3 ∙ just a bunch of hocus pocus

Tw : amatonormativité (personne va comprendre ce tw à part les aro x)

Le lendemain à dix heures, un temps d'étude était prévu pour les Gryffondor. Certains (comme Dorcas) consacraient cette heure libre au Quidditch ou à des cours supplémentaires. Rose et Marlène avaient sur ce temps un cours de Soin aux Créatures Magiques auquel les autres avaient cessé d'aller après avoir du disséquer une grenouille. Mary comme Lily avaient décidé d'aller à la bibliothèque. Ça leurs permettraient, plus tard dans l'année, de juger si elles devraient consacrer ce moment à leurs devoirs ou si elles pourraient se permettre de garder un temps de pose. 

La bibliothèque était un endroit magnifique et toujours aussi impressionnant à chaque fois qu'on y entrait. Elle était si grande que Lily continuait d'en découvrir des rayons au bout de sept ans. Les étagères étaient si hautes qu'il fallait une échelle pour récupérer certains livres. Quelques endroits, les plus populaires, se situaient près des grandes fenêtres qui laissaient passer la lumière blanche du ciel. D'autres parties, plus reculées étaient aussi sombres que le coeur d'un labyrinthe. Idéal quand on avait besoin de solitude. 

Mais ce matin c'était à une table lumineuse que les deux amies s'était installées. Mary lisait un petit roman ouvert dans son énorme grimoire de sortilège et Lily faisait mine de commencer son devoir de potion sans pour autant en avoir écrit la moindre ligne. L'encre de sa plume coulait sur le papier tandis que ses pensés dérivaient vers des choses qui n'avaient rien avoir, mais qui persistait à occuper sa tête. Trois préoccupations dominaient, guidées par une quatrième qui les chamboulaient toutes : Voldemort, sa relation avec sa soeur Pétunia et cet abruti de James Potter, sur fond du grand "qu'est-ce que je vais faire de ma vie ?". 

On lui mettait la pression pour savoir quelles études elle ferait ou dans quel métier elle se lancerait à la fin de l'année alors qu'elle n'en avait pas la moindre idée, comme la plupart de ses camarades. Elle n'avait pas les diplômes pour un emploi dans le monde moldu, dans le monde sorcier elle craignait qu'on ne la regarde de haut parce qu'elle était née-moldue et puis la seule chose qui lui tenait vraiment à coeur n'était pas un métier. Lutter contre Voldemort, les mangemorts et leurs idéologie néfaste. Il y avait des façons de faire et elle le savait, ainsi envisageait elle de devenir journaliste. Mais c'était de ces métiers qui pouvait vite se retourner contre nous, il suffisait de voir ce qui était publié dans La Gazette du Sorcier, ce qui intéressait les gens, pour se rendre compte que la résistance n'était pas leur priorité. Il y avait pourtant bien des choses à abolir, dans le monde sorcier. 

En plus il faudrait faire tout ça sans le soutien de sa famille. Ses parents avaient beaux être aimant∙es, ce n'étaient pas des sorcier∙es. Et Pétunia la détestait. Ses ami∙es étaient tout aussi perdu∙es qu'elle et ce n'était pas comme si elle avait qui que ce soit d'autre sur qui compter. C'était là que James Potter et son foutu sourire entraient en scène. 

Elle admettait qu'elle supportait sa présence, qu'il la faisait parfois rire, à la limite qu'elle était attachée à lui. Mais c'était bien plus et iels le savaient. James l'assumait, Lily en avait honte. Honte d'aimer James Potter alors que c'était un garçon arrogant, imbu de lui-même qui avait harcelé Severus et l'avait harcelée elle aussi en un sens, insistant chaque jours pour qu'elle sorte avec lui quand bien même elle continuait de dire "non". Et maintenant elle se rendait compte qu'elle en avait envie. À quel point cela n'était-il pas tordu ? 

Certes, James avait changé et s'était amélioré, mais c'était toujours le même qui lui avait envoyé des sonnets, chanté des sérénades, fait parvenir des cadeaux improbables et piégés pour la fête des lupercales. Elle ne voulait pas qu'on croit que l'un de ses actes pathétiques l'ait charmée. Elle avait peur que ça ait été le cas, elle ne voulait à aucun moments approuver le comportement de James. Il n'avait pas le droit de traiter les autres comme ça, y céder s'était l'approuver. 

Mais maintenant, avec tout ce qui se passait, elle avait aussi besoin de l'amour de quelqu'un, de la promesse d'une belle vie, d'un espoir, et son coeur lui disait que James pourrait lui apporter tout ça mille fois. Il l'aimait et elle l'aimait, sa raison refusait juste d'y penser. 

