21 ∙ i will give you a kiss from the past

Même si les choses avaient empiré à à peu près tout les niveaux, Dorcas était plus heureuse que jamais. La montagne de difficultés qu'elle avait visualisé dans son avenir comme une longue liste de parchemins poussiéreux et incompréhensibles était devenue plus claire, avec Marlène à ses cotés. 

Elle se réveillait le matin dans ses bras et c'était suffisant pour penser que ça allait être une bonne journée. Il lui semblait que rien ne pouvait lui arriver. Aveuglée, elle abordait les pires nouvelles avec une certaine indifférence. L'attaque dont parlait la Gazette lui faisait de la peine, mais semblait ne jamais pouvoir arriver jusqu'à elle. Son avenir état incertain, ses notes étaient mauvaises, mais elle était avec Marlène. Elle serait toujours avec Marlène, n'est-ce pas ? Alors peu importait le Quidditch. Peu importait Voldemort, ses parents, ses notes, sa vie... 

Plus qu'un rêve, elle était certaine que l'année suivante au même moment, elle serait dans un appartement londonien avec sa copine, travaillant d'arrache-pied s'il le fallait pour étudier n'importe quoi, se battre contre n'importe qui tant qu'il restait du temps pour embrasser celle qu'elle aimait. Être libre. 

À un moment donné ces rêves reprirent des allures de mirages et la jeune fille fut frappée par un brutal retour sur Terre. 

Marlène avait des défauts. 


C'était évident, et au fond elle le savait, mais Marlène avait des défauts et passer encore plus de temps avec elle les rendait plus visibles. Ne pouvait-elle pas lui demander avant de l'embrasser ? Ne pouvait-elle pas se préoccuper davantage du Quidditch ou des combats sociaux ? Pourquoi semblait-elle n'en avoir rien à faire d'elle ? Elles qui s'étaient toujours ressemblées avait désormais l'air si différentes... Pourquoi Marlène ne lui disait-elle pas tout ? Pourquoi faisait-elle ça comme ça ? Elle ne comprenait vraiment rien. Et l'avenir redevenait flou, la guerre pesante. Le Quidditch non plus n'avait plus rien de simple. 

La rivale de Dorcas notamment, Susie Murphy - une Serdaigle - était particulièrement agaçante. Une fille de son année qui dessinait sur ses vêtements et dont la coiffure était toujours impressionnante. Elle méprisait ouvertement Sybille et Pandora, ce qui était étonnant car n'importe qui l'observant assez longtemps aurait pu penser qu'elles se seraient bien accordées. Dorcas était partagée entre être séduite et repoussée par Susie. À une période, elle avait eu un petit béguin pour elle. Il fallait qu'elle se rappelle qu'elle était en couple maintenant, et qu'elle n'avait plus le droit. 

Sur le terrain boueux, occupée à compter les points et ajuster les balais, ce n'était pas bien difficile de l'ignorer, mais une fois dans le vestiaire, Susie était trop... présente pour être passée sous silence. C'était ce qui la rendait si agaçante. 

« Alors, Meadowes, il parait que tu sors avec McKinnon, maintenant ? lança-t-elle en transformant on-ne-su-trop-comment son chignon tarabiscoté en une tresse parfaite. 

- Ça te pose un problème ? répondit Dorcas, sur la défensive. Elle sentait toujours mal se genre d'approche. 

- Pas le moins du monde ! En fait je suis contente. Ma grand-mère est en couple avec une femme depuis quelques années. Elle a mit tellement longtemps à s'accepter ! Ça fait plaisir de voir que c'est moins difficile pour les générations d'en dessous. On a fait des progrès, tu trouves pas ? 

Des progrès ? Il n'y avait qu'une hétéro pour dire ça. Pas de mariage, pas d'adoption, des meurtres de personnes homosexuelles dans les journaux... on ne pouvait pas tout à fait appeler ça du progrès, quoi qu'en dise Susie. Et puis avec les mangemorts au pouvoir on pouvait être sûrs de voir ces fameux progrès reculer. Sans que ce soit l'une de leurs préoccupations principales, tout ce qui concernait les droits humains, ce n'était pas leurs fort. 

- Je suppose. 

- En tout cas t'as du courage de sortir avec McKinnon. 

Dorcas arrêta ce qu'elle était en train de faire (à savoir se demander pourquoi son rappel-tout était rouge) pour se tourner vers Susie, les sourcils froncés. 

- Pardon, Murphy ? Tu viens me voir pour rabaisser ma petite amie devant moi ? 

- Je te préviens juste. Ma mère travaille au chemin de traverse et elle voit souvent les McKinnon dans des coins... pas très fréquentables. Ils vendent des potions illégales et addictives. 

- Ils sont potionnistes. fit remarquer Dorcas. 

- Ils sont drogués, oui ! La femme voit des fantômes et le mari a déjà attaqué plusieurs personnes. 

Dorcas leva les yeux au ciel en attrapant son sac pour le placer en bandoulière, prête à partir.

- C'est bon, t'as finit ? 

