16 ∙ there's a strange love inside
En ce début de vacances et à peine à l'heure où Mme Pince ouvrait les portes, il n'y avait pas grand monde entre les étagères de la bibliothèque. Même les gravures des livres - parfois bavardes - ne s'étaient pas encore éveillées. Pourtant, en déambulant entre les rayons, Remus perçu une voix à la fois inconnue et familière.
Il travaillait à ne plus haïr la part louve qui sommeillait en lui, mais, dans ce genre de moment il pouvait se réjouir sans même s'y forcer d'être un loup-garou. Il avait juste à tendre l'oreille pour tout écouter. Il ignora la voix moralisatrice qui le rappelait à l'ordre :
« Tu vois ce que te fais faire ce délire d'accepter ta nature ? Tu enfreins les règles morales les plus basiques ! Les problèmes des autres ne regardent qu'elleux et tu n'as pas à les écouter. C'est privé ! ».
Remus secoua la tête pour ne pas y penser. Écouter les problèmes des autres était peut-être immoral mais non seulement il était curieux, en plus il était persuadé que c'était une bonne chose. C'était comme secouer une bouteille de bièraubeurre avant de l'ouvrir : les secrets enfouis créaient trop souvent des explosions tant ils marinaient le temps de leurs refoulement. S'il pouvait épargner ça à quelqu'un, après tout, qu'est-ce qu'il en empêchait ?
Bien plus positif qu'il ne l'était jadis, le coeur encouragé par le soutient et l'amour qu'il avait reçu ces derniers temps, il était persuadé de pouvoir guérir tout les maux imaginables.
Ses sourcils se froncèrent en reconnaissant une seconde voix, qu'il ne peina cette fois pas le moins du monde à identifier : James. De son ton à ses tics de langage, il n'y avait pas de doutes, c'était lui.
Qu'est-ce que James Potter pouvait bien faire à cette heure dans la bibliothèque de Poudlard ? Ce n'était pas un grand lecteur (définitivement pas) et son cercle de relation était en définitive très restreint. Il était très populaire, mais Remus ne l'avait vu avoir de discussion sérieuse qu'avec Sirius.
« Je suis désolé. disait-il.
Et cela fit davantage tiquer Remus. Il ne croyait pas avoir déjà reçu des excuses sincères de la part de James, peu importait ses torts. Il ne croyait pas l'avoir déjà vu faire preuve d'humilité.
- Tu viens de détruire la seule chose qu'il me restait et c'est tout... Tu es désolé ? répondit l'inconnu∙e.
- J'ai fais ce que j'ai pu pour toi... Je t'ai proposé de venir avec moi. Je t'ai proposé d'en parler à Dumbledore. Qu'est-ce que tu veux que je fasse de plus ?
- Tu sais que c'est trop tard ! J'ai juste besoin de toi. J'ai besoin d'être avec toi. L'année prochaine tu ne sera plus là et je sais qu'on ne se verra plus.
Remus s'approcha, se penchant au dessus de la tranche des livres pour pouvoir les voir. En face de la mine soucieuse de James se tenait un jeune homme brun dont les cheveux ébènes lui était reconnaissable entre mille, de même que les traits délicats de son visage. Mais ce n'était pas Sirius - comme le crut un instant l'espion. C'était Regulus.
Le jeune loup-garou ne savait pas grand chose de lui mis à part qu'il était le frère de Sirius, qu'il était toujours coincé chez les Black et qu'il était le rival principal de James durant les matchs de Quidditch qui opposaient Gryffondor et Serpentard. Tout le reste demeurait un mystère. Regulus était quelqu'un de très secret. Remus ne se souvenait même pas de la dernière fois qu'il l'avait vu interagir avec le monde. En temps normal il ne parlait pas et gardait un visage neutre.
Pourtant ces émotions étaient plus que visibles ici. Ses yeux étaient rougis et larmoyants de tristesse et de rage. Toute la peine du monde se lisait sur sa silhouette svelte qui avait désormais des allures plutôt malingre.
- Ma porte est toujours ouverte. Je suis ton ami.