Même la magie les voulait réuni∙es, c'était ce que leurs avait appris cette stupide histoire de patronus. Une biche et un cerf. La jeune fille en était venue à se demander s'il ne l'avait pas mise sous l'emprise d'un sort ou d'un philtre d'amour qui expliquerait ses sentiments et cette tendance qu'avait le destin à vouloir les faire tomber dans les bras l'un∙e de l'autre. Mais la médicomage qui l'avait auscultée lors de la visite médicale quelque mois plus tôt n'avait pas trouvée de trace de la moindre malédiction ni de la moindre potion. Elle était en pleine forme. Elle devait se rendre à l'évidence : son stupide cerveau était simplement tombé amoureux, sans lui demander son avis. 

« Tu crois aux âmes soeurs ? 

Mary leva les yeux de son livre, la toisant quelque secondes. 

- Pas du tout. 

- Oh. encaissa Lily, surprise. Pourquoi ?

- Parce que je ne crois pas qu'il manque quelque chose aux gens qui n'ont jamais été en couple. Je crois qu'on peut-être heureux∙se et célibataire toute sa vie. 

- Oui mais... les sorts des âmes soeurs, alors ? Tout un pan de la magie amoureuse est basée autour de ça ! Pourquoi pas des âmes soeurs platoniques ?

Quand on arrivait aux alentours de sa cinquième année et que les hormones de tout le monde se réveillaient, il arrivait qu'on croise des gens qui se faisaient jeter un sort d'âme soeur, sort qui ferait soit disant apparaitre le nom de notre âme soeur sous forme d'un tatouage pouvait apparaître n'importe où sur notre peau. Malgré cette mode, peu de personne le faisait - surtout à cet âge - car le tatouage avait la particularité de ne pas pouvoir s'enlever. Comme la plupart des tatouages sorciers, si on essayait de l'effacer il réapparaissait ailleurs sur la peau. À quinze ans, on évitait donc de se marquer pour toujours le corps avec le nom d'une personne qu'on détesterait peut-être d'ici quelques années. Lily ne connaissait qu'une seule fille qui s'était fait faire cette marque dans leurs promotion : Drusilla Paddock, une Serpentard un peu gauche, qui avait vu apparaitre le nom de sa meilleure amie sur sa main et à qui ça avait couté d'en être séparée par ses parents pour le reste de leurs scolarité. Triste histoire. 

- Pourquoi devrait-on se contenter de n'en avoir qu'une, alors ? répondit Mary, beaucoup moins impliquée que Lily l'aurait souhaité. Il y a des personnes qu'on aime, d'autres qu'on aime pas et ce de toutes sortes de façons. Ça peut changer au cours d'une vie et ce n'est pas limité à une personne. Pourquoi lier des "âmes soeurs" à ça ? La magie des âmes soeurs ne sert qu'aux marchand∙es de philtres d'amour à faire croire que nos amours sont réciproques. C'est du business. En réalité les tatouages d'âme soeur, par exemple, ça révèle la personne avec qui on préfère passer du temps. Cette magie n'est pas assez évoluée pour lire dans l'esprit des autres, ça va juste chercher les trucs les plus refoulés au fond de nous-même. »

Mary saisit son gros grimoire et tourna quelque pages avant de le glisser en face d'elle, vers Lily. 

« Tiens, regarde. » dit elle pour illustrer. 

Tout une page était consacrée à la magie amoureuse et à ses arnaques, de l'histoire sordide de Jean Baptiste Grenouille (créateur de l'amortentia et tueur en série) à la place des philtres d'amour et de la chance liquide dans les affaires de violences sexuelles. Toute une partie consacrée aux âmes soeurs affirmait les dire de Mary. Ça ne révélait rien de plus que ce qu'on voulait entendre et le fait que ça marche ou pas se basait sur un coup de poker : si on aimait une personne plus que tout, il y avait des chances que cette personne nous aime en retour, ainsi pouvait-on espérer trouver le nom de notre meilleur ami sur notre peau et prêter ça à une "âme soeur platonique". C'était une façon très terre-à-terre de voir les choses, pensa Lily.

« Tu le sais déjà, Lily, que tu es amoureuse de James et que c'est réciproque. Lui dit Mary au bout d'un moment. La question c'est de savoir si tu choisis de te lancer là-dedans ou pas, aucune magie ne pourra y répondre. » 

Lily soupira, déçue d'avoir cru qu'être une sorcière aurait put rendre les choses plus faciles pour une fois. Ce n'était pas le cas. Pas du tout. Elle mémorisa tout de même le numéro de page du grimoire, envisageant de relire ça le soir, quand elle serait au calme dans son dortoir, sans devoir de potion à finir. 

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