11 ∙ Sisters of the Moon
À Maggie Smith. Merci d'avoir incarné l'une des meilleures sorcière et professeure de l'univers de Harry Potter, vous avez bercé mon enfance et celle de beaucoup d'autres. Merci d'avoir rendu nos vies un peu plus magiques. Que votre âme repose en paix.
En temps normal, voir Lily et James aussi proches aurait réjouit Remus. Depuis le temps qu'on attendait. Pourtant, un peu égocentrique, son bonheur était bloqué par la sensation que quelque chose avait changé dans les yeux de Lily. Elle l'épiait. Et quand il suspendait son regard en pleine traque, elle camouflait cette nouvelle expression d'un sourire qui sonnait faux. Il ne savait pas bien si c'était de la pitié, du mépris ou tout simplement un doute, mais ça ne lui plaisait pas du tout.
Il laissa couler. À cette période, de toutes façons, il avait de quoi s'occuper l'esprit : Il se questionnait sur l'annonce de sa transidentité à ses proches, nombre de ses pensées étaient accaparées par Sirius, et puis il avait développé une nouvelle passion littéraire ; à savoir les Chroniques des Vampires qu'il ne pouvait plus lâcher au point de se coucher à minuit passé "pour un dernier chapitre".
Lire sur les vampires avait quelque chose de cathartique pour Remus. Bien sûr, il ne se serait jamais autorisé l'ouvrage d'un loup-garou au grand jour, mais les vampires savaient répondre à ses attentes sans pour autant attirer les soupçons. Après tout c'était des créatures dont les dilemmes moraux étaient proches des siens. Ça faisait du bien. Et les sous-textes queers n'étaient pas de refus pour un jeune homme trans et bisexuel.
Dans les tribunes du terrain, appuyé contre la balustrade, il dévorait ses pages dernières pages dans l'attente et la frustration des fins, tandis que son compagnon, stimulé par le futur match de Quidditch sur fond d'Halloween, tournait en rond sur son balais. À cette heure là il n'y avait personne, ils étaient seuls tout les deux.
« J'ai toujours suspecté Regulus d'en être un. dit Sirius en atterrissant près de lui, ses tours achevés.
- De quoi ?
- Un vampire. Mes parents en seraient et iels lui auraient transmis. Mais pas à moi. Ma différence viendrait de là. Je me racontait souvent cette histoire quand j'étais petit.
C'est pas le vampirisme le problème de tes parents, c'est le racisme anti-né∙es-moldu∙es. Pensa Remus ce que Sirius approuva, comme s'il lisait dans ses pensées :
- Oui, je sais, leurs problèmes c'est surtout d'être des mangemorts. Mais j'aimerais me dire que ce sont des vampires, leurs trouver une raison.
Ça pouvait se comprendre, on aimait pas penser que des êtres humains - sorciers ou non, puissent prendre goût à la cruauté au point de faire du mal à leurs propres enfants et de vendre leurs vies au Seigneur des Ténèbres.
- Des fois avoir une raison c'est pas suffisant. marmonna Remus.
Il avait beau savoir que Greyback était un loup-garou, ça ne lui permettrait jamais de comprendre pourquoi il l'avait maudit pour le restant de ses jours. Sa théorie à lui disait que ce n'était pas des monstres qu'ils fallait avoir peur mais de leurs part d'humanité. Il ne croyait ni au Diable ni en Dieu, juste au monde qui pouvait briser une personne.
- Pas faux. Acquiesça Sirius, désolé. On rentre ?
- J'ai envie de rester un peu. »
Il ne savait si c'était sa part louve qui lui faisait autant apprécier l'air frais des soirées d'automne, mais il aurait pu rester là une éternité. La nuit, dans le vent, à regarder les étoiles. C'était la vraie magie pour lui. Avec l'amour, les livres et la musique. Bien plus fort que n'importe quel sortilège. Même le filtre d'amour le plus puissant du monde ne pourrait imiter ces sensations, se disait-il. Sirius vint s'assoir à ses cotés et il s'appuya contre lui en souriant. Remus espérait que son amoureux pouvait ressentir la même chose.