- Mon ami. répéta Regulus. On était plus que des amis, avant.
Remus écarquilla les yeux, surprit. Il devrait sans doute partir, tout compte fait. Mais James recommença à parler juste à ce moment là.
- C'est fini. Tu sais que ça pourra pas continuer. Pas comme ça. Les Serpentards te tueraient, Voldemort tu tuerait, tes parents aussi. Et tu as refusé de les quitter avant... avant ça.
Il baissa les yeux, remonta avec toute la tendresse du monde la manche du jeune homme pour y révéler une marche noire qui fit sursauter Remus rien qu'à la voir. Il s'efforça de ne pas réagir même s'il avait envie de dire quelque chose, de crier devant cette scène, d'aider... Il ne savait pas comment, il ne savait pas quoi dire. Peut-être que les problèmes n'avaient pas tous des solutions, après tout.
- Je n'avais pas le choix. Sirius l'avait, il n'avait plus d'attaches. Il n'en a jamais eut. On ne lui a pas fait de place chez les Black, les Serpentard, les mangemorts... Mais moi... moi je n'avais que ça. On ne m'a pas laissé le choix.
- Tu m'avais, moi.
- Tu parles ! Dit Regulus en s'écartant de James et en croisant les bras, comme pour se fermer. Je n'ai jamais compté. Il n'y a toujours eu que Lily.
- Non...
- Si. Tu n'as pensé qu'à elle depuis le premier jour et maintenant c'est elle que tu choisi. Pourquoi c'est toujours elle ? Ne me répond pas ! Je le sais déjà : Parce que c'est plus facile. C'est une fille, une personne douce et respectable, pas le moins du monde affiliée aux mangemorts, une sorcière talentueuse... Tout ce que je ne suis pas.
- Tu es merveilleux Regulus. Beaucoup plus que tu ne le crois. Et je t'aime.
- Tu m'abandonnes.
- Tu m'abandonnes. Tu m'as abandonné quand tu as refusé de suivre Sirius, quand tu as accepté la marque. Je sais que tu n'avais pas le choix. Je sais. Si je te disais que je serai prêt à laisser Lily maintenant si tu renonçais, là ? Si on allait voir Dumbledore ensemble pour te protéger, est-ce que tu me suivrais ?
- Je ne peux pas, James. C'est trop tard pour moi.
- Alors c'est trop tard pour nous.
Regulus ferma les yeux, laissant échapper une larme que James essuya en soupirant.
- Tu connais mon adresse si tu changes d'avis. Je serais toujours là. Mais en temps qu'ami maintenant, parce qu'il y a Lily et qu'elle n'a pas a subir le poids de notre histoire.
- J'aimerais être à sa place. »
James n'avait rien d'autre à ajouter. À vrai dire, Remus était surpris qu'il ai eut déjà réponse à tant de choses et avec une force qu'il ne lui connaissait pas. Il signa ça du sourire le plus triste qu'il n'ait jamais eu. Tâchant de rester stoïque, du moins jusqu'à ce que Regulus ne s'éloigne. Il lui vola un baiser qui n'était fait que de regrets, gardant la face. Mais au moment où le plus jeune fut trop loin pour le voir, James s'effondra sur le sol en sanglots.
Remus, n'y tenant plus, vint le serrer contre lui dans l'espoir de le réconforter.
« Prends toujours soin de Sirius, Moony. Le laisse jamais baisser les bras. Le laisse jamais croire que tu l'aimes pas assez.
- Je suis désolé, James.
- Je l'aimais vraiment beaucoup beaucoup.
- Je sais. »
Et il savait. Il comprenait la peur que ressentirait chaque jour James au fond de son coeur, à redouter ce qui allait arriver à Regulus. L'horreur de ce qu'il adviendrait de leurs vie l'un sans l'autre. Le néant dans leurs têtes à la place de la présence de l'autre. Le poison de la tristesse dans tout leurs souvenirs heureux. Il entendait leurs coeurs battre de travers. Il ressentait les mêmes choses pour Sirius et s'affolait que ça ne puisse se produire. Il savait.
La fin heureuse ne le serait pas pour tout le monde.
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