13 ∙ Friday I'm in love

Le vendredi de la semaine précédant le bal, proche de l'heure du couvre-feu, si on était pas à la recherche d'un∙e cavalier∙e, on pouvait voir Dorcas Meadowes faire les cents pas devant une porte que personne n'avait jamais remarqué. La jeune fille se creusait la cervelle, curieuse de savoir ce que Lily pouvait bien vouloir lui dire à cette heure-ci. À quel point était-ce assez important pour qu'aucune autre des filles n'ait été convoquée ? On lui avait fait parvenir ce bout de parchemin dans son grimoire de métamorphose. C'était les formes cursives de Lily qui y étaient inscrites, elle en était sûre. À force de récupérer ses cours elle savait bien reconnaitre son écriture. Son amie n'avait pourtant pas signée, mais elle lui faisait trop confiance pour croire à un piège. Sans compter qu'il n'existait pas de sort capable d'imiter l'écriture de qui que ce soit à sa connaissance.

Elle ouvrit la porte et entra dans la salle, lieu du rendez-vous. Une banale salle de classe à priori qui était pourtant trop poussiéreuse pour avoir jamais servie. Pas depuis un moment. Des araignées avaient eut le temps d'élire domicile au plafond. Sur le tableau noir, un schéma expliquait une notion d'arithmancie qui n'était même plus au programme. 

Lily n'aurait jamais participé à un piège, n'est-ce pas ? 

Pourtant, en voyant Marlène apparaitre, toute aussi surprise qu'elle, ce fut bien l'impression qu'elle eut. Quand la porte grinçante claqua derrière son amie et qu'elles se retrouvèrent enfermées pour de bon, elle en eut enfin la certitude, mais c'était trop tard. 

« Tu m'as piégée ?! s'écria Dorcas, se levant de la table sur laquelle elle s'était assise en dévisageant Marlène. 

- Je n'ai rien fait. marmonna la blonde qui n'avait pourtant pas l'air bien affectée d'être privée de l'une de ses libertés les plus fondamentales. Ces derniers temps cela-dit, rien ne semblait l'affecter. Depuis qu'elles ne se parlaient plus, Dorcas n'avait pas saisit le moindre de ses rires ou la moindre de ses larmes, même en l'épiant du regard à chaque fois qu'elle le pouvait. 

Mais elle n'avait pas le temps de penser à ça. Elle commença à tambouriner contre la porte, à guetter les fenêtres, prendre peur. Dans une école de magie, qui savait ce qui pouvait leurs arriver ? Elle connaissait des Serpentards assez sadiques pour les laisser là pendant des jours. Elle avait entendu parlé d'un premier année, un né-moldu, qui avait été enfermé dans les égouts du château et y avait erré pendant des jours avant qu'on ne le trouve. Des septièmes années, mangemorts depuis peu, n'avait pas supporté sa répartition à Serpentard. 

De plus en plus d'histoires sordides de ce genre s'accumulaient depuis l'ascension de Voldemort. Certes, ni Dorcas ni Marlène n'étaient des nées-moldues et il était rare de voir des sang-mêlé∙es se faire agresser comme ça (il aurait fallu s'en prendre aux trois quarts du château) mais on était jamais trop prudent∙e. Peut-être sa rivale de Quidditch, Susie Murphy, avait-t-elle décidé de se venger du coup de cognard de la dernière fois ? C'était aussi le type de rancunes que nourrissait les Serpentard, bien que les autres maisons ne soient pas exemptées non plus de ce genre de comportement. 

- Et toi, tu t'en fou ? reprit Dorcas, voyant que ses appels ne menaient à rien et se tournant vers sa meilleure amie. 

- Franchement vu ce à quoi ressemble ma vie maintenant, tu pourrais être en train de m'écarteler que j'en aurai pas grand chose à faire. »

Dorcas leva les yeux vers la blonde et fronça les sourcils. Elle n'aimait pas quand les autres jouaient la carte des personnes déprimées dans l'espoir qu'on les aide. Elle savait aussi cependant que ça témoignait d'une grande fragilité intérieure. Elle n'avait jamais vu sa meilleure amie agir comme ça. Marlène n'avait jamais été fragile, n'avait jamais eu tendance à être déprimée. Elle avait toujours été souriante et si quelque chose lui déplaisait elle préférait le reprocher aux autres qu'à elle-même. C'était agaçant, parfois, mais c'était aussi rassurant. Ça voulait dire que personne ne pouvait la briser d'un claquement de doigt, elle avait foi en elle et elle était forte. Dorcas aurait pu lui cracher à la figure alors, mais elle se trouva démunie de se rendre compte que ce trait de personnalité s'était effacé. Marlène n'avait plus confiance en elle. Plus assez pour faire une blague dans les pires moments, pour ne pas faiblir face à un obstacle, pour continuer de nager à contre sens coute que coute. Elle avait perdu toutes ses amies et une partie de ce qu'elle était avec. 