« Lily sait quelque chose. lâcha-t-il au bout d'un moment alors qu'il était presque certain que Sirius s'était endormi.
- Je crois que toute l'école sait qu'on est ensemble, Moony. plaisanta l'autre.
- Je veux dire à propos de moi.
Il y eu un silence, mais ça allait. Les silences étaient doux avec Sirius.
- Ça te fait peur ?
- Je pense pas qu'elle se mette à me détester. Ce qui me fait peur c'est la façon dont c'est arrivé à ses oreilles aussi vite et sans que je ne dise rien. Qui sait qui d'autre pourrait l'entendre ? Les novelles vont vite à Poudlard.
- Tu as peur que tes parents sachent, hein ?
Remus soupira, les yeux dans le vague.
- C'est horrible de trouver ce truc qui fait que je me sens enfin mieux. Cette solution pour que ma vie soit enfin belle. J'avais un vide dans le coeur depuis toujours, pour plein de raison différentes. Je sens que ça se répare, que ça va mieux. Mais... le truc qui fait que ça va mieux c'est peut-être aussi le truc qui fera que mes parents vont me détester. Je les aime pourtant, j'ai envie qu'iels m'aiment, qu'iels soient fiers de moi... mais si je leurs dis iels n'accepteront pas. Ils font ces blagues sur les personnes comme moi, ils ont ces opinions, ces soupirs... Ça me tuerai qu'iels fassent ça à propos de moi. Qu'iels pensent à moi comme une erreur... Si je les perds, qu'est-ce qu'il me restera ?
- Il y a toujours nous.
Il tourna la tête vers Sirius qui le regardait. Il avait cru que celui-ci ne pourrait jamais comprendre, il se trompait. Les parents vendant de l'amour sous condition, c'était son domaine d'expertise.
... C'est ce qu'il me reste à moi. Mes parents me détestent, mais il y a les Maraudeurs.
- Et les Maraudeuses.
Remus les avaient baptisées ainsi, ça ne plaisait pas au groupe des garçons.
- "Les Maraudeuses", pff. Je demande cinquante pour cent des droits. »
✦
Nous étions déjà le dix octobre et Remus n'avait pas de costume. Pas de quoi s'alarmer, lui dirait-on, après tout aucunes de ses amies n'y avait réfléchit non plus. Mais pour lui c'était différent. Il avait le sens du symbole. Il se plaisait à calculer ses actions bien avant de les faire pour y dissimuler des indices, des clins d'oeil, des oeufs d'Ostara.
Cette fois, il voulait trouver le costume du parfait alter-ego. Il ne savait pas bien s'il devait s'accorder à Sirius, s'il devait éloigner les soupçons sur ses différences ou bien les embrasser. Devait-il revêtir la peau de quelqu'un qui aurait put être lui dans une autre vie ou bien au contraire jouer sur le contraste ? Vampire ne lui irait pas du tout malgré sa fixation du moment sur ces créatures, et un costume de loup-garou serait... suicidaire. Ou audacieux. Difficile à trancher.
Ce qu'il savait, c'est qu'il serait un garçon. S'il y avait une seule occasion d'en être un c'était celle-ci. Mais s'il avait bien compris quelque chose à la masculinité ses derniers temps, c'était qu'elle se déclinait avec la personne. La masculinité d'un vampire n'était pas celle d'un loup-garou. Celle des moldus n'était pas celle des sorciers. Et même parmi les sorciers, même parmi deux sorciers très proches, Sirius et James habitaient par exemple leurs genre d'une façon très différentes, quoi qu'ils n'en aient sans doute pas conscience. Remus se demandait un peu comment ils faisaient.
