1 ∙ Season of the witch(es)
Tw : deadname et mégenrage (involontaire), mention de racisme
« ROOOOOSE ! Bordel mais c'est pas possible, elle va y passer combien de temps ? » pesta comme tout les matins Mary, devant la porte de la salle de bain qui avoisinait le dortoir.
C'était l'une des rares circonstances durant laquelle on pouvait entendre la jeune fille être véhémente pour de vrai. Le reste du temps elle était calme, discrète et sage. Elle paraissant bien au dessus des problématiques des un∙es et des autres au point qu'elle semblait ne jamais s'ennuyer, se ruer sur la nourriture ou l'eau, ni quémander l'amour et la reconnaissance de qui que ce soit. Ses amies disaient d'elle que c'était une philosophe dans l'âme, sereine mais pas pour autant éteinte, prête à tout affronter. Une seule chose la stressait au plus haut point : être en retard.
Elle arrivait toujours quelque part avec plusieurs minutes d'avance, capable de combler l'ennui de l'attente avec n'importe quel livre qui lui tombait sous la main - et elle en avait, des livres. Elle en cachait toujours un dans une poche de sa cape. Mais quand quelqu'un la mettait en retard, ni livres ni paroles ne pouvait la rassurer. Elle tournait en rond, comme ce matin-là, dans tout le dortoir, en parlant à celleux qui le peuplait, puis aux objets ou à elle-même jusqu'à menacer de conjurer le∙a responsable. Toutes personnes raisonnables savait qu'il ne fallait pas s'y frotter à moins de vouloir s'y piquer. Car Mary, en grande observatrice (et talentueuse sorcière) trouvait toujours le sort qui mettrait en rogne ses adversaires. Elle était imbattable à ce jeux, excepté face à Lily. Mais Lily et Mary ne se fâchait jamais. Elles n'avaient que peu de points de désaccords. Tout comme son amie, par exemple, Lily préférait ne pas être en retard. Surtout le jour de la rentrée.
« Rosie, on aimerait se brosser les dents ! dit cette dernière contre la porte verrouillée.
- Ça va, j'arrive ! répondit une voix de l'autre coté de la paroi.
C'était étonnant, du point de vue des filles, que Rose passe autant de temps dans la salle de bain. On en attendait pas autant d'un "garçon manqué", qui, en comparaison des filles n'avait à priori rien à soigner. Les cheveux courts et châtains qui lui tombaient sur le visage n'avaient pas besoin d'être entretenus plus que par un lavage hebdomadaire et ni son teint pale et ni ses yeux cernés n'étaient camouflés par du maquillage. Sa façon de s'habiller, à l'exception de la jupe d'uniforme remplacée par un pantalon, n'avait rien d'extraordinaire non plus.
- On est pas obligées de se brosser les dents, non plus. intervint Dorcas, pas stressée le moins du monde, qui s'était étalée sur son lit toute habillée et faisait tournoyer sans baguette un crayon jaune au dessus de sa main.
- Rosie, on part sans toi ! cria Marlène, plus comme menace que comme réalité, allant toujours dans le sens de Dorcas.
- Je comprendrais jamais ce qui lui prend autant de temps. »
La vérité c'était que Rose, qui s'appelait en fait Remus, s'appliquait à avoir l'air normal. Prendre soin qu'aucune de ses cicatrices ne dépasse de ses vêtements (mise à part les marques irrécupérables qui lui barraient le visage), que sa poitrine paraisse plate et que ses cheveux ne repoussent pas trop vite. Il voulait qu'on le voit comme il était ; un garçon, sans pour autant que ses amies ne le comprennent. Il n'était pas encore prêt et ne savait pas s'il le serait un jour. Lui-même ne comprenait pas bien ce qui lui arrivait, il savait que malgré ce qu'on lui avait toujours dit, il était un garçon, mais n'avait jamais entendu parler d'une personne comme lui qui serait passé de l'un à l'autre. Et puis il savait bien que pour les autres il était un mystère aussi. On ne comprenait pas bien s'il était une fille ou un garçon, pourquoi il était si souvent malade, d'où venait les cicatrices sur son visage ou comment Sirius pouvait-il l'avoir choisit lui, parmi toutes les magnifiques filles féminines qui rougissaient face au moindre battement de ses cils. Même si cette dernière question, il se la posait lui aussi bien souvent.
Il se jeta un dernier regard dans le miroir, satisfait, puis pris une grande inspiration et ouvrit la porte, juste au moment où ses amies se levaient pour partir.
