La contrainte est: le chapitre doit inclure le mot amour.

J'ai déposé ma tête à tes pieds et mon cœur encore palpitant entre tes mains de géant. Tu m'as regardée sans comprendre la raison de cette offrande.

Tu m'avais tellement blessée que je n'étais plus que chair à broyer. Je te dotais d'un double cadeau superbe. Tu allais enfin avoir un cerveau bien rempli et un cœur en parfait état de sensibilité, un cœur saignant certes mais un cœur qui sache aimer, un cœur qui donne sans rien attendre en retour.

Je me suis ensuite arrachée les bras pour que tu puisses les utiliser à des fins de câlins et d'étreintes amoureuses et affectives.

Voilà, par amour mal placé, je m'étais délestée de tout ce qui me constituait et que tu n'avais pas su voir avec tes yeux d'aveugle nombriliste et égoïste. <<On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux>> mais tu ne possédais ni l'un ni les autres. La vie avec toi avait été un véritable calvaire mais je t'aimais trop pour me décider à te quitter. J'allais perdre la vie mais je mourais sans regret parce que je mourais malheureuse.

Toutes ces années passées à tes côtés à être une victime consentante, ah que l'amour est mauvais conseiller. J'avais aussi cette retenue à partir en songeant que mon absence te causerait peut-être un énorme chagrin, que tu ne supporterais pas l'abandon. Tu étais bien trop fier. Tu aurais perdu la face. Ah quelle idiote, j'étais devenue! Mon empathie avait fini par me détruire en plus des coups que régulièrement tu m'assénais. Les femmes, c'est comme les tapis, il faut les battre tous les jours, a dit un humoriste. Tu as un cerveau gros comme un poids chiche mais cette culture, tu la détenais. Je crois bien que tu étais habité corps et âme par le mal et la violence.

Pourquoi suis-je tombée amoureuse de toi? Il est vrai que je suis devenue amoureuse avant de chuter. J'effectue toujours les choses dans le désordre. Je mets la charrue avant les bœufs. Je suis distraite et rêveuse. Ça m'a perdue. Je vais mourir sans avoir réalisé un seul rêve. Comme c'est désolant. On ne gagne pas tous les jours à la grande loterie de la vie.

Une vie vouée à la misère affective, au grand dénuement amoureux, une vie dont personne ne voudrait s'embarrasser, je devais être particulièrement folle d'accepter tout cela sans mot dire ni te maudire.

Mon journal intime va se refermer définitivement sur ces dernières paroles, les paroles d'un être qui a perdu la vie pour avoir trop aimé sans avoir été aimé en retour à sa juste valeur.

<<Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas>>.

Blaise Pascal