5 ∙ Mary on a cross
Une tension palpable s'était installée entre Marlène et les autres pendant la nuit. Au matin, du petit-déjeuner dans la Grande Salle jusqu'au cours de potions de Slugorn, tout le monde eut le loisir de le remarquer. Il était plus qu'évident que la jeune fille évitait Dorcas et qu'une dispute avait eue lieu entre Remus et elle. Dans l'état actuel des choses, il était impossible de faire comme si de rien était. Mary n'aimait pas le conflit et en voulait un peu à Lily, en plus, de qui l'idée du tatouage avait émergé sans même qu'elle ne le sache. Elle-même n'était plus sûr d'avoir pris la bonne décision en cédant au caprice de son amie.
D'une façon générale, il était récurent que Mary garde les secrets de tout le monde. On savait qu'elle ne les répéterait pas, alors on les lui déballait et, si ça ne l'avait pas dérangée au début, elle se sentait maintenant comme un chaudron bouillonnant prêt à déborder. Elle était aux premières loges de toutes les tourmentes de Lily, elle savait pour Remus depuis un moment (elle avait deviné) et voilà qu'elle était témoin du secret de Marlène, suspectant un sentiment similaire du coté de Dorcas. (Vu la réaction de la blonde, on ne pouvait plus croire à une âme soeur platonique). Ce n'était pas aidé par le fait que Mary méprise la magie amoureuse au plus au point. Elle n'avait jamais été amoureuse et commençait à croire qu'elle ne le serait pas, alors entendre les un∙es et les autres étaler leurs histoires de coeur et les considérer comme la chose essentielle à expérimenter dans une vie était agaçant. Et frustrant. Il y avait tant d'autres choses à vivre, en particulier pour un groupe de sorcier∙es !
Peut-être était-ce l'une de ces capacités magique, d'ailleurs, d'avoir la malchance de connaitre les secrets des autres et d'être contrainte de les collectionner. Mais elle n'en voulait pas. C'était beaucoup à porter et ça ne lui laissait plus de place pour les siens.
Elle savait qu'elle aurait du être touchée que ses ami∙es lui fassent confiance et l'aiment au point de lui montrer ce qu'iels cachaient, ou bien de ne pas nier quand elle les perçait à jour. Mais ça faisait longtemps que ce n'était plus le cas, que c'était plutôt son esprit qui retournait tout pour lui faire dire en silence : Et moi ? Qui sera là pour mes secrets à moi ? Pour écouter mes peines et ma détresse ? Elle avait beau être entourée elle se sentait particulièrement seule, comme une spectatrice qui saurait tout sans avoir le droit de monter sur scène. Ça lui donnait l'impression que sa vie était secondaire, moins importante. Elle accordait du temps à tout le monde mais personne n'en avait pour elle, et maintenant ce qu'elle avait protégé semait la zizanie entre elleux.
Elle poussa quasiment Lily à s'installer à coté de James, ce qui lui valu un regard noir qu'elle ignora sans remord. Elle alla se mettre avec Dorcas, en étant forcée par Marlène qui regretta quand elle se retrouva avec Remus. Iels étaient toujours fâché∙es. Mary tendit l'oreille tout le long du cours pour écouter leurs conversation - si elle gardait tout les problèmes, elle avait au moins le droit d'en avoir la résolution ! Mais rien de vint. Les ami∙es se concentrèrent sur la potion dans un silence de mort.
Il n'en était pas mieux pour Dorcas et Mary qui ne se retrouvaient presque jamais à coté et qui, étant donné l'état du groupe et l'étrangeté de la situation, ne savait pas quoi se dire. Dans le Poudlard Express elles avaient été les premières à aller l'une vers l'autre, se trouvant des points communs dans leurs préoccupations contre les injustices et parce qu'elles étaient caribéennes toutes les deux, mais Mary s'était en peu de temps plutôt rapprochée de Lily avec laquelle elle avait pu parler de littérature.
« Prenez le sang d'hippogriffe et versez en trois larmes. lu Mary, regrettant d'avoir laissé son amie aux commandes.
- Le sang d'hippogriffe ?
- Le liquide rouge.
- Lequel est rouge ?
- Celui de droite.
- Ha !
Dorcas versa bien plus de trois larmes dans le chaudron, s'attirant une grimace de Mary.
- Mélangez dans le sens des aiguilles d'une montre puis ajoutez-y une pincée de la poudre de barbe de farfadet, tout à gauche, Dory, la seule poudre.
- Ce serait mieux qu'ils écrivent le nom des ingrédients sur les bocaux ! Je crois qu'il vaut mieux que tu le fasse et que je lise. »
Mary approuva et elles échangèrent de place sans que son amie ne puisse s'empêcher de la questionner.
