurel tomba gravement malade.

Pendant la maladie de son grand-père, Gabriel était à la charge du royaume, tout en devant supporter les remarques désagréables d'Amélie. Ils avaient beau être mariés, ils ne s'entendaient absolument pas...

Pendant ses « tâches de roi », Gabriel avait remarqué que les caisses du royaume et les rations alimentaires du château avaient tous deux drastiquement baissées, ce qui inquiéta Gabriel car rien ne semblait révélé d'où venait cette soudaine baisse.

Comprenant que les caisses de l'état se vidait, semblait-il, la nuit, il décida de poster des gardes à toutes les entrées possibles, devant les réserves, les chambres fortes et sous chaque fenêtre, n'étant jamais trop prudent... Le lendemain, il a retrouvé les gardes attachés, endormis, assommés ou encore pendus par les pieds à leur poste de garde.

Gabriel essaya pendant longtemps plusieurs stratégies, avant de décider d'attraper lui-même ces voleurs de bijoux et de pain. Il s'est caché près d'une des entrées et a attendu, jusqu'à ce que quelqu'un l'assomme.

Il s'est réveillé pas longtemps après, puisqu'il a vu les voleurs s'échappés. Ou plutôt les voleuses, puisqu'il a reconnu des voix féminines. Il a réussi à attraper l'une des voleuses et s'est retrouvé face à Amélie. Du moins, il crut que c'était Amélie, mais, en entendant qu'il avait osé les confondre, la voleuse blonde lui a envoyé un coup de pied au visage et ils se sont battus. Ils étaient de même niveau, mais, après un moment d'égarement, Gabriel se retrouva plaqué sous la voleuse.

Elle aurait pu le tuer, mais rien. Ils se sont immobilisés, se fixant mutuellement, une drôle d'étincelle dans le regard. Ce fut un coup de foudre mutuel et la voleuse s'en est allé après avoir dit son prénom au prince... Émilie !

Ce nom a hanté le jeune homme au point de la chercher, de la trouver, d'écouter sa motivation, de l'aider, d'être aimé, de l'aimer, puis d'avoir un enfant et d'être séparé par la mort.

Amélie, la sœur jumelle d'Émilie, fut dévasté d'apprendre la mort de sa sœur et de se dire que son fils, Adrien, se retrouvait orphelin aussi jeune. Sans savoir que Gabriel était le père, elle décida d'adopter son neveu et de le traiter comme son fils, avant de mourir quelques mois plus tard, empoisonné.

Marc ne pouvait s'empêcher de sourire face à cette histoire qui avait tout de tragique, mais qui était également très belle.

Après avoir embrassé la joue de sa grand-mère paternelle, il s'assit quelques secondes à côté d'elle, réalisant le même rituel qu'à chaque fois qu'il venait ici : lui parler !

- Je sais que tu n'aimerais pas que je t'appelle Grand-mère, mais je n'arrive pas à faire comme avec Mamie Sabine... J'aurai tellement aimé te connaitre ! Tu as le courage et la foi que je n'ai pas et tu aurais été une très bonne reine !

Il ne dit plus rien, mais le silence fut la réponse qu'il attendait.

- Tu avais raison : c'est en étant près du peuple, à te battre directement pour lui, que tu l'as fait profiter de ta générosité ! Mais moi, je n'y arrive pas... J'ai l'impression de ne pas être fait pour ça. Même si je vais souvent en ville, pratiquement personne ne sait que je suis là et je ne sais rien des soucis de mon peuple... Je ne serai jamais un bon roi !

Une larme coula sur sa joue, emportant avec elle un peu du maquillage que les habilleuses lui avaient mis pour lui donner un teint rosé. Il prit un mouchoir et essuya sa joue, enlevant au passage la poudre colorée, retrouvant son teint de neige.

Sous la lumière de l'unique lanterne, il voyait la statue ne pas réagir, souriant toujours, alors il lui sourit aussi.

- Je sais que je ne devrais pas venir ici pour me plaindre... Toi et Maman, vous nous avez quittés, mais vous restez quand même près de nous et les seuls moments où je peux venir vous parler c'est pour me plaindre... Pardon ! s'excusa-t-il en essuyant ses yeux et en souriant. Tu sais, c'est mon anniversaire, aujourd'hui. J'ai 16 ans... ça fait bizarre...

