La nuit de trop
Vue de Mao Mao
J'adore l'alcool, j'ai toujours adoré l'alcool, mais je n'étais pas obsédée ou addicte à ça pour autant. J'ai toujours réussi à maîtriser ma consommation, j'avais rarement été bourrée, ou alors Luomen, quand il était encore en vie, me préparait des remèdes pour éviter que j'ai la gueule de bois trop longtemps. Mais je m'autorisais souvent à boire, tout simplement parce que je sais que je tiens bien l'alcool, contrairement à certains...
Mais il faut dire que cette nuit-là, j'avais certainement trop abusée. Et cette nuit-là a fait partie des rares nuits où j'ai fini complètement bourrée, je ne me sentais plus vraiment moi-même, j'avais les joues rouges, j'étais infiniment chaud et la tête qui tournait de temps en temps.
J'étais dans ma chambre, dans ma chambre de dame de compagnie du Pavillon de Jade, j'étais sous l'autorité de Jinshi mais j'étais avec Dame Gyokuyo car elle était toujours enceinte, même si l'accouchement approchait à grands pas. J'étais seule, et, après une longue journée de travail où s'étaient mêlés énigme à résoudre, mystères, mon devoir de goûteuse et d'apothicaire, j'étais complètement épuisée, et je m'étais offert en récompense un peu de rhum.
Le seul problème, c'est que j'avais complètement abusé sur l'alcool, et qu'une heure plus tard après mon premier verre, trois bouteilles vides jonchaient le sol et j'étais complètent saoule sur mon lit, à moitié malade et semblant prête à vomir à tout instant. Et alors que je m'apprêtais à aller dormir pour calmer cette gueule de bois et arrêter de souffrir, ça a toqué à ma porte avant de l'ouvrir sans mon autorisation.
Je me suis tournée vers le mystérieux individu qui venait de s'introduire dans ma chambre, c'était Gaoshun, qui semblait presque désolé d'être là par sa mine complètement ravagée par le désespoir, pour une cause qui m'était jusque là inconnue...
-Maître Jinshi te demande, Shao Mao... a marmonné le garde d'une voix lasse.
-Très bien... J'arrive... ai-je chuchoté, encore la tête dans le cul, alors que Gaoshun s'éloignait déjà sans prendre la peine de m'accompagner au bureau de son maître, mais après tout, je connaissais déjà le chemin depuis longtemps.
Je me suis levée après quelques minutes histoire de me remettre légèrement de ma cuite, et j'ai marché jusqu'au bureau de Jinshi même si parfois je trébuchais sans raison ou que je ne marchais pas vraiment très droit, mais j'ai quand même réussi à atteindre Maître Jinshi sans m'écraser lamentablement au sol.
J'ai ouvert la porte, me suis inclinée sans grand équilibre en manquant de m'éclater sur le parquet en chêne parce que je m'étais trop penchée en avant, puis j'ai refermé la porte derrière moi avant de me laisser tomber sur le coussin au sol pour m'asseoir le plus vite possible, parce que je sentais que, si je restais encore une seconde debout, je n'allais plus du tout tenir.
-Bonsoir Jinshi... ai-je murmuré du bout des lèvres, pourquoi m'avez-vous fait venir ?
-Je voulais simplement prendre le thé et te féliciter de la récente enquête que tu as réussi à résoudre comme une reine... a marmonné Jinshi en me passant une tasse fumante tandis que devant lui se dressaient de grands verres qui semblaient remplis de tout sauf du thé, mais je n'ai fait aucune remarque.
-Oh... Eh bien... C'est gentil à vous... ai-je balbutié en prenant mollement la poignée de la tasse avant de la porte à mes lèvres, manquant ensuite de recracher parce que c'était brûlant mais prenant sur moi pour ne pas tout lui remettre sur la gueule avec ma bave en supplément.
Un petit silence a suivi ma phrase, où il a simplement bu le premier grand verre qui était devant lui. Puis il s'est tourné vers moi de nouveau.
-Cela doit être satisfaisant d'être celle qui résout toutes les enquêtes, non ? m'a demandé le grand homme aux longs cheveux violets.
-Oh... Oui, c'est satisfaisant d'avoir le fin mot de l'histoire à chaque fois... ai-je assuré d'un hochement de tête.
-Tu es drôlement intelligente Mao Mao... Ca te rend... différente des autres... a-t-il chuchoté du bout des lèvres.
Je ne savais pas vraiment comment prendre ça, mais je me suis contentée encore une fois d'un hochement de tête. Il venait de finir son deuxième verre.
-Comment tu fais... à chaque fois ? m'a-t-il demandé, pour résoudre les enquêtes ?
-Je... Je me sers des indices qu'il y a sur la scène de crime... ai-je marmonné, puis je réfléchis aux différentes hypothèses et aux possibilités qu'elles soient correctes...
-Chut... Arrête de parler...
De l'autre bout de la table, il s'était penché en avant pour poser un doigt sur les lèvres, m'intimant de me taire, comme il me l'avait ordonné. Je n'ai pas protesté, je me suis contentée de lever les yeux vers lui pour croiser son regard, pour croiser ses prunelles d'un violet... envoûtant, qui me sidérait soudainement, comme si je ne les avais jamais remarqués avant, alors que je l'avais regardé tant de fois... Son regard, ses cils relevés, sa façon de me regarder, ses yeux sous ses cils, comme s'il me prenait de haut... C'était terriblement... séduisant.
De son autre main, il avait porté un verre à sa bouche qu'il avait vidé d'une traite, avant de le reposer subitement à côté des deux autres qui étaient vides. Troisième verre.