« Tu sais ce qui se passe, avec Marls ? Elle ne m'a pas parlé de toute la matinée. Et Rose et elle sont bizarres.
Les deux concerné∙es, juste derrière, ne semblèrent pas les entendre, Remus s'occupant seul de la potion pendant que son amie fixait, grattait et touchait sa chemise d'uniforme, au-dessus de là où se trouvait sa marque.
- Non, mentit Mary. Peut-être juste la pleine lune qui nous stresse. »
La pleine lune aurait lieu le mardi suivant - dans cinq jours, et le grossissement de l'astre marquait toujours un changement dans le groupe. Remus devenait plus irritable voir insupportable si on le mettait dans une situation stressante, ses cauchemars viraient à l'ingérable et il développait des douleurs aux articulations qui pouvait l'empêcher d'aller en cours. Ça bousculait tout le groupe. Sans compter que c'était le moment où iels avaient tout∙es leurs règles, soupçonnant que c'était du à leurs statut d'animagus et de loup-garou, d'avoir été lié∙es à la pleine lune.
Ce n'était pas la seule chose qui avait changé depuis leurs première transformation. Mary avait par exemple remarqué que de nouvelles tâches de rousseurs parmi celles qui décoraient son nez et ses joues s'étaient ajoutées, formant l'origine des longues moustaches qu'elle avait tout sa forme de chat. Elle pouvait aussi voir dans le noir, quoi qu'elle fut incapable d'y lire des livres, et s'était déjà surprise à ronronner de confort (ce qui l'avait gêné à un niveau qu'elle n'avait que rarement expérimenté). Elle savait que les autres filles avaient aussi changé. Lily avait développé des réflexes impressionnants, Marlène voyait à des kilomètres, et, si Dorcas avait un odorat digne des plus grands parfumeurs elle n'avait pas tout à fait apprécié devenir daltonienne du jour au lendemain sans pouvoir en parler à personne, en plus, pour ne pas éveiller les soupçons. Elles restaient des animagis illégaux après tout.
Elle jeta une croix de bois arrangée avec de vieux cordages et de fines brindilles dans le chaudron, regardant le liquide virer au vert sapin, quand elle entendit Marlène prendre la parole.
« Je suis désolée. »
Mary se retourna sans pouvoir s'en empêcher, surprise, sachant pourtant que ces excuses s'adressaient à Remus. Elle essayait d'avoir la voix douce mais ça faisait surtout transparaitre sa tristesse. Mary se força à détourner le regard et à plonger dans la potion donc les bulles devenaient menaçantes. Elle n'était pas concentrée et elle avait peut-être fait n'importe quoi. Elle recula sa chaise juste au cas où la potion décidait de lui exploser dans la figure.
- Je m'en fou que tu penses que je sois lesbienne à cause de je ne sais quel stéréotype qui dit que "si on a les cheveux courts on aime les filles", entendit-on Remus répondre pendant que Dorcas (qui espionnait aussi la conversation) figeait son index sur les lignes d'encre du parchemin de recette. Être lesbienne c'est pas une insulte, elles ont tout mon respect et elles le mérite. Ça demande du courage. Alors tu peux bien croire ce que tu veux. Que tu remettes en question mon couple avec Sirius, par contre, que tu dises qu'on s'aime pas. Ça, ça me blesse.
- Ok. Désolée.
- Je sais que vous pensez toutes que Sirius peut pas m'aimez parce que je suis pas féminine, parce que je suis pas belle. Je sais pas si vous êtes jalouse parce qu'il s'intéresse pas à vous ou si vous avez pitié de penser qu'il est gay et que je suis sa couverture mais j'en ai marre de ça. Pour vous toutes (précisa-t-il en regardant un instant les dos de Mary et Dorcas). Vous n'avez aucune idée de ce que c'est qu'être gay ou perçu comme tel. Si Sirius l'est bel et bien et ne l'assume pas c'est pas votre problème. Il a le droit d'avoir peur et moi aussi. Mais de toutes façons ce n'est pas le cas. Si vous êtes réellement mes amies vous devez accepter ça.
- Miss Lupin, pas de bavardages s'il vous plait. » coupa Slugorn.
Il était trop loin pour avoir saisit quoi que ce soit et Remus aurait pu continuer un peu plus bas, mais il avait fini, comprit Mary. Ça avait de nouveau jeté un froid, loin d'avoir amélioré les choses.
Mais Dorcas souriait, tournée vers sa table, lisant la recette. Elle souriait en secret et Mary la voyait.
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