- Tu feras moins la maligne quand tu retrouvera ta copine dans l'Allée des Embrumes ! »

Mais Dorcas était déjà loin. 

D'un pas pressé et quelque peu sur les nerfs elle se dirigea vers le château, détestant son cerveau qui continuait de faire tourner ces informations dans sa tête. 

C'était n'importe quoi ! Elle avait déjà rencontré les parents de Marlène et ils n'avaient pas semblé plus bizarres que n'importe quel autre parents. Dorcas n'avait d'ailleurs pas compris pourquoi son amie redoutait tant de l'inviter chez elle : sa maison et sa famille était tout ce qu'il y avait de plus classique ! Ça avait même été une belle journée où iels avait rit, mangé et... bu. Certes. Mais tout les parents ne buvaient-ils pas un peu d'hydromel à l'occasion d'une fête avec d'autres adultes ? N'importe quel∙le sorcier∙e ne pouvait-il pas posséder une flasque en fer dans son sac-à-main, coincée entre un numéro de Sorcière Hebdo et son porte-mornilles ? 

Dorcas pilla en plein milieu du chemin. Il n'y avait rien de bien anormal, mais il y avait de quoi se poser la question. 

Plus elle y réfléchissait, et plus les traits confus se renforçait pour former un autre dessin qu'elle n'aurait jusque là jamais imaginé. La réticence de Marlène à faire des potions, à inviter ses ami∙es chez elle ou à s'approcher de l'Allée des Embrumes. Sa personnalité, sa façon de tout prendre à la légère, de faire les choses sur un coup de tête, la fête au moindre prétexte. Ses mauvaises notes, ses sautes d'humeurs ou ses choses qui sonnaient comme des appels à l'aide. Une enfant élevée par des parents accros aux potions n'aurait pas été bien différente... Dorcas se sentait comme enfermée à l'intérieur d'un sablier qu'on viendrait de retourner. Avait-elle la tête dans le sable depuis tout ce temps ou Murphy l'avait-elle piégée ? 

« Hé ! Meadowes ! T'as oublié ton balais ! » cria justement cette dernière, la rattrapant en volant au dessus d'elle. Elle atterrit sur le chemin de pierre en toute délicatesse. Dorcas lui arracha le balais des mains avec un air rageur. 

En arrivant dans la salle commune, comme pour confirmer ses craintes, les Maraudeuses discutaient en rond d'on-ne-savait-quoi tandis que Marlène regardait dans le vide. Elle se retourna pourtant en souriant lorsque sa petite amie vint de blottir contre elle. En lui parlant, cette dernière guetta dans son regard une lueur de détresse. Mais pourquoi y aurait-il une différence avec son regard habituel, si elle portait cette détresse depuis toujours ? 

« Qu'est-ce qu'il y a ? demanda la blonde, curieuse. 

- Rien. T'es belle. Je t'aime.

- Ooooh ! s'exclama Lily, attendrie. Vous êtes trop mignonnes.

Les deux jeunes filles eurent le réflexe de s'écarter l'une de l'autre.  

- On avait un moment privé, Lils' ! 

- Désolée, désolée. marmonna Lily, pas l'air désolée le moins du monde. Tiens, je me disais : maintenant qu'on est toutes en couple... euh... tous∙tes en couple, désolée Remus... c'est l'occasion parfaite pour fêter Noël tous ensemble à Pré-au-Lard !

- En pleine guerre ?  Contra Mary, les bras croisés, t'as bien vu ce que ça a donné à Halloween. 

- Si on doit se priver de rire jusqu'à la fin de notre vie pour faire plaisir aux mangemorts... 

- Pourquoi pas allier les deux ? suggéra Remus. On fait un Noël et une manifestation politique. 

Dans la tête de Dorcas ça semblait un peu flou. Elle avait bien sûr déjà entendu parler de grandes manifestations moldues. L'affaire des Mangrove Nine avait fait du bruit dans sa famille, et elle avait entendu parler des Gay Pride dans les grandes villes. 

Chez les sorcier∙es cependant, les protestations politiques ne couraient pas les rues. On avait peur d'Azkaban et des conséquences en tout genre : un sort pouvait briser une vie en une seconde. Il y avait bien eu la révolte des Gobelins, qu'on apprenait en histoire, mais non-seulement elle semblait lointaine, en plus elle n'avait pas aboutie et les sorcier∙es continuait de la voir comme négative. Les Gobelins avaient pourtant de bonnes raisons d'être en colère. Dans le seul village essentiellement sorcier de grande Bretagne tout ses obstacles se bousculait : ils allaient avoir des représailles pouvant allez jusqu'à la malédiction. 

- Je suis partante. » Déclara quand même Dorcas. 

Hello ! Oui je sais, ça fait longtemps, j'ai aucune excuse. 

Bon réveillon à celleux qui le fête ! (Bon courage, surtout ! Une pensée aux personnes avec une famille pas top ou des troubles psy pour qui ce soir risque d'être pénible.). J'espère que tout va bien pour vous. 

(Je vais tacher de publier aussi un chapitre demain, je promets rien.) 

Pleins de bonnes ondes, prenez soins de vous. 


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