Désormais, nous étions tous les deux sous l'effet de l'alcool, nous ne savions pas vraiment ce que nous faisions, nous étions sous l'emprise de cette délicieuse boisson addictive qui pouvait rendre fou, qui, pour ma part, me faisait oublier ma vie et tous mes problèmes. J'aimais me noyer dans l'alcool quand j'étais au plus bas, quand l'occasion se présentait.
Jinshi s'est encore plus rapproché, mon regard est descendu sur son nez, étrangement fin et aquilin. J'observais son visage sous tous les moindres recoins, je l'analysais, je l'admirais comme si c'était une oeuvre d'art, la nature avait fait de lui une oeuvre d'art, je n'étais pas la seule sensible à son charme. Seulement, je semblais être la seule à pouvoir le cacher... Lorsque j'étais totalement moi-même, et non ivre comme ce soir-là...
Puis mes yeux se sont posés sur ses lèvres. Mon Dieu, je regarde les lèvres de mon supérieur... Est-ce qu'il peut voir que je le dévore du regard ? Que je n'ai qu'une envie, que j'ai juste envie de lui, là, maintenant ? Sur cette table ou sur son lit ? Ses lèvres... étaient terriblement plus charnues que d'habitude, j'avais terriblement envie de poser les miennes dessus.
Je n'avais pas envie de me ressaisir, de me demander pourquoi soudainement j'avais envie de lui, même si je savais pertinemment que l'alcool y jouait un rôle crucial. Je ne pouvais ignorer cette chaleur liquide qui remplissait mon bas-ventre. Je ne pouvais ignorer la façon dont il me dévorait du regard en retour. Je ne pouvais ignorer mon coeur qui battait la chamade dans ma poitrine. Je ne pouvais ignorer... ça... lui... en face de moi...
Seulement quelques centimètres nous séparaient. Il s'était rapproché sans que je m'en rende réellement compte. Mes yeux étaient de nouveau dans les siens. Son regard brûlait de désir, d'une flamme qui s'était allumée en me voyant, une flamme qui s'était déclenchée grâce à moi, grâce à ma présence. Je jouais un rôle dans sa vie. J'étais quelqu'un pour lui.
-Je sais que tu le veux... a-t-il chuchoté d'une voix mielleuse. Vas-y...
C'était de la provocation. Ce connard de Jinshi me provoquait. Et Mon Dieu ce que c'était excitant, séduisant, affolant, malsain... Sa voix... Tout me rendait folle chez lui.
Alors je n'ai pas attendu plus longtemps, j'avais trop contenu mon impatience. Avec de vastes gestes brusques, il a dégagé les verres et ma tasse sur le sol, et je me suis alors hissée sur la table pour aller coller brutalement mes lèvres contre les siennes, mais il m'avait devancé. Mes bras autour de sa nuque pour m'accrocher à lui comme si c'était ma dernière raison de vivre tandis que ses mains se liaient dangereusement autour de ma taille, contre mes reins.
Mes lèvres contre les siennes, c'était un baiser rapide, qui prenait de cours. Un baiser torride, terriblement excitant, mouvementé, comme une danse endiablée, une bataille que chacun cherchait à gagner. J'ai alors ouvert plus grand ma bouche pour que sa langue pâteuse rentre là où elle voulait aller, léchant mes dents et ne faisant désormais plus qu'une avec la mienne.
Pendant ce temps, il m'avait attiré tellement fort contre lui qu'il était désormais allongé sur le sol tandis que j'étais allongée, collée toute contre lui, totalement sienne. Ses mains étaient désormais descendues sur mes fesses, mais cherchaient désespérément à déchirer ma robe pour atteindre l'endroit tant désiré, tant convoité...
Du sol, nous avons atteint son lit en des gestes assurés, habiles, sensuels. C'était à la fois lent et rapide, des va-et-vient incessants sur mon corps, sur ma peau. Il léchait de sa langue rappeuse chaque parcelle de ma peau qui semblait alors si fine, comme si il n'y avait que ça qui le séparait de mes os, que ma chair n'existait désormais plus. Terriblement sensible, ses suçons dans mon cou avaient déjà le don de m'exciter.
-Tu aimes ça, hein ?
Je détestais son ton provocateur, comment il me prenait de haut, comment il jouait avec moi parce que j'étais clairement en position d'infériorité, complètement à sa merci. Mes vêtements, il les faisait glisser sur le long de ma peau, sa langue explorait mon corps, quand elle est rentrée en moi, j'étais déjà mouillée, mais il s'en fichait complètement.
Je gémissais, je hurlais de plaisir, je jouissais, et il adorait ça, il adorait me voir comme ça. Je me cambrais sous les vagues de plaisir qui faisaient onduler mon corps, c'était incontrôlable et inévitablement délicieux. Il a joué un instant avec mes tétons durcis par le plaisir, s'est attardé dessus parce qu'il avait évidemment remarqué que c'était une énième zone sensible pour moi. Il était encore habillé, alors que j'étais nue devant lui, ça me rendait encore plus folle, mais folle dans le sens où j'étais en colère.
Ses vêtements ont bientôt rejoint les miens, des baisers interrompus par des couches de vêtements que j'enlevais progressivement de son corps avec son aide parfois.
-Je veux... ai-je commencé à haleter.
-Tu veux quoi ?
Tu le sais, espèce d'imbécile.
-Vas-y... Dis-le... a-t-il chuchoté.
-Jamais je ne le dirai, tu m'entends ?
Rentre en moi, c'est ce que je voulais. Il le savait, mais il voulait absolument que je le dise.
Et c'est à cet instant que tout est parti en l'air. Que tout s'est fini. La raison pour laquelle j'ai été virée de la cour impériale.
L'instant où l'empereur est entré dans la pièce, et nous a surpris, alors que nous savions pertinemment que c'était interdit...
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