« Enfin ! s'exclama Mary.
- Si on court, on sera pile à l'heure. lui dit Lily en l'attrapant par l'épaule. Dory à raison, tant pis pour le brossage de dent.
- Dégeu. » souligna Mary, se laissant entrainer malgré tout.
Sans un mot de plus, le groupe dévala les escaliers de la tour puis se lancèrent dans les longs couloirs sous les encouragements ou les ricanements des tableaux. On ne demanda pas de compte à Remus, sachant qu'il n'y répondrait pas, mais Mary eut une douce vengeance en le faisant s'asseoir à coté d'elle, au premier rang, dans la salle d'Histoire de la Magie où tout le monde somnolait déjà. Le professeur Binns ne se seraient pas rendu compte de leurs absences, c'était plutôt une question de principes.
Remus se tourna avec un visage peint de détresse vers Sirius et James assis au dernier rang. Le second dormait tandis que le premier, taquin, se balançait sur sa chaise en rendant à son petit-ami une grimace pas le moins du monde compatissante. Lily, assise à coté d'Alice, suivit l'échange du regard et leva les yeux au ciel. Comme beaucoup elle ne comprenait pas ce couple, mais, en revanche, n'avait aucun mal à croire qu'ils s'aimaient. Ça faisait presque trembler la pièce.
Dorcas et Marlène, de leurs coté, s'étaient déjà endormies. L'une écroulée sur sa table, l'autre ayant développée avec le temps une technique folle qui consistait à rester assise, le dos droit, et à fermer simplement les yeux. Nul ne savait comment elle parvenait à dormir dans cette position, mais c'était efficace. Même McGonnagall pouvait y être trompée.
Remarquez, c'était un miracle que le Professeur Binns ait pu rendre le cycle arthurien ennuyeux. C'était l'une des rares périodes d'Histoire de la Magie que les élèves étaient impatient∙es d'entendre, mais la plupart ne tenait même pas au delà de Merlin. Morgane, Viviane ou Mélusine mourraient englouties dans le sommeil profond des uns et des autres. Iels en avait à peine l'écho dans leurs rêves.
Ça commençait dans l'ennui, se disait-on. Au moins c'était la dernière année.
Au bout d'un moment, Pandora, qui faisait jouer son lapin et son patronus - un lièvre - sous son pupitre, eut un rire attendrit un peu trop fort qui réveilla la classe avide de divertissement. La moitié se rendormit aussitôt, déçu, en se rendant compte que rien ne se passait. Dorcas n'en fit pas parti, détournant les yeux des léporidés pour se concentrer sur Marlène. Comme celle-ci ne la voyait pas, elle se permit de la détailler sans retenue.
C'était une jeune fille grande, mince et blonde à la peau pale et aux yeux noisettes qui aurait put être une petite fille modèle si cela lui avait convenu. Ses longues mèches dorées auraient à merveille porté des noeuds ou des barrettes. Sa posture et sa grâce l'aurait faite entrer à Beauxbâtons d'office, avant même son premier sort. Mais Marlène n'était pas comme ça. En fait, elle avait été une petite fille modèle durant les deux premières années, assez semblable à Lily ou Mary. À une exception près et pas des moindres : elle avait horreur des devoirs. À l'aube de son adolescence et tout les jours depuis, elle avait commencé à faire de son mieux pour paraitre rebelle dans son attitude comme dans son apparence, en s'efforçant pour autant de ne jamais devenir quelqu'un de méchant. Elle avait froissé et troué ses vêtements bien repassé, boucler et décoiffés ses cheveux lisses, souligné ses yeux d'un trait de crayon ou coloré ses lèvres en rouge vif. Elle avait aussi cesser de rentrer chez ses parents à chaque vacances et de réviser d'arrache pieds, se maintenant juste à la moyenne pour de pas avoir de problèmes. Nul ne savait ce qui avait provoqué ce changement drastique. La plupart diraient que c'était l'adolescence. Dorcas en doutait, mais dans tout les cas ça lui plaisait beaucoup. Elles s'étaient beaucoup rapprochées à ce moment là et Dorcas avait commencé à ressentir pour Marlène quelque chose qu'elle n'avait jamais ressentit avant, sans qu'elle ne sache ce que c'était.
« Quoi ? questionna la concernée, se réveillant de nouveau en sentant le regard de son amie sur elle.
- Rien. T'es belle.
Marlène rit.
