11 août (avec mot absurde)

La contrainte est: le chapitre doit inclure le mot absurde.

Mon disque dur de mémoire morte semble encore en parfait état. Je vais pouvoir me connecter pour engranger davantage d'informations, histoire de ne pas finir avec l'électroencéphalogramme d'un poisson rouge. Celui-ci, finalement, est assez enviable, mis à part que sa vie consiste à tourner en rond dans un bocal, sa mémoire est si éphémère qu'il n'a pas le temps de souffrir et qu'il n'a pas d'état d'âme. Et si les humains devenaient des poissons rouges à leur tour, à quoi ressemblerait la vie? Mes idées sont bizarres. Je vais cramer mon matos cérébral à force de me poser des questions existentielles auxquelles je n'aurai jamais les réponses.

Je m'attaque au violon. La lutte est terrible. L'archet me fend le cœur, me transperce le foie et l'estomac. La musique adoucit les mœurs, je vous répète. <<Panisse, tu me fends le cœur>> dit César. Voilà que je me diffuse sur l'écran voilé de mes méninges un vieux film en noir et blanc. Ça dérange l'araignée que j'ai au plafond que j'utilise sa toile. Il y a une mouche prisonnière qui fait une tache noire sur l'image. Que l'araignée se dépêche de la trucider et de la bouffer, je pourrai regarder mon film peinarde.

Mon pop-corn est visqueux. Le contenu de ma vésicule biliaire s'est répandu dans le paquet. Le goût, c'est pas terrible. C'est âcre. M'en fous, j'aime pas le pop-corn et puis ça coûte une blinde au cinéma. Je ne supporte pas d'entendre mes voisins mastiquer. Je leur crache mes canines à la gueule. Mes canines, j'en ai plus besoin, je suis végétarienne. Y a comme un os dans leur maïs! J'avais complètement oublié que le film, c'était dans ma matière grise que ça se passait. Je ne sais pas sur qui ou quoi j'ai craché ma denture. Pas sur toi, baby, j'espère. La tête me tourne et l'accent du Sud m'émoustille. Escartefigue ne se décide toujours pas à poser une carte et y a Marius qui s'énerve. Ça fait un sacré raffut dans mon crâne. Et le type n'arrête pas de grimacer et de faire des œillades, le tricheur! Ça va finir en baston générale. Eh les gars, faites gaffe à mon hypophyse! Si vous la secouez comme un prunier, je vais avoir une montée de lait! Tiens, qu'est-ce qu'il fout là, Louis Jouvet? Il s'est trompé de film. C'est déjà l'heure de Knock? Et ces couillons n'ont toujours pas fini leur partie de cartes! Allez, dégagez! C'est l'heure de la prise de la température tri-quotidienne! Sortez les thermomètres, baissez les frocs! <<Ça vous gratouille ou ça vous chatouille?>>. Quoi, qu'est-ce qu'il raconte encore Louis? <<Absurde, j'ai dit absurde, comme c'est absurde..>> . Mais c'est pas vrai, Louis, tu te mélanges les pinceaux et c'est pas ça le script! Tu peux pas le modifier, c'est une réplique culte! Oh non! Arrêtez, j'ai la migraine! Fermez les rideaux. Je vais faire une sieste dans le noir total. Passe-moi le masque de sommeil, baby.

Rideau!

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