Maintenant qu'il en avait le droit, quel garçon serait-il ? Il se doutait qu'il ne pouvait pas répondre à une question existentielle au travers un déguisement mais il ne pouvait que se la poser. Correspondrait-il mieux à monstre gentil, à un fils du Diable ou à un ancien ministre de la magie ?
« Qu'est-ce qui m'irait bien, tu crois ? demanda-t-il à Marlène dans le dortoir après avoir étalé tout les vêtements qu'il possédait sur son lit pour une vue d'ensemble. Il devrait ensorceler quelque tissus s'il voulait que son résultat ressemble à quelque chose.
Marlène bondit de son matelas et vint à ses cotés, bien heureuse d'être divertie de ses propres problèmes. Iels étaient seul∙es dans le dortoir, leurs amies faisant bande à part et Mary profitant d'avoir retrouvé ses forces pour faire de nouveau le plein de livres.
- Mmm... Qu'est-ce que tu cherches ?
- Je ne sais pas bien. Un personnage masculin qui soit au choix un peu comme moi ou complètement différent.
- Sorcier ou moldu ?
- Hé ben... Je suis sang-mêlé donc... peu importe j'imagine ? Je suis autant attaché à une culture qu'à l'autre.
- C'est l'entièreté des deux cultures que tu me demandes, fit mine de soupirer la jeune fille en se laissant tomber sur le lit pour écraser une partie de la pile de vêtements qui y siégeait.
Ce n'était pas tout à fait vrai, se dit le jeune homme. L'une des cultures avait le cinema et l'autre pas, ça réduisait considérablement le nombre de personnages. Restait que le monde sorcier avait des légendes vivantes dans son folklore. Mais il aurait trouvé prétentieux de se grimer en Merlin. Trop tape-à-l'oeil.
- À qui je te fais penser ? Il faut bien une base commune.
Marlène le regarda en tordant la bouche, réfléchissant.
- À un monstre très humain à l'intérieur ? La créature de Frankenstein ?
- Sirius serait ravi de jouer la fiancée. rit Remus et Marlène ne sut pas bien si elle devait s'autoriser à le rejoindre dans son gloussement. Il se laissa tomber à ses cotés. Je ne sais pas... J'ai jamais été très fan des zombies.
- Ce n'est pas du tout un zombie ! Mary Shelley doit se retourner dans sa tombe !
- Pfff, peu importe, pas mon truc.
- Ooooh ! Norman Bates ! Tu ferais un SUPER Norman Bates !
- Qui ?
- Le tueur des films Psychose !
- Connais pas.
- La douche, Remus. Le truc avec la scène de la douche.
- Ha oui. Pas vu.
- Dommage. Il s'habille presque comme toi t'aurais rien eu à changer.
Elle saisit par les manches l'un des pulls en laine de son ami aux couleurs automnales. Les filles lui avait parfois dit que c'était des vêtements de grand-père, et il était plutôt d'accord, mais il s'en fichait. Il trouvait les couleurs réconfortantes et les tissus confortables.
- Je vais faire comme si je n'avais rien entendu.
- Casper ça t'irais bien aussi.
- Mouais. Pas facile comme déguisement.
- Jamais content.
- Qu'est-ce que tu serais, toi ?
Marlène haussa les épaules, perdant un peu son sourire.
- C'est dans des semaines, je n'y ai pas encore réfléchit. Je ne sais pas si j'irai, d'ailleurs.
- C'est l'occasion pourtant...
- De quoi ?
- D'inviter Dorcas.
Marlène soupira avec un sourire triste. Elle y avait beaucoup réfléchit, ça se lisait dans ses yeux.
- Je n'ai plus qu'à trouver le costume d'une vieille lesbienne lâche qui a ruiné ses chances et mal traité la fille qu'elle aimait.
- Dis pas ça. Je suis sûr que ça va s'arranger. »
Mais lui-même n'était pas certain d'y croire. La vie d'adulte à l'horizon avait l'air d'être pire que tout ce qu'on leurs avait jamais destiné.
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