Il s'interrompu quand une bourrasque vint secouer l'espace entre les arbres. Elle resta un moment, tournant autour du noiraud, retirant sa capuche, lui ébouriffant les cheveux, se glissa sous sa veste pour la défaire, faisant rire le prince, puis remit sa capuche avant de souffler une dernière fois à la gauche du noiraud, comme si elle l'encourageait à regarder dans cette direction.

C'était à chaque fois la même chose, quand le noiraud venait : même avec un grand soleil et une chaleur de plomb, il y avait toujours un petit vent qui lui soufflait plus ou moins doucement dessus, le décoiffant la plupart du temps, puis qui se sauvait toujours dans la même direction : vers la deuxième statue des lieux, celle de Marinette Dupain-Agreste, la mère de Marc.

Marc se tourna vers la statue et sourit en croisant son regard de pierre. Elle était belle, avec son visage doux et son regard ne contenait que de l'amour. Le fait que le vent souffle à chaque venue de Marc, ou n'importe qui d'autre ayant connu Marinette et Émilie, a toujours été un phénomène étonnant. Félix disait que c'était parce que le jardin est en hauteur et qu'il y a toujours du vent en altitude, mais Adrien pensait que c'était les âmes des deux femmes qui se manifestaient et qui veillaient sur eux.

Marc n'avait pas d'idée propre sur ce phénomène, alors il rejoignait l'idée de son père et se permettait de parler aux statues comme aux vraies femmes, interprétant les réponses du vent comme il pouvait.

Marc s'excusa auprès de sa grand-mère et rejoint la femme qui l'avait mise au monde. Elle était assise sur un banc, jambes croisées, une main sur ses genoux et l'autre posée à côté d'elle sur le banc de pierre. Il s'assit de ce côté, comme à chaque fois, et posa sa main sur la sienne. Le vent, même s'il s'était un peu calmé, continuait d'agiter les arbres et les buissons autour.

- Eh, tu es en forme, aujourd'hui ! Lança le prince, amusé. Je sais que je ne t'ai pas salué en arrivant et que je suis allé directement saluer grand-mère, mais je suis là maintenant ! A toi aussi, j'ai plein de chose à raconter...

Le vent abandonna les arbres pour venir lui ébouriffer les cheveux, faisant tomber par accident sa capuche et faisant rire le prince.

Il commença alors à lui raconter les derniers jours, au château comme en dehors. Il parla de Raphaël et de son amour fou pour le parrain du prince, et sut que ça la fit rire quand le vent fit bruisser les arbres, leur donnant un son semblable à un rire.
Il gloussa lui aussi. Même si tout cela n'était que le fruit de son imagination, il trouvait le rire imaginaire de sa mère extrêmement communicatif.

Puis, il raconta à sa mère que Pierre avait écrit un livre sur les créatures mythologiques et fantastiques, mais qui traite aussi des grands sorciers et magiciens. Il lui promit que, un jour, il en trouverait un, peut-être grâce à ce livre, qui lui permettrait de rentrer en contact avec elle et de vraiment pouvoir lui dire tout ce qu'il a envie. C'était son souhait le plus cher...

Comme en guise de réponse, le vent souffla doucement, passant dans ses cheveux et sur son visage, comme une caresse. Il ferma les yeux en souriant, appréciant la douceur du vent.

Il continua de parler, lui racontant qu'il avait écrit un nouveau poème et qu'il aurait aimé lui lire. Cela le fit soupirer de déception :

- Dommage que j'aie laissé mon carnet dans ma chambre...

Il baissa la tête, déçu, et, après plusieurs secondes, une voix s'éleva non loin de lui :

- Pourquoi ?

Au début, il ne fit pas attention, la voix était si légère et à peine audible qu'il crut avoir rêver ou que c'était encore le vent, mais la question se répéta, plus forte et précise :

- Pourquoi tu veux ton carnet ? Tu veux écrire toute ta conversation imaginaire dedans ?

Le prince sursauta, réalisant que ce n'était pas son imagination, mais bien une vraie personne.

Il releva la tête et vit quelqu'un sortir des buissons de l'autre côté du puit. Cette personne l'espionnait-elle ? Il n'avait rien entendu et si quelqu'un l'avait suivi depuis la fête, il l'aurait remarqué, il n'y a rien pour se cacher jusque-là... Et si... cette personne était caché ici bien avant qu'il ne vienne s'installer ? Elle avait entendu sa conversation avec les statues ? Elle a dû se demander s'il n'était pas un peu maboul, à parler tout seul... Et si cette personne se sert de ce qu'elle a vu ici pour contester sa monter au trône ? Et si ses partisans se mettent à le renier à cause de ça ? Et si, pire, son père le déshérite et le chasse ? Comment vivra-t-il ?