Dorcas soupira et s'éloigna de la porte, allant s'assoir de nouveau sur une table, juste à coté de celle ou la blonde avait pris place. 

« On a qu'à profiter d'être coincée ensemble pour parler. 

Marlène haussa les épaules. 

- Il y a pas grand chose à dire. 

- Je pense que si, contra Dorcas. Je pense qu'il y a un certain nombre de choses qu'on ne s'est pas dites concernant notre relation... (À peine la blonde ouvrait-elle de nouveau les lèvres pour répondre que Dorcas lui plaqua une main sur la bouche dans un geste enfantin qu'elles avaient beaucoup fait à une époque mais qui paraissait désormais dérangeant). Laisse-moi dire ça, au moins une fois, après on pourra tout oublier si c'est ce que tu préfères. »

Quand elle ôta sa main, Marlène ne reprit pas la parole. Son amie poussa un soupir, laissant son regard s'envoler vers les toiles d'araignées du plafond pour ne pas être confrontée au poids du jugement de son amie. Le regard des autres n'avait jamais eut beaucoup d'importance pour elle, mais c'était toujours different lorsqu'il s'agissait de Marlène. 

« Tu te souviens du jour où tu as bu cet essence d'ancolie ? C'était au début de la sixième année je crois. On faisait un devoir de potion, tu l'as confondu avec ta tasse de chocolat chaud. 

- Une façon stupide de mourir, acquiesça la blonde avec un demi-rire. 

- On a couru à l'infirmerie, même Mme Pomfresh avait l'air inquiète. J'ai cru que tu allais mourir, à ce moment là. Je me suis rendue compte que si tu mourrais ça allait me briser. J'ai réalisé que toutes les rêveries inconscientes que j'avais fait de mon avenir avec toi n'arriveraient jamais et ça m'a... anéantie. Quand tu t'es réveillée j'ai du me retenir de ne pas t'embrasser à pleine bouche tellement j'étais soulagée et... amoureuse. J'ai compris que je t'aimais ce jour là. Au début, j'ai cru que c'était juste un petit crush... mais c'est pas parti. »

Dorcas osa enfin plonger ses yeux dans ceux de son amie dont l'expression était indéchiffrable. 

« Dis quelque chose. »

Pour seule réponse, Marlène déboutonna sa chemise pour révéler, juste sous sa brassière, un tatouage sorcier qui d'une écriture maladroite signait sur sa cote : Dorcas Meadowes. La concernée fut tentée de le toucher et se retint juste à temps. 

« Tu peux. » lui-dit la blonde en encourageant la main à poursuivre son chemin. 

Dorcas tarda à entrer en contact avec sa peau mais une fois ses doigts posés contre sa chair elle ne put plus s'arrêter. Elle sentait le coeur de Marlène s'emballer tout près de là, le sien n'arrangeant pas les choses. Il fut alors difficile de savoir quel corps était à qui, quelles mains étaient à Dorcas et quel coeur était à Marlène, car elles fondirent ensemble dans un baiser suspendu à leurs lèvres depuis trop longtemps. Dorcas était debout, maintenant. Marlène assise sur la petite table et l'embrassant sans relâche. Elles étaient décidées à ne pas interrompre ce moment. Elles ne pensaient plus aux dernières semaines, aux défauts qu'elles s'étaient reprochées à l'une et à l'autre. Ça n'avait plus tant d'importance que ça en comparaison de leurs souffles mêlés l'un à l'autre, de leurs sourires et de l'explosion qui rependait l'adrénaline dans tout leurs corps. 

Elles auraient pu tuer Lily et James qui ouvrirent la porte grinçante de leurs piège-devenu-refuge bien trop tôt à leurs goût. 

« Oups. grimaça la rousse. Désolée.

- C'est dingue que cette technique du piège marche encore sur les gens. » dit plutôt James, vaincu. 

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