14 ∙ lay my curses out to rest
Tw : arophobie et acephobie internalisée, mention de pédophilie/POCD
Ce n'était pas facile de se changer les idées lorsque notre principale distraction était stressante au possible. Mary le compris quand, suivant les conseils des medicomages, elle abandonna le travail pendant un moment pour se reposer. Incapable de ne rien faire, elle s'intéressa au bal d'Halloween,. Foutue fête qu'elle avait jusque là choisie d'ignorer. Non pas qu'elle n'aime pas se déguiser ou faire la chasse aux bonbons, c'était juste épuisant de voir que ces ados aux hormones en ébullition y avait encore trouvé un prétexte pour parler romance et sexualité. Au lieu des déguisements, de la musique, des friandises ou des histoires d'horreurs, on se demandait comment s'habiller pour séduire au maximum et qui bécoterait qui. Elle n'avait aucune envie de bécoter qui que ce soit.
C'était d'autant plus agaçant que tout∙es ses ami∙es avaient désormais un∙e cavalier∙e. Dorcas et Marlène, incapable de garder un secret, avaient avoué leurs mise en couple dès le soir de leurs premier baiser et arboraient depuis lors un sourire éblouissant. Remus et Sirius étaient fidèles à eux mêmes : bien que discrets, ils ne pouvaient pas cacher leurs affection l'un pour l'autre. Et même si James et Lily n'avait rien annoncé, il était évident que ça n'allait pas tarder. Mary était heureuse pour les autres mais aussi amère et terriblement seule. Elle savait qu'elle serait malheureuse dans ce genre de relations (l'idée même d'embrasser quelqu'un la mettait mal à l'aise et elle n'avait jamais ressenti les papillons dans le ventre dont tout le monde parlait) pourtant on lui avait tellement fait miroiter la chose comme "le plus beau sentiment du monde" et il arrivait que ça lui manque. Comment quelque chose qu'elle n'avait jamais connu pouvait-il lui manquer ?
Sur son heure de libre, Mary accepta pour se distraire d'aider à faire et installer les décorations d'Halloween et de Samhain dans la Salle Commune. La Grande Salle subirait le même sort au dernier moment, lui avait-on dit, pour que les citrouilles volantes n'aient pas le temps de pourrir au-dessus de leurs têtes. D'un coup de baguette, donc, la jeune fille tendait le bras au dessus de la tapisserie de la Dame à la licorne lorsqu'elle aperçu Peter, les bras chargés de nouvelles décorations et d'un tas de vieux habits rouges, jaunes, bleus et verts.
« Salut Peter, dit elle, collant pour de bon sa ribambelle de citrouilles grimaçantes au mur. Elle jeta un coup d'oeil à Vance, qui disposait de petits fantômes sur la cheminée, dans l'espoir d'une approbation mais ne trouva aucune réponse. On a fini pour les décorations je crois, le reste sera mis le jour même.
- Oh oui oui. C'est pour les premières années, j'ai promis à un petit né-moldu de lui apprendre à transformer les vêtements pour son déguisement, maintenant toute sa classe veut le faire.
Mary rit. C'était bien le genre de Peter de se retrouver dans ces situations absurdes, mais elle ne valait pas mieux. Au moins pour une fois on estimait le jeune homme capable de quelque chose, elle ne croyait pas avoir déjà vu quelqu'un capable de le prendre au sérieux vis-à-vis de la magie. Les maraudeurs eux-mêmes méprisaient souvent ses talents.
- Besoin de soutient psychologique ? offrit-elle.
- De soutient tout court, c'est pas de refus. Je vais me trouver malin si on me demande d'invoquer de la fourrure... »
Métamorphoser un tissu en un autre avec un modèle, ça se faisait - avec un peu de pratique. Arriver à une bonne fourrure c'était autre chose. Bien sûr, aucune métamorphose de vêtements n'était efficace à cent pour cent, un∙e connaisseur∙eusse saurait toujours différencier du cuir et du jean changé en cuir, mais l'important restait l'illusion. C'était dur en particulier pour la fourrure cela dit. Peu de tissus s'en approchant. La fourrure était une oeuvre de la nature, le tissu une production humaine, c'était sans doute pour ça. Il était aussi compliqué d'imiter des cheveux, de la peau ou des écailles avec ce genre de sort.
Quittant son poste, Mary s'approcha de la table en bois sur laquelle Peter étalait le matériel récolté. On y trouvait toute sorte de vieilleries qui devaient provenir d'anciens uniformes ou du coffre aux objets trouvés. Ça aurait fait le bonheur de pas mal de punk aimant créer eux-mêmes leurs vêtements. Elle se jura d'en parler à Marlène un de ses jours.
« Ça t'agace, toi aussi, toute cette agitation autour des invitations ?
Mary releva la tête aussitôt vers le jeune homme, surprise. C'était comme s'il avait lu dans ses pensés. Elle pria les trois sorcières que ce ne soit pas une approche pour l'inviter elle. Mais ça aurait été mal connaitre Peter qui continua :
... Entre Remus et Sirius, James et Lily, Frank et Alice, ça devient étouffant. Je suis le seul célibataire du dortoir. Ça ne me dérange pas mais j'ai l'impression que les autres ont une raison de plus de me regarder de haut.