Alors qu'il paniquait, le vent commença à souffler face au noiraud, poussant le voyeur à sortir de l'ombre qui empêchait le prince de voir de qui il s'agissait.

Le nouveau venu entra dans l'espace de lumière et Marc reconnu son habit blanc rayé, ses cheveux roux qui tombaient sur une partie de son visage et ses yeux turquoise qui le fuyaient de culpabilité.

- Prince Nathaniel ?


* * *


Du côté d'Adrien :

La fête semblait animée. Le roi passait d'un groupe l'autre, voulant saluer tout le monde, tout en surveillant du coin de l'œil Marc et son groupe de fans.

C'était assez effrayant de voir que la popularité qu'il avait quand il était jeune s'est répercuté sur Marc.

- (Le pauvre...) pensa-t-il en voyant les gens se rassembler de plus en plus autour de lui.

Il devait faire quelque chose ou son fils serait traumatisé à jamais ! Il réfléchit... Nino était occupé à gérer les différentes équipes, Rose profite de sa compagne, Félix est collé à Lila et Hugo est invisible pour la plupart des gens de cette pièce... Pas le choix, il allait devoir faire appel à un allié inattendu :

- Wayhem, tu peux sortir je sais que tu es là !

Presque aussitôt, un homme à la trentaine apparut devant lui, sortant d'un groupe de conversation auquel il ne participait pas. Il portait la tenue de fête des ducs du Miel, mais n'en avait pas l'allure. En effet, cet homme aux cheveux bouclés châtains et aux yeux marrons était le meilleur espion d'Adrien. Expert dans l'art du déguisement, il sait être discret et se fondre dans la masse. Enfin... Quand Adrien n'est pas là...

- Au rapport, Votre Altesse ! La mission au Royaume du Miel a été un succès, le roi Luka était très content des informations rapportées ! cria-t-il. Et c'est inutile de parler, je sais ce que vous voulez que je fasse : vous souhaitez que j'aide son Altesse le prince à s'échapper de la réception ! C'est comme si c'était fait !

Et il partit vers le groupe, détournant l'attention de tous les nobles autour de Marc, qui put commencer à partir quand les conversations commencèrent à devenir houleuse.

Le châtain revint vers le roi, penaud.

- Désolé, je ne m'attendais pas à...

- Aucun souci, Wayhem ! Au contraire, c'est parfait ! Je me charge de calmer l'ambiance générale, toi va te rafraichir ! Et si tu souhaites prendre des vacances quelque part, demande-moi, je m'occuperai de t'y envoyer !

Le châtain le remercia et le regarda partir sans bouger. Autre chose qu'Adrien appréciait chez lui : sa fidélité. Il savait que, si le monde venait à se retourner contre lui, Wayhem serait le premier à s'interposer, quitte à risquer sa vie !

Il espérait cependant que ça n'arrivera jamais !

Le roi, voulant calmer l'excitation collective, monta la quinzaine de marche de l'estrade, ce qui attira l'attention sur lui et le silence se fit instantanément.

Une fois assit, le roi invita Félix à s'approcher. Quitte à réclamer le silence, autant que se soi pour quelque chose.

Le comte s'avança, Lila pendu à son bras alors que des murmures s'élevaient des invités. Adrien réprimanda son frère d'un regard et ce dernier se tourna vers Lila, lui murmurant quelque chose en retirant doucement sa main de son bras. Lila sourit et regarda Félix reprendre son avancé, même si Adrien réussit à déceler de l'amertume dans ses yeux.

Félix s'arrêta en bas des marches et, un poing contre son cœur et l'autre dans son dos, mit un genou à terre, tête baissé.

C'était la posture que prenaient tous ceux qui étaient convié à recevoir quelque chose du roi, aussi bien cadeau que sanction, mais en l'occurrence Félix savait qu'il ne serait pas puni.

Adrien, un sourire doux aux lèvres, se leva et lança à son frère :

- Félix Graham de Vanilly, renommé Fathom une fois comte, jurez-vous, devant moi, Adrien, votre frère et roi, que chacun de vos actes futurs seront dédié à la survie du royaume qui vous a vu naitre ?