- Merci, Dory. Toi aussi t'es belle. »
Il y eu un petit silence, meublé par la voix du professeur Binns qui paraissait encore plus lointaine que d'habitude.
« J'aurais bien aimé m'appeler Mélusine. reprit la blonde en baissant les yeux sur son livre dans laquelle une gravure mouvante représentait la jeune femme en question.
- Tu peux toujours changer, comme Rose l'a fait.
- Rose n'a pas vraiment changé, juste raccourci. "Rose" ou"Rosalie", ça revient au même. "Marlène" et "Mélusine", ça n'a pas grand chose en commun.
Dorcas haussa les épaules. Elle ne comprenait pas bien pourquoi Marlène pensait à ça de toutes façons, son prénom lui allait très bien. Ce n'était pas comme pour "Rose" qui n'avait jamais ressemblé à une "Rosalie" et pour qui même le surnom "Rose" sonnait faux.
- Je comprends pas pourquoi tu veux changer.
- J'ai besoin de changement, sinon j'ai l'impression de stagner.
Dorcas pouvait comprendre ça, elle aussi avait ressentit le besoin de changer, dernièrement, pour se sentir évoluer. Il y avait eu ses cheveux qu'elle avait décidé de lasser au naturel pour se débarrasser des trop longues séances de tressages. Puis les objets divers qu'elle avait commencé à acheter seule pour s'approprier les endroits où elle vivait et son corps (prenant désormais l'apparence de petits dinosaures de toutes sortes, qu'elle laissait trainer partout dans le dortoir), et enfin les essais philosophiques ou sociologiques qu'elle avait achetés dans des bazars moldus, mordue de justice sociale et de compréhension du monde. Même si elle peinait à les livres, elle adorait discuter de ses nouveaux sujets avec ses amis. Toutefois, au contraire de Marlène, elle ne changeait pas tout le temps, elle cherchait juste ce qui lui convenait jusqu'à ce que ça tombe juste. Marlène, elle, semblait ne jamais avoir finit de chercher.
- Mhm.
- Tu ne penses pas que je devrais me teindre les cheveux, par exemple ? questionna cette dernière. J'aimerais bien être rousse, mais j'ai peur que ça soit de l'appropriation.
Étant donné le nombre de sorcièr∙es pendu∙es et brulé∙es dans le passé parce qu'iels étaient roux∙sses, c'était une grande part de la culture sorcière britannique et ça faisait même parti des critères de beautés dans le monde magique. Il n'était pas rare de trouver des jeunes filles, surtout, qui pour avoir l'air davantage sorcières se teignaient les cheveux en roux. Dans certains magasins de potions toute une étagère y était dédié. Il y avait ça et les mèches blanches, connues pour être des marques de sorcières. On avait parfois entendu Lily bougonner ces tendances capillaires, parce qu'elle venait d'un monde moldu où accepter sa rousseur avait été difficile, et qu'elle se sentait un peu trahie qu'on lui pique ça. Dorcas pouvait la comprendre mais trouvait aussi que c'était une raison puérile de se plaindre. Elle n'en faisait pas autant, elle, quand une élève caucasienne portait créoles, des locks ou des imprimés madras. Si elle l'avait fait, personne ne l'aurait écouté, elle le savait. Les caribéen∙nes avaient pourtant subit bien pire que les roux∙sses.
- Tu as déjà une tâche de sorcière.
- Personne ne la voit ! Une pauvre petite tâche de naissance derrière l'épaule. Lily est rousse, Rose a des cicatrices, Mary a ses taches de rousseurs... mais moi j'ai pas mon truc.
Dorcas était sure que la plupart aurait préféré de pas avoir ses différences. Lily n'avait pas toujours aimée être rousse, Rose passait chaque jour à en vouloir à sa lycanthropie pour une raison ou une autre et les tâches de rousseurs noires sur la peau sombre de Mary (même si elle les aimait beaucoup) ne faisait que donner davantage des idées d'insultes à celleux qui la montrait du doigt.
- Et moi alors ? demanda Dorcas, curieuse.
- Tu n'en a pas besoin, toi. Tout le monde sait déjà que tu es cool. Tu es une renarde !
- Personne ne le sait, ça ne compte pas. Et puis tu es un faucon. Tu as des ailes. »
Marlène fronça les sourcils, tordant la bouche et regardant dans le vide pour réfléchir à la question. Elle devait bien admettre que son amie marquait un point. Il n'y avait pas beaucoup d'animagus volant, restait que personne ne pouvait le voir. Elles avaient fait ça pour Rose. C'était un secret.
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