- Comme si tu n'avais aucune expérience parce que tu n'as jamais été en couple... acheva Mary.
Peter hocha la tête.
- On connait ça tout les deux, je crois.
- Je ne sais pas si c'est exactement la même chose. Tu trouveras bien quelqu'un un jour. Moi... j'ai l'impression que je ne pourrais jamais être amoureuse. Je ne sais même pas ce que ça fait.
- Moi non plus. Je comprends pas bien quand les autres en parlent. Répondit Peter. C'est juste que... je ne veux pas non plus me faire croire que ça ne pourra jamais arriver, tu sais ? J'ai envie d'essayer une fois pour voir. Même si au fond je sais que ça ne marcherais pas.
Mary approuva. Elle comprenait très bien. Elle s'assit, jonglant avec une balle moldue en cuir brun dont elle pensait qu'elle ferait sans doute une citrouille convaincante, après transformation.
- Au début je croyais juste que j'aimais les filles. Admit-elle, elle ne l'avait jamais dit à personne. Ça m'a travaillé un moment et puis je me suis dit qu'après tout ça n'avait pas beaucoup d'importance. L'idée me déplaisait pas plus que ça. Les filles sont gentilles, jolies, bienveillantes en général, elles ont du style... Mais ce n'était pas ça. Ce que je croyais être des béguins étaient juste des attirances amicales. J'avais envie de les connaitre pour être leurs amie, de vivre de belles choses, mais rien de plus. Rien de romantique. J'ai même fait des cauchemars dans lesquelles je me mariais.
Elle était gênée de parler de ça mais aussi soulagée d'avoir trouver une personne capable de la comprendre dans une certaine mesure. Ce n'était pas à Lily, brulant d'amour pour James Potter qu'elle aurait pu parler de ce genre de choses.
- Je me suis posé la question aussi... de si c'était pas les garçons. (à reculons, Peter ajouta :) À un moment j'ai même eut peur d'être pédophile ou un truc comme ça- Hé, ne te moque pas ! Ça me faisais super peur ! Imagine avoir ce genre de maladie et ne rien pouvoir y faire parce qu'en plus tu ne peux en parler à personne tellement tu as honte ! J'avais peur d'avoir ça, je voulais pas être dangereux. J'ai eu peur de m'approcher de mon petit cousin pendant au moins au semaine. Il a rien compris le pauvre, il m'adorait, on jouait ensemble tout le temps mais ça me rendait malade de risquer de lui faire du mal. Mais je me suis rendu compte que c'était basé sur rien du tout et que je le rendait triste en m'éloignant donc ça a finit par me passer.
Mary perdit son sourire. Cette situation avait en effet l'air difficile. Beaucoup aurait jugé le jeune homme pour s'être imaginé une déviance pareille mais elle n'était pas de celleux qui jugeait les autres. Elle essayait toujours de comprendre, sans toutefois excuser. Et elle comprenait. Sans aller jusque là, elle-même songeait parfois qu'elle était peut-être malade aussi, incapable de ressentir une attirance romantique ou sexuelle quand cela semblait être le coeur de la vie de tant de personne. Mais elle ne pouvait pas aller voir Mme Pomfresh et lui parler de ce genre de choses, si ? Parler à Peter relevait déjà du miracle.
Elle en était arrivée à la conclusion que si ça ne lui faisait pas de mal à elle-même, que si ça ne faisait pas de mal aux autres, alors il n'y avait pas de problèmes. Elle pouvait rester comme ça. Mais l'accepter ne suffisait pas tout à fait. Il y avait le reste du monde pour lui rappeler que quelque chose était différent pour elle.
- Dès fois j'ai l'impression qu'on m'a maudite.
- Dès fois, je me dis que c'est plutôt une bonne chose. Ça fait voir l'amour sous un jour différent, on est moins aveugle, je crois. Et ça me fait vivre des amitiés deux fois plus fortes, parce que c'est le sentiment le plus important que je puisse ressentir, j'en prends soins. Plus j'y réfléchis, plus j'aime bien cette partie de moi.
- Tu savais que Merlin était comme nous ?
- Sirius dit qu'il était amoureux du Roi Arthur.
- Je ne pense pas. Je pense qu'il était comme nous.
- Il y a toute une tradition de vielles sorcières qui vivent seules avec leurs chats, après tout. Elles aussi sont comme nous. Je trouve que ça a l'air cool, d'être une vielle sorcière avec un chat. Je ne dis pas ça parce que je suis un chat.
- Un jour tu seras aussi une veille sorcière.
- Hé !
- Je croyais que tu trouvais ça cool ?
- Oh, la ferme ! »
Avant qu'iels ne puissent en parler d'avantage, une nuée d'enfant débarqua, implorant de leurs enseigner des moyens de réaliser des costumes plus compliqués les uns que les autres.
Le soir, en remontant les escaliers qui menaient au dortoir après avoir aidé toute une bande de jeunes sorcier∙es à changer des capes rouges en capes noires, et presque dessiné en entier un costume de dragon, Mary était épuisée mais heureuse. Elle réalisa que pour la première fois depuis un moment elle n'avait à porter les secrets de personnes à part des siens et qu'elle pouvait même en parler pour avoir la tête tranquille. Ça faisait du bien. Elle se sentait légère comme sur un balais. Et puis elle avait une idée de costume pour le bal.
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