- Je le jure mon roi ! répondit solennellement Félix.

- Jurez-vous que, à partir de ce soir, votre vie sera dédiée à mon royaume ?

- Je le jure, moi roi ! Mon cœur, mon esprit et mon corps pour le Royaume de la Lune !

- Jure-le sur l'esprit de Moon, la Déesse protectrice de notre Royaume, et sur la mémoire de Pierre Rochard, premier roi parmi les rois !

- Je le jure sur leurs esprits et leurs mémoires ! Ma vie appartient à ce royaume ! Dès aujourd'hui et jusqu'à la fin des temps !

Adrien sourit, prit le sceptre qu'on lui tendait et descendit pour poser la lune, emblème de ce royaume, sur le sommet de la tête de son frère, le déclarant officiellement Grand Conseiller. Il ajouta également qu'il mettait sa vie, son sang et son titre entre ses mains, ce qui surprit et horrifia toute l'audience. En disant cela, Adrien venait juste de dire que Félix, en cas de disparition d'Adrien, se retrouverait à devenir le tuteur légal de Marc et la seule personne au pouvoir en attendant que Marc grandisse.

C'était risqué, mais il avait confiance en Félix !

Lila, sans aucune gêne s'est précipité sur Félix et lui a sauté au cou, quand d'autres nobles l'ont félicité avec politesse. Félix s'est finalement détaché de Lila pour s'approcher de son frère, Adrien déposa près de son cœur la médaille du Grand Conseillé.

- Désormais, pourrai-je te compter éternellement à mes côtés ? demanda Adrien, les yeux brillant d'émotions.

Félix, avec le même regard, allait répondre, quand quelqu'un débarqua dans la pièce en criant :

- Majesté ! Majesté ! Venez vite !

C'était Rose, qui semblait paniqué, en plus d'être essoufflé. Adrien se précipita vers elle, suivit de Félix et Lila, ainsi que quelques nobles curieux.

- Mademoiselle Rose, que se passe-t-il ? demanda Adrien, inquiet.

- C'est son Altesse Tania du Tournesol ! Elle...

- Allons bon ! Qu'est-ce que ma sotte de femme a encore fait ?

Adrien et Félix se tournèrent d'un même mouvement vers l'auteur de ces propos. Adossé à la table des boissons alcoolisés, le roi Jacob regardait la jeune blonde avec mépris et l'air menaçant. Du coin des yeux, Adrien vit Félix serrer les poings, plein de rage envers cet homme méprisable.

Avant que les choses ne s'enveniment, Adrien prit la parole :

- Mademoiselle Rose, emmenez-nous ! Nino, je te confie la fête et nos invités !

Le binoclard métissé hocha la tête et Adrien s'apprêtait à suivre Rose, quand Jacob lança :

- Cette bonne femme n'existe que pour s'attirer des ennuis ! Cessez de vous occuper d'elle ou il va vous arriver des bricoles !

Il disait ça à notre intention à tous les deux, Félix et moi, mais ses paroles menaçaient surtout le Grand Conseiller, qui s'était déjà engagé à la suite de la petite nourrisse. Adrien avait peur pour son frère, mais préféra ne pas y penser : cela faisait trop longtemps que Luka, Chloé, Rose et Juleka étaient parti à la poursuite de Nathaniel, mais personne n'avait remarqué que Tania manquait également à l'appel.

- Je viens avec vous !

Adrien se retourna : c'était Lila qui essayait de les rattraper malgré sa robe.

- Non, reste ici ! ordonna Félix.

- Non, je veux...

Elle n'eut pas le temps de protester qu'Adrien l'interrompit en criant, à bout de patience :

- Cela suffit ! Qui t'a donné le droit de contredire les ordres de ton roi et du Grand Conseiller ? Qui es-tu pour te permettre d'agir à ta guise ? Apprend quelle est ta place et restes-y !

- Et quelle est-elle, Votre Altesse ?

Adrien avait senti de l'arrogance, mais également du défi dans la voix de la concubine. Il répondit sur un ton glacial :

- Une concubine qui est assez bête pour prétendre à la couronne de la princesse !

Lila était affreusement blessée et Adrien s'attendait à ce que Félix prenne sa défense, mais il n'a rien dit et a continué de courir vers la reine du Tournesol.

Adrien, déterminé, parti à sa suite, sans se douter que Lila, humiliée, serrait les poings de rage.

Dans les couloirs, ils ont suivi Rose jusqu'à une pièce qui sert de salle de repos aux servantes et aux valets. A l'intérieur, il n'y a personne à part les quelques nobles manquant à la fête. Mais, à la place du soulagement d'avoir retrouvé ses amis, Adrien paniqua en voyant Luka, assit sur un canapé de bois et en velours gris, Chloé et Mélissa l'entourant, essayant visiblement de le réconforter.

Tania et Juleka se tenaient debout et le regardaient désoler, Tania en se tenant les bras comme si elle avait froid ou mal. La voir comme cela inquiéta Félix, qui se précipita près d'elle. Elle tourna la tête en l'entendant arriver et un faible sourire apparut sur son visage.

- Tu vas bien ? Rose a dit qu'il t'était arrivé quelque chose ? Si c'est cette ordure, je te jure de...

La reine posa sa main sur le poing serré de Félix, l'apaisant presque instantanément.

- Pour moi tout va bien ! C'est Luka, qui est dans un drôle d'état. Dit-elle avant de se tourner vers Adrien. J'ai envoyé Rose vous chercher en disant que j'avais besoin de votre aide, mais c'est Luka qui a besoin d'aide.

Alors qu'Adrien s'avançait vers le bleuté, Tania le retient.

- Il se trame des choses bien grave, tu le sais ? Une guerre risque d'avoir lieu !

- Comment ça ? demanda Adrien, de plus en plus inquiet.

- Je l'ai vu ! lança quelqu'un qui n'avait pas encore parlé.

Il se tourna et vit Mélissa le regarder avec insistance.

- Ce soir, une guerre éclatera ! Je l'ai vu en vision il y a peu...

Adrien se crispa et eut un mouvement de recul incontrôlé. Il connaissait le pouvoir de prescience de Mélissa, mais lui a toujours interdit de s'en servir sur ordre de quelqu'un d'autre qu'elle-même. Il ne voulait pas l'exploiter ou qu'elle se retrouve exploité, c'est pour ça que l'existence de son pouvoir et classé secret d'état. Seuls les souverains du Miel, Tania, Adrien et les deux nourrices étaient au courant, Félix ne le savait pas jusqu'à présent, mais ne semblait pas spécialement perturbé par cette soudaine révélation.

Adrien hésita, puis se résigna. Pour le bien de son royaume, il devait pousser Mélissa à poursuivre.

- Dis m'en plus, je t'en prie...

L'adolescente, l'air triste, poursuivit :

- Au début, je pensais que c'était le roi Jacob qui vous déclarerait la guerre...

- Connaissant mon mari, toutes les raisons sont bonnes et c'est ce qui m'inquiète... renchérit Tania.

- Oui... Alors j'ai pensé que Nathaniel pourrait vous jurer fidélité, histoire de décourager Jacob de faire le premier pas, mais...

- Il y a pire !

Tous ont sursauté en entendant quelqu'un crier. Ils se tournèrent tous vers l'auteur de ce cri : Luka, qui venait enfin de sortir ses yeux pleins de larmes de ses mains.

Adrien, inquiet, s'avança vers lui et posa ses mains sur ses épaules. Les yeux bleu électrique de Luka se plongèrent dans les siens... Adrien avait toujours été conscient du pouvoir qu'il était capable d'exercer sur Luka. Il était dingue de lui... Si Adrien abusait parfois de ça, aujourd'hui, il ne voulait pas le voir souffrir.

Il prit son ami dans ses bras et lui demanda doucement :

- Qu'est-ce qui peut être pire qu'une guerre ?

Mais la réponse ne fut pas celle à laquelle il s'attendait...

- Ta mort, Adrien !


* * *

(Chat-lut les Fans des Royaumes !
Comment allez-vous ? Moi ça va ! Je crois que je me suis initié au sadisme...😈

Allez, sérieusement, j'ai eu soudainement une idée pour Marc et la Malédiction des Royaumes, alors, pour ne pas la perdre, j'ai choisi d'arrêter temporairement le projet Boy. Qu'en avez-vous pensé, à part la fin qui tue ?

Comme d'habitude, je vais décortiquer ce chapitre et, comme d'habitude, si vous avez des questions, vous pouvez m'en parler en MP ou en commentaire !

Pour commencer, je précise que ce chapitre se déroule juste après le lancement de la fête, quand Nath s'est enfui. Si certains d'entre vous n'ont pas comprit la gêne entre les deux au chapitre précédent, c'est normal, eux-mêmes n'ont rien comprit. Et la réaction de Nath inquiète Marc...

D'ailleurs, de nouveaux personnages sont apparus... Un conseil : ne leur accordez pas trop d'importance, ils ne serviront à rien pour la suite, c'était juste un petit clin d'œil !
Attention, moment clin d'œil : il s'agit de la petite introduction de mon très cher "petit" frère (les "" c'est pour dire qu'il n'est plus si petit que ça (┬┬﹏┬┬)) et de deux de ses amis. Pour la petite anecdote, tout ce qu'il y a d'écrit sur sa description est vrai. Mais quand je dis tout, c'est tout : autant l'apparence (truc bizarre dans la famille c'est que moi et mon frère on n'a pas qu'une seule couleur pour les yeux et les cheveux) que le comportement ! C'est un monstre !
Bon, blague à part, si je l'ai mis c'est surtout parce qu'il s'est moqué de moi récemment... Je suis une méchante grande sœur ! 
P.s. (après on passe à autre chose): C'est également son vrai prénom. Pour ses amis, j'ai choisi de ne pas les mettre parce que le blond s'appelle Nathanaël et vous voyez où je veux en venir ! ^^'

Ensuite, Marc se fait agresser par des nobles qui le harcèlent ! Ouais, y a pas d'autre mot !
Au fait, Oberon aura surement reconnu la scène vu que c'est lui qui l'a écrit à la base. D'ailleurs, il aura surement reconnu plein d'autres petits détails venant de lui à la base... ^^'
Du coup, il se sert de la première occasion venue pour s'enfuir et finir la soirée dans le jardin ! Il croise la statue de son grand-père et, pour rendre le moment un peu touchant, je décide mettre un peu de révélation sur le passé de Gabriel, puis plus loin d'Emilie.

(Anecdote d'écriture : à chaque fois que j'écrivais dans ce passage, la chanson "Plus fort ensemble" du film Miraculous venait se greffer dans ma playlist, alors, si ce n'est pas déjà fait, je vous invite à relire le passage de Marc en écoutant cette chanson ! Je pense que l'expérience ne sera pas la même...)

La petite clairière où se rend Marc, avec le puit et les arbres, vient d'un fantasme personnel. Vous êtes peut-être tous déjà au courant, mais j'ai 18 ans et, faut croire, à cet âge-là, on commence à ce projeter... Bref, pour faire simple, c'est dans un endroit comme ça que j'aimerai qu'on me fasse une demande en mariage ! Voilà...

Certains l'auront peut-être remarqué, mais le coup du vent qui réagit quand on parle aux statues, comme si les morts essayaient d'entrer en contact avec nous, c'est inspiré de la Reine des Neiges II, avec "Courant d'Air", l'esprit du vent. Même si, ça sera expliqué plus tard, Marinette communique de cette manière avec Marc !
Bon, ensuite Nathaniel intervient et ça gâche un peu tout... Quoique ?

On passe ensuite au passage d'Adrien. Je vais expédié pour celui-là car j'ai envie de dormir :
Déjà, oui, j'ai fais intervenir le "fan numéro 1" d'Adrien, ok, c'est vrai, jugez pas, mais je ne savais pas qui mettre à sa place et je manque de personnage !
Ensuite, Félix devient officiellement Grand Conseiller et il jure fidélité. Notez également que je cite des noms important pour la suite de l'histoire, mais également pour le passé ! Si certains veulent plus de détails, je serai ravie d'en parler en MP ou en commentaire !
Ensuite, Rose arrive, Lila se fait remettre à sa place et tout le monde s'en fout (surtout Félix).
Jacob, toujours imbuvable...
On retrouve les autres membres de la famille et on apprend que Mélissa a un pouvoir de voyance et qu'ils spoil la mort d'Adrien !

Voilà !
Quoi ? Attendez, me dites pas que...
Ah bin si, mes chéris ! Faut vous y faire ! Adrien va mourir ! Bon, pas de suite, mais ça va venir... Faites pas la tête, dites vous que je souffre plus que vous, c'est moi qui vais devoir écrire sa mort !

Allez, je m'arrête sur ça ! Merci d'avoir lu jusqu'au bout !
Comme d'habitude, n'hésitez pas à liker, commenter ou autre, ça fait toujours plaisir !

Bisous mes Fans des Royaumes !)

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